Les Grands Combattants VolontairesSASSI Jean et les JedburghsJean Sassi naît en 1917, dans une famille corse. C'est au cours de la deuxième guerre mondiale, que Jean Sassi va démontrer ses qualités de patriote et de combattant volontaire hors du commun.
Après avoir participé à la campagne de France, ayant pu rallier les corps francs d'Afrique, il en découd d'abord en Tunisie, contre les forces de l'Axe.
Son histoire se confond ensuite avec celle des Jedburghs, une force spéciale créée en 1943 en Angleterre, en vue de parachuter de nuit sur la France occupée, des commandos dont la mission sera de rallier les maquis, les encadrer, leur donner des armes et leur en apprendre le maniement, puis le moment venu, les mener au combat contre l'occupant allemand.
Ces Jedburghs, les "Jeds" viennent de divers horizons, et doivent subir des épreuves de sélection extrêmement sévères, avant d'être admis. Les élus seront au nombre de 300, dont 100 Anglais, 100 Américains et 100 Français.
Jean Sassi passe avec succès les épreuves de sélection. Commence alors pour lui l'entraînement qui est celui des commandos d'élite: les Jeds étant destinés à être parachutés par groupes de trois hommes, doivent acquérir des compétences et des réflexes poylvalents:
le Jed est un commando, un partisan, un saboteur, un transmetteur. Jean Sassi apprend à utiliser toutes les armes, y compris le poignard.
Il lui faut savoir se battre et tuer à mains nues, utiliser les explosifs, les appareils radio, envoyer, recevoir, chiffrer et déchiffrer des messages codés.
Au terme du stage de formation de six mois, les deux derniers jours sont consacrés à effectuer cinq sauts en parachute, dont deux par mauvais temps, à Ringway, près de Londres.
Les cent commandos français retenus sont réunis par leur chef, le commandant Saint-Jacques, qui leur tient ce discours édifiant:
Vous serez les premiers à combattre sur le sol français,
mais vous paierez cher ce privilège
car soixante-quinze d'entre vous mourront au combat,
dans quelques semaines.
Ceux qui survivront n'auront aucun droit particulier,
ni prime, ni décoration, ni galon, ni gloire.
Quant à ceux qui seront tués, ils le seront dans l'anonymat, la solitude.
Ils connaîtront la mort lente, infamante, sous la torture, l'épouvante,
et personne ne saura ni où, ni quand, ni comment.
C'est ainsi que durant la période précédant le D-Day du 6 juin 1944, et aussi pendant et après le débarquement, les cent équipes de Jedburghs sautent sur le territoire français. Jean Sassi et ses deux coéquipiers sont largués sur le Vercors, haut-lieu de la Résistance où, en coordination avec le commandement allié, ils vont brillamment mener à bien leur mission.
Aux côtés des maquisards, ils tendent des embuscades, attaquent des convois allemands, détruisent matériels et véhicules, obtenant des succès extraordinaires et favorisant une avancée rapide des forces alliées débarquées en Provence qui peuvent remonter jusqu'à Lyon, très en avance sur le programme fixé par le Commandement Suprême Interallié.
Le territoire français libéré, une autre aventure attend Jean Sassi en Extrême-Orient.
En novembre 1944, il retrouve quarante de ses camarades Jedburghs à Ceylan, dans un camp secret, pour y apprendre à combattre l'armée japonaise en Birmanie.
Affecté à la Force 136, parachuté au Nord-Laos en juin 1945, il y affrontera durant plusieurs mois en brousse non seulement les soldats japonais mais également les pirates chinois et le Vietminh.
Après un intermède de quatre ans en France au 11e bataillon de choc, le capitaine Jean Sassi repart pour le Laos dans le cadre du Groupement de Commandos Mixtes Aéroportés, le fameux GCMA . A la tête de partisans Méos, redoutables guerriers maniant aussi bien l'arme blanche que le fusil, il affronte les forces du Vietminh avec succès, préservant le pays de l'invasion.
Les radios français de la Force 136 à Calcutta,
avant leur départ pour l'Indochine.
Jean Sassi est le plus grand au fond.
Avril-Mai 1954: c'est Dien Bien Phu.
A la tête d'une armée clandestine de 2.000 maquisards méos et laotiens encadrés par plusieurs officiers français, le capitaine Sassi part à marche forcée pour se porter au secours de la garnison assiégée mais le général Navarre ayant trop hésité à donner son autorisation, en dépit de l'insistance du colonel Trinquier, il est trop tard.
Celle-ci a succombé sous le nombre vingt quatre heures avant leur arrivée. Les maquisards vont alors se retirer, tout en s'opposant aux forces du Vietminh qui cherchent à se porter sur le Laos, leur barrant la route et leur infligeant des pertes considérables.
En Algérie, Jean Sassi servira au sein du groupement léger d'intervention détaché par le 11e Choc "Bagheera".
Après avoir quitté l'armée, Jean Sassi se consacre à la vie associative et devient notamment membre du comité d'honneur de l'UNP, et président fondateur de l'association Bagheera réunissant les anciens du 11e Choc.
Jean SASSI est décédé le 9 janvier 2009, dans sa quatre-vingt douzième année, après avoir consacré ses six derniers mois à la rédaction de ses mémoires.
Ayant reçu treize titres de guerre, dont cinq étrangers, ce grand combattant volontaire spécialiste des opérations spéciales et de la guerre secrète, était commandeur de la Légion d'Honneur, titulaire de la croix de guerre 1939-1945, de la croix de guerre des T.O.E., de la Valeur Militaire et de la croix du combattant volontaire.
Ses obsèques ont eu lieu le mercredi 14 janvier 2009, en la chapelle de l'Ecole Militaire de Paris.
Le général (2S) Piquemal, président national de l'Union Nationale des Parachutistes, lui a rendu un vibrant hommage, dont nous retiendrons ces fortes paroles :
Extraordinaire serviteur de la France, véritable icône,
soldat exceptionnel, un grand parmi les plus grands,
le colonel Jean Sassi, légende et monument des parachutistes,
a posé son sac sur la piste sans fin et rejoint Saint-Michel.
Face à cette terrible perte, notre douleur est immense, notre peine infinie.
Nous nous inclinons devant ce géant hors du commun de notre histoire militaire,
qui a marqué à jamais le monde des opérations spéciales
et a écrit des pages magnifiques de gloire et d'héroïsme
de la longue route des parachutistes.
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