BIANCO Désiré
Le premier des Mille
Désiré Bianco naît le 4 avril 1902 à Marseille.
En 1914, lorsque la première guerre mondiale éclate, le jeune Désiré est élève de l’école primaire du quartier Menpenti, dans le 10e arrondissement.
.Désiré Bianco ressent le désir ardent de se battre pour la France, aussi va-t-il chercher par tous les moyens à rejoindre le front. Le 6e régiment de Hussards a son casernement à Marseille, et envoie régulièrement des détachements sur la Meuse. En janvier 1915, puis en mars de la même année, Désiré tente, à deux reprises, de se glisser parmi les soldats. Découvert, il est par deux fois, renvoyé dans sa famille.
Qu’à cela ne tienne ! Toujours aussi volontaire, il se rend au port de Toulon et réussit cette fois à embarquer avec le 58e régiment d’infanterie coloniale, sur le paquebot « La France » en partance pour la campagne des Dardanelles.
Le navire est en haute mer lorsque le soldat Louis Nicolas le découvre dans sa cachette. N'ayant pas l'âge minimum pour pouvoir être incorporé officiellement, le gamin devient la mascotte du régiment. On le dote d'un fusil et d'un uniforme de marsouin. Débarqué le 6 mai sur la plage de Gallipoli, Désiré Bianco se trouve comme ses camarades, pris sous le feu des mitrailleuses turques.
Le lendemain, le régiment, qui monte à l'assaut d'un fortin bâti sur une crête, subit de lourdes pertes et se trouve immobilisé à cent mètres de la position ennemie. L'ordre est donné de repartir à l'assaut.
Il n'a que 13 ans !
La suite de son épopée est racontée par l’un de ses camarades, le soldat Pechamat du 58e R.I.C.
« Débarqué avec nous, Désiré Bianco vécut notre vie et participa à tous les engagements auxquels prit part notre régiment.
Avant l’attaque générale du 8 mai 1915, le lieutenant Asquier, commandant la compagnie, prit le fusil et la baïonnette de Bianco et lui remit son sabre, Bianco devant rester dans la tranchée.
Quand ce gosse vit notre départ, il ne put se maîtriser et s’élança à la tête de la compagnie, levant le sabre du lieutenant et criant « En avant, à la baïonnette ! ».
Atteint de plusieurs balles, Désiré Bianco fut tué à quelques mètres du fortin ennemi. »
Le 30 août 1916, le général Cordonnier, commandant l’armée française d’Orient, lui décernait , avec l'accord du général Joffre, une citation à l'ordre de l'armée, en rendant hommage à sa fin héroïque.
Le corps du petit héros marseillais ne fut jamais retrouvé. C'est en 1935, lorsque fut créée la Légion des Mille, institution honorifique regroupant les mille plus jeunes combattants volontaires de 1914 - 1918 que Désiré Bianco fut reconnu comme le premier d'entre eux.
Une rue de Marseille porte son nom et une stèle a été élevée en sa mémoire, sur le square du 4e RIMA, à Toulon. Le président de la république Gaston Doumergue dira de lui "Le nom de cet enfant pourrait être inscrit au Panthéon des grands Français". Le conservateur du musée des troupes de Marine de Fréjus, le lieutenant - colonel Champeaux estime que "son histoire, faite de courage et de dévouement, mériterait d'être racontée dans les écoles".
Plus que son sacrifice final, c’est la persévérance et la volonté de servir de cet enfant - soldat qui imposent l’admiration.
Et c’est cette constance dans l’abnégation qui met Désiré Bianco à la première place bien méritée de la Légion des Mille.