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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Lun Jan 09 2023, 10:12
Shermans américains entre Bischwiller et Drusenheim
L'attaque du 9 janvier
L'attaque était prévue pour l'aube du 9. Les compagnies A et B/56, suivies de la Compagnie C, devaient quitter la Breymühl à 6h05 pour s'emparer de Herrlisheim dès le lever du jour. B devait partir la première, suivie par A dix minutes plus tard. Il était impératif que les deux Compagnies se trouvent à proximité de Herrlisheim à l'aube. Elles procèderaient ensuite au nettoyage de la localité, A sur la rive gauche du Kleinbach et B sur la rive droite. A la sortie de la localité la route nationale servirait de limite. La compagnie C devait suivre et poursuivre sa route vers Offendorf. L'avance des fantassins serait appuyée par le 714e TkBn déployé dans les champs à l'Ouest de la localité. A l'aube, une section de chars gagna des positions au Nord de la Breymühl afin de couvrir le terrain au Nord-Est. Une autre section entra dans la Breymühl afin de tirer vers l'Est. Une troisième section fut placée à l'Ouest de la Zorn. De là les observateurs pouvaient voir les positions ennemies le long du Kleinbach à l'Est et près de la route de Herrlisheim au Sud-Ouest. En même temps les deux chars de la 14e DBUS, placés au Nord de la Breymühl faisait également feu sur l'ennemi.
L'heure de l'attaque dut être retardée, suite à une reddition massive de l'ennemi. Vers 8h de nombreux Allemands agitèrent des mouchoirs blancs: les tirs cessèrent afin de permettre à environ 125 ennemis de sortir. Ils se redirent par petit groupes. Le premier groupe se rendit, puis les Américains firent feu à nouveau. Un second groupe se rendit à son tour. Les Américains reprirent les tirs. Un troisième groupe d'Allemands se rendit alors et ainsi de suite. Au total les Américains tirèrent 5000 projectiles de calibre 30. A un moment 50 Allemands remontèrent la route, les mains derrière la tête, jusqu'au mur. Un Américains s'adressa à eux dans leur langue. Ils allèrent chercher 15 de leurs camarades. On vit aussi un Sergent Allemand faire le tour des trous pour "recruter" des candidats à la reddition. Il en trouva ainsi 26. Le nombre élevé d'Allemands qui se rendirent retarda l'opération qui ne démarra qu'à 10h30. Il en fut de même pour ceux qui occupaient Herrlisheim: La Compagnie C/714 prit 50 Allemands qui se sauvaient de la localité. De même, 25 Allemands qui avaient établi leurs positions sur la rive Ouest de la Zorn près de Herrlisheim se rendirent. Pendant que les fantassins étaient occupé à faire des prisonniers, les chars prirent position à l'Ouest de Herrlisheim afin de couvrir leur avance. Ils suivirent la rive occidentale de la Zorn. Les chars de B/714 se mirent en marche vers 10h30, en même temps que la Compagnie B/56. La compagnie B, qui était en tête, subit de lourdes pertes: les hommes furent décimés par les obus de mortiers de 120 mm alors qu'ils traversaient les champs à découvert, peu après avoir quitté la Breymühl. Les hommes de la Compagnie A/714 pouvaient voir les mitrailleuses et les chars Allemands faire feu, mais ils leur était impossible de tirer car la Compagnie B/56 se trouvait directement dans la ligne de tir. Cependant les malheureux fantassins continuèrent à avancer.
Ils furent soumis à des tirs de mitrailleuses et d'armes automatiques peu avant d'atteindre la partie Nord de Herrlisheim. Afin de tenter d'échapper à cette pluie meurtrière, ils changèrent de direction et se dirigèrent vers le Sud-Ouest: ils étaient cependant toujours exposés aux tirs ennemis. Ils approchaient d'un fossé lorsque leurs propres mortiers firent feu. Tout près de la localité, ils capturèrent l'équipage d'un canon antichars: il s'agissait de trois jeunes Allemands, âgés de seize ans à peine. A ce moment-là plus de la moitié de l'effectif de la Compagnie avait été décimé. Les survivants entrèrent dans Herrlisheim vers 13h. Il leur avait fallu plus de quatre heures pour couvrir ces quelques kilomètres.
Ceux qui étaient chargés d'évacuer les blessés avaient fort à faire. Six chars furent employés à cette tâche. l'un d'eux fut endommagé par des obus de mortiers de 120 mm peu avant de traverser le pont sur la Zorn à la Breymühl. Il fut aussitôt remplacé par le char personnel d'un officier, le Capitaine Harridge. Des brancards furent improvisés avec des fusils cassés et des couvertures. Le Médecin du 56e AIBn, le capitaine Zimmermann, ne cessa d'opérer, en dépit des éclats qui l'avaient blessé à la jambe, et il put sauver la vie de 65 hommes.
Derrière la Compagnie B/56 venaient la section des mitrailleuses lourdes. Ils essuyèrent les premiers coups de feu lorsqu'ils arrivèrent en vue de la voie ferrée. Les derniers mètres furent effectués sous couverts d'un écran de fumée.
La compagnie A, par contre subit peu de victimes. Elle entra dans Herrlisheim vers 12h30. Elle avait avancé sur la droite de la Compagnie B, le long de la Zorn, là où les tirs étaient moins intenses. Elle évoluait entre la route et la Zorn, faisant quelques prisonniers en chemin. Puis elle reçut l'ordre de pénétrer dans Herrlisheim par l'Ouest afin de s'emparer de la parte Nord-Ouest.
La Compagnie C, était en réserve. Les hommes avaient passé la nuit dans la cave des bâtiments de la Breymühl. Ils avaient aidé à l'évacuation des blessés de la Compagnie B dans la matinée. Ils quittèrent la Breymühl vers midi et parvinrent à Herrlisheim vers 14h30, n'ayant à déplorer que deux blessés par éclats d'obus. Ils avaient couru tout le long du chemin, s'abritant derrière le remblai de la route pour reprendre haleine. Alors que ces diverses compagnies entraient dans Herrlisheim, elles avaient perdu tout contact les unes avec les autres. En effet leurs radios ne fonctionnaient pas. Cette défaillance allait avoir des conséquences dramatiques.
Compagnie A
Les GIs de la Compagnie A/56 durent nettoyer les maisons de chaque Côté de la rue du Sable, progressant du Nord au Sud alors qu'une section s'occupait des rue latérales. La partie Ouest de Herrlisheim avait été divisée en quatre secteurs d'après les croisements de rues. Le but n'était pas alors de faire des prisonniers, mais d'avancer le plus vite possible. Les GIs s'emparèrent des premières maisons, tirant par les fenêtres ouvertes afin de neutraliser les tireurs embusqués, rassemblant les civils au rez-de-chaussée. Ils trouvèrent la table mises-en de nombreux endroits. Le repas était encore chaud ils durent également fouiller les dépendances et les caves. Lorsqu'ils exploraient les caves, ils demandaient aux occupants de sortir s'ils ne recevaient pas de réponse, ils lançaient des grenades. C'est ainsi qu'ils firent seize prisonniers dans une des premières maisons. Un peu plus loin ils détruisirent une mitrailleuse avec des mortiers de 60 mm. Ce fut d'ailleurs la seule fois où ils purent utiliser les mortiers. Puis ils furent confrontés à un char Mark V qui partit au bout d'une demi-heure. Ils durent également éliminer six parachutistes ennemis terrés dans une maisons, ils en tuèrent trois et en blessèrent un. Ils endommagèrent avec une grenade thermique un canon antichars abandonné, ils perdirent des hommes à cause des tireurs isolés. Mais les hommes de la compagnie A ne savait pas que ceux de la Compagnie B avait été décimés et qu'ils étaient terrés dans les six premières maisons rue du Sable. Lorsqu'ils arrivèrent rue de l'Eau, ils entreprirent de traverser le pont qui était bourré de charges de dynamite: les Allemands les en empêchèrent. Un char Allemand les attendait de l'autre côté: le canonnier attendit que le premier soldat soit parvenu au milieu du pont avant de l'abattre. Les autres battirent en retrait et se réfugièrent dans une maison. Ils pouvaient voir le char par un trou causé par un obus, mais ils ne pouvaient rien faire, ne possédant pas de moyens de communication avec l'arrière.
La Compagnie A/56 avait certes accompli sa mission vers 16h, mais elle se trouvait dans une situation difficile: elle était isolée dans la partie sud-Ouest de Herrlisheim, sans soutien d'artillerie ni moyens de communications, et sans le support de la Compagnie B. Elle reçut l'ordre de se replier dans quelques maisons afin d'attendre le matin. Les hommes remarquèrent un civil qui les observait. Peu de temps après la maison se trouva prise sous les tirs des mortiers. Heureusement personne ne fut blessé.
Compagnie B
Pendant ce temps la compagnie B, réduite à 35 hommes, était entré dans Herrlisheim. Les premières maisons étaient vides puis les hommes se dirigèrent vers le Kleinbach afin de le traverser, puisqu'ils devaient nettoyer la partie Est de la localité. Ils virent les Allemands se sauver vers le Sud, abandonnant leurs armes. Ils en tuèrent cinq. Puis ils franchirent le pont et nettoyèrent quatre maisons mais ils durent essuyer les tirs ennemis les Allemands tentaient de démolir le pont à coup de mortiers. Plusieurs GIs furent blessés. Il n'en restait plus que 20 de valides, aussi leur donna-t-on l'ordre de se replier. Ils occupèrent d'abord une maison dans laquelle se trouvait un canon antichars Allemand privé de son mécanisme de tir. Quinze Allemands qui étaient cachés dans la cave se rendirent devant la menace des grenades. Puis les GIs se réorganisèrent pour la nuit, se répartissant dans les six premières maisons de la localité. Un autre canon antichar fut découvert. Il avait également été dépouillé de son mécanisme de tir. Les hommes de la Compagnie B furent rejoints, la nuit venue, par ceux de la section antichars venus de Rorhwiller par une voie détournée. Il y avait donc une douzaine d'hommes dans chacune des six maisons.
Ils purent voir les canons ennemis cracher au cours de l'attaque contre le 714e TkBn. B/714 avait pris position à l'Ouest de Herrlisheim, selon le plan initial, mais tout contact fut bientôt perdu avec le 56e Bataillon. En outre le pont sur la Zorn au Sud de Herrlisheim était impraticable. Il fut donc décidé de retourner à la Breymühl où un pont Bailey avait été installé. Jusqu'à là la journée avait été calme. Mais, comme la nuit tombait, les chars et les canons antichars ennemis, dissimulés derrière la route nationale, tirèrent. Un char Américains prit feu et l'officier fut blessé. En quelques minutes quatre autres chars furent mis hors d'action, et trois hommes furent blessés les chars ne pouvaient manœuvrer librement car ils se trouvaient alors entre la Zorn et le Kesselgraben. Ils étaient "comme des canards dans un stand de tirs". Ils reçurent l'ordre d'aller se réorganiser à l'Ouest de Rorhwiller. Quatre des cinq chars de la Compagnie A/714 furent également touchés alors qu'ils reculaient, de façon à ne présenter que leur avant à l'ennemi cependant ils purent tous être réparés plus tard. La confusion la plus totale régna dans ce secteur, les hommes de la Compagnie B subirent également les tirs ennemis et leur PC fut incendié. Il est vraisemblable que l'ennemi observait les Américains depuis une grange située sur une petite hauteur, rue de Rotlach.
Compagnie C
La Compagnie C n'avait guère souffert au cours de son déplacement depuis la Breymühl, mais la radio avait été touchée. Les hommes entrèrent dans la localité vers 14h30. Puisque la Compagnie B était incapable d'accomplir sa mission, la tâche fut donnée à la Compagnie C, celle-ci traversa le pont, comme la Compagnie B l'avait fait précédemment, quelques hommes furent touchés par des tireurs isolés, mais les maisons de l'autre côté du pont, rue du Fossé et rue de Drusenheim purent être nettoyées. Cependant la nuit tombait et les hommes durent regagner la rive Ouest du Kleinbach où ils établirent leurs positions, face à l'Est puisque c'était de là que venait le danger. La section de mitrailleuses lourdes se trouvait dans le même secteur. Quelques hommes furent installés dans la première maison à l'entrée de la localité. L'une des mitrailleuses fut placée à l'affut dans la maisons, tandis que l'autre était mise dans la grange. Une troisième mitrailleuse fut mise dans une maison directement au Nord du pont.
L'ennemi.
Les Allemands étaient solidement retranchés dans la partie Est de la localité. Ils possédaient de nombreux chars et avaient l'appui de la 1ère Compagnie du 305e Bataillon antichars ainsi que celui de la 2ème Compagnie du 405e Bataillon antichars. En outre vers midi, le 1er Bataillon du 1119e Régiment, 553e VGD, avait été renforcé par le Bataillon Wimmer ainsi que par les rescapés du 2e Régiment de Police SS qui avaient combattu à Drusenheim. Le bataillon Wimmer comportait deux Compagnies de 80 hommes chacune venus du 1120e VGR. Ils avaient traversé le Rhin au Sud d'Offendorf dans la nuit du 6 au 7,sur un bac. Ils occupaient Offendorf avant d'être appelés en renfort par le 1119e VGR
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Lun Jan 09 2023, 16:19
Evacuation des blessés.
Trois chars légers avaient été envoyés à l'Ouest de Herrlisheim au début de l'après-midi afin d'évacuer les blessés, comme une seule passerelle était utilisable, les hommes durent procéder à l'évacuation à pied, exposés aux tirs ennemis. Ils devaient traverser 1000 m à découvert, avec leurs brancards. Ils évitèrent les projectiles en s'aplatissant sur le sol et en zigzaguant. Ils entrèrent dans la localité vers 13h30. A 16h ils avaient évacué six blessés. IL fallait huit hommes pour transporter un brancard dans le cas des blessés les plus graves. Deux autres chars de D/714 vinrent renforcer les trois premiers. Les chars ne pouvaient prendre que deux blessés à chaque voyage. Les hommes furent rapidement épuisés. Puis il fut décidé d'aller chercher de la nourriture et des munitions pour les hommes qui étaient dans la localité. Il convenait également d'emmener à Rohrwiller 23 prisonniers. Ceux-ci furent placés derrière trois chars. Ils devaient courir, les mains sur la tête. De temps en temps le canonnier tirait au-dessus de leurs têtes pour leur faire peur et les faire courir plus vite. Ils arrivèrent à Rohrwiller "la langue pendante".
Deux des chars furent remplis de provisions et repartirent pour Herrlisheim vers 19h30. Le troisième resta à Rohrwiller: son phare servit à éclairer la table d'opération. Un des deux chars ne put franchir un fossé et l'on transféra le matériel à bord de l'autre char. Le tout fut déchargé à proximité de la passerelle. Il était impossible d'entrer en contact avec les unités isolées dans Herrlisheim et il semblait que les Allemands attaquaient par le Nord-Est. Un char fut laissé à la passerelle et les deux autres regagnèrent l'hôpital de campagne que l'on avait déplacé à Bischwiller. On craignait que l'ennemi ne prenne Rohrwiller. Le soir venu, des plans furent établis afin d'envoyer des hommes dans Herrlisheim. Ils devaient apporter des radios aux unités encerclées ainsi que des cartes montrant les positions des batteries d'artillerie. Les hommes voyagèrent dans les chars jusqu'à la passerelle. Puis ils descendirent des engins et traversèrent de l'autre côté, armés de mitraillettes M-3. Ils tombèrent sur une douzaine d'Allemands dissimulés par leurs manteaux blancs, qui servaient une mitrailleuse. Deux des Allemands se rendirent immédiatement tandis que les autres tentaient de fuir. Mais les GIs tirèrent et les dix fuyards furent abattus. Une des balles traçantes mit le feu à une maison de Herrlisheim. Les GIs retraversèrent la passerelle avec leurs deux prisonniers qui avaient sur eux des rations K et des cigarettes Camel. D'après eux le 56e AIBn avait été éliminé. Alors que l'on questionnait les prisonniers, 33 hommes qui s'étaient échappés de Herrlisheim arrivèrent. Ils dirent qu'il était impossible de pénétrer dans la localité, les Américains ayant ordre de tirer sur tout ce qui bougeait. Or il était également impossible de les contacter pour les prévenir. En outre les flammes illuminaient la scène. De plus les hommes qui se tenaient à la passerelle virent d'étranges lueurs, rouges, vertes, orange et blanches qui se déplaçaient et qui étaient allumées puis éteintes. L'ennemi s'apprêtait-il à attaquer? Les hommes rechargèrent les provisions et les munitions sur les chars et regagnèrent Bischwiller, abandonnant toute tentative de sauvetage.
Toute tentative pour mettre un pont sur la Zorn était vouée à l'échec. Le bulldozer utilisé pour jeter un pont Treadway au Nord-Ouest de la localité fut arrêté par des obus de 88mm venus de derrière la voie ferrée, les chars qui devaient protéger les hommes du Génie prirent feu et illuminèrent le site du futur pont. Les hommes retournèrent à Oberhoffen. Une nouvelle tentative vers minuit fut abandonnée.
Les Allemands s'infiltrent dans Herrlisheim.
Le soir venu, les unités Américaines se trouvèrent isolées dans la partie Ouest de Herrlisheim. Les radios ne fonctionnaient pas, les diverses unités ne pouvaient communiquer entre elles, et encore moins avec le PC. Privés de la protection des chars, les hommes se trouvaient en sous-nombre par rapport aux Allemands. Ceux-ci s'infiltrèrent partout, camouflés dans leurs tenues blanches. Leurs chars sillonnaient les rues. Se montrer, pour les GIs aurait été se suicider. Il était impossible d'apporter des munitions aux hommes dans le village.
Pendant ce temps, les Allemands contre-attaquaient la Compagnie L, toujours retranchés dans les ruines de la Breymühl. La contre-attaque, commencée peu avant 10h fut repoussée au bout de trois heures: les Allemands avaient utilisé des fantassins et des chars afin de contourner l'aile droite de la Compagnie L. Mais ils avaient perdu 17 hommes dont les cadavres furent retrouvés le lendemain.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Lun Jan 09 2023, 16:38
La plus grande confusion régna pendant la nuit du 9 au 10: les Allemands ne cessèrent de tirer. Ils marquaient d'abord l'emplacement d'une maison avec des balles traçantes, puis ils la faisaient sauter avec un bazooka ou un canon anti-char. Certains semblaient drogués car ils venaient jusque sur le seuil de la porte, ils l'ouvraient en hurlant "komm heraus". Nous les descendions immédiatement expliqua un des hommes de la Compagnie B/56, le Sergent Peischl. Dans le secteur Nord là où se trouvait la Compagnie B/56, une des maisons prit feu vers 2h. Les hommes l'évacuèrent pour être accueillis par les tireurs isolés de l'autre côté du Kleinbach, deux Allemands réussirent à s'infiltrer dans une maison mais deux GIs les surprirent et les tuèrent. A un autre moment, le Sergent Peischl se tenait près d'un trou dans le mur. Il visa deux Allemands qui tentaient d'entrer dans la maison en se servant d'une vache comme protection. Il faillit être tué mais la balle ricocha sur la crosse de son fusil.
Une autre fois, trois Allemands passèrent le pont, deux d'entre eux les mains en l'air et le troisième portant une arme automatique. Ce dernier fut désarmé. L'un des deux prisonniers dit qu'il pouvait amener d'autres hommes à se rendre si on le laissait retourner vers eux. Etait-ce une fausse promesse? Quelques instants plus tard, un obus de mortier atterrit tout près de la mitrailleuse lourde qui avait été installée à côté d'une grange afin de couvrir le pont. Deux hommes furent blessés et l'on déplaça la mitrailleuse. Un troisième homme fut blessé peu après, ce qui laissa un seul homme pour s'occuper de l'arme. Puis la position devint intenable et la mitrailleuse fut déplacée une nouvelle fois. Vers 22h les Allemands s'infiltrèrent dans le secteur de la Compagnie C/56. Les GIs se trouvèrent bientôt isolés dans les maisons, sans possibilité de communiquer les uns avec les autres. Il y eu plusieurs blessés par mortier, les deux adversaires lancèrent une quantité impressionnante de grenades. La situation devint encore plus dramatique après minuit lorsqu'un char Allemand fit son apparition. Le char MARK V parvint à l'angle de la rue des Cordonniers et de la rue du Sable. Il tire d'abord sur une maison heureusement vide. Puis il fit feu sur la maison voisine du PC. Les occupants étaient réfugiés dans la cave sauf un homme qui dormait dans un lit à l'étage et qui fut tué dans son sommeil. Les hommes pouvaient presque toucher la gueule du canon du char. Mais ils ne pouvaient répliquer. Le char repartit vers 2h, laissant 25 Allemands sur place. Ceux-ci descendirent une rue vers le Kleinbach lorsqu'ils passèrent devant une maison, les GIs appelèrent, pensant avoir affaire à des renforts Américains. Les Allemands s'éparpillèrent et deux mitrailleuses légères Américaines entrèrent en action: ils furent tous fauchés. Un peu plus tard, un Aspirant Allemand qui venait d'être fait prisonnier parla de 150 hommes qui tentaient de s'infiltrer certains de ces hommes s'exprimaient dans un anglais sans faute.
Une nouvelle tentative fut faite pour évacuer les unités encerclées dans Herrlisheim. Les 11 chars moyens du Capitaine Leehman (B/714) furent chargés de cette mission. Ils quittèrent Rohrwiller au milieu de la nuit, en formation serrée afin de ne pas se perdre. Ils traversèrent la Zorn à la Breymühl sur le nouveau pont Bailey, puis ils voyagèrent en suivant la rive droite de la Zorn. Ils pénétrèrent dans Herrlisheim à l'aube. Ils anéantirent d'abord un char Allemand au coin d'une rue, pratiquement à bout portant, ses occupants étaient vraisemblablement endormis. Il ne fut pas facile de trouver les GIs, terrés dans les caves. Des silhouettes couraient dans tous les sens, mais il s'agissait plutôt d'Allemands en fuite. Finalement les chars prirent position dans la partie Nord-ouest de la localité. Mais l'ordre fut donné de tenir le village, au lieu de l'évacuer.
Le brouillard épais permit à 19 hommes, sous la conduite de deux officiers, d'être amenés en renfort dans Herrlisheim au petit matin. Ils traversèrent la Zorn sur la passerelle que l'ennemi avait pratiquement détruite, puis ils réussirent à franchir le champ à découvert qui les séparait de la localité. Plus tard, cinq chars apportèrent des munitions et des vivres. Ils empruntèrent la route la plus directe, c'est-à-dire par la Breymühl et la route de Herrlisheim. Le char du Lt Cook fut touché peu après avoir traversé la Breymühl par un projectile de 75. Le conducteur fut mortellement blessé. Un des soldats réussit à dégager la route en utilisant les doubles commandes, car le pied du conducteur était coincé sur la pédale d'accélération. Les quatre autres chars purent poursuivre leur route. Ils évacuèrent une cinquantaine de blessés, en dépit des obus de 88. Mais vers 14h, alors qu'ils effectuaient le quatrième voyage, les tirs des canons antichars s'intensifièrent. Le premier char regagna Rohrwiller, le second prit feu, le troisième fut détruit et le dernier dut retourner à Herrlisheim. Quatre hommes furent tués et le Capitaine Harridge fut gravement blessé.
Les trois sections de 45 hommes chacune du Génie (B/119) furent également appelées en renfort, elles quittèrent Oberhoffen à bord de camions et halftracks, chargées de munitions, d'armes portatives, de mitraillettes, de mines et de bazookas. La première section franchit la passerelle sous couverts du brouillard et parvint jusqu'à Herrlisheim. Malheureusement le temps s'éclaircit ensuite et les deux autres sections n'eurent pas autant de chance, les obus de mortiers touchèrent sept hommes dans la troisième section. Mais la plupart gagnèrent Herrlisheim et établirent des positions défensives au centre de la localité.
Les Allemands cessèrent de s'infiltrer avec l'aube, mais les GIs ne pouvait quitter l'abri relatif des maisons car l'ennemi occupait les impasses et chemins transversaux et il y avait de nombreux tireurs isolés. Cependant le calme régnait, interrompu de temps en temps par quelques coups de feu lorsqu'un Allemand imprudent se montrait à découvert.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Mar Jan 10 2023, 09:32
10 Janvier: Nouvelle tentative du 56e AIBn
Les plans furent établis pour la nouvelle attaque qui serait menées par les Compagnies A et C/56 de part et d'autres du Kleinbach, avec l'appui des chars de B/714, dont une partie avait été endommagée lors des combats de la veille, ainsi qu'avec B/119 pour remplacer B/56 qui avait subi de lourdes pertes et qui serait placée en réserve. Il aurait fallu pourvoir neutraliser les ennemis qui gardaient le pont sur le Kleinbach dans la partie Nord de Herrlisheim, mais ni les chars ni l'artillerie ne pouvait agir à cause de la proximité des GIs. Les mortiers ne purent quitter Rohrwiller. Quand à une tentative de rapprocher les deux canons d'assaut, elle se solda par un échec lorsque la glace céda. Ce n'est qu'à la nuit tombée que l'on put les récupérer et les remorquer vers Rorrwiller.
La Compagnie C/714 fut également appelée en renfort. Les chars suivirent le route de la Breymühl à Herrlisheim en fin de matinée, sous couvert d'un écran de fumée. Ils réussirent à échapper aux tirs d'un canon antichar situé dans la partie Nord-Est de la localité. Ils entrèrent dans Herrlisheim peu avant 14h. L'attaque allait commencer.
L'attaque, prévue pour 14h, fut précédée de deux concentrations d'artillerie, l'une de 5mm sur le Steinwald et l'autre de 15 mm sur la partie Sud de Herrlisheim, placées par le 494e AFAbn. A/56 devait descendre la route de la Breymühl, avec B/56 sur sa gauche. C/56 serait de l'autre côté du Kleinbach. Chacune des trois Compagnies de fantassins disposait du support de deux chars B/714. Les trois Compagnies opéreraient leurs jonctions au pont, avant de poursuivre vers Offendorf et Gambsheim. Les autres chars seraient placés en arc de cercle pour protéger la Compagnie C/56 d'une attaque venue de l'Est.
L'attaque ne put avoir lieu, car l'artillerie Allemande se déchaîna auparavant, deux chars de C/714 furent touchés et mis hors d'action par des bazookas Allemands. Lorsque le premier fut touché, l'équipage reçut l'ordre de l'évacuer. Un Allemand tenta de récupérer le char en flammes les Américains tirèrent. L'Allemand sauta à terre. Il commit alors l'erreur fatale de vouloir ramasser son casque. Il fut transpercé d'une quarantaine de balles. Puis les obus commencèrent à tomber. Le PC de B/714 dut être déplacé à de multiples reprises. L'obus qui endommagea un des chars fit éclater les fenêtres du PC. les officiers cherchèrent une autre cave, mais le barrage d'artillerie était incroyablement intense. Des tireurs isolés forçaient les officiers à rester plaqués au sol. Puis le plafond s'effondra et tous les officiers furent blessés plus ou moins grièvement. L'ennemi tira sans relâche jusqu'au soir, avec de brèves interruptions de cinq minutes. Au fracas des obus Allemands se mêlait celui des obus Américains qui tombaient sur la voie ferrée. Un canon de 88 fut touché ainsi que deux chars ennemis. L'ennemi continua à s'infiltrer avec des chars et des canons antichars. Les Américains étaient pris au piège. Ils ne pouvaient pas se replier tant qu'il faisait jour. Il était impossible d'évacuer les blessés. On ne pouvait même pas acheminer de médicaments dans Herrlisheim. On essaya de les envoyer par avion mais la brume était trop épaisse.
Les tirs d'artillerie diminuèrent vers 15h30 pour cesser une heure plus tard: les Allemands préparaient-ils une nouvelle offensive? Le répit permit aux Américains de s'organiser dans les caves. Les chars prirent position derrière les maisons. Les défenses furent établies.
Les Américains évacuent Herrlisheim dans la nuit du 10 au 11
L'ordre d'évacuation parvint aux survivants du 56e AIbn vers 20h: les blessés partirent les premiers sur des véhicules légers et des chars, sous couvert d'un barrage d'artillerie intense. Aves les blessés Américains fut évacué un Officier Allemand. Les projectiles tombaient partout, jusqu'à la limite du secteur tenu par les Américains. Puis ce fut le tour des fantassins. La nuit était si noire et l'air si chargé de fumée qu'ils durent se tenir par le ceinturon. Ensuite vinrent les blindés. Les moteurs furent mis en marche à la dernière minute. Les derniers fantassins chargés de protéger les blindés devaient partir en même temps que ceux-ci. Par miracle, les Allemands ne s'aperçurent de rien et les Américains purent gagner l'abri précaire du Kesselgraben. Il fallut une heure pour traverser la Zorn, le pont ayant été détruit. Le brouillard et le froid augmentèrent les souffrances des hommes dont certains n'avait pas mangé depuis plusieurs jours. Les fantassins établirent alors des positions sur la rive gauche du Kesselgraben afin de protéger Bischwiller. Les chars suivirent la Zorn, traversèrent la rivière sur le pont Bailey de la Breymühl et continuèrent leur route vers Rohrwiller et Bischwiller. Un char dérapa sur le sol gelé et dut être abandonné.
Le succès de l'évacuation fut en grande partie imputable à l'efficacité de l'artillerie. Les canons de 155 mm ainsi que les obusiers de 105 mm ou de 155 mm combinèrent leurs effets. Barrages défensifs et écrans de fumée se succédèrent jusqu'à 2 heures du matin. Une dernière concentration d'artillerie tomba alors sur la localité en ruine. "C'était beau à voir" dit un Capitaine. Mais que restait-il de la riante petite ville?
La première tentative pour prendre Herrlisheim se soldait donc par un échec: l'attaque était mal préparée, sans coordination avec les troupes déjà en place. En effet les officiers de la 12e DBUS ignoraient la présence des autres unités dans le secteur. Or se trouvaient dans le secteur la Compagnie L/314,79e DIUS, le 40e Génie, la compagnie B, 47eTkBn, 14e DBUS qui étaient rassemblées dans l'espace restreint de la Breymühl. C'est un civil qui a dû informer les hommes de la 12e DBUS de la profondeur de la Zorn, des possibilités de la franchir à gué....
