La bataille des Ardennes, BelgiqueLes forces en présence :
Hitler avait pour plan de reprendre Anvers afin de couper le XXIe groupe d'armées de Montgomery des troupes du général Bradley. Eisenhower se retrouva donc opposé au maréchal Gerd Von Runstedt qui était le commandant-en-chef de deux groupes d'armées allemands sur le front occidental, mais celui-ci fut remplacé par Model à la fin de la bataille. Pour cette opération les Alliés mobilisèrent sept divisions blindées, huit divisions d'infanterie et deux divisions de parachutistes, prisent dans les Ière et IIIe armées américaines, soit au total 400 000 hommes et 1 100 chars. Ces troupes ont été opposées à neuf divisions blindées et quatre divisions d'infanterie (comprenant la Ve Panzerarmee SS, la Ve armée blindée et la VIIe armée allemande) ce qui représentait une force de 250 000 hommes et 1 000 chars.
Offensive allemande dans les Ardennes
La préparation :
Afin d'arrêter la progression alliée et de reprendre le port d'Anvers, Hitler décida de lancer une grande offensive. Cette offensive avait aussi pour but de chasser les Alliés de Hollande. Ce qui lui aurait permis de forcer Churchill et Roosevelt à négocier un cessez-le-feu. Toute personne bonne au combat fut envoyée sur le front, allant des vieillards aux Jeunesses Hitlériennes (il s'agit là des fameux VolksSturm) ; leur instruction militaire était des plus basiques. Les cadences de montage de chars furent accélérées sous l'ordre d'Albert Speer (ministre de la production). Le maréchal Göring quant à lui fit transférer 1 500 appareils vers le front occidental. Cependant, après les pertes des champs pétrolifères roumains, les Allemands manquaient de carburant. A ce titre, Von Rundstedt recommanda d'effectuer une seule offensive qui se limiterait à la Meuse.
Hitler ne l'écouta pas et ordonna l'offensive générale. Il comptait sur le mauvais temps (qui devait clouer l'aviation alliée au sol) pour s'emparer des réserves de carburant des Alliés. Il savait également que les Anglais et les Américains ne pensaient pas les Allemands capables d'une contre-offensive d'envergure.
Cette opération fut gardée dans le plus grand secret, à un tel point que seuls quelques généraux en furent informés. Tout était organisé dans la perspective du secret, les hommes et le matériel furent acheminés la nuit, couverts par le bruit d'avions allemands qui survolaient le front. Le général Model fut chargé d'organiser cette offensive.
Quatre de ses armées prirent position entre Monschau au nord et Echternach au sud. Ces troupes avaient pour objectif de détruire le 8e corps d'armée américain, dirigé par le général Middleton.
Au nord, la VIe Panzerarmee SS du général Sepp Dietrich (cinq divisions blindées et cinq d'infanterie) devait briser le front américain près de Saint-Vith (qui formait un noeud de communication), afin de franchir la Meuse à Liège et de s'emparer d'Anvers, et donc par la même occasion des réserves de carburant des Alliés. A sa gauche se trouvait la Ve armée du général Hasso Von Manteuffel, qui devait s'emparer de Bastogne (carrefour ferroviaire et routier de la région), puis de passer la Meuse entre Liège et Namur avec pour objectif final d'occuper Bruxelles. Au sud se trouvait le général Ersnt Brandenberger avec sa VIIe armée qui avait pour mission spécifique de retenir la IIIe armée de Patton. La XVe armée du général Gustav Von Zangen se vit confier l'aile droite du front.
Le succès de cette opération dépendait entre autres de la désorganisation des Alliés. Pour ce faire, le colonel Otto Skorzeny habilla ses forces spéciales d'uniformes américains et leur ordonna de désorganiser la signalisation routière, de détruire les câbles téléphoniques et d'effectuer toutes sortes d'actes de sabotage. Après qu'un des soldats allemands déguisés fut découvert, les Américains furent contraints de procéder à moult contrôles d'identités et de poser aux suspects des questions pièges, allant, par exemple, des scores de base-ball au nom du chien de Roosevelt. 1 000 parachutistes furent également largués près de Malmédy afin de soutenir les armées déjà présentes.
