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Sujet: Opération NORWIND.... Ven Jan 06 2023, 17:50
Préambule: Mes (2) sources de ce récit étant différentes bien que dans la chronologie des faits, la source de l'auteur de cette première partie ayant visiblement d'autres origines que la source de l'auteur qui va suivre par conséquent, le récit dans sa lecture peut paraitre lui aussi différent. Merci pour votre compréhension.
Opération Nordwind… Au jour le jour…
Voici tout d’abord la genèse de l’affaire, nous pourrons ensuite voir, si vous le désirez, les combats de ces jours, 31 décembre 44 au 25 janvier 45, au jour le jour et secteur par secteur…
Au mois de septembre 1944, le Feld-Maréchal Von Rundstedt reprend le commandement des armées allemandes sur le front de l'Ouest.
Sachant déjà à cette époque que l'Allemagne allait perdre la guerre, il ne partageait plus les idées d’Hitler qui voulait continuer les combats pour obtenir une paix « honorable» pour le peuple allemand…
Von Rundstedt déclarera même aux enquêteurs alliés à la fin de la guerre :
« En ce qui me concerne, j'ai estimé que la guerre était terminée en septembre (1944). »
Hitler, quant à lui avait, au cours d'une réunion avec ses généraux le 31 août 1944, prononcé les paroles suivantes :
- « ... S'il le faut, nous nous battrons sur le Rhin: cela ne change absolument rien.
Quelles que soient les circonstances, nous poursuivrons cette longue lutte jusqu'à ce que, comme l'a dit Frédéric le Grand, un de nos maudits ennemis devienne trop las pour poursuivre le combat et jusqu'à ce que nous ayons obtenu une paix garantissant l'existence de la nation allemande pour les cinquante ou cent prochaines années et, par-dessus tout, une paix qui n'entachera point notre honneur une seconde fois comme ce fut le cas en 1918. ».
Le Führer pensait à ce moment-là au Traité de Versailles, ce traité qui avait mis en rage toute la nation allemande. Il utilisait souvent des allusions à ce traité pour raffermir le nationalisme allemand.
A la fin de l'année 1944, le déroulement de la guerre avait repoussé les troupes allemandes jusqu'aux frontières du Reich, mais l'Allemagne ne s'avouait pas vaincue…
Bien au contraire:
A l'aube du 16 décembre 1944, dix-sept divisions allemandes se lancèrent à l'attaque du front allié, ouvrant une brèche de 56 kilomètres de profondeur et de 96 kilomètres de large dans les lignes alliées en Belgique et au Luxembourg…
Réussissant à enfoncer les quatre divisions américaines qui défendaient ce secteur du front, les Allemands, on le sait, progressèrent avec succès les deux premiers jours de l'attaque, profitant de l'effet de surprise et des mauvaises conditions atmosphériques qui empêchaient l'intervention de l'aviation alliée.
La bataille des Ardennes nous est connue ... Bastogne, Haut lieu des Paras
L'échec de cette offensive allemande est dû notamment au fait que la majeure partie des blindés allemands ne put jamais prendre une part véritablement active aux combats…
A cause de la neige, du terrain accidenté et extrêmement boisé, une grande partie de la bataille se déroula sur les voies de communications: d'énormes encombrements obligèrent les blindés allemands à s'arrêter, à perdre du temps et à gaspiller leur précieux carburant…
Hitler émit son opinion personnelle sur les combats des Ardennes le 28 décembre 1944 en présence de ses généraux lors d'une réunion dans son quartier-général de l'Adler horst.
Il reconnut que seuls les éléments de l'avant-garde des colonnes allemandes purent véritablement livrer bataille aux troupes américaines et que le gros des unités blindées resta bloqué sur les routes enneigées attendant que l'avant-garde fasse reculer les troupes ennemies.
Le 19 décembre 1944, la 3e armée U.S. prit la relève du front du 3e corps U.S., permettant ainsi à ce dernier de se diriger vers le nord pour résister aux attaques des troupes allemandes de Von Rundstedt.
Pour compenser ce départ vers le nord du 3e corps U.S., la 7e armée américaine dut étaler ses lignes du front jusqu'à Saint-Avold pour préparer hâtivement des positions défensives sur un front de 135 kilomètres allant jusqu'au Rhin…
Ce mouvement dura quatre jours et se termina le 26 décembre 1944.
Au cours d'une réunion à l'Adlerhorst, Hitler avait déjà déclaré à ses généraux le 12 décembre 1944, qu'il voyait dans les anglo-américains un adversaire moins dangereux que les Russes fanatiques, se trouvant ainsi en désaccord avec le général Guderian, chef de l'état-major général de l'armée allemande et commandant en chef du front de l'Est…
Guderian désapprouvait les offensives à l'Ouest décidées par le Führer, et il écrivit même plus tard dans son livre « Panzer Leader» qu'il réprouvait déjà le 22 décembre 1944 les objectifs de Hitler qui désirait attaquer à l'Ouest.