Il aurait fallu une reconnaissance préalable du terrain qui s'avéra peu favorable à l'utilisation des blindés. On déplora également le manque de fiabilité du matériel. On se souvient que les radios étaient tombés en panne le jour le plus critique! Pendant 18 heures les troupes restèrent complètement isolées dans Herrlisheim. Il convient toutefois de se replacer à l'époque, avec le matériel existant. Le succès des communications dépendait des messagers qui ne pouvaient se frayer un chemin à travers les lignes ennemies.
En outre, il semble que la combinaison d'une unité d'infanterie avec une unité de blindés n'ait pas été la meilleure pour ce type d'action. Il aurait fallu beaucoup plus de fantassins. Mais les hommes étaient-ils disponibles? Les chars auraient pu être utilisés autrement: tels qu'ils étaient placés dans la plaine, entre le Kesselgraben et la Zorn, ils ne pouvaient manœuvrer librement et ils étaient exposés à la vue de l'adversaire .De plus, ils ne furent pas utilisés exclusivement pour l'attaque: les chars de la Compagnie D servirent à transporter le matériel et à évacuer les blessés, tandis que ceux de la Compagnie C n'entrèrent en action que le dernier jour.
N'y eut-il pas aussi un manque d'agressivité de la part des chefs? En particulier lors de l'attaque du 9 qui fut retardée à plusieurs reprises.
Mais l'échec ne peut être attribué aux seuls hommes. En effet, ceux-ci souffraient des vicissitudes du temps: le manque de visibilité gêna les opérations. Les avions ne purent décoller pour observer les positions ennemies. Le froid restait intense.
L'ennemi de son coté, possédait des atouts sérieux: La Zorn et la Moder ne pouvaient être traversées qu'en certain points, connus de lui et donc exposés à des tirs. Il bénéficiait du couvert du talus de la voie ferrée et de la route. Les hommes de la 12e DBUS n'étaient ni meilleurs, ni pires que ceux de la 533e VGD. Mais les circonstances ne leur permirent pas de suppléer à leur manque d'entraînement. Une leçon essentielle resta à tirer de cet échec: il ne faut pas sous-estimer l'adversaire. Malheureusement l'Histoire allait se répéter quelques jours plus tard, et presque dans les mêmes conditions.
Le Nord du secteur du 8 au 15 Janvier.
Pendant cette période, l'action se concentra dans trois secteurs: celui de la tête de pont, de Fort Louis à Gambsheim, plus au Nord dans les Vosges, dans le secteur de Wingen-Mimmenau-Reipertswiller principalement, et surtout dans le secteur de Hatten-Rittershoffen, deux positions-clefs dont la prise conditionnait toute progression ultérieure vers Haguenau, Saverne ou Strasbourg.
Dans la tête de pont, les civils subissaient de plein fouet les combats. Leur sort était d'autant plus cruel qu'il régnait un froid intense: neige, brouillard, humidité, rien ne leur était épargné. M. Pierre Perny retrace dans sa monographie "Drusenheim, deux destins, le Rhin et les guerres" les souffrances de la population de Drusenheim:
"Lundi 8 Janvier: la population essaie de encore de rejoindre le secteur Américains. Ainsi la famille de Charles et Anne Morgenthaler tente de gagner le pont de la Moder entre 16h et 17h. Mais avant il faut passer le barrage antichars dressé devant la maison de mes parents et constitué par deux imposantes rangées de troncs d'arbres remplies de gros morceaux de roches. Les quatre fils Morgenthaler, à savoir François, Laurent, Robert et René, âgés de 9 à 17 ans, poussent une charrette dans laquelle est caché leur père ayant échappé au Volkssturm. Ils sont suivis par leur mère qui pousse le landau dans lequel est couché Monique, âgées de trois ans.
Dans la rue principale couverte de neige, de débris de tuiles et parsemée de trous d'obus, les 4 enfants avancent plus vite que leur mère. Arrivés devant le barrage antichar, les soldats SS ouvrent le feu et atteignent le petit Robert âgé de neuf ans. Ses trois frères arrivent à le tirer sur la neige dans le cave de la famille Kiecher où il devait décéder trois heures plus tard, tandis que leur mère se réfugie dans la cave d'Emile Muller. Le même jour, Thérèse Holder est grièvement blessée aux jambes et évacuée dans la cave de mes parents.
Mardi 9 Janvier, Les Allemands commencent l'évacuation de la population du secteur Sud du village vers le Reich. Les soldats de la Wehrmacht visitent toutes les caves et à grand cris de "Raus, raus was gehen kann" (dehors, dehors tous ceux qui peuvent marcher), la population est entraînée vers le Kreutzrhein, sur lequel quelques rondin de bois servent de pont de fortune, puis le long de la digue du Rhin en direction d'Offendorf. C'était le comble des malheurs laissé tous ses biens, par un froid terrible et, pire, allé "là-bas"!
Durant cette fuite furent tués Henri Wurster âgé de 71 ans, Anselme Devaux âgé de 77 ans et Joséphine Gless âgée de 68 ans. Trois bacs étaient installés sur le fleuve. La traversée se fit par un froid glacial et toujours sous de violents tirs d'artillerie. Les derniers évacués ne furent transportés sur la rive Allemande que le lendemain et durent passer la nuit dans la forêt par un froid sibérien.
La population fut dirigé vers Vimbuch-Bhul et de là, évacuée en partie vers le lac de Constance et en parti vers la région de Rastatt-Kuppenheim et Bischweier.
A peu près au même moment, une partie de la population installée dans le secteur Nord du village fuit en direction de Schirrhein cependant, dans le secteur Américain, environ 700 personnes sont restées dans les caves ne voulant plus connaître l'exode et croyant surtout que les Américains tiendraient cette partie et reprendraient la partie Sud" c'était le cas de la famille Perny. Depuis le 9 Janvier on comptait 28 personnes, "dont un nouveau-né, 9 enfants et 3 invalides, entassés sur une surface de 40m2. La promiscuité ne gêne pourtant personne, raconte Paul Perny.
Les combats furent particulièrement violents dans le secteur de Hatten-Rittershoffen. Hatten tomba le 9 au matin, pour être partiellement repris ensuite. Puis les deux petites communes se trouvèrent au centre de combats acharnés jusqu'au 20 janvier. Américains et Allemands se battaient pour la possession de la moindre maison. Furent engagées côté Allemand, outre la 21e PD, la 25e PGD et une partie de la 7e Fallschirmjäger Division. L'arrivée de cette dernière Division le 14 prouve l'importance attribuée par les Allemands à l'issue du combat.
Le bruit de ces batailles meurtrières ne parvenait pas jusqu'au secteur Nord du Ried. Mais les préparatifs se poursuivaient pour l'établissement d'une jonction entre les forces combattant au Nord et celles de la tête de pont. Les Allemands envoyèrent des patrouilles de reconnaissance vers diverses localités. Ainsi le 8 Janvier, une patrouille du Bataillon Starke fut faite prisonnière près de la gravière entre Beinheim et Roppenheim par les soldats d'une jeep américaine: "Trois prisonniers laissent tomber leurs armes et se rendent, ils sont tirés à bord du véhicule, le 4e s'échappe en se laissant tomber dans un fourré, il retourne à Seltz sans armes, ce qui lui vaut une grave réprimande. Sur ce il retourne sur les lieux et rapporte deux fusils, peut-on lire dans le rapport Rau. D'autres patrouilles se rendirent à Auenheim, Rountzenheim, Sessenheim, Stattmatten, Roeschwoog ou Roppenheim le 11 afin de déterminer les dispositions Américaines. Ces patrouilles rapportèrent quelques renseignement intéressants, comme par exemple l'occupation des casemates d'Auhenheim et de Stattmatten par les Américains le 11, ou encore le fait que Roeschwoog ait été abandonné par les Américains le 13. Les Allemands étudièrent également les possibilités des voies d'accès parallèles au Rhin afin d'engager une Division de blindés et une division de parachutistes. Ils tentèrent de garder intact le pont de la Moder à Dalhunden et ils renforcèrent le pont de Fort Louis par des pionniers de l'armée.
Roppenheim, d'après le témoignage de M Charles Siedel, avait été réoccupé le 10 par des éléments du Bataillon Starke. Les civils eurent l'interdiction formelle de quitter la localité dont les issues étaient bien gardées par des sentinelles Allemandes. Tous se posaient la même question: Pourquoi les Américains avait-il tout abandonne? Pourquoi ne venait-il pas s'emparer de ces quelques fantassins Allemands mal équipés, mal nourris et dépourvus de tout matériel, ne possédant que leur fusil et quelques grenades à main?
C'est alors que le pasteur Michel Deiss, qui desservait les paroisses de Roppenheim, Forstfeld et Kauffenheim usa de ruse. Il prétexta l'obligation de rendre visite à un grand malade de Kauffenheim pour se rendre dans cette dernière localité où il informa le commandement Américains de la situation à Roppenheim peu de gens étaient au courant de cette démarche. Le Pasteur rentra chez lui sain et sauf. Quelques jours plus tard, sa femme s'inquiéta de son absence. Nul ne l'avait vu dans la journée, nul ne savait où il pouvait se trouver. Le mystère s'épaissit. Il réapparut le soir, dans la cave de Stephan où il avait l'habitude de passer la nuit. Il était blême, abasourdi, incapable de parler, sauf pour demander une cigarette au père de Charles Siedel.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Mar Jan 10 2023, 12:03
Il finit par raconter son histoire: il avait été convoqué par le Rittmeister Starke " Ortskommandant" logé chez Frédéric Steiner. Toute la journée il avait été soumis à un interrogatoire serré. Starke avait menacé de le condamner à mort, d'évacuer le village dans sa totalité et de mettre le feu aux maisons. C'était sa " nouvelle méthode". Le logeur avait usé de schnaps local pour faire traîner l'interrogatoire en longueur, car il se rendait compte de la gravité de la situation. Il avait finalement réussi et l'affaire resta sans suite, le Rittmeister devant se rendre à Baden-Baden pour la nuit, sans doute pour une nouvelle orgie. M. Deiss avait été dénoncé pour sa visite à Kauffenheim. Par qui? Peut-être s'en souviendra-t-il en lisant ces lignes, Les intimes du pasteur se gardèrent de mentionner cette affaire, craignant des suites néfastes. Lui-même ancien capitaine de réserve, ayant accompli son service actif en Algérie n'oublia jamais cette journée.
Les Américains disposaient de peu de forces. Au Nord de Drusenheim se trouvaient des éléments du 232e RI. La Compagnie K, par exemple, avait quitté Kilstett pour le camp d'Oberhoffen le 7. Puis elle s'était rendue le 10 à Schirrhein en camions. Elle avait poursuivi sa route à pied jusqu'à Sessenheim. James Pettus occupait des positions près de la maison forestière Mueller:
"Nous creusâmes des trous carrés de 5 pieds de profondeur et de six pieds de côté (1m80).On nous dit de les faire assez grands pour contenir quatre hommes. Puis nous coupâmes des arbres, de 6 à 8 pouces de diamètre (20 cm) et nous utilisâmes les troncs pour couvrir le trou. Il y avait une ouverture d'environ 30 cm de large entre le sol et le toit, aménagé pour le tir face aux positions ennemies. Sur les troncs nous plaçâmes des branches, puis nous recouvrîmes le tout de terre."
Il passa les jours suivant à améliorer son trou. Il se fabriqua un réchaud avec des boites de conserve, prit des vieilles batteries de radio et les attacha à une ampoule pour avoir de la lumière. Il tapissa les murs avec de la paille trouvée dans une grange, pour empêcher la terre gelée de se transformer en boue lorsqu'il faisait du feu. La paille était tenue en place par des poteaux. Il possédait une paillasse de de 4 pieds 1/2 de large sur six pieds. L’ouverture de tir fut fermée par une sorte de rideau ou de volet. C'était un vrai palace certains hommes privilégiés, reçurent des mitaines neuves, beaucoup plus chaudes que les anciens gants. On dut tirer au sort pour les distribuer. Les hommes montaient la garde à tour de rôle. Dans la journée, ils pouvaient se rendre au PC pendant une heure pour écrire des lettres ou se laver. Ils étaient bien nourris, avec deux repas chaud par jour en plus des rations K.
Sam Graybil, de la Compagnie D/232, occupa des positions dans la gare de Sessenheim à partir du 7. Un jeune Français lui coupa les cheveux, il put laver et faire sécher ses vêtements et il échangea avec des civils ses rations contre de la nourriture. Le Major Harold Houser, Compagnie B/232 défendait Sessenheim.
L'avant-poste de Stattmatten, pourtant au premier étage d'une maisons, vit arriver une patrouille ennemie de 20 hommes le 10 Janvier vers 6 h. Les GIs furent débordés et il fallut reprendre le village. John McGovern, également de la compagnie B/232, se trouvait dans une maison à l'Est de la voie ferrée Sessenheim-Dengolsheim. Il gardait un canon antichar dirigé vers le Sud la maison abritant la section lourde, l'escouade antichars et plusieurs fantassins. Il ne se passa rien d'exceptionnel jusqu'au 15 Janvier, sauf quelques heurts entre patrouilles. Le 11,un civil dit que l'ennemi regroupait les homme de Dalhunden pour les enrôler dans l'armée dans la soirée ont appris que ces hommes était en partance pour l'Allemagne.
La Compagnie C/232 défendait Roeschwoog et la compagnie I/232 se trouvait à Leutenheim. C/232 fut assaillie le 9 par une force ennemie de 250 hommes environ. Le même jour elle envoya une patrouille attaquer Auenheim et Rountzenheim l'ennemi fut pris par surprise et les deux localités furent réoccuper vers midi. Le 10, le nid de mitrailleuse de la Compagnie I fut attaqué à Leutenheim par une patrouille ennemie de 10 hommes. Le soldat Kessler était en train de s'habiller mi-vêtu, il se précipita sur son fusil et fit feu, repoussant ainsi l'adversaire.
Sur la gauche de la Compagnie C/232 on trouvait la Compagnie L/242, dans les environs de Koenigsbrück. Cette Compagnie avait relevé la Compagnie L/242, 79e DIUS, qui se trouvait donc à la Breymühl. Elle avait l'appui d'une section de mitrailleuses lourdes de la compagnie M, de mitrailleuses légères placées sur la route de Koenigsbrück à Forstfeld, et de mortiers installés dans une vielle grange dans le village. Sur la gauche se trouvait la Compagnie I/242 dont certains éléments occupaient un poste avancé à Kauffenheim. Deux soldats ennemis déguisés en civils s'en approchèrent: tous deux y laissèrent la vie, ainsi que le soldat John Fredericks.
Lorsque le 232e RI fut déplacé, les lignes du 242e furent étendues. C'étaient les positions les plus orientales tenue par les alliés. Le PC ainsi qu'une partie du groupe de commandement de la Compagnie occupaient une maison de Koenigsbrück, la section lourde la maison voisine et le reste des hommes logeait dans une taverne voisine. Les fantassins étaient dans les bunkers. Tous les soirs, à tour de rôle, une escouade venait se laver et se reposer à la taverne. A l'autre bout du village se trouvaient la section du S-2 chargée de recevoir et d'interroger les prisonniers et les civils. Il n'y avait pas grand-chose à faire sinon boire la bière vendue à la taverne. Le stock fut vite épuisé. Le vin se vendait 15 F le litre, ce qui représentait un bénéfice de 98% pour l'aubergiste, d'après les GIs. Les soldats découvrirent rapidement l'entrée de la cave. Ils succombèrent aux charmes d'une jeune fille de seize ans que ses parents surveillèrent jalousement!
Les premiers jours se passèrent en patrouilles dans les localités situés à l'Est.Les GIs achetèrent du pain, du vin et du schnaps à Forstfeld. A Leutenheim ils conclurent un accord avec deux Français déserteurs de la Wehrmacht: s'ils se précipitaient vers les lignes Américaines avec leurs vélos, cela signifiait une arrivée massive d'Allemands. C'est ce qui se produisit et on fit sauter le pont à l'entrée Ouest de Leutenheim (sur le D163). Quelques escarmouches se produisirent avec des patrouilles Allemandes. Mais le secteur était tranquille car l'ennemi n'avait pas localisé les positions de la Compagnie L. On pouvait cependant entendre le heurt des chars qui se disputaient les malheureux villages de Hatten et de Rittershoffen.
Le 10 janvier, les GIs tombèrent sur une patrouille ennemie de reconnaissance composée de quatre hommes deux Allemands furent tués, un s'échappa blessé et le dernier fut fait prisonnier. Ce fut un grand évènement et civils comme militaires s'attroupèrent à Koenigsbrück lorsqu'on amena les prisonniers. Mais cet ennemi n'avait rien d'un super-homme. Il appartenait à la 2e Compagnie,125e bataillon de reconnaissance Panzer, 25e Panzer Grenadier Division. Il dit que sa Compagnie ainsi que la première compagnie du même régiment occupaient des avant-postes sur la route de Forstfeld-Niederroedern afin de protéger le flanc de la 25e PGD à Hatten. La 2e compagnie comprenant une centaine d'hommes avec deux mitrailleuses lourdes et un mortier de 80 mm seize hommes avait quitté Kesseldorf pour reconnaitre la route Forstfeld-Kauffenheim-Leutenhein. On leur avait tiré dessus avec une mitrailleuse située près de l'église de Leutenheim.
Un tir de barrage s'abattit le même jour sur les positions de la compagnie L, Sans causer des dégâts. Des bombardiers survolèrent la région le 13, en direction de Strasbourg. Dans la nuit la Compagnie L, fut relevée par la Compagnie G/242 et elle établit de nouvelles positions dans les bois, près de Hatten où la bataille faisait rage.
Les jours suivant virent peu d'action, si ce n'est des escarmouches de patrouilles ou des tirs d'artillerie. La présence ennemie se faisait sentir dans tout le secteur. Les Allemands posaient des mines près des points stratégiques: le pont de Dalhunden, la route au sud de Roeschwoog... Ils établissaient des barrages sur les routes, à Roppenheim par exemple, et défendaient les ponts de Dalhunden ou de Kauffenheim. La route entre Auenheim et Roeschwoog fut bombardée dans l'après-midi du 13. Ce même jour un civil dit avoir vu une centaine d'Allemands à Roppenheim, quatre cents à Seltz et vingt à Kesseldorf. Un ponton avait été installé à Seltz par les Allemands.
Un civil de Roeschwoog rapporta la présence d'un millier d'ennemis à Fort Louis où avait été transféré le PC du régiment Zeifang. Fort Louis était en effet un point de franchissement du Rhin. Le pont de la Moder y était ouvert à la circulation sur une largeur de 3,20m, les 88 tirèrent sur Drusenheim et Rohrwiller. D'énormes dégâts furent en particulier causés par les bombardements de la nuit du 14 Janvier. Le même jour, le 232e RI prit Kauffenheim, Leutenheim et Roeschwoog dans l'après-midi. Enfin, l'ennemi profitait de toutes les occasions pour s'emparer de matériel: il acquit une voiture de combat en capturant un Américain sur les bords de la Moder au nord de Dalhunden, alors que ce dernier voulait puiser de l'eau dans la rivière.
Dans le secteur tenu par le 313e RI c'est à dire celui de Breymühl-Drusenheim, la situation n'évolua guère entre le 11 et le 13 Janvier. Le 11, les Allemands déplacèrent les chars sous couvert du remblai de la route de Herrlisheim-Drusenheim. Mais des hommes du 47e TkBn découvrirent une légère hauteur dans les bois de Drusenheim qui leur permettait de dominer une partie du remblai. Ils furent ainsi en mesure de détruire deux chars Allemands, peut-être même trois. Le même jour, l'ennemi, retranché dans la filature, envoya 50 obus sur le clocher de l'église de Rohrwiller où se trouvait le Capitaine Tiere, Compagnie M/314. Ce dernier évacuait le bâtiment lorsque le plâtre et les gravats s'abattirent sur lui.
Le 12, quatre Allemands furent capturés et un fut tué par la Compagnie L/314 dans les bois de Drusenheim. Ils appartenaient au bataillon Meyer, composé de 250 hommes. Ce Bataillon était auparavant une école de sous-officiers. Après avoir assuré la sécurité en France, les hommes avaient été envoyés dans les bunkers de la ligne Siegfried. Ils avaient traversé le Rhin dans la nuit du 7 au 8. La patrouille devait déterminer les positions Américaines au Sud de Drusenheim.
Etude des forces adverses.
Les Allemands étaient toujours retranchés sur la rive Est de la Zorn. Le 1er Bataillon, 2e Régiment de Police SS tenait Herrlisheim. Les premiers éléments avaient traversé le Rhin à la hauteur de la forêt d'Offendorf dans la nuit du 5 au 6. D'autres éléments avaient suivi dans le nuit du 9 au 10 janvier sur un bac improvisé avec quatre pontons recouverts de planches et tiré par un bateau à moteur. Le bac pouvait transporter 40 hommes et une charrette tiré par un cheval. Le 1er bataillon occupait es positions dans la partie Ouest de Herrlisheim. La moitié du Bataillon se trouvait dans des trous de tirailleurs et dans des tranchées dans les champs, tandis que l'autre moitié se reposait dans la ville. Le Bataillon comprenait entre 500 et 600 hommes. Le prisonnier pris le 14 par le 314e RI se plaignait de la mauvaise qualité de la nourriture et du manque de munitions. Il disait disposer de 35 cartouches par fusil et il pouvait tirer 300 coups par mitraillette.
Les interrogatoires des prisonniers permirent d'établir que le 2e Régiment de Police SS avait combattu en Pologne en 1940 et en Russie EN 1942.Il avait été anéanti près de Grodno le 10 Septembre 1944.Réorganisé à Brandenbourg le 15 Octobre suivant, il comprenait à l'origine 900 hommes, pour la plupart originaire de Berlin. C'étaient essentiellement des industriels, des fonctionnaires ou des agents de la défense passive dont l'âge moyen s'élevait à 38 ans. Etant donné leur âge et leur manque de qualifications, ils étaient seulement capables d'assurer une guerre défensive. Leurs convictions politiques les avaient rapprochés des SS. Après huit semaines de manœuvres et d'instruction à Brandenbourg, le régiment avait été transporté le 10 Décembre à Waldkirch, en Forêt Noire, où il avait reçu deux semaines supplémentaires d'instruction, puis il avait été envoyé à Memprechtshoffen. Placé d'abord sous le contrôle de la 405e Division, il avait été rattaché ensuite au Bataillon Oberrhein. Chaque Bataillon comportait trois Compagnies de fusiliers et une Compagnie lourde avec huit mitrailleuses, six mortiers de 81 mm et trois canons antichars de 75 mm.
Les premières unités vues dans la tête de pont de Gambsheim étaient les 9e et 11e Compagnies, équipées de trois à quatre mortiers de 80 mm chacune. Elles avaient subi d'énormes pertes lors de l'attaque de la filature de Drusenheim. La 9e compagnie avait été virtuellement anéantie, perdant une centaine d'hommes. Ainsi le 9, 68 hommes avait été pris à la Breymühl. Les survivants avaient été répartis comme renfort dans d'autres unités.
La plupart des prisonniers Allemands furent capturés dans le secteur de Herrlisheim par le 56e AIBn et par le 314e RI Outre 68 prisonniers mentionner plus haut, on comptait 44 prisonniers venant des 1ere, 2e et 4e Compagnie du 1119e VGR, 553e VGD, ils avaient été capturés à la Breymühl ou dans Herrlisheim. Ces Compagnies formaient le 1er Bataillon, ou Bataillon Kappes, constitué près de Wintersdorf le 30 Décembre avec les survivants du 1119e Régiments, plus les hommes venus des 1120e et 1121e Régiments Ils avaient traversé le Rhin dans la nuit du 5 au 6 au même endroit que le Régiment de Police SS avec un bac et des canots d'assaut pneumatiques. Des 300 hommes il n'en restait plus que 165 après les combats. Le premier Bataillon avait le soutien de la 1ere Compagnie, 305e ATBn et d'une partie de la 2° Compagnie, 405e ATBn.
Le 405e ATBn, sous les ordres du Capitaine Mannherz, était formé de deux compagnies. La première (Lieutenant Wiedemann) avait été organisé à Karlsruhe en Décembre. Elle avait traversé le Rhin le 4 afin de prendre position près de Herrlisheim. Elle ne comportait plus que 75 hommes. Elle possédait trois canons antichars de 75 mm en position au Nord de Herrlisheim. Elle les avait abandonnés dans sa retraite sur Offendorf. Une partie de la seconde Compagnie (Lt Hoelken) était encore à Freistett. L'autre partie se trouvait à l'Est de Herrlisheim avec trois canons antichars de 37mm. Elle avait également abandonné ses canons en se repliant vers l'Est. Un des prisonniers dit qu'il y avait en douze et quinze chars dans Herrlisheim qui avaient pour mission d'attaquer le long de la route Herrlisheim-Drusenheim. Mais l'artillerie Américaine s'était révélée si efficace qu'ils n'avaient pu se mettre en route.
Vers 11h le 9 Janvier, les hommes du Bataillon Kappes avaient estimés leurs positions intenables et ils avaient appelé en renfort le Bataillon Wimmer. Ce Bataillon comprenait deux Compagnies de 80 hommes chacune venus du 1120e Régiment. Il avait été constitué le 30 Décembre à Busenbach. Il avait traversé le Rhin dans la nuit du 6 au 7 sur un bac au sud d'Offendorf et avait occupé cette localité où se trouvait déjà la 10e Compagnie du 2e Régiment de Police SS. Le Bataillon avait été réduit à une centaine d'hommes après un barrage intense d'artillerie sur Herrlisheim. Il était soutenu par quatre chars.
Les patrouilles Américaines qui circulaient dans le reste du secteur firent quelques prisonniers. La plupart de ceux-ci se rendirent d'ailleurs volontairement aux Américains, déclarant en avoir assez de la guerre. Ainsi 15 hommes des Compagnies Lorenz et Menzel du Bataillon Hoppe s'étaient cachés dans les caves d'Auenheim et de Rountzenheim afin d'attendre le retour des GIs le 7 Janvier. Cinq hommes de la Compagnie Starke, de même Bataillon, se rendirent à Roppenheim le 9 à une unité de la 79e DIUS. Ils dirent que 50 hommes de leur Compagnie et 30 hommes du Volkssturm occupaient Roppenheim. Leur PC se trouvait à Neuhaeusel. Leur Compagnie avait été organisée à Rastatt six semaines auparavant avec 60 hommes, 30 hommes avaient été retirés le 7 afin de former le noyaux d'une nouvelle Compagnie et ils avaient été remplacés par des membres du Volksturm.
Six hommes de cette même Compagnie furent capturés le lendemain près du moulin entre Roppenheim et Beinheim. Ils étaient en patrouille et leur mission était de reconnaître les positions ennemies. Ils dirent que vingt hommes de leur Compagnie, armés de trois Panzerfaust et d'une mitrailleuse, occupaient Beinheim. Les Américains n'avaient jamais rencontré des combattants si pitoyables. Il s'agissait d'hommes d'une quarantaine d'année, en mauvaise condition physique. Leur chef avait un pied bot!
Le 13 Janvier, trois hommes de la 2e Compagnie, Bataillon Meyer, furent pris près de Drusenheim et un homme de la 1ere Compagnie, 109e Bataillon d'Infanterie, fut capturé près de Sessenheim. Cette dernière unité occupait les bunkers de la ligne Siegfried près de Stollhofen. Les hommes avaient traversé le Rhin dans la nuit même. Le prisonnier s'était rendu parce qu'il avait mal au pied.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Mar Jan 10 2023, 15:11
Les Secteurs Nord les 14 et 15 Janvier
Les 14 et 15 Janvier furent également des jours relativement calmes dans le Ried Nord. Des éléments des Compagnie A et L, 232e, occupèrent Roeschwoog le 14 ainsi que Leutenheim, tandis qu'une escouade établissait des avant-postes à Kauffenheim les chars du 47e TkBN détruisirent deux chars ennemis au Nord-Est de Herrlisheim et réduisirent au silence deux mitrailleuses ennemies placées dans la partie Sud de Drusenheim. L'ennemi tenta de franchir les lignes Américaines au lieu-dit "Bannhoelzel" en bordure de la Zorn, mais il fut repoussé. Rohrwiller et Drusenheim furent à nouveau bombardés. ces deux localités subirent des tirs d'artillerie le 15. Paul Perny note dans son récit: "La journée du 15 Janvier est identique aux précédentes on se réveille dans le bruit des tirs d'artillerie les enfants pleurent, les vieillards gémissent. Tout le monde vit dans l'angoisse.
Pour subsister, les plus courageux, dans un moment d'accalmie, récupèrent dans les maisons voisines ce qui reste de subsistance. Il y a deux jours, nous avons eu du pain frais. Quel régal! Quand les tirs reprennent, on implore la protection divine, en chantant des cantiques et en récitant des prières. Quand les explosions se font plus fortes, les implorations se font plus ardentes. Quelle ferveur!
Ce même jour, des fusées éclairantes illuminèrent Dalhunden. Les Archives Allemandes mentionnent un patrouille Américaine repoussée à Dalhunden l'ennemi avait établi des positions de mitrailleuses et de mortiers le long du Landgraben. Une patrouille ennemie venue de Forstfeld s'approcha de Kauffenheim mais les Allemands s'enfuirent lorsque les Américains tirèrent, des obus de mortier tombèrent à l'Est de Stattmatten sur les positions de B/232.La Compagnie K/232 rapporta une augmentation de l'activité ennemie au Sud de Dengolsheim. Ils virent des soldats Allemands se déplacer en groupes, Beverly Griffin, sergent de la Compagnie D/232, défendait un bunker près de Rountzenheim avec une mitrailleuse lorsqu'une patrouille Allemande s'approcha. Il se porta volontaire pour quitter le bunker afin de placer la mitrailleuse de façon à pourvoir faire feu sur l'ennemi. Grâce à son abnégation, quatre Allemands furent tués et les seize autres se rendirent. Enfin quatre hommes du génie furent tués et trois autres blessés alors qu'ils travaillaient dans un champ de mines à l'est de Schirrhoffen.
