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| Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Jeu Sep 15 2016, 19:06 | |
| G18 La « Bataille» d'Alger du 20 janvier au 20 mars 1957 Suite à quinze jours de permission passé en France dans ma famille, le retour se fait dans une ambiance morose sur le bateau Kairouan parmi des rappelés protestataires et démoralisés. Me voici à nouveau avec mes camarades de l'Escadron, et en particulier au 4ème peloton du s/lieutenant Michel et de l'Adjudant Rebouillet son adjoint. Après notre retour de Chypre, les chauffeurs dont je fais parti, sont dirigés sur Zéralda(1) ou Bigeard nous a trouvé un terrain pour le régiment. Le colonel Jeanpierre commandant le 1er Régiment Etranger Parachutiste (2), ayant un vaste espace, a offert d'herberger notre régiment en attendant mieux. C'est un très grand terrain au milieu des pins près d'une immense plage de sable fin au bord de la mer a 8 kilomètres de Staouili ou s'est implanté la 4e compagnie «Bir-Hakeim» (3) à distance égale de Sidi-Ferruch ou nous allons nous retrouver bientôt. Les marabouts montés, le village de toile prend forme, d'autres compagnies sont installées aux alentours, il nous faut de la place avec tout nos véhicules. J'ai d'ailleurs profité d'un peu de temps libre pour aller faire un tour du côté de la Légion qui possède une superbe structure en dur. L'entrée du camp est impeccable, une sentinelle en tenue irréprochable, nous gratifie d'un superbe présentez-arme, à notre étonnement, Jojo Plisson me dit «il nous prend pour des gradés ?» obligé de saluer la sentinelle, j'en apprend tous les jours sur la Légion Parachutiste. Leur foyer est artistiquement décoré, l'ambiance est parfaite, nous sommes reçus cordialement et je retrouve le légionnaire de ma traversée pour Chypre qui est de service au foyer, il a fallut accepter sa tournée de bière au risque de le vexer, un type bien, une conversation s'établit sur notre travail et nos opérations, nous les retrouverons à Alger et dans les Aurés. Nous nous préparons pour cette bataille d'Alger, afin de sécuriser la population et démanteler les réseaux terroristes implantés. La ville est prise sous l'étreinte du FLN. Nous sommes ici en opération au même titre que dans le djebel. Dans Alger les fells se terrent dans les inextricables réseaux de la zone urbaine, et font subir des actes terroristes des plus violents et atroces. Notre compagnie est installée dans un immeuble à El Biar, petite ville dans la périphérie d'Alger, situé à 3 kilomètres sur une voie très accessible sur les hauteurs d'où l'on aperçoit la baie et le port de la grande ville. L'immeuble presque fini, comporte trois ou quatre étages avec de multiples appartements, une chambre pour quatre c'est l'idéal; les véhicules parqués dans un grand espace au pied de l'immeuble permettent des départs rapides, les jeeps sont sollicitées 24 heures sur 24. La situation au moment de notre absence dûe au conflit égyptien du canal de SUEZ. Alors que notre état-major est absorbé dans les préparatifs à l'investissement du canal de Suez et de Port-Saïd, le FLN a la partie belle pour se réorganiser dans les grandes villes, en particulier à Alger. Les actes terroristes se multiplient et les premiers attentats à la bombe se font dans les quartiers européens. Les chefs de la rébellion s'installent dans la clandestinité, et veulent par ces actes durs et spectaculaires, frapper le symbole de la réussite Française en Algérie. L'arrestation d'un complice d'Ali la pointe ne résoudra pas grand chose. Le 26 janvier, des bombes explosent à l'Automatic Bar, à la Cafétaria et au Coq Hardi où la jeunesse algéroise vient se rencontrer: le bilan est lourd, vingt victimes sont à déplorer affreusement déchiquetées, une boucherie. Bigeard, les dents serrées sur le tuyau de sa pipe, réfléchit au moyen de motiver ses paras et les commandants d'unités, il n'est pas question de faire de la répression aveugle et tomber dans le piège auquel le FLN aurait vite fait de rebondir. Une note de service dictée à Martial Chevalier son fidèle secrétaire, est dispatchée dans les compagnies: «nous sommes ici en opération au même titre que dans les Nemetchas ou ailleurs. Pour nous, la ville, ses tentations, ses filles n'existent pas. La situation, le travail actuel exigent de la part de tous une tension, une discipline de vingt-quatre heures sur vingt-quatre. 27 janvier 1957 Les paras Bigeard étaient fin prés pour briser la grève générale dans Alger, mot d'ordre lancé par le FLN et qu'il fallait casser à tout prix. Ben M'Hidi, chef de la résistance algérienne, président du congrès de la Soummam du 20 août 1956, capturé le 23 février 1957, a révélé au cours de ses longues conversation avec le colonel Bigeard en toute liberté d'expression et sans contrainte, que: nos méthodes étaient les seules valables pour briser leur action, que le développement du terrorisme était dû à l'impunité dont ils étaient assurés de par notre législation. Le FLN a provoqué un climat de terreur avec les bombes qui explosent n'importe quand n'importe où. Ce sont en général de jeunes femmes habillées à l'européenne moins susceptibles d'être repérées qu'un homme qui pose les engins meurtriers dans des lieux fréquentés de la ville. Le 21 février 1957, nous avons un saut à faire pour notre alignement de la solde de l'air, prime qui nous apporte un plus financier. C'est à Blida où un grand terrain d'aviation nous attend avec ses Nord Atlas 2501, celà fait deux mois que nous n'avons pas passé la portière, un petit pincement au cœur vite disparu dans l'ambiance para, une bonne sortie et un temps idéal me permettent une arrivée au sol comme dans un fauteuil même pas de roulé-boulé je me réceptionne debout avec quelques pas pour accompagner la voilure qui s'affaisse doucement, retour à midi pour El Biar. Des patrouilles incessantes nous donnent peu de temps de repos, à pied, en jeep, les interventions à plusieurs véhicules pour des contrôles d'identités, des arrestations, mais aussi des interminables heures de garde à surveiller le PC ou les interrogatoires des suspects de notre zone se multiplient, ce sont pour la plupart des malfrats, proxénètes, voleurs en tous genres, le capitaine Le Boudec à préféré cette zone qui nous demande moins de scrupule malgré la dangerosité des suspects arrêtés. Notre tenue doit être rigoureusement propre et bien taillée pour qu'elle colle au corps, casquette neuve, et rasé de près, je coupe les cheveux au plus court ce qui me libère de beaucoup de corvées, les sous-off me laissent une pièce de monnaie celà améliore mon budget. Les permis passé en France sont devenus je ne sais pourquoi plus valables? Nous allons ce matin repasser les permis de conduire dans un centre de conduite, l'épreuve est passée haut la main. Le 26 février, je touche ma solde de 8360 Fr et 14 paquets de cigarettes de quoi acheter le strict minimum et de la pellicule pour mon appareil Kodak. Les patrouilles sans cesse et les planques avec un mouchard qui nous désigne les gars suspects, arrestation parfois musclée. J'ai un nouveau caporal Makao Doukouré ancien d'Indochine venu sur le tard dans les paras, brave type avec un fort accent Sénégalais la peau noir d'ébène, un peu bizarre par moment mais il ne restera pas longtemps chez nous avec le régime «Bruno» la sélection est naturelle. Samedi 2 mars Ce soir, quartier libre, je fonce prendre ma douche, avec l'équipe, nous prenons un taxi et direction « La Lune », une maison de plaisir qui fait un bénéfice substantiel avec sa clientèle de soldats, à la sortie de la boite nous sommes provoqués par un groupe de biffins éméchés, j'ai une fourchette que j'ai subtilisée au restaurant et quand le gars me balance son poing je lui enfonce la fourchette dans la main, il pousse un hurlement et la bagarre dégénère à notre désavantage, huit troubadours contre trois paras de plus André Veau a un problème d'épaule, alors que cela se passe mal pour nous, j'entends un hurlement sauvage! C'est Mario Piacenza mon caporal de l'équipe voltige, qui vient nous sauver d'une sacrée trempe, c'est un taureau sauvage de 90 kilo, ancien d'Indo et de Corée il a eu une blessure à la tête et parfois il pique des crises de colère et ce n'est pas le moment de rester dans ses mains larges et épaisses comme des entrecôtes, il rentre dans le tas et cogne sans distinction les poivrots, deux sont déjà KO et les autres battent en retraite devant ce cyclone. Nous finissons dans un restaurant pied-noir, avec 400 francs de taxi, la solde est bien entamée, mais qu'importe!. 3 mars 1957 Il est 5 heures quand nous arrivons à Blida pour un autre saut, décidément c'est bon pour le moral, ce saut effectué au « Tombeau de la Chrétienne »(4) lieu très connu en bordure de mer, immense DZ (5), il y a foule à l'embarquement des bérets vert, bleu, rouge, la sarabande des Nord 2501 qui après avoir largué leur cargaison de paras reviennent faire un autre chargement de candidats au saut. Notre tour arrive, la routine se voit sur les visages décontractés, les blagues fusent de part et d'autre, la sortie du «Tapin» se fait avec le regard clair, la gueule de bois de la veille a disparu, le vent me donne une claque à la sortie et l'ouverture du pépin stoppe la chute libre un coup d'oeil à la coupole du parachute me laisse voir une superbe une corolle blanche parfaitement ouverte, un gars me coupe le champ de vision en frôlant de ses pieds mes suspentes, c'est mon pote Jacky Fièvre qui doit se trouver dans un courant d'air, il arrive au sol déséquilibré, sonné par une mauvaise réception, il ne bouge plus, je dégrafe mon harnais, et fonce vers lui, rien de grave, il saigne du nez percuté par le casque, quel gamelle! Je l'aide à revenir au point de ralliement, sans penser qu'il va disparaître en octobre, mort d'un éclat de grenade en plein cœur dans ma chambre. Le soir, toute l'équipe, commandée par le s/ lieutenant et le chef Rebouillet avec deux jeeps, nous filons sur Draria où une fouille a lieu dans une propriété bourgeoise. Les gendarmes nous accompagnent, les propriétaires proches du FLN sont en fuite, il faut fracturer la porte de cette immense maison bourgeoise, une multitudes de pièces, un secteur nous est attribué tellement la demeure est grande, en ouvrant une valise je déniche un magot que j'estime à deux cent mille francs caché dans un double fond de malle dans une autre des louis d'or sertis enchâssés en médaillon enfilé dans une grosse épingle de sûreté, une vingtaine de médailles une petite fortune à nos yeux le tout remis au s/lieutenant, des papiers, documents etc,, cela nous change des patrouilles monotones. Le 4 mars nous emmenons nos jeeps en révision, vidange et peinture au service garage. Nous y restons trois jours libres de corvée que je déteste (les pluches et la garde) De nouveau nous partons en vitesse l'Escadron au complet sur la casbah pour une fouille minutieuse, tout le périmètre est bouclé par des unités non paras fermant les issues par des rouleaux de fil barbelés. Le travail peut commencer méthodique dans chaque rue, chaque passage, les portes qui refusent de s'ouvrir à l'injonction des paras, sont systématiquement ouvertes de force, des passages secrets se dévoilent dans ce labyrinthe de couloirs voûtés, reliés entre-eux, dans des pièces des vieillards dans une pénombre où ne filtre qu'un rai de lumière, de vraie niche à chien, une impression oppressante des lieux, se sont des coupe-gorges, les cris et les engueulades en arabe, nous portent sur les nerfs, la tension est palpable. Daniel Belot étant de la partie avec un autre groupe, ouvre les portes récalcitrantes d'un élan de sa grande carcasse, il percute la porte qui cède et va s'étaler dans un panier d'œufs, il en ressort dégoulinant au grand dam de ses copains, les quolibets fusent. Pas de bombe ni d'imprimerie clandestine, et pourtant, les terroristes sont là, mais les caches invisibles, seront démasquées plus tard suite aux investigations et aux renseignements du deuxième bureau. Des dénonciations des retournements de veste de fells qui seront récupérés et serviront dans les rangs de commandos harkis, terriblement efficaces dans le démantèlement des filières, caches, groupuscules. Pendant ce temps là, la presse fait la première page des évènements et des résultats obtenus par le 3e RPC et son chef. Le colonel Bigeard et ses officiers travaillent d'arrache pied, l'organigramme de la rébellion prend forme, les responsables tombent les uns après les autres. L'arrestation de Ben M'Hidi chef du secteur d'Alger, âme de la résistance, âgé de 34 ans est un fanatique, il se bat pour l'indépendance de son pays, Bigeard aura de longues conversation avec ce dernier, et va devenir presque un ami car ses idées sont sincères. Mais le sort en décidera autrement. Réclamé par Massu, on le retrouvera pendu dans sa cellule. Le service de renseignement organisé par le capitaine Fréquelin du 3e RPC met en route avec une efficacité certaine l'organigramme, impliquant les commandants de compagnies responsables de leur secteur d'investigation, comme notre Escadron s'occupant du secteur malfrats. Notre compagnie interviendra de nombreuses fois pour des arrestations musclées sur des souteneurs et racketteurs, puis envoyés au 2eme bureau pour leurs faire livrer d'autres complices. Nous sommes très estimés de la population, je suis invité à prendre un repas dans une famille pied-noir, reçu avec gentillesse, je suis impressionné par la prestance de ces personnes qui ne sont pourtant pas des gens aisés, la fille de la maison plus âgée que moi me fait visiter la demeure, nous parlons de la France de notre climat, et aussi des évènements actuels, ils sont pessimistes quant à leur avenir, je repars après embrassades pleines d'affection, les bras chargés de cadeaux en demandant de revenir, mais celà ne se fit pas, notre départ étant programmé pour d'autres aventures. Le 20 mars, l'annonce d'un départ pour le djebel me fait bondir de joie, car si certains ont fait connaissance avec des filles du coin, c'est avec une grande tristesse qu'ils se voient obligés de couper court à leurs idylles; beaucoup dans l'année 1958 se marieront à El Biar ou dans d'autres localités des environs d'Alger et resteront une fois leur contrat terminé, en Algérie avec un travail assuré pour les quatre années à venir. 1962 les verra faire un adieu à cette terre où ils ont tant souffert sur les pistes du Nord au Sud et d'Est en Ouest, puis trouveront le bonheur dans les bras d'une belle pied-noir. -0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-
Zéralda: village de 3000 habitants fondé en 1844, en 1955 implantation du 1er R.E.P dans la forêt de pins.
1er R.E.P: Régiment Etranger de Parachutistes créé en 1948 et à sa tête le Lt/Colonel Jeanpierre indicatif « Soleil » mort au combat le régiment dissous en 1961 suite au putsch des généraux..
« Bir-Hakeim » capitaine Florès de la 4e compagnie, ancien de la Bataille de Bir-Hakeim d'où le surnom.
