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 Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard

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4 participants
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MessageSujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard   Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Icon_minitimeMer Sep 28 2016, 20:27

Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 L_esca11


de gauche à droite, lieut Michel mon chef de section, (blessé à mes côté le 23 juillet1957)

Adjudant Rebouillet adjoint , je suis son chauffeur et chef de pièce FM.


le 3ème: caporal chef x que l'on voit quand Bigeard défile à Paris ( une gueule de brute)

Ankowiack blessé à Timimoun,

Decker2eme classe, qui aura une sacré aventure face à face avec la mort,

Le 6ème tué au combat à Agounneda en 1957,

Angot blessé d'une rafale de Thomson avec moi dans une arrestation de tueurs FLN( le genou broyé il restera handicapé et invalide.)

Donc beaucoup de déchets dans nos rangts, j'ai eu la "BARAKA"
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Commandoair40
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Commandoair40


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MessageSujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard   Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Icon_minitimeJeu Sep 29 2016, 09:11

De bien beaux "Soldats"

Merci Gus .

Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 1996631456 Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 1996631456

Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 3031951924 Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 2997794832 Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 1201430414 Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 2196632332

___________________________________ ____________________________________

Sicut-Aquila

Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 908920120 Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Cocoye10 Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 908920120

« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

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MessageSujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard   Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Icon_minitimeJeu Sep 29 2016, 18:16

Chapitre 30









Opérations « Olivier » « Sahari » Djelfa



Du 8 au 30 juillet 1958.







Ces dernières opérations avec le 3e R.P.C du colonel Trinquier a lieu une partie du mois de juillet 1958.


Situé à 320 kilomètres d'Alger dans la région des hauts plateaux des Ouled-Naïl a 1000 mètres d'altitude,traversée par la route qui mène vers Laghouat, Ghardaïa, Ouargla et aux puits de pétrole sahariens d'Hassi-Messaoud dans cet axe central.





L'Escadron au complet avec jeeps et 4X4 correspondant à quatre pelotons de trente paras et prêt.


Après une étape avec nos véhicules sous un soleil écrasant, nous retrouvons le soir venu notre unité, dans une vaste forêt d'oliviers silencieuse, certainement une ancienne plantation de colon abandonnée.





Tout les véhicules sont regroupés en formation défensive, nous préparons nos emplacement de combat pour la nuit avec la pelle que nous trimballons toujours dessous le sac.



En inspectant de plus prés les arbres, je m'aperçois que de très nombreux caméléons ont élus domicile dans cette oliveraie, chaque arbre compte deux à trois bestioles.


Ils doivent trouver de la nourriture en quantité suffisante, sauterelles, mouches et autres insectes.

C'est à qui aura son caméléon; ce dernier non content de changer de couleur, gonfle sa gorge en cherchant à nous pincée, de sa gueule grande ouverte, on aperçoit une machoire cornée, et une langue ahurissante par la vitesse de projection et la précision du lancé de la boulette gluante qui tient lieu de piège .



J'en ramènerai deux dans ma jeep, en les nourrissant de sauterelles dont ils raffolent.





L'arrivée du régiment en plein mois de juillet par une chaleur torride sans un souffle de vent, n'est pas du goût de tout le monde. Le moindre effort nous fait rendre notre eau par tout les pores de la peau.



Le soleil projette comme une chape de plomb ses rayons brûlant sur le paysage dès six heures du matin, la nuit glacial nous gèle le corps sur ces massifs montagneux.


Nous avons laissés les jeeps sur place, pour crapahuter comme les autres. Sur ces sommets érodés, couvert de caillasse et d'épineux. Les griffures et les entailles sur les jambes nues sont courantes, les accros de nos treillis et le frottement sur les rochers ont raison du tissu pourtant solide de nos vestes camouflées.



Cela nous rappelle la 1er opération dan les Aurès. Certains reviennent en loques, déchiré de partout, les fermetures éclair sont pourtant costaud mais dans nos randonnées infernale beaucoup se retrouvent avec des bouts de ficelles pour refermer la veste.





Le « Patron », renseigné par son 2e bureau, comprend vite que le secteur est pourri. Durant un an Bellounis s'est nommé  « général », ancien du MNA


( Mouvement National Algérien), qui, soit disant veut se rallié à la France, après avoir obtenu des armes pour combattre le FLN, fait la guerre à sa façon pillant et tuant hors de son territoire, et cherche le moment propice pour rejoindre le FLN. Son armée, forte de trois cent hommes, le suit avec armes et bagages fournit généreusement par la France. A un certain moment son armée comptera prés de 3000 milles djounhoudes.





Mohamed Bellounis, chef nationaliste appartenant au Mouvement National Algérien du parti de Messali Hadj, opposé au FLN et aux communistes. Une fois sa zone d'action fixée, il doit combattre le FLN dans sa Willaya IV avec l'approbation de Robert Lacoste et des conditions définis.


A la tête de sa troupe il fait semblant de coopérer. Mais cette situation devient incontrôlable, l'armée décide de les désarmer ou sinon les supprimer.



Le colonel Trinquier est à la tête d'un groupe mobile s'articulant autour du 3e R.P.C, il doit a tout prix éliminer Bellounis et son « Armée national populaire algérienne ».





Ce groupe mobile comprend: un bataillon de légion, un commando de l'air, une unité de Bou-Saâda, de l'artillerie, l'aviation et un DIH.





Le ratissage de plusieurs zones ou les combattants pro-Bellounis se sont réfugiés est difficile à fouiller, le secteur de Djelfa s'étend sur 27 000 km². Se situant sur un plateau de mille mètres de hauteur cerné par un djebel inhospitalier et sauvage, fait d'une succession de sommets découpés et arides avec de gros éboulis de roches, ce plateau recouvert de nombreuse touffes d'alpha assez hautes, sont en vérité des caches pour les djounhoudes,.


Des trous creusés dans ce décor inhospitalier restent invisibles des avions d'observation. Nous allons trouver des caches de nourriture et d'eau, une infirmerie, et des armes.

Sur ces immenses plateaux ou pousse de nombreuses touffes de cette herbe servant en papeterie. Parsemés de rochers creusés naturellement de grottes dissimulées par la végétation touffus, les rebelles en ont fait un camps de repos.




Des groupes léger de rebelles éparpillés dans cette vaste zone, sont pris au filet par par notre avance en tenaille, des accrochages se produisent, nous capturons une vingtaine de prisonniers, des armes de guerre, une quinzaine de tonne de matériel divers. Notre avance rapide désoriente les combattants du MNA, nous tombons sur deux charniers de 50 et 100 cadavres, dû à la guerre sans merci des deux factions FLN-MNA.



,

Ainsi s'achève trop rapidement mes carnets de note.


J'ai aussi pleins d'histoires cocasses ou moins et bien des aventures qui auraient pu finir mal ! Une certaine chance peut-être ??
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MessageSujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard   Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Icon_minitimeSam Oct 01 2016, 20:14

Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Image_41Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Photos50
Lieutenant Subrejis, Bigeard , le radio Charrier du Lieut(Subrejis il devint colonel)






Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Photos49

remplir les bidons ! Une tache à risque (palud)




Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Photos48Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Photos46


Bien camouflé, il peut souffler un peu !!!





Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Photos47


Drôle coin pour se promener et pourtant j'y suis passé !!!
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MessageSujet: G17. Combat dans les gorges de la Chiffa   Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Icon_minitimeLun Sep 11 2017, 13:08

Combat dans les gorges de la CHIFFA.




Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 DSC00740Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Col-de-chrea-1956-dans-le-froidG17
 
 
 
           Combat dans les Gorges de la Chiffa
 
 
L'anéantissement du commando de la mort
dans le ruisseau des singes.
 
 
 
      15 avril 1957.
 
     Je me réveille transi de froid dans ce Djebel de l'Atlas Blidéen . Il est 6 heures du matin, le plafond est bas, un temps gris-blanc dans une atmosphère humide retrouve regroupé l'Escadron au complet dans un décor de montagne en hiver. A 1200 mètres d'altitude nous venons de passer une nuit pénible.
 
     Les rations reçues avant hier sont épuisées, il ne reste plus grand chose à se mettre sous la dent, les paras émergent de leur toile de tente individuelle doublée de nylon, ils se sont glissés dans le sac de couchage, deux par deux sous la toile serrés l'un contre l'autre, cherchant un peu de chaleur humaine dans leur tenue camouflée mouillée, malgré la veste molletonnée le froid leur glace les pieds et les mains, le visage violacé entouré d'un chèche passant par dessus la casquette pour cacher les oreilles et serré autour du cou, ils attendent le ventre creux l'ordre du départ, après avoir plié bagage.
 
     Certains grignotent un reste de pain, une pâte de fruit ou le contenu d'un sachet de sirop en poudre qu'ils sucent, c'est acide mais cela donne l'impression d'avoir quelque chose dans le ventre. Les camions de ravitaillement sont bloqués à quelques kilomètres de là en bas dans la montée du col et nous décrochons pour tenter de rejoindre le convoi bloqué, envasé dans un bourbier de piste rendue inutilisable par les trombes d'eau qui se sont abbatues dans la région.
 
    Le vent glacial souffle en rafale et nous gèle les os. Nous entreprenons la descente afin de prendre contact avec les GMC immobilisés plus bas.
La piste au fur et à mesure se transforme en une mélasse de neige de glace et de boue. Nous sommes à 800 mètres d'altitude la marche et pénible dans la descente de la piste mais nous savons que le ravitaillement nous attend, nous trouvons assez de ressource et d'énergie pour avancer.
 