L'offensive allemande et la contre-attaque américaine
Le 16 décembre 1944, vingt divisions allemandes attaquèrent les six divisions alliées. Le 8e corps du général Middleton fut enfoncé par les blindés allemands. Les Allemands réussirent à effectuer une percée dans les lignes de la Ve armée américaine, mais les blindés de Dietrich furent grandement ralentis par la VIIe armée blindée américaine placée à Saint-Vith. Grâce au soutien de la VIe Panzerarmee SS, Manteuffel put progresser très rapidement. Le même jour, un V2 s'écrasa sur le cinéma Rex de l'avenue de Keyser à Anvers. Il tua 567 personnes, dont 296 soldats alliés, sur les 1 200 spectateurs présents dans la salle de projection. Ce V2 avait été tiré depuis la base d'Enschede aux Pays-Bas, base distante de 200 km seulement.
En réponse à cette attaque, Eisenhower envoya toutes les forces blindées en direction des Ardennes. La 101e division aéroportée fut également envoyée sur le front, mais en camions (les avions étant cloués au sol à cause des mauvaises conditions météo). Les parachutistes arrivèrent à Bastogne le 19 décembre, ils vinrent renforcer la 10e division blindée américaine. Durant le siège, les Allemands sommèrent les Américains de se rendre. Le général Anthony McAuliffe a répondu par ce court message : "A l'intention du commandant allemand : des nèfles ! (en Anglais : Nuts !) Le commandant américain.".
Ce texte fait preuve d'une incroyable désinvolture, car les Américains sont, en fait, dans une situation plus que précaire à Bastogne comme ailleurs. Les deux divisions américaines de Bastogne repoussèrent toutes les attaques allemandes jusqu'au 26 décembre, date à laquelle une colonne de la IIIe armée de Patton réussit à briser l'encerclement de la ville. Pendant ce temps là, 8 000 des 22 000 soldats Américains de Saint-Vith furent tués, blessés ou fait prisonniers, et les Américains durent battre en retraite.
Malgré cela le vent était en train de tourner, les attaques allemandes étant continuellement enrayées, aussi bien par les poches de résistance américaines que par les pénuries d'essence qui frappent leurs troupes. Le temps s'améliorant, l'aviation alliée reprit son envol. Celle-ci attaqua les lignes arrières allemandes ; elle détruisit un grand nombre de chars et coupa les communications entre les divers groupes d'armées allemands. La 2e Panzerdivision fut presque anéantie par la 2e division blindée américaine. A dater du 26 décembre 1944, la contre-offensive allemande se transforma en retraite.
La retraite allemande
Les Allemands continuèrent à opposer une résistance farouche aux troupes alliées. Le 5 janvier 1945, ils déclenchèrent l'opération Bodenplatte qui consistait en un raid sur 27 bases aériennes alliées situées en Belgique et dans le sud des Pays-Bas.
Cette opération fut menée par 1 035 appareils et se solda par la destruction de 156 avions alliés et par la perte de 277 appareils pour les Allemands. De sanglants combats, parfois à l'arme blanche, auront encore lieu jusqu'au 18 janvier 1945, date officielle de la fin de la bataille des Ardennes. Le 20 janvier, les Allemands étaient revenus à leur point de départ. A la fin du mois, les troupes allemandes se replièrent sur le Rhin. La contre-offensive allemande coûta aux Américains 10 733 soldats tués, 42 316 blessés, 22 636 portés disparus, 733 chars, 1 300 véhicules et 592 avions.
Les Anglais déploraient la perte de 1 400 de leurs soldats. Les Allemands souffraient de la perte de 12 652 soldats tués, 38 600 blessés, 30 582 portés disparus, 600 chars, 5 000 véhicules et 1 000 appareils. Il y eut également de terribles pertes parmi les civils : 2 500 Belges furent tués et 11 000 habitations furent détruites.
Les Américains comblèrent leurs pertes matérielles en quelques semaines, mais les Allemands ne purent jamais en faire autant. Cette contre-offensive ne leur rapporta que six semaines de délai pour établir leur défense sur le Rhin.
Comme l'a souligné l'historien australien Chester Wilmot, en lançant cette offensive, Hitler a lui-même accéléré le processus de sa défaite et fait un cadeau exceptionnel aux Soviétiques. En effet car, en agissant de la sorte, il a donné un avantage majeur à son ex-allié, Staline, dont les troupes ont continué de progresser. Ce faisant, il a considérablement affaibli ses dernières troupes. Les hommes et le matériel perdus durant la bataille des Ardennes allaient cruellement manquer aux Allemands pour la défense finale de leur territoire.
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