Peu de prisonniers furent pris ces deux jours-là. L'un d'eux venait du 1er Bataillon, 2e Régiment de Police SS. Il avait été pris à Herrlisheim et il se plaignait de la nourriture qui arrivait gelée et des munitions insuffisantes.
Un autre prisonnier appartenait à la 8e Compagnie de ce même Régiment. Il avait traversé le Rhin sur un bac d'une capacité de 60 hommes. Des rampes en bois longues de 6 m servaient de quai de débarquement. Le prisonnier était un déserteur Yougoslave qui était en Alsace depuis la nuit du 7 au 8 Janvier. Il était arrivé avec le train de la compagnie dont le PC se trouvait à Offendorf. Ce train comportait 8 chevaux, 3 charrettes et une cuisine de campagne, l'homme dit qu'une ration type se composait de 30 gr de graisse, 25 gr de saucisse, 300 gr de pain noir et 4 cigarettes. Les repas venaient de Freistett tous les quatre jours seulement.
Les éléments de la Compagnie A/232 quittèrent la partie Nord de Drusenheim le 15 Janvier. La première section de la Compagnie F/314, jusqu'alors dans les bois de Drusenheim, occupa les anciennes positions d’A/232. Le contact avec les unités plus au Nord fut maintenu grâce à des patrouilles. La situation n'évoluait guère en Alsace du Nord. Dans les Vosges, dans la région de Mouterhouse, le 157e RI, 45e DIUS, livrait une bataille âpre et sans pitié contre les hommes de la 6e SS Gerbirgs Division. Le 3e Bataillon, commandés par le Lieutenant -colonel Felix Sparks, fut encerclé le 15 Janvier. Dans l'outre-Forêt les combats se poursuivaient dans le secteur de Hatten-Rittershoffen, sans que l'un ou l'autre des adversaires l'emporte franchement. Les "têtes pensantes" du VIe Corps Américain se rendaient maintenant, mais un peu tardivement, compte de la situation.
Voici un extrait de leur rapport en date du 15 Janvier:
"L'ennemi déclencha une offensive vigoureuse le 1er Janvier: dans un premiers temps cela semblait être un effort déterminé pour clouer au sol toutes les troupes du VIe Corps et ceux des Corps adjacent, afin de les empêcher de se porter au secours des unités dans le saillant des Ardennes. L'attaque principale fut dirigé contre les Vosges du Nord et la région de Gros Redering-Achen située dans la zone d'action du XVe Corps. Quelques succès ayant été marqués dans les montagnes au Sud-Est de Bitche par le 36e, 256e, 257e VGD et des éléments de la 559e VGD, l'ennemi continua son attaque et engagea des éléments de la 6e SS Gebirgs Division qui venait d'arriver de Norvège....
Comme il ne pouvait exploiter ses succès initiaux à l'Ouest de Bitche, il tenta de forcer les débouchés des vallées des Vosges du Nord afin que la 21e PD et la 245e PGD puissent parvenir dans la plaine d'Alsace. La 245e ID, aidée par des unités variées, maintenait une activité de patrouille entre les Vosges et le Rhin. Mais l'offensive dans les Vosges du Nord fut stoppée et même repoussée par endroits, ce qui rendit impossible l'emploi des divisions blindées.
L'ennemi changea alors ses plans et déplaça les deux divisions blindées dans la région de Lauterbourg-Wissembourg afin de conserver l'initiative. C'est ainsi que débuta la bataille de Hatten. Pendant ce temps des attaques locales continuèrent dans le saillant afin de maintenir nos troupes en place et de conserver l'initiative.
Puis l'ennemi traversa le Rhin et établit une tête de pont dans le secteur Gambsheim-Drusenheim d'abord avec l'infiltration de patrouilles, puis avec une concentration graduelles de forces sous le contrôle des 553e et 405e Divisions. Il devint bientôt apparent qu'il s'agissait d'un plan plus ambitieux que le fait de clouer au sol des troupes. La prise de Strasbourg était en jeu, ainsi que celle de la plaine d'Alsace. L'attaque vers le Nord, partie de Colmar, semble faire partie de ce plan, afin d'effectuer la jonction avec les forces descendues des Vosges du nord. Le fait que Himmler soit à la tête de cette opération donne de la crédibilité à la thèse de la reconquête de l'Alsace.....
Bien que les attaques ennemies aient été partiellement repoussées, les Allemands continuaient à attaquer des objectifs limités afin de conserver l'initiative en attendant des renforts. La 7e Division de Parachutistes venaient d'être identifiée à Hatten: l'ennemi allait-il renforcer son attaque dans ce secteur ou utiliser la 11e PD ou encore la 10E SSPD?
Mais il fallait tenir compte du développement des opérations sur le front Russe, ce qui pouvait remettre en cause le plan initial. Il est évident que la reprise de l'Alsace aurait un effet psychologique immense, surtout après la défaite des Allemands dans les Ardennes. Ce serait un coup porté au prestige des alliés. En ce soir du 15 Janvier on s'attendait donc à une attaque renouvelée dans le secteur de la tête de pont.
Cette période fut marquée par la capture de quelques espions. En particulier deux Français revêtus d'uniformes SS et portant des "Sodlbücher" (livrets militaire Allemands) furent pris près de Roeschwoog le 8 Janvier. Ils appartenaient à la Division Brandenbourg, l'un d'eux avait appartenu à la Brigade Française Charlemagne.
Le premier, J.P., âgé de vingt ans, membre du parti nazi français, devait déterminer si l'aéroport de Haguenau était utilisable. Il devait également trouver l'emplacement des dépôts de carburants dans la forêt et celui des positions Américaines. On lui avait dit que les Américains s'étaient repliés à 30 Km du Rhin, et il devait le vérifier. Il lui fallait en outre interroger les civils afin de voir s'ils étaient favorables à un retour des Allemands. Enfin il avait pour mission d'établir l'itinéraire pour des équipes de sabotage. Son Compagnon, G.T., était plus âgé, avec la quarantaine. C'était un ancien agent de la gestapo à Cherbourg. Il avait suivi le repli de l'armée Allemande pendant l'été 44.
Tous deux portaient des chaussures de ski, des pantalons de ski de couleurs beige, doublés de blanc et réversibles, des blousons vert foncé avec une doublure blanche les blousons avaient une capuche et cinq poches, trois devant et deux derrière. Sous leurs habits de camouflage, les deux hommes étaient vêtus d'uniformes régulier SS extérieurement les habits ressemblait à des habits Américains, ce qui trompa même les Allemands. Les deux hommes avaient été détenus pendant 48 h par la Wehrmacht qui les soupçonnait. La population locale croyait avoir affaire à des Canadiens malheureusement leurs supérieurs n'avaient pas pensé à tous les détails et ils avaient oublié de changer leur ceinturon Allemand ainsi que la boucle de celui-ci. Ils étaient armés de la nouvelle mitraillette Allemande MP44, très plate, fort différente d'aspect des armes allemandes?
Ils n'avaient pas d'explosifs. J.P et G.T. estimaient leur tenue de camouflage excellente, à en juger par les réactions des Alsaciens.
Le deux hommes transportaient deux pigeons voyageurs. Ils avaient envoyé un premier qui disait qu'il n'y avait pas d'Américains à Seltz comme à Beinheim, l'autre pigeon avait été confié à la Wehrmacht qui occupait Seltz le 6 Janvier. Les renseignements étaient destinés à être transmis à Gaggenau. Ces deux hommes pensaient que leur mission était en rapport avec une attaque simultanée de Wissembourg vers le sud, de Rastatt vers l'Ouest et de l'Alsace du Sud vers le Nord ou l'Ouest.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Mar Jan 10 2023, 15:21
Deux groupes de saboteurs devaient les suivre, après avoir traversé le Rhin près de Seltz. Deux autres groupes opéraient, l'un à Niederroedern et l'autre à Strasbourg. Ils appartenaient à un groupe de trente hommes composé de Belges, de Russes, de Polonais et de Français et stationné à Gaggenau. Ils étaient sous les ordres d'un capitaine de la Wehrmacht. Ils avaient traversé le Rhin le 3 janvier sur un bateau pneumatique avec des unités de la Wehrmacht. Ils devaient faire sauter les dépôts de carburant et de munitions près d’Haguenau. Le premier groupe serait composé de civils. Ces agents, Français et Allemands, seraient vêtus de manteaux de couleur foncés ou d'imperméables, ainsi que de pantalons de ski foncés. Ils pouvaient porter des bérets. Leurs papiers indiqueraient qu’ils étaient d'anciens soldats Français. S'ils étaient faits prisonniers ils devaient dire qu'ils s'étaient échappés de camps de prisonniers en Allemagne. Ils porteraient du plastic dissimulé en plusieurs morceaux dans leur paquetage. Ils auraient une gourmette au poignet avec leur nom, ressemblant à la gourmette Française.
Le second groupe serait composé de militaires. Il y aurait quatre à six soldats Allemands ou Français. Ils porteraient des chaussures de ski, des pantalons de ski beige à la doublure blanche. Ils auraient sur la tête un bonnet de montagne Allemand vert foncé avec l'insigne de la tête de mort devant et une triple feuille de chêne sur le côté. Chaque homme serait armé d'une mitraillette et d'un Luger. Tous porteraient des explosifs et des grenades incendiaires. On leur donnerait des livrets militaires Allemands, des jumelles, des montres, des boussoles, des cartes Allemandes, ainsi que des rations pour quatre jours.
Les deux espions identifièrent les noms mentionnés dans un message transporté par un pigeon voyageur capturé près de Sarreinsberg le 10 Janvier. Ce message, daté du 6 Janvier, écrit près de la "carrière à 600 m à l'ouest de Rountzenheim", émanait d'un certain Bergmann qui appartenait à un détachement Edith spécialisé dans les raids. Il était destiné au Major Sulzer et disait:
"Plusieurs tentatives pour franchir les lignes ennemies durant la nuit du 5 au 6 dans la direction de Soufflenheim échouèrent à cause des mouvements de l'ennemi. Le légionnaire Legrand a été blessé. Nous essaierons d'atteindre l'objectif ce soir près de Leutenheim".
Il s'agissait sans doute d'un des groupes de saboteurs dont il a été question. La Division Brandenbourg avait été incorporé dans les SS le 14 Octobre 44 par Hitler qui récompensait ainsi les services rendus. Les Officiers et les Sous-Officiers continuaient à porter l'uniforme de la Wehrmacht. Les nouvelles recrues pouvaient choisir. Cette division était composée de deux Compagnie, la Compagnie Nord et la Compagnie Sud. Son terrain de manœuvres était situé à Herzbach pendant dix semaines, les saboteurs apprenaient le maniement des armes automatiques le rôle des éclaireurs, des patrouilles, l'utilisation des explosifs, la technique pour prendre gares et postes.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Mar Jan 10 2023, 15:34
Mr.Charles Siedel, de Roppenheim, nous apporte un témoignage précieux concernant un de ces espions:
"Cela se passait au courant de la première quinzaine de Janvier, la date exacte ne peut être précisée. Nous étions réfugiés dans la cave de la grange du restaurant "A l'Agneau". Cette cave avait été bien aménagée et renforcée par le propriétaire M.Stephan, pour nous protéger des tirs d'artillerie qui tombaient sur le village durant chaque nuit. Nous profitions du jour pour sortir et pourvoir au ravitaillement ou nourrir le bétail et la basse-cour fort appréciées en ces temps de pénurie totale, sans possibilité de ravitaillement. Une fermière avait allumé son four à pain pour la cuisson d'un bon pain paysan dont elle avait préparé la pâte la veille au soir avec son levain "maison".
Au cours d'une de ces matinées se présenta un homme qui demandait du café. Il était vêtu d'un manteau brun foncé, du genre kaki, portait un béret et parlait bien français. Il m'expliqua qu'il était un prisonnier français évadé et qu'il se renseignait sur la ligne de front et les possibilités de rejoindre les Américains. C'est pourquoi il voulait des nouvelles sur leurs positions exactes dans les communes voisines. C'est alors que je vis passer sur son vélo M. le curé Fernand Oberlé (curé de Neuhaeusel et de Roppenheim). Je le connaissais bien pour ses sentiments et son dévouement à la cause des alliés. C'est à lui que je confiai mon interlocuteur qui partit sur le champ avec lui.
O surprise le lendemain quand le curé que je questionnais sur ce qui s'était passé me répondit: "Il est en lieu sûr, je l’ai remis aux Américains à Roeswoog. c'était un espion Allemand". Il l'avait vite démasqué et il n'avait pas été dupe de ses déclarations comme moi la veille. Son comportement naturel et toutes les questions qu'il m'avait posées ne m'avaient pas laissé supposer pareille supercherie".
Deux autres agents furent arrêtés à la même époque. Il s'agissait d'abord d'Antoinette H née K., Luxembourgeoise de naissance et Allemande par son mariage. Elle appartenait au parti Nazi depuis 1932. Elle était âgée de 38 ans. Elle fut capturée par la 79e DIUS près de Bischwiller le 8 Janvier. Le 5 deux soldats étaient allés la chercher à sa résidence de Baden-Lichenthal pour la conduire en voiture à Lichtenau. Elle avait alors traversé le Rhin puis s'était rendue en vélo à Herrlisheim et ensuite à la Breymühl, toujours accompagnée de soldats ennemis. A la Breymühl elle s'était retrouvée seule. Elle avait poursuivi sa route vers Rohrwiller et Bischwiller. Elle devait estimer les forces Américaines près de Strasbourg, le nombre de chars, les unités....Elle avait trois jours pour accomplir cette mission et elle avait reçu 400 mark. Elle devait transmettre ses messages en faisant des trous dans certaines lettres d'un livre. Elle se fit "bêtement" arrêter car, si ces papiers étaient en ordre, elle ne possédait pas de laisser-passer.
Le second agent Helena I., Russe âgée de vingt ans. Elle fut capturée par la 79e DIUS le 7. Elle avait traversé le Rhin près de Plittersdorf, accompagnée par deux agents de la gestapo en uniformes de la Feldgendarmerie. Elle se rendit chez le commandant Allemand à Seltz. Il lui ordonna de franchir les lignes ennemies à Niederroedern. Elle devait découvrir l'emplacement des batteries Américaines qui bombardaient Rastatt, ainsi que celui des dépôts de munitions et de carburants. Elle était également chargée d'une enquête sur les rapports entre civils et Américains. Elle n'avait pas reçu de récompense mais on lui avait promis des papiers d'identité en règle ainsi que de l'argent si elle rapportait les renseignements demandés à Seltz le 9 Janvier. Son mot de passe était Politik Schiksal. Elle avait été internée en 1944 dans le camp de Schirmeck pour avoir fait des remarques antinazi, puis déportée dans le camp de concentration de Gaggenau. Elle avait accepté la mission dans l'espoir d'être libre.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Mar Jan 10 2023, 15:46
C'est pendant cette période que furent arrêtés deux autres espions. Il s'agit tout d'abord du Français Joël D.-M., alias Willy D... Il fut arrêté le 9 janvier à un barrage routier près de Bischwiller par la Batterie A, 49e FABn, 12e DBUS; Il avait traversé le Rhin à la hauteur d'Offendorf avec quatre autres agents le 8 Janvier. Il devait se rendre à Rohrwiller afin de placer des charges d'explosifs sous un chars, de se rendre compte de l'état des routes et de déterminer le nombre de chars dans les bois du Sud de la route de Bischwiller à Rohrwiller. Il devait prétendre être un travailleur en fuite de l'organisation Todt.
L'autre agent était un Alsacien de 16 ans, membre des jeunesses Hitlériennes. Il se nommait Frédéric W.... Il fut arrêté le 15 Janvier au point de contrôle entre Schirrhein et Schirrhoffen. Le 13 janvier on lui avait dit de se rendre de Seltz à Haguenau en passant par Kesseldorf, Forstfeld et Soufflenheim afin d'évaluer les forces ennemies et découvrir leur appartenance. Il devait dire qu'il s'était échappé du Volkssturm parce qu'il refusait de creuser des fortifications. Il devait rapporter les renseignements demandés à la Kommandantur de Seltz. On lui avait donné des habits civils tout neuf, 40 DM, de la viande en boîte, une miche de pain et on lui avait promis la croix de fer de 2e classe.
Il y avait cinq membres des jeunesses Hitlériennes en Alsace du Nord chargés de missions semblables. L'un deux avait été appréhendé par la 45e DIUS le 12 Janvier dans les Vosges du Nord. Ces jeunes étaient recrutés par un Bannführer Berger. Mais ils n'avaient reçu qu'une demi-heure d'entrainement concernant les unités US, leurs insignes et les plaques d'immatriculation.
Il convenait donc de se méfier de tous, même des jeunes garçons. Même ceux âgés de dix à douze ans étaient susceptibles d'être utilisés comme espions. La 79e DIUS arrêta beaucoup de gens en cette période douloureuse, en particulier des Alsaciens déserteurs de l'armée Allemande. Certains ne semblaient pas connaître leur unité. Ils avaient profité d'une permission pour rester chez eux.
LES ALLEMANDS OPERENT LA JONCTION ENTRE LA TETE DE PONT DE HERRLISHEIM ET LES UNITES DU XXXIXe PANZER KORPS DANS LE SECTEUR DE HATTEN. 16-20 JANVIER
Deux faits marquants dominèrent la semaine du 15 au 21 janvier: l'échec de la seconde tentative de la 12e DBUS devant Herrlisheim et la jonction des forces Allemandes engagée dans la tête de pont avec celles descendues du Nord de l'Alsace, plus particulièrement du secteur Hatten-Rittershoffen. Ces deux succès Allemands contraignirent les unités Américaine à effectuer un retrait limité sur les rives de la Moder.
Les préparatifs de l'offensive Allemande.
Les Allemands préparèrent la jonction de leurs forces et firent des plans le 16, 17 et 18 janvier. Participaient à l'opération des forces du XIVe SS Korps et des unités du XXXIXe Panzer Korps. Il était prévu en premier lieu une percée de la ligne Maginot entre le Rhin et la forêt de Haguenau, puis l'occupation du secteur Sessenheim-Drusenheim. La 7e Fallschirmjäger Division, dont les premières unités venaient de faire leur apparition dans la bataille de Hatten-Rittershoffen, devaient s'emparer de Roeschwoog avant de contourner vers le Sud la fortification Auenheim-Routzenheim pour occuper le secteur de Sessenheim. Puis elle avancerait sur Rohrwiller avant de progresser vers l'Est, vers Drusenheim en passant par la forêt de Drusenheim.
Le front passerait alors par Kauffenheim-Leutenheim-Eberbach- la limite Ouest de la forêt de Rountzenheim le croisement 2 Km à l'Ouest de Sessenheim la limite Ouest de la forêt de Soufflenheim et la limite Ouest du Matterwald. Ceci permettrait de protéger l'attaque du XXXiXe Panzer Korps.
Ce dernier attaquerait avec la 10e SSPD à partir de Herrlisheim, en direction des hauteurs Nord-Est de Brumath. Mais il convenait de construire des ponts sur la Zorn. L'attaque se poursuivrait sur Weyersheim, Geudertheim et Brumath dès l'achèvement des ponts, sans se soucier de nettoyer les villages traversés. Bien entendu, le Génie était mis à contribution pour la protection des ponts après le prise de Weyersheim et de Geudertheim . La 553e VGD assurerait la protection du flanc gauche dans le secteur de la Zorn. L'artillerie stationnée sur la rive droite du Rhin assurerait le soutien des secteurs de Drusenheim et de Rohrwiller. Deux bataillons d'artillerie, l'Artillerie Regiment Stab. 621 et l'Artillerie Abteilung 628, devaient être opérationnels à partir du 17 Janvier à 14 h.
Afin d'assurer l'avance de la 10e SSPD du secteur de Seltz dans la zone de combat, toute circulation était interdite sur la rive gauche du Rhin. Il fallait également protéger les bacs. Le PC du corps d'armée s'installait à Memprechtshofen.
Les Allemands déplaçaient donc le centre de la bataille. Ils se rendaient compte qu'ils ne gagneraient pas la bataille de Hatten-Rittershoffen qui était "au point mort ", échec et mat", pourrions-nous dire. On juge de l'importance accordée à cette offensive par la notoriété des forces engagées: une division blindées SS, La 10e, une partie d'une division de parachutistes et deux brigades de canons d'assaut pour ouvrir la voie à la 21e PD et à la 25e PGD.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Mar Jan 10 2023, 16:04
Les forces Alliées.
Les Allemands ne sous-estimaient pas leurs adversaires. Ils connaissaient exactement les unités qui se trouvaient en face d'eux. Ils se trompaient parfois sur des points de détail comme le numéro d'un régiment ou le lieu où la division avait été constituée. Ils estimaient que c'étaient de "bonnes division", qu’elles soient Françaises ou Américaines. Toutefois, ils se félicitaient de certains faits: l'attaque du 5 janvier dans la tête de pont de Gambsheim n'avait provoqué une réaction de la part des Américains que tardivement. De plus, la première tentative de la 12e DBUS pour reprendre Herrlisheim avait abouti à un échec. En outre, l'ennemi réagissait mollement contre la formation des petites têtes de pont. Il semblait n'engager que de faibles effectifs dans le secteur du Rhin entre Strasbourg et Seltz. Enfin, il ne pouvait disposer de la 14e BDUS qui avait beaucoup souffert pendant la bataille de Hatten-Ritteshoffen. Il était cependant à prévoir que les Américains utiliseront les forts de la ligne Maginot comme défense ainsi que les blindés de la 12e DBUS.
Etablissement de la tête de pont de Roeschwoog-Sessenheim
Les derniers préparatifs furent accomplis au cours de 16 Janvier: Le Général Erdmann, Commandant la 7e Fallschirjâger Division est informé de sa participation dans l'occupation de Roeschwoog et d'Auenheim prévue pour le 17. La protection du secteur Roppenheim-Forstfeld sera assurée par les unités de Witzleben (553e VGD). Von dem Bach-Zelewski donna son accord. L'ordre fut donné de " ne pas laisser inoccupé le territoire entre les communes ". Le PC du Régiment Remischberger devait être transféré en soirée à Roeschwoog, mais un officier fut blessé sur la route d'accès et deux hommes furent portés disparus. A minuit, le Major Remischberger reçut l'ordre de faire occuper Forstfeld et " Eichelgarten " par le 1er Landesschützenbataillon Oberrhein afin d'assurer le contact avec le 25e PGD au Nord.
Les Américains n'avaient pas connaissance de cette nouvelle offensive. Cependant, ils avaient préparé le secteur. Le 40e Régiment du Génie s'était activé depuis le 13 Janvier. Il avait posé des champs de mines en de multiples endroits: près de Koenigsbrück, au Nord de Rountzenheim, à l'Est d'Auenheim.... Il avait établi des barrages sur les routes: ainsi les approches de Roeschwoog avaient été minées. Il avait creusé des trous, établi des emplacements pour les mitrailleuses, posé des kilomètres de barbelés...... Ces défenses allaient s'avérer insuffisantes.
La journée du 16 Janvier fut assez calme, à l'exception de mouvements de véhicules entendus près de Forstfeld et dans le secteur de Fort Louis. Ces véhicules se dirigeaient vers Roeschwoog. On nota également une circulation intense entre Drusenheim et Herrlisheim. 35 personnes furent évacuées de Drusenheim et passèrent par Forstfeld. C'est cette nuit-là que le famille Perny quitta Drusenheim, comme le raconte Paul:
" La nuit du 15 au 16 ne sera pas identique aux autres. " raus, was gehen kann , raus ". C’est par ces invectives que l'on se réveillera, mais personne n'est vraiment surpris du retour des Allemands, cette éventualité devenait donc réalité.
Il est minuit. On nous laisse une heure pour quitter les lieux. Nécessité faisant loi, on n'emportera que le minimum vital.
Comme il n'est pas question d'utiliser les rues trop exposées aux tirs, on enjambe les clôtures, on traverse les jardins pour déboucher dans la rue du Rhin. Il reste dans les caves les personnes invalides. On promet leur évacuation par la route. Deux d'entre elles mourront: l'une tuée par un obus, l'autre de faim et par manque de soins.
On a pris la direction du Rhin sans connaître la destination finale. Le Kreuzrhein est franchi sur des rondins. Quand les balles traçantes éclairent le ciel, il faut se mettre à l'abri. On marche dans 40 cm de neige. Il fait un froid sibérien.
Nous empruntons maintenant la digue qui longe le Rhin. Nous nous dirigeons vers Offendorf. Soudain nous entendons des bruits de moteurs et des pétarades de motos. C'est ici qu'on va nous faire traverser le Rhin. Nous y rencontrons des habitants de Herrlisheim et d'Offendorf. Une aire de transbordement a été aménagée à la hâte. Il règne ici une grande effervescence. Trois bacs à moteurs sont installés sur le fleuve. Chaque traversée comprend des personnes, du matériel, des chevaux. Les Allemands sont plus soucieux des chevaux que des hommes.
Nous passons la fin de la nuit dans la salle de mairie bondée de Scherzheim. Sur chaque marche de l'escalier sont installées deux personnes. Le lendemain, nous arrivons au centre de tri d'Unzurst. Le voyage s'est passé en charrettes. Finalement notre famille trouvera refuge à Bischweier. On place en général deux personnes par foyer. Au total ce village hébergera 44 habitants de Drusenheim, ils y resteront jusqu'au mois d'avril, date à laquelle sera entamé le voyage retour tant attendu.
Nos troupes maintenant maîtresses du terrain nous transporteront jusqu'à Karlsruhe. Le voyage en direction de la frontière se passe en GMC. On traverse le Rhin à hauteur de Lauterbourg sur un pont jeté par l'Armée Française. "
Les Allemands occupèrent le ferme Unterwörth entre Fort Louis et Stattmatten. L’artillerie Américaine se déchaîna sur la tête de pont de Dalhunden ainsi que sur le bac de Seltz qui était d'ailleurs inutilisable par suite du niveau trop bas des eaux.
Le secteur de Dengolsheim fut plus agité. Un poste avancé 232e RI repoussa une patrouille ennemie de 15 hommes peu après minuit. Le village avait été abandonné par les civils. Les Allemands remarquèrent de nombreuses traces de pas qui se dirigeaient vers Stattmatten et Sessenheim. Vers 8 h du matin, venus du bois au Nord de Dalhunden, 70 Allemands prirent Dengolsheim. Ils se dirigeaient vers Sessenheim. Une première contre-attaque Américaine à 9h30 fut repoussée: la seconde section de la Compagnie B/232 qui devait attaquer par le Nord fut arrêtée par les armes automatiques à 150 m du village. La première section allait attaquer par le Sud-Ouest lorsqu'un homme pressa sur la gâchette par mégarde, alertant ainsi l'ennemi. Les Allemands avaient estimé la force Américaine à deux Compagnie, mais il convient de se rappeler qu'une Compagnie Allemande était équivalente à une section Américaine.
Une seconde contre-attaque Américaine, avec l'appui de huit chars du 781e TkBn et d'éléments de la Compagnie L/232, réussit à libérer le village en début d'après-midi. Les Allemands se replièrent sur la tête de pont de Dalhunden sans être inquiétés par les Américains qui ne disposaient pas de forces suffisantes. Les Américains avaient perdu 15 hommes, dont trois morts et huit blessés pour le Compagnie B. Les Allemands purent récupérer une radio émettrice.
Les Américains décidèrent de faire sauter le pont de Dalhunden dans la soirée, mais les chars ne purent franchir la voie ferrée afin de participer à l'opération. Après des échanges de coup de feu avec l'ennemi retranché à 300 m du pont, l'attaque fut abandonnée. Quatre P-47 survolèrent Dalhunden et les bois, empêchant ainsi les allemands d'utiliser leurs mortiers.
Il s'agissait de la 6e Compagnie du Bataillon Thomas. Ce bataillon avait été constitué le 23 Novembre à Constance. Il était parti le 2 Décembre pour arriver à Stollhoffen le 2 Janvier. Comme le Bataillon Hoppe, il avait franchi le Rhin près de Fort Louis le 13 Janvier, sur un bac improvisé fait avec des pontons assemblés et tirés par un bateau à moteur. Il comportait de 300 à350 hommes. La 6e Compagnie était une Compagnie lourdes avec des mitrailleuses et des mortiers de 80 mm; Elle défendait les approches ouest de Dalhunden. La nuit, la moitié des hommes occupait des positions défensives tandis que l'autre moitié logeait dans la localité. Le jour, il n'y avait qu'un quart des effectifs dans le village. Une patrouille s'était rendue à Sessenheim le 15 et l'avait trouvé libre. La 6e Compagnie reçut l'ordre d'occuper Sessenheim le 16 au matin, mais elle se heurta à une forte résistance Américaine.
Les Allemands ne savaient peut-être pas que Sessenheim était occupé par des éléments de la Compagnie B/232, parmi lesquels figurait John McGovern.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Mar Jan 10 2023, 16:11
Le 16 janvier également la 12e DBUS renouvela sa tentative pour éliminer la tête de pont de Herrlisheim. Cette opération fait l'objet d'un chapitre à part, à cause de son ampleur.
La pression de l'ennemi s'accentua le 17 Janvier dans le secteur occupé par le 232e RI. Des véhicules furent entendus entre Forstfeld et Leutenheim ainsi que Roppenheim où le Major Remischberger allait installer son PC. Vers minuit des tirs d'artillerie et de mortiers tombèrent sur Roeschwoog. Puis les avant-postes de la Compagnie A/232 furent attaqués par des ennemis en nombre supérieur appartenant à la 7e Compagnie, 19e régiment de parachutistes, 7e Fallschirmjäger Division. Les Américains durent se replier sur Leutenheim. L'ordre fut alors donné au Major Zeifang de rejoindre Roeschwoog avec le Bataillon XIII afin d'assurer la protection de la localité. Grâce au courage du sergent Smortrys, cinq GIs purent regagner les lignes alliées. Smortrys transporta lui-même un sixième homme qui était blessé. Puis il guida ses hommes au travers d'un champ de mines et de barbelés. Il sauva ainsi la vie de six personnes et la "Bronze Star" lui fut attribuée. Leur retraite avait été rendu possible par le courage de Lawrence Belden, D/232, qui traversa la rue à plusieurs reprises malgré le danger, afin d'approvisionner en munitions les deux mitrailleuses. Puis il resta à son poste pour couvrir le repli des servants avec sa carabine et des grenades à main. Il reçut la "Bronze Star".