Guderian nota « qu'on pouvait seulement parer aux graves dangers menaçant le front de l'Est en renonçant à temps à l'opération à l'Ouest puisque celle-ci était de toute manière vouée à l'échec ».
C'est, cependant, le 22 décembre 1944 que Hitler dressa les plans d'une opération qui lui tenait à cœur depuis l'automne 1944…
A l'époque, il avait décidé d'attaquer les Alliés dans les Ardennes et réalisa ce plan.
Lorsqu'il se rendit compte que cette offensive ne donnait pas les résultats espérés et que le front de la Basse-Alsace se trouvait sérieusement dégarni, il porta son attention sur cette région:
Là, son Groupe d'armées « G » de la 1re armée allemande et celui « d'Oberrhein » de la 19e armée allemande faisaient face aux éléments de la 7e armée U.S. du général Devers et à ceux de la 1re armée française…
Constatant cela, Hitler prépara le plan suivant, appelé « Opération-Nordwind » :
Il projeta dans un premier temps d'attaquer les positions américaines proches de la frontière du nord de l'Alsace à partir du West-Wall pour progresser vers l'est et vers l'ouest de Bitche en direction du col de Saverne au sud.
Dans un deuxième temps, d'autres forces allemandes devaient traverser le Rhin au nord de Strasbourg pendant que les troupes allemandes réfugiées dans la « poche» de Colmar établiraient la jonction avec les troupes au nord et à l'est des Basses-Vosges…
L'idée de cette offensive s'avérait assez brillante parce que, si elle réussissait, les unités américaines se trouveraient ainsi enfermées et isolées au nord-est de l'Alsace, Strasbourg serait reprise et les troupes françaises à proximité de Colmar seraient anéanties (Voir carte).
Pendant que Hitler ordonnait de prendre les dispositions nécessaires pour effectuer une attaque partant du secteur de Bitche et au nord-ouest de ce secteur avec deux divisions blindées et trois divisions d'infanterie, le 6e groupe d'armées U.S. informait la 7e armée U.S.
de céder le terrain en cas d'attaque plutôt que de mettre en danger ses forces déjà diminuées par les envois de renforts dans les Ardennes.
L'ordre était d'utiliser la Ligne Maginot comme ligne principale de réserve…
Pendant ce temps, les Allemands simulaient une activité normale sur toute la ligne du front pour tromper les troupes américaines.
Celles-ci remarquèrent pourtant qu'une concentration de troupes allemandes s'effectuait en Forêt-Noire.
Le 24 décembre 1944, le 6e groupe d'armées U.S. avertit la 7e armée U.S. que les Allemands préparaient une offensive… Ainsi donc, les services de renseignements alliés avaient bien fonctionné, et les troupes américaines furent mises en état d'alerte.
Ce même jour, au cours d'une nouvelle conférence avec Hitler, le général Guderian exprima sa propre opinion et celle de son état-major au Führer :
Les Russes étaient prêts à reprendre l'offensive en janvier 1945 avec une supériorité de 15 contre 1 sur la base des forces alors engagées sur le front de l'Est.
Fort de ses dires, Guderian demanda à Hitler de retirer les troupes allemandes des Ardennes et de la Basse-Alsace pour les transférer sur le front de l'Est.
Dans son livre, Gudérian raconte la scène :
- « Tous mes arguments furent vains et je fus rappelé à l'ordre puis renvoyé avec les instructions que le front de l'Est devrait se débrouiller avec les moyens à sa disposition. »
L'opération « Nordwind » allait donc bel et bien avoir lieu!
Le 24 décembre 1944 eut lieu la prise de commandement de la 19e Volksgrenadierdivision allemande…
Les éléments de cette division se rendirent en marche forcée à Sankt-Ingbert en Sarre, bien qu'étant encore très éprouvés par les furieux combats qu'ils avaient livrés en décembre 44 entre la Moselle et la Sarre.
De nouvelles troupes empruntées à la Luftwaffe leur furent adjointes :
Elles devaient remplacer les pertes mais leur instruction militaire n'était qu'incomplète…
Du côté américain, des éléments précurseurs du 21e corps arrivèrent en renfort dans le secteur de la 7e armée U.S. :
Commandés par le major-général Frank W. Milburn, ils devaient compenser les pertes subies lors des transferts en direction des Ardennes.