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Jeu Sep 15 2016, 19:49 | |
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Jeu Sep 15 2016, 20:28 | |
| G19 Opération « AGOUNENNDA » L'opération «AGOUNENNDA » les meilleurs combattants de la Wilaya IV(1) ne sont pas prêts d'oublier le nom de ce minuscule point sur la carte qui n'est autre qu'un petit village délabré. Perdu dans le djebel du massif blidéen, encastré dans une échancrure de montagne, où coule l'oued Boulbane. Le 21 mai 1957, une compagnie du 5e Bataillon de Tirailleurs Algériens tombe dans une embuscade vers Champlain. Une quinzaine de soldats tombent touchés à mort et huit autres sont faits prisonniers, les véhicules incendiés. Ce matin là, le général Massu (2) fait appeler le colonel Bigeard à son état-major, comme ce dernier doutait bien que ce n'était pas pour lui raconter des balivernes, il prévient le commandant Lenoir de préparer la «boutique» pour une mise en alerte de toutes les unités. L'affaire a du retard sur les fuyards mais Bigeard avec son instinct infaillible,après étude de la carte, imagine la direction de fuite des rebelles et se doute que le passage obligatoire de cette troupe doit passer par l'oued Boulbane, et en conséquence va placer ses embuscades sur le passage possible des fells, un coup de poker et la chance. 22 mai 1957. Je suis à ma base arrière de Sidi-Férruch au Camp des Pins dans une colonie de vacance enfouie parmi les résineux odorants de la presqu'île à quelques centaines de mètres de l'immense plage Moretti à laquelle nous avons accès aussi souvent que nous pouvons, profitant de ces lieux presque paradisiaque, avec les camarades du peloton, agréable moment de détente. Cette plage qui vit le débarquement des troupes Américaines en Afrique du Nord en novembre1942.(3) C'est Bigeard qui avait trouvé cet endroit, souvenir de son séjour en 1944 comme agent parachutiste du BCRA.(4) Il faut revenir un peu en arrière pour situer ce combat; après les opérations baptisées «Atlas» N° 1, N° 2, N° 3, N° 4, auxquelles j'ai participé au sein de l'Escadron commandé par le capitaine Le Boudec, un chef d'une classe exceptionnelle. Nous sommes mis à la disposition du général commandant la 20e Division d'Infanterie au PC de Médéa. Le colonel Bigeard a carte blanche pour assainir la zone montagneuse cartographiée MY 34. Du 7 au 15 mai, nous allons ratisser une étendue de prés de 500 km² de djebel, talwegs broussailleux garnis d'épineux où coulent des oueds qui nous obligent à se mouiller les pieds des dizaines de fois, par tous les temps de jour comme de nuit, à la recherche de rebelles qui paraissaient insaisissables. Le bilan parle de lui même et sans aucune perte de notre côté, trente-neuf fells sont abattus. 22 mai 14 h30: J'entrevois une fébrilité chez les sous-officiers, s'activant vers le PC Le Boudec, je préviens les camarades de peloton, je m’empresse de rentrer mon linge étendu sur le fil, je range mes affaires dans mon sac à paquetage et commence la préparation de l'équipement de combat, les copains sourient de voir ma musette TAP prête. 15 heures, mon chef, le sergent Dalmasso est étonné de voir ses gars équipés, la dotation de munitions(5),les armes, le bidon plein, la paire de pataugeas en réserve dans la musette, la pièce FM est prête. Je ne me suis pas trompé c'est bien un départ en vitesse pour une opé. Les deux boites rations et la boule de pain sont perçues, je roule ma veste molletonnée sur le sac, j'ai grelotté la dernière fois sans ma veste dans l'Atlas Blidéen. Rassemblement au complet de l'Escadron, un topo de la situation nous est fourni, les camions arrivent, nous sautons dedans, le convoi démarre pour rejoindre le régiment au PC , direction Médéa ou nous arrivons à 19 heures. Arrêt de regroupement à la sortie de la ville ou le casse-croûte se fait car après ce ne sera plus la peine. Le point est fait avec Bruno, et le convoi redémarre tous feux éteints vers Champlain. les chauffeurs sont des virtuoses sur cette route dont les ravins sont à pic, nos vies sont entre leurs mains, on devine le précipice très près des roues et que l'on frôle à chaque virage, dans une montée du djebel à peine carrossable, cinq heures de trajet cahoté, bousculé dans les coups de freins brutaux, les camions se suivent souvent très près, chapeaux les chauffeurs qui doivent avoir aussi peur que nous. Le 23 mai Il est 1 h 30 du matin, nous sommes à la cote 895, tout le monde descend des bahuts en silence. Les compagnies se faufilent dans un terrain rocailleux et galopent pour se mettre en ordre à la file indienne qui disparaît dans la nuit. Certains ont 15 kilomètres jusqu'au point d'embuscade assigné par Bruno. La compagnie d'appui du capitaine Chabanne reste en alerte héliportée, aux environs, sur un terrain qu'il va baliser pour les hélicos arrivant au levé du jour, puis remontera avec le PC à la cote 1298, le point le plus haut ou la visibilité sur ses compagnies et la liaison radio est excellente Le capitaine Pétot, officier de petite taille, guère plus d'un mètre soixante mais d'une énergie farouche, commande la 1ere compagnie, pose son embuscade dans l'oued Boulbane à l'ouest du capitaine Llamby. Le capitaine Planet, d'une grande classe, ancien d'Indo, est à la tête de la 2e compagnie son PC à la cote 944 avec embuscades dans les fonds par ses sections. Le capitaine de Llamby, officier brillant commande la 3e compagnie trouve en embuscade à la limite Nord dans l'oued Boulbane. Le capitaine Florès dit Bir-Hakeim est à l'aise dans son commandement de la 4e compagnie, PC cote 907 et même genre d'action dans les fonds de l'oued. Le capitaine Le Boudec, ancien du bataillon Bigeard en Indochine, blessé sérieusement à Diên Biên Phu, commande l'Escadron, nous sommes posté à l'est de la zone. Le lieutenant Tiger, un fonceur avec son commando, se trouve en embuscade en bouclage à l'Est. Le lieutenant Allaire, ancien de DBP commande les mortiers de 81 de 60 et le 75 SR et le PC Bruno. Une équipe de spécialistes dévoués à leur chef pour le meilleur et pour le pire. Il fait froid en montagne, mais le rythme imposé est sévère, la sueur perle sous la casquette. Les commandos de Tiger marchent dans notre direction; à trois heures l'embuscade est en place. 700 paras immobiles(6) se confondent dans cette nature farouche et froide, planqués dans les broussailles et les rochers, le doigt sur la détente, l'attente se poursuit encore malgré le soleil qui apparaît est nous chauffe de ses rayons brûlants. Celà représente une multitudes d'embuscades. Cette zone nous est familière pour l'avoir fouillée de long en large du 7 au 15 mai, le décor est le même. Nous avons ordre si rien ne se passe de lever l'embuscade à midi. A ce moment là, il est 10 h 30, quand le sergent-chef Sentenac(7) de la 3e compagnie du capitaine de Llamby détecte une bande d'une centaine d'homme colonne par un arrivant par l'Est dans l'oued Boulbane et venant droit sur les paras planqués. Mais la surprise est que la Katiba est grossie d'au moins deux autres est, est passée de 100 à 300 rebelles , commandée par le chef de la Wilaya IV, et rejointe par le commando Ali Khodja, à sa tête, un chef de valeur en la personne de Si Azzedine. BRUNO A TOUS : Vous avez bien suivi mes conversations avec Llamby, j'espère que ce sont les fells. Je fais décoller l'aviation de Médéa et je donne l'ordre à Chabanne de faire chauffer les moteurs des hélicos. Llamby à Bruno. Ce sont des fells. Je fais tirer!.(8) Du haut de ma plate-forme en haut de l'oued Boulbane , je perçois la bataille qui s'engage, quand nous devons, en marche commando, rejoindre ainsi que la 4e compagnie, la zone d'héliportage pour être posés en renfort des compagnies qui se battent dans le bas de l'oued. Bruno à Florès et Le Boudec: suivez bien toutes mes communications radio, récupérez vos effectifs et préparez un posé pour les hélicos; je vous ferai héliporter dès que Chabanne aura terminé ses rotations.(9) La mêlée est furieuse les fells ont la mission de nous bloquer pour permettre le repli de leurs chefs au sacrifice de leurs vies, car ceux qui n'ont pu passer à travers les mailles du bouclage que nous faisons ne sortiront plus de la nasse. Toutes les compagnies marchent au canon, resserrent le bouclage avec précision, pas un ne doit sortir du piège, les ventilos à peine posés larguent leurs cargaisons de paras, pour tenir les crêtes, Chabanne commandant de la CA est en position de tir avec ses mortiers sur la cote 698, dominée par une mechta en ruine : Agounennda. Trois compagnies, après avoir posé leurs sacs à la garde de quelques gars, partent au pas de course à la rencontre des fells qui remontent l'oued cherchant une issue. Le Piper10) renseigne la chasse via le PC Bruno, donnant de la précision au tir de roquettes et au mitraillage des rebelles dont certains se sont retranchés dans des grottes. Les radios ont fort à faire, les ordres fusent entre Bruno autorité et les PC compagnies, et de là aux chefs de sections. Je suis sur un point surélevé au bord du talweg et je vois les gars de la 3e compagnie se battre avec fureur dans un roulement continu de mitraille et de jets de grenades, le commando Ali Kodja est discipliné ce sont de rudes combattants, ils ne cèdent que pour mieux se ressaisir.. La bataille fait rage de partout. Nous sommes en position de tir et j'envoie des rafales de FM dans la contre pente garnie de broussailles, une réplique des fells qui nous tirent dessus, les balles sifflent un peu partout, comme dit mon camarade de combat Daniel Belot; Quand çà siffle, c'est qu'elles sont passées, mais quand elles claquent c'est qu'elles s'écrasent à tes pieds(11). Le fond de l'oued Boulbane est investi par les compagnies, notre tour d'entrer en action est donné, notre voltige part à la bagarre, en milieu de pente ils sont repérés par des tireurs embusqués, je fais un bond pour protéger avec efficacité les copains, je me poste en batterie avec le FM; un cri: Trombetta est touché à la jambe! L'infirmier bondit pour lui porter secours, je tire par rafales pour protéger le blessé et l'équipe partie pour le ramener. Le combat va durer jusqu'à la nuit, de nombreux fells sont encore dans le piège et attendent la nuit pour s'échapper, des embuscades sont montées, des rafales se font entendes toute la nuit, tous le monde est épuisé de fatigue, il faut tenir encore. Le 24 mai 1957. Le soleil monte au dessus du djebel et éclaire le champ de bataille de ce décor sanglant. D'autres accrochages se dévoilent sur de petits groupes de combattants isolés. Mais les combats reprennent avec autant de violences. Tiger avec son commando tente de déloger des fells d'une grotte bien défendue. Il a déjà six de ses commandos au tapis et veut continuer, Bigeard lui donne l'ordre d'arrêter le massacre et fait intervenir la chasse, elle traite la grotte à la roquette qui explose sous les impacts. Encore des tirs rageurs et des groupes de fells essayant de sortir de la nasse tout le long de la journée. La bataille ne prend fin qu'après un troisième jour de combat durant lesquelles il faudra dénombrer les corps et chercher les armes qui ne seront pas toutes retrouvées. Un total de 45 armes et un fusil-mitrailleur, représente un bilan moyen en comparaison des pertes rebelles qui s'établit comme suit: 96 rebelles tués dont des chefs importants, 12 prisonniers dont 5 tirailleurs Algériens de l'embuscade du 21 mai. Le peu d'armes récupérées sont soit bien cachées ou emportées par les rescapés des katibas. Par contre nous avons perdu dans cette dure bataille sur un terrain très difficile d'accés, 8 de nos braves paras et 29 blessés qui seront vite évacués par hélicoptères toujours prêts à toutes les tâches les plus dures. Le général Massu qui a fait un posé au PC Bruno, ne cache pas son étonnement et le félicite ce à quoi Bigeard répond: Mon général , on a le pif ou on ne l'a pas !. Au terme de ce combat, Bigeard ne cache pas son admiration envers cette katiba de première force, qui a su avec discipline et un courage sans pareil, contenir nos assauts pour permette la fuite des principaux responsables de la Wilaya IV. Pour moi cela se termine bien, je suis un peu déçu de n'avoir d'avantage participé à ce combat. D'autres aventures m'attendent. -0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-
Wilaya: Division administrative.
Massu: général commandant la 10e division parachutistes
Sidi-Ferruch: Débarquement des alliés « opération Torch » le 8/11/1942.
BCRA: Bureau Central de Renseignementset d'Action
dotation: 1200 cartouches pour fusil-mitrailleur 24/29. Soit 25 boites chargeurs à 25 cartouches.Une boite pèse 920 grammes.
Katiba: Unité de l'ALN, bras armé du FLN (Front de Libèration National).
Sentenac: Figure emblèmatique du 3e RPC, il mourra au combat à Timimoun en novembre 1957.
Citation de Bigeard dans son livre'' Pour une parcelle de gloire'' page 293.
idem.
Piper: avion de reconnaissance et de liaison.
Daniel Belot, mon camarade de combat, devenu correcteur de mes écrits.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Dim Sep 18 2016, 09:04 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Dim Sep 18 2016, 09:10 | |
| Moi je dit "Honneur et Respect" quel récits magnifique on ne s'en lasse pas!! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Dim Sep 18 2016, 09:21 | |
| G20 La deuxième bataille d'Alger juin à octobre 1957 Nous sommes de retour de l'opération «Agounennda» et nous avons à peine le temps de souffler, que déjà il faut se relancer dans une autre opération sur Alger. La tranquillité relative que nous avions réussi a obtenir après avoir décapité les cellules terroristes d'Alger sera de courte durée. Ben M'hidi disparu, la ville se prend à respirer plus librement, mais c'est sans compter sur le relâchement des unités censées poursuivre notre travail de recherche et de destruction des réseaux FLN. Le bras droit de Ben M'hidi refait surface en devenant chef de la ZAA . Yacef Saadi, reconstitue tous les réseaux de sa zone, fabrique de bombes, liaison des contacts, poseurs d'engins explosifs. Vers le 3 juin des bombes sont posées dans les pieds des lampadaires en fonte près des arrêts de bus et réglées pour sauter à la sortie des bureaux. La population rentrant du travail, le trafic est dense. Quand les explosions se produisent tout est pulvérisé, le lampadaire fait un effet dévastateur, les morceaux de fontes volent en éclats, mutilant hommes, femmes, enfants , européens et musulmans sans distinction. Des dizaines de morts des blessés par centaines, c'est l'apocalypse. Le 20 juillet le régiment retrouve Alger, dispersé en fonction du secteur désigné par Bigeard. L'escadron pour sa part est déjà installé depuis le 18 juillet dans une école de sourds-muets boulevard du Télemly pas très loin de Bab-el- Oued, les sacs marins et la musette TAP nous suivent. Quelques heures pour s'organiser , nous sommes opérationnels. Les mouquères sont habituées aux fouilles maintenant, certaines rient franchement de se faire palper par ces jeunots, nous avons une méfiance envers les mousmés assez minces, qui nous rappellent Ali la Pointe qui s'était travesti en femme voilée pour être moins inquiété par les fouilles. Nous avons appris le drame du 9 juin au casino de la Corniche sur le front de mer au bout de la pointe Pescade, c'est la Pentecôte et la foule se presse dans la salle de bal archi- comble, un employé de l'établissement glisse sous l'estrade de l'orchestre une bombe à retardement qui se déclenche à 17h 30, pulvérisant orchestre et danseurs, dix morts et plus de 80 blessés dont certains seront amputés d'un ou plusieurs membres . Nous arrivons dans ce contexte qui ressemble à notre première Bataille d'Alger. Bigeard prend ses responsabilités étant donné que les directives du gouvernement son vagues, personne ne veut se retrouver dans une position à risque, en gros, personne se mouille dans cette opération de traque contre le FLN et ses sbires. Le 23 juillet 1957, il s'agit de retrouver les deux terroristes échappés du tribunal d'Alger le16 juin, où ils allaient passer en jugement avec cinq complices. En montant un étroit escalier en colimaçon du tribunal, encadrés par quatre gendarmes, ils avaient réussi à leur fausser compagnie par une petite porte formant un angle mort. Des complices les attendaient en voiture et ils s'étaient évaporés dans la campagne, fuyant Alger, les contrôles redoublent de sévérité mais en vain. Plusieurs indicateurs les situent à «Bouzaréa»(2) Ce sont de dangereux terroristes, malfrats sanguinaires. Nous investissons «Montplaisant» jolie banlieue d'Alger, avec un groupe d'une douzaine d'hommes, groupe prélevé sur les 1er et 4e pelotons. Perchée sur les hauteurs, ensemble de résidences alternées de maisonnettes clairsemées dans un paysage boisé. Le secteur est très escarpé, des cabanes, des maisonnettes de belles villas s'intercalent à travers un joli fouilli de paysages verdoyants, parsemé de zones incultes par de petits sentiers à pente très raide par endroits, les lotissements de villas sont desservis par de la route goudronnée, mais aux alentours des sentes étroites nous font accéder à de petites cabanes enfouies dans la végétation. Nous arrivons dans le secteur de Mont-Plaisant, au lieu dit du «Beau Fraisier», la route en corniche au dessus de nous serpente à flanc de coteaux d'où l'on aperçoit Alger à trois kilomètres. Le coin sent bon les fleurs et les plantes odoriférantes méditerranéennes. Malgré cet endroit qui porterait à rêvasser, je suis comme le groupe, le doigt sur la détente, le PM est armé, nous fouillons dans les moindres recoins. En tête mon chef de section le sous/lieutenant Jacques Michel, Victor Joly le voltigeur, Robert Groisil et Joubert, puis moi avec le reste de l'équipe armés de MAT 49. Il est tôt et le soleil pointe à l'horizon dans ce décor si calme, la fouille des lieux nous oblige à pénétrer dans des coins feuillus ou contourner un cabanon, une vieille masure, passer au crible les villas et inspecter le contenu. Quand soudain, arrivés à quelques mètres d'un cabanon le feu se déclenche a trois où quatre mètres sur les hommes de tête simultanément. Le sou/lieutenant Michel reçoit une balle dans le bas du ventre, Victor Joly lui est touché au genou et tombe, la rafale du pistolet mitrailleur Sten n'a pas le temps de blesser davantage de gars. Les tirs de nos MAT 49 sont décisifs, le tireur à la Sten est haché par nos rafales, le second tireur armé d'un colt est tué dans la seconde qui suit, le troisième complice sort de la cache les mains en l'air il se rend sans combat. Les tueurs qui étaient avec deux autres complices, dans l'aube, éclairée à contre jour par le soleil naissant ne nous avaient pas vu approcher. Le repaire une fois cerné le troisième ne pouvait nous échapper, un quatrième caché un peu plus loin a réussi à s'éclipser. Ces deux individus, Bouziri et Thia faisaient partie de la cellule dirigé par Larbi Amari( arrêté après) qui comprenait sept tueurs, cette bande avait à son actif, un nombre important d'attentats. Ils avaient été arrêtés vers la mi-avril dans la casbah, par les hommes du 9ème Zouave et la gendarmerie Appel de l'infirmier qui se précipite pour les premiers soins, le capitaine Le Boudec est présent pour le transport des blessés. Il faut brancarder les deux camarades. La gendarmerie et notre capitaine sont arrivés au bord de la route en corniche au dessus de nous. Je suis désigné pour remonter les cadavres des fells, je récupère deux tôles ondulées d'un cabanon, et les posent aidé par les gars du groupe, nous disposons les morts sur les deux brancards improvisés, et à quatre nous soulevons les corps pour les remonter à 40 mètres au dessus à travers un passage à peine tracé d'inclinaison importante. J'ai la tête du fell en bas de mon côté celui qui a la tête en deux d'où la cervelle s'écoule. Je trébuche, plie du genou, et bascule en avant, le macchabée glisse aussi, ma figure rentre en contact avec la tête du fell, j'ai le visage éclaboussé de matière cervicale jusque dans le nez, je lâche tout et vais vomir à me retourner l'estomac en m'essuyant la figure. Un autre prend ma place après avoir enveloppé la tête avec ma veste souillée. J'arrête là le transport et cherche un point d'eau pour me laver la figure. Remontée sur la route pour identification, les deux morts sont scrutés par les paras et l'un deux dit d'une voix forte «Tiens on va manger de la cervelle à midi!» alors je repars vomir. Le soir à la base, je ramasse une cuite monumentale, et depuis j'ai en horreur tout ce qui concerne la cervelle d'animaux. Mon sous/ lieutenant Jacques Michel sera opéré à l'hopital Maillot d'Alger et sa blessure malgré la gravité sera un miracle la balle a traversé la bourse sans toucher les testicules, puis est ressortie sous l'anus pour rentrer en face avant de ressortir, à l'hôpital Maillot d'Alger les correspondants des journaux locaux, Le Journal d'Alger..L'Écho d'Alger..La Dépêche d'Algérie.. Feront état de balles dans la poitrine, d'où l'étonnement des visiteurs devant un torse nu intact.... Quand à Victor Joly, le genou en triste état, la balle tirée à quelques mètres a fait de gros dégâts sur la rotule et l'articulation, tous deux ne reviendrons pas au 3e RPC ni aux paras. Aucune nouvelle depuis de Victor Joly, quant a mon chef de peloton le sous/lieutenant Jacques Michel il finira dans la réserve comme commandant; j'entretiens une correspondance avec lui, après 54 ans de silence, reprise de contact consécutive à mon obtention de la médaille militaire annoncée dans nos gazettes associatives. Encore une faute d'un gars de l'Escadron, montant la garde à l'entrée de notre PC, la MAT 49 à la bretelle, quand arrive une jeep de patrouille avec 4 paras que s'est-il passé? Une rafale part en direction du véhicule blessant deux gars dont un grièvement, quelle poisse ! Pendant ce temps, la bataille d'Alger est en cours de se finaliser, Yacef Saadi, responsable de la zone d'Alger, est toujours introuvable. Les deux adjoints de Yacef, Ramel et Mourad responsables du réseau bombes sont pistés par le capitaine Chabanne. Un autre adjoint de Yacef , du nom de Ghandriche mais avec le pseudo de Zerrouk, se voyant démasqué et risquant la peine de mort, se met au service de l'armée et aide à retrouver les derniers chefs FLN. Des bombes sous forme de paquets sont déposées un peu partout, une patrouille hélée par une habitante d'un quartier demandant de vérifier un paquet suspect dans ses escaliers, le caporal Caze que je connais pour avoir fait un séjour à l'Escadron, ce porte vers le paquet et avec son poignard coupe les ficelles, le colis explose, il a le bras arraché, emmené d'urgence à l'hôpital, il en ressortira et fera tout son possible pour rester au 3e RPC, malgré son handicap et ne pouvant plus sauter, Bigeard le gardera en base arrière, il continuera sa carrière avec les paras. Un jour les responsables des bombes, Ramel et Mourad sont repérés dans la casbah, impasse Saint-Vincent-de-Paul. Bigeard, avec le commandant Lenoir foncent retrouver le lieutenant Schmitt et deux section du 3eRPC, accompagné du capitaine Léger et ses «bleus de chauffe»qui ont découvert les deux terroristes armés retranchés avec une quantité de bombes. Planqués au deuxième étage de l'immeuble situé dans une impasse très étroite. Les paras cernent les lieux et investissent les étages et les terrasses, essuyant le tir des terroristes. Les deux rebelles demandent a parlementer avec Bigeard et réclament un laissez-passer et une lettre faite de la main du colonel. Le tout sera mis dans un panier qu'ils laissent descendre au bout d'une corde, avec une bombe a retardement réglée pour exploser dans les deux minutes. Le traquenard est déjoué, la bombe explose, Bigeard a juste le temps de se mettre à l'abri, en revanche, le commandant Lenoir est touché à la jambe, le capitaine Chabanne est blessé également, mais deux paras s'écroulent gravement atteints par les éclats de la bombe, une grenade est lancée dans la pièce ou sont retranchés les tueurs, ils sortent en trombe une bombe à la main, une fusillade les cloue sur place ils sautent avec leurs engins. 17 engins mortels seront récupérés dans leur repaire. Les deux derniers responsables, Yacef Saadi et Ali la Pointe demeurent introuvables et seront presque à notre main fin août, mais le 4 septembre il faut passer le relais au 1er REP du colonel Jeanpierre qui pourra faire l'arrestation des deux fuyards, Ali la Pointe sera tué. Fin octobre, nous plions bagage pour notre base de Sidi Ferruch , tout en reprenant de plus bel le sport, les marches, le tir, les chants. Le 22 septembre 1957 le régiment part en opération en Kabylie direction Ménerville, Palestro, Bouira, Maillot, Akbou vers le col de Chellata à 1600 mètres d'altitude, nous allons crapahuter jour et nuit pour de nouvelles aventures. |
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Dim Sep 18 2016, 16:53 | |
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Dim Sep 18 2016, 17:45 | |
| Les égouts de Miliana. Cette région de Miliana, ville de montagne, à 130 kilomètres d'Alger, ou le régiment fait depuis le 8 octobre des fouilles et des embuscades incessantes dans son djebel boisé au pied du massif du Zaccar. La ville écrasée au pied de ce massif, supporte la terreur d'une bande de rebelles particulièrement active A sa tête son chef Si Abdelazis connait dans ses moindres recoins cette région et se permet de contrôler le périmètre sans avoir de problèmes majeur, pouvant se replier rapidement et se confondre dans le massif, zone inexpugnable lui servant de repaire et de base de défense, une forte végétation lui permet de se camoufler aisément et de circuler à l'insu de tous. Il possède à sa solde des complicités bien intégrés et insoupçonnables à l'intérieur de la ville. Les embuscades ne donnant pas satisfaction, des officiers du 3e RPC, habillés en uniforme de l'infanterie pour ne pas attirer l'attention des fells, font du renseignement pour sonder le terrain et glaner des indices sur la présence de la bande d'Abdelazis. La décision de Bigeard et prise; encercler Miliana de nuit, et pénétrer dans la ville, il dispose son PC dans une école, pour notre part nous occupons une caserne abandonnée. Au petit matin, la surprise est totale pour les habitants de la citée à peine réveillée, en voyant défiler les paras en colonnes par six , chantant d'une seule voix « être est durer » notre chanson phare. Devant le PC , bien en évidence pour que toute la ville ne puisse l'ignorer, le fanion du régiment et de grandes photos de 1,20 mètre sur 1 mètre avec la légende « Para, tu est fait pour mourir, tu iras où l'on meurt. ». « Apprends à regarder la mort en face ». Après cette mise en scène, nous sommes tous partis de nuit sur les sommets tendre des embuscades, arpenter le terrain à la recherche d'un indice, d'un contact avec les rebelles, pendant 8 jours de marches inlassables les traces de ceux que nous recherchons sont faibles. Aucun signe de la bande qui s'est mise en veilleuse, les marches de nuit deviennent épuisantes, harassés par des jours de traque en montagne, nous soufflons un peu dans cette caserne, où l'Escadron occupe plusieurs locaux. Nous avons fait avec nos jeeps, des bouclages aux entrées de la ville afin de procéder à des filtrages d'entrés et de sorties des véhicules et des habitants. Les compagnies sans cesse sur la brèche ont fait un bilan d'une dizaine de fells tués d'une découverte de dépôts de munitions, récupérant des armes et des renseignements. Mais pas de bande, à croire qu'elle a disparu, volatilisée. Un drame vient endeuiller notre compagnie et plus particulièrement les deuxième et quatrième pelotons de notre Escadron. Les deux pelotons sont en commun dans une grande pièce ou sont alignés des lits en fer sur plusieurs rangs. Nos équipements suspendus aux pieds ou à la tête des lits, les armes également ou appuyées aux murs, les sacs TAP au pied du lit, certains se sont débarrassés de leur veste camouflée, la chaleur est dure à supporter dans cette atmosphère confinée, pas d'ouverture a portée de regard, des vasistas assez haut permettent à la lumière de pénétrer dans la chambre. Nous sommes en alerte maximum, prêts à dégager au premier appel des chefs de pelotons. Pour ma part, avec mon fusil-mitrailleur j'occupe le lit à l'entrée de la chambrée et mon équipe se tient pas très loin de moi. Un gars du 2ème peloton Françis D... et son camarade V..., sont allongés sur leurs lits. Plus loin, mon camarade Jacky Fièvre voltigeur se tient avec son équipe sa veste accrochée à un lit. Plus loin, un autre camarade Daniel Belot, ex-radio du capitaine Le Boudec. Je suis parti aux toilettes laissant le FM à la garde de mon pourvoyeur. Quand un sous-off fait irruption dans la pièce et hurle le branle-bas de combat, le sursaut est général. Tous les paras sautent de leurs lits en attrapant à la volée leurs équipements. Dans la frénésie du coup de gueule, les gars décrochent leurs brélages, et ceux qui ont enlevés leurs vestes, foncent la récupérer. Bref, çà bouge fort !. V...... attrape en tirant fort sur son équipement posé au pied de son lit en fer. La grenade quadrillée attachée à son ceinturon est coincée par la goupille dans une pièce métallique du lit. Il tire une deuxième fois sur son équipement ce qui a pour effet de sortir la goupille de la cuillère, celle-ci ce met à fuser: il lui reste 7 secondes pour réagir ! Il bondit en criant cherchant désespérément un endroit où jeter la grenade et protéger la vie de ses camarades. Il n'y a pas de fenêtre. Alors il prend une décision mortelle; en hurlant « grenade!! », il se plaque au mur tenant la grenade au creux de son ventre son équipement et son ceinturon autour de l'engin et attend l'explosion !. Tout les paras ont compris le drame qui se déroule sous leurs yeux. Que lui est-il passé par la tête durant les quelques secondes restant ? Un sursaut de courage et d'abnégation, car il sait que son geste ne peut lui sauver la vie, il pense à celle de ses copains pétrifiés . Certains n'ont pas réalisé la suite meurtrière. L'explosion de l'engin jette la panique et la confusion aux alentours. Les éclats de la grenade défensive sont projetés dans toutes les directions avec des morceaux de chair. Le para est resté debout le long du mur, il accuse toute la charge de la grenade, il hurle : « mon bras ! mon bras! » en agitant un moignon sanguinolent d'où l'os ressort à travers des lambeaux de veste et de chairs, il ne se rend pas compte que son ventre n'est plus qu'un trou énorme ou les intestins mélangés avec des débris de ceinturon s'écoulent. Mon brave camarade Jacky Fièvre avec lequel j'ai fait mes classe à Bayonne, debout au moment de l'explosion avec sa veste dans les mains reçoit un éclats de grenade par derrière en plein cœur. Il s'écroule mortellement touché, il mettra deux jours à mourir.