A Auenheim, 30 Allemands attaquèrent avec des armes automatiques au début de l'après-midi. Un Sergent de la Compagnie C/232 n'hésita pas à s'exposer afin de diriger le tir des mortiers. L'ennemi bâtit en retraite. 14 prisonniers furent pris. Ils appartenaient à la 7e Compagnie, 19e Régiment de paras, 7e Division. Cette Compagnie occupait Roeschwoog. Dans l'attaque d'un bunker près de Roeschwoog, à laquelle participait seize hommes, deux ennemis avaient été tués, dix blessés gravement et capturés et les quatre autres avaient été faits prisonniers indemnes. Les prisonniers pensaient que leur Régiment comprenait seulement deux bataillons. Le premier bataillon de ce Régiment avait été vu en Hollande le 19 Décembre pour la dernière fois. Le 2e Bataillon comportait 360 hommes répartis en quatre Compagnie portant les N° 5, 6, 7, et 8. Les Compagnies 5, 6, et 7 n'avaient ni mortiers ni bazookas. La 8e Compagnie était la section lourde avec quatre mitrailleuses, quatre mortiers de 81 mm et des bazookas. Le 2e Bataillon était également connu sous le nom de Régiment Menzel.
A la fin de la journée on trouvait le XIIIe Grenadier Regiment Oberrhien (commandé par le Major Remischberger) dans la partie Sud-Ouest de Roeschwoog. Le IVe Grenadier Bataillon Oberrhein et le 1er Landesschützen Bataillon à Beinheim. Le 1er Grenadier Bataillon Oberrhein se trouvait à Fort Louis et le XVIe était à Dalhunden. Tous deux dépendant du Commandant Zeifang.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Mar Jan 10 2023, 16:31
L'ennemi devint particulièrement agressif dans le secteur de Sessenheim-Dalhunden. Un bataillon de fantassins Allemands avec l'appui de six chars ou canons d'assaut occupa Dengolsheim, Stattmatten et une partie de Sessenheim. Les avant-postes de la Compagnie K/232 à Dengolsheim et à Stattmatten durent se replier. Ceux de Kauffenheim reçurent des tirs de mortiers. Mais c'est surtout à Sessenheim que l'attaque fut la plus violente, menée par deux Compagnie de fantassins et quatre chars Mark IV. Deux des chars furent rapidement mis hors d'action et les deux autres retournèrent à Dengolsheim, mais l'ennemi revint en force. Il s'infiltra dans la localité, des combats de maison à maison eurent lieu et des éléments de la Compagnie B/232 furent encerclés.
John McGovern se trouvait à la fenêtre au premier étage au moment de l'attaque. Depuis plusieurs jours il montait la garde dans une maison à l'Est de la voie ferrée. Ce jour-là il observait ce qui se passait vers le Nord. Une mitrailleuse ennemie fit d'abord feu, puis six chars Allemands remontèrent la rue, venant de Dengolsheim (les rapports officiels disent quatre). Ils passèrent à 700 m de l'emplacement du canon de 57 mm qui était situé à une fenêtre de la façade Sud de la maison. Les servants firent feu et John vit les chars reculer. Pendant ce temps, Weldon Randall et les servant d'un mortier qui se trouvait au rez-de- chaussée tuèrent plusieurs fantassins ennemis. Les survivants gagnèrent une maison isolée 100 m plus loin sur la droite.
Harold Houser, Capitaine de la Compagnie B/232, se trouvait avec 17 hommes dans une maison. Il ordonna à ses hommes de partir. Il couvrit leur départ et tua au moins deux ennemis qui tentaient d'entrer dans le PC. Puis les chars dirigèrent leurs camons sur la maison. Houser s'échappa alors, retrouva ses hommes et les conduisit dans un lieu sûr.
Michael Miller, de la Compagnie de Commandement du 1er Bataillon, 232e RI, réussit à traverser un champ à découvert afin d'aller chercher de l'aide pour les troupes assiégées. Une contre-attaque Américaine fut organisée au début de l'après-midi. Y participaient une section de la Compagnie A/232, la section de mortiers de 61 mm de la Compagnie D/232, la section des mortiers de 81 mm utilisés en tant que fantassins, une section des chars de la Compagnie A, 781e TkBn et deux chasseurs de chars du 827e TDNn. Ces forces parvinrent au centre de la localité vers 15h30. Walter Murphy, et John Temple, de la Compagnie D/232, s'étaient portés volontaire pour conduire les chars dans la ville assiégée. Ils participèrent à la capture de nombreux ennemis. Un Allemands tira sur eux d'une grange. Temple mis le feu à la grange et s'empara de cinq Allemands qui se sauvaient du bâtiment. Sessenheim était libre à 17h. L'ennemi se replia à l'est de la voie ferrée. Des positions défensives furent établies pour la nuit. On put évacuer les blessés. Douze étaient gravement touchés. Il avait été extrêmement difficile de les rassembler et de leur donner les premiers soins pendant le combat. Cette tâche avait incombé au Médecin Arthur Edwards qui reçut la 3Bronze Star". Les chars gardèrent les accès Nord-Est de la localité tandis que les TD étaient placés aux entrées Sud et Sud-Est. L'un des TD détruisit deux chars de type Mark IV qui circulaient au Sud de Dengolsheim. Il fallut réapprovisionner les chars la nuit venue. Deux camions durent circuler dans l'obscurité la plus totale, sur des routes exposées aux tirs d'artillerie et de mortiers. Ce fut l'exploit qu'accomplirent Amedio Gazzigli, Donald Harr et John Hartonchick du 781e Bataillon.
Sam Graybill, D/232, se trouvait à Sessenheim lors de l'attaque. Il se souvient de l'église et de son clocher à bulbe si particulier. Il contemplait le clocher lorsqu'un obus Allemands le toucha, laissant un grand trou. Il pouvait voir des Allemands en tenue de camouflage entrer dans la localité en courant. Le soir venu les tirs d'artillerie s'intensifièrent. Un char Tigre (ou plutôt un Mark IV ?) mit le feu à la gare. Sa section sortit. Le char continua à tirer, couvrant les hommes de débris. Ils allèrent dans une taverne au centre de la localité. Ils assistèrent à l'évacuation des blessés, durant laquelle le Major Edwards faillit être tué. Les obus de 88 mm tombaient partout. L'un toucha même la remorque de sa jeep qui était bourrée de munitions. Le voisinage faillit sauter.
James Petrus, Compagnie K/232, se trouvait face à un bunker, en plein champ. Il fut témoin de la destruction des chars par le TD. Il creusa son trou avec peine dans le sol gelé, puis il alla rendre visite aux occupants du bunker. Il trouvait qu'ils avaient bien de la chance d'être ainsi à l'abri, avec du feu.
Le 232e fit environ 37 prisonniers à Sessenheim, dont six étaient blessés : ils appartenaient au 2e Bataillon du 21e Régiment de paras (ou Régiment Hardegg).
Les fantassins avaient été commandés par un officier qui faisait partie soit de la 21e PD soit de la 25e PGD. Les six ou huit canons d'assaut appartenaient également à une unité combattant dans le secteur de Hatten. Le 21e Régiment comprenait deux Bataillon et une quinzième Compagnie. En tout il comportait 440 hommes. La 6e Compagnie, qui avait conduit l'attaque, avait à l'origine 90 hommes et un mortier de 80 mm. Il ne restait plus que 55 hommes lorsqu'elle se replia. La 5e Compagnie avait perdu 15 à 20 hommes sur 85; Elle possédait deux mortiers de 80 mm. Les 80 hommes de la 7e Compagnie n'avaient pas pris part à l'attaque. La 15e Compagnie représentait le Génie. Les hommes devaient poser des champs de mines à l'Ouest de Sessenheim après s'être emparé de la localité. Un troisième Bataillon semblait être en voie de constitution. Le 19e et le 21e Régiments constituaient la 7e Fallschirmjäger Division, auparavant nommée Division Erdmann.
Le moral de ces prisonniers était bon. Contrairement à d'autres prisonniers, il avait fallu beaucoup de temps pour les amener à parler. Ils étaient mieux équipés que d'autres, avec des tenues de camouflage doublées réversibles, blanches à l'intérieur. Ils n'avaient pas de problèmes de munitions, disposant de 2000 coups par mitrailleuse, alors que les hommes du 2e Régiment de Police n'en avaient que 30. Seul l'officier qui fut fait prisonnier sembla avoir des connaissances précises sur sa mission: il indiqua que l'attaque de Sessenheim était destinée à opérer une jonction entre les forces combattant dans le secteur de Hatten et celles de la tête de pont.
Une attaque sur Dengolsheim avec deux sections de la Compagnie B/232 et des chars fut prévue, mais elle dut être annulée pour diverses raisons. Tout d'abord la section d'artillerie devait tirer sur la partie Ouest de Dengolsheim. Les premiers obus tombèrent trop près, tuant l'ordonnance du Commandant de la compagnie B et blessant plusieurs autres hommes. Puis un seul des chars se présenta à la ligne de départ constituée par la voie de chemin de fer. De plus l'évacuation des blessés s'effectuait avec des difficultés. Enfin le bâtiment qui contenait la cuisine et les provisions fut touché et tout fut perdu. Finalement le commandant de la section des chars retourna à Soufflenheim avec ses chars sans avertir le commandant du premier bataillon, 232e RI.
L'agressivité de l'ennemi augmenta le 18 Janvier. Des patrouilles Allemandes tentèrent de s'infiltrer un peu partout: l'une d'elle, forte de 30 hommes, fut repoussée par la Compagnie C/232 au S.O. d'Auenheim, une autre subit le même sort à Rountzenheim. Trois Compagnies de fantassins Allemands traversèrent la Moder au N.O. de Dalhunden vers 17h. A la fin de la journée, l'ennemi occupait la plus grande partie du bois de Sessenheim. Schirrhoffen et Soufflenheim furent bombardés. Une patrouille ennemie forte de neuf hommes attaqua un avant-poste du 232e à Kauffenheim, mais ce fut un échec: un Allemand fut tué et huit autres allèrent grossir le nombre de prisonniers. L'un des prisonniers était gravement blessé. Quatre chars ennemis circulaient dans Roeschwoog. Les prisonniers pris à Kauffenheim appartenaient à la Compagnie A/33, connue auparavant sous le nom de Compagnie Wimmer (Bataillon Hoppe). La compagnie Wimmer avait été anéantie dans sa première tentative pour prendre Stattmatten. Les survivants avaient traversé le Rhin et une nouvelle Compagnie avait été formée à Rastatt avec des remplacements venus d'un Bataillon N°5. Elle avait franchi le Rhin une seconde fois près de Fort Louis le 17 Janvier puis elle s'était dirigé sur Roppenheim. Le Bataillon Hoppe avait été complètement réorganisé. Il comprenait trois compagnies, soit 250 Hommes. Elles se trouvaient toutes à Roppenheim le 18. On distinguait la Compagnie A/33 ou Compagnie Wimmer, la Compagnie A/35 ou Compagnie Menzel et la compagnie A/34 ou Compagnie Starke. Neuf hommes étaient partis de Roppenheim en patrouille afin de déterminer si les Américains occupaient Leutenheim. Mais ils se perdirent et arrivèrent à Kauffenheim.
Les prisonniers dirent avoir vu six à huit obusiers de 105 mm ainsi que deux canons de 88 mm traverser Roppenheim la veille, tirés par des Halftracks. Ils virent également Huit parachutistes revêtus de tenues de camouflage blanches, toujours dans cette localité. Un des prisonniers avait parlé à un homme des Waffen SS de la Division Das Reich à Heidelberg. Cet homme pensait qu'une offensive de grande envergure allait être déclenchée afin de reprendre l'Alsace. Les Divisions de SS Viking, Das Reich et Hohenstaufen devaient y participer. Les officiers supérieurs du VIe Corps s'interrogeaient, quant à eux, sur les positions de la Division Frundsberg, ou 10e Division de SS, dont ils avaient perdu les traces depuis son retrait de Hollande.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Mer Jan 11 2023, 08:53
Des éléments de la 7e Fallschirmjäger Division parvinrent enfin à reprendre Sessenheim, un des objectifs du jour. Ils attaquèrent la localité dès 7h avec des chars. Sam Graybill, D/232, craignait l'aube tout particulièrement. Les communications avaient été coupées pendant la nuit. Les radios ne fonctionnaient pas une fois de plus. Des messagers furent envoyés aux diverses sections: aucun ne revint. Durant la nuit l'ennemi s'infiltra. Au petit matin il y en avait partout. Quatre furent tués sous les fenêtres du PC. Une contre-attaque se préparait à partir du bois de Rountzenheim où se trouvait le commandant du bataillon. Les hommes résistaient dans la localité. Cependant des chars Allemands arrivèrent par le Sud. Les GIs n'avaient à leur opposer que leurs fusils et un unique bazooka. Un infirmier Allemand fut tué alors qu'il tentait d'entrer dans le PC. Quelques minutes plus tard un char Mark IV s'arrêta devant le PC, fit feu et le bâtiment commença à brûler. Le PC fut déménagé dans l'une des dernières maisons sur la route de Soufflenheim. A 9h, neuf hommes de la section lourde parvinrent à rejoindre les autres. Ils apportaient de mauvaises nouvelles: le peloton était soit blessé soit fait prisonnier. Les vingt hommes tentèrent de s'organiser mais un autre char Mark IV survint et tira à bout portant. Les GIs gagnèrent le bois de Rountzenheim. Sessenheim était perdu. Le bunker convoité par James Pettus avait été touché. Deux des occupants étaient morts, décapités et le troisième était gravement blessé. La chance avait tourné.
Pettus et les autres hommes de la Compagnie K/232 passèrent la matinée dans leurs trous, n'osant pas faire feu de peur d'attirer l'attention de l'ennemi sur leurs positions. Vers midi ils se trouvèrent exposés soudain aux tirs ennemis. Les Allemands se servaient de mitraillettes qui tiraient vite, mais qui n'offraient pas de réel danger. Lorsque le barrage fut terminé, Pettus leva les yeux: il fut rempli de terreur. Des milliers d'Allemands traversaient le champ et venaient droit sur lui, sans se soucier des balles qui les fauchaient par douzaines. Les Américains s'enfuirent. Pettus abandonna son chargeur sur une branche. Leur Lieutenant était fou de rage parce que ses hommes s'étaient sauvés sans attendre d'ordres. L'ennemi les rattrapa vite. Un TD les menaçait. L'ordre vint enfin: "Foutons le camp, nous n'allons pas nous faire massacrer par un bazooka Allemand." Pettus était assis, son fusil sur les genoux lorsqu'un Allemand gigantesque se fraya un chemin dans les fourrés. Pettus le tua. Enfin la Compagnie K se replia à l'autre bout du champ. Ses positions étaient occupées par les hommes des 103e et 79e divisions. Puis la nuit venue, la Compagnie K partit vers Schirrhoffen où se trouvaient le 1er Bataillon du 314e RI (79e DIUS) et le 1er Bataillon du 410e RI 5103e DIUS). Elle s'arrêta quelques kilomètres plus loin. Les hommes ne purent creuser dans le sol gelé dur comme du roc et ils passèrent la nuit avec un imperméable pour tout abri. Le lendemain, ils étaient à Soufflenheim.
John McGovern vit deux chars s'approcher de la maison où il se trouvait ce même jour. Lorsque le char de tête ne fut plus qu'à 359 m, John s'apprêta à tirer. Mais le char touché par un TD caché avec ses canons de 105 mm derrière la voie ferrée, explosa. Le second char se dissimula derrière l'écran de fumée afin de chercher des survivants. John n'intervint pas car il ne pouvait y avoir de survivants dans cette fournaise. Plus-tard deux autres chars remontèrent la rue. L'un d'eux fut touché par un bazooka. Puis le deuxième char envoya un obus de 88 mm dans la fenêtre de la maison. Personne ne fut blessé mais il faisait très froid car toutes les vitres avaient été brisées. Les hommes se réfugièrent dans la cave où s'entassaient civils et militaires. Sam Graybill se trouvait dans une cave pleine de femme et d'enfants qui pleuraient de peur. John s'endormit épuisé. Il fut soudain réveillé par le grondement d'un char ennemi. Les Allemands lancèrent des grenades par les fenêtres et hurlèrent: "Rendez-vous". Les femmes se mirent à hurler. John se rendit. Il fut le premier à sortir de la maison bien que les Allemands aient la réputation de tuer les premiers hommes qui se montrait afin que les suivants se montrent dociles. Mais John eut de la chance, d'autant plus que ses poches étaient bourrées de souvenirs: swastikas, insignes....et qu'une grenade était attaché à sa veste. Ils se souvenaient des victimes Allemandes de Stattmatten et avaient peur des représailles.
D'ailleurs nous savons d'après le témoignage de George Sotak, A/232, que les Allemands fusillèrent un certain nombre de prisonniers Américains. George fut pris avec les autres, mais il échappa miraculeusement à la mort. Il resta entièrement immobile jusqu'au soir, puis il regagna en rampant les lignes Alliées. Il put ainsi transmettre des renseignements précieux concernant les positions ennemies. Le groupe de John fut arrêté peu après avoir quitté Dengolsheim. John eut l'impression qu'un drame allait se produire, mais un colonel Allemand survint. Il calma les esprits échauffés et le groupe se remit en route. Longtemps après, les Allemands continuèrent à interroger les prisonniers sur les incidents de Stattmatten.
Les combats se poursuivirent dans les bois au Sud de Sessenheim. Deux hommes de la Compagnie M/232 gisaient, blessé, dans un bunker. Dennis Duffy, messager se porta volontaire afin de mener les brancardiers jusqu'au bunker au travers des obus de mortiers et des tirs d'artillerie. Il aida les brancardiers à transporter les deux hommes jusqu'à un poste de secours. Puis il guida un convoi de blessés vers l'arrière en dépit des projectiles qui pleuvaient sur les hommes. Il revint, les bras chargés de médicaments et de pansements. Toujours dans le même secteur, David Peterson et Jack Ginsberg, M/232, veillèrent à ce que les mitrailleurs soient approvisionnés en munitions, de façon à pourvoir couvrir le repli des fusiliers. Les hommes de TF Linden résistaient vaillamment. On ne pouvait plus dire d'eux ce que le Général Wyche, commandant la 79e DIUS avait pensé après la défaite de Gambsheim: que TF Linden lui avait causé bien des problèmes et que son entrainement était à revoir.
La perte de Sessenheim a été attribuée au fait que les hommes occupaient les maisons au lieu de trous de tirailleurs. Il faisait très froid et les hommes désiraient s'abriter. Mais une maison est très vulnérable devant un char. Par contre si les fantassins sont terrés dans leurs trous, ils peuvent laisser passer les chars et s'attaquer aux soldats qui les accompagnent. Ils conservent un avantage: celui de posséder un abri. De plus les troupes qui défendent les bâtiments éprouvent un faux sentiment de sécurité et tendent à s'endormir. Les hommes auraient très bien pu établir des positions défensives à l'extérieur et occuper les maisons à tour de rôle pour se réchauffer. Une autre erreur fut commise: il aurait fallu faire sauter le pont de Dalhunden le 16, ce qui aurait empêché l'ennemi d'utiliser les blindés dans l'attaque de Sessenheim. Enfin lorsque Sessenheim fut repris le 17, l'attaque aurait dû se poursuivre sur Dengolsheim. Ces erreurs sont probablement imputables à l'inexpérience des combattants. Les pertes avaient été lourdes pour la Compagnie B: on dénombrait 139 Victimes, dont 4 Officiers. Mais les pertes Allemandes avaient également été élevées. Le Lieutenant Champion, qui fut fait prisonnier à Sessenheim, déclara plus tard qu'il y avait tant de blessés et de morts ennemis devant ses positions quand il dut se rendre qu'il craignit des représailles.
Le 19 Janvier fut marqué par la prise de Sessenheim par les Allemands et par l'extension de la ligne de combat pour la 553e VGD. Cette ligne s'étendait du S.O. de Kesseldorf à l'Ouest de Roeschwoog en passant par Forstfeld et Rountzenheim. La liaison avec le front de Hatten fut établie à Forstfeld. Toutes les patrouilles Allemandes constatèrent que l'ennemi était très attentif et qu'il possédait un bon service de renseignements. Le 1er Bataillon du 410e RI ainsi que les 1er et 3e Bataillon du 411e RI, 79e DIUS, outre les 1er et 3e Bataillon des 313e et 314e RI, 79E DIUS furent attachés à TF Linden, sous les ordres du Colonel McNamee du 232E RI, afin de reprendre Sessenheim.. A 5h30, le 411e RI avec le soutien de la Compagnie M/232 ainsi que la Compagnie A du 781e TkBn attaquèrent. Les fantassins quittèrent les bois au Sud-Est de la localité et traversèrent un champ à découvert. Ils furent rejoints par les chars justes avant d'entrer dans le village. La résistance Allemande fut peu vigoureuse au début et les Américains purent avancer de 75 m dans Sessenheim. Mais l'artillerie lourde Allemande se déchaîna bientôt. Les chars Tigre firent feu. "Je vis les projectiles faire des ricochets sur les tourelles," dit un des canonniers, "les chars ouvrirent le feu et nos chars furent touchés l'un après l'autre. Nous ressemblions à des pigeons dans un stand de tir." Un repli fut décidé vers 9h, après que la Compagnie A/781 eût perdu huit chars. Les Américains se retirèrent à la lisière Sud-Est du bois de Soufflenheim. Outre les chars Tigre, les Allemands avaient placé un canon antichar de 88 mm au sud de Sessenheim ainsi que trois canons antichars autotractés.
Comme d'habitude les soldats montrèrent beaucoup de courage et même d'héroïsme. C'est ainsi que Norman Hill, M/232, avait anéanti trois mitrailleuses ennemies et blessé un certain nombre d'hommes au cours de l'attaque de la Compagnie C/411. Puis lorsque cette compagnie dut se replier, il évacua onze blessés. De même, lorsque la Compagnie C/410 se replia, elle fut attaquée de côté par des Allemands équipés d'armes portatives. Deux GIs couvrirent le repli de la Compagnie avec l'unique mitrailleuse dont ils disposaient. L'un deux fut tué et l'autre faillit subir le même sort. Heureusement les balles lui éraflèrent le cuir chevelu. Les Allemands semblaient être des Nazis qui savaient l'anglais. Les SS criaient : "Rendez-vous, bâtards de yankees". (Ne s'agissait-il pas plutôt de la 7e Fallschirmjäger Division?)
Deux hommes de la Compagnie B/410, 103e DIUS qui se trouvaient dans leurs positions dans les bois de Soufflenheim, apparurent au poste de secours dans un appareil étrange: ils étaient raides et bleus de froid. Deux Allemands vêtus d'uniformes Américains les avaient surpris, capturés et dépouillés de leurs vêtements. Ils ne leur avaient laissé que leurs sous-vêtements. Ils avaient donné les uniformes volés à deux autres soldats Allemands. Les deux Américains eurent les yeux bandés et on leur ordonna de ne pas bouger tandis que les deux allemands se changeaient. Puis les quatre ennemis partirent. Bien entendu toutes les unités du secteur furent averties de l'affaire: il fallait se méfier de tout.
Une contre-attaque sur Sessenheim fut envisagée pour l'après-midi, mais les plans furent changés: la 79e DIUS et TF Linden devaient se replier sur la Moder afin d'y établir de nouvelles défenses.
Toujours le 19, soixante véhicules circulèrent de Fort Louis à Roeschwoog dans la matinée. Dans l'après-midi l'ennemi fit venir des renforts de Dalhunden afin de consolider ses positions dans Sessenheim. Kesseldorf fut occupé par une Compagnie du Volkssturn. Auenheim subit un bombardement violant vers 7h. Soufflenheim le fut vers 12h30: il s'agissait de projectiles puisant car les fragments avaient 2,5 cm d'épaisseur. Enfin quinze Allemands attaquèrent le flanc droit de la compagnie I/232 près de Leutenheim à midi, mais ils furent repoussés. Une patrouille de la compagnie G/242 rencontra des positions ennemies bien défendues près de Koenigsbrück. Prise sous les tirs croisés de trois mitrailleuses ainsi que sous celui des armes portatives, la patrouille fut clouée au sol. Paul Siegrist, Robert King et Normann Koenard couvrirent le repli de leurs camarades avec leur fusil Browning. Ceux-ci leur doivent la vie sauve. Tous trois reçurent le "Bronze-Star". Comme les jours précédant l'ennemi se montrait particulièrement actif dans le secteur de la tête de pont. Ses patrouilles avaient déterminé la présence d'un poste d'observation Américain dans le clocher de l'église de Kauffenheim ainsi que celle d'un nid de mitrailleuse au sud de Koenigsbrück.
Les infiltrations ennemies se poursuivirent le 20 Janvier: l'ennemi occupait le bois de Rountzenheim dès le matin, des véhicules circulaient dans le bois de Sessenheim. C'étaient des jeeps Américaines conduites par les Allemands. Mais le front était subitement devenu plus calme. Le 405e Régiment du Génie Allemand posa des mines aux accès de Kauffenheim et de Leutenheim afin d'éviter une attaque surprise des blindés Américains sur Seltz. La 553e VGD prit en charge le secteur de Soufflenheim-Sessenheim-Dalhunden. A Sessenheim se trouvait le XVIIe Bataillon.
La première étape pour l'élargissement de la tête de pont Allemande était donc la prise de Roeschwoog suivie de celle de Sessenheim. Cette phase aurait dû être terminée le 17, afin de permettre l'attaque immédiate de Drusenheim. Mais Sessenheim ne tomba que le 19 au matin. C'est donc dans l'après-midi que l'ennemi entreprit l'investissement de la partie Nord de Drusenheim. Là aussi, les Allemands rencontrèrent une résistance plus vive que prévue.
Le 314e RI défendait la partie Nord de Drusenheim.
Revenons au 16 Janvier, date de l'attaque Franco-Américaine sur la tête de pont. La 12e DBUS tenta pour la seconde fois d'éliminer la tête de pont de Gambsheim-Herrlisheim-Drusenheim à la fois à partir de Rohrwiller et de Weyersheim. Cette offensive s'accompagnait d'une action menée par la 3e DIA à partie de Kilstett. Pendant ce temps, le 2e Bataillon, 341e RI devait faire une opération de diversion sur Drusenheim.
Le 2e Bataillon débuta l'attaque de diversion à 1h30. L'ennemi répondit par des concentrations d'artillerie si intenses que Drusenheim fut réduit à un tas de ruines. Des obus de tous les calibres tombaient, de 75 mm à 170 mm. Les tirs d'artillerie continuèrent tout au long de la nuit et la journée suivante.
Le 1er Bataillon du 314e avait été attaché au 313e RI le 1° Janvier afin de s'opposer à la pénétration ennemie dans les Vosges du Nord. Il venait de participer à ce qu'on appela plus tard "la bataille de Reipertswiller". Il rejoignt le 314e RI le 16 à Oberhoffen. Le lendemain il fut déplacé à Schirrhoffen avec une section de blindés. Les Compagnies A et B prirent position de chaque côté de K/232 le long de la voie ferrée entre Sessenheim et Drusenheim. La Compagnie A se trouvait sur la droite. Puis la Compagnie C fut engagée sur la lisière Est du bois de Rountzenheim afin de couper la route Rountzenheim-Soufflenheim. La Compagnie I, qui se trouvait à Rohrwiller, fut remplacée par la Compagnie M et envoyée au sud du bois de Rountzenheim. Ces diverses compagnies participèrent aux combats de Sessenheim.
Le 2e Bataillon/314 occupait des positions à Drusenheim et le Compagnies F, K et L, gardaient le terrain depuis Drusenheim jusqu'à la tête de pont de Rohrwiller (le Breymühl). Des éléments du 3e Bataillon défendaient Rohrwiller. La nuit du 18 Janvier fut une nuit blanche pour eux. Des patrouilles ennemies s'infiltrèrent dans les lignes tenues par la 12e DBUS et entrèrent dans la partie Sud-Ouest de la localité. Les balles sifflèrent dans les rues. Personne ne savait ce qui se passait. L'ordre fut même donné de tirer sur tout ce qui bougeait. Ordre désespéré sans doute, mais il fallait empêcher l'ennemi d'arriver à Bischwiller. Aussi la route de Rohrwiller à Bischwiller fut-elle bloquée par une section de la Compagnie Anti-char. Les tirs cessèrent vers minuit. On dénombra une douzaine de prisonniers Allemands. Ils dirent appartenir à la 1er Compagnie du 22e PG Regt, 10 SS PD. Ils avaient pour mission d'établir une tête de pont sur la rive gauche de la Zorn. Une concentration d'artillerie tomba sur Rohrwiller dans la nuit. Une nouvelle attaque semblait imminente, mais celle-ci ne se concrétisa pas.
L'ennemi décida sans doute que Drusenheim était plus vulnérable que Rohrwiller. C'est donc là qu'il attaqua le 19, Drusenheim était défendu uniquement par le 2e Bataillon, 314e RI puisque A/232 avait quitté la localité le 15. Celle-ci se trouvait exposée au Nord du fait de la perte de Sessenheim, à l'Est et au Sud. Les troupes ennemies se massèrent à proximité de Drusenheim dans la journée du 19. On entendit des mouvements de chars. Les obus sifflaient. L'ennemi se servait du bois au Sud-Ouest de Dengolsheim pour assembler ses forces. Rien ne semblait pouvoir arrêter les colonnes de blindés et de fantassins qui circulaient tout autour de Drusenheim. Pensant que l'attaque viendrait du Nord-Est, le Lieutenant-Colonel Huff, commandant le 2e Bataillon, concentra les armes automatiques dans ce secteur.