Peu après Noël 1944, des éléments des 42e, 63e et 70e divisions américaines vinrent rejoindre la 7e armée U.S. :
Venant directement des États-Unis, ces unités n'avaient pas terminé leur instruction et leur emploi au front s'avérait hasardeux…
Lorsque les services de renseignements alliés se rendirent compte le 26 décembre 1944 que les Allemands semblaient vouloir attaquer le nord de l'Alsace entre le 1er et le 3 janvier 1945, le général Devers vint rencontrer le général de Lattre de Tassigny à Montbéliard…
Alors qu'il conférait avec de Lattre, le chef du bureau des opérations du S.H.A.E.F., le général Bull, informa les généraux Barr et Jenkins des nouvelles directives d'Eisenhower: prendre la défensive et ramener la principale ligne défensive du 6e groupe d'armées jusque dans les Vosges…
Le lendemain 27 décembre 1944, une nouvelle rencontre de Devers eut lieu avec de Lattre: Les ordres d'Eisenhower annulaient l'offensive prévue sur Colmar et mettaient la 2e division blindée française de Leclerc à la disposition de la 7e armée U.S. pour compenser l'envoi de contingents vers les Ardennes…
Devers fit savoir à de Lattre que la réduction de la poche de Colmar n'était en fait reportée seulement à plus tard…
L'après-midi de ce même jour, Devers prit l'avion pour Paris dans l'intention de soumettre personnellement une lettre d'instructions à Eisenhower, missive dans laquelle l'éventualité d'abandonner toute l'Alsace libérée était envisagée au cas où les attaques allemandes perçaient son front…
Le lendemain 28 décembre 1944, de Lattre reçut cette lettre d'instructions qui évoquait l'éventuel abandon de l'Alsace mais suggérait la possibilité du maintien de Strasbourg et de Mulhouse.
Le général Eisenhower avait donc bel et bien l'intention de battre en retraite vers les Vosges plutôt que de mettre en danger ses troupes…
Devers ordonna aux généraux Patch et de Lattre de rester sur leurs positions défensives. Il leur nomma également trois lignes de front intermédiaires où les forces alliées du nord de l'Alsace pourraient se réfugier au cas où cette offensive allemande perçait les lignes américaines.
Au nord, les combats faisaient rage dans les Ardennes, et cela privait la 7e armée U.S. de tout renfort supplémentaire ou de réserves pour contrecarrer l'action allemande sur ce front…
De plus, la 7e armée U.S. reçut l'ordre d'apprêter une division blindée et une autre d'infanterie pour les envoyer à la rescousse, le cas échéant, dans les Ardennes…
Du côté allemand, Hitler continuait à forger des plans, des opérations stratégiquement positives dans leurs conceptions mais tenant peu compte de la réalité :
En effet, les troupes allemandes avaient subi de lourdes pertes en décembre 1944 et bon nombre de ses divisions étaient lourdement éprouvées par ces combats…
Ceci ne l'empêcha pas, en ce jour du 26 décembre 1944, de prévoir une nouvelle opération qui complèterait l'opération Nordwind.
Hitler voyait déjà plus loin, alors que l'opération Norwind n'était même pas déclenchée!
L'opération « Zahnarzt » devait compléter Nordwind en faisant progresser les troupes allemandes vers Gérardmer pour y créer une ligne de défense facile à maintenir et pour effectuer des percées sur Metz à partir de Sarreguemines et de la Sarre…
Le 15e corps U.S. tenait la ligne Saint-Avold-Bitche avec le 106e groupe de cavalerie, les 103e, 44e et l00e divisions d’infanterie américaine.
De Bitche jusqu'au Rhin, le 6e corps U.S. avait la charge du front avec la Task Force Hudelson, la 45e division d'infanterie U.S. et la 79e division d'infanterie U.S.
Le lendemain 27 décembre 1944, la 36e division d'infanterie U.S. et la 12e division blindée U.S. arrivèrent enfin dans le secteur de la 7e armée U.S…
Le 6e corps d'armées U.S. fut renforcé ainsi par la Task Force Harris (63e division U.S.), la Task Force Herren (70e division U.S.) et la Task Force Linden (42e division U.S.).
Le même jour, le général Devers, commandant le 6e groupe d'armées, transféra son poste de commandement de Phalsbourg à Vittel…
Voyant les difficultés rencontrées dans les Ardennes, le haut commandement américain envisageait bel et bien l'abandon pur et simple de la plaine d'Alsace et de Strasbourg où flottait - depuis le 24 novembre 1944 - le drapeau tricolore.
Les Américains prévoyaient un repli stratégique vers les Vosges de tout le dispositif des troupes alliées, notamment la 7e armée U.S. de Patch et la 1re armée française de de Lattre de Tassigny…
Le général Leclerc alerta alors immédiatement de Gaulle en lui déclarant être prêt à sacrifier la 2e division blindée française pour «sauver l'honneur de la France », garder l'Alsace et surtout Strasbourg.
