5 Février 1956 :
A Oran manifestation de musulmans pro F.L.N., elle dégénère en pillage, 7 bijouteries israélites sont mises à sac ainsi que 20 autres commerces dont deux cafés vidés de leur anisette, 15 voitures, deux autobus sont renversés et brûlés.
Les forces de l'ordre sont lentes à intervenir, il y a bagarres, les manifestants ont un tué et deux blessés, les forces de l'ordre 6 blessés, 13 arrestations.
A Aïn Farroun, le receveur des PTT tué par un terroriste.
6 Février 1956 :
Mollet malgré tous les avertissements (mais sans doute Catroux avait cru désamorcer les oppositions et lui avait demandé de venir) a tenu à venir à Alger, il est accueilli par une atmosphère d'émeute, lors du dépôt d'une gerbe au monument au mort, les tomates pas toutes mûres volent, les C.R.S. chargent, 14 blessés.
La nomination du général Catroux avait soulevé une protestation unanime, depuis ceux que l'on appelait les activistes jusqu'aux libéraux comme Jacques Chevalier.
Il avait été gouverneur général de l'Algérie en 1944, mais le fait d'avoir négocié à Antsirabé le retour de Mohammed V lui avait aliéné beaucoup de sympathies.
On ne peut dire que sa nomination n'ait pas passionné l'opinion. Guy Mollet s'en apercevra lorsqu'il atterrira à Maison - Blanche.
Cependant, le général Catroux s'était efforcé de dissiper les inquiétudes des Européens.
Il déclarait que le plan que se propose d'appliquer le gouvernement tiendrait compte du caractère spécifique du pays avec ses deux communautés.
Et de plus, qu'il n'existe aucune base historique à la reconnaissance d'un Etat algérien.
Il ne pouvait en outre "être question de laisser porter atteinte aux liens qui unissent l'Algérie à la métropole".
Si le gouvernement entend faire droit aux revendications de la Communauté musulmane,"il ne veut, en aucun cas, transformer le pays en un Etat national fatalement promis à l'indépendance."
Le général Catroux qui avait aussi déclaré : "Ce ne sont pas des menaces qui me feront fléchir. Si je dois mourir dans une émeute, je suis prêt à mourir" et qui affirmait "marcher au son du canon", donna, avec beaucoup d'honnêteté intellectuelle, sa démission lorsqu'il se rendit compte de l'hostilité qu'il rencontrerait et des incidents sanglants que son arrivée à Alger allait déclencher .
D'après Jouhaud, Ô mon pays perdu, Fayard, 1969.
Les émeutes du 6 Février (comme d'ailleurs le départ triomphal de Soustelle) avaient été organisées par le Comité Républicain d'Action Universitaire, dont un des leaders était jacques Lambert.
Ce dernier après la dissolution du CRAU prit la tête du Front National pour l'Intégration et la Fraternité, en 1959, fut élu maire d'Alger Centre, et fut mis en camp de concentration en 1960, suspect d'activisme.
Un autre groupe, celui-là gaulliste, mené par Biaggi et à Alger par Ribaud y participe. Biaggi et Ribaud rejoindront Bidault et le FN. Les autres organisateurs de cette conduite de Grenoble furent Mario Faivre et André Achiary.