L'attaque ennemie commença vers 16h30 avec un barrage d'artillerie. Dans le secteur Américain, on s'apprêtait à distribuer vivres et munitions. Le barrage dura une heure. Les Allemands utilisaient plus d'une centaine de canons et d'engins divers. Ils étaient déterminés à l'emporter. Puis vint l'attaque. Une attaque de diversion se produisit dans les quartiers Sud mais l'attaque principale vint du Nord, le long de la voie ferrée. Les hommes qui portaient des bazookas venaient en tête, suivie d'au moins cinq chars et de deux Compagnies de soldats. Les Allemands tentaient de couper la retraite des Américains par l'Ouest. Tant qu'ils eurent des munitions les GIs résistèrent. Mais les deux TD et les trois canons de 57 mm furent mis hors d'action dès le début par les bazookas. Puis la colonne ennemie progressa jusqu'à la gare. Elle envahit ensuite la ville. Les armes automatiques Américaines furent vite réduites au silence. Toute cette opération fut caractérisée par une rapidité extrême. Quelques instants plus tard, les positions de mortiers de la compagnie H qui se trouvaient au centre de la localité, ainsi que les nids de mitrailleuses éparpillés dans le village tombaient entre les mains des Allemands. Le PC du 2e Bataillon se trouva isolé dès 18h15. Les chars parcoururent la localité et firent feu dans les caves. Les fils téléphoniques furent sectionnés. Seule la Compagnie F réussit à sortir de ce guêpier car elle se trouvait au Nord de la voie ferrée. Les autres unités furent encerclées.
Puis l'ennemi franchit la Moder sous couvert de l'obscurité et grâce à la protection d'un mur élevé situé sur la rive Nord. Les hommes de la Compagnie G se trouvèrent isolés. Il en fut de même pour ceux de la Compagnie E qui étaient attaqué par le Sud-Est.
Presqu'en même temps l'ennemi renouvela son attaque par le Sud et le sud-Est. Il traversa également la Moder au niveau de la filature et pénétra dans le Barrwald, menaçant ainsi les positions de la Compagnie K à l'Ouest et celles de la Compagnie F à l'Est. La Compagnie K se replia sur Rohrwiller. Une Compagnie du 411e Régiment, 103e DIUS, aurait dû venir en renfort. Pour des raisons indéterminées, elle n'arriva pas et ce secteur ne fut pas protégé.
La Compagnie F reçut l'ordre d'établir des positions défensives dans le quartier Nord-Ouest de Drusenheim, tout en maintenant un poste avancé dans les bois. Une percée des lignes ennemies aurait pu être possible dans son secteur. Mais le manque de communications empêcha toute opération de ce type. Les hommes étaient isolés. Le dernier contact radio avec le 2e Bataillon fut établi vers 1h50 trois heures plus tard, les GIs eurent la permission d'essayer d'échapper.
Ce fut presque un "sauve qui peut". Quatre Officiers et 86 hommes de la Compagnie F parvinrent à regagner Bischwiller. Leur fuite fut protégée par une légère chute de neige. Quelques hommes des compagnies E, G, H, de la Compagnie de commandement et d'une section de reconnaissance les y rejoignirent. Tout le reste du 2e Bataillon fut porté disparu, y compris une grande partie de la section de reconnaissance dont le PC avait été établi près de la gare, une section de la Compagnie de TD et les équipages de TD.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Mer Jan 11 2023, 09:22
Le 20 Janvier donc, il ne restait plus que 241 hommes au 2e Bataillon, 314e Régiment. Ils étaient répartis ainsi
Officiers-Soldats-Total
Comp. de Commandement 2 45 47
Compagnie E 1 28 29
Compagnie F 5 93 98
Compagnie G 0 44 44
Compagnie H 0 23 23
Le bataillon fut réorganisé près de Wangenbourg.
Les prisonniers n'eurent que le temps de détruire leur équipement et d'envoyer un message à l'artillerie pour qu'elle continue à bombarder le pont sur la Moder au centre de Drusenheim. Puis les Allemands envahirent le PC. Ils firent aligner les GIs et la colonne s'ébranla vers le pont! Les obus tombaient de tous côtés. Par miracle personne ne fut touché. Chaque fois qu'un obus arrivait, le garde se plaquait au sol en disant "Vos camarades". Les Allemands dépouillèrent les hommes de leurs gants et de leurs chaussures, si bien qu'ils étaient debout dans la neige, en chaussettes. Essayer de tenir les mains sur la tête quand celle-ci sont gelées. Immanquablement les mains ont tendance à retomber. Les gardes prenaient grand plaisir à faire respecter la discipline à coups de crosses de fusil. Les blessés durent attendre debout comme les autres pour franchir le pont.
Les Américains furent conduits au PC Allemand situé à Dalhunden. Ils furent alors séparés, les Officiers étant placés ensemble dans un groupe. Puis on les fouilla. Les Allemands étaient surtout intéressés par les vêtements, beaucoup plus que par les renseignements qu'ils auraient pu obtenir. Le soir venu les prisonniers furent amenés sur les bords du Rhin. Le bac tomba en panne et ce n'est que le troisième jour qu'il fut réparé. Les GIs arrivèrent sur l'autre rive du Rhin où ils purent contempler les installations ennemies. L'ennemi ne semblait manquer ni de canons ni de chars. Puis les hommes poursuivirent leur route à pied, sans nourriture, jusqu'en Forêt-Noire. Baden-Baden fut la première étape, puis Stuttgart, Ludwigsburg et Hammelburg près de Wurzburg.
Les forces ennemies envahirent le Barrwald et le Matterwald. Le 314e RI établit de nouvelles positions défensives le long de la Moder près de Bischwiller et de Kaltenhouse. Les MP évacuèrent les civils de Rohrwiller avant d'abandonner la ville à l'ennemi.
16-19 Janvier: Seconde tentative de la 12e DBUS pour reprendre Herrlisheim.
On se souvient de l'échec de la première tentative de la 12e DBUS pour reprendre Herrlisheim. La seconde tentative débuta le 16 Janvier. Il s'agissait une fois de plus d'une attaque Franco-Américaine. Le rôle de reprendre Herrlisheim échut au CCA (Combat Command A) dont la mission générale était de chasser l'ennemi du Steinwald, d'Offendorf, de Herrlisheim et de Drusenheim et de le repousser jusqu'au Rhin. En même temps, les forces Françaises de la 3e DIA devaient attaquer Kilstett vers Gambsheim, tandis que CCB poursuivrait la mission qui lui avait été assignée le 7 Janvier, c'est-à-dire l'attaque de Rohrwiller vers Herrlisheim.
Ainsi ces différentes forces venues du Nord (CCB), de l'Ouest (CCA) et du Sud (les Français) convergeaient sur Herrlisheim et les Alliés espéraient éliminer la tête de pont. Pendant ce temps, le 2e bataillon, 314 RI ferait une opération de diversion sur Drusenheim. Des éléments du 232e RI occupaient des positions sur le Landgraben.
Composition du Combat Command A.
CCA, sous les ordres du Général Riley F. Ennis, se composait de deux régiments d'infanterie blindée, le 17e AIBn et le 66e AIBn, de deux régiments de blindés, le 23e TKBn et le 43e TKBn, et du 119 Armd Eng Bn (le Génie), avec l'appui de trois batteries d'obusiers de 105 mm du 493e Armd F ABn basés à Bischwiller. Ces unités étaient organisées en trois Task Forces:
-TF 1 (43e TKBn, - B Co, + A/119), assemblée à Weyersheim, avait pour mission de traverser la Zorn et de s'emparer d'Offendorf. Plusieurs possibilités s'offraient à cette TF, selon le résultat des Opérations dans le Steinwald: elle pouvait attaquer soit au Sud soit au Nord de la Zorn.
-TF 2 (66e AIBn + 1 section de chars B/43) devait nettoyer le Steinwald, établir une tête de pont de l'autre côté de la voie ferrée au Nord de Gambsheim et y opérer la jonction avec les forces Françaises venues de Kilstett avant de poursuivre l'attaque sur Offendorf. La ligne de départ se trouvait le long du Landgraben, juste au Nord du canal de dérivation. Quatre passerelle avaient été prévues pour le 15 Janvier à l'aube, puis repoussée au 16.
-TF 3 (17e AIBn - C Co, + 493e Armd FABn) devait s'emparer de la partie Sud de Herrlisheim et d'Offendorf. Elle devait partir de Geudertheim afin de gagner le pont sur la Zorn qui se trouve à mi-chemin entre Weyersheim et le Landgraben. Plusieurs plans étaient envisagés, suivant le succès des deux autres Task-Forces. Tous menaient à Offendorf.
L'attaque fut bien préparée pendant la nuit du 13 au 14. Tout le secteur entre le Landgraben et le Steinwald fut exploré. Ainsi un groupe composé de quatre hommes du 66e AIBn, d'un homme du 17e AIBn et d'un homme du 119e Armd Eng Bn, parcoururent le terrain à l'Ouest et au Sud du Steinwald. Ils devaient déterminer l'état des ponts, la profondeur des trous couverts de glace, l'emplacement des champs de mines et éventuellement celui des avant-postes ennemis situés à la lisière Sud du Steinwald ainsi que près de la voie ferrée. Un autre groupe composé de cinq hommes du 43e TKBn et d'un membre du Génie devait explorer la route de Weyersheim à Gambsheim. Le Sergent John Kerr découvrit un champ de mines qui s'étendait des deux côtés de la route. Il s'agissait de 240 mines disposées en cinq sections identiques de quatre rangées, douze mines par rangée. Mais le Sergent n'eut pas le temps d'achever la reconnaissance de ce champ car les Allemands firent feu sur la patrouille et celle-ci fut contrainte à se retirer.
Les hommes du Génie eurent fort à faire. Ils durent établir des ponts sur la Zorn et le Landgraben: ainsi cinq passerelles furent jetées sur le Landgraben au Nord du canal de dérivation et une autre fut placée juste à l'est de celles-ci sur le Giessen, tandis que deux pont Treadway étaient installés sur la Zorn au Nord de la D 94 pour les chars. Deux autres ponts Treadway devaient être placés, l'un au Sud du pont permanent sur le Landgraben, l'autre sur le Giessen. Dix autres passerelles étaient tenues à disposition des troupes. Les hommes du Génie étudièrent le problème des passerelles et trouvèrent une solution satisfaisante: ils parvinrent à construire une passerelle flottante en vingt minutes en assemblant deux caillebotis de 6 m de long placés sur un canot pneumatique.
Le 16 Janvier, les compagnies A, B, C et de commandement du 66e AIBn quittèrent Hoerdt au début de la nuit avec 75 Halftracks et 860 hommes, parmi lesquels 21 officiers. Ceux-ci venaient de subir une période d'entrainement intense à Niederscheffolsheim, Kriegsheim et Rottelsheim. Avant de se mettre en route, les hommes reçurent des explications détaillées concernant cette opération. Tandis que la Compagnie B restait au Landgraben en réserve, les Compagnie A et C devaient nettoyer le Steinwald, A au Nord de C. Puis elles poursuivraient l'attaque soit sur Offendorf, soit sur les ponts de passage du Rhin au Sud de cette localité.
Les Compagnies A et C traversèrent le Landgraben à 5h15. Les hommes marchaient en file indienne, guidés par des lumières clignotantes visibles seulement de l'arrière. Puis ils se déployèrent de chaque côté du Langteilgraben qui était à l'époque, un fossé de 1,20 m de profondeur, recouvert de glace. Peu après le début des opérations, la Compagnie A fut clouée au sol par des tirs d'obus de mortiers et de mitrailleuses. Deux hommes périrent, brûlés vifs par des obus au phosphore. Les GIs s'aplatirent dans les fossés sur le bord de la D 94. Ils se trouvaient devant le champ de mines dont il a été question plus haut. En outre, le sergent Harvey Hager et le Capitaine Donald Day, commandant la Compagnie A/66, durent s'exposer afin d'anéantir un nid de mitrailleuse situé de l'autre côté du fossé de drainage. Tout près de là, entre le fossé de drainage et un monticule de 60 cm de haut, gisaient cinquante cadavres: La compagnie C venait d'être anéantie. Cependant le Colonel Clayton Wells, commandant le 66e AIBn, ordonna au Capitaine Day de poursuivre l'attaque. Il était impossible de laisser les unités qui se déplaçaient au Nord du Steinwald sans protection.
Une poignée d'hommes, les survivants de la première section de la Compagnie A, sous les ordres du Lieutenant Brown, parvint à traverser la D94. Toujours en rampant ils gagnèrent le fossé de drainage. Ils se trouvaient alors tout près du Steinwald. Les Allemands firent feu de leurs armes portatives et de leurs mitrailleuses. Les GIs furent contraint de retraverser la D94. Mais il faisait jour. Les silhouettes se découpaient clairement sur la neige fraîchement tombée. Les tireurs Allemands n'eurent aucun mal à les faucher. Le Lieutenant Brown se trouvait à 75 m du Steinwald lorsqu'il fut touché. Il fut porté disparu. Les Allemands étaient solidement retranchés dans les bois et l'artillerie Américaine ne semblait pas les inquiéter.
Il était alors 7h30. Les cinq chars moyens de la Compagnie B/43 (Lt Scott) ainsi que trois canons d'assaut de 75 mm montés sur des châssis de chars légers M8 furent appelés en renfort. Ils avaient passé la nuit à Weyersheim. Ils traversèrent le Landgraben sur le pont permanent puis se dirigèrent en formation d'attaque vers le Steinwald. A découvert, sortant le buste de la tourelle du char, le Lieutenant Scott fit exploser les mines afin de ménager un passage pour les engins. Deux chars s'avancèrent et prirent position en face du bois. Leurs canons de 75 mm et les mitrailleuses de calibre 30 crachèrent. Les trois autres chars firent également feu depuis le champ de mines. Ce tir meurtrier sembla sans effet. On ne vit qu'un Allemand tomber de l'arbre où il était juché avec son arme automatique. Puis le Lieutenant Scott fut touché au visage et dut être évacué et un char Américain fut détruit. Scott dit: "Un homme s'est dressé devant moi avec son bazooka. Je suis aveugle. Je passe le commandement de la Section au Sergent." Les quatre autres chars se replièrent sur les bords de la Zorn.
La seconde section de la Compagnie A/66 ne put quitter ses positions près du monticule. Le Capitaine Day, qui se trouvait quelque part au Sud de ce monticule, demanda donc à la troisième section, placée en réserve à l'Ouest du même monticule, de le rejoindre afin d'entrer dans le Steinwald par le Sud. Seul dix hommes purent échapper au tir meurtrier des mitrailleuses et des obus de mortiers Allemands. Le capitaine obtint la permission de se replier.
Les survivants de la 1ere section retraversèrent le Landgraben pour s'abriter sur la rive Ouest. Ceux des 2e et 3e sections rampèrent jusqu'à une rangée d'arbres bordant un ruisseau d'où ils avaient lancé l'attaque. Les Allemands faisaient feu dès que les hommes bougeaient. Le Capitaine Day avait une cinquantaine d'hommes avec lui. Ils suivirent le fossé de drainage en rampant sur le ventre, puis ils se précipitèrent à l'abri des arbres, le capitaine Day arrosant le bois de sa carabine. Il était midi et l'attaque de la compagnie A avait échoué.
La Compagnie C/56 du Lieutenant Joseph fut presque entièrement décimée. Au moment de l'attaque, elle se trouvait à l'Est du bois communal de Gambsheim. Elle devait suivre la berge droite du fossé de drainage avant de pénétrer dans le Sud du Steinwald. On avait dit aux hommes qu'ils avaient en face d'eux 160 Allemands et six blindés. Mais les GIs furent vite désorientés, à cause de la mauvaise visibilité causée par le brouillard et parce qu'ils ne suivaient pas d'accident naturel du terrain contrairement à la Compagnie A. Ils se trouvèrent du mauvais côté du fossé de drainage. Le Lieutenant Joseph rassembla ses chefs de section afin de leur donner des instructions. Les hommes étaient assis autour du groupe d'officiers. Soudain l'ennemi ouvrit le feu: Il avait établi des positions de mitrailleuses à l'Est du fossé de drainage, dans la forêt et dans une clairière. Les GIs ne disposaient même pas de trous pour s'abriter. Le Lieutenant Joseph tenta d'attaquer. Il se redressa avec trois autres hommes et fut immédiatement touché. Il était impossible aux GIs de faire le moindre mouvement. Ils purent cependant mettre en place deux mitrailleuses, une lourde et une légère, qui firent feu pendant un quart d'heure avant d'être détruites.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Mer Jan 11 2023, 12:50
La plupart des hommes des deux premières sections trouvèrent la mort entre le fossé de drainage et le Kleingraben. Au moins 68 corps furent récupérés dans les semaines qui suivirent. Les hommes de la troisième section qui se trouvait en réserve à l'arrière subirent le même tir meurtrier des mortiers. Mais l'attention de l'ennemi fut détournée par l'arrivée de cinq P-47 qui lâchèrent leurs bombes sur le Steinwald. Les hommes en profitèrent pour gagner le couvert du Kleingraben. Ils y rejoignirent ceux de la Compagnie A. Environ 50% des hommes de la quatrième section purent également se sauver. Ils se trouvaient à l'arrière, le long du Kleingraben. Tous les survivants se retrouvèrent sur la rive gauche du Landgraben où ils furent regroupés. Plus tard, ils partirent se reposer à Hoerdt avec les survivants de la compagnie A. Mais ils furent renvoyés sur le Landgraben le lendemain matin.
Le 66e AIBn avait fait deux prisonniers qui avaient été capturés dans leurs avant-postes. Ils dirent que le bois était occupé par la 4e Compagnie du 20e bataillon de mortiers. Le soldat Hirsch se vit confier la tâche d'amener les prisonniers à Weyersheim. Les trois hommes procédèrent par bonds et réussirent à gagner le pont sur le Landgraben.
La Compagnie B/56 (Capitaine Powers) et la compagnie de commandement n'avaient pas participé à l'attaque. Les hommes de la Compagnie B aidèrent à l'évacuation des blessés. Les six mortiers de 81mm avaient été placés de chaque côté du Landgraben. Mais on ne put les utiliser: la brume limitait la visibilité. En outre les obus auraient pu toucher les hommes des deux Compagnies d'assaut. A 16h, lorsque les survivants des deux Compagnie eurent regagné le couvert de la rive Ouest du Landgraben, les mortiers et les trois canons d'assaut furent placés à une certaine distance du Landgraben.
L'attaque de la compagnie B/66 prévue pour 16h30 fut annulée. Les hommes établirent des positions sur la rive Est du Landgraben, depuis le canal de dérivation jusqu'à un ruisseau plus au Nord. Ils reçurent de la nourriture chaude et des sacs de couchage.
Ignorant l'échec de TF 2, le haut Commandement ordonna aux deux autres Task- Forces d'attaquer à leur tour. Un rapport de source inconnue avait en effet indiqué à 9h30 que le 66e AIBn avait pénétré dans le Steinwald et était en train de le nettoyer. Les chars du 43e TKBn devaient emprunter le couloir entre la Zorn et le Landgraben pour se diriger vers l'Est afin d'attaquer Offendorf. Le 17e AIBn suivrait derrière. Mais ces deux forces allaient se trouver totalement exposées sur le flanc droit. C'était les envoyer à leur perte.
Le 43e TKBn, commandé par le Lieutenant-Colonel Novosel, se composait des Compagnies A, B, et C chacune comportant 17 chars moyens M4A3. Onze des dix-sept chars étaient équipés de canons de 75 mm, les six autres chars possédaient des canons de 76 mm. Il y avait une mitrailleuse de calibre 50 et deux de calibre 30 sur chacun des chars. La première section de la Compagnie B (Lt Scott) avait été attachée au 66e AIBn. Douze chars M5A1 de la compagnie D se trouvaient placés en renfort du 17e AIBn, tandis que les trois autres chars de cette Compagnie aidaient à l'évacuation des blessés. Deux sections de la Compagnie A/119 Eng.Bn furent attachées au 43e TKBn
Les chars se mirent en position entre la Zorn et le Landgraben après 10h. La Compagnie A (Capitaine Kelley) se trouvait sur le flanc gauche avec la Compagnie C (Capitaine Gregory ) sur le flanc droit. Les chars avançaient en formation d'attaque. Les dix chars de tête de la compagnie A transportaient 80 hommes du Génie. Les deux sections de la Compagnie B (capitaine Dwyer), soit onze chars devaient protéger le flanc nord du Bataillon le long de la Zorn.
L'attaque commença à 10h30. Les hommes de la Compagnie C avaient reçu des ordres stricts de na ne pas tirer sur le Steinwald où devait se trouver le 66e AIBn. Les chars de la Compagnie C parvinrent sans rencontrer de résistance à la D468. Ceux de la Compagnie A furent retardés car l'ennemi s'était retranché le long de la Zorn. Dès que j'aperçus les Allemands", dit le Lieutenant Hall qui commandait la troisième section placée sur la gauche, "j'ordonnais à mes trois chars placés sur la gauche d'ouvrir le feu avec les mitrailleuses. Les Allemands s'empressèrent d'agiter des drapeaux blancs, mais ils devaient avoir peur parce qu'ils refusaient de sortir. Deux des chars s'approchèrent et en firent sortir onze que les hommes du Génie emmenèrent à Weyersheim". Les prisonniers appartenaient au Bataillon Oberrhein, ainsi que quinze autres hommes qui furent capturés dans un fossé un peu plus loin. Lorsque le Colonel Novosel se rendit compte que l'opération prenait du retard, il ordonna à la Compagnie A de laisser le soin de faire des prisonniers à la Compagnie B. La Compagnie A rejoignit la Compagnie C. Les deux Compagnies poursuivirent leur route vers Offendorf.
L'enfer se déchaîna lorsque les chars parvinrent près de la route Gambsheim-Herrlisheim. Les obus de mortiers et de canons antichars provenaient de la lisière nord du Steinwald, des quartiers sud de Herrlisheim et de l'Ouest d'Offendorf. Pris sous ces tirs croisés, le 17e char de la Compagnie A dans lequel se trouvait trois officiers fut immédiatement détruit. Il avait pris de l'avance et se trouvait sur le Katzenlaettelweg à une dizaine de mètres de la route.
Après quelques instants d'incertitude parce que le brouillard ne permettait pas de voir d'où venaient les tirs, les chars entreprirent de traverser la route. Le Sergent Gaines repéra un canon antichar Allemand de l'autre côté de la voie ferrée: il le détruisit. Mais quelques instants plus tard son char ainsi qu'un autre furent touchés. Deux des hommes furent tués dans le premier char tandis que le Sergent Gaines était gravement blessés au poumon. Le conducteur du char et un des canonniers bourrèrent la blessure de tissu afin d'arrêter l'hémorragie, puis le conducteur alla chercher un brancard tandis que le canonnier montait la garde, avec un pistolet et quatre balles pour toute défense. Le conducteur du second char réussit à faire demi-tour et à mener son engin vers l'arrière avant qu'un autre projectile ne casse la pédale d'accélérateur et ne lui fracture le genou. Il avait sauvé la vie de trois hommes qui retournèrent avec le conducteur du Sergent Gaines chercher ce dernier. Ce fut un miracle si Gaines put être évacué dans de telles conditions. Les autres chars de la Compagnie A reçurent l'ordre de se replier à 700 m de la route.
La Compagnie B n'eut pas plus de chance. Elle s'apprêtait à rejoindre la compagnie A lorsque le char de tête de la seconde section fut anéanti au sud de Herrlisheim. Trois autres subirent le même sort en un laps de temps de quelques minutes, et un cinquième endommagé, réussit à partir. Un sixième s'embourba presque jusqu'à la tourelle. Il tira sept coups sur l'église d'Offendorf avant d'être mis hors d'action. La première section perdit un char. Les équipages réussirent à regagner la Zorn où ils furent accueillis par un barrage de mortiers. Mais ils purent traverser la rivière.
Plusieurs chars de la Compagnie C furent également détruits ou endommagés. Ils avaient d'abord fait feu, visant soit Offendorf soit la bordure Nord-Est du Steinwald où s'agitaient des ennemis. L'un des chars explosa soudain: il avait été touché par trois canons antichars dissimulés dans le Steinwald. Le char d'à côté recula en zigzaguant, sous couvert d'un écran de fumée et tout en continuant à tirer. Il semble qu'il ait réussi à détruire deux des canons antichars. La Compagnie C perdit un total de cinq chars ce jour-là.
Tous les chars indemnes se replièrent 2000 m à l'arrière, sous la protection de trois chars équipés de canons de 76mm. Les Allemands ne cessèrent de tirer pendant le repli. Les obus de 75 mm et de 88 mm du 405e Bataillon antichars s'abattaient sur les engins qui ne pouvaient se défendre. Le 43e TKBn avait commencé la journée avec 52 chars: 12 furent détruits et 11 fortement endommagés. Ils durent être envoyés à l'arrière afin d'être réparés. Les autres, soit 29 chars, se replièrent sur la Zorn.
Le Sherman Gai Luron 2, du lt Calmels, détruit le 7 janvier 45 à Gambsheim
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Jeu Jan 12 2023, 08:55
Les fantassins du 17e AIBn (TF 3 sous le commandement du Major Logan) subirent également de lourdes pertes. Ils devaient d'abord suivre les chars jusqu'à la voie ferrée, puis prendre la tête et entrer dans Offendorf par le Sud. Les deux Compagnies A et B se trouvaient en tête. Elles quittèrent Weyersheim le 16 au matin, et suivirent la rive Nord de la Zorn jusqu'à un pont Treadway installé au Nord du pont permanent sur la D94. Puis les GIs se dirigèrent vers l'Est. Ils furent presque aussitôt soumis au tir des mortiers et des mitrailleuses ennemies. Ils passèrent la journée dans ces positions exposées. La nuit venue ils se replièrent sur le Landgraben.
Les dix chars légers de la Compagnie B/43 avaient accompagné le 17e AIBn. Le soir venu ils retournèrent à Weyersheim.
Par conséquent, au soir du 16, Offendorf et le Steinwald étaient toujours aux mains de l'ennemi. Les unités Américaines sortaient très affaiblies de ce premier jour de combat. De son côté CCB subit des tirs de canons ennemis cachés derrière le talus de la voie ferrée au Nord de Herrlisheim, et ils durent se replier sur Rorhwiller. CCB avait attaqué à 2h du matin après une concentration d'artillerie de 30 mn. CCB progressa jusqu'à la voie ferrée, puis la contre-attaque Allemande se déclencha à 10h30. Les positions devinrent intenables pour les Américains qui perdirent 12 chars. Seule la Compagnie L/314 restait à la Breymühl. Les tirs de l'artillerie Allemande se poursuivirent toute la journée, faisant de nombreuses victimes, surtout parmi les hommes de la Compagnie L. La 3e DIA échoua également dans sa tentative d'atteindre Gambsheim par le Sud. La journée du 16 Janvier se terminait donc par un échec total pour les Alliés.
Mme Christmann put observer le Ried et les combats qui s'y déroulaient depuis sa maison d'Oberhoffen. Elle nota pour la journée du 16 Janvier:
Après de courts intervalles, nous nous trouvâmes toute la nuit sous les tirs ennemis. Ce fut une nuit particulièrement troublé. Vers 1 heure du matin, un tir continu d'artillerie débute. L’artillerie Américaine est un peu éloignée de nous, près de Rorhwiller. Elle tire de tous ses tubes. Les Allemands semblent opposer une résistance sérieuse si l'on considère les tirs de mitrailleuses qui emplissent les courtes pauses entre les tirs d'artillerie. Ainsi se termine cette nuit mais la lumière du jour n'apporte aucun répit.
Peu après huit heures volent des obus ennemis maintenant commence une scène infernale indescriptible. Cela tire partout, avec des armes de tous calibres. C'est l'enfer qui se déchaîne. O villages du Rhin, comme vous êtes si durement affligés! Ce tir dure d'une manière presque ininterrompue toute la matinée. Vers 13h30 des bombardiers interviennent, on croirait que les maisons se renversent, elles sont ébranlées les unes après les autres. Nous n'avons pas encore vécu de journée aussi mouvementée. Puis les combats diminuent d'intensité. Les tirs de mitrailleuse se font de plus en plus rares, et, le soir venu, le calme se rétablit. Espérons qu'ils ont maintenant nettoyé les rives du Rhin. Ces avec des sentiments mitigé que nous regagnons la cave.
La 3e DIA avait donc échoué dans sa tentative pour reprendre Gambsheim en partant de Kilstett. L'opération menée par les forces françaises devait débuter à 9h30 après une préparation d'artillerie d'une heure. Tout au long de l'opération, la liaison avec les forces Américaines devait se faire dans la région du passage à niveau situé au sud du Steinwald. Le 3e RTA avait pour mission de s'emparer de Bettenhoffen et de Gambsheim. Voici quelques extraits de son ordre de mission:
III- INTENTION DU COLONEL:
-Couvert face au Nord par les forces américaines et face à l'est par les feux puissants de l'artillerie, se porter par la route et la voie ferrée sur Bettenhoffen et le bois Sud-est.
-Entreprendre le nettoyage méthodique de cette agglomération et se porter ensuite sur la partie sud de Gambsheim.
-Dans un troisième temps nettoyer la partie Nord du village par une action convergente venant de Bettenhoffen et la partie Sud-est de Gamdsheim.
IV-REPARTITION DES MISSIONS:
1. Le III/3 est chargé de l'opération. Il disposera de la totalité de ses moyens, la défense du village de Kilstett étant assurée par les deux escadrons de la Garde, la Compagnie Vincenot du II/3, les groupe Franc et le peloton de TD.
a) Objectifs successifs:
01- Bettenhoffen et petit bois Sud-est
02- Partie Sud-Est de Gambsheim et cote 129 sur la route menant au Rhin.