Un vent de panique soufflait parmi la population alsacienne qui craignait un châtiment exemplaire de la part des Allemands si ces derniers reprenaient Strasbourg…
De plus, l'abandon de l'Alsace et de sa capitale serait un coup énorme porté au moral de la France et à celui des Alliés, et la réussite de l'opération « Nordwind » ferait briller à nouveau le blason national-socialiste qui commençait à se ternir…
Le 28 décembre 1944 que Hitler réunit dans son Q.G. de l'Adlerhorst une trentaine d'officiers supérieurs, de généraux et de commandants de divisions accompagnés de leur état-major pour leur donner les ultimes instructions pour l'Opération « Nordwind ».
Comme Hitler avait l'habitude de parler sans manuscrit, ce soir-là, l'intégralité de son discours de 50 minutes fut, notée en sténographie et en voici les extraits les plus significatifs à propos de l'Opération « Nordwind »:
- « Il est déterminant que nous passions de la défense stérile à l'ouest à une action offensive. Seule l'offensive est en mesure de donner véritablement un tournant positif à cette guerre à l'ouest...
- Une attitude défensive, j'en suis convaincu, deviendrait insupportable pour nous parce que les pertes de l'offensive ennemie diminuent et parce que l'utilisation du matériel devient de plus en plus intensive ...
- Le but de toutes ces offensives ... est tout d'abord d'éliminer totalement les troupes américaines au sud de notre percée (les Ardennes), de les briser les unes après les autres, d'anéantir une division après l'autre ...
- La partie que nous allons attaquer (la Basse-Alsace) a subi un rétrécissement extraordinaire ...
- De notre côté, huit divisions entreront en action. A l'exception d'une seule qui arrive de Finlande - la 6e S.S. Gebirgsdivision « Nord », les sept autres sont naturellement éprouvées par les combats, mais de nouveau partiellement renforcées.
Mais l'adversaire qui nous fait face avec - si tout va bien - cinq divisions, peut-être seulement quatre et peut-être même trois, n'est pas en position de force non plus: il est également affaibli par les combats, mis à part une seule division qui se trouve directement sur le Rhin et dont on doit d'abord attendre de voir la valeur, et la 12e division blindée américaine dont on ignore si elle participera à la bataille et qui, en tout cas, est une jeune unité qui n'a pas encore été au combat.
Mais toutes les autres unités de l'adversaire sont également affaiblies et nous allons sûrement trouver ici une situation que nous ne pourrions absolument pas espérer plus propice ...
- Cette seconde attaque a donc un but très clair: l'anéantissement des forces ennemies. Il ne s'agit pas de gagner du terrain. Il s'agit uniquement pour nous d'anéantir et de faire disparaître les forces ennemies là où nous les trouverons. Il ne s'agit pas non plus de libérer ainsi toute l'Alsace: ce serait bien beau, l'impact sur le peuple allemand serait immense, l'action sur le monde serait déterminante, l'impact psychologique terrible, et le résultat sur le peuple français serait déprimant, mais ce n'est pas important. Il est plus important, je le répète, d'anéantir sa force en hommes ...
- En gros, le plan de l'opération est clair. Je suis tout à fait d'accord avec les mesures qui ont été prises. J'espère que nous réussirons à faire avancer rapidement tout particulièrement le flanc droit pour ouvrir des débouchés sur Saverne, puis de pénétrer immédiatement dans la plaine du Rhin et de liquider les divisions américaines. L'anéantissement de ces divisions américaines doit être le but à atteindre. J'espère que les réserves en carburant nous permettront alors d'avancer une nouvelle fois avec un nouveau groupement et de frapper une seconde fois avec plus de force de façon à - je l'espère absolument - anéantir encore davantage de divisions américaines parce que le nombre de nos forces aura alors augmenté une nouvelle fois. J'espère pouvoir appuyer une fois de plus cette nouvelle attaque avec des divisions complémentaires dont - à nouveau - une excellente division de Finlande. Donc, si d'avance ce plan n'est pas frappé d'un coup du sort, j'estime qu'il réussira ...
- Ici à l'ouest, cela doit être notre but absolu de régler cette situation de manière offensive. Tel doit être notre but fanatique ... (sic)
- Le rapport des forces aujourd'hui n'est pas plus mauvais qu'en 1939 ou en 1940. Au contraire: si nous réussissons à anéantir ces deux groupes américains en deux coups, le rapport de forces penchera sans équivoque et absolument en notre faveur. C'est pourquoi j'espère en fin de compte que le soldat allemand sait pour quoi il se bat. La seule chose qui ne penche pas en notre faveur, cette fois-ci, est la maîtrise du ciel. Mais c'est justement celle-ci qui nous pousse absolument à utiliser le mauvais temps et l'hiver. ..