      Un mot d'ordre est passé dans la colonne: pas de camions au rendez-vous ? Ils n'ont pas pu passer !. C'est la consternation générale. Bientôt nous apercevons 4 jeeps qui réussissent à grimper sur la piste impraticable par endroits, les véhicules chargés de caisses, apportent la nourriture pour les compagnies restant sur le terrain.
 
     Nous continuons notre descente qui devient moins périlleuse, le vent s'est calmé et la température devient plus clémente ce qui ne rend pas moins pénible notre descente, les camions nous attendent à l'entrée des Gorges de la Chiffa(1), nous sommes suivis par la 2e compagnie du capitaine Planet qui embarque comme nous dans les GMC mais ce ne sont pas les bahuts du ravitaillement, ceux là nous transportent pour fermer les talwegs aboutissants dans les gorges.
 
     L'affaire est sérieuse, les camions foncent pendant une trentaine de kilomètres sur cette route qui traverse les gorges un oued impétueux coule dans les fonds.
Plus question de manger. Nos deux compagnies descendent sans les sacs pour courir plus vite. Les chefs de pelotons sont fébriles, les pelotons s'infiltrent par les hauteurs au pas de course, il est 17 heures, nous bouclons un immense talweg, tout de suite je m'aperçois du sérieux de l'affaire les fells sont dans la nasse. La voltige avance avec prudence, l'engagement est brutal, une fusillade devant moi stoppe les équipes de voltigeurs.
 
    Les rebelles sont pris au piège, ceux que nous avons cherchés durant plusieurs jours sont accrochés depuis 6 heures, ce matin par quatre compagnies du 6e RAC, deux morts et plusieurs blessés dans leurs rangs dans cet engagement sérieux et meurtrier.
Nous prenons l'opération à notre compte, l'encerclement du ravin couvert du forte végétation et en cours. Véritable jungle dans cet immense talweg qui n'a plus rien à voir avec l'enfer que nous avons vécu durant deux jours. Il fait presque chaud dans ce fond d'oued, des arbres, lauriers rose, lentisque parmi les rochers recouvrent tous les fonds où coule une eau vive descendant de la montagne.
 
     J'apprends que des Officiers Supérieurs observent le déroulement des combats qui se déroulent sous leurs yeux depuis les hauteurs(2).
 
     Notre progression est stoppée, un tir de barrage effectué par la compagnie d'appui du capitaine Chabanne ce fait entendre, toutes les pièces sont de la partie,: les canons de 75 sans recul, les mortiers de 81 et de 60 donnent de la voix. Que de grondements et d'explosions juste devant nous, plaqués au sol nous attendons la fin du tir de barrage, les lance-grenades balancent leurs charges creuses dans la végétation pour faire du volume.
 
     Un obus de 60 tombe à 20 mètres de ma position, nous rentrons la tête dans le sol, ils sont fous de tirer si près. Ce tir nous a était bénéfique, une infiltration des fells sur notre position avait été détecté par la CA qui nous a balancé ce pelo pour stopper les rebelles. L'assaut se déclenche dans un feu nourri, la voltige grenade et rafale en avançant, imperturbable les chefs de groupes et de pelotons montrent l'exemple; la végétation dissimule les rebelles, les MAT 49,(3) Mas 36,(4) MAS 51 (5)sont de la partie, couvert part les FM 24/29 (6) qui malgré leur vieillesse font merveilles.
 
    Les rebelles bien armés se dévoilent, ils sont par petits groupes bien embusqués dans les rochers les tirs de mortiers n'ont pas affecté leur ardeur au combat; l'assaut est stoppé, un tir de mortier par la CA est demandé à la radio, le matraquage recommence pendant plusieurs minutes, et c'est l'assaut de la 2e compagnie en gueulant, ils en ont les gars, chapeau la 2e.
Par bonds les paras lancent des grenades, explosion et rafalent en avançant d'un bond et celà recommence. Je suis un peu en surplomb du combat qui se déroule sous mes yeux.
 
     Mon groupe voltige avec le sergent Robitaille descend pas très loin des fells qui tirent dans notre direction, on lui passe nos grenades qu'il lance en contre-bas. Victor Angot fait du tir tendu avec son LG(7) passé tireur au FM j'envois des rafales dans la végétation qui trésaille sous les impacts de projectiles. Des renfoncements et des cavités font de bonne protection aux rebelles, je les fixe par des tirs les empêchant de remonter par les pentes du ravin.
 
    Soudain Derviaud de l'autre équipe est touché à la poitrine il s'écroule à 30 mètres de moi, les fells sortent de leurs abris et montent à l'assaut, ils essaient de passer à travers le barrage de feu, à son tour le sergent Robitaille s'écroule une balle dans le ventre une autre dans le bras, les rebelles montent en criant, la situation devient critique, Huart le tireur FM du 2e peloton à la cuisse déchiquetée par une chevrotine, les gars les remontent sous les balles qui sifflent aux oreilles.
 
     J'entends les gars hurler des ordres où lancer des appels de reconnaissance pour ne pas s'entretuer dans ce combat en aveugle. Le combat sauvage fait rage, les gars de la 2e compagnie en arrive parfois au corps à corps, c'est un immense champ de bataille où tout le monde s'entretue, je ne sais plus ou tirer, les fells qui montaient à l'assaut de notre position sont morts ou blessés, le rouleau compresseur des sections d'assaut est impressionnant, les fells sont battus par la furia des lézards verts (8).
     La bataille diminue en intensité et se dissipe dans les fonds de l'oued, les combattants du FLN (9) sont éliminés inexorablement dans l'avancée des section au combat. Nous sommes avec le s/lieutenant Michel notre chef de peloton, un rebelle qui doit avoir la baraqua(10) s'enfuit en sautant de roche en roche dépassant du cours d'eau sous un feu intense, je vois les impacts l'encadrer sans le toucher les éclats de pierres sautent tout autour de lui sans l'atteindre, il en réchappera. L'eau de l'oued est rouge de sang, le 1er et 2e peloton ont fait un travail remarquable. J'ai vidé 3 boites chargeurs, je suis maintenant dans le fond de l'oued des coups de feu résonnent encore de loin en loin, des corps en bouillie partout, déchiquetés par les tirs d'artillerie. Nous remontons les armes trouvées, il y a de tout: fusils de chasse, Mauser, thomson, PM, MAS 36, 303 anglais, 1 FM 24/29, jumelles, documents.
Un combattant FLN sérieusement blessé aux bras et épuisé par le combat se rend, se sera le seul . Le bilan de cette bataille est de 43 rebelles tués, chez nous: 1 mort et 4 blessés.
 
    Il est 1 heure du matin quand nous rejoignons les camions, le ravitaillement se trouve au col de Chréa(11), nous y sommes à 2 h30 à 1500 mètres d'altitude, je suis de mauvaise humeur car je n'ai rien dans le ventre depuis ce matin, heureusement qu'un repas chaud nous attend demandé par Bruno cela nous met du baume à l'âme, je ne sais quel service à préparé le repas mais il est excellent et bienvenue, nous oublions vite nos fatigues, le repas terminé nous repartons en GMC pour un trajet de 5 kilomètres ou nous sommes hébergés dans une colonie de vacances, de la paille nous est fournie pour mettre sur le sol carrelé, dehors 15 centimètres de neige recouvre le paysage.
 
    Nous avons des têtes méconnaissables par la boue et la transpiration, notre premier boulot sera de décrasser nos carcasses, ou tout au moins d'enlever le plus gros de la saleté nous recouvrant le corps, on verra après un bon sommeil un lavage plus minutieux de notre personne.
 
 
                                      Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Armement-pris-a-l-ennemi-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-
 

  1. Gorges de la Chiffa: très connu pour sa vallée des singes magots descendant des parois rocheuses pour venir chercher leur nourriture, assis sur le parapet du pont.
  2. Officiers Superieurs: Généraux de la 10e Division Parachutistes
  3. MAT 49: pistolet mitrailleur de la voltigeur
  4. MAS 36: fusil à crosse alu repliable
  5. MAS 51: fusil semi-automatique
  6. FM 24/29: fusil mitrailleur modèl 1924 modifié 1929
  7. LG :fusil avec embout lance-grenade
  8. lézard vert: surnom donné aux paras par les combattants du FLN
  9. FLN : combattant Algérien du Front National de Libération
  10. baraqua: la chance en arabe
  11. col de Chréa : station de ski et de colonie de vacance.


  1.  
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MessageSujet: G18.." La Bataille d'Alger" 20 janvie/20 mars 1957   Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Icon_minitimeLun Sep 11 2017, 15:31

La "Bataille d'Alger" du 20 janvier au 20 mars 1957



G18
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La « Bataille d'Alger" du 20 janvier au 20 mars 1957  
 
 
 
 
 
 
     Suite à quinze jours de permission passé en France dans ma famille, le retour se fait dans une ambiance morose sur le bateau le Kairouan, parmi des rappelés protestataires et démoralisés. Me voici à nouveau avec mes camarades de l'Escadron, et en particulier au 4ème peloton du s/lieutenant Michel et de l'Adjudant Rebouillet son adjoint.
 