03- Partie Nord du village jusqu'à la voie ferrée où se prendra la liaison avec les forces Américaines. Pour l'occupation du village le bataillon pourra disposer, sur demande à adresser au colonel, de la compagnie réservée (capitaine Vincenot) et du peloton de TD, ce dernier jusqu'après l'arrivée et l'installation des canons de 57.
b) Horaires:
H = 9 heures 30 (débouché de l'infanterie à H-10)
H' et H'' seront fixées par le colonel commandant le régiment en fonction du déroulement des opérations, et sur proposition du commandant du III/3.
c) Appui de feux d'artillerie:
2. I/3: Mission inchangée. Faire preuve d'activité dans la région des bois de la Wantzenau. Surveiller étroitement les casemates qui sont sur la rive Nord-Est de l'Ill près de sa jonction avec le Rhin. S'opposer à toute action de l'ennemi dans cette région. Relever le 14 à la tombée de la nuit avec une section la section III/3 de la cote 130. La section de l’I/3 restera en place jusqu'à nouvel ordre.
3. II/3: Mission inchangée. La compagnie Vincenot se portera dès 7 heures à la Wantzenau. Sur ordre elle se portera sur Kilstett soit pour assurer la défense du village, soit pour participer à des contre-attaques entre Gambsheim et l'Ill. En fin d'opération envisager l'éventualité d'aller à Gambsheim renforcer III:3.
4. 1/7e RTA: être prêt sur ordre à porter une compagnie renforcée en arme lourdes sur Kilstett pour assurer la défense du village en liaison avec la Garde dans le cas où la Compagnie Vincenot aurait été poussée sur Gambsheim.
5. CCI/3e RTA: participera au plan de feu général d'artillerie. Sera ensuite à la disposition du Colonel commandant le régiment pour l'exécution de tir sur objectifs inopinés.
6. CCI/7e RTA: Fournira des feux sur demande au I/3 et au II/3. Limite Nord de la zone d'intervention: Diersheim. Limite Sud: Port de Kehl. Les tirs seront demandés par 284 et par téléphone, ils devront être limités à des objectifs payants et aux tirs d'arrêt.
7. CAC: le dispositif de la CAC sera modifié comme suit: une section à la disposition du III/3 (le groupe de Kilstett et laissé en place). Suppression du groupe de réserve et du groupe de la ferme Rothof. Le capitaine Bicaise est chargé de coordonner l'organisation de la défense AC après l'occupation de Gambsheim. Le Lieutenant Maillat sera mis pour l'opération à la disposition de l’III/3.
8. PELOTON DE TD: Le peloton de TD se portera le 15 (départ 8h30) à Kilstett dès le débouché de l'attaque:
-soit de prendre à partie toute résistance qui se révèlerait sur le champ de bataille
-soit de s'opposer à une contre-attaque allemande menée avec appui chars.
Le peloton restera à la disposition du Colonel. Après l'occupation de Gambsheim, il sera à la disposition du Commandant de l’III/3 pour la DCB du village jusqu'à l'arrivée et la mise en place des canons de 57.
V. GENIE: La section à la disposition de l’III/3 est chargée:
1) de construire des passerelles pour le franchissement du Giessen avec des échelons de combat.
2) de construire dans les délais les plus courts un passage pour Jeeps et Dodges. Les matériaux sont à approvisionner dès que possible et à pousser au plus près dans la nuit du 14 au 15 suivant ordres particuliers du Commandant de l’III/3.
3) du déminage le cas échéant.
VI. ARTILLERIE:
Voir plan de feux. L'artillerie devra être en mesure de s'opposer à toute attaque débouchant sur le flanc droit de l’III/3.
VII. PSR:
Sans changement. Se portera à la Wantzenau après occupation de Gambsheim. Compagnie de ramassage-Ecole de Hoenheim.
VIII. PC:
a) avancé: fonctionnera à la Wantzenau à partir de 8h30
b) arrière: avec le Lieutenant-Colonel Dinfreville au PC actuel.
L'attaque fut reportée du 15 au 16, ce qui explique la différence des dates dans l'ordre ci-dessus. Le Bataillon Reyniès (3e Bataillon) attaqua Gambsheim le 16 au matin, tandis que Kilstett restait tenu par les Gardes Mobiles et la 6e Cie. La préparation d'artillerie avait précédé l'attaque.
"La 9e Cie débouche en tête, mais elle est clouée au sol par le tir intense des mitrailleuses ennemies. Le Lieutenant de Bettignies qui la commande, un chef magnifique qui a fait ses preuves dans les opérations précédentes, se dresse pour observer la position ennemie. Une rafale le renverse, il est tué net. Le Sous-Lieutenant Casalta prend le commandement. Les premiers éléments de la 9e Cie arrivent tout de même au passage à niveau le plus rapproché de Bettenhoffen, mais elle est bloqué et, malgré l'aide puissante de l'artillerie d'appui, elle ne peut plus démarrer.
La 10e Cie passe à droite, arrive au Giessen et amorce un débordement, mais elle ne réussit pas à déboucher et doit rester abritée dans le ruisseau gelé.
Pendant 7 heures, les hommes s'y maintiennent avec de l'eau jusqu'à mi-cuisse. Toute tentative d'en sortir se voit sanctionnée de coup de feu ajustés. Vers le début de l'après-midi, elle tente à nouveau de déboucher après une nouvelle préparation d'artillerie; mais elle est à nouveau clouée au sol. A la tombée de la nuit, les deux compagnies peuvent se replier sur leur base de départ sous la protection de l'artillerie et avec l'appui de 2 TD. Elles sont durement éprouvées: 7 tués, 21 blessés. Encore une fois, malgré l'allant de nos hommes, l'attaque a échoué."
La mort du Lieutenant de Bettignies est magnifiquement relatée dans le livre du Capitaine Moreau:
" Le 16 janvier, une seconde attaque est à nouveau montée par le 3e bataillon renforcé de la 6e Compagnie, Capitaine Vincenot.
La 9e Compagnie, lieutenant de Bettignies et la 10e, capitaine Albouy, attaqueront en tête.
Ce matin-là, calme et souriant à l'habitude, de Bettignies est avec ses hommes, ses hommes qu'il aimait tant et les prépare au "coup dur" proche. "Nous collerons au plus près des derniers obus, ma place sera avec la section de tête bien entendu.
A l'heure H, les 2 compagnies s'ébranlent. Quelques résistances sont vite manœuvrés et la 9e atteint la voie ferrée dont le talus doit offrir un cheminement suffisant. Voici le passage à niveau, la prise d'eau que l'on voyait hier, en observant le terrain.
Le scénario officiel se déroule comme prévu. Chaque section, chaque groupe, chaque homme exécute la manœuvre à la lettre. L'ennemi cède, et de bond en bond, la 9e atteint la lisière de Bettenhoffen dont le passage à niveau et la gare sont à portée. Brusquement l'Allemand réagit. Violemment prise à partie, la 9e est plaquée au sol, le nez dans la neige. Il faut manœuvrer et, pour cela, voire très exactement où sont les résistances. Mais qui oserait lever la tête devant un tel déluge de fer ?....Un seul......De Bettignies.
Jumelles aux yeux, il scrute le terrain et décèle deux mitrailleuses ennemies, l'une à l'orée du Steinwald, l'autre près d'un buisson à 50 mètres. De Bettignies se sent déjà plus fort parce qu'il sait d'où viennent les coups. Il va donner les ordres qui doivent réduire au silence les armes automatiques Allemandes.
Une pluie de mines s'abat derrière la Compagnie. Quelques balles ricochent sur les rails près du Lieutenant impassible, qui n'a même pas baissé la tête.
La mitrailleuse tire encore, de Bettignies s'affaisse touché par une balle.
La nouvelle se passe de trou en trou, de tirailleur en tirailleur, de l'avant vers l'arrière et jette la consternation. " Le Lieutenant est mort!"
De Bettignies cette grande figure du régiment n'est plus. Quelques balles stupides l'ont abattu. La chose semble impossible et on ne la réalise pas encore.
Le Sous-Lieutenant Casalta prend le commandement de la 9e qui continue sa progression jusqu'au passage à niveau de Bettenhoffen mais doit stopper à nouveau. A droite la 10e compagnie atteint le ruisseau du Giessen, tente un débordement mais ne réussit pas à déboucher.
Pendant sept heures, elle se maintiendra avec de l'eau jusqu'à mi-cuisse dans le ruisseau glacé; toutes ses tentatives d'en sortir étant sanctionnées par des rafales intenses.
A la tombée de la nuit les 2 compagnies doivent se replier sur Kilstett. La 9e compagnie regagne ses positions ramenant avec elles le corps de son chef mort.
Le sacrifice des 9e et 10e Compagnies n'avait pas été vain. Devant la fougue de l'attaque l'ennemi n'avait pu croire qu'un seul bataillon défendait Kilstett, par ailleurs il s'était vite rendu compte qu'il avait des Français devant lui.
Ce coup de semonce avait tué dans l'œuf les germes de l'attaque qu'il projetait
sur Strasbourg, où il prétendait faire flotter ses drapeaux le lendemain.
Le soir même, la radio Allemande parlait au monde en ces termes: "Faut-il que l'ennemi se sente désemparé pour avoir jeté dans la bataille pour Strasbourg la 3e Division d'Infanterie Algérienne, l'une des plus belles unités de choc de l'Armée Française".
Cet hommage rendu par l'ennemi était une récompense. Le lendemain, dans Kilstett bombardé, un cercueil porté par 6 tirailleurs passe entre une haie d'honneur. Parmi ces six hommes, l'un deux pleure à gros sanglots. C'est Drici, celui qui fut pendant de long mois en Tunisie, en Italie, en France, l'ordonnance fidèle du Lieutenant de Bettignies. Dans la petite église mutilée de Kilstett, à droite et à gauche du catafalque, le Colonel Agostini et le Commandant Sauvagnac ont tenu à apporter le salut du Régiment au soldat qui vient de tomber pour que Strasbourg reste française. Tous les officiers qui ont pu quitter les lignes sont présents. Cérémonie du champ de bataille, cérémonie en tenue de combat, émouvante dans sa simplicité. Le RP Bellec, aumônier du bataillon, donne l'absoute. Pour parfaire la grandeur de cette émouvante minute la CCI salue d'une salve de 100 coups tirés sur l'ennemi les mânes du héros tombés"
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 13 2023, 09:18
Partout la réaction Allemande avait été "infernale", dit de Lattre. Cependant, les Américains reprirent leur attaque le lendemain, 17 Janvier. CCA avait le 23e TKBn en renfort, moins la Compagnie B mais avec l'appui de deux sections du Génie de C/119. Sa mission était de s'emparer d'Offendorf.
La 3e DIA devait appuyer les attaques Américaine par le feu et exploiter tout fléchissement de la résistance ennemie pour s'emparer des objectifs fixés pour l'attaque du 16. Mais on remarqua une recrudescence de l'activité de l'ennemi ce jour-là et le fléchissement attendu ne se produisit pas. Dans la nuit du 16 au 17, une forte patrouille Allemande avait été repoussée à l'Est de Kilstett. On entendait des tirs d'armes automatiques à hauteur de la Robertsau et du pont de Kehl. Le 67e RAA, en position au moulin de la Wantzenau, exécuta des tirs à la demande, soit 441 coups (contre 2622 la veille). Quelques obus tombèrent sur Hoerdt et la région de Kilstett. Il en fut de même le lendemain pour Vendenheim, la Wantzenau et Souffelweyersheim ainsi que Kilstett. L'action était concentrée dans le triangle Offendorf-Gambsheim-Herrlisheim.
Le 66e AIBn essaya à nouveau de prendre la Steinwald, avec l'appui de 16 chars de B/23 et celui du Génie (A/119). La compagnie B (Capitaine Powers), en réserve la veille devait mener l'attaque et s'emparer de la partie Sud du bois alors que la Compagnie A/119 prendrait la partie Nord. Juste avant l'attaque le 493e AFA Bn bombarda le Steinwald afin de préparer la voie pour l'infanterie. Mais celle-ci ne suivit pas immédiatement après la fin du barrage, ce qui laissa aux Allemands le temps de se réorganiser. Les fantassins traversèrent le Landgraben à 4h sur les passerelles au Nord du canal de dérivation et suivirent le même itinéraire que la Compagnie A/66 la veille. En arrivant sur la D94, deux sections de la Compagnie B traversèrent la route afin de se trouver du côté des chars, tandis que le deux autres sections se plaçaient au Sud, le long du flanc droit des chars. A/119 avançait sur la gauche.
Peu de temps après la Task-Force fut arrêté par le champ de mines. Chaque section était entourée de barbelés. Les hommes alertèrent involontairement l'ennemi en essayant de déloger les mines. Il était impossible de les faire bouger car elles étaient enfouies dans le sol gelé. Les GIs ne faisaient que déraper sur la glace. Cependant il fallait aménager une voie pour les chars. Les Allemands entendirent le bruit de la glace qui se craquait ainsi que les moteurs des chars. Ils firent feu depuis le Steinwald. Le nombre des victimes s'éleva rapidement: deux hommes de troupe et un Lieutenant de A/119 trouvèrent la mort. Au moins quarante hommes furent blessés. Ils furent placés sur les chars qui échappèrent par miracle aux projectiles. Privé de contact avec les autres unités parce que sa radio avait été détruite, le Capitaine Powers ordonna aux hommes de se replier sur le Landgraben. Il était 7h. Il fallait tenir ses positions à tout prix afin que l'ennemi ne traverse le canal. C'est ainsi que la seconde tentative pour prendre le Steinwald échoua.
Pendant ce temps se préparait l'attaque combinée contre Herrlisheim par le 17e AIBn et le 43e TKBn. Les fantassins quittèrent leurs positions au Nord-Est du couloir entre la Zorn et le Landgraben à 5h, suivis par les deux sections de chars légers de D/43 qui protégeaient les arrières. Des plans furent établis entre la Capitaine Shaw (D/43), le Major Logan du 17e AIBn et le Colonel Novosel, 43e TKBn. Le 43e TKBn entrerait dans Herrlisheim par l'Est lorsqu'il verrait monter la fusée éclairante.
Les fantassins du 17e AIBn avancèrent en suivant la Zorn. Les Allemands étaient retranchés le long des berges. Ils sortirent de leurs trous lorsque les Américains tirèrent. On en compta 80. Puis les chars légers reçurent la mission de déloger les ennemis qui refusaient encore de se rendre tandis que les fantassins poursuivaient leur route vers Herrlisheim où ils arrivèrent à l'aube. Il semble que les Allemands aient eu peur des grenades incendiaires. La route de Gambsheim à Herrlisheim servait de ligne de séparation entre les deux Compagnies. La Compagnie B se trouvait à gauche de la route. Elle atteignit le croisement avec la route d'Offendorf, à l'entrée de la localité, sans encombre, vers 10h30. Elle avait fait de nombreux prisonniers, prenant 200 hommes du bataillon Zieres qui se rendirent sans résister. Dans la cave des premières maisons qu'ils visitèrent, les GIs trouvèrent un téléphone de campagne et des documents. Cette cave semblait avoir servi de bureau après avoir coupé le fil du téléphone, évacué les papiers et fait prisonnier l'Allemand qui se trouvait là, les hommes du Lieutenant Edgren, B/17, poursuivirent leur route. S'ils avaient su l'allemand, ils auraient pu découvrir des renseignements intéressants par le moyen du téléphone.
Par contre la Compagnie A, qui évoluait à droite de la route, se heurta à la résistance Allemande venue du cimetière qui abritait au moins trois chars Tigre.
Lorsque les deux Compagnie se rejoignirent enfin vers midi, Logan essaya en vain de joindre Novosel. Il ne savait pas que celui-ci avait été fait prisonnier. Le 17e AIBn se trouva bientôt isolés dans la partie Sud de Herrlisheim, tout comme le 56e AIBn l'avait été quelques jours auparavant. Vers midi on estimait avoir affaire à 500 Allemands. Ils continuèrent à s'infiltrer tout au long de la journée. Les nouveaux venus se montraient beaucoup plus agressifs que ceux rencontré le matin qui se rendaient en disant "Kamarad !". Trois contre-attaques ennemies furent cependant arrêtées entre 16h et 17h: la première venue du Nord de la localité, fut brisée par les armes automatiques. Dix Allemands au moins y laissèrent la vie. La seconde attaque vint d'Offendorf et 4 chars ennemis furent détruits par les tirs du 493e AFA Bn. Les témoins estimèrent que quatre cents Allemands étaient arrivés le long de la voie ferrée jusqu'au cimetière. L'ennemi se replia avant d'entrer dans la localité. La troisième attaque provint du Steinwald et fut stoppée à 500 m au Sud de Herrlisheim. Les Allemands avaient eu 25 victimes. Tout au long de l'après-midi, les Américains tuèrent de nombreux tireurs isolés Allemands. L'opinion générale était que ces tireurs n'étaient pas des tireurs d'élite.
Les Américains ne subirent pas de pertes mais ils étaient à court de munitions et il leur était impossible de tenir la localité sans l'appui des chars. Or le 23e TKBn s'était retiré le long de la Zorn vers 17h. Logan demanda la permission d'évacuer le village: celle-ci lui fut refusée vers 19h30. Il savait que rester équivalait à se suicider mais il devait obéir? Il ignorait qu'une nouvelle attaque venait d'être envisagée pour le lendemain: le 17e AIBn et le 43e TKBn devaient poursuivre l'attaque sur Herrlisheim, tandis que le 66e AIBn prendrait Offendorf et le 23e TKBn s'emparerait de Drusenheim. Il semble évident que les "chefs" ne se rendait pas compte de la situation. Peu après la tombée de la nuit, Logan obtint un barrage d'artillerie sur le Nord et le centre de la localité afin d'arrêter une autre contre-attaque Allemande. "Si l'artillerie peut envoyer des obus au phosphore, je voudrais que Herrlisheim brûle", dit-il. Mais on ne lui envoya pas de renforts. Pourtant des munitions furent apportées à plusieurs reprises après la tombée de la nuit.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 13 2023, 09:39
L'ennemi redoubla d'activité le soir venu. Il tirait dans les rues. Les chars Allemands patrouillaient sans cesse. Les Allemands faisaient passer les gueules des canons dans l'embrasure des portes et des fenêtres et tiraient. Ils lançaient des grenades à main dans les maisons. Ils utilisaient aussi des grenades au phosphore la permission fut accordée de mettre le feu aux maisons vides afin de maintenir un rideau de feu entre les Américains et leurs adversaires.
La contre-attaque Allemande fut déclenchée vers 1h dans la nuit du 18. Elle avait été précédée par une concentration d'artillerie intense qui avait duré trois heures. L'artillerie Américaine tombait sur le secteur Nord de la localité par intermittence. Entre 1200 et 1500 envahirent ainsi Herrlisheim. Ce ne fut qu'a 4h que les Allemands encerclèrent le PC de Logan. Ils tirèrent avec leurs carabines et lancèrent des grenades par les ouvertures. Ils firent feu sur les sentinelles. L'une d'elles, blessée, gagna le PC en rampant et demanda à être achevée. Mais ses camarades ne purent accomplir cet acte horrible. Logan envoya son dernier message: "Ca y est". Certains hommes eurent la chance de pouvoir se sauver par des fenêtres situées à l'arrière du bâtiment.
Dix officiers, dont le Major Logan et les commandants des Compagnies A et B, ainsi que 175 hommes, furent portés disparus sur les 350 qui étaient entrés dans la localité à la fin de la matinée. Le ciel était illuminé par les flammes. Jusqu'à l'heure où la dernière contre-attaque fut déclenchée, le 17e AIBn n'avait eu à déplorer qu'une trentaine de victimes 142 rescapés regagnèrent les berges de la Zorn.
Quelques hommes sortirent même après l'aube. L'un deux était le Sergent Greer. Il portait une radio et un mortier. Il échappa par miracle aux balles Allemandes qui tombait autour de lui. Il dit au Lieutenant Ebbage, de la Compagnie B/17: "Monsieur, je veux que vous passiez en conseil de guerre le fils de pute qui a laissé tout cet équipement derrière lui".
Le lieutenant Edgren, B/17, se trouvait dans une cave avec ses hommes lorsque quatre ou cinq chars attaquèrent, venant de la partie Nord de la localité. Les Allemands entrèrent dans la maison mais oublièrent de visiter la cave. A l'aube, Edgren vit une Compagnie de fantassins Allemands entrer dans Herrlisheim par l'Est. D'autres Allemands établissaient des positions défensives à l'extérieur de la maison. Edgren redescendit dans la cave. Il remonta vers 11h. Un Allemand entra alors dans la maison. Edgren se cacha derrière la porte de la cuisine, sauta sur l'Allemand et le poussa dans la cave où ses hommes "s'occupèrent"du prisonnier. Un second Allemand survint. Il se montra moins "coopératif" et résista. Il réussit même à se sauver dans la rue en hurlant. Il n'y avait pas de temps à perdre. Edgren et ses hommes s'enfuirent, passant devant les positions inachevées des Allemands qui avaient abandonné leurs pelles à côté des ébauches de trous. Cinq hommes et Edgren rejoignirent les unités Américaines sur les berges de la Zorn.
Deux officiers tentèrent de réorganiser le groupe de rescapés afin d'aller sauver Logan et ses hommes. Mais les derniers hommes qui s'enfuirent de Herrlisheim dirent qu'il n'y avait plus rien à faire. Les survivants se joignirent aux hommes du 66e AIBn sur les berges de la Zorn. A 14h30 ils purent quitter leur abri précaire sous couvert d'un écran de fumée. Ils gagnèrent Geudertheim.
Quelques hommes ne purent s'échapper que le lendemain. Le sergent Masar se trouvait avec huit autres hommes dans le PC de sa section près du carrefour entre la route d'Offendorf et celle de Gambsheim. Il avait placé sa mitrailleuse à une fenêtre. Vers 22h30 la maison prit feu. Ils durent bientôt l'évacuer pour se réfugier dans un abri attenant à la grange. Ils y passèrent le reste de la nuit. Dans la matinée la maison s'effondra et les poutres enflammées tombèrent sur la grange qui prit feu. Les hommes s'agglutinèrent à l'unique fenêtre de l'abri, ce qui leur sauva la vie. Puis la porte menant de la grange à l'abri brûla et la fumée pénétra dans l'abri. Les hommes durent mettre leurs masques à gaz. Ils s'échappèrent le 19 au soir. Après bien des péripéties, ils tombèrent le 20 sur des FFI. Leur épopée était terminée.
Quelles conclusions peut-on tirer de cette affaire ?
Le Lieutenant_Colonel Wells, commandant le 66e AIBn, rendit visite au Major Logan dans son PC de Herrlisheim le 17 au soir, vers 21h. Une patrouille du 17e AIBn savait où se trouvait le PC de Logan. Lorsque Wells s'y rendit, il découvrit certains faits qu'il rapporta par la suite.
"Le PC se trouvait dans une cave et je dus me faufiler à travers des granges jusqu'à la porte de derrière. Je parlais au Major Logan ainsi qu'a deux ou trois autres Officiers d'après ces échanges je conclus que le 17e AIBn comprenait alors un peu plus de 200 hommes qui étaient dans Herrlisheim. La plupart d'entre eux étaient réfugiés dans les caves et ne pouvaient en sortir, et l'ennemi attaquait avec des forces supérieures. Les maisons dans la rue qui formait la limite entre les Allemands et le 17e AIBn étaient en feu. Lorsque je partis, tout était calme et ils n'avaient aucune raison de croire qu'ils ne pourraient pas tenir cette petite partie de la localité où ils se trouvaient. Puisqu'ils étaient séparés de l'ennemi par des maisons en feu, les Allemands ne semblaient pas être en mesure de leur infliger de lourdes pertes. Le Major Logan semblait épuisé. Il ne me fit pas part de son opinion. La plupart des renseignements que j'obtins me furent communiqués par les autres officiers. Le PC se trouvait à deux cents mètres environ de l'extrémité sud de la localité".
Wells pensait que les fantassins avait commis une erreur en se réfugiant dans les caves et en établissant le PC du bataillon et ceux des Compagnies A et B dans le même local. Il convient de signaler que les différents PC avaient été déplacés au cours de la journée, suivant les évènements. De plus les GIs n'essayèrent pas vraiment d'empêcher les Allemands de s'infiltrer. Leur manque de combativité était imputable à l'épuisement et à leur désespoir. Ils se battaient depuis deux jours dans des conditions très dures et avaient subi des échecs, ce qui les rendait impropres à l'offensive.
La fatigue à certainement joué un rôle prédominant dans cette bataille. Lorsque le Lieutenant Lawson, Compagnie A/17, se rendit au PC après minuit, tous les officiers dormaient. Un Capitaine apporta un message un peu plus tard. Il dut le lire trois fois car le Major Logan s'endormait dès la lecture commencée. Un chirurgien, le Capitaine Wakefield, confirma le fait que Logan était épuisé. Il somnolait dès 22H.
Le lieutenant Ebbage, B/17, attribuait la défaite à la supériorité numérique des Allemands et au fait que des renforts présents dans le secteur n'avaient pas été utilisés. Ils auraient pu au moins aider le 17e AIBn à quitter Herrlisheim. Par contre plusieurs témoin ont exprimé l'opinion que les Allemands ne savaient pas manier correctement leurs armes et que les armes Américaines étaient supérieures aux armes Allemandes. D'autres avaient l'impression que les Allemands étaient drogués, parce qu'ils parlaient fort.
D'après le Sergent Curry de la Compagnie B/17, certains Allemands étaient prêts à se rendre dans la phase initiale de l'attaque. Curry prit 21 hommes, dont trois officiers dans une maison occupée par un civil avec sa femme et son enfant. Le civil dit à un des Américains qui parlait quelques mots de français qu'il avait entendu un des officiers Allemands dire qu'il savait que les Américains allaient venir et qu'il avait l'intention de se rendre. Mais il ne fallait pas que les hommes de troupe le sachent. Les Allemands rencontrés dans la soirée se montrèrent insouciants. Lorsqu'ils attaquèrent dans la nuit, le Lieutenant Edgren et plusieurs hommes étaient réfugiés dans une cave. Quatre Allemands entrèrent dans la maison. L'un d'eux descendit dans la cave. Les GIs ne bougèrent pas et l'allemand repartit. Les GIs s'attendait à recevoir des grenades. Si les Allemands avaient utilisé les grenades, au moins 50% des Américains auraient péri dans la cave. C'est ainsi que tous ces hommes eurent la vie sauve.
D'autres raisons ont été évoquées: le manque d'armes capables d'abattre un char Tigre, par exemple. Il semble que les bazookas ne se soient pas révélés efficaces. Ou encore le manque de munitions au cours de la journée. Des erreurs stratégiques ont certainement été commises: d'après les manuels, il ne faut pas occuper une ville la nuit à moins de l'occuper dans sa totalité et de pourvoir établir des défenses à l'extérieur de cette ville sans soutien logistique des chars et des canons antichars, il était impossible à une poignée d'hommes de résister devant un ennemi numériquement supérieur.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 13 2023, 09:54
A Gambsheim, dans la tête de pont, les différentes Task forces (1,2 et 3) face à la 553. Volksgrenadier Division qui grâce à ces canons PaK de 7, 5 et 8,8 cm repoussent les blindés américains.
« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
Dernière édition par Alexderome le Ven Jan 13 2023, 10:33, édité 1 fois
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 13 2023, 10:15
Le 43e TKBn (29 Chars), avec l'appui d'une section des hommes du Génie de C/119 employés comme fantassins, devait attaquer Herrlisheim par l'Est, dans une opération coordonnée avec le 17e AIBn. Tous les officiers avaient conscience du caractère impossible de la mission: comment passer avec les chars dans un terrain à découvert, exposé aux tirs meurtriers venus de toutes les directions ? C'est ainsi que le Lieutenant-Colonel Novosel, qui commandait le bataillon, dit à un des officiers qui ne participait pas à l'attaque: "Meyer, vous avez de la chance. Je crois que le bataillon ne reviendra pas". Son pressentiment allait s'avérer exact: le 43e TKBn disparut tout simplement.
Les chars se mirent en route vers l'Est. Ils traversèrent la route de Gambsheim à Herrlisheim puis virèrent vers le Nord, l'un derrière l'autre. Leur objectif était une zone boisée à l'est de la voie ferrée et au Sud-Est de Herrlisheim. A 7h40 Novosel fit savoir par un message radio qu'il était prêt à avancer sur la localité. Le 17e AIBn avait lancé sa fusée éclairante comme convenu.
Soudain deux chars de C/43 furent touchés par des canons antichars situés probablement à Offendorf. Puis quelques instants plus tard, alors que les éléments avancés d'une section approchaient de Herrlisheim, les chars furent soumis aux tirs d'un canon autotracté, de canons antichars et de fantassins. Deux chars furent touchés et le capitaine Shaw qui accompagnait le Major Logan (17e AIBn) vit les flammes monter dans le ciel. Un des derniers messages radio parvint à 8h49: le 43e TKBn était entré à Herrlisheim. Les tirs devinrent de plus en plus intenses. Novosel dit à la radio que l'attaque de la veille sur Offendorf était "une scène de cirque" comparée avec celle du 17. Mais il refusa que d'autres chars viennent s'exposer à leur tour afin de le secourir. Peu avant 11h00 parvint le dernier rapport du Colonel: il réclamait l'appui de 2000 fantassins. Son char venait d'être détruit. Un bataillon entier fut ainsi anéanti, soit avant d'atteindre Herrlisheim , soit immédiatement après. Cinq chars se trouvaient dans la localité, à l'Est du croisement avec la route d'Offendorf. Les carcasses de huit autres, dont celui du Colonel Novosel, entourait un verger. Un autre char était recouvert de briques et de débris. Ceux qui avaient pu regagner le bois avaient été soit détruits soit capturés. L'honneur d'avoir anéanti ce bataillon revint en particulier à l'Obersturmfürer Erwin Bachmann qui capture 60 hommes et 12 Shermans, et qui en détruisit 7 autres. Les Allemands récupérèrent tous les chars encore utilisables, les camouflèrent et s'en servirent les jours suivants. Bachmann fut fait chevalier dans l'ordre de la croix de fer. Voici le récit de cet exploit qui figure dans l'histoire de la 10e SS PD:
"Au matin du 17 Janvier, le Commandant Tesch se met en ligne avec son unité de chars tout en progressant d'Offendorf sur Herrlisheim. Son attaque est stoppée par le feu nourri des antichars et des blindés Américains. Plusieurs de nos chars sont mis hors de combat et le chef de la 3e Compagnie est blessé. Le Commandant Tesch retourne alors au PC de son unité à Offendorf pour faire son rapport au Régiment et à la Division. L'officier de liaison de la 3e Compagnie, le Lieutenant Bachmann, a écouté ce rapport. Il prend congé de Tesch et retourne à son ancienne Compagnie qui vient de perdre son chef. Il ne sait pas, en quittant le commandant que le dieu de la guerre l'a destiné à se lancer dans une prouesse téméraire. Voici ce nous révèlent ses notes personnelles/
"J'avance dans la moto side-car de Sauerwein jusqu'à l'entrée de Herrlisheim où je repère deux chars de la 3e Compagnie, le Caporal-Chef Mühlradt se trouvant parmi l'un des équipages. Il m'apprend que des chars Américains se trouvent dans le village et je me propose de vérifier ce fait. Les deux chars assureront ma protection et ils me suivent.
