Mali : Les hélicoptères Apache néerlandais
Sont intervenus contre un groupe armé à TabankortPhoto : AH-64D Apache de l’Aviation royale néerlandaise
Au Mali, les groupes armés ne manquent pas. Outre les organisations djihadistes comme al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao, affilié à al-Mourabitoune) et Ansar Dine, il faut compter aussi sur les mouvements, touareg et arabes, qui réclament l’indépendance du nord du pays (l’Azawad) et ceux qui ne la veulent pas.
Il est en outre compliqué de s’y retrouver. Par exemple, le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), compte dans ses rangs des transfuges du groupe djihadiste Ansar Dine… Et il faut aussi prendre en compte les appartenances tribales. Ainsi, les Touareg ne sont pas tous indépendantistes : c’est notamment le cas de la tribu des Imghad, qui forme le « Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés » (GATIA). Même chose au sein du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), dont une branche armée dissidente, issue de la tribu des Lam-Har, se veut loyale à l’égard du pouvoir malien.
D’ailleurs, cette branche dissidente du MAA a affronté, en juillet 2014, aux côtés du GATIA, les forces indépendantistes à Tabankort. Ces dernières, n’ayant pas réussi à prendre le contrôle de cette localité, sont retournées dans leur fief, à Kidal. Au passage, et histoire d’illustrer la complexité de la situation, le chef militaire du MAA loyaliste, Yoro Ould Daha, a par la suite été arrêté par lors d’une opération française à Gao en raison de son appartenance (passée?) au Mujao, avant d’être remis en liberté par les autorités maliennes…
Quoi qu’il en soit, regroupés au sein d’une coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) qui compte le HCUA, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le MAA, les indépendantistes ont gardé l’objectif de reprendre Tabankort en raison de sa position stratégique [ndlr, elle contrôle un axe routier vers Kidal et elle est le centre de divers trafics]. Et cela malgré un cessez-le-feu instauré afin de favoriser les négociations sur l’avenir du Nord-Mali.
La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a lancé des appels au calme. En réponse, la CMA a demandé aux casques bleus de quitter Tabankort, où des casques bleus ont été déployés pour protéger les civils.
« Nous dénonçons cette présence et nous sommes vraiment très gênés de cette présence. Nous souhaitons que les Nations unies prennent toutes les responsabilités pour que la présence des forces internationales ne soit visible dans des zones où il y a des affrontements entre nous et des milices, comme actuellement à Tabankort », a affirmé Mossa Ag Attaher, un porte-parole du MNLA, sur les ondes de RFI.
C’est donc dans ce contexte que, après avoir subi des tirs d’artillerie de la part des combattants indépendantistes de la CMA, le contingent néerlandais de la MINUSMA a fait usage de la force, en engageant un de leur 4 hélicoptères d’attaque AH-64D Apache.
« Cet après-midi [20 janvier, ndlr], la MINUSMA a été contrainte de recourir à la force en réponse à des tirs directs à l’arme lourde sur ses casques bleus à Tabankort, située à environ 200 km au Nord de Gao », a indiqué la mission de l’ONU dans un communiqué. « Cette action de la MINUSMA a été effectuée conformément à son mandat qui l’autorise à user de la force pour protéger les populations civiles, son personnel et ses biens en cas d’attaque ou de danger imminent », a-t-elle fait valoir.
« La MINUSMA souhaite indiquer qu’avant de réagir, elle a procédé à des tirs de sommation sur le véhicule d’où provenait l’attaque sur les troupes terrestres de la MINUSMA positionnées en vue de protéger la population civile de Tabankort. Malgré ces sommations, les tirs ont continué et les hélicoptères d’attaque de la MINUSMA ont alors réagi mettant hors d’état de nuire le véhicule », a-t-elle encore expliqué.
De son côté, la CMA a réfuté le fait qu’il y ait eu des tirs de semonce et affirmé avoir « la cible de bombardements aériens effectués par l’aviation de la MINUSMA qui ont entraîné des morts et des blessés ». Et d’accuser : « Cette attaque (…) contre nos éléments a été perpétrée dans un appui direct aux milices fomentées et équipées par l’État malien pour pallier à l’effondrement de son armée. Elle met ainsi en lumière son absence de neutralité dans le conflit actuel ».
« En conséquence, a-t-elle ajouté, la Coordination décide de suspendre toute collaboration sur le plan sécuritaire avec la MINUSMA jusqu’à nouvel ordre, mais demeure attachée au cessez-le-feu du 23 mai 2014, tout en affirmant qu’il n’inclut pas les milices qui n’en sont pas signataires et qui multiplient les provocations et les attaques sur nos positions ». Un porte-parole du MNLA a même affirmé que « ce fut une erreur et le fait de bombarder nos positions fut une également une grave erreur politique ».