     Après notre retour de Chypre, les chauffeurs dont je fais parti, sont dirigés sur Zéralda(1) ou Bigeard nous a trouvé un terrain pour le régiment. Le colonel Jeanpierre commandant le 1er Régiment Etranger Parachutiste (2), ayant un vaste espace, a offert d'herberger notre régiment en attendant mieux. C'est un très grand terrain au milieu des pins près d'une immense plage de sable fin au bord de la mer a 8 kilomètres de Staouili ou s'est implanté la 4e compagnie «Bir-Hakeim» (3) à distance égale de Sidi-Ferruch ou nous allons nous retrouver bientôt.
 
     Les marabouts montés, le village de toile prend forme, d'autres compagnies sont installées aux alentours, il nous faut de la place avec tout nos véhicules.
     J'ai d'ailleurs profité d'un peu de temps libre pour aller faire un tour du côté de la Légion qui possède une superbe structure en dur. L'entrée du camp est impeccable, une sentinelle en tenue irréprochable, nous gratifie d'un superbe présentez-arme, à notre étonnement, Jojo Plisson me dit «il nous prend pour des gradés ?» obligé de saluer la sentinelle, j'en apprend tous les jours sur la Légion parachutiste. Leur foyer est artistiquement décoré, l'ambiance est parfaite, nous sommes reçus cordialement et je retrouve le légionnaire de ma traversée pour Chypre qui est de service au foyer, il a fallut accepter sa tournée de bière au risque de le vexer, un type bien, une conversation s'établit sur notre travail et nos opérations, nous les retrouverons à Alger et dans les Aurés.
 
      Nous nous préparons pour cette bataille d'Alger, afin de sécuriser la population et démanteler les réseaux terroristes implantés. La ville est prise sous l'étreinte du FLN. Nous sommes ici en opération au même titre que dans le djebel. Dans Alger les fells se terrent dans les inextricables réseaux de la zone urbaine, et font subir des actes terroristes des plus violents et atroces.
 
     Notre compagnie est installée dans un immeuble à El Biar, petite ville dans la périphérie d'Alger, situé à 3 kilomètres sur une voie très accessible sur les hauteurs d'où l'on aperçoit la baie et le port de la grande ville.
L'immeuble presque fini, comporte trois ou quatre étages avec de multiples appartements, une chambre pour quatre c'est l'idéal; les véhicules parqués dans un grand espace au pied de l'immeuble permettent des départs rapides, les jeeps sont sollicitées 24 heures sur 24.
 
     La situation au moment de notre absence dûe au conflit égyptien du canal de SUEZ. Alors que notre état-major est absorbé dans les préparatifs à l'investissement du canal de Suez et de Port-Saïd, le FLN a la partie belle pour se réorganiser dans les grandes villes, en particulier à Alger.
Les actes terroristes se multiplient et les premiers attentats à la bombe se font dans les quartiers européens. Les chefs de la rébellion s'installent dans la clandestinité, et veulent par ces actes durs et spectaculaires, frapper le symbole de la réussite Française en Algérie.
 
    L'arrestation d'un complice d'Ali la pointe ne résoudra pas grand chose.
Le 26 janvier, des bombes explosent à l'Automatic Bar, à la Cafétaria et au Coq Hardi où la jeunesse algéroise vient se rencontrer: le bilan est lourd, vingt victimes sont à déplorer affreusement déchiquetées, une boucherie.
Bigeard, les dents serrées sur le tuyau de sa pipe, réfléchit au moyen de motiver ses paras et les commandants d'unités, il n'est pas question de faire de la répression aveugle et tomber dans le piège auquel le FLN aurait vite fait de rebondir.
 
    Une note de service dictée à Martial Chevalier son fidèle secrétaire, est dispatchée dans les compagnies: «nous sommes ici en opération au même titre que dans les Nemetchas ou ailleurs. Pour nous, la ville, ses tentations, ses filles n'existent pas. La situation, le travail actuel exigent de la part de tous, une tension, une discipline vingt quatre heures sur vingt quatre ..




Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Alger-Tou-Eva-57---CopieVers la casbah, une photos insolite, TouEva le Tahitien et un géant du "2"

 
     27 janvier 1957
 
    Les paras Bigeard étaient fin prêt pour briser la grève générale dans Alger, mot d'ordre lancé par le FLN et qu'il fallait casser à tout prix.
Ben M'Hidi, chef de la résistance algérienne, président du congrès de la Soummam du 20 août 1956, capturé le 23 février 1957, a révélé au cours de ses longues conversation avec le colonel Bigeard en toute liberté d'expression et sans contrainte, que: nos méthodes étaient les seules valables pour briser leur action, que le développement du terrorisme était dû à l'impunité dont ils étaient assurés de par notre législation.
 
     Le FLN a provoqué un climat de terreur avec les bombes qui explosent n'importe quand n'importe où. Ce sont en général de jeunes femmes habillées à l'européenne moins susceptibles d'être repérées qu'un homme qui pose les engins meurtriers dans des lieux fréquentés de la ville.
 
   21 février 1957
 
     Nous avons un saut à faire pour notre alignement de la solde de l'air, prime qui nous apporte un plus financier. C'est à Blida où un grand terrain d'aviation nous attend avec ses Nord Atlas 2501, celà fait deux mois que nous n'avons pas passé la portière, un petit pincement au cœur vite disparu dans l'ambiance para, une bonne sortie et un temps idéal me permettent une arrivée au sol comme dans un fauteuil même pas de roulé-boulé je me réceptionne debout avec quelques pas pour accompagner la voilure qui s'affaisse doucement, retour à midi pour El Biar.
 
    Des patrouilles incessantes nous donnent peu de temps de repos, à pied, en jeep, les interventions à plusieurs véhicules pour des contrôles d'identités, des arrestations, mais aussi des interminables heures de garde à surveiller le PC ou les interrogatoires des suspects de notre zone se multiplient, ce sont pour la plupart des malfrats, proxénètes, voleurs en tous genres, le capitaine Le Boudec à préféré cette zone qui nous demande moins de scrupule malgré la dangerosité des suspects arrêtés.
 
     Notre tenue doit être rigoureusement propre et bien taillée pour qu'elle colle au corps, casquette neuve, et rasé de près, je coupe les cheveux au plus court ce qui me libère de beaucoup de corvées, les sous-off me laissent une pièce de monnaie celà améliore mon budget.
Les permis passé en France sont devenus je ne sais pourquoi plus valables? Nous allons ce matin repasser les permis de conduire dans un centre de conduite, l'épreuve est passée haut la main.
 
 
     Le 26 février
 
     Je touche ma solde de 8360 Fr et 14 paquets de cigarettes de quoi acheter le strict minimum et de la pellicule pour mon appareil Kodak. Les patrouilles sans cesse et les planques avec un mouchard qui nous désigne les gars suspects, arrestation parfois musclée. J'ai un nouveau caporal Makao Doukouré ancien d'Indochine venu sur le tard dans les paras, brave type avec un fort accent Sénégalais la peau noir d'ébène, un peu bizarre par moment mais il ne restera pas longtemps chez nous avec le régime «Bruno» la sélection est naturelle.
 
    Samedi 2 mars
 
Ce soir, quartier libre, je fonce prendre ma douche, avec l'équipe, nous prenons un taxi et direction « La Lune », une maison de plaisir qui fait un bénéfice substantiel avec sa clientèle de soldats, à la sortie de la boite nous sommes provoqués par un groupe de biffins éméchés.
      J'ai une fourchette que j'ai subtilisée au restaurant et quand le gars me balance son poing je lui enfonce la fourchette dans la main, il pousse un hurlement et la bagarre dégénère à notre désavantage, huit troubadours contre trois paras de plus André Veau a un problème d'épaule, alors que cela se passe mal pour nous, j'entends un hurlement sauvage!
 
     C'est Mario Piacenza mon caporal de l'équipe voltige, qui vient nous sauver d'une sacrée trempe, c'est un taureau sauvage de 90 kilo, ancien d'Indo et de Corée il a eu une blessure à la tête et parfois il pique des crises de colère et ce n'est pas le moment de rester dans ses mains larges et épaisses comme des entrecôtes, il rentre dans le tas et cogne sans distinction les poivrots.
 
     Deux sont déjà KO et les autres battent en retraite devant ce cyclone. Nous finissons dans un restaurant pied-noir, avec 400 francs de taxi, la solde est bien entamée, mais qu'importe!.
 
     3 mars 1957
 
     Il est 5 heures quand nous arrivons à Blida pour un autre saut, décidément c'est bon pour le moral, ce saut effectué au « Tombeau de la Chrétienne »(4) lieu très connu en bordure de mer, immense DZ (5), il y a foule à l'embarquement des bérets vert, bleu, rouge, la sarabande des Nord 2501 qui après avoir largué leur cargaison de paras reviennent faire un autre chargement de candidats au saut.
 
     Notre tour arrive, la routine se voit sur les visages décontractés, les blagues fusent de part et d'autre, la sortie du «Tapin» se fait avec le regard clair, la gueule de bois de la veille a disparu, le vent me donne une claque à la sortie et l'ouverture du pépin stoppe la chute libre un coup d'oeil à la coupole du parachute me laisse voir une superbe une corolle blanche parfaitement ouverte.
 
     Un gars me coupe le champ de vision en frôlant de ses pieds mes suspentes, c'est mon pote Jacky Fièvre qui doit se trouver dans un courant d'air, il arrive au sol déséquilibré, sonné par une mauvaise réception, il ne bouge plus, je dégrafe mon harnais, et fonce vers lui, rien de grave, il saigne du nez percuté par le casque, quel gamelle! Je l'aide à revenir au point de ralliement, sans penser qu'il va disparaître en octobre, mort d'un éclat de grenade en plein cœur dans ma chambre.
 