- Pour conclure, j'en appelle à vous pour que vous utilisiez toute la puissance de feu et toute votre énergie pour cette opération. C'est une opération déterminante. Sa réussite entraînera automatiquement et absolument celle de la seconde opération et cela entraînera automatiquement l'effondrement de toute la menace à gauche de notre attaque. Nous aurons alors véritablement amputé l'adversaire de toute la moitié du front Ouest. Puis nous verrons plus loin ... Nous maîtriserons donc quand même notre destin ...
- La nuit du Nouvel-An sera une gêne désagréable pour l'adversaire parce qu'il ne fête pas Noël mais la nouvelle-année. Et nous ne pourrons mieux commencer cette nouvelle année que par un coup pareil. Et lorsque la nouvelle parviendra en Allemagne, au Nouvel-An, que l'offensive allemande a débuté de nouveau à un nouvel endroit et qu'elle est victorieuse, le peuple allemand en conclura que l'année passée a été misérable mais que la nouvelle année a bien débuté. Ce sera un bon signe pour l'avenir. Messieurs, je vous souhaite à tous une bonne chance !
- Je tiens à vous dire encore une chose, Messieurs: la réussite de cette opération dépend du secret.
Celui qui ne doit rien savoir de ce plan n'a pas besoin de le connaître.
Celui qui doit connaître cette opération doit seulement apprendre ce qu'il doit savoir, et celui qui doit connaître cette opération ne doit pas l'apprendre plus tôt que nécessaire: c'est cela le point déterminant. Et personne ne doit être mené à l'avant, sachant quelque chose de l'opération et pouvant éventuellement être fait prisonnier. C'est cela le point déterminant. »
Hitler termina son discours en laissant ses auditeurs assez enthousiastes par ce qu'ils venaient d'entendre.
Pendant ce temps-là, les services de renseignements de la 7e armée U.S. amassaient des informations concernant les positions défensives allemandes au-delà du Rhin.
Les transports par voie ferrée, les témoignages de prisonniers de guerre et l'observation aérienne annonçaient une forte concentration de troupes allemandes aux alentours de Sarrebrück en Sarre, en Alsace près de Colmar et même à l'est de la vallée du Rhin…
Les troupes américaines finirent d'installer leur ligne de résistance le 30 décembre 1944, jour même où un ordre en provenance du 6e groupe d'armées informait qu'une offensive allemande dans la région de Bitche pourrait éventuellement obliger les troupes U.S. à céder du terrain.
C'est pour parer à pareille éventualité qu'il fut recommandé de protéger le flanc ouest par une position de réserve :
Au cas où la (Ligne Maginot) serait débordée, cette ligne défensive de réserve permettrait aux Américains de s'installer sur des positions défensives installées de façon à s'étendre de la colline à l'est de Landroff, par Bénestroff, Sarre-Union et Ingwiller.
A la fin de ce mois de décembre 1944, l'autorité de Hitler était encore assez incontestée...
…Il y eut pourtant une vue différente de la tactique à suivre et une sorte de conflit à cause de l'Opération « Nordwind » :
Le général Von Manteuffel, chef de la 5e armée blindée allemande, fit savoir au Führer qu'il valait mieux concentrer les divisions allemandes pour attaquer Bastogne, prendre cette ville, puis foncer vers la Meuse entre Namur et Givet.
Hitler refusa sèchement ce plan et maintint les directives initiales.
Voyant le développement de la situation et conscient de l'existence d'une ligne de front affaiblie dans le secteur Sarreguemines-Haguenau, Patton réclama l'appui de la 2e division blindée française de Leclerc, qui était maintenant rattachée à la 7e armée U.S., pour colmater les voies d'infiltration créées par l'amincissement du front de la Basse-Alsace.
Patton envisageait même d’employer la 2e division blindée française pour contre-attaquer en direction de Bastogne et faciliter ainsi le désengagement des troupes américaines.
Pendant qu'une partie de la 6e S.S. Gebirgsdivision « Nord », commandée par le Gruppenführer Brenner, se concentrait entre Pirmasens et Eppenbrunn pour attendre l'ordre d'attaque, le 6e groupe d'armées U.S. signalait l'imminence de l'offensive allemande en transférant la Task Force Harris du 6e au 15e corps U.S.
Le 23 décembre 1944, le groupe d'armées allemandes « Oberrhein » avait déjà reçu des directives du plan « Nordwind » lui demandant de soutenir l'offensive allemande par des attaques locales et par l'établissement d'une tête de pont au nord de Strasbourg.
Les ordres du Führer, demandaient en outre, que l'attaque allemande dans la région au nord de Strasbourg ne débute que 48 heures après celle déclenchée dans la région de Bitche…
Les divisions allemandes se mirent en marche pour prendre leurs positions d'attaque respectives tout en simulant une activité soutenue sur les lignes du front pour essayer de fixer les unités américaines et les tromper.