J'avance à moto jusqu'au croisement. Je fais stopper et j'assigne aux deux chars la protection de feu d'une rue chacun. J'avance à pied le long de la rue à droite pour parfaire ma reconnaissance. A cinquante mètres de là, lorsque j'atteins un virage, un Sherman ouvre le feu. Je retourne à la moto au pas de course, je saisis un panzerfaust et reviens à une maison dont la fenêtre me permet de superviser la route principale qui se profile perpendiculairement. J'y aperçois deux Shermans. Je tire sur l'un des chars distant de trente mètres et je me précipite sous la protection de mes deux Panthers tout en préparant mon plan.
Je donne une brève instruction aux deux chefs de chars: le N° 2 continuera à assumer la protection de feu dans la rue de droite tout en avançant jusqu'au virage. Là il ouvrira le feu lorsque le char N°1 avancera à son tour.
Le char N°1 avec Mühlradt suit la rue de droite, la tourelle obliquée à trois heures, avec ordre de tirer aussitôt le croisement atteint et dès que le pointeur aura la route transversale dans le collimateur.
Tout se passe comme prévu. Les deux équipages de char obéissent à merveille. Le char N°2 ouvre le feu, le char N°1 se faufile en avant jusqu'au croisement et détruit le premier Sherman. Coup sur coup nos chars tirent en négociant le virage d'accès sur la route principale. D'autres chars Américains sont touchés. Voilà qu'un drapeau blanc est agité. Je donne l'ordre de cesser le feu et j'avance. Un officier Américain m'offre la reddition. J'exige de lui qu'il fasse déposer les armes de ses équipages devant moi.
Lorsque 60 Américains ont déposé les armes et qu'ils m'amènent 20 soldats Allemands prisonniers, je demande si ceux qui s'étaient rendus étaient les équipages des chars mis hors d'action. L'officier me répond qu'ils sont les équipages de chars intacts et il me montre une cour où se trouvent quatre Shermans, le canon de leur tourelle orienté vers la route. Les autres se trouvaient un peu plus loin. Ce fut vraiment une surprise pour nous. Maintenant je devais à tous prix dominer mes nerfs.
Il faut agir vite. Je fais avancer les conducteurs des chars Américains et leur donne à chacun un prisonnier Allemand réarmé comme accompagnateur. Je leur ordonne de conduire les chars vers Offendorf. Lorsque la colonne de chars s'éloigne dans un roulement sinistre de chenille, je me sens plus léger. Par radio j'annonce à la section d'Offendorf l'arrivée des Shermans conquis comme butins et je prie d'amener un renfort de chars Allemands et de venir convoyer les 48 prisonniers Américains. Douze Shermans et 60 prisonniers Américains sont le résultat de coup de chance.
Je fais avancer mes deux Panthers à la sortie du village en direction de Drusenheim pour y assurer la défense. Ils abattent encore deux Shermans qui s'apprêtent à rejoindre Herrlisheim. Le score de mes deux Panthers s'élève ainsi à 9 chars abattus. Après l'arrivée de mes propres renforts, je reçois l'ordre de retourner au PC d'Offendorf".
En Juin 45 Novosel se trouvait dans un hôpital du Michigan où il récupérait. Il avait été blessé par un obus de mortier au début de l'après-midi. Il dit que les hommes avaient résisté jusque vers 18 h. Ils avaient fait prisonnier deux infirmiers allemands et installé un poste de secours, ce qui permit de sauver la vie de nombreux soldats. Plus tard les Américains découvrirent un canon antichar qui était dissimulé près de la voie ferrée. Les tirs de mitrailleuses étaient venus d'un bunker dans le bois. En outre une dépression près d'Offendorf avait abrité un canon antichars dont seule le gueule était visible. Trois autres canons avaient été placés entre Offendorf et la voie ferrée. Le secteur était donc bien défendu.
Comme il semblait impossible qu'une telle force disparaisse sans laisser de traces, les secours s'organisèrent et une section de chars fut dépêchée sur les lieux avec du carburant et des munitions. Trois officiers se rendirent au PC de Logan peu de temps avant que celui-ci ne soit encerclé. Comme il n'y avait rien à faire, les chars moyens furent rattachés au 66e AIBn.
Le 23e TKBn (28 chars moyens des Compagnies A et C commandés par le Major Edwards) avait pour mission de prendre la partie Nord d'Offendorf. Il devait partir d'une ligne située entre l'extrémité Nord-Ouest du Steinwald et la Zorn, puis il se dirigerait vers l'Est, suivant le même itinéraire que le 43e TKBn le 16; Pour que cette mission réussisse, il convenait que le 66e AIBn ait nettoyé le Steinwald.
Les chars quittèrent Gries vers 3H, firent une courte halte à Weyersheim pour prendre deux sections de C/119 et arrivèrent au pont Treadway construit sur la Zorn au Nord du pont permanent. Les 15 chars légers D/23 s'y trouvaient déjà. Ils auraient dû participer à l'attaque, mais le terrain ne convenait pas à ce type d'engins qui risquaient de ne pouvoir franchir les canaux. En outre leurs canons n'étaient pas assez puissants. La Compagnie D fut donc renvoyée à Weyersheim.
Les chars eurent du mal à franchir le pont sur la Zorn. Ils durent négocier deux accident du terrain, des bosses en réalité, mais celles-ci s'avérèrent dangereuses car glissantes. Les sapeurs répandirent de la terre afin de faciliter les opérations. Le pont était enfoui sous la neige. Le bruit des moteurs s'entendait des kilomètres à la ronde. Cependant le franchissement de la Zorn se passa bien, mais les chars avaient pris du retard sur l'horaire prévu. Puis ils se mirent en formation d'attaque, espacés d'une centaine de mètres. Ils durent d'abord franchir un fossé, ce qui les retarda encore. Deux chars furent perdus dans cette opération.
La 3e Section de la Compagnie A se trouvait en tête, menée par le Lieutenant Costlow. Celui-ci se trompa de direction et se dirigea tout droit sur Herrlisheim. Une catastrophe aurait pu se produire car Costlow, voyant des silhouettes bouger au loin, pensa qu'il s'agissait d'Allemands. Heureusement sa mitrailleuse s'enraya: c'était en fait l'arrière du 17e AIBn. Se rendant compte de son erreur, Costlow changea de cap et il fit route vers le Sud-Est. Ses chars parvinrent à la route.
De là Costlow pouvait voir un bâtiment de briques jaunes, qui ressemblait à une gare. Des hommes se déplaçaient au milieu des fourrés. Costlow ne tira pas, ignorant à qui il avait affaire. Puis il aperçut de la fumée bleu s'élever des buissons. Il crut d'abord que les Américains tiraient sur Offendorf. Puis il découvrit qu'un de ses chars venait d'être touché. L'équipage se sauva, mais on ne les revit pas. Costlow fit marche arrière sur la route, cherchant un endroit d'où il pourrait établir un écran de fumée pour protéger le repli des autres chars. Il eut le temps de détruire un des canons antichars placés près de l'ancienne gare, puis son char fut touché à son tour à la hauteur du radiateur. Costlow fut aveuglée et le char trembla comme si on changeait de vitesse. Des étincelles volèrent dans l'habitacle. Le char explosa mais l'équipage put s'échapper sous les obus. On dut extraire le chargeur qui était brûlé aux bras et aux jambes et qui avait des éclats d'obus dans une jambe. Le canonnier avait des brûlures au visage. Un infirmier donna les premiers soins dans un fossé.
Sept autres chars subirent le même sort. Ils étaient tombés dans un piège parfait, tout comme ceux du 43e TKBn la veille, dont les carcasses fumaient encore. Deux d'entre eux purent faire marche arrière jusqu'au fossé près de la ligne de départ, mais ils y restèrent coincés. Plusieurs hommes furent tués. Les survivants regagnèrent la ligne de départ en rampant. Ils étaient relativement protégés par la fumée des véhicules en feu. Puis ils furent évacués sur Weyersheim sur deux chars légers. Ils furent poursuivis par l'artillerie Allemande, mais par miracle, personne ne fut touché.
Les 14 chars de la Compagnie C (Lieutenant Garneau) qui transportaient les sapeurs, furent retardés dès le départ par une concentration d'artillerie. Plusieurs hommes furent blessés. Lorsqu'ils purent reprendre la route, ils procédèrent par bonds. Chaque section avançait de 75m, puis s'arrêtait pour couvrir la section voisine. Les chars dérapaient sur la glace. Ils avaient parcouru 500 m lorsqu'ils rencontrèrent les survivants de la Compagnie A. Il aurait été inutile de continuer, aussi les chars reculèrent-ils afin de couvrit la retraite des six ou sept chars qui restaient à la Compagnie A.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 13 2023, 15:13
Il était 10h45 et la mission du bataillon fut alors transformée: il devait attaquer Drusenheim. Pour ce faire, il fallait soit pénétrer dans Herrlisheim soit contourner la localité par l'Est. Il restait alors 20 chars qui prirent position au Sud de Herrlisheim. Le Major Edwards, un autre officier le Major Comfort, ainsi qu'une section de chars entrèrent dans la localité afin d'évaluer la situation. Edwards apprit avec surprise que le 43e TKBn avait disparu. Pendant qu'il discutait avec le Major Logan (17e AIBn), deux chars Allemands surgirent de derrière une des dernières maisons au Sud de Herrlisheim. L'un d'eux fut détruit par le 23e TKBn.
Puis le Lieutenant Guitteau décida de conduire sa section dans la localité, pensant y être moins exposé. Il anéantit d'abord un char Mark IV qui se trouvait à l'Est. Puis un autre char Allemand survint par une rue latérale: le char du Lieutenant Guitteau prit feu. Au même moment l'artillerie Allemande se déchaîna et le commandant de la compagnie fut blessé. Une demi-heure plus tard trois chars Allemands émergèrent du bois et traversèrent la voie ferrée, accompagnés de fantassins. Les chars Américains firent feu: un char Tigre fut détruit et les deux autres firent demi-tour.
Une autre contre-attaque allemande se développa aux environs du cimetière vers 14h, mais elle fut bientôt repoussée. Logan refusa l'offre d'Edwards de faire venir des chars en renfort. Il refusa de même de prêter des hommes à Edwards afin de protéger les chars qui étaient dans la localité, estimant ses propres forces insuffisantes.
Un peu plus de coopération aurait peut-être sauvé la situation. Mais Logan semblait ivre-mort de fatigue et peut-être était-il incapable de prendre des décisions. Les tirs d'artillerie intenses entre 16h et 17h empêchèrent le bataillon de rester dans la localité. Les fantassins s'étaient en effet enfuis au moment de la contre-attaque, abandonnant les chars sans protection. De plus l'ennemi s'était infiltré et pouvait s'approcher des chars sous couvert de l'obscurité. Les chars se déployèrent le long de la Zorn, abandonnant les fantassins à leur triste sort.
On se souvient que B/56, A/119 et B/23 avaient échoué dans leur attaque sur le Steinwald. Les trois compagnies avaient établi des positions défensives le long du Landgraben. Vers 10h30 une force mobile fut organisée avec B/23 et B/66. Elle devait nettoyer le champ au Nord du Steinwald au cas où il y resterait des Allemands après le passage du 17e AIBn et 43e TKBn. Les sapeurs resteraient près du Landgraben.
B/66 passa le reste de la journée entre la Zorn et le Landgraben. B/23 devait atteindre la route de Gambsheim-Herrlisheim. Les chars rencontrèrent le même feu meurtrier des canons antichars que le 23e TKBn le matin même et le 43e TKBn la veille. Un char Américains fut détruit. Les autres se dissimulèrent dans les fourrés près de la rivière. Personne ne connaissait le sort du 43e TKBn.
Au crépuscule la force mobile (B/23, B/66 et deux sections de C/119) fut envoyée à Herrlisheim pour prendre contact avec le Major Logan. Les trois compagnies se déplacèrent en colonne, les chars étaient suivis par les halftracks puis par les sapeurs. Ils empruntèrent la rive droite de la Zorn. Un des chars dut être abandonné dans un fossé. Puis la force mobile rencontra les positions défensives du 23e TKBn au Sud-Ouest de Herrlisheim.
Les ordres pour les opérations du lendemain furent donnés peu après 22h. Le 43e TKBn et le 17e AIBn avec C/119 devaient continuer l'attaque sur Herrlisheim. Le 23e TKBn, moins la compagnie B, poursuivrait sa route vers Drusenheim. Le 66e AIBn, avec B/23 et A/119 s'emparerait du terrain entre Herrlisheim et Offendorf. Lorsque le Colonel Wells reçut ses instructions, il se rendit compte que le Quartier Général de la Division ignorait tout de la situation. En particulier la disparition du 43e TKBn. En outre le 23e TKBn ne disposait pas du support de l'infanterie. Aussi Wells alla-t-il parler au Général Ennis à Weyersheim. En conséquence les ordres furent modifiés. Au retour, le char léger qui emmenait Wells ne réussit pas à négocier le fossé à l'Est de la Zorn. Ce n'est qu'au bout d'une heure que deux chars réussirent à l'extraire de cette fâcheuse position.
D'après les ordres revus et corrigés, le 66e AIBn devait attaquer Herrlisheim avec la Compagnie B/23, contacter le 17e AIBN et s'emparer du reste de la localité au lieu de se diriger vers Offendorf. Puis cette opération fut annulée lorsque parvint la nouvelle de la capture du PC de Logan. Le 66e AIBn établit ses positions sur la rive Ouest de la Zorn. De même la mission du 23e TKBn fut également annulée puisque la prise de Drusenheim était conditionnée par celle de Herrlisheim. Les chars prirent position un peu plus au Sud-Ouest, le long de la Zorn, là où des arbres les protégeaient.
Le Lieutenant-Colonel Wells devait attaquer Herrlisheim le 18 à 7h30: il disposait du 66e AIBn, des chars légers de D/43 et des chars moyen de de B/23. Les 7 Chars du 43e TKBn couvriraient les flancs Nord-Est, Est et Sud-Est. Les chars ne purent quitter leurs positions: Les obus de 88 pleuvaient autour d'eux. Le char du Lieutenant Guitteau fut touché, mais put être récupéré. Un char du 43e TKBn fut détruit presque en même temps et dut être abandonné. Les canons crachèrent et un canon de 88 placé au croisement de la voie ferrée avec la route de Herrlisheim à Offendorf fut mis hors d'état de nuire. Les chars reculèrent dans des positions moins exposées.
Les fantassins furent cloués au sol par les tirs nourris des canons et des mitrailleuses ennemies. Les Allemands semblaient avoir transformé en place forte une maison sise au sud de la localité (vers la rue de la gare). Les GIs se replièrent sur la rive Ouest de la Zorn vers 15h. Ils avaient eu deux morts et dix blessés. Les chars du 43e TKBn retournèrent à Weyersheim. Les autres unités de CCA firent de même. C/23 établit des positions défensives au Sud-Est de Gries, dans les bois.
Les sapeurs de C et A/119 s'installèrent entre le bois de la Langenau et la Zorn. Les 150 hommes étaient exténués. Ils durent préparer les ponts et les passerelles au Sud-Ouest de Herrlisheim pour la démolition. Mais cette mission ne fut jamais accomplie car le Lieutenant Duncan qui en avait été chargé fut tué au cours d'une embuscade tendue par une patrouille ennemie près des ponts.
La Compagnie B/66 se trouvait au Sud. Elle essaya d'établir le contact avec les sapeurs du Nord, mais sans succès. En effet, une patrouille ennemie d'une soixantaine d'hommes avait attaqué les deux compagnies de sapeurs et les avait repoussées presque jusqu'à Kurtzenhouse. Les 60 survivants de A et C/66 (Capitaine Day) se trouvaient près du canal de dérivation. Ils devaient garder le pont Treadway. Comme ils ne pouvaient assurer la protection des passerelles, on envoya une patrouille sectionner les cordes. Mais les passerelles étaient déjà en territoire ennemi, gardé par des mitrailleuses. Un des hommes de la patrouille fut tué et un autre grièvement blessé dans le dos. Deux de ses camarades l'évacuèrent en le tirant avec des bretelles et en s'aidant de leurs couteaux pour prendre appui sur la glace. Les mortiers placés à une centaine de mètres du Landgraben protégèrent le repli de la patrouille.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 13 2023, 16:00
Tout le terrain à l'Est de la Zorn était désormais aux mains des Allemands. Il convenait maintenant de les empêcher de traverser la rivière. Pendant l'après-midi et la nuit du 18 au 19, les trois canons d'assaut et les six mortiers placés sur la rive Ouest du Landgraben tirèrent sur le Steinwald afin d'empêcher les Allemands d'en sortir. On compta 694 obus de 75 mm et 485 obus de 81 mm.
L'ennemi se montra actif pendant la nuit. A minuit il tenta de s'infiltrer dans le secteur tenu par B/66, au Sud du bois de Langenau. Il y laissa trois hommes: l'un, blessé, mourut peu après. Le deuxième fut fait prisonnier et le troisième fut découvert mort de peur le lendemain matin.
Puis on vit les Allemands traverser la rivière dans des canots pneumatiques. Des tirs d'artillerie bien placés les arrêtèrent. Des fusées éclairantes partirent de Herrlisheim, sans doute pour guider les patrouilles. Le secteur de A et C/66 au Sud fut plus calme, mais on entendit des mouvements d'hommes et de véhicules.
A 8h le 19, le Lieutenant Meyers (C/43) et le Lieutenant Livingston (B/43) reçurent l'ordre de rassembler leurs six chars moyens à Weyersheim afin d'aller arrêter une contre-attaque ennemie dans le Steinwald. Ils traversèrent le Landgraben sur le pont permanent et se dispersèrent dans le champ. Soudain des canons antichars dissimulés dans le Steinwald ouvrirent le feu. Un des chars fut touché. Les cinq autres chars retournèrent à Weyersheim.
Afin de mieux protéger les approches de la localité, les chars de C/23 (Lieutenant Guitteau) prirent position au Nord du coude de la Zorn. Ils devaient garder le pont situé à l'intersection de la route de Weyersheim-Gambsheim et du Landgraben. A peine s'étaient-ils mis en place que des obus de 88 mm tombèrent tout autour. Ils répondirent visant particulièrement le Steinwald. Deux chars Américains furent touchés et deux hommes furent blessés.
Les quatre chars du Lieutenant Sadler (C/23) furent envoyés dans le bois de la Langenau afin d'en chasser l'ennemi. A 500m de l'objectif les deux chars d'assaut tirèrent chacun 1000 coups de calibre 30, puis ils se frayèrent une voie à travers les fourrés. Mais aucun Allemand n'occupait le bois. Une patrouille de douze hommes de B/66 fut alors envoyée dans le bois afin d'y établir un poste d'observation. Cinq d'entre eux échappèrent à un barrage de mortiers qui tomba sur le bois pendant qu'ils s'y trouvaient. Ils durent établir un poste avancé à l'extrémité Nord-Est.
LA 10e SS PD TENTE DE S'EMPARER DE WEYERSHEIM LE 19 JANVIER;
Dans l'après-midi du 19, l'ennemi tenta de forcer les lignes Américaines à l'Ouest de la Zorn afin de s'emparer de Weyersheim. Cette attaque coordonnée utilisait des forces numériquement supérieures postées à Gambsheim, à Herrlisheim et dans le Steinwald. On crut Weyersheim perdu vers 18h. Cependant le soir venu, Weyersheim était toujours aux mains des Américains qui avaient dû toutefois reculer de la Zorn au Waldgraben.
Peu après 12h30, le sergent Ayres de C/23, qui faisait le guet dans les fourrés au Nord de la Zorn, vit des chars surgir au Nord-Ouest de Gambsheim. Il fit donner l'artillerie: un char Mark IV fut détruit près de la voie ferrée et un autre fut contraint à s'abriter derrière un mur. Un autre char qui émergeait du Steinwald fut également touché. Un quatrième char fut endommagé au passage à niveau situé sur la route de Weyersheim-Gambsheim. Un peu plus tard, quatre autres chars Allemands se dirigèrent vers le Landgraben. Il se trouvait au Sud de D94. Les obus perforants tirés par les sept chars du Lieutenant Guitteau (C/23) ne leur laissèrent aucune chance. L'ennemi venait donc de perdre sept chars. Un char Américain venu de Weyersheim réapprovisionner en munitions la C/23 fut également détruit le long de la Zorn.
Guitteau dut rapidement faire face à une nouvelle menace: d'autres chars Allemands surgirent de Herrlisheim. Il fit pivoter les sept chars qui couvraient jusqu'alors le Steinwald et Gamdsheim. Soudain l'enfer se déchaîna. Guitteau perdit son troisième char en trois jours. Il n'eut que le temps de sauter à terre avec son équipage. Le char s'embrasa. Le responsable était un char ennemi qui circulait sur la rive Ouest de la Zorn et qui se trouvait à 300 m à peine. Le char du Sergent Ayres fut également touché et il y eut un blessé. Le char léger qui évacuait ce blessé fut de même détruit et un char dut être abandonné dans un fossé. Les Américains avaient donc perdu quatre chars. Les quatre chars indemnes de C/23 retournèrent à Weyersheim ainsi que tous les équipages, en zigzaguant pour éviter les obus meurtriers.
C'est alors que l'on s'aperçut que les Allemands commençaient à traverser la Zorn, probablement sur le pont Treadway qui avait été construit la veille au Sud-Ouest de Herrlisheim. Malheureusement pour eux les Allemands rencontrèrent deux des quatre chars du Lieutenant Sadler (C/23) qui devaient rejoindre les sept chars de Guitteau près de la Zorn. Les Sergents Vickless et Detrick ouvrirent le feu: en quelques minutes ils mirent hors d'action dix chars Allemands. Huit d'entre eux brûlèrent. Ce désastre n'arrêta toutefois pas les Allemands.
Les deux autres chars, celui de Sadler et celui du Sergent Jewell (C/23), se dirigeaient vers le pont Treadway que les Américains croyaient encore entre leurs mains, lorsqu'ils furent encerclés: quatre chars ennemis se trouvaient sur leur droite, deux sur leur gauche et deux devant eux. Juste avant, Sadler avait mis le feu à deux chars Mark IV. Sadler ordonna à Jewell de faire demi-tour et d'essayer de gagner le couvert d'un bois à l'est de Kurtzenhouse. Le char de Sadler fut détruit comme il contournait le bois de la Langenau.
Au même moment le Capitaine Newman, 66e AIBn, vit des chars Allemands se diriger vers ses positions près du pont permanent sur le Landgraben. Les chars venaient du sud-ouest du Steinwald les six chars du Lieutenant Powell, B/23, furent appelés en renfort. Huit chars ennemis s'approchèrent: "les trois premiers étaient des chars Tigre", expliqua Newman," et derrière venait un de nos chars. J'en suis sûr parce qu'il portait des marques blanches que nous avions l'habitude de peindre. Puis venaient deux autres chars Tigre et un des nôtres. Il y avait au moins une compagnie de fantassins qui avançaient au petit trot à côté des chars". Les deux chars de tête traversèrent le Landgraben et virèrent sur la gauche, vers les arbres. Ils furent touchés, ainsi qu'un troisième char qui était encore sur la rive Est. Les autres étaient placés les uns derrière les autres sur la rive Est. Six d'entre eux au moins furent réduits à l'état de carcasses fumantes sous les tirs combinés des trois canons d'assaut, des six mortiers de 81 mm, des canons des chars de B/23 et de l'artillerie des 493e AFABn et 495e AFABn. La situation était critique et tous les hommes disponibles furent utilisés, même les cuisiniers qui durent passer les munitions. B/23 perdit deux chars.
Kurt Rademacher est un des survivants de ce terrible combat. Voici son récit:
"Début Janvier 1945, le 10e Division blindée SS "Frundsberg" a été transportée sur la rive droite du Rhin. Le 12 Janvier, sur des pontons et sur un bac mis en service par le Génie, ma compagnie, comprenant 17 chars Panther, sera transbordée sur la rive gauche. Vers 22h nous avons atteint le village de Gambsheim, où nous allions établir notre cantonnement. Le lendemain matin, nous nous sommes rendu compte que très peu d'habitants étaient restés au village. La plus grande partie de la population avait été évacuée, comme nous le supposions, et l'on se chuchota à l'oreille que les choses se gâtaient et que nous irions à nouveau au combat.
Et c'est le 15 ou le 16 janvier que ma Compagnie reçut l'ordre d'accrocher l'ennemi, les troupes Américaines. En effet, à plusieurs reprises, nos positions et le village où nous étions en cantonnement ont été survolés par les avions de reconnaissances ennemis.
Il faut reconnaître que les soldats de notre unité n'avaient pas le moral au beau fixe: la nourriture était assez piteuse, le ravitaillement irrégulier. Bref il n'y avait plus de coordination sérieuse. Le matin du 19 Janvier, nous avons saisi un cochon abandonné qui errait aux abords du village. On l'a tué et dépecé. La viande fut aussitôt mise à bouillir dans une lessiveuse. L'espoir de faire enfin un véritable repas bien chaud nous remplissait de joie.
Malheureusement cela ne devait être qu'un début de repas car, à 14h, on nous signalait la cote d'alerte 2 avec ordre de monter dans nos chars, prêts au combat. A 14h15 suivit la cote d'alerte 1 avec le démarrage pour une attaque en direction de Weyersheim. Peu avant 15h, nous avons pris position aux abords de la petite rivière Zorn, car le contact avec l'ennemi avait été établi par un échange de coups de feu. En tant que conducteur de blindé, je reçus l'ordre d'orienter le devant de mon char vers la gauche, en direction d'un bosquet. Cette petite forêt était éloignée d'environ 800 à 1000 mètres.
Soudains j'entendis résonner dans le char même une détonation sourde. Une vive chaleur nous enveloppa aussitôt et le commandant nous cria de débarquer. Le temps d'entendre hurler et gémir, et je fus hors de la carcasse en même temps que le radio. Nous nous précipitâmes vers la Zorn pour y calmer nos brûlures aux mains, aux pieds et à la figure, car nous étions éclaboussés de phosphore. L'impact de l'obus ennemis s'était produit à 15h précises. L'équipage, commandant, pointeur et chargeur ont péri carbonisés dans le char le radio et moi, nous avons secoué et essuyé nos éclaboussures de phosphore dans le courant de la Zorn mais ces giclures continuaient de brûler par -2° à la surface de l'eau. Le choc de l'accident nous empêcha de sentir la douleur. Mais déjà, interrompus dans nos soins, nous devions nous couvrir derrière le talus de la Zorn car deux avions de chasse nous prirent comme cibles. Lorsqu'ils firent demi-tour, nous retournâmes vers les eaux de la Zorn. Mais les chasseurs revinrent en rase-motte pour nous tirer dessus une nouvelles fois. Par miracle, nous avons découvert un pont tout près: il nous servit d'abri pendant une heure environ. Puis les appareils partirent vers Strasbourg. Ce pont nous a sauvés la vie, je ne l'oublierai jamais.
Vers 17h, mon camarade blessé et moi-même avons été recueillis par une ambulance rencontrée sur notre chemin du retour. Elle nous a conduits à l'hôpital de campagne de Gambsheim où nous avons reçu les premiers soins, plutôt rudimentaires car ce n'étaient que de simples pansements.
Vers minuit enfin nous avons été transportés sur la rive droite à l'hôpital de Baden-Baden. Peu de temps après, à la fin mars, j'ai été envoyé sur le front Est.
Revenons au massacre de nos chars à Weyersheim. Nous étions montés au combat avec 17 chars Panther. Quatre seulement en ont réchappé. Quant aux treize autres, ils ont été soit mis hors de combat, soit incendiés, soit anéantis. Beaucoup de camarades ont péri, carbonisés dans leur char.
Un engin a reculé et dérapé sur la berge de la Zorn et s'est renversé avec la tourelle vers le fond.
J'ai vu cette manœuvre fatale quand j'ai couru avec le radio à l'abri de la rivière. Je crois qu'il faut expliquer cette réaction fulgurante de l'ennemi et la destruction de notre compagnie. Tous nos chars ont été touchés à partir du bosquet par les canons antichars Américains. Leurs pièces munies d'un canon jumelé de 7,62 que nous avons désigné de Zwillinspak ou anti-char jumeau, une nouveauté Américaines, tiraient des obus au phosphore capables de percer le blindage de 20 cm par la fusion des plaques d'acier. Aucun blindé n'a été anéanti par l'aviation."
L'histoire de la 10e SS PD nous apprend que les Allemands aurait préféré ne pas attaquer, étant donné les forces en présence. Mais le plan d'attaque avait été maintenu. L'attaque avait été menée par deux bataillons du 22e Panzer Grenadier Regiment. Le récit concorde avec celui de Kurt Rademacher, sauf sur un point: d'après le livre, les avions auraient lancé des bombes au phosphore. Selon de Lattre, le 2e Groupe du 67e RA avait fait tirer des obus fumigènes qui, en tombant sur les chars rassemblés, y auraient mis le feu.