     Le soir, toute l'équipe, commandée par le s/ lieutenant et le chef Rebouillet avec deux jeeps, nous filons sur Draria où une fouille a lieu dans une propriété bourgeoise. Les gendarmes nous accompagnent, les propriétaires proches du FLN sont en fuite, il faut fracturer la porte de cette immense maison bourgeoise, une multitudes de pièces.
 
     Un secteur nous est attribué tellement la demeure est grande, en ouvrant une valise je déniche un magot que j'estime à deux cent mille francs caché dans un double fond de malle dans une autre des louis d'or sertis enchâssés en médaillon enfilé dans une grosse épingle de sûreté, une vingtaine de médailles une petite fortune à nos yeux le tout remis au s/lieutenant, des papiers, documents etc, . 
 
     Cela nous change des patrouilles monotones.
 
    4 mars
 
    Nous emmenons nos jeeps en révision, vidange et peinture au service garage. Nous y restons trois jours libres de corvée que je déteste (les pluches et la garde)
De nouveau nous partons en vitesse. L'Escadron au complet sur la casbah pour une fouille minutieuse, tout le périmètre est bouclé par des unités non paras fermant les issues par des rouleaux de fil barbelés.
 
    Le travail peut commencer méthodique dans chaque rue, chaque passage, les portes qui refusent de s'ouvrir à l'injonction des paras, sont systématiquement ouvertes de force, des passages secrets se dévoilent dans ce labyrinthe de couloirs voûtés, reliés entre-eux, dans des pièces des vieillards dans une pénombre où ne filtre qu'un rai de lumière, de vraie niche à chien, une impression oppressante des lieux, se sont des coupe-gorges, les cris et les engueulades en arabe, nous portent sur les nerfs, la tension est palpable.
 
      Daniel Belot étant de la partie avec un autre groupe, ouvre les portes récalcitrantes d'un élan de sa grande carcasse, il percute la porte qui cède et va s'étaler dans un panier d'œufs, il en ressort dégoulinant au grand dam de ses copains, les quolibets fusent.
Pas de bombe ni d'imprimerie clandestine, et pourtant, les terroristes sont là, mais les caches invisibles, seront démasquées plus tard suite aux investigations et aux renseignements du deuxième bureau.
 
    Des dénonciations des retournements de veste de fells qui seront récupérés et serviront dans les rangs de commandos harkis, terriblement efficaces dans le démantèlement des filières, caches, groupuscules.
Pendant ce temps là, la presse fait la première page des évènements et des résultats obtenus par le 3eRPC et son chef. Le colonel Bigeard et ses officiers travaillent d'arrache pied, l'organigramme de la rébellion prend forme, les responsables tombent les uns après les autres.
 
    L'arrestation de Ben M'Hidi chef du secteur d'Alger, âme de la résistance, âgé de 34 ans est un fanatique, il se bat pour l'indépendance de son pays, Bigeard aura de longues conversation avec ce dernier, et va devenir presque un ami car ses idées sont sincères. Mais le sort en décidera autrement.
Réclamé par Massu, on le retrouvera pendu dans sa cellule.
 
    Le service de renseignement organisé par le capitaine Fréquelin du 3e RPC met en route avec une efficacité certaine l'organigramme, impliquant les commandants de compagnies responsables de leur secteur d'investigation, comme notre Escadron s'occupant du secteur malfrats. Notre compagnie interviendra de nombreuses fois pour des arrestations musclées sur des souteneurs et racketteurs, puis envoyés au 2eme bureau pour leurs faire livrer d'autres complices.
 
   Nous sommes très estimés de la population, je suis invité à prendre un repas dans une famille pied-noir, reçu avec gentillesse, je suis impressionné par la prestance de ces personnes qui ne sont pourtant pas des gens aisés, la fille de la maison plus âgée que moi me fait visiter la demeure, nous parlons de la France de notre climat, et aussi des évènements actuels, ils sont pessimistes quant à leur avenir, je repars après embrassades pleines d'affection, les bras chargés de cadeaux en demandant de revenir, mais celà ne se fit pas, notre départ étant programmé pour d'autres aventures.
 
       20 mars
 
     L'annonce d'un départ pour le djebel me fait bondir de joie, car si certains ont fait connaissance avec des filles du coin, c'est avec une grande tristesse qu'ils se voient obligés de couper court à leurs idylles; beaucoup dans l'année 1958 se marieront à El Biar ou dans d'autres localités des environs d'Alger et resteront une fois leur contrat terminé, en Algérie avec un travail assuré pour les quatre années à venir. 1962 les verra faire un adieu à cette terre où ils ont tant souffert sur les pistes du Nord au Sud et d'Est en Ouest, puis trouveront le bonheur dans les bras d'une belle pied-noir.
 
 
                                    Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Alger--10-

Contrôle dans Alger des habitants...


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  1.  

    1. Zéralda: village de 3000 habitants fondé en 1844,en 1955 implantation du 1er R.E.P dans la forêt de pins.
    2. 1er R.E.P: Régiment Etranger de Parachutistes créé en 1948 et à sa tête le Lt/Colonel Jeanpierre indicatif « Soleil » mort au combat le régiment dissous en 1961 suite au putsch des généraux..
    3. « Bir-Hakeim » capitaine Florès de la 4e compagnie, ancien de la Bataille de Bir-Hakeim d'où le surnom.



 Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Alger---El-Biar-1-Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Alger--8-

photo de gauche : sur le toit du PC à El Biar,  à droite: patrouille de nuit dans la Casbah
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MessageSujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard   Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Icon_minitimeLun Sep 11 2017, 21:47

Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 373769 Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 926774 Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 926774 Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 373769

Merci Gus , c'est "Top" , vite la suite .

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Sicut-Aquila

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« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

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MessageSujet: G23.. Opération Timimoun . Novembre 1957   Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Icon_minitimeMar Sep 12 2017, 16:31

                                               OPERATION  TIMIMOUN





Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 TimimounMon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Saut-de-l-escadron-a-Mansour-4--12-1957Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 GRAND-ERG-1957Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Blesse-a-Hassi-RhambouMon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 4EM-Peloton--Monte
 
  Photo haut à gauche: Palais des gouverneurs du Sud Saharien .. Saut dans les sables du Grand Erg Occidental 6 décembre 1957.. Chameau coursier abandonné après la bataille, par les méharistes déserteurs .
Photo en bas : Un blessé suite à un assaut, il attend son évacuation par hélico puis par avion sur Alger.
village de Djelfa sud algérien, chameau de bâts pour le transport de l'alpha plante servant dans la papeterie !! Je suis sur le chameau avec un camarade ..
 .
 
 
 
 
                          G23 .. Opération TIMIMOUN
 
 
 
 
 
 
    J'ai vécu cette opération comme 1èr classe au sein du 4ème peloton de l'Escadron du capitaine Calès.
 
    8 novembre 1957
 
     Profitant de l'absence de troupe occupée à la recherche de rebelles et de déserteurs, une embuscade contre un convoi de la Compagnie des Pétroles algériens a lieu dans le Grand Erg Occidentale. Deux ingénieurs européens et cinq légionnaires de l'escorte sont prisonniers ou peut-être tués ainsi que des ouvriers musulmans dont quatre ont réussi a rejoindre Timimoun et à donner l'alerte, les véhicules Land-Rover des pétroliers ont été incendiés.
La presse fait les gros titres de cette affaire. C'est l'affolement dans les compagnies pétrolières qui se sentent directement menacées par ce sale coup du FLN. 
 
     Bigeard apprend la désertion le 20 octobre d'une compagnie( goum) de méharistes algériens du Touat de la région de Timimoun, belle oasis à plus de 500 km de Colomb Béchar. Ce goum passe à la rébellion et assassine 13 cadres européens, les 70 déserteurs disparaissent dans l'immensité des 350 000 kilomètres carré du Grand Erg Occidental, connaissant parfaitement la région, les points d'eau et les caches permettant de stocker du ravitaillement et des armes.
 
     Un télégramme émanant du général Salan, donne tout pouvoir à Bigeard pour retrouver les méharistes déserteurs qui se sont joints aux combattants du FLN, et forment maintenant une katiba ( compagnie), qui s'est permise d'attaquer le convoi de Land-Rover des pétroliers.
Autant chercher une aiguille dans une botte de foin dans l'immensité du Sahara grand comme cinq fois la France, ce n'est pas une mince affaire, mais « Bruno » en a vu d'autres.
 
     Tandis que le régiment se refait une santé; lavage des vestes camouflées et du reste, je coupe les cheveux qui poussent dru peut-être à cause de la chaleur ? Pour tout le peloton, sport, tir, défilé en chantant, revue d'armes et complément de munitions. Bigeard réunit ses commandants de compagnies et son état-major pour faire le point sur cette nouvelle opération qui va se jouer.
 
        14 novembre 1957
 
    Nous sommes prêts pour le départ vers l'inconnu, un très long convoi avec les compagnies dans les GMC, encadré par une protection de véhicules armés, les distances sont nécessaires sur cette piste sablonneuse d'où se dégage une poussière de sable pulvérulent, nous croisons des convois escortés de chars et d'EBR ( engins blindés de reconnaissance), à chaque croisement d'engins, la visibilité devient nulle, nous frôlons de peu la bâche d'un camion, le sable rejeté par les roues sur les côtés forme de petits conjères où les roues s'enfoncent et nous obligent à rester dans le sillon ainsi formé.
     Les passages de tôles ondulées (ondulation du sable dû aux pneumatiques) nous secouent comme des pruniers, je suis obligé de garder un grand écart avec le véhicule qui me précède, la poussière aidant. Nous passons l'oasis de Tarhit, de Béni-Abbes, et de Kerzoz.
 
