COMBATS
Février 1951 : CHIPYONG - NI Le 1er février 1951, après s'être dégagé de l'encerclement des unités de la 125ème Division chinoise à Twin-Tunnels, le 23ème R.I. groupement tactique US dont les Français, s'en vont en pointe à plus de 20 km de la ligne de résistance des troupes des Nations Unies. Le 3, ils occupent CHIPYONG-NI.
Cette agglomération est un important carrefour stratégique. Le Commandant de la 8ème Armée, le général RIDGWAY avait décidé d'en faire un point de fixation sur lequel s'accrochera l'offensive alliée et où viendra buter l'ennemi. Trois routes venant du Sud convergent sur la transversale WONJU / SÉOUL. Une quatrième vient du Nord.
Par un froid rigoureux le 23ème R.I. avec ses chars et son artillerie, et le BF/ONU, s'installent dans un périmètre de 5 kilomètres sur des collines assez basses alors que des pitons nettement plus élevés dominent la cuvette.
Le commandement, afin d'évaluer la concentration des forces ennemies sur CHIPYONG-NI, envoie quotidiennement des patrouilles qui, à partir du 9 février, relèvent la présence de Chinois de plus en plus nombreux et de plus en plus proches de nos défenses. Le 13, elles rendent compte que que l'ennemi est à moins de un kilomètre. Tenant compte de la surface de terrain à couvrir, le commandement a mis en ligne tout le personnel des services, fusil à la main. Les armes collectives tels que les canons sans recul (S.R.) sont installés sur la même ligne de feu que les mitrailleuses, les mortiers sont seulement en retrait de quelques dizaines de mètres des voltigeurs. Dans la nuit, à 22 heures, l'attaque se déclenche, brutale. À chaque instant le long de tout le périmètre, il tente de briser la défense. Chaque fois il tombe sur un cercle de feu impénétrable. Il en sera ainsi jusqu'à l'aube. Des centaines de cadavres jonchent les rizières glacées qui s'étendent devant nos positions.
La journée du 14 sera presque calme, mis à part un coup de main audacieux de la 1ère Compagnie faisant prisonnier plusieurs groupes de Chinois. Mais les renseignements radio venant de la Division confirment que notre Groupement Tactique est complètement coupé de ses arrières et encerclé par quatre divisions ennemies. Au Bataillon on refait le plein de munitions. Les mortiers de 81 ont tiré 600 obus et il n'en reste que 560. Les hélicoptères évacuent les blessés les plus graves. Des vivres et quelques munitions sont parachutées...
La nuit suivante et de nouveau à 22 heures, l'ennemi attaque mais avec circonspection cette fois. Il tient compte de la terrible leçon reçue la veille d'autant que le champ de bataille sera illuminé toute la nuit par des fusées éclairantes tirées par des appareils de l'US Air Force. Les mortiers du Bataillon français harcèlent toutes les masses qui se déplacent et brisent toutes les attaques ennemies. Cependant, vers 2 heures du matin, les Américains du 2ème Bataillon sont contraints de cèder du terrain et malgré trois violentes contre-attaques, ils perdront le piton qu'ils tenaient et le laisseront à l'aube aux mains des Chinois. Vers 16 heures, bien que l'aviation ne cesse d'attaquer au canon, à la roquette et au napalm, le piton est toujours occupé par l'ennemi.
Presque au même moment, une canonnade venant du Sud se fait entendre: c'est un escadron de chars du 5ème de Cavalerie accompagné de 13 survivants, blessés, d'une Compagnie d'infanterie. Ils font leur entrée dans Chipyong-ni après s'être battus mètre par mètre sur 17 kilomètres, forçant le passage à travers les masses chinoises ... Un puissant Groupement d'intervention US avait reçu mission de forcer l'encerclement mais le gros des forces amies resta bloqué à KOKSURI ... Dans la soirée, les observateurs signalèrent des concentrations ennemies faisant mouvement du Sud vers le Nord. Une nouvelle nuit d'angoisse commence pour le 23ème R.I. Reprise des tirs d'artillerie, parachutages, champ de bataille illuminé. Des mouvements de troupe sont signalés devant nos positions ...
À l'aube du 16 février, le jour se lève sur un champ de bataille déserté par l'ennemi,
Il n'y a plus de Chinois, ils sont partis ... !