69 % des Français pensent qu'il y a trop d'immigrés Sources : Le Point - Publié le 26/02/2015 à 14:38 Pour 50 % des Français, il faudrait rétablir la peine de mort.
59 % d'entre eux n'ont plus confiance en la politique, selon un sondage d'OpinionWay. Le moral des Français reste très bas et la défiance pour la politique massive en dépit de ce qu'on a appelé "l'esprit du 11 janvier" après les attentats du début 2015, selon l'enquête annuelle d'OpinionWay pour le centre de recherches de Sciences Po (Cevipof) publiée jeudi. Établi pour la sixième année consécutive, ce "baromètre de la confiance politique" dresse un tableau peu reluisant de l'état de l'opinion et montre une suspicion en hausse à l'égard de l'islam, même si la confiance demeure majoritaire.
Invités à décrire leur humeur, les Français, qui pouvaient donner plusieurs qualificatifs, répondent "méfiance" à 32 %, "morosité" dans la même proportion et "lassitude" à 29 %.
Par rapport à décembre (le Cevipof a fait refaire l'enquête réalisée avant les attentats), la méfiance gagne six points.
Toutefois, la confiance à l'égard d'autrui, y compris "les gens d'une autre nationalité" ou "d'une autre opinion religieuse", reste très nettement majoritaire. Dans le même sens, l'estime de soi est plutôt majoritaire.
Mais 32 % seulement sont optimistes pour leur avenir, "un score très, très bas", a commenté devant la presse le directeur du Cevipof, Martial Foucault.
Le "vivre-ensemble" cherche ses marques : 62 % (+ 4 sur décembre) trouvent que "la plupart des gens font leur possible pour se conduire correctement", mais 70 % pensent qu'"on n'est jamais assez prudent à l'égard d'autrui".
59 % des Français n'ont confiance ni dans la droite ni dans la gaucheScepticisme énorme à l'égard de la politique, qui suscite "méfiance" (40 %), "dégoût" (25 %, en recul de huit points sur décembre), "ennui" (11 %).
Pour 85 % des sondés, "les responsables politiques ne se préoccupent pas" de leur opinion.
Au classement de la confiance envers les institutions politiques, les structures locales sont les mieux notées (68 % pour le conseil municipal).
Mais l'institution présidentielle redore son blason (40 %, 11 points de plus qu'en décembre), signe d'"un sursaut" post-11 janvier, note Martial Foucault.
Même regain pour la police (+ 11) et l'armée (+ 7).
59 % disent n'avoir confiance "ni dans la droite ni dans la gauche pour gouverner le pays". Il existe "une sorte de divorce profond entre les Français et leurs représentants politiques.
Les attentats n'ont pas modifié cette tendance", relève Martial Foucault.
À la faveur des événements de janvier, l'UMP (38 %) est toutefois repassée devant le Front national (32 %) quand il s'agit de désigner le parti qui représente le mieux l'opposition de droite.
En deux mois, la première a gagné quatre points, le second en a perdu cinq.
La tentation du repli et de l'ordre est forte.
Ainsi, pour 69 %, "il y a trop d'immigrés" (20 points de plus qu'en 2009), "il faudrait rétablir la peine de mort" (50 %, + 18 en cinq ans).
"La France doit se protéger davantage du monde d'aujourd'hui"Pour un Français sur deux exactement, "la France doit se protéger davantage du monde d'aujourd'hui".
C'est dix points de plus qu'en décembre.
Conservatisme s'agissant de l'école, qui doit "donner avant tout le sens de la discipline et de l'effort" (64 %) plutôt que "former des gens à l'esprit critique" (35 %).
Les Français plébiscitent la République, symbole positif pour 81 % d'entre eux, mais pas du tout l'islam, perçu négativement par 69 %. Si, pour 87 %, "les Français juifs sont des Français comme les autres", 68 % sont de cet avis s'agissant des musulmans (75 % en 2000).
"On trouve un tiers des Français en désaccord avec l'idée que les islamistes radicaux ne représentent qu'une petite minorité des musulmans de France", observe le directeur du Cevipof, qui parle d'une "montée anti-islam".
Montée, en parallèle, du sentiment national. 82 % des sondés se déclarent "fiers d'être français", en hausse de dix de points par rapport à décembre.
Sondage réalisé du 26 janvier au 4 février par internet auprès d'un échantillon de 1 524 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus et inscrite sur les listes électorales (méthode des quotas).