       15 novembre
 
       Nous dormons dans une petite oasis abandonnée, à côté de nos véhicules. Très tôt le lendemain, nous reprenons la piste pour Ksabi, direction Charouine et enfin Timimoun.
Nous sommes dirigés dans la ville sur un emplacement entouré d'un mur construit en terre ocre rouge, d'ailleurs tout ici est rouge; la terre, le sable, les maisons, la Citadelle, à voir le style de construction on se croirait au Soudan avec les murs crènelés.
TIMIMOUN, surnommée « la perle du désert » avec son immense palmeraie aux palmes énormes d'un vert sombre plantée près d'un grand lac. A l'intérieur, de la culture de légumes arrosés par de petites rigoles passant à travers des jardins miniatures, un paradis terrestre d'une beauté saisissante.
 
       Après 550 km de piste, nous sommes dans un état lamentable, recouverts d'une épaisse couche de poussière rouge, le nez, la bouche, les oreilles, les yeux larmoyants, nous descendons fatigués. Une fois les jeeps rangées dans notre enclos, c'est la rué vers le point d'eau pour se désaltérer et se passer la tête sous le robinet. Des tentes type marabout sont dressées; nous y déposons notre matériel et après un décrassage apprécié, nous tombons dans nos lits picot.
 
     La journée n'est pas finie, la révision des jeeps et 4X4 doit être faite dans les règles de l'art, je fais mon compte rendu de l'état du matériel, puis un rassemblement devant le capitaine Calès qui nous fait une mise au point de notre mission, nous restons en réserve au PC Bigeard.
 
   Dès son arrivée le colonel Bigeard prend contact avec le commandant du fort (citadelle), mais constate que rien n'est fait au niveau des rapports, consignations sur les renseignements des activités et des actions rebelles dans la région de Timimoun. Il regroupe tout son monde et fait le compte des forces dont il dispose. Avec ses 1000 parachutistes comprenant les 4 compagnies de combat, l'Escadron et la compagnie d'Appui.
    Viens s'ajouter; 100 commandos de l'air et l'Escadrille Anjou commandé par le colonel Charpin, 200 hommes de la compagnie portée de la Légion Étrangère à la recherche des rebelles, 100 méharistes en protection des Land-Rover incendiées, 40 hommes du poste de Timimoun, 50 hommes du poste de Kerzaz, et 80 hommes qui tiennent le poste de Béni-Abbès.
 
    Il réussit à avoir satisfaction sur les demandes suivantes: trois pipers d'observation, deux patrouilles de chasseurs T6 pour l'appui au sol, trois Nord 2501 pour le parachutage en cas de nécessité lors de bouclage ou le renfort au sol des autres unités engagées devient vital, trois JU 52 , vieux appareils allemands, avions capable de se poser sur certaines parties de sable dur du désert, 6 hélicoptères Sikorsky de la flottille du colonel Brunet dit « Félix », (un fonceur), pour le transport très rapide des paras , et enfin un hélicoptère Bell pour les déplacements de Bigeard durant les phases de combat.
  
      Malgré la beauté du paysage, notre unité ne perd pas de temps et déjà des directives pour un futur départ dans l'inconnue se précise. Cela n'empêche pas le sport, l'entretien plus que jamais des armes qui vont souffrir avec le vent de sable très fréquent ici. Un petit moment de repos nous permet de visiter la ville, j'ai mon appareil et profite des méharistes Touareg devant la superbe Citadelle faite de torchis de boue rouge avec ces mur crénelés, pour faire plusieurs photos. J'ai demandé au propriétaire de la bête de monter dessus, une fois grimpé sur le chameau l'effet est saisissant, un para à dos de coursier c'est pas banal.
 
   Une boucherie de viande de chameaux pour les amateurs, étale les morceaux de couleur rouge sombre ou des myriades de mouches bourdonnent, mon camarade Belot ira acheter des steaks de chameau d'un goût très personnel.
 
   20 novembre
 
   Nous restons en protection du PC Bigeard et de son PC léger de 40 paras, le commandant Lenoir dit « la vieille », son deuxième bureau, le sergent/chef Martial Chevalier (secrétaire), le sergent/chef Flament (photographe), le sergent Bourgevin (dessinateur) les radios etc....
Durant ce temps les trois premières compagnies sont à la recherche de renseignements dans les oasis alentours rayonnant de 60 kilomètres autour de celles-ci, la quatrième compagnie du lieutenant Douceur, bivouaque sur le terrain d'aviation en alerte permanente pour un parachutage d'assaut.
 
    Les renseignements récupérés par le capitaine Pétot du deuxième bureau sont précis. Après avoir rassemblé tous les mâles de Timimoun sur la place, 96 suspects sont arrêtés et 32 armes saisies. Le personnel approchant de près les officiers sont tous des fells même l'infirmier qui est tout simplement le chef FLN de la région, l'arrivé de Bigeard a évité le pire, ils avaient prévu de tuer les cadres européens. Le serveur si stylé devait verser du poison dans le pastis des officiers. Il s'agit de l'organisation politico-militaire sur laquelle les bandes s'appuient, avec la nonchalance des responsables militaires, petit à petit le FLN s'est implanté dans toutes les palmeraies depuis un an. Grâce à l'aide de la population, les rebelles se sont constitués d'importants dépôts de vivres et de munitions dans les coins les plus inaccessibles et impénétrables de l'Erg, des abris de combat dans des endroits buissonneux et difficilement détectables.
 
    21 novembre 1957
 
Il est minuit, nous faisons mouvement avec le PC Bigeard vers Zaouït-ed-Debahr petite palmeraie, il est 7 heures quand nous arrivons en GMC, aussitôt ordre de fouille et sécurisation peloton par peloton sur le périmètre du camp avancé. En short la nuit ou la température frise le zéro, j'aurais supporté un pantalon, je suis gelé, le chèche autour du cou me protège un peu du froid saharien. Nous creusons des trous individuels en cas d'attaque nocturne.
 
   Il est quatre heures du matin quand l'opération est lancée, la 3e compagnie du capitaine Llamby se trouvant avec nous, part à pied pour rejoindre Tabelkoza situé à 15 km de nous où attendent les hélicoptères, l'aviation d'appui et d'observation. La 3 arrive à 7 heures à Tabelkoza et se prépare en vue d'un héliportage d'assaut avec les Sikorsky à 8 heures sur Hassi-Rhambou. Alors que la 4e compagnie du lieutenant Douceur trépigne aux pieds des Nord 2501 à Timimoun, pour un embarquement rapide.
 
    La difficulté du saut sur les rebelles oblige à avoir l'arme prête à tirer, de ce fait le lieutenant Douceur, décide de supprimer le ventral et avoir à la place l'arme dans le sac à la place du ventral pour un saut à 180 mètres d'altitude et les Nord Atlas serons aile dans aile pour avoir un regroupement maximum afin d'avoir le temps de sortir le PM et tirer aussitôt au sol. Au PC de Timimoun, le capitaine Porcher, ancien d'Indo, un fidèle de « Bruno » que j'ai connu à Bayonne , coordonne les liaisons avec les autorités supérieures,et reste à l'écoute des phases de l'opération en cours.
 
   De 9h 30 à 11 heures, la 3e compagnie du capitaine Llamby héliportée, est déposée à une vingtaine de kilomètres au sud du puits ou la bande serait dissimulée, il attend le regroupement de toute sa compagnie, que plusieurs rotations d'hélicos sont nécessaires afin de démarrer sa progression dans les dunes ou l'on enfonce à mi-mollet dans la contre-dune de sable fluide comme de la farine, la progression est pénible, le para peine à se dégager de cet enlisement, alors que l'autre face de la dune reste dure. Le piper d'observation guide la marche des sections dans cet océan de sable ou tout se ressemble, la chasse est à l'affût prête à les appuyer.
 
     En tête de progression, dans la section du lieutenant Roher, le sergent/chef Sentenac avant tout autre chose, fait nettoyer et dégraisser avec soins les MAT 49, engluées de sable qui a pénétré dans les moindres recoins du mécanisme et risque fort d'enrayer l'arme au moment décisif. La progression reprend en ligne quand à 9h 30 l'ennemi se dévoile, planqué à contre-pente ils attendent les premières silhouettes qui se détachent sur le haut de la dune, et déclenchent un feu précis et mortel, les paras donnent l'assaut à la grenade et au lance grenade mais chaque creux de dune a son groupe de combattants FLN par trois ou quatre ils tiennent en respect les paras, pendant que le reste de la bande cherche à fuir.
 
     Averti des évènements, Bigeard donne ordre de décoller à la 4e du lieutenant Douceur qui après un straffing de l'aviation, saute un peu au Nord de Llamby, la bande est coincée, la bataille s'engage aussitôt dans un combat âpre et dur jusqu'au corps à corps contre des fells qui tirent juste et savent que pour eux, déserteurs et meurtriers de leurs chefs, rien ne les sauveras.
 