Confiant dans l'apparente fragilité des lignes U.S., Hitler décida même d'avancer l'offensive initialement prévue pour les premiers jours de janvier 1945 à la nuit du 31 décembre 1944… Hitler sous-estimait pourtant les forces américaines dans la région Sarreguemines-Bitche.
Hans Lingner, Standartenführer et commandant la 17e S.S. Division « Goetz von Berlichingen » déclarera plus tard en captivité:
- « Nous avons visiblement sous-estimé les forces alliées parce que nous avons été extrêmement surpris par le nombre de divisions qui nous faisaient encore face».
Le 27 décembre 1944, le Groupe d'armées allemandes « Oberrhein » fut chargé de créer une importante tête de pont au nord et au sud de [Gambsheim[] avec la 553e Volsksgrenadierdivision pendant que des attaques de diversion se déclencheraient dans la « poche» de Colmar.
Conformément aux ordres de Hitler, les commandants de régiments n'obtinrent leurs instructions respectives que peu de temps avant l'offensive.
Alors que les Américains de la 100e division d'infanterie effectuaient l'opération « Tennessee », le général Simon, commandant le 13e S.S. Armeekorps apporta l'ordre d'attaque le 30 décembre 1944 avec l'objectif suivant pour le 19e Volsksgrenadierregiment:
Traverser la Blies, atteindre Sarreguemines, les hauteurs entre Sarreguemines et Woelfling et atteindre la Sarre à Wittring.
Tout ce secteur était défendu par la 44e division d'infanterie américaine…
La 17e S.S. Panzergrenadier, la 36e Volsksgrenadier et la 19e Volksgrenadier devaient effectuer la poussée principale.
Les unités allemandes près d’Obergailbach, avaient pour mission de percer les lignes U.S. près de Gros-Réderching, de progresser vers le sud tout en neutralisant le secteur de Rohrbach et de Bining en coordination avec l'attaque allemande qui partirait du sud-ouest de Bitche.
La 36e Volksgrenadierdivision devait occuper le secteur de la Blies et passer par Bliesbrück, Wiesviller et Wittring, ce qui obligeait la 347e division d'infanterie allemande à étirer ses unités vers l'est, affaiblissant ainsi le front allemand dans la région de Forbach et de Grosbliederstroff…
Au 13e S.S. Armeekorps était également affectée la 559e Volsksgrenadierdivision commandée par le Generalmajor Von Mühlen et comportant à peu près 2000 hommes.
Pendant ce temps-là, la 87e division U.S. quittait le 15e corps U.S. le 28 décembre 1944 après lui avoir été rattachée depuis le 20 décembre 1944…
En fait, l'offensive victorieuse des Alliés en Alsace en fin d'année 1944 comportait d'importantes lacunes :
Sur le front nord, les Basses-Vosges formaient une barrière de 16 kilomètres entre les forces alliées à l'est et à l'ouest, gênant considérablement le contact mutuel nécessaire pour les unités et facilitant également la pénétration des forces allemandes sur le flanc droit du front.
Au cas où les forces allemandes décidaient d'emprunter ce secteur, les Américains ne pourraient point tenir leurs positions défensives sur la rive boisée et marécageuse du Rhin…
Pour les forces alliées, le danger provenait d'une éventuelle tentative des Allemands pour établir une tête de pont sur la rive ouest du Rhin, stratégie qui permettrait de cerner ainsi d'importantes unités américaines.
L'existence de la « poche» de Colmar représentait un handicap supplémentaire :
La 1re armée française n'avait pas encore réussi à réduire cette poche à la fin de l'année 1944…
C'est à juste titre que les Allemands attachaient une grande importance à cette tête de pont de Colmar:
Le fait qu'ils y transférèrent 8 000 hommes de renfort durant la première moitié du mois de décembre l'illustre parfaitement…
A ce moment-là, ces renforts représentaient 80% de toutes les troupes allemandes de remplacement réservées pour faire face au 6e groupe d'armées du général Devers…
Pour les Allemands, l'utilité principale de la poche de Colmar résidait dans le fait qu'elle leur permettait de déployer une force suffisante en direction du nord pour traverser les lignes françaises et créer ainsi un front supplémentaire contre la 7e armée U.S. déjà trop étirée…
Le 31 décembre 1944, la 7e armée U.S., 15e corps, occupait donc le front de l'ouest de Sarrebrücken jusqu'à Bitche avec respectivement les 103e, 44e et 100e divisions d'infanterie, et le 106e groupe blindé U.S.
De Bitche jusqu'au Rhin, le 6e corps U.S. tenait la ligne du front avec les 45e et 79e divisions d'infanterie, la 14e division blindée U.S. étant de réserve…
La Task Force « Hudelson » s'étalait donc sur le flanc gauche du 6e corps sur un front de 16 kilomètres dans les Basses-Vosges.