Voici le récit du Général Chambe, consacré au 2e Corps:
"Dans la nuit du 18 au 19 Janvier, l'ennemi étant prêt passe à l'attaque. C'est sur le secteur Américain que porte son effort. Une puissante vague de chars, suivis d'infanterie portée, pénètre entre les villages de Hoerdt et Weyersheim. Le pont sur la Zorn de la route de Gamdsheim à Weyersheim est emporté. Les Panthers et les Tigres parviennent jusqu'à la route de Bischwiller à Strasbourg.
Mais le 6e Corps Américains contre-attaque fougueusement dans la matinée du 19. De nombreux Sherman et tank-destroyers du dernier modèle, peint en blanc à cause de la neige, poussent vers l'est en direction de Gambsheim, d'Offendorf et de Herrlisheim.
Le terrain est d'abord facilement conquis, mais de puissantes défenses antichars Allemandes couvrent les trois villages, surtout aux lisières de Herrlisheim. Un nombre important de chars Américains est incendié, ou mis hors de combat par des mines.
Il s'en suit un ralentissement, puis un arrêt dans l'élan Américain. Mettant l'instant à profit, les Allemands, sortant de leurs couverts, contre-attaque à leur tour. Une des plus grandes batailles de chars de la guerre se livre alors de part et d'autre de la nationale 68. Avec des fortunes diverses, Sherman et destroyers, Tigres et Panthers, se livrent un combat sans merci. Des panaches noirs, mêlée de flammes, s'élèvent de toutes parts sinistres colonnes soutenant le ciel bas d'hiver. Un moment, les Allemands prennent le meilleur. Ils arrivent à déborder, puis à conquérir les bois du Steinwald, reprenant le terrain qui vient de leur être conquis et marchant vers les positions du 6e CAUS
Mais, cimentant une fois de plus sur le champ de bataille la fraternité d'armes Franco-Américaines, si souvent éprouvée, et rendant à leurs frères yankees l'appui si souvent et si généreusement reçu de leurs mains dans les heures difficiles, le 2e Groupe du 67e Régiment d'Artillerie Français (groupe d'appui-direct du 3e RTA), établi vers Hoerdt, ouvre le feu sur les chars Allemands qui couvrent la plaine à l'est de Weyersheim.
Il est 16h. En quelques minutes 7 Panthers ou Tigres sont mis en flammes par les obus Français. Ils brûleront toute la nuit, illuminant tragiquement le ciel. Vison saisissante, avec cette immense lueur pourpre se reflétant sur la neige, que tous ceux qui l'auront contemplée ne pourront oublier.
Beaucoup d'autres chars sont mis hors de combat, leurs barbotins ou leurs chenilles détruits. La contre-attaque Allemande est, à son tour, brisée.
Le succès du 2e Groupe du 67e RA a été obtenu grâce surtout à des concentrations de tirs à obus fumigènes à bases de phosphore. Ces obus, éclatant à quelques mètres d'un char, même sans le toucher et quelle que soit l'épaisseur de son blindage, projettent sur lui des particules enflammées de phosphore, incendiant inévitablement les vapeurs d'essence entourant toujours un char en marche.
Un autre avantage de ces obus est de dégager, au moment de l'éclatement, un épais nuage de fumée, aveuglant le char qui, rendu incapable de se diriger, doit ralentir, ou même stopper, devenant ainsi une proie facile pour l'artillerie, dès que se dissipe la fumée. Le 19 Janvier à 16h, ils ont fait merveille.
En définitive, le bilan de l'attaque Allemande se solde en pertes élevées, de part et d'autre, en chars et en hommes, pour un résultat nul....Quand la nuit du 19 descend, les lignes sont restées ce qu'elles était à l'aube, mais la plaine est, à perte de vue jonchée de cadavres d'hommes et de carcasses de chars."
Il est difficile 45 ans plus tard, d'attribuer la destruction des chars Allemands à une cause plutôt qu'a une autre. Mettons-la par conséquent sur le compte de la coopération Franco-Américaine.
Dernière édition par GOMER le Ven Jan 13 2023, 16:51, édité 3 fois
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 13 2023, 16:16
Le repli Américain
Les positions étaient devenues intenables pour les Américains qui se replièrent vers le Waldgraben. La poignée d'hommes qui constituait A/66 abandonna ses positions dans le coude de la Zorn avant même l'attaque des chars, car celle-ci avait été précédée par une concentration d'artillerie sur ce secteur. Lorsque les premiers chars traversèrent, il ne restait plus qu'un halftrack qui servait de PC au capitaine Day. Il fut détruit. La fumée produite par les véhicules en feu permit aux fantassins de s'échapper et d'établir de nouvelles positions entre la Zorn et le Waldgraben.
Les compagnies A et C/119 regagnaient leurs positions à l'Est du bois de la Langenau lorsque l'ennemi contre-attaqua en force les 80 sapeurs ne possédaient ni bazookas, ni grenades à fusil ni mitraillettes avec lesquels s'opposer aux 17 chars Allemands ainsi qu’aux deux cents fantassins. Deux de leur halftracks et trois camions de 2,5 T chargés de munitions sautèrent. Les sapeurs se replièrent. Il ne restait que 38 hommes et trois officiers, tant les pertes avaient été lourdes.
B/66 se trouvait désormais sans protection du fait du repli d’A/66 et du 119e Eng.Bn. Les hommes avaient pu observer les ennemis creuser sur la rive droite de la Zorn. Puis retentirent neuf coups de fusil: c'était un signal indiquant que l'attaque pouvait commencer. De fait cinq chars surgirent, suivis bientôt par d'autres. Le capitaine Powers demanda la permission de se replier: on la lui refusa. Et pourtant les GIs étaient soumis à un feu extrêmement violant. Il semblait y avoir 300 mitrailleuses plutôt que 12 dans le secteur. Les six mortiers et les trois canons d'assaut avaient pratiquement épuisé leurs munitions: ils se replièrent. Les hommes de B/66 se trouvaient seul face à l'ennemi.
Enfin vint l'ordre de repli et les hommes s'enfuirent, alors que les Allemands semblaient déterminés à les exterminer tous. Puis l'ordre fut annulé. Mais Powers ne put contacter ses hommes. La confusion la plus extrême régnait. La course éperdue s'arrêta au Waldgraben où Powers fut informé qu'il devait défendre ces positions. Le reste du bataillon se replia également sur le Waldgraben.
Les trois canons d'assaut contribuèrent au succès du repli. Le Sergent Crumm plaça son canon dans un champ à découvert et fit feu sur le premier char ennemi. Il n'avait à sa disposition que des obus de 75, et non des obus perforant. Les obus de 75 se contentaient de ricocher sur le blindage, sans causer de dégâts. Cependant cette action de diversion réussit: trois chars Allemands s'arrêtèrent un instant. Leurs conducteurs ne savaient pas ce qui se passait. Cet instant précieux permit aux fantassins de fuir. Malheureusement le char ennemi de tête fit feu: la remorque qui contenait les munitions Américaines explosa et le feu se communiqua aux alentours. Un seul homme s'en sortit miraculeusement. Les trois autres étaient morts dont le Sergent Crumm qui fut décoré de la Distinguished Service Cross à titre posthume.
Le 66e AIBn avait subi de lourdes pertes: au total les trois compagnies A, B, et C ne comprenait plus que 70 hommes qui appartenaient presque tous à la Compagnie B. Il ne leur restait plus de munitions. Ils n'avaient que deux mitrailleuses. La neige se mit à tomber. Les Allemands célébrèrent leur victoire en faisant partir des fusées éclairantes et en hurlant en choeur: "Kamerad, American soldat, surrender!" (Rendez-vous!).
La 12e DBUS fut relevée à 2h30 dans la nuit du 19 au 20 par la 36e DIUS. Seuls les chars demeurèrent à Weyersheim. Ils brisèrent des attaques Allemandes sur le Landgraben le 21, puis furent relevés à leur tour.
La 36e DIUS ou division "Texas" d'après l'origine des hommes, avait combattu début janvier dans le secteur de Lemberg. Elle avait failli être envoyé à Hatten-Rittershoffen, mais elle avait été détournée sur le secteur de Weyersheim-Bischviller, étant donné le menace précise qui pesait sur la tête de pont. Le 142e RI se trouvait en réserve à Kurtzenhouse, Gries et Bischwiller. Le 143e RI arriva dans l'après-midi du 18 Janvier et établit des positions défensives entre Rohrwiller et Weyersheim. Le 753e TKBn et le 636e TDBn furent attachés au 143e RI. Le 1e bataillon devait couvrir Rohrwiller et la route de Rohrwiller à Bischwiller, le 3e bataillon protégeait Weyersheim avec le 2e bataillon entre Rohrwiller et Weyersheim. Les TD occupaient un bois au centre du secteur.
A 4h du matin, dans la nuit du 19 au 20, les Allemands, vêtus de capes blanches, attaquèrent les positions des Compagnies E et G avec 150 hommes: il s'agissait du 3e bataillon du 22e SS PGR. La 11e Compagnie fut particulièrement décimée. 27 Allemands furent tués et 4 fait prisonniers. Les autres s'enfuirent. Le lendemain matin, les texans trouvèrent plusieurs Allemands vivants. Ils avaient passé la nuit immobile dans la neige, sachant ce qui les attendait au moindre mouvement. Depuis, le Bruchwald est entré dans l'histoire de la 36e DIUS sous le nom de "bois de Bowden", Bowden étant le nom du colonel, commandant le 2e bataillon. Ce dernier donna sa propre version des faits: Denholm, qui commandait le 2e régiment, voulut savoir ce qui se passait lorsque l'attaque fut déclenchée. Bowden lui répondit par radio que la situation était critique. Denholm demanda pourquoi les GIs n'agissait pas plus vigoureusement. Bowden se fâcha et répliqua: "Eh bien mon Colonel, si ce que je fais ne vous plait pas, venez ici et prenez la situation en main". Cette attaque Allemande n'allait pas être la dernière.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 13 2023, 16:42
Bilan de la deuxième tentative de la 12e DBUS
Par conséquent, le 20 Janvier, ni l'un, ni l'autre des deux adversaires n'avait réussi à l'emporter. La 12e DBUS avait échoué dans sa tentative de reprendre Herrlisheim, la 79e DIUS n'avait pu garder Drusenheim et la 3e DIA n'avait pu s'emparer de Gambsheim. Mais les Allemands connaissaient un succès limité: ils avaient réussi la jonction de leurs forces dans la tête de ponts, mais ils n'avaient pas encore franchi la Zorn. Brumath se trouvait encore loin.
Distribution du courrier aux hommes de la 12 DB US à Herrlisheim
L'échec Américain était attribuable à diverses causes, en particulier l'absence de communication et de coordination entre les unités et le manque de renseignement concernant les forces ennemies. Comme Task Force Linden le 5, les hommes de la division blindée pensaient avoir affaire à un ennemi inférieur en nombre et en qualité. Or, dès le 17, apparurent de nouveaux ennemis, fort différents des hommes sous-alimentés et découragés qui constituaient la 553e VGD. Il s'agissait de la 10e SS PD dont on avait perdu la trace.
Le 16 Janvier justement, les Américains constataient qu'aucune division nouvelle n'avait été engagée en Alsace. Or la bataille des Ardennes pouvait être considérée comme terminée. La 10e SS PD et la 11e PD allait-elles être engagées sur le front occidental afin de permettre aux Allemands de conserver l'initiative ? Des préparatifs en vue d'une offensive s'effectuaient dans le secteur de Sarrebrück. On avait donc raison d'envisager une nouvelle attaque ennemie. Elle avait eu lieu dans le secteur de Sessenheim, Herrlisheim, Gambsheim et Drusenheim. Mais, une fois de plus, les Américains n'avaient pas disposé d'assez de forces pour s'opposer à la marée Allemande.
La 12e DBUS sortait très affaiblie des combats de Janvier: ainsi le 43e TKBn déplorait la mort de dix hommes, la disparition de 142, dont dix officiers, et les blessures de 24. Au niveau divisionnaire, 88 hommes étaient morts, 626 avaient été blessés et 545 étaient portés disparus. Après une période de repos, La 12e DBUS fut envoyée dans la poche de Colmar où elle se couvrit de gloire, notamment à Herrlisheim, dans le Haut-Rhin cette fois. Il convient de signaler que le nombre des disparus était égal de part et d'autre: 563 chez les Allemands.
LES FORCES ENNEMIES.
Les Américains venaient d'affronter une attaque majeure, comme le prouvent ces deux lettres trouvées sur les corps de soldats de la 10e et 11e compagnie du 22e SS PGR, morts lors de l'attaque du Bruchwald. L'une d'elles datée du 17 Janvier et adressée aux parents du soldat disait:
"Aujoud'hui c'est le grand jour. Nous avançons une fois de plus cela va être quelque chose de grand: le Reichsführer SS Begleitung Bn se trouve en tête. Si, dans les prochains jours, vous lisez quelque chose à ce sujet dans le bulletin de l'armée, vous saurez que nous, membres de la division Frundsberg, nous y participons. Cela va sans doute se passer près de Haguenau."
Et l'autre, datée du 19 Janvier, déclarait: "Nous avons reçu hier l'ordre d'avancer et nous nous trouvons maintenant dans une tête de pont vers laquelle une seule route conduit. Nous avons attaqué aujourd'hui et les Américains ont été repoussés en plusieurs endroits. J’espère que tout se passera bien et que cette offensive sera couronnée de succès. Si c'est le cas, nous aurons encerclé plusieurs divisions. Je vais bien et j'espère que ma bonne étoile qui m'a protégé jusqu'à ce jour dans toutes les batailles me protégera à l'avenir...." La lettre avait été écrite à Offendorf.
La 10e SS PD occupait une place proéminente dans la tête de pont, mais n'oublions pas que l'unité responsable pour la création de cette tête de pont était la 553e VGD. D’après les interrogatoires des prisonniers, les Américains savaient qu'il s'agissait d'une organisation complexe, formée de trois régiments qui contrôlait à leur tour plusieurs unités diverses. Les trois régiments étaient dénommés Groupements tactiques d'après le nom de leur chefs. On distinguait le Groupement Tactique Marbach, le GT Hoelscher et le GT Von Lüttichau. On estimait à 3500 le nombre total de soldats faisant partie de cette division le 19 Janvier. Le GT Hoelscher contrôlait le bataillon Kappes déjà mentionné, les bataillons Meyer et Moeller, l'école de police Heidenheim, et, en ce qui nous concerne, le 2e Régiment de Police SS.
Le 1er bataillon du 2e régiment de Police SS occupait des positions défensives au Nord de Herrlisheim le 16, et le 2e bataillon se trouvait au Sud d'Offendorf. Le PC de ce bataillon avait été installé dans une maison (ou un moulin) dans la partie Sud d'Offendorf. Le PC de la 8e Compagnie était dans une maison voisine. Il semblait que les deux hommes du 3e bataillon avaient été répartis dans les deux autres unités peu avant le 16 Janvier. En effet on se souvient que les 9e et 11e compagnies avaient subi d'énormes pertes lors de l'attaque de la filature de Drusenheim.
Il y avait environ 130 hommes dans chaque Compagnie pour le 2e bataillon et seulement une centaine pour le 1er bataillon. Par exemple la 1er Compagnie comportait entre 110 et 140 hommes divisés en trois sections, sous les ordres du Lieutenant Steffen. Chaque section était armée de trois mitrailleuses légères, de trois Panzerfaust et de trois pistolets mitrailleur de calibre 44.
La 3e Compagnie comprenait 120 hommes qui avaient traversé le Rhin près de Scherzheim dans la nuit du 14 au 15. Elle avait établi ses positions au Nord de Herrlisheim, sur la gauche de la 4e Compagnie. Elle subit de lourdes pertes le 17. Un infirmier Allemand prisonnier des Américains avait soigné au moins 65 blessés de cette compagnie. La plupart de ses membres, relativement âgés, voulaient se rendre. Seule la promesse d'une relève proche leur permettait de tenir. La cuisine se trouvait toujours à Scherzheim. Le PC de Herrlisheim avait été détruit.
La 5e Compagnie, dont le PC se trouvait à Offendorf, n'avait que 100 hommes commandés par le Major Zarnow. La 8e en comportait entre 100 et 125. La 12e venait d'être organisée. Elle se trouvait à Offendorf. Neuf hommes et deux mortiers de 80 mm furent capturés le 18. Enfin, 28 à 30 hommes des Compagnies 5, 6 et 7 étaient employés comme "Jagdschützen" dans des positions défensives antichars le long de la Zorn au Sud-Ouest de Herrlisheim le 16 Janvier. Ils possédaient trois FM. Originellement conçue pour protéger le quartier général du bataillon, cette force avait été envoyée sur le front le 13 Janvier.
Dans l'attaque du 16, le 2e Régiment de Police SS avait perdu 42 hommes du 1er bataillon et 59 du second. Le lendemain, la 5e et 6e Compagnies avaient été anéanties et les Américains estimaient qu’ils ne restaient que 150 hommes au 2e bataillon. 125 hommes avaient été fait prisonniers le 17, dont 60 de la 6e Compagnie. Un des points de franchissement du Rhin était situé dans la forêt d'Offendorf, au Sud de Grauelsbaum en Allemagne. Il s'agissait d'un bac constitué de quatre pontons assemblés, remorqués par un canot d'assaut à moteur. Ce bac pouvait transporter entre 50 et 55 hommes ainsi que des véhicules. Mais des petits canots de 5-6 hommes étaient également mis en service.
Le Groupement Tactique Marbach était également appelé E/V et certains éléments avaient établi la tête de pont de Gambsheim le 5. On connaissait cette unité sous le nom de 3e Régiment Oberrhein, ou encore 35e Régiment de remplacement. Toutes ces appellations différentes causèrent une certaine confusion dans les services de renseignement américains. Un prisonnier révéla le 17 que le Lieutenant-Colonel Marbach se trouvait dans un bunker à l'Est de Gambsheim, sur les bords du Rhin. Il possédait une radio américaine. Ce régiment était qualifié pour l'attaque dans une certaine mesure seulement. Le Régiment Oberrhein comprenait plusieurs unités, dont les bataillons Schmidt et Treutler formés de sous-officiers venus d'une école d'Ettlingen, et les éléments suivant rencontrés dans le secteur de Herrlisheim:
-Le bataillon Zieres, commandé par le Lieutenant du même nom, connu aussi sous le nom de 5e bataillon Oberrhein. Il semble que ce bataillon ait été à l'origine appelé 1er bataillon E/V, ou encore Kampfgruppe 435, lorsqu'il était placé sous le contrôle de la 405e Division et qu'il soit devenu le 5e Bataillon après son attachement à la 553e VGD. Le PC se trouvait à Offendorf. La 1er Compagnie avait subi de lourdes pertes le 16 et commandant, le Lieutenant Frey, avait été fait prisonnier. La 2e Compagnie, sous les ordres du Lieutenant Wortmann, avait également beaucoup souffert les 16 et 17. Cette Compagnie avait été formée à Karlsruhe en Décembre. Elle avait occupé au nord de Herrlisheim les positions précédemment tenues par une Compagnie du 2e Régiment de Police SS. Seuls quelques hommes étaient restés à Offendorf afin de dégager la 1er Section des débris d'une maison touchée par les bombardements Américains. Ces mêmes bombardements avaient mis hors d'action un canon de 88 mm et un canon anti-aérien de 20 mm localisés également à Offendorf. Les hommes de la 2e section étaient les seuls survivants et ils ne voyaient pas pourquoi ils continueraient à se battre. Cette unité avait contribué à l'établissement de la tête de pont. Elle était venue de Freistett et avait traversé à la hauteur de Kilstett dans des canots pneumatiques à rames ainsi qu'au moyen d'un bac tiré par un bateau et maintenu par un câble. Puis elle avait franchi l'Ill gelée, traversé les bois et s'était dirigé droit sur le Sud de Gambsheim.
Presque toute la 3e Compagnie fut faite prisonnière le 17, avec son commandant, le Lieutenant Heinzle. Elle avait quitté Karlsruhe par train pour Freudenstadt, puis s'était rendu à pied à Grossweiler. Elle avait traversé le Rhin près de Freistett le 5 Janvier et avait été dirigée sur Gambsheim. Sa mission était de tenir le front entre Gambsheim et Herrlisheim le 17. le 16, elle se trouvait à l'Ouest du Steinwald. Enfin la 4e Compagnie, celle du Lieutenant Timme, comportait une section de six mortiers de 80 mm. Son PC était à Offendorf. Elle ne comprenait plus que 60 hommes le 17. Lorsque le bataillon Zieres avait quitté Gambsheim vers le 10 Janvier pour aller occuper Offendorf, il avait été remplacé par le bataillon Treutler. Le bataillon Schmidt faisait partie du régiment Marbach.
- VI Bn Oberrhein ou bataillon Murg qui comportait 250 hommes. Au moins deux compagnies furent identifiées le 17: la 1ere (Lieutenant Schuster) et la 3e (Lieutenant Hammeisbeck). Le PC du bataillon était situé dans un bunker au Nord-est de Gambsheim. Celui de la 3e Compagnie semblait être à la lisière Sud-Ouest du Steinwald. Le bataillon avait traversé le Rhin le 6 Janvier dans des canots d'assaut près de Freistett. Auparavant il avait fait des manœuvres à Sassbach, en Forêt Noire; Un prisonnier de ce bataillon pensait que les deux autres compagnies étaient en position près de Gambsheim.
- Les 13e et 14e Compagnies du Régiment Oberrhein comportait des obusiers et des TD. La 13e Compagnie, ou bataillon Schmude, comprenait une centaine d'hommes répartis en trois sections. La 3e section possédait quatre mortiers de 120 mm placés à Gambsheim. Elle avait traversé le Rhin le 10 près de Freistett. La 14e compagnie, ou bataillon Walther (ou Walter), était constituée de quatre sections. Les Américains avait découvert les faits concernant cette compagnie: la 1er section possédait trois obusiers de 75 mm, la 2e section comportait 30 hommes armés de 15 bazookas, la 3e section était encore non identifiée et la 4e section disposait de quatre canons antichars de 75mm. Le prisonnier estimait que la 3e section, avec ses trois canons de 88 mm, était en position à Offendorf. Le commandant du bataillon se nommait le Lieutenant Liebig. Le prisonnier de cette 14e Compagnie pensait que 70 ou 80 chars appartenant à une division SS allaient traverser le Rhin. C'était le 17 au matin, et, effectivement, la 10e SS PD fit son apparition ce jour-là.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Sam Jan 14 2023, 10:14
- Le 20e bataillon de mortiers fut identifié dans le secteur de Herrlisheim le 16 le bataillon était composé de quatre compagnie de 120 hommes chacune avec douze mortiers de 80mm. Ceux de la 4e Compagnie étaient placés à mi-chemin entre Herrlisheim et Offendorf le 16, à 200m environ à l'Est de la voie ferrée. La 4e Compagnie était commandée par le lieutenant Junkermann. Le PC du bataillon et de la 4e compagnie se trouvait à Herrlisheim. Le bataillon avait traversé le Rhin le 5 Janvier. Il venait de la région de Neckar qu'il avait quitté par train le 20. Il disposait de munitions insuffisantes puisqu'il n'avait que 30 coups par mortier. Il était utilisé en appui des unités de Police SS.
- Le 405e AT Bn sous les ordres du capitaine Mannherz. La 1er Compagnie du Lieutenant Weidemann avait été organisée à Karlsruhe en Décembre. Elle avait traversé le Rhin le 4 afin de prendre position près de Herrlisheim. Le Lieutenant Hoelken commandait la 2e compagnie, soit 70 hommes. Le PC de cette compagnie se trouvait à Herrlisheim et le PC du bataillon était établi quelque part entre Herrlisheim et le Rhin. On a vu plus haut que les deux premières compagnies avaient subi des pertes lors de la première attaque Américaine sur Herrlisheim.
En position à Herrlisheim, la 4e compagnie disposait de deux canons de 37 mm, un de 50 mm et deux de 75mm. Le 17 Janvier par exemple, les Américains avaient repéré des canons antichars aux positions suivantes: à l'extrémité Ouest d'Offendorf (canon de 75 mm), derrière la voie ferrée à l'Ouest d'Offendorf, au croisement de la voie ferrée et de la route de Herrlisheim à Gambsheim (cote 128) (trois canons de 88mm), derrière la voie ferrée au Sud de Herrlisheim (cote 128) (canon de 88mm), à la sortie Nord de Herrlisheim, à l'Ouest de la route au Nord de Herrlisheim (cote 126), derrière la voie ferrée au nord de Herrlisheim.... Le lendemain, d'autre canons avaient été identifiés, dont deux de 75 mm à l'Ouest du Steinwald près de la D94, un de 75 mm au N-E d'Offendorf, un autre du même calibre au N-O de la même localité près de la voie ferrée et un dernier dans ce qui est la zone industrielle de Herrlisheim, à l'Est de la voie Ferrée. On mesure donc l'importance des forces ennemies. Les membres de ce bataillon avaient eu un entrainement supérieur aux autres et leur moral était élevé.
Le "Reichsführer SS Begleitung Bn avait traversé le Rhin le 5 Janvier et s'était établi à Offendorf où il était resté une semaine avant d'être engagé. Deux prisonniers furent pris près d'Offendorf. Malgré le caractère d'élite de cette unité, les Américains ne semblèrent pas impressionnés par leurs prisonniers. L'unité faisait partie du Groupement tactique Von Lüttichau, chargé des préparatifs d'attaque dans le secteur d'Offendorf. Le bataillon avait quatre compagnies, comportant 70 à 80 hommes chacune.
Une nouvelle unité fit son apparition à la fin de la période: la 10e SS PD ou Division Frundsberg. La 10e SS PD se trouvait dans le secteur de Kaiserlautern peu avant le déclenchement de la seconde attaque Américaine sur Herrlisheim. Le quartier général Américain pensait la retrouver dans le secteur de Reipertswiller où se déroulaient des combats très violents auxquels participait la 45e DIUS. Mais les premiers prisonniers furent capturés par la 12e DBUS près de Rohrwiller le 18; Cette division avait été constituée dans le Sud-Ouest de la France pendant l'hiver 42-43. Elle avait subi de lourdes pertes en Normandie. Elle avait été renvoyée en Allemagne en Octobre 44 afin d'être réorganisée. On l'avait retrouvée en Hollande en Novembre. Depuis, on avait perdu sa trace. Un membre de la 6e Compagnie, 10e Panzer Regiment, Herr Stratmann, décrit leur périple:
" Au début de janvier notre compagnie est muté au Palatinat durant le transport de la compagnie nous avons passé environ une semaine dans une gare de triage près de Cologne. Les chasseur-bombardier ennemis nous ont assez malmenés....Nous avions des blessés à déplorer. Grâce à Dieu il n'y eu pas de morts enfin, le transport s'ébranla pour de bon et nous avons atteint Limburgerhof au Palatinat. Nous y déchargeâmes les blindés et les véhicules. La route se poursuivit, motorisée, par Schifferstadt, Landau, Hayna où nous avons campé sous couvert de la forêt. Le lendemain la progression continua et nous nous sommes retrouvés dans la poche de Lauterbourg. Nous avons roulé la nuit, l'éclairage camouflé, c'est-à-dire avec une visibilité presque nulle. A l'aube nous avons repris nos positions de camouflage dans un petit village: Leutenheim. Nous y sommes restés plusieurs jours pendant la révision de nos blindés et la préparation pour le combat. De Leutenheim nous avons continué sur Roeschwoog."
On estimait que la division comportait alors 6000 hommes et qu'elle disposait de 80 à 90 chars environ, des Mark V et des Mark VI, sans compter les chars pris aux Américains. Elle se composait de deux régiments de grenadiers, le 21e et le 22e PGR, de trois bataillons chacun. Il y avait ne outre une 13e compagnie (les obusier) ainsi qu'une 14e (les canons antichars). Les unités de blindés portaient le N°10. Le commandant en était l'Oberführer Harmel.
4 prisonniers appartenaient à la compagnie du 22e PGR, commandée par le Lieutenant Wilms. Ils avaient été pris le 18 par le 56e AIBn près de Rohrwiller. Le régiment était constitué de trois bataillon chacun. Le premier bataillon, sous les ordres du Capitaine Euting, comportait quatre compagnies, dont une d'armes lourdes, d'une centaine d'hommes chacune. La 4e compagnie disposait de 4 canons antichars de 75 mm et de six mortiers de 80mm. Le 1er bataillon avait traversé le Rhin le 16 près de Helmlingen. Son PC était alors à Scherzheim. Sa mission était d'établir une tête de pont sur la Zorn dans le secteur de Rohrwiller. Les hommes étaient restés cachés dans les bois jusqu'au 18, date à laquelle ils avaient traversé Herrlisheim en direction de Rohrwiller. Le 3e bataillon était commandé par le major Walther. Il comprenait 250 hommes. Il avait été décimé lors de l'attaque sur le Bruchwald, en particulier la 11e compagnie cette dernière avait quitté la Hollande en train le 4 janvier pour arriver à Homburg le 8. Le 11 elle avait quitté Spire pour Herrlisheim où elle était arrivée le 17. Elle avait traversé le Rhin à la hauteur de la forêt d'Offendorf. Un prisonnier avait vu une trentaine de prisonniers Américains à Helmlingen.
Les prisonniers du 22e PGR étaient des hommes jeunes, auparavant employés dans l'aviation, qui avait été plus ou moins forcés de faire partie des SS la plupart d'entre eux avaient été recrutés deux ou trois mois plus tôt et il ne semblait pas posséder de grande expérience de l'infanterie.
Le 21e SS PGR comportait également trois bataillons. Le 2e comportait 500 hommes dont le moral était bas car 75% des hommes semblaient assez âgés. Le 21e SS PGR venait d'arriver dans la tête de pont via Seltz et Roppenheim.