mourrut également quelque jours après. Un para cherchant à s'abriter reçoit un éclat dans le poignet.
Daniel Belot qui s'équipe reçoit des éclats dans sa manche de veste sans le toucher; un miracle pour lui !!
Des morceaux de chair ont été projetés partout. Un gars retrouve un doigt dans sa gamelle dû l'explosion. C'est affreux !.
Les gradés ont accourus avec l'infirmier, à la vue du carnage, ils font sortir tout le monde, sonné par l'explosion et le spectacle, les chefs de pelotons font un rassemblement, je fonce dans la chambrée récupéré mon FM et mon équipement, j'ai entendu le bruit de l'explosion loin de penser à la gravité de l'accident.
Les cris de rassemblement, font réagir les paras, ce n'est qu'après que j'ai su ce qui s'était passé.
Nous sommes partis dans cette opération ou les fells se retrouvent coincés dans les grottes souterraines se prolongeant sous la ville, dans un décor digne d'un film de science fiction, l'eau de la ville vient se jeter devant l'entrée de cette immense souterrain truffé de petites grottes, où poussent des plantes et des lianes presques blanches dû au manque de lumière, la chaleur et l'humidité aidant. Cet endroit est un véritable repaire ou vient se cacher la bande d'Abdelazis, qui impunément rançonne les véhicules passant sur la route et perçoit des impôts; les habitants de Miliana sont terrorisés par cette bande sanguinaire. Ayant situé et encerclé les rebelles, l'assaut est lancé par « Bruno ». Les unités convergent vers l'entrée du souterrain, bloquant toutes les sorties possibles. L'ouverture sous la chute d'eau est rendue difficile par la pente très raide, les abords sont glissants par l'humidité et les plantes enchevêtrées aux abords de ce trou immense et haut d'environ 25/30 mètres, l'entrée étant dissimulée par la cascade, le ravin n'est accessible que part un groupe d'assaut réduit. C'est dans une semi pénombre que les paras de la compagnie d'appui du lieutenant Schmitt s'engagent dans ce décor fait d'immense lianes et de fougères aux feuilles blêmes, la clarté diffuse ne parvenant pas a fournir la chlorophylle nécessaire aux plantes. Les premiers gars engagés dans la grotte sont reçus par une violente fusilla, les premiers paras sont touchés mortellement, il faudra déloger les fells mètre par mètre au corps à corps, dans cette immense grottes d'autres grottes plus petites servent de protection ou les fells sont retranchés. L'Escadron participe au combat, des jets de grenades se succèdent, mais les paras sont bloqués dans l'entrée sans pouvoir faire un pas de plus, la bagarre dans les ténèbres n'est pas à l'avantage de nos gars. Pour faire plus de poids, un para suspendu au dessus de la grotte par une corde tient dans sa main un paquet de grenades attachées entre elles, il se laisse glisser jusqu'à l'ouverture, pendant que plusieurs paras se tiennent sur une petite plate forme juste au dessous et attendent que le gars balance ses grenades dans l'ouverture, mais après avoir dégoupillé une grenade, il fait un mouvement de balancier pour lâcher sont paquet de grenades qui lui échappe soudain et vient tomber au pieds des para de la plate forme, l'explosion des grenades ont déchiquetés ceux qui n'ont pas eu le temps de se mettre à l'abri! C'est terrible! Des lances-flamme sont mis en action par une autre unité mais sans résultat, ils seront délogés par des actes de bravoure de nos gars et éliminés, mais à quel prix ! 14 rebelles tués un seul prisonnier. Chez nous les pertes sont sévères 7 paras sont morts et 6 blessés plus ou moins gravement. Les corps des fells seront remontés et exposés sur la place publique afin que tous puissent les voir et reconnaitre et constater à quel point leur ville était pourrie. Une anecdote: le PC du colonel commandant le secteur et son terrain de tennis était juste au-dessus du souterrain. Miliana en deuil a rendu un pieux hommage à nos camarades du 3e RPC tombés au cours des combats qui ont permis l'anéantissement de la bande d'Abdelazis. Des gerbes officielles et anonymes aussi, recouvrent les sept cercueils drapés dans les plis d'un drapeau. De chaque côté, figés, le visage fermée, des parachutistes, mitraillette à la hanche, montent la garde. Il y a un défilé mais pas de musique. Lentement, de leur pas décontracté, l'arme à la bretelle, en blocs compacts, les compagnies du régiment sont passées une dernière fois devant les cercueils. Et tous dans nos tenues camouflées nous avons chanté à pleine voix le regard dur et les yeux fixés droit devant, virilement « Paras Bigeard...Il faut souffrir... Savoir mourir...Sur le chemin de la victoire... ». A Miliana, les habitants de la ville se souviendront longtemps de nous, les paras du 3e RPC. Et de nos morts et de nos blessés. |
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Lun Sep 19 2016, 16:24 | |
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Lun Sep 19 2016, 16:33 | |
| G22 Opération sur Colomb Béchar Je suis à la base arrière de Sidi Ferruch après avoir eu une permission de 15 jours en Métropole. De retour, je retrouve quelques anciens qui commencent à se compter, beaucoup de mutations de blessés et malheureusement de morts. L'Escadron de Jeeps Armées (EJA) commandé maintenant par le capitaine Calès remplaçant le capitaine Le Boudec en fin de séjour ce dernier regrettera de ne pas avoir fait cette dernière opération mais il en est ainsi. Depuis juillet 1957, j'ai un nouveau chef de peloton en la personne du lieutenant Zwekoltine, l'adjudant/chef Rebouillet devient sont adjoint, j'ai comme chef le sergent Pelegrini, mon camarade André Jeanneret et passé sergent puis muté dans une autre unité, le caporal/chef Vigneron reste dans le groupe voltige, je suis tireur FM et chef de groupe comme 1èr classe. Nous avons toutes nos jeeps repeintes couleurs sable, et la préparation de notre matériel bat son plein. Une nouvelle opération ce précise cette fois vers les Territoires du Sud. Le 21 octobre, les remorques attelées, nos sacs marin et les musettes TAP sont prêtes, les marabouts rangés nettoyés, les rations de vivres le pain, les munitions perçues, l'Escadron se prépare pour une longue route de 1200 kilomètres qui va nous conduire à Colomb Béchar, «la porte du désert» ou s'étend le Grand Erg Occidental, c'est le Sahara. Nous sommes accompagnés en GMC de la 2e compagnie du capitaine Planet, le reste du régiment est aérotransporté depuis Blida via l'aérodrome de Béchar. Le colonel Bigeard est parti le premier il sera le 22 octobre à pied d'œuvre. Cette randonnée n'est pas une partie de plaisir, pare-brise de la jeep rabattue sur le capot, nous sommes équipés pour la circonstance d'une paire de lunette enveloppant les yeux mais n'empêchant pas la poussière de s'infiltrer par les aérations de côtés, en short, veste camouflée, casquette Bigeard, pataugas au pied, le chèche-moustiquaire autour du cou, équipés de deux bidons, nous voilà fin prêt. Colomb Béchar ville de garnison de 30 000 habitants bâtie le long d'une immense palmeraie, l'oued Béchar presque à sec en saison sèche devient torrent en période des pluies, un terrain d'aviation dessert la ville, des djebels (3) limitent la région, le djebel Antar culmine à 1953 mètres, le djebel Béchar à 1206 mètres, et le djebel Grouz à 1835 mètres, des hamadas (plateau rocheux) composent le terrain sur une certaine partie du paysage. Casquette enfoncée sur le crâne, le départ est donné, la route est belle, l'allure raisonnable, le temps imparti est de 48 heures pour rejoindre Béchar autant dire que l'allure ne mollit pas, les arrêts ne seront pas fréquents. Nous passons par Orléansville, où les traces du tremblement de terre du 9 septembre 1954 faisant 1500 victimes, sont encore apparentes, nous traversons Mascara, pour ensuite plongée plein SUD par Saïda, Méchéria. Le décor change nettement, plaines brulées par le soleil, plateaux élevés, nous passons les Monts des Ksour pour la fin de notre deuxième journée. Arrêt à Figuig, ville frontière Algéro-marocaine, nous dormons auprès des jeeps, le ravitaillement et le carburant, nous est fournis par la logistique. Enfin le lendemain, Colomb Béchar est en vue et bientôt la traversée de la ville au ralenti suivi par le regard curieux de nombreux badauds; certains doivent être anxieux. Notre convoi en ce qui concerne l'Escadron est dirigé à la sortie de la ville sur un terrain fait de cailloux (hamada), les camions du génie nous apportent les marabouts à monter (guitounes pour 20/30 personnes) il est à peine 11 heures que tout les véhicules sont déchargés, alignés en ordre avec les remorques dételées. Sans perdre de temps par équipe, les toiles de tentes sont montées avec quelles difficultés pour faire tenir les piquets dans la roche, d'autres sont occupés à préparer les abords, les toiles sont délimitées par des rangées de cailloux, le mât aux couleurs planté entouré d'un cercle de caillasses joliment fait, une citerne d'eau nous est apportée pour boire et se laver car nous sommes tous dans la crasse et la sueur depuis trois jours. Les autres compagnies sont à la même enseigne que nous, nous mangeons nos boites de ration en attendant mieux. Durant ce temps, le colonel Bigeard arrivé à 11 h30, est invité à déjeuner par le général commandant le territoire. Son poste de commandement est grandiose, dira «Bruno», serveurs et menus à l'image de ces vieux films tournés dans le désert écrira-t-il. Le général paraît surpris de voir le colonel avec son régiment, et lui dit «Mais au fait, mon cher Bigeard, que venez-vous faire ici ?». Incroyable de la part de ce responsable , vivant dans un luxe d'époque coloniale, qui n'a plus lieu d'être de notre temps. Il semble considérer les actions terroristes lancées par les rebelles comme négligeables, alors que la voie ferrée Colomb Béchar-Oran, et l'axe routier subissent constamment des coupures, tranchées, mines, embuscades, c'est inadmissible. Salan a donné des directives bien précises à Bigeard et son régiment: sécuriser la libre circulation de cette région, car les rebelles sont devenus très actifs. L'arrestation de quelques suspects permet à Bigeard d'en savoir plus sur l'emprise du FLN sur cette région. Jusqu'au 4 novembre 1957, je vais tourner à 100 à l'heure, sans cesse en embuscade après des marches épuisantes de nuit sur ces terrains caillouteux, couverts d'embûches, recherche de renseignements en jeep et de traces de passages ou de bivouac rebelles. Les héliportages sont multipliés sans résultats positifs, les avions d'observation sont à l'ouvrage, mais rien ne laisse voir un quelconque mouvement suspect de quoi que se soit, c'est désespérant. 800 km carré sont décortiqués, toutes les compagnies sont dans la même galère, des centaines de kilomètres à pied avec un bilan négatif. Je me demande ce que nous sommes venus faire ici. Je ne compte pas les vents de sable, le froid sur le sommet des djebels la nuit en short sans bouger durant des heures, mais comme dit Bigeard : c'est un bon exercice pour nous maintenir en forme. L'équipe est super rodée, nous avons l'allure de loups . Du 6 au 8 novembre, Bruno décide de changer l'orientation des recherches et de zone. Nous passons dans la région du djebel Grouz, dont la partie Nord descend sur le Maroc. Sommets à 2000 mètres, un froid intense et une tempête de sable, cette fois l'affaire est payante, nous finissons par accrocher des fells, dans l'embuscade 17 des leurs mordent la poussière et faisons trois prisonniers, qui après interrogatoire désignent leurs bases en bordure du djebel mais en zone marocaine! Une expédition est menée de main de maitre par le lieutenant Schmitt, en silence et rapidité, il passe en terre marocaine, six camps seront détruits, 30 mines prêtes à fonctionner, 500 kg d'explosifs et un nombreux matériel sont récupérés, la bande s'enfuit plein nord au Maroc. Durant cette attaque commando, des camarades perdent la vie en sautant sur des mines, il y a deux tués et cinq blessés, le coup est cher payé. Cette période de course incessante dans la nature a fait de nous des gars bronzés, pas un gramme de graisse. Cette période sera vécue par les compagnies y compris l'Escadron. 9 novembre, complètement exténués par ces longues marches à la recherche du rebelle invisible, nous sommes de retour sur notre base de Béchar en souhaitant un départ pour Sidi-Férruch. Mais les événements vont en décider autrement. Le 10 novembre Bigeard est convoqué au PC du général vivant à une autre époque avec ses fastes des grandeurs coloniales et informe Bigeard qu'une compagnie de méharistes et passé à la rébellion ce sera le début de l'opération «TIMIMOUN». |
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Lun Sep 19 2016, 17:06 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Mar Sep 20 2016, 13:42 | |
| G23
Opération TIMIMOUN
J'ai vécu cette opération comme 1èr classe au sein du 4ème peloton de l'Escadron du capitaine Calès.
8 novembre 1957
Profitant de l'absence de troupe occupée à la recherche de rebelles et de déserteurs, une embuscade contre un convoi de la Compagnie des Pétroles algériens a lieu dans le Grand Erg Occidentale.
Deux ingénieurs européens et cinq légionnaires de l'escorte sont prisonniers ou peut-être tués ainsi que des ouvriers musulmans dont quatre ont réussi a rejoindre Timimoun et à donner l'alerte, les véhicules Land-Rover des pétroliers ont été incendiés.
La presse fait les gros titres de cette affaire. C'est l'affolement dans les compagnies pétrolières qui se sentent directement menacées par ce sale coup du FLN.
Bigeard apprend la désertion le 20 octobre d'une compagnie( goum) de méharistes algériens du Touat de la région de Timimoun, belle oasis à plus de 500 km de Colomb Béchar.
Ce goum passe à la rébellion et assassine 13 cadres européens, les 70 déserteurs disparaissent dans l'immensité des 350 000 kilomètres carré du Grand Erg Occidental, connaissant parfaitement la région, les points d'eau et les caches permettant de stocker du ravitaillement et des armes.
Un télégramme émanant du général Salan, donne tout pouvoir à Bigeard pour retrouver les méharistes déserteurs qui se sont joints aux combattants du FLN, et forment maintenant une katiba ( compagnie), qui s'est permise d'attaquer le convoi de Land-Rover des pétroliers.
Autant chercher une aiguille dans une botte de foin dans l'immensité du Sahara grand comme cinq fois la France, ce n'est pas une mince affaire, mais « Bruno » en a vu d'autres.
Tandis que le régiment se refait une santé; lavage des vestes camouflées et du reste, je coupe les cheveux qui poussent dru peut-être à cause de la chaleur ? Pour tout le peloton, sport, tir, défilé en chantant, revue d'armes et complément de munitions. Bigeard réunit ses commandants de compagnies et son état-major pour faire le point sur cette nouvelle opération qui va se jouer.
14 novembre 1957
Nous sommes prêts pour le départ vers l'inconnu, un très long convoi avec les compagnies dans les GMC, encadré par une protection de véhicules armés, les distances sont nécessaires sur cette piste sablonneuse d'où se dégage une poussière de sable pulvérulent, nous croisons des convois escortés de chars et d'EBR ( engins blindés de reconnaissance), à chaque croisement d'engins, la visibilité devient nulle, nous frôlons de peu la bâche d'un camion, le sable rejeté par les roues sur les côtés forme de petits conjères où les roues s'enfoncent et nous obligent à rester dans le sillon ainsi formé.
Les passages de tôles ondulées (ondulation du sable dû aux pneumatiques) nous secouent comme des pruniers, je suis obligé de garder un grand écart avec le véhicule qui me précède, la poussière aidant.
Nous passons l'oasis de Tarhit, de Béni-Abbes, et de Kerzoz.
15 novembre
Nous dormons dans une petite oasis abandonnée, à côté de nos véhicules. Très tôt le lendemain, nous reprenons la piste pour Ksabi, direction Charouine et enfin Timimoun.
Nous sommes dirigés dans la ville sur un emplacement entouré d'un mur construit en terre ocre rouge, d'ailleurs tout ici est rouge; la terre, le sable, les maisons, la Citadelle, à voir le style de construction on se croirait au Soudan avec les murs crènelés.
