L’armée norvégienne a constaté un regain significatif de l’activité militaire russe dans le Grand NordDans son rapport d’activité concernant l’année 2014, l’armée norvégienne a fait état d’une intensification relativement importante de l’activité militaire russe dans le Grand Nord, et en particulier au niveau aérien. Pour rappel, membre de l’Otan, la Norvège a suspendu toute collaboration militaire avec la Russie depuis l’annexion de la Crimée, en mars 2014.
Ainsi, l’an passé, et dans le cadre de sa mission de veille pour l’Otan, les forces aériennes norvégiennes ont intercepté et identifié pas moins de 74 avions russes ayant évolué à proximité de l’espace aérien dont elles ont la charge.
D’une année sur l’autre, ce nombre a augmenté de 28%. Et la hausse est de près de100% par rapport à 2010, où 39 vols russes avaient donné matière à une intervention. Généralement, il s’agit de bombardiers stratégiques TU-95 Bear.
Cette tendance s’est accentuée vers la fin 2014. En outre, les formations aériennes russes identifiées sont de plus en plus « complexes », c’est à dire qu’elles comptent différents types d’avions.
« L’intensification des entraînements et leur complexité croissante confèrent (à l’armée russe) des capacités sans cesse améliorées », a ainsi relevé l’amiral Haakon Bruun-Hanssen, le chef d’état-major des armées norvégiennes.
En outre, le Grand Nord est une région prioritaire pour Moscou. D’où la montée en puissance de l’armée russe dans cette zone, avec la réouverture de base autrefois utilisées pendant la Guerre froide, le déploiement d’une brigade arctique, composée d’unités d’infanterie motorisée ou encore le renforcement de ses moyens navals et aériens.
En 2014, « la Russie a démontré sa capacité et sa volonté d’employer sa puissance militaire pour atteindre ses objectifs politiques », a estimé l’amiral Bruun-Hanssen, en faisant une allusion implicite à la Crimée.
« Il est important de préciser que l’on ne considère pas aujourd’hui que la Russie représente une menace militaire pour la Norvège, mais nous devons continuer de suivre ce qui se passe dans notre voisinage », a-t-il ajouté.
Dans les colonnes du quotidien AftenPosten, l’amiral Bruun-Hanssen a estimé nécessaire d’obtenir une « meilleure réactivité des forces armées norvégiennes afin de pouvoir démontrer une volonté et une capacité à utiliser la force militaire si nécessaire ».
Sans surprise, le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD), chargé d’assurer la surveillance de l’espace aérien des États-Unis et du Canada, a fait la même constat que les forces armées norvégiennes.
Son commandant, l’amiral William E. Gortney, a estimé que ce regain d’activité était un message envoyé par la Russie pour rappeler qu’elle avait « aussi des capacités de projection de puissance »
« Ils nous envoie un message pour nous dire qu’ils sont une puissance mondiale », a-t-il dit, le 7 avril, à des journalistes, avant d’ajouter que « nous faisons le même genre de chose. » Selon lui, le nombre de vols de bombardiers russes a augmenté significativement depuis l’annexion de la Crimée.
Et la tendance va se poursuivre, voire même s’accentuer dans les mois qui viennent, a-t-il estimé, avant d’admettre qu’il ne serait pas surpris de voir des bombardiers TU-160 Blackjack voler à proximité du golfe du Mexique.
« Nous observons très attentivement ce qu’ils font », a affirmé le patron du NORAD.
« Ils se conforment aux normes internationales requises pour tous les avions et tout le monde vole de manière professionnelle, tant de leur côté que du nôtre », a-t-il noté expliqué.