Le front de la 7e armée U.S. suivait également la ligne du Rhin au nord et au sud de Strasbourg:
Ce secteur était à la charge des Task Forces « Herren » et « Linden» composées d'éléments d'infanterie des 70e et 42e divisions U.S.
En ce dernier jour de l'année 1944, le général Patch visita le poste de commandement du 15e corps installé à Fénétrange pour s'y entretenir avec les généraux du 6e et du 15e corps U.S….
…Là, il les informa sans détours qu'une attaque allemande en masse allait avoir lieu dans les premières heures de la nouvelle année 1945.
L'immense échiquier désiré par Hitler était prêt, tous les pions étaient en place, et la dure partie pouvait commencer:
La tempête de « Nordwind » allait bientôt se déchaîner sur tout l'est de la France !
Dernière édition par GOMER le Ven Jan 06 2023, 18:30, édité 1 fois
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 06 2023, 18:23
Le déclenchement de l’offensive « Nordwind »
(Ce texte comme le précédent, et les suivants, fourmille de redites, Xe régiment, Xe DI, Américaines, US, Allemandes etc… Je les crois utiles pour bien identifier les unités, même si cela nuit un peu à l’écriture)
Secteur du front de Sarreguemines – Rimling
Le soir vient de tomber en cette journée de l'année 1944.
A proximité de Rimling, sur le plateau au nord-ouest de la localité, les troupes U.S. du 71e régiment de la 44e division d'infanterie occupent un front de 2400 mètres, appuyées par une section du 749e bataillon blinde U.S. et une autre du 776e bataillon de chasseurs de chars.
Deux jours plus tôt, à la ferme de Moronville située sur ce plateau, le 2e bataillon avait pris la relève du 3e bataillon du 71e R.I.
La neige qui recouvre le paysage hivernal brille sous la lune…
Brusquement, à 23 h 30, une forte concentration de troupes allemandes apparaît aux yeux des soldats américains réfugiés dans leurs positions défensives…
Les allemands se dirigent, sans tirs d'artillerie préparatoires, vers les bois situés devant la ligne du front en direction des positions du 2e bataillon du 71e R.I.
Vêtus d'uniformes de camouflage blancs, les allemands se lancent, alors, à l'assaut des lignes américaines en hurlant des obscénités et criant comme des fous.
Témoignage laissé sur un mur de l'école de Kalhausen par trois G.I’s de la 44e D.I.
« Quelle foutue Saint Sylvestre »
Cela peut paraître anecdotique, mais ce comportement nous le retrouverons tout au long de cette offensive…
J’en veux pour preuve, les nombreuses références américaines à l'attitude des soldats allemands lors des attaques « Nordwind » du 1er janvier 1945, et qui soulignent le comportement surprenant des attaquants :
En effet, un correspondant de guerre américain mentionne dans le livre du 71e R.I. de la 44e division d'infanterie U.S., page 109 : (Durant l'attaque de la ferme de Moronville) :
Habillés d'uniformes de camouflage blancs qui les dissimulaient sur une couche de 15 cm de neige, les allemands bien imprégnés de schnaps (sic) essuyèrent de lourdes pertes ... Ils attaquaient en hurlant « Bonne Année, bâtards yankees! »
Dans un autre article publié dans le journal Powder Horn édité par le 399e R.I. de la Century Division à Pforzheim, Allemagne, le 12 août 1945, il est relaté que l’attaque de la colline du Schoenberg à Bitche le 31 décembre 1944 eut lieu comme suit: « Les allemands commencèrent leur nouvelle année en se lançant à l'attaque à minuit contre les positions de la compagnie B (de la 100e D.I. U.S.) en poussant des hurlements. »
Plus loin, l’auteur note également :
« Ignorant toute mesure de protection et ne cherchant aucunement à s'abriter, les allemands se lancèrent par vagues entières contre nos positions en hurlant des jurons ... »
La description de la même scène est faite dans le livre « The Story of the Century» à la page 105 :
« Les allemands quittèrent brusquement leurs abris et leurs tranchées pour se précipiter vers les lignes de la compagnie B (U.S.) au Schoenberg tout en hurlant et en proférant des injures qui dominaient le bruit de leurs tirs. Ils couraient debout, ne cherchant pas à se protéger et se comportant comme s'ils étaient ivres ou drogués ... Les ennemis qui échappèrent à nos tirs battirent en retraite jusqu'au moment où une seconde vague hurlante déferla à nouveau vers l’avant en les entraînant avec elle. »
L'auteur décrit une autre scène à la page 105 du livre, celle-ci se passe le long de la voie ferrée près de Lemberg:
« Une autre force allemande arriva en renfort par le nord-ouest, en chargeant et en hurlant comme si les ennemis espéraient ainsi déborder nos hommes qui battirent en retraite dans leurs trous individuels tout en tirant au lieu de se laisser envahir. .. »
Autre description à la page 106, lors de l’assaut des allemands sur les pentes de la colline du Schlietzen à Rimling :
« Comme ils l’avaient fait sur le front du 399e R.I., les ennemis s'approchèrent de nos lignes sans s'abriter, en lançant debout à l'attaque et en hurlant "Bâtards Yankees !" et autres obscénités. Il s'agissait d'éléments de la fanatique 17e S.S. Panzergrenadier Division ... »
Plus loin, à la page 107 du livre « The Story of the Century» :
« Les allemands se levèrent souvent pour hurler "Gangsters américains !" ou "Bâtards Yankees !" en faisant feu sur nous. Cette attitude inexplicable permit à nos hommes de tuer et de blesser bon nombre de ces allemands ... »
L'alcool, bien que ce ne soit pas un comportement habituel de l’armée allemande, a certainement joué un rôle dans l’attitude fanatique de ces unités lors du déclenchement de l’offensive « Nordwind ».