TIMIMOUN, surnommée « la perle du désert » avec son immense palmeraie aux palmes énormes d'un vert sombre plantée près d'un grand lac. A l'intérieur, de la culture de légumes arrosés par de petites rigoles passant à travers des jardins miniatures, un paradis terrestre d'une beauté saisissante.
Après 550 km de piste, nous sommes dans un état lamentable, recouverts d'une épaisse couche de poussière rouge, le nez, la bouche, les oreilles, les yeux larmoyants, nous descendons fatigués. Une fois les jeeps rangées dans notre enclos, c'est la rué vers le point d'eau pour se désaltérer et se passer la tête sous le robinet.
Des tentes type marabout sont dressées; nous y déposons notre matériel et après un décrassage apprécié, nous tombons dans nos lits picot.
La journée n'est pas finie, la révision des jeeps et 4X4 doit être faite dans les règles de l'art, je fais mon compte rendu de l'état du matériel, puis un rassemblement devant le capitaine Calès qui nous fait une mise au point de notre mission, nous restons en réserve au PC Bigeard.
Dès son arrivée le colonel Bigeard prend contact avec le commandant du fort (citadelle), mais constate que rien n'est fait au niveau des rapports, consignations sur les renseignements des activités et des actions rebelles dans la région de Timimoun.
Il regroupe tout son monde et fait le compte des forces dont il dispose. Avec ses 1000 parachutistes comprenant les 4 compagnies de combat, l'Escadron et la compagnie d'Appui
. Viens s'ajouter; 100 commandos de l'air et l'Escadrille Anjou commandé par le colonel Charpin, 200 hommes de la compagnie portée de la Légion Étrangère à la recherche des rebelles, 100 méharistes en protection des Land-Rover incendiées, 40 hommes du poste de Timimoun, 50 hommes du poste de Kerzaz, et 80 hommes qui tiennent le poste de Béni-Abbès.
Il réussit à avoir satisfaction sur les demandes suivantes: trois pipers d'observation, deux patrouilles de chasseurs T6 pour l'appui au sol, trois Nord 2501 pour le parachutage en cas de nécessité lors de bouclage ou le renfort au sol des autres unités engagées devient vital, trois JU 52 , vieux appareils allemands, avions capable de se poser sur certaines parties de sable dur du désert, 6 hélicoptères Sikorsky de la flottille du colonel Brunet dit « Félix », (un fonceur), pour le transport très rapide des paras , et enfin un hélicoptère Bell pour les déplacements de Bigeard durant les phases de combat.
Malgré la beauté du paysage, notre unité ne perd pas de temps et déjà des directives pour un futur départ dans l'inconnue se précise.
Cela n'empêche pas le sport, l'entretien plus que jamais des armes qui vont souffrir avec le vent de sable très fréquent ici.
Un petit moment de repos nous permet de visiter la ville, j'ai mon appareil et profite des méharistes Touareg devant la superbe Citadelle faite de torchis de boue rouge avec ces mur crénelés, pour faire plusieurs photos.
J'ai demandé au propriétaire de la bête de monter dessus, une fois grimpé sur le chameau l'effet est saisissant, un para à dos de coursier c'est pas banal.
Une boucherie de viande de chameaux pour les amateurs, étale les morceaux de couleur rouge sombre ou des myriades de mouches bourdonnent, mon camarade Belot ira acheter des steaks de chameau d'un goût très personnel.
20 novembre
Nous restons en protection du PC Bigeard et de son PC léger de 40 paras, le commandant Lenoir dit « la vieille », son deuxième bureau, le sergent/chef Martial Chevalier (secrétaire), le sergent/chef Flament (photographe), le sergent Bourgevin (dessinateur) les radios etc....
Durant ce temps les trois premières compagnies sont à la recherche de renseignements dans les oasis alentours rayonnant de 60 kilomètres autour de celles-ci, la quatrième compagnie du lieutenant Douceur, bivouaque sur le terrain d'aviation en alerte permanente pour un parachutage d'assaut.
Les renseignements récupérés par le capitaine Pétot du deuxième bureau sont précis. Après avoir rassemblé tous les mâles de Timimoun sur la place, 96 suspects sont arrêtés et 32 armes saisies.
Le personnel approchant de près les officiers sont tous des fells même l'infirmier qui est tout simplement le chef FLN de la région, l'arrivé de Bigeard a évité le pire, ils avaient prévu de tuer les cadres européens. Le serveur si stylé devait verser du poison dans le pastis des officiers.
Il s'agit de l'organisation politico-militaire sur laquelle les bandes s'appuient, avec la nonchalance des responsables militaires, petit à petit le FLN s'est implanté dans toutes les palmeraies depuis un an.
Grâce à l'aide de la population, les rebelles se sont constitués d'importants dépôts de vivres et de munitions dans les coins les plus inaccessibles et impénétrables de l'Erg, des abris de combat dans des endroits buissonneux et difficilement détectables.
21 novembre 1957
Il est minuit, nous faisons mouvement avec le PC Bigeard vers Zaouït-ed-Debahr petite palmeraie, il est 7 heures quand nous arrivons en GMC, aussitôt ordre de fouille et sécurisation peloton par peloton sur le périmètre du camp avancé.
En short la nuit ou la température frise le zéro, j'aurais supporté un pantalon, je suis gelé, le chèche autour du cou me protège un peu du froid saharien.
Nous creusons des trous individuels en cas d'attaque nocturne.
Il est quatre heures du matin quand l'opération est lancée, la 3e compagnie du capitaine Llamby se trouvant avec nous, part à pied pour rejoindre Tabelkoza situé à 15 km de nous où attendent les hélicoptères, l'aviation d'appui et d'observation.
La 3 arrive à 7 heures à Tabelkoza et se prépare en vue d'un héliportage d'assaut avec les Sikorsky à 8 heures sur Hassi-Rhambou. Alors que la 4e compagnie du lieutenant Douceur trépigne aux pieds des Nord 2501 à Timimoun, pour un embarquement rapide.
La difficulté du saut sur les rebelles oblige à avoir l'arme prête à tirer, de ce fait le lieutenant Douceur, décide de supprimer le ventral et avoir à la place l'arme dans le sac à la place du ventral pour un saut à 180 mètres d'altitude et les Nord Atlas serons aile dans aile pour avoir un regroupement maximum afin d'avoir le temps de sortir le PM et tirer aussitôt au sol.
Au PC de Timimoun, le capitaine Porcher, ancien d'Indo, un fidèle de « Bruno » que j'ai connu à Bayonne , coordonne les liaisons avec les autorités supérieures,et reste à l'écoute des phases de l'opération en cours.
De 9h 30 à 11 heures, la 3e compagnie du capitaine Llamby héliportée, est déposée à une vingtaine de kilomètres au sud du puits ou la bande serait dissimulée, il attend le regroupement de toute sa compagnie, que plusieurs rotations d'hélicos sont nécessaires afin de démarrer sa progression dans les dunes ou l'on enfonce à mi-mollet dans la contre-dune de sable fluide comme de la farine, la progression est pénible, le para peine à se dégager de cet enlisement, alors que l'autre face de la dune reste dure.
Le piper d'observation guide la marche des sections dans cet océan de sable ou tout se ressemble, la chasse est à l'affût prête à les appuyer.
En tête de progression, dans la section du lieutenant Roher, le sergent/chef Sentenac avant tout autre chose, fait nettoyer et dégraisser avec soins les MAT 49, engluées de sable qui a pénétré dans les moindres recoins du mécanisme et risque fort d'enrayer l'arme au moment décisif.
La progression reprend en ligne quand à 9h 30 l'ennemi se dévoile, planqué à contre-pente ils attendent les premières silhouettes qui se détachent sur le haut de la dune, et déclenchent un feu précis et mortel, les paras donnent l'assaut à la grenade et au lance grenade mais chaque creux de dune a son groupe de combattants FLN par trois ou quatre ils tiennent en respect les paras, pendant que le reste de la bande cherche à fuir.
Averti des évènements, Bigeard donne ordre de décoller à la 4e du lieutenant Douceur qui après un straffing de l'aviation, saute un peu au Nord de Llamby, la bande est coincée, la bataille s'engage aussitôt dans un combat âpre et dur jusqu'au corps à corps contre des fells qui tirent juste et savent que pour eux, déserteurs et meurtriers de leurs chefs, rien ne les sauveras.
A 13h 15, Bigeard se porte très près du combat pour mieux coordonner l'appui aérien et l'action des paras, le colonel Brunet avec son hélico armé de mitrailleuses décime les déserteurs en fuite.
Il est 14h 30, le deuxième peloton de Escadron du capitaine Calès est héliporté en renfort, les combats vont durer jusque vers 19 heures. La bataille de cette première phase du combat de Timimoun s'arrête là, avec un bilan éloquant de la bande anéantie; 52 fells sont tués dont 20 déserteurs, tout l'armement, les postes radios sont récupérés.
Nous sommes portés aux nues et faisons la une des journaux: France-Soir, L'Echo d'Alger, La Dépêche, Le journal d'Alger, Le Figaro, et Paris-Match qui intitule son numéro exclusif « Le contre-rézzou des paras de Bigeard ! » Que d'éloges sur nos combats considérés au départ comme timorés.
Je fais une parenthèse pour honorer nos camarades tombés ce jour là. Pour certains ce fut le bout de la piste.
Même la victoire en ce soir de bataille, ne nous fait pas oublier nos camarades tombés, comme le sergent/chef René Sentenac, une figure de héros, chef de section de la 3e compagnie, ancien de Diên Biên Phu un des rares à réussir son évasion du camp retranché, Bigeard dédiera un livre à ce combattant hors du commun « Aucune bête au monde »
Sentenac fauché en haut de la dune par un tir mortel, une balle dans le ventre, la blessure fatale, le photographe Marc Flament immortalisera ses derniers instants dans une série de portraits
de l'homme à l'agonie, Bigeard sera près de lui quelques instants avant son brancardage dans l'hélico.
Il décède dans l'avion qui le ramène à Colomb-Béchar. Sentenac ce formidable combattant aux treize citations et croix de guerre, sept fois blessés, médaillé militaire, chevalier de la légion d'honneur, l'armée ne voulut pas faire de lui un officier de la légion d'honneur à titre posthume.
Bigeard affecté par sa disparition, aura son portrait en première place dans son bureau et dans tous les PC qu'il commandera dans sa longue carrière.
Dans son livre « Pour une parcelle de gloire » il n'hésite pas à le citer en héros, il dit de lui: « De nous tous, il fut celui qui eut la plus grande chance, car il a réussi sa mort après avoir mené la vie tourmentée qu'il avait choisie.
Il cite: « ...Puis ce fut Sentenac... Il dut encore fournir un dernier effort pour mourir. Il savait bien qu'il avait gagné, et c'est pour cela que son visage apaisé nous parut si beau.
Ce qu'il cherchait de l'autre côté de la crête, ce n'est pas une poignée de Bédouins et leurs fusils, mais cette chose impossible qui le hantait depuis si longtemps et qui ne se trouve que dans le sacrifice et la mort.
Seule elle permet de se confondre avec ce qu'il y a de plus grand, de plus inaccessible. C'était sa manière, à lui Sentenac, de comprendre Dieu. Et çà, aucune bête ne pourrait le faire... »
C'est en portant secours au lieutenant Roher ( mon premier chef de section en Algérie) que l'infirmier Fialon reçoit une balle mortelle, sans savoir que celui-ci est mort sur le coup, et puis ce jeune Schneidenbach qui affecté aux cuisines voulut faire sa première opération .
Et moi qui suit resté l'arme aux pieds dans cette oasis, pas tout à fait car j'ai aidé au stockage des fûts d'essence et des caisses de pièces indispensable à la logistique, stocker les boites de ration et le pain, bref .. nous avons œuvré à notre façon, j'ai malgré tout envier le peloton parti au combat, la chaleur dans la journée atteint 40°, la nuit moins1°.
Mais cette pose va être de courte durée. La deuxième bande est réelle, cachée autour de puits inaccessibles aux véhicules.
24 novembre 1957
C'est notre tour de passer aux choses sérieuses.
Nous sommes héliportés sur Hassi Rhambou dans un tourbillon de sable qui enveloppe le Siko, et en cas d'accrochage la compagnie d'appui du capitaine Chabanne se tient au-dessus de nous dans les Nord 2501 prête à sauter en renfort.
Notre progression dans le sable qui se dérobe sous les jungle-boot est pénible. Je suis armé d'une MAT 49, le doigt sur la détente, nous marchons de front et passons d'une dune à l'autre, des arbustes en touffe poussent dans le creux des dunes hautes de 30 à 40 mètres, sans savoir ce que cachent les arbustes, c'est stressant, Cadet mon pote voltigeur pour une fois comme moi trouve des traces de pas vers un gros paquet d'épineux, il s'y dirige avec prudence et me lance: « viens voir ce que j'ai trouvé ! »
Je fonce et me trouve devant un fait bien visible: un fell a déféqué ici, se sont les traces qui intriguait Cadet.
Mais quelques dunes plus loin, un groupe tombe sur un dépôt très important de nourriture et de vêtements, j'en profite pour prendre du sucre.
Plusieurs tonnes de marchandises sont détruites. Nous revenons à pied, à notre point de départ, la marche de toute une compagnie en ligne représente un front important, les rebelles sont en cavale.
Les Nord Atlas retournent au terrain déposer les paras frustrés, les T6 ont fait un ou deux passages, reste le piper qui nous guide en tournant au dessus de nos têtes.
Retour à Hassi Rhambou ou nous reprenons un peu de force, mangeons et remplissons les deux bidons, nous dormons autour du puits où le sol est fait de cailloux (reg). Nous apprenons que les fells ont disparu du paysage?
De nouveau, nous sommes appelés pour sécuriser la zone de crach d'un hélicoptère qui n'a pu aller plus loin, en panne près d'un puits, nous devons le protéger en attendant que les mécaniciens et pièces de rechange arrivent sur les lieux( le moteur sera changé entièrement). Nous embarquons dans des GMC qui nous transportent jusqu'à la limite de leurs possibilités, après c'est à la boussole et grâce au piper d'observation que nous nous dirigeons vers la zone de l'hélico en panne, le capitaine Calès imbriqué dans notre colonne de marche va bon train.
Nous crapahutons sur un plateau rocheux mi cailloux mi sable, avec deux jours de vivre dans la musette TAP et deux bidons d'eau accrochés aux côté, 25 kilomètres nous séparent du premier objectif à atteindre.
Une petite halte et à 14 heures nous repartons vers notre hélico en panne. Encore une vingtaine de bornes, l'allure est bonne et je suis l'allure sur ce plateau caillouteux (reg) ou le sable est omniprésent affleurant le sol, nous passons sur une aire délaissée par des nomades, j'aperçois des piquets encore enfoncés dans le sol rocheux et plusieurs tas de bois pelés par les vents de sable, des emplacements de tentes et de feux sont bien visibles.
On ne s'attarde pas, le temps imparti est rigoureux pour atteindre le puits avant la nuit, un piper nous survole et donne le point, il nous signal un vent de sable qui nous arrive de derrière et que notre allure de marche doit être forcée, nous sommes à une heure de notre objectif, quand je m'aperçois que le sable devient mou, inconsistant, le vent s'est levé, il est rasant et soulève doucement cette fine couche de sable fin, ou nous pataugeons maintenant.
Les chefs de sections crient « marche commando »! le « simoun »( vent du désert) nous rattrape.
Comme des dératés nous parcourons les derniers 1000 mètres afin de faire nos emplacements pour la nuit. En un rien de temps le puits est atteint , nous déballons nos toiles doublées de nylon et deux par deux dans un vent qui soulève des nuages de sable, nous raccordons nos toiles afin de mettre le matériel à l'abri, des bidons de carburant vides, me servent de contre-vents, la tempête est sur nous, c'est le sauve qui peut général, nous allons subir la furie du vent du désert, plus de visibilité à plus de 5 mètres, recroquevillés avec Pierrot Martignon, nous prenons nos dispositions inconfortables, malgré nos toiles étanches, le sable pénètre partout, nous mangeons un peu avec plein de sable qui croque sous les dents, je bois l'eau tiède de mon bidon.
Dehors les bidons de 200 litres font du tintamarre, s'entrechoquant entre eux, j'ai peur qu'ils s'envolent. Des congères se font contre les obstacle que nous faisons, la nuit s'annonce longue.
La tempête s'arrête aussi soudainement qu'elle est venue, le froid du petit matin nous fait grelotter malgré le chèche que je me suis entortillé sur la tête est le corps, je boute le nez dehors .
Le paysage à changé, les paras sortent de leur butte de sable, les visages à peine reconnaissables, recouvert d'une fine couche de poussière, les yeux larmoyants, la bouche et les narines desséchées, les gars ont soif, les premiers sont déjà au puits à tirer de l'eau à la peau de bouc, mais l'eau est d'une sale couleur brune et dégage une odeur suspecte, certains ont goûté cette flotte dégueulasse, une lampe torche éclaire le fond du puits permettant de voir un cadavre coincé dans le fond, le capitaine alerté, se voit contraint de demander par radio un secours en priorité à autorité.
Un JU 52, chargé de bidon d'eau va venir nous approvisionner.
29 novembre 1957
Le ciel est redevenu bleu, à part les congères de sable sur les bidons et l'hélico, tout paraît normal comme si rien n'était survenu.
Nous mettons les panneaux de signalisation au sol pour le largage car il ne peut atterrir dans notre zone, le voilà qui se positionne en s'approchant du sol, le largueur est à la porte, et à 15 mètres de haut le lâche ses colis, même à 90 km heure, les bidon tombe très vite , j'entends un plouf à chaque bidon quand il touche le sol, il éclate comme un fruit mûre, du pain et des boites de rations suivent le même chemin sans dégât, nous courons au résultat.
Les bidons ont explosé et l'eau finit de s'écouler, il ne reste à l'intérieur que la valeur d'un bidon, presque rien.
Une liaison radio rend compte du largage d'eau loupé, nous sommes pris au piège, plus de 40 kilomètres nous séparent du convoi parti à notre rencontre avec de l'eau, ceux qui ont une petite réserve d'eau font le partage avec ceux qui n'en possèdent plus, certains n'ont plus d'eau depuis hier soir, c'est la marche de la soif.
Le soleil darde ses rayons sur le sable, la réverbération accentue la déshydratation des paras, j'ai la langue et les lèvres parcheminées, plus de salive et pourtant il faut marcher, je prends mon cachet de sel avec une goutte d'eau. Nous avançons dans les dunes sans fin .
« c'est marche ou crève! » me dit mon caporal/chef Thevenon, c'est le mental qui nous tient sans cela ! Le contact radio est régulier et le piper nous suit à la trace.
Ce qui est désespérant ce sont les dunes qui se succèdent sans voir l'horizon. Les premiers cas de déshydratation sont visibles, il faut soulager le gars de son sac, 10 heures de marche avec un dé à coudre d'eau toutes les heures, devient un supplice, si je m'écoutais je boirai mon bidon d'une seul traite, mais les copains qui louchent vers l'objet de la convoitise me font respecter les règles de la soif, je pense aux camarades, il faut continuer à souffrir.
Des cris à l'avant de la colonne « les camions ! Les camions sont là ! » comme un coup de fouet, l'allure s'est accélérée, il est 18 heures quand nous les atteignons, mais il n'y a pas de place pour tous, par contre nous avons de l'eau . Les plus atteints sont transportés par les GMC.
Nous prenons trente minutes de repos pour avaler la pâte de fruit avec de l'eau, se qui nous fait transpirer aussitôt, mais c'est bon comme stimulant.
Le bidon plein, nous repartons pour une marche de 10 kilomètres avant d'arriver à la base provisoire de Zaouït-ed-Debhar, d'où les camions nous transportent sur Timimoun, il fait grand noir. Comme des gars bourrés, nous sommes montés dans les bahuts sans un mot, nous commençons a récupérer dans un sommeil sans rêve, épuisé par une marche de 50 kilomètres dans le sable de dunes infinies.
30 novembre 1957
Après six heures de camion, nous arrivons à 5 heures du matin, abrutis par les secousses et le sommeil, nous prenons possession de nos lits et sans un lavage tout le monde s'écroule les bras en croix sur sa couche, bientôt un concert de ronflements, mais rien me gène.
Il est midi quand je sors de ma torpeur, le premier geste c'est de boire l'eau à la citerne et de me passer la tête sous le robinet, avec plusieurs copains nous allons nous laver à l'oued et régénérer notre peau dans un bain salutaire, ma peau est devenue noire et le contraste des jambes et de l'emplacement du short font sourire, rasage de rigueur.
