L'aviation de chasse française pendant la guerre 1939-1945
La période de l’entre-deux-guerres aurait dû donner un essor particulier à l’aviation de chasse, mais la France ne marqua pas un intérêt suffisant pour les théories du général Giulio Douhet qui professait que la guerre se gagne d’abord dans les airs. Elle créa une chasse destinée aux seules missions d’interdiction du ciel national. C'est ainsi qu'en 1939, à la déclaration de guerre, l'armée de l'air française ne possédait que quelques modèles largement surclassés par les Messerschmitt 109 et 190 allemands. Le pays allait devoir payer les erreurs de jugement de son état-major, en retard d’une guerre.
La France paiera les erreurs de son état-major en retard d'une guerre
Le meilleur des chasseurs mis en ligne, le Dewoitine D 520, n’affichait qu'une vitesse maximum de 530 km/h et était équipé d'un armement consistant en quatre mitrailleuses de calibre 7.7 mm et un canon de 20 mm qui tirait dans l’axe de l’hélice. 36 exemplaires seulement étaient en service au 10 mai 1940. Ils abattirent néanmoins au cours de leur carrière, 150 adversaires pour une perte de 80 machines. La production continua sous le régime de Vichy et atteignit plus de 700 appareils. Quand les Allemands envahirent la zone libre, ils saisirent 400 de ces avions et les offrirent à leurs alliés italiens, roumains et bulgares.
Le MB 152, du nom de l'ingénieur Marcel Bloch qui deviendra à son retour de camp de concentration, Marcel Dassault, nettement surclassé par le ME 109, fut produit à 614 exemplaires. Après des débuts honorables pendant la campagne de France, il fut utilisé par l’armée de l’air d’armistice.
Leurs avions de chasse étant surclassés par les appareils allemands
Le MS 406 construit par les ateliers Morane Saulnier, considéré en 1936 comme le meilleur chasseur du moment, était nettement surclassé par la chasse allemande et même par les bombardiers de la Luftwaffe qu’il n’arrivait pas à rattraper. Cet avion était un avion raté, car muni d’un radiateur escamotable. Le pilote avait le choix, soit de mettre plein gaz radiateur abaissé et la traînée alors l’handicapait, soit, de rentrer le radiateur et dans ce cas, il devait réduire les gaz parce que le moteur chauffait. En outre, les commandes de pas d’hélice et des mitrailleuses, à air comprimé, gelaient à l'altitude de 5000 mètres.
Seuls les meilleurs pilotes parviennent à arracher la victoire
Il faut aussi citer le Curtiss Hawk H75 conçu et fabriqué aux Etats Unis, qui fut crédité de 237 victoires pour une perte de 71 machines. L’as du H75 fut sans conteste le sous-lieutenant Camille PLUBEAU avec 14 victoires en deux mois, malgré son infériorité de vitesse et d’armement.
Chasseur Yakovlev Yak 9 "Le Père Magloire"
Avion de Marcel Lefèvre - Musée Normandie Niemen
Collection PC FNCV
La bravoure de ceux qui pilotèrent cet avion fit la différence. Nombre de pilotes qui se distinguèrent à bord de leurs MS 406, D520 ou de leurs MB152 devaient améliorer leurs scores au cours de la bataille d'Angleterre et à Normandie Niemen en Russie à bord de leurs Yak.
Pendant la courte campagne de France, de nombreux pilotes, accomplirent très honorablement leur missions d’interdiction du ciel, mais leurs appareils ne pouvaient rivaliser avec les machines allemandes, technologiquement très en avance.