Jean Antoine Toussaint Graziani naît à Mondovi,
en Algérie, en 1926.
Son enfance turbulente se déroule à Alger.
En 1942, il a seize ans lorsque l' armée américaine débarque en Algérie.
Brûlant de se battre, il s'engage aussitôt dans ses rangs.
Détaché dans l'armée britannique, puis libéré,
il rejoint comme volontaire les forces françaises de l'Intérieur,
est affecté à l'infanterie de l'air, et se retrouve ainsi en Ecosse,
pour y suivre l'entraînement des commandos parachutistes SAS.
Nommé 1e classe, affecté au 3e SAS, aux ordres du commandant Chateau-Jobert,
il est parachuté en France afin d'y effectuer diverses opérations de sabotage
et ralentir ainsi la retraite des troupes allemandes.
Tous ses compagnons sont blessés.
Cette mission accomplie, il est nommé sergent,
avant d'être envoyé en Hollande,
pour y participer à une nouvelle mission très périlleuse,
l'opération Amherst, qui entraînera la perte de vingt-cinq pour cent des effectifs
La guerre terminée, après être passé par Coëtquidan,
il est promu sous-lieutenant et se porte volontaire pour l'Indochine,
où il débarque en 1946. Durant l'année 1947,
il mène plusieurs actions contre le Vietminh,
qui lui valent d'obtenir le grade de lieutenant.
Après un séjour en France et en Algérie, il retourne en Indochine,
au sein du 3e BCCP, où il mène une vie d' aventure,
faite de très durs combats, mais aussi de "dégagements" au cours desquels femmes et
alcool adoucissent la vie du guerrier.
En octobre 1950, le lieutenant Graziani est fait prisonnier par le Vietminh.
Evadé puis repris, il restera quatre années dans les geôles ennemies,
où il sera un exemple pour ses compagnons d'infortune, avant d'être libéré en septembre
1954, et rapatrié le mois suivant.
En 1955, il est affecté au Maroc, à l'état-major,
et reçoit ses galons de capitaine.
C'est en 1957 qu'il sera muté en Algérie pour y participer
à la bataille d'Alger dans le cadre du 2e Bureau de la 10e DP.
En juillet 1958, il est affecté au 6e RPC, où il reçoit le commandement de la 4e compagnie
. En octobre de la même année,
il est blessé par un éclat de grenade dans la poitrine lors d'une opération à Palestro.
Mal cicatrisé, il s'échappe de l'hôpital de Tizi-Ouzou où il est soigné,
pour rejoindre sa compagnie.
Ses hommes lui vouent une véritable adoration.
Le 6 janvier 1959, le 6e RPC accroche trois katibas et un commando zonal,
représentant un effectif de six cent hommes.
Pour rompre l'encerclement,
les troupes d'Amirouche lancent un violent assaut sur la 4e compagnie.
Un furieux combat au corps à corps s'engage
. A la fin de l'engagement, on dénombre 300 tués chez les rebelles,
mais on déplore aussi 21 tués et 32 blessés chez les parachutistes du 6e RPC.
Le capitaine Graziani, toujours en tête de ses hommes,
a été mortellement blessé d' une rafale de pistolet-mitrailleur.
Evacué par hélicoptère à l'hôpital de Tizi-Ouzou,
le capitaine Graziani meurt le lendemain. Il a trente-trois ans.
Le colonel Romain-Desfossés prononcera son éloge funèbre en ces termes :
- Citation :
Salut, enfin, au capitaine Graziani.
Héros au sens propre du mot.
Violent, ardent, passionné, sans détour et sans calcul,
parfois excessif, toujours droit, cherchant sans cesse
à reculer les limites de ce qu'on peut exiger de soi-même.
Il est un symbole, le symbole de cette jeunesse qui a la foi,
le symbole de ces jeunes capitaines,
qui sont le symbole de notre armée.
Tour à tour moine-guerrier, père de famille, héros, soudard et aventurier,
Jean Graziani a eu la vie qu'il voulait, et la fin glorieuse qu'au fond de lui,
il cherchait.
Deux fois blessé, sept fois cité, mort au champ d'honneur
, le capitaine Graziani, officier de la Légion d'honneur,
était titulaire de nombreuses décorations
et notamment de la médaille militaire obtenue à dix-huit ans
, de la croix de guerre 1939/1945,
de la croix de guerre des TOE
et de la croix de la valeur militaire.
GRAZIANI J.A.T.