Effectifs : Les armées reviennent de (très) loinInitialement, la Loi de programmation militaire 2014-2019 prévoyait de supprimer 23.500 postes supplémentaires dans les armées afin d’alléger la masse salariale du ministère de la Défense. Et cette déflation d’effectifs venait s’ajouter à celle décidée lors de la précédente LPM (54.000 postes en moins).
Pour 2015, les effectifs armées devaient ainsi être réduits de 7.500 personnels.
Seulement, après les attentats de Paris et le lancement de l’opération intérieure Sentinelle, il n’en sera rien, avec 18.500 postes qui seront finalement maintenus.
Si l’on en croit pas les propos tenus ce 7 mai par les députés Alain Marleix et Geneviève Gosselin-Fleury, les armées reviennent de loin.
Tout simplement parce qu’elles n’arrivaient plus à identifier les postes qu’elles devaient supprimer.
« Nos travaux nous ont permis d’apprendre que même avant les attentats, les armées et les directions et services du ministère n’arrivaient plus à trouver suffisamment de postes à supprimer. Et ce n’est pas dans l’épaisseur du trait que cela se jouait », a ainsi affirmé Alain Marleix, lors de l’examen, en commission, du rapport d’information sur l’état d’avancement de la manœuvre ressources humaines du ministère de la Défense.
« Le ministère lui-même avait renoncé à 1 500 suppressions de postes : concrètement, elles n’avaient été attribuées à aucun des ‘grands subordonnés’. De plus, les armées avaient fait savoir qu’elles n’arrivaient pas à identifier entre 3.500 et 5.000 suppressions de postes sans consentir des sacrifices irréversibles dans nos capacités opérationnelles, en les portant très en deçà des contrats opérationnels : les chefs d’état-major ont pris leurs responsabilités, il faut le dire et les en féliciter », a poursuivi le député.
Et apparemment, ça coinçait aussi dans les soutiens, déjà fortement mis à contribution lors des réformes précédentes.
« Le Secrétariat général pour l’administration ne trouvait pas 500 postes à supprimer », a relevé M. Marleix.
« Faites le total : ce sont entre 5.500 et 7.000 postes (‘fourchette haute’ et ‘fourchette basse’) que l’on n’arrivait pas à supprimer. Ainsi, lorsque le chef de l’État a annoncé le 21 janvier qu’il entendait sauvegarder 7.500 postes, cela ne dégageait quasiment pas de marges de manœuvre nouvelles », a encore fait valoir le député.
Quant à savoir pourquoi cette manoeuvre RH (ressources humaines) était en difficulté un peu plus d’un an après le vote de la LPM, Alain Marleix a explique que « l’objectif de déflation a été fixé en 2013 sans que l’on sache vraiment où et combien on pouvait supprimer de postes sans casser la cohérence de notre outil militaire ».
En clair, la décision a été prise à l’aveuglette.Pour autant, a relevé Mme Gosselin-Fleury, le maintien de 18.500 postes ne met pas un terme à la « manoeuvre RH ».
Et il y en même désormais deux.
En effet, a-t-elle expliqué, « reconstituer des forces de combat dans un bref délai constitue un défi en soi : recruter, former, déployer, c’est une manœuvre à part entière. Et parallèlement, les efforts d’optimisation et de modernisation doivent continuer ».