    A 13h 15, Bigeard se porte très près du combat pour mieux coordonner l'appui aérien et l'action des paras, le colonel Brunet avec son hélico armé de mitrailleuses décime les déserteurs en fuite.
Il est 14h 30, le deuxième peloton de Escadron du capitaine Calès est héliporté en renfort, les combats vont durer jusque vers 19 heures. La bataille de cette première phase du combat de Timimoun s'arrête là, avec un bilan éloquant de la bande anéantie; 52 fells sont tués dont 20 déserteurs, tout l'armement, les postes radios sont récupérés.
Nous sommes portés aux nues et faisons la une des journaux: France-Soir, L'Echo d'Alger, La Dépêche, Le journal d'Alger, Le Figaro, et Paris-Match qui intitule son numéro exclusif «  Le contre-rézzou des paras de Bigeard ! » Que d'éloges sur nos combats considérés au départ comme timorés.
 
 
     Je fais une parenthèse pour honorer nos camarades tombés ce jour là. Pour certains ce fut le bout de la piste.
 
     Même la victoire en ce soir de bataille, ne nous fait pas oublier nos camarades tombés, comme le sergent/chef René Sentenac, une figure de héros, chef de section de la 3e compagnie, ancien de Diên Biên Phu un des rares à réussir son évasion du camp retranché, Bigeard dédiera un livre à ce combattant hors du commun « Aucune bête au monde » Sentenac fauché en haut de la dune par un tir mortel, une balle dans le ventre, la blessure fatale, le photographe Marc Flament immortalisera ses derniers instants dans une série de portraits de l'homme à l'agonie, Bigeard sera près de lui quelques instants avant son brancardage dans l'hélico.
 
      Il décède dans l'avion qui le ramène à Colomb-Béchar. Sentenac ce formidable combattant aux treize citations et croix de guerre, sept fois blessés, médaillé militaire, chevalier de la légion d'honneur, l'armée ne voulut pas faire de lui un officier de la légion d'honneur à titre posthume. Bigeard affecté par sa disparition, aura son portrait en première place dans son bureau et dans tous les PC qu'il commandera dans sa longue carrière.
 
 
   Dans son livre « Pour une parcelle de gloire » il n'hésite pas à le citer en héros, il dit de lui: « De nous tous, il fut celui qui eut la plus grande chance, car il a réussi sa mort après avoir mené la vie tourmentée qu'il avait choisie. Il cite: « ...Puis ce fut Sentenac... Il dut encore fournir un dernier effort pour mourir. Il savait bien qu'il avait gagné, et c'est pour cela que son visage apaisé nous parut si beau. Ce qu'il cherchait de l'autre côté de la crête, ce n'est pas une poignée de Bédouins et leurs fusils, mais cette chose impossible qui le hantait depuis si longtemps et qui ne se trouve que dans le sacrifice et la mort. Seule elle permet de se confondre avec ce qu'il y a de plus grand, de plus inaccessible. C'était sa manière, à lui Sentenac, de comprendre Dieu. Et çà, aucune bête ne pourrait le faire... »
 
   C'est en portant secours au lieutenant Roher ( mon premier chef de section en Algérie) que l'infirmier Fialon reçoit une balle mortelle, sans savoir que celui-ci est mort sur le coup, et puis ce jeune Schneidenbach qui affecté aux cuisines voulut faire sa première opération .
Et moi qui suit resté l'arme aux pieds dans cette oasis, pas tout à fait car j'ai aidé au stockage des fûts d'essence et des caisses de pièces indispensable à la logistique, stocker les boites de ration et le pain, bref .. nous avons œuvré à notre façon, j'ai malgré tout envier le peloton parti au combat, la chaleur dans la journée atteint 40°, la nuit moins1°. Mais cette pose va être de courte durée. La deuxième bande est réelle, cachée autour de puits inaccessibles aux véhicules.
 
     24 novembre 1957
 
    C'est notre tour de passer aux choses sérieuses. Nous sommes héliportés sur Hassi Rhambou dans un tourbillon de sable qui enveloppe le Siko, et en cas d'accrochage la compagnie d'appui du capitaine Chabanne se tient au-dessus de nous dans les Nord 2501 prête à sauter en renfort. Notre progression dans le sable qui se dérobe sous les jungle-boot est pénible. Je suis armé d'une MAT 49, le doigt sur la détente, nous marchons de front et passons d'une dune à l'autre.
 
     Des arbustes en touffe poussent dans le creux des dunes hautes de 30 à 40 mètres, sans savoir ce que cachent les arbustes, c'est stressant, Cadet mon pote voltigeur pour une fois comme moi trouve des traces de pas vers un gros paquet d'épineux, il s'y dirige avec prudence et me lance: «  viens voir ce que j'ai trouvé ! »Je fonce et me trouve devant un fait bien visible: un fell a déféqué ici, se sont les traces qui intriguait Cadet.
 
 
   Mais quelques dunes plus loin, un groupe tombe sur un dépôt très important de nourriture et de vêtements, j'en profite pour prendre du sucre. Plusieurs tonnes de marchandises sont détruites. Nous revenons à pied, à notre point de départ, la marche de toute une compagnie en ligne représente un front important, les rebelles sont en cavale. Les Nord Atlas retournent au terrain déposer les paras frustrés, les T6 ont fait un ou deux passages, reste le piper qui nous guide en tournant au dessus de nos têtes. Retour à Hassi Rhambou ou nous reprenons un peu de force, mangeons et remplissons les deux bidons, nous dormons autour du puits où le sol est fait de cailloux (reg).
 
      Nous apprenons que les fells ont disparu du paysage? De nouveau, nous sommes appelés pour sécuriser la zone de crach d'un hélicoptère qui n'a pu aller plus loin, en panne près d'un puits, nous devons le protéger en attendant que les mécaniciens et pièces de rechange arrivent sur les lieux( le moteur sera changé entièrement). Nous embarquons dans des GMC qui nous transportent jusqu'à la limite de leurs possibilités, après c'est à la boussole et grâce au piper d'observation que nous nous dirigeons vers la zone de l'hélico en panne, le capitaine Calès imbriqué dans notre colonne de marche va bon train.
 
    Nous crapahutons sur un plateau rocheux mi cailloux mi sable, avec deux jours de vivre dans la musette TAP et deux bidons d'eau accrochés aux côté, 25 kilomètres nous séparent du premier objectif à atteindre. Une petite halte et à 14 heures nous repartons vers notre hélico en panne. Encore une vingtaine de bornes, l'allure est bonne et je suis l'allure sur ce plateau caillouteux (reg) ou le sable est omniprésent affleurant le sol, nous passons sur une aire délaissée par des nomades, j'aperçois des piquets encore enfoncés dans le sol rocheux et plusieurs tas de bois pelés par les vents de sable, des emplacements de tentes et de feux sont bien visibles.
 
    On ne s'attarde pas, le temps imparti est rigoureux pour atteindre le puits avant la nuit, un piper nous survole et donne le point, il nous signal un vent de sable qui nous arrive de derrière et que notre allure de marche doit être forcée, nous sommes à une heure de notre objectif, quand je m'aperçois que le sable devient mou, inconsistant, le vent s'est levé, il est rasant et soulève doucement cette fine couche de sable fin, ou nous pataugeons maintenant.
Les chefs de sections crient « marche commando »! le « simoun »( vent du désert) nous rattrape.
 
         Comme des dératés nous parcourons les derniers 1000 mètres afin de faire nos emplacements pour la nuit. En un rien de temps le puits est atteint , nous déballons nos toiles doublées de nylon et deux par deux dans un vent qui soulève des nuages de sable, nous raccordons nos toiles afin de mettre le matériel à l'abri, des bidons de carburant vides, me servent de contre-vents, la tempête est sur nous, c'est le sauve qui peut général, nous allons subir la furie du vent du désert, plus de visibilité à plus de 5 mètres, recroquevillés avec Pierrot Martignon, nous prenons nos dispositions inconfortables, malgré nos toiles étanches, le sable pénètre partout, nous mangeons un peu avec plein de sable qui croque sous les dents, je bois l'eau tiède de mon bidon.
 
        Dehors les bidons de 200 litres font du tintamarre, s'entrechoquant entre eux, j'ai peur qu'ils s'envolent. Des congères se font contre les obstacle que nous faisons, la nuit s'annonce longue.
La tempête s'arrête aussi soudainement qu'elle est venue, le froid du petit matin nous fait grelotter malgré le chèche que je me suis entortillé sur la tête est le corps, je boute le nez dehors .
 
    Le paysage à changé, les paras sortent de leur butte de sable, les visages à peine reconnaissables, recouvert d'une fine couche de poussière, les yeux larmoyants, la bouche et les narines desséchées, les gars ont soif, les premiers sont déjà au puits à tirer de l'eau à la peau de bouc, mais l'eau est d'une sale couleur brune et dégage une odeur suspecte, certains ont goûté cette flotte dégueulasse, une lampe torche éclaire le fond du puits permettant de voir un cadavre coincé dans le fond, le capitaine alerté, se voit contraint de demander par radio un secours en priorité à autorité. Un JU 52, chargé de bidon d'eau va venir nous approvisionner.
 
      29 novembre 1957
 
     Le ciel est redevenu bleu, à part les congères de sable sur les bidons et l'hélico, tout paraît normal comme si rien n'était survenu. Nous mettons les panneaux de signalisation au sol pour le largage car il ne peut atterrir dans notre zone, le voilà qui se positionne en s'approchant du sol, le largueur est à la porte, et à 15 mètres de haut le lâche ses colis, même à 90 km heure, les bidon tombe très vite , j'entends un plouf à chaque bidon quand il touche le sol, il éclate comme un fruit mûre, du pain et des boites de rations suivent le même chemin sans dégât, nous courons au résultat.
 