Un bon repas me redonne vigueur. Les mal en point sont revenus et ont l'air de se porter comme un charme.
Notre premier travail: nettoyage des armes et des munitions, vider les musettes TAP remplies de sable, secouer et laver les affaires, se changer pour avoir l'allure d'un para Bigeard.
J'ai récupéré mon FM 24/29, çà promet !
La deuxième bataille de Timimoun
Tous les documents que possede le 2ème bureau, affirment qu'une deuxième bande de rebelles se cache dans la zone des puits. Estimée à une soixantaine de combattants elle n'est pas encore localisée, pourtant au 2 décembre, elle est située dans une zone de 2000 kilomètres carré à 160 km de Timimoun dans la région des puits de Gaouni, Mansour, Taourdassa,
Belguezza, Ali, et Fokra, sur une ligne allant de Beni-Abbès à Bou-Krelala. Pour que cette bande ne puisse plus se ravitailler, les dépôts de vivres et de munitions sont détruits, la bande isolée va se retrancher dans la région des puits cités.
Le capitaine de Llamby est installé à Beni-Abbès et neutralise l'axe jusqu'à Ksabi propice aux fells.
Bigeard apprend par les pétroliers qu'au puits de Bou-Krelala il existe une partie de Reg assez dure, ou les Junker 52 peuvent se poser, excellent appareil seul capable d'utiliser ce terrain et d'approvisionner cette base au plus près des repaires rebelles, afin de préparer avec minutie la logistique de cette nouvelle opération.
Un convoi de camions d'essence escortée par des paras va faire un parcours de 1000 km par des pistes impossibles pour rejoindre Bou-Krelala, les Junkers feront du transport également de fûts d'essence et de matériel sur cette base improvisée.
3 décembre
Nous sommes en alerte maximum à Timimoun, à 8h 35 c'est au tour de la 1er compagnie du lieutenant Subregis et à 10h 10, la 2e du lieutenant Douceur . Grillot dit « Georges » sautent à Bou-Krelala avec des blessés au sol dont le lieutenant Douceur qui se fait une talonnade.
Notre chef de peloton le lieutenant Swekoltine nous donne des nouvelles de l'opération en cours, à 9H 25, Bigeard et son PC se posent en JU 52 , puis à partir de 11 heures, arrivent les 6 Siko de Brunet et les 3 Piper. Les tentes se dressent autour du PC, les JU52 remportent les parachutes.
15 heures un piper cherche des traces de rebelles et repère des Bédouins avec des chameaux, quelques uns seront héliportés, escortés par un groupe de la 4e au PC pour renseignements
18 heures, les Ju52 feront la navette et transporteront 18 tonnes de matériel dont 15 tonnes de carburant pour les hélicoptères de Brunet.
La compagnie portée de la Légion Étrangère à 200 kms au sud piège quelques rebelles dans une embuscade et récupère le corps d'un des pétroliers assassinés.
4 décembre 1957
7h 50 l'arrivé des T6 en protection du Piper à la recherche de traces aux environ du puits d'Hassi-Mansour. 8H35, Piper signale des traces au puits de Mansour à 50 kilomètres de ma base;
Je suis au terrain avec l'Escadron, les faisceaux sont formés, nous allons aux parachutes et retournons à nos emplacements, nous mangeons sur place, ordre de faire le complément des bidons et de ne pas y toucher, vérification du matériel dans les moindres détails.
Un dernier briefing des chefs de pelotons avec le capitaine Calès. Cet après-midi nous sautons sur Hassi-Mansour, le temps passe, les nerfs sont mis à rude épreuve, pleins de questions viennent alimenter la conversation du groupe.
14 heures: nous sommes équipés et montons dans le Nord 2501, les moteurs tournent à plein régime dans un nuage de poussière.
C'est parti, nous décollons, à 14h 25, je suis à la verticale de Hassi-Mansour, les avions tournent au-dessus et attendent l'ordre de largage de Bigeard.
15H 45, je saute avec le FM dans sa gaine de jambe, altitude 400 mètres à 10 kilomètres du puits, sur un terrain sablonneux mais ferme.
J'arrive sur une portion de sable mou assez balloté par un petit courant d'air dans un roulé-boulé parfait, la gaine larguée à 50 mètres avant le sol, j'ai le temps de bien admirer l'étendue du Sahara à perte de vue avec des arbustes dans les creux des dunes, toutes ces coupoles de parachutes qui se balancent donne une impression irréelle de planer, par-contre il y a des cassés au sol, des courant d'air font tanguer les paras dangereusement.
Mon camarade Daniel Belot devenus voltigeur, se trouve pris dans un mouvement d'oscillation tel qu'il ne peut maîtriser sa voilure , il se retrouve au sol dans un mouvement pendulaire terrible, il arrive sur le dos avec le bras droit retourné et se pète le poignet;
Il se retrouve manchot et son chef de section décide de le rapatrier avec les éclopés, il fait la gueule, son chef aussi.
Il sera évacué par hélico et de là, via l'hôpital d'Alger. Pour lui Timimoun est terminé
Nous laissons nos parachutes sur place, regroupés, nous commençons notre progression pour parfaire le bouclage d'un repère rebelle signalé par le Piper.
La 1er de Subrégis est héliportée, le bouclage se précise. Nous avançons en ligne et faisons jonction avec la 1er compagnie de Subregis.
Les dunes succèdent aux dunes, un gros effort pour la remontée et se demander si un fell n'est pas caché au pied d'un arbuste pouvant me flinguer sans problème.
Le Fusil-Mitrailleur est lourd, le frottement de l'arme sur le tissu avec le sable collé à la sueur, fait abrasif sur l'épaule, heureusement j'ai presque de la corne sur le cou à force d'avoir l'arme en contact avec la peau.
Vers 17 heures un important dépôt de ravitaillement, d'eau et d'habits est découvert, on y met le feu.. Nous marchons jusqu'au soir en liaison avec la 1èr compagnie, nous bivouaquons à l'abri des dunes, embuscade générale.
5 décembre 1957
Le réveil est glacial, j'ai mis de l'eau à refroidir dans le casque elle est gelée, une couche de glace brille à la surface, quelques pas pour me dégourdir les membres, un oiseau posé à côté de moi a des difficultés pour s'envoler, j'aurais pu l'attraper.
Un café froid avec une pâte de fruit, nous repartons pour le même travail, le Piper nous survole.
Le capitaine Chabanne n'a pas eu la chance de faire sauter sa compagnie, il quitte l'alerte aéroportée de Timimoun.
Toute la journée sera faite de fouilles en marchant en parallèle de l'autre compagnie, j'enlève régulièrement mes pataugas afin de secouer le sable qui s'accumule au bout de la chaussure. Décor invariable avec le soleil qui plombe les paras
la température avoisine les 40° dans les creux de dunes, toute l'équipe tient le choc.
Le capitaine Pétot du 2ème bureau se rend en hélico à Ouskir pour ramener et interroger des prisonniers.
C'est la 2ème compagnie du capitaine Planet qui prend le relais de Chabanne ce dernier rejoint le poste de Kerzaz.
Mon 4ème peloton marche comme un seul homm
e, nous sommes tous aguerris et blindés contre la chaleur et la soif, le soir arrive sans rien de nouveau.
Nous avons marché en direction de Hassi-Mansour et dormons dans les dunes sans pouvoir faire du feu, la boite de ration se termine et demain reste un mystère pour l'eau et le ravitaillement.
6 décembre 1957
La 1er compagnie du lieutenant Subregis continue sa progression vers le nord, un groupe de la 4e compagnie est héliporté sur une importante caravane.
Encore un hélico en panne dans la nature et des paras envoyés pour la protection.
Le convoi d'essence protégé par une surveillance aérienne plusieurs fois par jour, arrive à Bou-Krélala.
7 décembre
Nous avons des coups de barre, le séjour prolongé en marche incessante commence à agir sur l'organisme, même les aviateurs qui ont triplé les heures de vol, les hélicos paumés dans le désert et ce sable omniprésent détériorant les mécanismes.
A Bou-Krélala une chanson faite pour la circonstance ce fredonne « siko siko par-ci, siko siko par-là! » sur l'air de Tico-Tico chanté à l'époque.
5 heures du matin, nous faisons route vers le puits de Belguezza, le capitaine Calès en tête, cela fait 6h 30 que nous marchons la chaleur est omniprésente en ce mois de décembre.
Un Piper signale une silhouette caché sous un arbuste au sommet d'une dune pas loin du puits de Hassi-Ali, à 100 km de Bigeard, c'est un « chouf » (guetteur). La conclusion est faite sachant que les arbustes ne poussent pas en haut des dunes: c'est la faille !.
La grosse erreur commise par les fells va leur coûter cher !.D'un coup d'hélico « BRUNO » avec un PC léger nous rejoint au puits de Belguezza.
13 h 45: Bigeard fait venir des hélicos bourrés de fûts d'essence de 200 litres, pour notre héliportage sur la zone suspecte.
14H30, la compagnie de Planet, décolle de Timimoun et se met à la verticale de Hassi-Belguezza attendant l'ordre de « Bruno » pour sauter
15 heures: après un briefing minutieux, nous grimpons dans les Sikorsky, nous sommes gonflés à fond l'adrénaline se répand dans le corps, les armes sont prêtes, nous savons que le risque d'un posé en plein sur l'ennemi est grand.
Notre groupe dans un nuage de poussière saute en urgence. Les fells sont là, ils nous tirent dessus, les balles passent en sifflant leurs chanson de mort, je galope comme un dingue en tirant au fusil-mitrailleur, les rafales de mon arme me stoppent dans mon élan, d'autres hélicos arrivent. « Bruno 4 à Bruno, les fells me tirent dessus j'ai un tué et deux blessés ! » « OK Bruno 4, je fais parachuter Planet un peu à votre nord! ».
Écrasé au sol, je laisse passer la voltige qui balance des grenades à fusil sur les rebelles retardateurs pendant que le reste de la bande se sauve, nous les neutralisons.
Planet a sauté en plein sur la bande, accrochage d'emblée, Bruno se fait héliporté à côté du capitaine Planet, la bataille fait rage les grenades à fusil font merveille, la chasse straffe sans arrêt, les balles sifflent de partout, les paras s'offrent un combat digne de ce nom!.
En fin de journée le deuxième peloton du lieutenant Pacaud est héliporté au nord de l'Escadron pour prêter main forte au nettoyage des felouzes encore planqués, blessés ou simulant la mort.
Les équipes de voltige du 2e peloton recherche les armes , Francis Decker fouille le creux d'une dune ou les arbustes sont autant de cache, et soudain se dresse devant lui à 5 mètres, un déserteur armé d'un fusil, Francis avec sa MAT 49 fait face.
Les armes sont prêtent à tuer, ils se mesurent du regard, pas un ne baisse les yeux, Francis appui sur la détente..rien? sa MAT s'est enrayée, il pense à la dernière seconde de sa vie, le déserteur tout jeune lui aussi à un moment d'hésitation, puis laisse tomber son fusil et lève les mains. Il ne s'était pas aperçu que l'arme qui le menaçait était hors service. On appelle çà la « baraqua » !.
Sur un flanc de dune le deuxième peloton du lieutenant Lefevre dit le grand « Bill », est rassemblé.
Au fond d'un creux de dune caché dans une touffe d'arbuste, un felouze déserteur, blessé qui a dû faire le mort, pointe son fusil armé sur les silhouettes qui apparaissent dans le déclin du jour.
Il tire en direction des paras dont les contours s'estompent dans le couché du soleil.. le projectile frappe Antrowiac, travers son épaule et touche en plein cœur Rougier, qui meurt sur le coup.
Pour lui la piste s'arrête là.
La nuit tombe sur ce dernier corps à corps, cet ultime combat dont tous paras ayant à confronter son courage devant l'ennemi y a pensé un jour. Le soir tombe sur le désert dans un silence impressionnant .
Champ de bataille historique des paras du 3e R.P.C.!. 45 rebelles anéantis, 6 prisonniers, 2 fusils-mitrailleur, 60 armes de guerre, 13 tonnes de vivres, 70 chameaux, ceux de la compagnie méhariste déserteurs et assassins de leurs cadres, 800 kg de munitions et des documents. Malheureusement nous comptons nos pertes:
4 paras dont deux de notre Escadron et 6 blessés dont trois de notre compagnie.
De notre assaut, 8 fells sacrifiés, ont permis à la bande de déserteurs de courir sur la compagnie Planet et de finir de la mort inéluctable dont ils connaissaient l'issu fatal.
Les chameaux seront abattus faute de pouvoir les ramener, les prisonniers déserteurs après interrogatoire seront fusillés.
8 decembre
Après une nuit dans les dune du Grand Erg, nous continuons la fouille et rejoignons le reste de la compagnie, les cadavres sont rassemblés pour le décompte. Une épopée se termine.
Le Grand Erg Occidental n'a plus de secret pour moi.
Dans son livre « Aucune bête au monde » dédié au sergent/chef Sentenac, il écrit en légende sous de belle photos:
Un jour, on nous donna le désert pour combattre...
Sous les palmes, dans ce paysage d'Évangile, il nous fallut nettoyer nos armes que le sable enrayait et se préparer encore une fois à combattre et à tuer...
Il nous sembla alors que nous avions trouvé dans ce dépouillement et cette solitude, dans la soif et dans la faim, cet ennemi que nous poursuivions depuis longtemps: nous-mêmes, notre peur et ce corps qui se rappelait soudain à nous pour exiger des fruits juteux, des filles accueillantes, des lits profonds et une vie confortable...
Il nous fallut mesurer l'eau... et compter nos cigarettes...Ainsi, nous avons connu le prix d'une gorgée de boue tiède, la saveur d'une bouffée de « gris »... et la force de notre amitié, car nous avons tout partagé, la dernière goutte d'eau et la dernière cigarette.
Nous avons considéré nos ombres dérisoires...
Accroupis sur la crête des dunes, nous avons écouté siffler le vent, siffler les balles...
Nous avons cru souvent tirer sur des mirages, nés des reflets aveuglants du désert...
Pour croire qu'ils étaient des hommes comme nous, rongés par le même soleil, dévorés par la même soif, il fallut nous pencher sur leurs cadavres...
Le grand vent du Sahara effacera demain les traces de nos pas. Il déplacera les dunes, ensevelissant pêle-mêle les douilles vides, les boites rouillées et les armes perdues, et jusqu'au souvenir de ce combat...
Bruno.
Bigeard reçoit les compliments des généraux Massu et Salan qui rendent hommage à ses remarquables talents de commandant.
De lieutenant-colonel, il est promu colonel à 41 ans, ce qui fait de lui le plus jeune colonel de l'armée de terre.
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Jeu Sep 22 2016, 14:36 | |
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Jeu Sep 22 2016, 18:21 | |
| G24 Tempête de neige sur le djebel Aïn-Zaaf Timimoun est encore dans les mémoires. Le régiment a enterré ses morts, soigné ses blessures, et refait les effectifs manquants par de nouvelles recrues. Beaucoup d'absents à l'Escadron depuis juillet 1957. A commencer par mon chef de peloton le sous/lieutenant Jacques Michel, blessé le 23 juillet 1957. Victor Joly, voltigeur dans mon groupe, blessé le même jour. Trombetta blessé à la cuisse, Charlet gravement brulé, Claude Angot blessé, Ankowiack, blessé à Timimoun et Rougier mort dans le même instant, Fleurat, blessé sous l'œil, revenu dans le groupe, Daniel Belot, revenu guéri de son poignet claqué au saut de Aïn-Mansour , Zayer tué à Hassi-Ali, Fièvre mort d'un éclat de grenade le même jour que Vidonne tué par sa grenade, et une dizaine d'autres blessés, et une dizaine de morts dont je n'ai pu connaître les noms. Puis des mutations soit dans d'autres compagnies comme Nedellec qui est dans les commando, Lordan notre antillais, muté dans une autre compagnie. Bref l'Escadron avec le capitaine Calès notre nouveau commandant de compagnie, les nouveaux chefs de sections, de groupe et d'équipe, remanié pour de nouvelles opérations avec Bigeard promu colonel à 41 ans devenant le plus jeune colonel de l'armée de terre. Le régiment donne à nouveau le meilleur de lui-même... écrit Bigeard dans ses mémoires dans son livre « Pour une parcelle de gloire ». Il raconte, que l'on cherche à l'éloigner en lui confiant des zones dures et difficiles: la réussites des combats de Timimoun, et la gloire faite à notre patron et au «3 », c'est vers cette époque que Chaban-Delmas, ministre de la Défense Nationale, lui propose de devenir député de Paris...Bigeard n'aime pas toutes ces combines de politiciens et demande a retourner à la tête de son régiment, . Samedi 11 janvier 1958 Il est 8 heures à notre base arrière de Sidi-Ferruch. L'Escadron s'active, les sacs marins déposés au magasin. Nous recevons des vivres pour un jour et demi. J'ai dans mon sac cinq boites-chargeurs de FM 24/29 , deux chargeurs de MAT49 et 100 cartouches de 9 m en vrac, un sac couchage US, une toile de tente doublée nylon, la veste molletonnée accrochée sur le sac TAP. Nous prenons notre repas à 10h30. Le départ est donné à 12h30. Le régiment va tester les gars dans une opération de montagne . Santiago mon camarade reste à la base. Ce sont des camions Simca pour le transport, nous prenons la direction du village de Champlain en passant par Blida, les gorges de la Chiffa, Laverdo, Ouled-Brahim. 17H30 nous descendons les sacs à dos pour prendre aussitôt une piste de montagne boueuse dont la pente se présente d'emblée impressionnante. Il pleut sans interruption depuis le départ et la piste ressemble à un marécage. Des trous d'eau de 10/20 centimètres ou 700 paras pataugent, transformant ces passages forcés en bain de boue malaxée jusqu'à former de la pâte molle et collante à souhait. 15 kilomètres en temps normal c'est une promenade, ici sur la piste liquéfiée, la montée sous la pluie et dans le vent qui se met de la fête, nous coupent le souffle. Le contraste pour nous qui arrivons des sables brûlants du Tademaït, celui du Père de Foucault dans ce Grand Erg Occidental, rappelle dans notre mémoire que l'Algérie n'est pas faite seulement de soleil chaud et de ciel bleu. Nous venons de faire 8 heures de marche sur une piste patinoire transformé en calvaire pour certains. 12 janvier. Il est deux heures du matin, nous arrivons au but, à 1200 mètres d'altitude, le décor est complétement changé. Nous grelottons dans nos tenues trempées, la pluie a cessé car nous avons traversés depuis une heure la masse nuageuse, nous sommes dans un paysage calme avec un ciel pur. Les gars sont écroulés de fatigue, les corps fument par la transpiration, j'ai les pieds trempés dans mes jungle-boot, couvertes de boue. Les armes ont souffert dans cette gadoue, je suis tombé sur les genoux plusieurs fois en glissade forcée. Je place la pièce FM 24/29 en protection de la zone, lorsque le jour se lève, la surprise et grande de voir un épais tapis de nuages très compacts se tenir sous nos pieds, au-dessus, le ciel clair qui commence à prendre des couleurs féeriques avec la montée du soleil qui bientôt nous réchauffe un peu de ses rayons flamboyants, la montagne s'illumine, le djebel apparaît dans toute sa beauté, dessous à 50 mètres, le tapis très épais de nuages nous isole du froid et de la pluie qui nous a tant gêné dans cette ascension. Un repos nous permet de nous alimenter pour récupérer des forces. Déjà les pelotons sont prêts pour la fouille de cette zone qu'il va falloir redescendre pour nous rendre dans une vallée un peu plus bas de l'autre côté de ce djebel. Adieu notre bon soleil. A 15 heures, c'est le départ, nous descendons sur une piste raide qui nous conduit sur les lieux du ratissage, je crapahute maintenant sur une autre piste un peu moins dégueulasse, reliant des mechtas isolées à la vallée quatre cent mètres mètres plus bas. La fouille se fait rapidement à cause de la cadence imposée, en liaison par radio avec le reste de l'Escadron , il est 17 heures, nous préparons nos emplacements pour la nuit qui arrive vite en montagne. Les jeunes recrues arrivées de France sont incorporées dans nos groupes de combat. Ils ont leur baptême pour la première opération avec le régiment. Ils souffrent mais ne laissent rien voir; ce décor d'hiver ou le froid à cette altitude traverse les vêtements malgré la veste molletonnée enfilée par dessus le treillis, nous fait frissonné. Le soir arrive et la pluie glaciale nous surprend à nouveau, juste le temps de monter notre petite toile de tente que l'on peut raccorder par deux, nous abritent un peu des intempéries. Le caporal/chef Thevenon et moi prenons le tour de garde jusqu'à 21 heures. La grêle mêlée de neige se met à tomber, le vent passe en rafale dans le bivouac. Tous nos gradés sont à la même enseigne, Calès notre capitaine et notre grand patron « Bruno » . Dans les autres compagnies le problème est le même. La nuit est terrible !. Lundi 13 janvier Au réveil j'entrouvre la guitoune, j'ai un frisson en découvrant le paysage. Le djebel est recouvert de 15 cm de neige mélangée à de la grêle qui continue à tomber. Personne n'ose sortir de son refuge précaire, la visibilité est nulle. J'entrevois des éclairs zébrant l'atmosphère tout autour de nous, accompagné de coups de tonnerre simultanés , la résonance amplifiés par la montagne à quelque chose d'irréel. On dirait la fin du monde!. Le gars qui a le malheur d'enlever ses randgers ne peut plus les remettre, le cuir est devenu dur comme du métal, ceux qui ont des allumettes et du papier ou autre, font un semblant de feu pour dégeler les bottes afin de les remettent aux pieds. La boîte de ration est presque vide, d'ailleurs ce qu'il en reste se trouve dans les poches de la veste, poudre de café, et de sirop d'orange, dernier sucre, boite de sardine ou boite de pâté et un reste de pain, la pâte de fruit est avalée de puis belle lurette, tout ça sans pouvoir faire de feu. Départ de l'Escadron à 9 heures, opération annulée, retour par le même itinéraire. Une véritable retraite de Russie!. Nous sommes autour de 1200 mètres d'altitude et trente kilomètres nous attendent pour rejoindre les camions en bas mais de l'autre côté du djebel qu'il va falloir monter afin de passer sur l'autre versant. Les pieds dans un triste état, les doigts gelés, la tête entourée d'un chèche ou d'un gilet serré par les manches autour du cou, la casquette par dessus, les plaies aux pieds ne se comptent plus, moi j'ai la chance d'être en jungle-boot avec une paire en réserve avec chaussettes, je suis à l'aise pour marcher. Chavanne un para du 2ème peloton marchera 30 kilomètres avec des chèches à chaque pieds, enveloppé dans le plastique de sa toile de tente découpée pour l'occasion. Trente kilomètres avec des éclopés qu'il faut soulager de leur sac, pousser, tirer, la troupe avance , c'est dur à monter et c'est encore plus dur à descendre ! l'ENFER ! Pour certains... La tempête reprend de plus belle dans la montée, les gars tombent comme des mouches, il faut les relever à coup de pompes dans le derrière, stimulant de cette façon leur amour propre pour ceux qui veulent abandonner. Enfin, le sommet est passé, nous voilà dans les 15 derniers kilomètres sous une avalanche de grêlons nous attaquons la descente, des éclairs strient de tous côtés, accompagné de formidables coups de tonnerre. Au fur et à mesure de la descente, nous passons toutes les formes de la tempête. Neige, grêlons, verglas. Cabanel, dont les rangers ont rendues l'âme, a enroulé son chèche coupé en deux autour de ses bottes afin de retenir la semelle qui s'ouvre à chaque pas. Pour beaucoup ce sont des pas de souffrance avec les pieds à vif. Le sergent/chef Rebouillet avec ses rangers sans crampons et son genou qui se déboite dû à une blessure d'Indo, enfile des chaussettes par dessus pour ne pas tomber. Plusieurs fois il a recours à nous pour lui remettre le genou en place, il grimace de douleur. Il faut être équilibriste pour rester sur la piste. Notre caporal Vietnamien Ho-Than-Hien se trouvant avec nous au 1er groupe depuis peu, n'est plus qu'un automate, il tombe dans tout les sens. Sans un murmure il se relève et repart, étonnant ce caporal. Il est midi. La pluie a cessée. Nous atteignons une piste plus large qui rejoint un petit fortin, la sentinelle ouvre des yeux ronds de stupeur devant cette troupe sortant de l'apocalypse. Les plus éclopés sont déposés au fort. Mon pote Fusée marche comme un lion, Martignon râle comme un sourd, et Fleurat m'a refilé le FM. Je suis le seul avec les pieds en bon état, mise à part les épaules qui me font mal. La MAT 49, le FM, le sac à dos trempé, ça fait lourd !. Quelques uns ont perdu des affaires ! Gare aux engueulades. Enfin à 16 h30 nous sommes en vue des « bahuts ». Une popote commandée par Bigeard nous distribue un quart de vin chaud. Ouf ! Que c'est bon cette chaleur qui irradie le corps. J'ai appris que « Bruno » n'ayant plus de couchage (perdue par son porteur), un officier lui a prêté le sien, le pauvre ! quelle nuit!. Le commandant Lenoir s'est écroulé en arrivant aux camions . Nous montons dans les bahuts Simca en remerciant les braves « appelés » de chauffeurs qui ont fait le maximum pour leurs paras qu'ils bichonnent quelquefois en offrant une bière fraiche, car ils sont fières de rouler pour les gars Bigeard. Sidi-Ferruch, tout le monde descend, il est 21 heures, nos braves cuistots sont aussi sur les dents pour offrir aux copains un repas chaud, du vin chaud. Je me fais en plus un potage avec du pain dedans, un lavage rapide et puis faire le lit ou je m'écroule suivi de mes compagnons de misère. Mais je sais qu'après une bonne nuit de récupération la fatigue aura disparu. Nous connaissons le bilan de cette opération abandonnée: 250 consultants au régiment surtout pour les pieds qui n'ont pas résisté aux agressions du froid et de la neige; Mon caporal Vietnamien Ho-Tan-Hien qui a les pieds gelés est parti à l'hôpital Maillot d'Alger. Pour mémoire : Le 2e R.P.C. de Chateau-Joubert qui était de la partie, a eu sa part de pieds gelés et handicapés en tous genre. Ce fut notre petite retraite de Russie et une mise en forme de nos petits jeunes. Cette opération banale, dont beaucoup d'ancien ne se rappellent même plus, reste gravée dans ma mémoire et dans mes carnets de route. |
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Jeu Sep 22 2016, 18:56 | |
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Jeu Sep 22 2016, 19:28 | |
| Chapitre 25 La bataille des frontières Les Nementchas- Djebel Touila, Bir-el -Ater La Tunisie vient d'obtenir son indépendance, ce qui permet aux FLN d'avoir des bases d'entrainements sur le sol tunisien et d'avoir de l'aide des pays de l'Est sans aucun problème. Des camps d'instructions de jeunes recrues basés certains à la frontière Algéro-tunisienne, permettent à ceux-ci de passer régulièrement chargés d'armes et d'équipements moderne pour les katibas de l'intérieur. Une véritable armée encadrée et commandée par des chefs ayant reçus une instruction de guerre suffisante pour commander une katiba (100 djounhoudes). C'est vers le mois de juin 1957, qu'un barrage électrifié le long de la frontière algérienne voit le jour, ordonné par le ministre de la défense André Morice et conçu de façon élaborée de Bône à Tebessa, travail de longue haleine rendant la frontière étanche aux passages des renforts FLN. Il sera prolongé par la suite jusqu'à Négrine. Cette ligne Morice longue de 380 kilomètres était équipée de postes de surveillance. Des unités blindées, patrouillaient sans cesse en half-tracks ou engins blindés de reconnaissance entre deux lignes de barbelés minés piégés, les passages des rebelles se faisant toujours de nuit. L'aviation protégeant de jour le réseau électrifié. La Marine possèdait de l'artillerie lourde comme à Soukiès avec des canons de 155 long . Dimanche 26 janvier 1958 l'Escadron est consigné, pour un départ imminent de notre base de Sidi-Ferruch. Bertho et Cadet revenant de permission de France arrivent à point pour cette aventure dans les Nemetchas. René Cadet qui avec son petit bégaiement me dit: « c'est vache! Ils auraient pu attendrent que je face une bulle ! Avant de retourner dans le djebel! » Je lui réponds : « tu vas pouvoir la faire la bulle on a plus de 500 kilomètres à se taper en jeep! » . Une partie du régiment part par le train, et avec les véhicules du 3eRPC de Sidi-Férruch un convoi est formé avec une protection d'unités blindés. Mardi 28 janvier Le départ est donné à 7 heures. Une longue file de Jeeps, 4X4, 6X6,GMC, Half-tracks et autres blindés, partent en direction de Sétif ou nous arrivons à 19 heures dans un camps du Génie et Matériel, les locaux sont chauffés pour passer la nuit et le repas servis dans les cuisines du centre. Mercredi 29 janvier Il pleut, nous roulons à bonne allure passons Constantine et faisons une halte vers 14 h à Aïn-Beïda et de là, Youks-les-Bains notre base distante de Tebessa d'une vingtaine de kilomètres . Nous débarquons fatigués à 17 heures, il ne cesse de pleuvoir et les toiles de tente ne sont pas dréssées! En avant pour le montage dans un terrain en lisière du village. Cet endroit possède des sources d'eau chaude que les Romains avaient mis à profit en érigeant une cité avec des thermes magnifiques ayant résisté au temps, le carrelage du bassin de 3mètres sur 3 bains est d'une conservation étonnante.. Le lendemain nous aménageons notre espace, dans une grande cour entourée de murets, l'embellissemens notre camp provisoire se précise avec panneaux indiquant la compagnie, le mât aux couleurs est dressé entouré de piquets peints rouge et blanc relié par une corde blanche, nous délimitons l'emplacement des tentes par des rangées de pierres. 31 janvier 1958 Le sport pour tous en short bleu et survêtement bleu ou sont cousu dans le dos E.J.A. (escadron de jeeps armées), puis douche dans les thermes romains. N'ayant pas de lit, nous avons des enveloppes que nous remplissons de paille de façon à nous faire une isolation du sol, nous recevons des rations collectives améliorés par l'achat de poules avec notre pécule. Le temps brumeux et froid omniprésent la nuit, me fait dormir avec mon pull. Samedi 1er février Sport sous une pluie continue, retour pour les corvées: nettoyage du camp et de ses abords, l'imparable corvée de pluche car nous mangeons chaud. L'électricité est installée dans les tentes. Puis l'après-midi une partie de foot. Nous n'avons pas de courrier depuis 8 jours, çà râle dans la compagnie. Nous sommes prévenu d'une opé demain, départ 2h 30 à pied pour une marche de 10 kilomètres dans le djebel accolé au village de Youks-les-Bains, un bouclage à l'échelle régimentaire de la zone à traiter. Nous sommes à la disposition du général Vanuxem qui sera remplacé par le général Sauvagnac. Cette région de l'Est-Contantinois ou les passages de bandes sont fréquents; notre rôle va être de les intercepter dans une suite d'opérations coups de main intitulé « soukiès I et II» les bandes rebelles franchissants le barrage électrifié doivent être démantelées ainsi que l'organisation politico-militaire de cette région. Dimanche 2 février Le réveil à 1h 45 ne réjouit personne, je secoue Martignon qui dort comme une souche, rien à faire, je vire le lit « tu m'emmerdes ! J'ai le temps! » dit-il d'un air grognon « je réponds.« et bien tu vas galoper tout à heure ! » je bois mon jus et après un coup de brosse sur les dents je m'équipe, le caporal/chef Thévenon passe voir si tout le monde est prêt, je lui fait signe du pouce en direction du dormeur, il attrape le lit et le retourne brusquement, un grognement de colère, Martignon la bouche mauvaise regarde qui à put faire çà mais il s'arrête en voyant le sergent qui pousse un coup de gueule dans sa direction, affolé, il tourne en rond cherchant ses affaires répandues un peu partout, alors que tout le groupe est équipé. Le départ à pied de la compagnie démarre avec mon gars à moitié brêlé de son équipement, le lieutenant lui met une grosse bourrade dans l'épaule avec un avertissement sérieux, pourtant notre chef de section est un mec super sympa, mais il n'aime pas les tire-au-cul. Nous marchons une dizaine de kilomètres pour boucler une vallée à côté de Youks-les-Bains, le djebel alentour et un formidable tas d'éboulis de roches énormes truffées de grottes, nous devons rassembler tout les mâles du coin pour interrogatoire. Quel crapahut ! Sur des sommets dépassants 1000 mètres, le cabo/chef en a le souffle coupé. Un arrêt casse-croute est nécessaire pour la poursuite de notre besogne, nous avons déjà une trentaine de gus qu'il faut diriger sur notre PC pour continuer le ratissage. Le soir arrive, nous avons l'autorisation de dormir dans un gourbi, je trouve un vieux tapis, et me couche dessus je suis réveillé en pleine nuit par des démangeaisons, se sont des poux de corps qui me bouffent la peau, quel poisse! Je vais finir la nuit dehors en me grattant de plus belle. Lundi 3 février Le soleil est éclatant , je me suis mis à poil et me frotte la peau avec de la poudre que ma donné l'infirmier nous ramassons encore des arabes et les remettons à la 2e compagnie de lieutenant Cabanne, puis direction notre base avancée en passant dans un petit bled du nom de Youkous, nous faisons encore une rafle de gus aussitôt dirigé sur le PC. Je descend des passages tellement raides que je glisse sur les fesses pour atteindre le fond du talweg, en face la paroi est truffée de grottes presque inaccessibles, je joue les alpinistes pour atteindre l'entrée, des traces de bivouac dans certaines, prouvent quelles servent aux rebelles pour s'abriter. Arrêt de la fouille, nous rentrons au bercail. Mercredi 5 février Nous partons pour Bir-el-Ater en renfort du 8e R.P.C. qui a accroché et qui a des pertes. Il est 1 heure et le pluie tombe a seau, on boit un jus préparé aux cuisines, et à 2 heures départ direction Chéria puis Bir-el-Ater. Vers midi nous sommes sur les lieux et çà bouge dans le coin, l'aviation, les chars, 5 Bananes (hélicoptère à double rotor), les fells sont partis laissant des cadavres et 2 blessés sur le terrain, trouvé par une compagnie de notre régiment, finalement nous rentrons à la maison, balloté de 16 à 20 heures sur des pistes de tôle ondulée (fines ondulations faites par le vent obligeant les véhicules à rouler soit à 10 ou 60 km heure pour ne pas ressentir les vibrations engendrées . Jeudi 6 février1958 7 heures; en petite tenue, je part pour un cross de 8 km, une heure de pluche puis bains dans les thermes romains de Youks, je coupe les cheveux de ma section jusqu'à midi, je réussi à envoyer une lettre à ma pauvre mère qui doit être inquiète, une rumeur d'un départ pour ce soir car le lieutenant Zwékoltine et parti au PC Calès de l'Escadron suivi des autres chefs de sections. C'est automatique j'ai aussitôt préparé mes équipements, imité par le peloton, je perçois un pain et deux boites de rations pour 48 heures. Départ à 23 heures en camion mais il y a me semble-t-il une erreur quelque part ? Nous tournons en rond, enfin a 3 heures on débarque, ( j'apprends après que pour tromper les guetteurs ennemis, les camions sont partis dans une direction, pour revenir tout feux éteint dans la bonne direction). Notre 4ème peloton étant de jour, nous marchons en tête, la voltige en éclaireur sur la piste. A 5 heures la mauvaise surprise dans l'entrée d'un talweg, un tir nourrit d'armes rebelles se dévoile d'une mechta, un mortier de 50 fell nous allume, heureusement dans le noir le tir est mauvais. Aplati avec la pièce FM nous ripostons, Fleurat mon tireur au fusil-mitrailleur, envoie des rafales pendant que la voltige contourne la masure, notre FM repéré reçoit un obus de mortier qui explose à cinq mètres de nous, on a bien fait de s'être protégé derrière un muret de pierre, un éclat atteint Fleurat sous l'œil, il est KO est saigne abondamment, j'appelle l'infirmier et je tire le blessé en arrière et prend sa place. Entre temps la voltige est arrivée contre les murs de la mechta, plusieurs rafales dans la porte qui cède et une grenade lancée par le sergent suivi d'une deuxième, deux explosions retentissent, le caporal/chef Thévenon vide son chargeur au hasard à l'intérieur, mais les 8 fells sont occis, les deux grenades n'ont pas fait de rescapés. Deux sont morts à l'extérieur, mais pas de mortier de 50, il a était emmené par les fells fuyards. Mais brusquement une galopade, Thévenon vide sont chargeur en direction de la silhouette qui s'écroule tué net. Mon groupe a fait du bon boulot. Avec Thévenon, Cadet, Covillers, la bagarre a durée 10 minutes. Pendant que le chef de section fait le compte rendu, un autre peloton s'est élancé en éclaireur sur la piste. Bientôt nous arrivons au point fixé par le PC; au pied du djebel Touila. Beaucoup de Mechtas. Nous coinçons une quinzaine de gus qui s'apprêtaient à cavaler vers la montagne, après cette fouille minutieuse, nous nous stabilisons pour la nuit, l'interrogation des fuyards révèlent que se sont des fells. J'apprends le bilan de