 
   Les bidons ont explosé et l'eau finit de s'écouler, il ne reste à l'intérieur que la valeur d'un bidon, presque rien. Une liaison radio rend compte du largage d'eau loupé, nous sommes pris au piège, plus de 40 kilomètres nous séparent du convoi parti à notre rencontre avec de l'eau, ceux qui ont une petite réserve d'eau font le partage avec ceux qui n'en possèdent plus, certains n'ont plus d'eau depuis hier soir, c'est la marche de la soif.
Le soleil darde ses rayons sur le sable, la réverbération accentue la déshydratation des paras, j'ai la langue et les lèvres parcheminées, plus de salive et pourtant il faut marcher, je prends mon cachet de sel avec une goutte d'eau. Nous avançons dans les dunes sans fin .
 
   « c'est marche ou crève! » me dit mon caporal/chef Thevenon, c'est le mental qui nous tient sans cela ! Le contact radio est régulier et le piper nous suit à la trace. Ce qui est désespérant ce sont les dunes qui se succèdent sans voir l'horizon. Les premiers cas de déshydratation sont visibles, il faut soulager le gars de son sac, 10 heures de marche avec un dé à coudre d'eau toutes les heures, devient un supplice, si je m'écoutais je boirai mon bidon d'une seul traite, mais les copains qui louchent vers l'objet de la convoitise me font respecter les règles de la soif, je pense aux camarades, il faut continuer à souffrir.
 
  Des cris à l'avant de la colonne « les camions ! Les camions sont là ! » comme un coup de fouet, l'allure s'est accélérée, il est 18 heures quand nous les atteignons, mais il n'y a pas de place pour tous, par contre nous avons de l'eau . Les plus atteints sont transportés par les GMC. Nous prenons trente minutes de repos pour avaler la pâte de fruit avec de l'eau, se qui nous fait transpirer aussitôt, mais c'est bon comme stimulant.
.
    Le bidon plein, nous repartons pour une marche de 10 kilomètres avant d'arriver à la base provisoire de Zaouït-ed-Debhar, d'où les camions nous transportent sur Timimoun, il fait grand noir. Comme des gars bourrés, nous sommes montés dans les bahuts sans un mot, nous commençons a récupérer dans un sommeil sans rêve, épuisé par une marche de 50 kilomètres dans le sable de dunes infinies.
 
     30 novembre 1957
 
     Après six heures de camion, nous arrivons à 5 heures du matin, abrutis par les secousses et le sommeil, nous prenons possession de nos lits et sans un lavage tout le monde s'écroule les bras en croix sur sa couche, bientôt un concert de ronflements, mais rien me gène. Il est midi quand je sors de ma torpeur, le premier geste c'est de boire l'eau à la citerne et de me passer la tête sous le robinet, avec plusieurs copains nous allons nous laver à l'oued et régénérer notre peau dans un bain salutaire, ma peau est devenue noire et le contraste des jambes et de l'emplacement du short font sourire, rasage de rigueur.
 
     Un bon repas me redonne vigueur. Les mal en point sont revenus et ont l'air de se porter comme un charme. Notre premier travail: nettoyage des armes et des munitions, vider les musettes TAP remplies de sable, secouer et laver les affaires, se changer pour avoir l'allure d'un para Bigeard. J'ai récupéré mon FM 24/29, çà promet !
 
   La deuxième bataille de Timimoun
 
 
   Tous les documents que possede le 2ème bureau, affirment qu'une deuxième bande de rebelles se cache dans la zone des puits. Estimée à une soixantaine de combattants elle n'est pas encore localisée, pourtant au 2 décembre, elle est située dans une zone de 2000 kilomètres carré à 160 km de Timimoun dans la région des puits de Gaouni, Mansour, Taourdassa, Belguezza, Ali, et Fokra, sur une ligne allant de Beni-Abbès à Bou-Krelala.
 
     Pour que cette bande ne puisse plus se ravitailler, les dépôts de vivres et de munitions sont détruits, la bande isolée va se retrancher dans la région des puits cités. Le capitaine de Llamby est installé à Beni-Abbès et neutralise l'axe jusqu'à Ksabi propice aux fells. Bigeard apprend par les pétroliers qu'au puits de Bou-Krelala il existe une partie de Reg assez dure, ou les Junker 52 peuvent se poser, excellent appareil seul capable d'utiliser ce terrain et d'approvisionner cette base au plus près des repaires rebelles, afin de préparer avec minutie la logistique de cette nouvelle opération.
 
   Un convoi de camions d'essence escortée par des paras va faire un parcours de 1000 km par des pistes impossibles pour rejoindre Bou-Krelala, les Junkers feront du transport également de fûts d'essence et de matériel sur cette base improvisée.
 
     3 décembre
 
    Nous sommes en alerte maximum à Timimoun, à 8h 35 c'est au tour de la 1er compagnie du lieutenant Subregis et à 10h 10, la 2e du lieutenant Douceur . Grillot dit « Georges » sautent à Bou-Krelala avec des blessés au sol dont le lieutenant Douceur qui se fait une talonnade. Notre chef de peloton le lieutenant Swekoltine nous donne des nouvelles de l'opération en cours, à 9H 25, Bigeard et son PC se posent en JU 52 , puis à partir de 11 heures, arrivent les 6 Siko de Brunet et les 3 Piper. Les tentes se dressent autour du PC, les JU52 remportent les parachutes.
 
   15 heures un piper cherche des traces de rebelles et repère des Bédouins avec des chameaux, quelques uns seront héliportés, escortés par un groupe de la 4e au PC pour renseignements
18 heures, les Ju52 feront la navette et transporteront 18 tonnes de matériel dont 15 tonnes de carburant pour les hélicoptères de Brunet.
La compagnie portée de la Légion Étrangère à 200 kms au sud piège quelques rebelles dans une embuscade et récupère le corps d'un des pétroliers assassinés.
 
     4 décembre 1957
 
     7h 50 l'arrivé des T6 en protection du Piper à la recherche de traces aux environ du puits d'Hassi-Mansour. 8H35, Piper signale des traces au puits de Mansour à 50 kilomètres de ma base; Je suis au terrain avec l'Escadron, les faisceaux sont formés, nous allons aux parachutes et retournons à nos emplacements, nous mangeons sur place, ordre de faire le complément des bidons et de ne pas y toucher, vérification du matériel dans les moindres détails.
 
 
  Un dernier briefing des chefs de pelotons avec le capitaine Calès. Cet après-midi nous sautons sur Hassi-Mansour, le temps passe, les nerfs sont mis à rude épreuve, pleins de questions viennent alimenter la conversation du groupe.
 
    14 heures: nous sommes équipés et montons dans le Nord 2501, les moteurs tournent à plein régime dans un nuage de poussière. C'est parti, nous décollons, à 14h 25, je suis à la verticale de Hassi-Mansour, les avions tournent au-dessus et attendent l'ordre de largage de Bigeard.
 
 
    15H 45, je saute avec le FM dans sa gaine de jambe, altitude 400 mètres à 10 kilomètres du puits, sur un terrain sablonneux mais ferme.
J'arrive sur une portion de sable mou assez balloté par un petit courant d'air dans un roulé-boulé parfait, la gaine larguée à 50 mètres avant le sol, j'ai le temps de bien admirer l'étendue du Sahara à perte de vue avec des arbustes dans les creux des dunes, toutes ces coupoles de parachutes qui se balancent donne une impression irréelle de planer, par-contre il y a des cassés au sol, des courant d'air font tanguer les paras dangereusement.
 
    Mon camarade Daniel Belot devenus voltigeur, se trouve pris dans un mouvement d'oscillation tel qu'il ne peut maîtriser sa voilure , il se retrouve au sol dans un mouvement pendulaire terrible, il arrive sur le dos avec le bras droit retourné et se pète le poignet; Il se retrouve manchot et son chef de section décide de le rapatrier avec les éclopés, il fait la gueule, son chef aussi. Il sera évacué par hélico et de là, via l'hôpital d'Alger.
 Pour lui Timimoun est terminé.
    Nous laissons nos parachutes sur place, regroupés, nous commençons notre progression pour parfaire le bouclage d'un repère rebelle signalé par le Piper. La 1er de Subrégis est héliportée, le bouclage se précise. Nous avançons en ligne et faisons jonction avec la 1er compagnie de Subregis. Les dunes succèdent aux dunes, un gros effort pour la remontée et se demander si un fell n'est pas caché au pied d'un arbuste pouvant me flinguer sans problème.
 
   Le Fusil-Mitrailleur est lourd, le frottement de l'arme sur le tissu avec le sable collé à la sueur, fait abrasif sur l'épaule, heureusement j'ai presque de la corne sur le cou à force d'avoir l'arme en contact avec la peau. Vers 17 heures un important dépôt de ravitaillement, d'eau et d'habits est découvert, on y met le feu.. Nous marchons jusqu'au soir en liaison avec la 1èr compagnie, nous bivouaquons à l'abri des dunes, embuscade générale.
 
    5 décembre 1957
 
    Le réveil est glacial, j'ai mis de l'eau à refroidir dans le casque elle est gelée, une couche de glace brille à la surface, quelques pas pour me dégourdir les membres, un oiseau posé à côté de moi a des difficultés pour s'envoler, j'aurais pu l'attraper. Un café froid avec une pâte de fruit, nous repartons pour le même travail, le Piper nous survole. Le capitaine Chabanne n'a pas eu la chance de faire sauter sa compagnie, il quitte l'alerte aéroportée de Timimoun.
 