ce matin: des mines, grenades, 5 fusils, et d'autres armes avec des munitions en quantité, 10 morts et 2 prisonniers, quand à mon tireur Fleurat, ça va rien de cassé, sinon une couture sur la pommette en allant vers l'orbite de l'œil, une chance. Mon pote Cadet à aussi eu de la chance, une balle a cassée le porte chargeur de sa MAT 49, il devient tireur au FM, et Martignon a un MAS 36, Nedellec et Fusée pourvoyeur du FM, je deviens chef de pièce. La pluie à cessée, chouette pour cette nuit je dort à la belle étoile, la plaine ou nous sommes est sur un haut plateau et sa caille la nuit pour celui qui n'a pas la peau tannée comme nous. Le chef de peloton est content de cette action, notre 4ème peloton à sa cote qui monte auprès du capitaine Calès. Samedi 8 février J'ai fait un bon somme, je suis exempt de garde, avec mon camarade Fusée qui a trouvé un tapi avec des puces nous dormons dessus ce qui ne manque pas de me regratter comme l'autre fois. Nous manœuvrons vers une autre plaine encaissée entre deux djebels, en bouclage avec l'Escadron. Je vois comme un mirage briller dans le soleil une étendue d'eau j'apprends que c'est un Chott,( lac à forte salinité) après sept kilomètres de marche à bonne allure, nous arrivons dans un village encerclé par d'autres compagnies, les habitants cavalent de partout, piégées dans la nasse, une procession de mâles ceuillis un peu partout attendent d'être dirigés vers l'officier de renseignement. Nous regroupons les suspects trouvés en zone interdite. Au fur et à mesure que l'opération s'intensifie, une cinquantaine de types sont regroupés sur notre peloton. Nous les faisons avancer en file indienne les mains sur la tête. puis vérification d'identité et interrogatoire pour savoir ce qu'ils faisaient dans cette zone interdite? Des gars du coin ? J'en doute, car certains ont été récupérés disimulés dans des caches, mais sans armes. Nous accompagnons cette horde, un espace de 20 à 30 mètres nous sépare les uns des autres, l'arme prête à toute éventualité, on est obligé de gueuler « fissa » « asma »(dépèche toi, arrive), car certains font semblant de ne pas comprendre, il faut faire avec la MAT 49, le geste d'avancer, les distances sont trop importantes dans la file, cela fait mille mètres que je râle après un grand sidi à gueule rébarbative, je préviens le sergent qui lui botte le cul et marche à côté en l'engueulant, le type jette des regards haineux, et je lis dans son regard des envies de meurtre, je suis sur mes gardes et préviens le copain devant moi de se méfier. Le sergent me dit avant de s'en aller: « s'il joue au con, tu lui balances une rafale aux pieds ».Je suis sûr que le rombier a tout compris, il attend d'être dans un endroit propice pour me faire un sale coup, un moment donné, je me retrouve en avant de lui dans un passage rocheux, et je pressant ce grand salopard de 1m,80 en djelaba qui tout à coup est sur moi. Je me laisse tomber à terre en gueulant, le gars n'a pas le temps de faire un geste, mais je suis sur qu'il voulait me piquer ma MAT, car il me regardait en douce depuis un moment. Mon pote Joubert devant moi, lui envoie une rafale à ras les oreilles, c'est la panique dans les rangs, le sergent Reusser et un autre gradé plaque le fell au sol, il recoit une sacrée correction quand j'explique au sergent son geste de vouloir me substiliser mon arme. S'il avait réussi, quel carnage dans les rangs. Les poignés attachés les chevilles ligotées juste pour qu'il marche à petits pas, il est dirigé avec une corde au cou sur le PC, mes camarades sont sur les dents, ordre de tirer dans le tas si l'un deux bouge, nous avons trouvé des cordes et finis par ficeler tout le monde, j'ai eu chaud ! . La compagnie d'appui du capitaine Chabanne découvre dans une grotte une mitrailleuse MG et un mortier de 60 avec munitions, donc les individus du coin que nous venons d'arrêter doivent angoisser. A mi-chemin, une tornade se déchaîne, des trombes d'eau nous arrivent sur la tête, la plaine devient un marécage ou nous pataugeons avec nos jungle-boot. Enfin nous trouvons asile dans un ensemble de gourbis sans habitant, deux gourbis pour 24 paras c'est limite mais au moins nous sommes au sec. Nous n'avons plus de nourriture, en fouinant dans un recoin du gourbi je trouve une douzaine d'œufs minuscules, aussitôt dans une poêle sentant le rance et que je frotte avec un bout d'étoffe je fait une omelette avec comme graisse une boite de « singe »( boeuf) que j'ouvre et mélange aux œufs, il y en a pour l'équipe qui se régale malgré le peu. Comme je monte la garde de minuit à 1h 30 et que nous avons l'autorisation de faire du feu, j'ai trouvé de la farine et confectionne sommairement deux galette de farine douteuse, que je fait cuire dans la braise. Il faut dire que nous n'avons plus rien à manger depuis ce matin, l'estomac vide, je me suis toujours débrouillé pour faire un repas et en faire profiter mon équipe, quand les gars se réveillent ils se partagent les pauvres galettes à moitie brulées, contents d'avoir quelque chose dans l'estomac. Nous rentrons ce soir, l'endroit se nomme Oued-Nini. Au réveil à 6 h30, plus de pluie, nous plions bagage en emportant nos puces, tout le monde se gratte avec frénésie. 10 km à faire pour rejoindre les bahuts sur une piste potable en direction d'un petit fortin ou des vivres nous sont distribués. Avides nous nous ruons sur la boite de ration et en un rien de temps le contenu est vidé et le reste va dans les poches de la tenue de combat. Il est 17 heures quand nous arrivons à Youks-les -Bains, un lavage vigoureux de la peau et un changement d'habit complet qui vont dans une bassine avec de la lessive, les puces et les poux vont peut-être s'en aller?. Lundi 10 février Sport et retour en chantant nos classiques, de l'Escadron: « Sur la route » « Malgré les balles » « Le pont de la rivière Kwaï » etc. . Un lavage aux bains romains ou il y a foule. J'ai la surprise de voir arriver Fleurat, la figure enflée et une belle entaille sur la pommette gauche et au menton, il préfère rester avec nous c'est çà la camaraderie para. Il va avoir droit à sa « palmeraie » comme dit le sergent Reusser en parlant de sa Croix de la Valeur Militaire et de sa Médaille des blessés. Victor Joly, blessé le 23 juillet 1957 nous écrit qu'il ne remue pas encore sa jambe, le genoux fracassé par une balle à bout portant lui a fait des dégâts. Je crois qu'il sera inapte pour les paras et même pour l'armée ?. Nous allons faire durant plusieurs jours une série d'embuscades et d'opérations éclairs par un temps de chien, avec peut de résultat, mais beaucoup de renseignements qui va permette de mieux situer les infiltrations rebelles dans le dispositif implantée par notre état-major et responsable de la zone Tebessa -Négrine- Bir el Ater. jeudi 27 février 1958 Nous partons à 2 heures du matin. Il fait un froid de canard. Les GMC et véhicules divers, des chars, de l'artillerie, passent sans arrêt, à croire que nous allons nous battre contre une division de rebelles. Notre destination DJEURF un endroit âpre et dur dans les Aures, à 6 heures sac à dos nous marchons à bonne cadence vers l'oued Allaïl. Le froid redouble, je grelotte dans ma tenue malgré mon pull et la cadence. Le jour se lève sur un décor dantesque, Bigeard a choisi l'endroit pour l'une de ses dernières opération avec ses « P'tits gars » comme il aime à le dire. La radio en liaison direct avec les chefs de compagnies, annonce minute par minute la progression dans ce décor pesant, des grottes se dévoilent au fur et à mesure de notre avancée. Il est environ 8 h quand la 1ère compagnie de Subregis signale des rebelles planqués dans les éboulis de roches et ouvre le feu pour évaluer leurs forces. Nous progressons sur l'autre versant en bouclage, quand vers 8 h30 des éléments retardateurs se dévoilent. Cette formation de combattants du FLN, n'est plus armée de fusils de chasse comme avant mais d'un armement moderne avec des soldats disciplinés au feu, et des chefs de valeurs, connaissant parfaitement la progression dans ce milieu propice en caches permettant de tenir en respect l'adversaire. Plusieurs Mitrailleuses allemande MG, reconnaissables à la cadence de tir double du FM 24/29 et leurs redoutables tireurs d'élite qui à 800 mètres sont capables de vous loger une balle dans la tête. La chasse est déjà là, les T6, plus deux avions à réaction Vampire, fonts leurs sarabandes et larguent leurs roquettes télé- guidées par un fil métallique avec une précision d'horloger depuis l'avion donnant une précision chirurgical, je retrouve ces fils au sol. Les « bananes » déposent des sections pour fermer la nasse ou se ruent les rebelles. Des assauts furieux pour se dégager sont lancés par des groupes de fells. Situé sur un promontoire au bout du quel une falaise à pic interdit l'accès, je n'en crois pas mes yeux ! A 300 mètres au fond de l'oued qui se sépare en deux, une cinquantaine de combattants FLN, en file indienne se faufilent. Habillés en treillis kaki chapeau de brousse, vers un point de fuite. Le chef de section commande le feu des FM et des Mas 49, Fleurat s'en donne à cœur joie, les impacts volent autour des fuyards c'est la débandade sur le moment, aussitôt repérés nous sommes pris à parti par une MG et des tireurs d'élite, je suis obligé à chaque rafale de faire déplacer la pièce, leurs tirs sont précis, je vois plusieurs corps restés au sol. Pris à revers par sections de voltiges, ils se défendent sans faiblir, pendant que les grottes sont traitées au canon de 75 SR et au mortier par la C.A, l'aviation continu son travail de destruction. Des fells isolés se font tuer sur place, se sont de rudes combattants qui forcent le respect. Notre 3ème peloton de l'Escadron réussit à prendre une MG et font trois prisonniers, mais non sans perte le tireur FM Cassou du 2ème groupe reçoit plusieurs balles de MG dont une mortel, atteint à la tête il meurt aussitôt. La journée se passe en combats isolés où chaque groupes de rebelles et anéantis par des assauts meurtriers, chaque grotte, chaque rocher, chaque buisson, sont gagnés de haute lutte. Le soir arrive, les sections remontent les armes récupérés et les munitions, les postes radios vers le PC Bruno. L'Escadron ramène pour sa part deux mortiers anglais de 50, deux mitrailleuses MG, un PM Stati( italien),une MAT 49, sept fusils 303 anglais, un grand nombres de grenades, un sac de 50kg de cartouches, une trentaine d'équipements et de musettes avec des roquettes et des obus de mortiers. Bilan du régiment: 110 rebelles au tapis, 10 prisonniers, 7 mitrailleuses de modèles divers dont 3 FM , 3 mortiers de 50, 23 PM, 37 fusils de guerre. Nous dormons dans nos trous de combat en plein vent d'hiver, la neige se remet à tomber sur ce djebel où je prend la garde de 7 à 9 heures, frigorifié, j'entend siffler le vent redoublant sur ce sommet, je fume pour me réchauffer le nez. Vendredi 28 février Toute la nuit, des tirs sporadiques sur des fells qui tentent de s'échapper. Enfin le jour se lève sur un temps pâle et brouillé, le vent glacial souffle sur les touffes d'alfa, cette herbe à la forme de roseaux minuscules d'une hauteur de 60 à 80 cm, coupé à la saison et vendu sous forme de gros ballot à des intermédiaires pour être expédié par train dans des usines de transformation et que l'on retrouvent sous forme pâte à papier ou de sacs pour le transport du céréale, chargé à dos de chameaux, mulets, ânes, tout les habitants des hautes plaines prés-saharienne des Aurés et Nemmenchas travaillent à la récolte de ce produit recherché par les européens. Nous faisons des feux de cette herbe qui brûle facilement même en hiver. Le caporal/chef Thevenon et Devauchelle le tireur FM du 2ème groupe le pied foulé, sont évacué par un hélicoptère '' Banane''. Je reste en position jusqu'à 15 heures, puis repli sur les camions qui passent avec difficulté le col de Chéria enneigé. Nous arrivons à Youks-les-Bains à 19 h30 Fin d'opération. les 1er- 2 et 3 mars 1958. Une note de service de Bigeard pour le régiment: Propreté, cheveux coupés très près. Sport et chant renforcés. Tout ces jours sont occupés, au lavage de l'habillement, au nettoyage des armes, revue d'armes et de tenues pour les changes d'affaires HS. Sport poussé le matin, pour moi les coupes de cheveux du 4ème Peloton. Le capitaine Calès nous a félicité pour l'accrochage de Djeurf. Le sergent/chef Couture me donne ma solde de deux mois s'élevant à 31 964 Fr. |
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Ven Sep 23 2016, 09:28 | |
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Ven Sep 23 2016, 13:38 | |
| Garde du corps de Bigeard Adjudant Gza assasiné en 1959CHAPITRE 26 Le Colonel BIGEARD nous quitte. Le journaliste Fernand Carreras du journal d'Alger, fera paraître un reportage intitulé: «LE DJEBEL ROYAUME DU 3e REGIMENT DE PARACHUTISTES COLONIAUX » Pendant ce temps à Paris c'est la valse des gouvernements de la IV République, ils se succèdent sans retrouver une certaine stabilité; la question algérienne semble insoluble. Convoqué à Alger par le général Gilles, le colonel Bigeard doit céder sa place au colonel Trinquier, ce dernier attaché à l'état-major de Massu et gérant quelques intrigues politicienne. Les journalistes qui suivent les évènements de prés se perdent en conjonctures sur ce brusque départ du Patron, l'un d'eux dira « qu'il fait peur à la hiérarchie » Je me doutais bien que le moment venu, il aurait fallu qu'il passe la main à un autre, malgré tout la nouvelle tombe comme un coup de poing. Que se passe-t-il? Pourquoi maintenant ? Qui est le nouveau « patron »? Que de questions a laquelle nous discutons dans le peloton. Durant cette série d'opérations qui nous mènent comme un tourbillon d'avant la tempête, dans la neige des djebels au sable du désert, de Negrine à Bir el Ater, de Chéria à Djeurf. Les montés en échelon de nos chefs: le sergent/chef Rebouillet est passé adjudant, le sergent Veler, sergent/chef, le sergent Boudiou, chef également. Vers la fin du mois de mars 1958, le jeudi 20, tout le monde en tenue de sport Avec cousu dans le dos du survêtement le sigle de notre unité: E.J.A.(escadron de jeeps armées), nous allons défiler devant l'ancien est le nouveau patron du « 3 , le colonel Trinquier ce dernier un guerrier qui a fait toute l'Asie , en poste en Chine, il en a presque pris le profil asiatique. Nous sommes en place sur le terrain de sport le régiment au complet. Ils arrivent dans une Peugeot 203, puis nous passe en revue, le colonel Bigeard nous fait un bilan du travail effectué par le régiment durant son temps sous ses ordres. Une impression un peu incrédule flotte sur les visages de nos supérieurs, beaucoup depuis trente mois comme moi sont restaient fidèles à notre patron et à notre régiment, un peu ma seconde famille sans exagérer le mot. Je sent a sa voix qu'il en a gros sur le cœur mais ne laisse rien paraître, après l'accolade avec le colonel Trinquier, nous défilons en tenue de sport en chantons à pleins poumons « Les compagnons ». La veille , le colonel Bigeard a fait le tour des compagnies pour nous faire ses adieux . Le cantonnement méticuleusement nettoyé, Bigeard et Trinquier passent dans toutes les tentes de l'Escadron. Aux pieds de nos lit nous sommes alignés et répétons la leçon apprise, présentation: Nom, ancienneté, grade, c'est instant est solennel, c'est la première fois que je suis face à face avec lui, de ses 1m 80, il a un petit sourire en me regardant. Ouf ! Çà impressionne. Quand il passe devant Devauchelle, celui-ci se présente: « Devauchelle, 7 ans d'armée, deuxième classe !», Bigeard se tourne vers le capitaine Calès est dit: « mettez le 1er classe au moins ! » L'après-midi une fois la visite finie, je fais moniteur de conduite sur jeep pour les nouveaux venus, car nous manquons de chauffeurs à l'Escadron. . Dimanche 23 mars Je suis réveillé à 6 heure par le sergent, lavé, rasé, cheveux net, je met ma tenue de sortie avec décorations : Croix de la Valeur Militaire, Commémorative d'Algérie, Commémorative du Moyen-Orient, et partons le 4e et le 1er peloton au complet pour l'aérodrome de Tebessa. Nous devons faire un présentez-arme au colonel Bigeard. Tout les officiers sont là en grande tenue, notre nouveau patron le colonel Trinquier, marche à côté de Bruno qui nous passe en revue d'un pas lent, comme navré de nous quitter. Et très vite c'est fini, tout le monde repart comme avec un peu d'inquiétude dans le regard, qu'allons nous découvrir avec ce nouveau patron ? Bigeard partira accompagné de son fidèle commandant Lenoir, pour la base de Sidi-Ferruch via la France et sa Lorraine. Nous sommes autorisés de prendre un pot au foyer de la Territoriale de Tebessa, il est 11 heures, nous avons deux jours de répit, en attendant la reprise des opés. Le colonel Bigeard raconte dans son livre: J'ai mal, très mal... Que vais-je devenir sans ces léopards qui me sont plus proches que ma famille. Dans un dernier ordre du jour,Bigeard écrit: Je vous quitte...la vie est ainsi faite...On a toujours très mal lorsqu'on perd un être cher. Inutile d'épiloguer, vous savez la place que vous occupez dans mon âme et dans mon cœur. Vous étiez ma vie, ma joie , mes espoirs. Tournons la page. Le 3e R.P.C. A été, il est et il demeurera. Le régiment, dans une ambiance de jeunesse, de rendement, de parfaite camaraderie, a fait beaucoup. Sans perdre une seul arme, il a obtenu les résultats les plus brillants: Mille six cents rebelles tués, mille six cents prisonniers, mille neuf cents vingt armes saisies dont neuf cents vingt de guerre. Il a effectué le cycle complet de ce qu'on peut demander à une unité en A.F.N. Il a été le premier à lancer les hélicoptères. Il a été le premier à lancer la lutte contre le terrorisme urbain. Il a su s'adapter toujours très vite aux multiples missions qui lui ont été confiées... Tout cela réalisé sans bavure aucune, proprement, honnêtement...Soixante-seize de vos camarades ont été tués, deux cents vingt ont été blessés. Que leur sacrifices ne soit pas vain. Où que nous soyons, restons digne d'eux. De gauche à droite;Bigeard, Massu, Trinquier, Capitaine Léger Que Dieu vous aide et vous garde. |
| | | Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Ven Sep 23 2016, 16:32 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Ven Sep 23 2016, 17:18 | |
| Je pense que quelques un le lisent encore ??? BON !!! Je continue !! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Ven Sep 23 2016, 18:26 | |
| Opération « SOUKIES I » Cette ensemble d'opérations de janvier à avril 1958, à la frontière tunisienne entre Tebessa et Bir el Ater va engager plusieurs unités paras et blindés misent à la disposition du général Vanuxem qui sera remplacé par le général Sauvagnac. Cette portion de frontière est assez perméable, de l'armement venant du sud tunisien transporté par chameaux est infiltré par convois dotés de 6 à 10 chameaux chargés de munitions, d'armement, de médicaments, convoyés par des hommes connaissant parfaitement la région. Alors que des passages de combattants formés dans des camps tunisien tentent de forcer les divers point possible de pénétration en Algérie pour atteindre le djebel ou les attend le guide qui les dirigera sur le point de ravitaillement et de repos. Nous enchainons coup de main, embuscades dans le djebel inhospitalier toujours à plus de 1000 mètres d'altitude, début février, nous allons souffrir du froid et des tempêtes avec des pluies glaciales alors que dans la vallée le temps est supportable Lundi 24 mars 1958 : Départ du régiment à 8h, l'Escadron avec trois jeeps par peloton plus deux au PC du capitaine Calès notre commandant de compagnie fonctionnant avec deux deux radio. Trois GMC suivent pour transporter le reste de la compagnie, 17 véhicules dont 14 jeeps forment le convoi de notre unité, nous redevenons Escadron. Passant la ville de Tebessa, Oued- el -Abiod et Bir- el -Ater, la route goudronnée nous facilite la conduite à bonne allure puisqu'à 11 heures nous sommes sur les lieux de notre mission, sans un incident. Le régiment au complet se positionne sur un périmètre donné par le PC du colonel Trinquier. En attendant nous faisons du bronzage, après les corvées de jour et la vérification des véhicules, cela change du sale temps dont nous avons écopés dans le djebel en janvier et février. La chaleur monte en puissance au mois d'avril dans les Nemetchas. Cette partie du Grand Erg Oriental ( le sahara) ressemble a celle de ma dernière opération autour de Colomb-Béchar dans l'Erg Occidental. Je prépare mon poste de combat avec un trou individuel surmonté d'un muret de pierres plates qui ne manquent pas à cet endroit. Le sergent Pellegrini est aux anges de se voir faire une opération ainsi, pas de marche en vue, c'est la vie de château .De l'eau à volonté, et de quoi faire du feu . Mardi 25 mars: Nous sommes averti la veille, qu'un départ est prévu à 2 heures du matin pour le Djebel el Mandra à quelques encablures de la Tunisie. Nous roulons depuis plusieurs heures , le ciel n'est pas parfaitement noir, cela nous permet d'apercevoir à l'œil nu, la piste en triste état qui oblige à rouler doucement. Il est sept heures: les jeeps partent en reconnaissance très prêt de la frontière les GMC restent en attentent, le 3e peloton en tête du détachement nous averti que des gus fébriles s'agitent sur le sommet du djebel délimitant la frontière. Avec les véhicules, nous approchons en ligne . C'est évident, nous observant à la jumelle les Tunisiens mettent en batterie des mortier et une pièce d'artillerie, la troupe ennemie s'activent à faire des emplacements de combat, notre chef de section rend compte par radio au PC, nous devons prendre du recul, et attendre les ordres, il vaut mieux être hors de porté en cas de tir de mortier . La journée passe sans incident majeur. du 26 au 29 mars: Je fais du convoyage, reconnaissance en pointe sur les pistes et ouverture de route. Je roule de nuit comme de jour jusqu'à Ferkane et trois fois le parcours Bir-el-Ater, Soukiès soit 150 km sur piste abominable, la jeep résiste aux trépidations et à la poussière que dégage la piste. Dans cette environnement de sable volatile avec la jeep ouverte à tout vent, je suis recouvert d'une épaisse couche ocre qui pénètre partout, se laver n'est pas toujours évident. 30 mars au 1er avril 1958: Nous partons avec un Escadron de blindé sur Djeurf, et roulons jusqu'à 23 h30, puis restons en veille dans un endroit à l'abri des vues, le lendemain patrouilles de jeeps dans un décor lunaire et ocre rouge, on nous voie de loin avec les véhicules, ce que je risque c'est de sauter sur une mine. Le 1er avril embuscade avec les blindés, je n'y crois pas, les rebelles ne vont certainement pas se jeter dans la gueule du loup. 2 avril 1958: Je suis au fort de Soukiès à la frontière tunisienne tenu par la Marine. Sur cette portion de frontière, le barrage électrifié fonctionne à plein temps, le radar est capable de détecter à 10 kilomètres alentours une intrusion d'individus, la position détectée de l'intrus est envoyé par radio aux chefs de pièces des 75 long de marine qui matraque l'endroit, les blindés de la « herse » dans le même instant foncent vers le lieu présumé de tentative de passage. 3 avril 1958 Il est 1h 45,quand les canons se mettent à aboyer, je ne suis pas très loin des pièces d'artillerie, autant dire que le réveil est immédiat. Une forte bande rebelles détectée au radar tente de passer, nous sommes prêt en dix minutes et sautons dans les jeeps, le reste de l'Escadron en GMC suit le mouvement direction Bir-el-Ater. La légion dans les blindés sont presque sur place, des tirs se font entendre provenant de la herse. Arrivé sur les lieux du combat qui commence, nous laissons les jeeps, le peloton se porte en marche forcée sur une sortie de talweg sur la crête de ligne nous nous mettons en batterie alors que le combat bat son plein. Une forte bande évaluée à plus de trois cents rebelles vient de passer le barrage, les compagnies sont au contact. Quelle surprise tout à coup de voir une troupe en treillis avec chapeau de brousse, marchant en colonne en face de nous à 3 ou 400 mètres , je dis à Cadet: « ils sont complètement cinglés ces mecs, ils veulent jouer aux héros, encore les troufions d'un fort qui veulent leur part du gâteau! » « Ah ! Les connards, attend qu'ils tombent sur les fells » dit René. La radio grésille à côté du chef de section et soudain on nous tire dessus, le PC signal que se sont des fells qui proviennent de Tunisie que nous voyons passer. Tout l'Escadron comme un seul homme s'aplatit au sol, et j'imite les autres, je rassemble des cailloux et les poussent devant moi en protection, nous sommes sur une élévation de terrain et pas un rocher à proximité pour me faire un rempart. Le FM bien calé derrière un petit monticule de cailloux, je rassemble devant moi plusieurs gros bout de roche et une fois ainsi protégé, je commence le tir par petite rafales, et aussitôt je change de place, une volée de balles nous passent au raz de la casquette, mais un ordre du sergent ancien d'Indo nous averti que des tireurs d'élites sont en action dans la katiba des combattants du FLN. Vers quinze heures, les rebelles ont déjà sérieusement dérouillés en amont avec les compagnies du « 3 » postées depuis deux heures ce matin en embuscade, une piste ou l'avant garde ennemie n'a rien vu et quand la katiba s'est engagé dans la nasse le déclenchement de nos tirs les ont surpris. De grosses pertes dans leurs rangs en début d'accrochage, comme les katibas ne marche pas sur la même piste, ceux que l'on voit font partis d'une autre bande. Se sentant découvert ils engagent le combat en troupe disciplinée, çà tire de partout, quelques uns du peloton pour voir les départs de tirs, lèvent leur casquette accrochée au bout de la baïonnette d'un MAS 36 est dépassant au dessus. Cela ne se fait pas attendre l'effet est immédiat, une balle traverse la casquette, le tireur est de qualité, à plusieurs endroits les casquettes soulevées sont avec une grande précision touchées en plein milieu, se qui permet de voir les départs de tirs Mon copain Jean Bertho de la voltige à cinq mètres de moi soulève sa casquette avec son poignard, çà ne tarde pas, une balle avec un floc, traverse la casquette sur le côté en la faisant tournoyé, que s'est-il passé?, a-t-il voulu voir en levant la tête au même endroit? Soudain un cri du sergent, « Bertho! » je tourne la tête vers lui, juste pour voir ces jambes s'agiter dans un soubresaut, la tête au sol. L'infirmier accourt pour constater sa mort, tuer sur le coup il n'a pas eu le temps de réagir. L'adjudant Rebouillet gronde de colère :« arrêtez vos conneries ! Vous voulez le rejoindre !, c'est un tireur d'élite ! » car ce jeu de la casquette est sacrément dangereux, le fell après avoir tiré n'a pas décalé son fusil à lunette, il a tiré une deuxième balle aussitôt, le coup imparable ! . L'ordre impératif si on veut pas une balle dans la tête, s'est de se déplacer après chaque tir en ce protégeant d'un rempart de pierres. En même temps la chasse à fort à faire pour réduire les poches de résistance et mitrailler les fuyards. Il ce passe pas un quart d'heure quand un gars de l'autre peloton est touché d'une balle dans la cuisse en changeant de position en rampant à quatre pattes, puis c'est Fayeule du 3e peloton touché au flanc juste avant que la chasse straffe des roquettes sur une cavité d'où le tireur faisait ses cartons mortels, sa planque est pulvérisée elle disparaît dans un nuage de poussière. Ainsi prend fin cette opération qui a vu la destruction presque totale d'une bande importante et bien entrainée avec un armement équivalent au nôtre. Nous descendons de notre position pour participer aux fouilles de cet endroit chaotique très difficile d'accès. L'armement dénombré de cette katiba était de: 3 MG, 5 FM, 4 PM, 14 mauser, 80 fusils ''303 ''anglais, des grenades italienne, une tonne de munition. Notre camarade Jean Bertho sera transporté en hélico ainsi que les deux blessés. C'est une perte immense pour notre peloton, un garçon de ma promotion qui a toujours était d'une douceur à l'état pure. Taillé d'une seul pièce il avait une carrure impressionnante . Natif de Normandie son père était maire du village. i l nous a quitté sans un cri. Un brave Para d'une fidélité à toute épreuves ! Mourir à vingt ans c'est moche !! |
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Lun Sep 26 2016, 17:48 | |
| Chapitre 28 Opération « SOUKIES II » Opération de FOU-EL-MECHRA ------------- Après un bref repos dans notre base avancée de Négrine, le temps de remettre le matériel en ordre de marche, surtout les jeeps qui souffrent de rouler sur des pistes caillouteuses, les pneus sont malmenés par l'agressivité du terrain. Je suis heureux de retrouver l'oued du fort de Négrine, avec ses excavations naturelles en forme de piscine ou une eau limpide est fraîche coule en cascade pour finir sur une sorte de plage faite de galets arrondis et bordée de lauriers rose, un petit paradis dans cette région aride, étonnant décor en bordure du Grand Erg Oriental, c'est le début du Sahara. 7 avril 1958 -20 heures Le temps de réviser notre équipement, la dotation de munitions, la propreté des armes et le plein des bidons, nous sommes avertis d'un départ cette nuit pour une intervention éventuelle sur un passage de rebelles à la frontière tunisienne. Les compagnies sont maintenant sur la piste et notre Escadron commandé par le capitaine Calès, se positionne en bouclage sur un itinéraire emprunté par les bandes venant de Tunisie. 8 avril 1958: 5 h 30. J'apprends que l'embuscade tendue par la 2e compagnie du capitaine Planet est payante; une bande de HLL s'est jetée dans la nasse, l'accrochage est violent, panique dans la Katiba qui cherche à fuir par les hauteurs. L'escadron fonce vers la position de la 2e compagnie avec nos jeeps sur une piste difficile accée, il faut par tous les moyens, bloquer les fuyards. Nous sautons des jeeps et prenons au pas course les lieux de la fusillade, le peloton de tête tombe sur un groupe de fells en fuite ils sont neutralisés presque à bout portant, les tireurs FM mitraillent l'arme à la hanche au hasard dans les fourrés touffus de l'oued, alors que la voltige vide chargeur sur chargeur, faisant une terrible ligne de feu infranchissable. Nous n'avons aucun blessé ; c'est un miracle ! Nous récupérons une mitrailleuse MG, un FM et 12 armes de guerre 16 rebelles perdent la vie. Durant ce temps les T6 venus à la rescousse traitent les zones difficiles d'accès à la roquette, maintenant la bataille fait rage de partout deux à trois katibas sont dans la nasse, l'artillerie pilonne un versant du djebel; quand soudain un T6 avec un panache de fumée disparaît de ma vue, il va se crashé au sol. Vers dix heures les chars sont passés et prennent à partis des éléments en fuites. Les canons tonnent, le vacarme de la bataille résonne dans un grondement continu. Vers onze heures nouvelle accrochage avec une forte résistance de la part des rebelles, c'est encore Planet qui est en première ligne. Les héliportages se succèdent à un rythme infernale, la troisième compagnie du capitaine de Llamby héliportée, se trouve au contact presque aussitôt, sa ferraille dure dans leur secteur. Il est 13h 30 quand nous sommes héliporté à notre tour au plus prés de la bagarre, je suis en troisième rotation des Sikorky, à l'arrivée il faut faire un saut de plus de deux mètres pour toucher le sol, que le Siko est déjà entrain de s'élever, le bruit assourdissant des pales brassant l'air, se joint à l'odeur d'huile brûlée du moteur, l'hélicoptère dans un dernier effort s'élève péniblement, vibrant de toute sa carcasse, prend de la hauteur et part chercher une autre cargaison de paras. Nous marchons au canon pour couper la route au fells qui galopent vers le seul point de sortie. C'est nous qui arrivons les premiers. Le contact est brutal, je suis en position avec le groupe FM sur une passe entre deux rochers quand la galopade des premiers fuyards apparaît à 50 mètres, le feu de toutes les armes est simultanés, les lances grenades font mouchent, cela n'arrête pas l'élan des combattants rebelles, ils viennent buter mais en vain sur notre ligne de feu, cent paras font parler les armes de toute leur puissance, c'est un roulement continu l'air est saturée de l'odeur de la poudre. Pas un ne réussi à passer le barrage de feu, la voltige lancée en avant, balancent les grenade par bonds, les points possible ou s'abritent les combattant du FLN sont détruits, C'est un carnage. . Cela dure dix minutes intense, avant l'assaut des pelotons, je me suis déplacé pour mieux protéger mon équipe voltige, je mitraille le versant du talweg ou des fells se sont abrités derrière de grosses roches, le deuxième peloton contourne les gus retranchés et les allume, pris entre-deux feu, certains se rendent les autres se font tuer sur place. A seize heures, tout est finie, la fouille et la récupération des armes, le dénombrement des cadavres HLL, un court arrêt pour reprendre notre souffle et déjà, un héliportage de l'Escadron pour rejoindre nos jeeps, laissées à la garde de plusieurs éclopés, les camions du groupe de transport sont arrivés pour ramener une compagnie je pense que c'est celle de Planet et le PC avec également la compagnie d'appui portant ses mortiers et ses canons de 75 SR. Nous revenons sur Soukiès par une piste en mauvaise état. Il est 19 heures. Le bilan est significatif pour notre seul régiment du 3e R.P.C, durant ces quinze jours d'opération, avec « Soukiès I » et « Soukiès II » et « Méhari »: -------------- Pertes rebelles pour l'ensemble des opérations = 420 Prisonniers = 102 Arrestations = 106 Armement récupéré : 345 Mitrailleuses = 14 Fusils-mitrailleurs = 11 Pistolets-mitrailleurs = 62 Mortiers de 50 = 3 Pia = 2 Fusils = 253 Divers: fusils de chasse = 5 5 tonnes de munition 5 dépôts de vivres Médicaments et documents Malheureusement pour notre régiment; des pertes , nos camarades de combat. Pour notre seul unité, il y a: 11 tués dont 1 officier 18 blessés dont 2 officier 00000000000 |
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Lun Sep 26 2016, 18:20 | |
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Mer Sep 28 2016, 04:49 | |
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| Sujet: Re: Mon parcours au 3ème RPC de Bigeard Mer Sep 28 2016, 20:12 | |
| Chapitre 29 Le 13 mai 1958 à Alger. Manifestations explosive. Le général Massu, avec sa grande notoriété devient vite le symbole des Algérois, un climat d'inquiétude règne sur Alger comme à Paris. Une France rongé par la discorde, sans autorité, la gauche et la droite dans une bataille sans fin se déchirent. Le gouvernement de la IV République, change trop souvent .René Coty assume dans une attente passive. Les évènements s'enchainent. Nous sommes le 15 avril 1958 et Félix Gaillard vient d'être renversé. En Algérie des comités de Salut Public se forment en particulier celui de Lagaillarde, un parachutiste tonitruant entrainant dans sont sillage une meute désordonné. Salan, commande les forces en Algérie avec Massu responsable du grand Alger. L'Algérie est lasse de voir que rien n'est fait pour la population vivant dans la terreur des attentats, les directives ne viennent pas. Le 28 avril 1958, trois soldats français prisonniers de l'ALN sont fusillés à Sakiet en Tunisie. C'est le tollé général des Européens d'Alger demandant que ces morts soit vengés. Les anciens combattants, demandent qu'une grande manifestation soit faite au monument aux morts afin qu'un hommage soit rendu à aux trois soldats assassinés par le FLN. Je suis cantonné à Sidi-Ferruch. Avec notre Escadron à 136 paras, dans cette colonie de vacance abandonnée au beau milieu de cette forêt de pins à quelques centaines de mètres de la magnifique plage Morétti. Il est a prévoir que tous ces évènements qui agitent Alger ne va pas nous laisser vivre en touriste. Le colonel Trinquier connaissant les affaires en cours et les remous qu'elles vont provoquées fait venir le régiment dans Alger. Nous sommes réinstallés dans cette école de sourd-muet que nous avions en juillet 1957. L'Escadron au complet va faire du maintien de l'ordre dans un 13 mai qui s'annonce mouvementé. Affecté avec nos jeeps autour de la place du Gouvernement Général, nous sommes chargés de canaliser la foule et la contenir. Tôt le matin, notre compagnie est en place, les véhicules servants de barrage afin de dégager l'espace du forum. L'ambiance est électrique, les commerces, magasins, transports et administration sont fermés ou en grève. La matinée se passe à poser des barrières de sécurités autour du Gouvernement Général, siège du pouvoir français d'Algérie, appelé par tous le « GG ». Nous mangeons sur place notre boite de ration, car déjà la foule s'annonce déterminée avec drapeaux et banderoles, des groupes de musulmans venus des bleds alentour, certains en burnous blanc avec les décorations pendantes accrochés. La foule devient énorme, compact. Une rumeur immense avec des chants patriotiques entonnés et repris par les Européens, des drapeaux tricolore et de nombreuses bannières sont brandit et agités se dirigeant vers le monument aux morts. Des véhicules munis de haut-parleurs lancent des slogans dénonçant l'abandon par nos politiques de la situation algérienne en crise. Les autorités prévus à 15 heures pour la cérémonie du monument aux morts est reportée à 18 heures, ce qui permet à cette foule de grossir d'une façon impressionnante, et s'agglutiner sur le passage des généraux Salan, Massu, Allard et Jouhaud se rendant aux monuments aux morts ou se trouve massés les anciens combattants venus de partout pour montrer leurs déterminations. Des gerbes sont déposés au pied du monument, puis le cortège des officiels s'éloigne. Durant ce temps le meneur des étudiant; Pierre Lagaillarde un colosse, farouche défenseur de l'Algérie Française, ancien para réserviste en tenue camouflée le béret rouge sur la tête rameute avec l'aide de ses étudiants la foule vers le forum se trouvant à côté du GG. Soudain la grille d'entrée est enfoncée par un de nos GMC subtilisé par les émeutiers, c'est la rué vers l'immeuble Lagaillarde en tête grimpant les étages, tous se ruent dans les bureaux qu'ils saccagent, je vois des tas de dossiers voler par les fenêtres suivis des machines à écrire qui viennent s'écraser au sol. Les CRS sont harcelés par les émeutiers. Imités par des habitants d'immeubles des rues adjacentes, projettent sur les CRS depuis les étages, des seaux d'eau des objets et même des pièces de monnaie en crient « Allez vous en ! Partez en France ! », des jeunes venus en découdre avec la police ont renversés des véhicules qu'ils incendient, les jets de pierres pleuvent sur les CRS déployés ne sachant ou donner de la tête, je réussi à prendre deux photos de la scène, et de notre équipe au forum à côté des jeeps. Une armée de photographe, reporter, film l'évènement. Je suis en accord avec leurs revendications. La France prise dans les remous d'une politique qui désagrège le pays, avec un parti communiste virulent en métropole comme en AFN. Au cri de « Algérie Française ! Algérie Française! » la foule surexcitée, agite avec frénésie ses drapeaux, ses banderoles, des autos munis de haut-parleurs interpellent cette marée humaine pour manifester contre cette politique d'abandon par nos élus. Un comité de salut public est formé après accord du gouvernement afin d'exiger que l'Algérie reste parti intégrante de la métropole au même titre que nos départements Français. Ce balcon du GG ou beaucoup des têtes galonnés et étoilés vont faire leurs apparitions devant la foule rassemblée, tel le général Massu, ayant constitué son comité avec les colonels Trinquier, Ducasse et Thomazo ainsi que neuf civils; tous ses personnages vont faire le monter la pression par des discours convaincants. Il faut sauver la France et l'Algérie. Dans cette démonstration de solidarité et des discours d'espoirs, la foule déchainée acclame Massu et demande l'armée au pouvoir avec De Gaulle à sa tête. Cela devient aberrant de voir cette foule crier des slogans dans un climat de tension extrême, l'air est surchauffé presque électrique. Avec mon peloton l'adjudant Rebouillet est mon groupe somme retranché derrière nos jeeps, car les poussées de cette foule en folie devient inquiétante. Des cris de « Vive les Paras! Vive Massu! L'armée au pouvoir ! Vive De Gaulle » Je pense que l'on aurait pu leur faire crier n'importe quoi tellement la tension est à son paroxysme!. Même les Arabes venus de leurs bleds ne sont pas trop rassurés, pris dans ce tourbillon de folie collective j'entends les « you! You! » des femmes berbères comme une longue litanie stridente, cela doit exciter les Arabes car certains danse maintenant avec des cris. Le soir arrive, la foule qui doit commencer à avoir faim se disperse doucement pour rentrer soit dans sa cagna soit dans son immeuble européen. La musique militaire qui s'est époumonée à jouer l'Hymne National dont nous avons les oreilles rabattus, située à 30 mètres de nous, elle à dû battre des records de durée; les hommes sont exténués d'avoir resté debout en plein soleil, je les plains de tout cœur. Pour notre part nous avons l'eau et la nourriture dans les véhicules pour 24 heures. Nous sommes fourbus de cette cohue et de cette attente où tout peut arriver d'une foule en délire. Nous pouvons enfin rentrer à notre casernement pour dormir. Les 3 jours suivants vont être de même, les rassemblements compacts la foule bruyante de Pieds-Noirs et d'Arabes, venus dans l'espoir d'une intégration et d'une paix souhaitée dans la réconciliation du peuple entre Français et Musulman. Mais les évènements sont tout autres, avec un gouvernement qui tarde à prendre une décision, De Gaulle est demandé au pouvoir et pour forcer cette demande, l'état-major m'est en alerte notre régiment, c'est ainsi que je vais passer plusieurs jours en alerte maximum dans ma base de Sidi-Ferruch, prêt à embarquer dans un Nord 2501 pour être largué sur les Champs Élysée, si De Gaulle n'obtient pas l'investiture. Nous sommes le 29 mai 1958, ce coup de force militaire faisant partie d'un plan appelé « Résurrection » doit permettre à plusieurs régiments parachutistes d'occuper, une fois le saut effectué tout les points stratégiques de la capitale, avec le ralliement des troupes au sol. Le saut est prévu pour le 30 mai sur la capitale, les événements se précipites, René Coty annonce au Parlement qu'il fait appel au Général De Gaulle pour prendre sa place et dénouer cette crise grave, les communistes, l'extrême gauche comme l'extrême droite, se prépare au pire, le ministre de l'Intérieur Jules Moch est prêt a donné l'arsenal d'armes a ces derniers, les risques sont grands, tous sont sur le pieds de guerre pour nous affronter. Des échanges incessants de télégrammes entre le Président de la République René Coty et le général De Gaulle pour trouver une solution immédiate avant l'irréparable coup de force militaire qui se précise font pencher la balance dans le raisonnable. Mais l'action est déjà partie en métropole: Le général de Rancourt se fiant au premier télégramme reçu, a donné l'ordre aux avions du Sud-Ouest de se diriger sur Paris, heureusement, l'annulation de cette mission par Salan et la mise en veilleuse du plan « résurrection » jusqu'au 3 juin nous laissera un peu d'espoir. De Gaulle recevant l'investiture le 1er juin, notre aventure parisienne prend fin et le plan est annulé. Nous sommes donc restaient à notre base de Sidi-Ferruch, mais pas pour longtemps,. Le général De Gaulle pour rassurer, entreprend une tournée algérienne afin de rencontrer les comités de salut public. Dès le 4 juin nous sommes en mission pour accueillir le nouveau Président, je veux plutôt dire en maintien de l'ordre sur tout le parcours que va emprunter De Gaulle et son cortège officiel, pour ma part je suis détaché avec mon groupe à la protection de la résidence à Soustelle. Ainsi se sera une liesse des populations que visitera ce nouveau chef de gouvernement dans les cinq grandes villes d'Algérie: Alger, Oran, Bône, Constantine et Mostaganem. Aux cris de « vive De Gaulle ! Toute ces populations des villes augmentées des européens et des musulmans des campagnes que l'on a ramenés en véhicules divers pour être sur le passage de celui qu'ils considèrent presque comme le messie et que la paix entre Français et Musulmans va enfin connaître une hère nouvelle, que le FLN va disparaître et tout va s'arranger. La suite des événement va prouver combien les paroles sont a double facettes. |
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