 
    Toute la journée sera faite de fouilles en marchant en parallèle de l'autre compagnie, j'enlève régulièrement mes pataugas afin de secouer le sable qui s'accumule au bout de la chaussure. Décor invariable avec le soleil qui plombe les paras
la température avoisine les 40° dans les creux de dunes, toute l'équipe tient le choc.
 
  Le capitaine Pétot du 2ème bureau se rend en hélico à Ouskir pour ramener et interroger des prisonniers. C'est la 2ème compagnie du capitaine Planet qui prend le relais de Chabanne ce dernier rejoint le poste de Kerzaz.
Mon 4ème peloton marche comme un seul homme, nous sommes tous aguerris et blindés contre la chaleur et la soif, le soir arrive sans rien de nouveau. Nous avons marché en direction de Hassi-Mansour et dormons dans les dunes sans pouvoir faire du feu, la boite de ration se termine et demain reste un mystère pour l'eau et le ravitaillement.
 
     6 décembre 1957
 
   La 1er compagnie du lieutenant Subregis continue sa progression vers le nord, un groupe de la 4e compagnie est héliporté sur une importante caravane. Encore un hélico en panne dans la nature et des paras envoyés pour la protection.
Le convoi d'essence protégé par une surveillance aérienne plusieurs fois par jour, arrive à Bou-Krélala.
 
    7 décembre
 
Nous avons des coups de barre, le séjour prolongé en marche incessante commence à agir sur l'organisme, même les aviateurs qui ont triplé les heures de vol, les hélicos paumés dans le désert et ce sable omniprésent détériorant les mécanismes. A Bou-Krélala une chanson faite pour la circonstance ce fredonne « siko siko par-ci, siko siko par-là! » sur l'air de Tico-Tico chanté à l'époque.
5 heures du matin, nous faisons route vers le puits de Belguezza, le capitaine Calès en tête, cela fait 6h 30 que nous marchons la chaleur est omniprésente en ce mois de décembre.
 
    Un Piper signale une silhouette caché sous un arbuste au sommet d'une dune pas loin du puits de Hassi-Ali, à 100 km de Bigeard, c'est un « chouf » (guetteur). La conclusion est faite sachant que les arbustes ne poussent pas en haut des dunes: c'est la faille !.
La grosse erreur commise par les fells va leur coûter cher !.D'un coup d'hélico « BRUNO » avec un PC léger nous rejoint au puits de Belguezza.
13 h 45: Bigeard fait venir des hélicos bourrés de fûts d'essence de 200 litres, pour notre héliportage sur la zone suspecte.
14H30, la compagnie de Planet, décolle de Timimoun et se met à la verticale de Hassi-Belguezza attendant l'ordre de « Bruno » pour sauter
15 heures: après un briefing minutieux, nous grimpons dans les Sikorsky, nous sommes gonflés à fond l'adrénaline se répand dans le corps, les armes sont prêtes, nous savons que le risque d'un posé en plein sur l'ennemi est grand.
 
     Notre groupe dans un nuage de poussière saute en urgence. Les fells sont là, ils nous tirent dessus, les balles passent en sifflant leurs chanson de mort, je galope comme un dingue en tirant au fusil-mitrailleur, les rafales de mon arme me stoppent dans mon élan, d'autres hélicos arrivent. « Bruno 4 à Bruno, les fells me tirent dessus j'ai un tué et deux blessés ! » « OK Bruno 4, je fais parachuter Planet un peu à votre nord! ».
 
   Écrasé au sol, je laisse passer la voltige qui balance des grenades à fusil sur les rebelles retardateurs pendant que le reste de la bande se sauve, nous les neutralisons.
Planet a sauté en plein sur la bande, accrochage d'emblée, Bruno se fait héliporté à côté du capitaine Planet, la bataille fait rage les grenades à fusil font merveille, la chasse straffe sans arrêt, les balles sifflent de partout, les paras s'offrent un combat digne de ce nom! .
 
 En fin de journée le deuxième peloton du lieutenant Pacaud est héliporté au nord de l'Escadron pour prêter main forte au nettoyage des felouzes encore planqués, blessés ou simulant la mort. Les équipes de voltige du 2e peloton recherche les armes , Francis Decker fouille le creux d'une dune ou les arbustes sont autant de cache, et soudain se dresse devant lui à 5 mètres, un déserteur armé d'un fusil, Francis avec sa MAT 49 fait face.
 
     Les armes sont prêtent à tuer, ils se mesurent du regard, pas un ne baisse les yeux, Francis appui sur la détente..rien? sa MAT s'est enrayée, il pense à la dernière seconde de sa vie, le déserteur tout jeune lui aussi à un moment d'hésitation, puis laisse tomber son fusil et lève les mains. Il ne s'était pas aperçu que l'arme qui le menaçait était hors service. On appelle çà la « baraqua » !.
 
  Sur un flanc de dune le deuxième peloton du lieutenant Lefevre dit le grand « Bill », est rassemblé. Au fond d'un creux de dune caché dans une touffe d'arbuste, un felouze déserteur, blessé qui a dû faire le mort, pointe son fusil armé sur les silhouettes qui apparaissent dans le déclin du jour. Il tire en direction des paras dont les contours s'estompent dans le couché du soleil.. le projectile frappe Antrowiac, travers son épaule et touche en plein cœur Rougier, qui meurt sur le coup.
Pour lui la piste s'arrête là.
 
   La nuit tombe sur ce dernier corps à corps, cet ultime combat dont tous paras ayant à confronter son courage devant l'ennemi y a pensé un jour. Le soir tombe sur le désert dans un silence impressionnant . Champ de bataille historique des paras du 3e R.P.C.!. 45 rebelles anéantis, 6 prisonniers, 2 fusils-mitrailleur, 60 armes de guerre, 13 tonnes de vivres, 70 chameaux, ceux de la compagnie méhariste déserteurs et assassins de leurs cadres, 800 kg de munitions et des documents. Malheureusement nous comptons nos pertes: 4 paras dont deux de notre Escadron et 6 blessés dont trois de notre compagnie.
 
 
  De notre assaut, 8 fells sacrifiés, ont permis à la bande de déserteurs de courir sur la compagnie Planet et de finir de la mort inéluctable dont ils connaissaient l'issu fatal.
Les chameaux seront abattus faute de pouvoir les ramener, les prisonniers déserteurs après interrogatoire seront fusillés.
 
    8 decembre
 
    Après une nuit dans les dune du Grand Erg, nous continuons la fouille et rejoignons le reste de la compagnie, les cadavres sont rassemblés pour le décompte. Une épopée se termine. Le Grand Erg Occidental n'a plus de secret pour moi.
 
    Dans son livre « Aucune bête au monde » dédié au sergent/chef Sentenac, il écrit en légende sous de belle photos:
Un jour, on nous donna le désert pour combattre...
Sous les palmes, dans ce paysage d'Évangile, il nous fallut nettoyer nos armes que le sable enrayait et se préparer encore une fois à combattre et à tuer...
 
   Il nous sembla alors que nous avions trouvé dans ce dépouillement et cette solitude, dans la soif et dans la faim, cet ennemi que nous poursuivions depuis longtemps: nous-mêmes, notre peur et ce corps qui se rappelait soudain à nous pour exiger des fruits juteux, des filles accueillantes, des lits profonds et une vie confortable...
Il nous fallut mesurer l'eau... et compter nos cigarettes...Ainsi, nous avons connu le prix d'une gorgée de boue tiède, la saveur d'une bouffée de « gris »... et la force de notre amitié, car nous avons tout partagé, la dernière goutte d'eau et la dernière cigarette.
 
   Nous avons considéré nos ombres dérisoires...
Accroupis sur la crête des dunes, nous avons écouté siffler le vent, siffler les balles...
Nous avons cru souvent tirer sur des mirages, nés des reflets aveuglants du désert...
Pour croire qu'ils étaient des hommes comme nous, rongés par le même soleil, dévorés par la même soif, il fallut nous pencher sur leurs cadavres...
Le grand vent du Sahara effacera demain les traces de nos pas. Il déplacera les dunes, ensevelissant pêle-mêle les douilles vides, les boites rouillées et les armes perdues, et jusqu'au souvenir de ce combat...
 
     Bruno.
 
Bigeard reçoit les compliments des généraux Massu et Salan qui rendent hommage à ses remarquables talents de commandant. De lieutenant-colonel, il est promu colonel à 41 ans, ce qui fait de lui le plus jeune colonel de l'armée de terre.
 
 
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MessageSujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard   Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Icon_minitimeMar Sep 12 2017, 21:32

Une aventure hors du commun me rappelant l'histoire que je traduis du légionnaire italien de la 13e DBLE qui était en poste dans les Kenchela. Je continuerai demain la suite (page 2).
Moi, en devenant français, je voulais aller chez les paras car j'avais lu adolescent ce type d'histoire. Je n'ai pas pu à cause des lunettes.

___________________________________ ____________________________________

« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
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MessageSujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard   Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard - Page 3 Icon_minitimeMer Sep 13 2017, 21:09

Je te remercie de lire mon aventure, C'est mon chef de section qui ma incité à écrire mes souvenirs que je conservais sur des carnets, ils sont véridiques car vécu avec deux camarades vivant vers Aubagne  !!!  Je continu la suite de mes aventures au 3e RPC !! Amitiés ..GUS ...
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