Cette attitude lors d'un assaut n'est malgré tout pas une innovation: les soldats de l'Empire et de la Première Guerre mondiale avaient également l'habitude de «boire un canon» avant de se lancer dans la bataille…
Quant aux hurlements et aux clameurs, le commandement allemand confronté aux assauts bruyants et hurlants des troupes soviétiques sur le front de l'Est avait pu constater l’impact psychologique doublement positif de cette tactique : tout d'abord, l'attaquant est « électrisé » par ses propres hurlements, ce qui lui permet d'oublier toute crainte et de renforcer son fanatisme, et ensuite l’adversaire est fortement impressionné, voire terrifié par les clameurs sauvages de l’attaquant qui prouve ainsi son courage aveugle et suicidaire.
Ce comportement guerrier n'est pas nouveau: Jules César, décrit déjà cette méthode d'attaque dans « La Guerre des Gaules » lorsqu'il dépeint les assauts des « barbares » contre ses troupes dans la plaine du Haut-Rhin à proximité de Cernay.
Alors que la 44e division d'infanterie U.S. occupait un front de vingt kilomètres assignés par le commandement général du 15e Corps, ce fut la compagnie F du 2e bataillon du 71e régiment d'infanterie qui reçut le choc de l'attaque allemande menée par cinq compagnies…
L'assaut s'effectua par vagues successives qui furent décimées par les tirs de l'artillerie et des mortiers U.S. Les allemands réussirent, quand même, peu à peu à isoler le flanc de la compagnie F, obligeant le reste de la compagnie américaine à retraiter jusqu'à la ferme de Moronville où se trouvaient les positions de réserve de la compagnie…
Le combat fit rage… Vers 2 heures 30 du matin, les allemands montrèrent finalement des signes d'essoufflement…
Une demi-heure plus tard, le 3e bataillon U.S. vint à la rescousse du 2e bataillon pour l'aider à récupérer les positions isolées par l'ennemi.
A 4 heures 30, aidée par une partie de la compagnie F, la compagnie G lança une contre-attaque à partir de la ferme de Moronville…
Une section blindée, des mitrailleuses et des mortiers appuyèrent l’assaut et les unités américaines réussirent à réoccuper les positions d'origine vers 6 heures du matin.
A 6 heures 15, la compagnie E dut repousser un nouvel assaut d'une compagnie allemande, mais un quart d'heure plus tard, la compagnie américaine dut reculer de 200 mètres face à l'assaut de trois compagnies allemandes appuyées par quatre chars.
Le jour venait de se lever lorsqu'à 9 heures, une section de blindes U.S. se déplaça à l’ouest de la ferme pour aider la compagnie E à reprendre les positions perdues…
A 9 heures 30, le flanc droit de la compagnie F fut à nouveau attaqué par une compagnie de fantassins allemands appuyés par quatre Kettenfahrzeug (half-tracks) et trois chars, obligeant les américains à se réfugier une nouvelle fois dans les bâtiments de la ferme de Moronville. Les tirs d'artillerie et de mortiers se poursuivirent toute la journée et, à 16 heures, la compagnie F contre attaqua :
A 17 heures 15, ce 1er janvier, le 2e bataillon U.S. avait réussi à regagner toutes les positions perdues…
A 18 heures, tout le bataillon reçut un terrible tir de barrage effectué par les canons allemands de 105, de 88 et de 20 mm, ce véritable déluge d'obus se déversa sur les troupes U.S. jusqu'à 22 heures…
A 22 heures 30, l'infanterie allemande appuyée par deux Kettenfahrzeug et deux chars attaqua de nouveau le flanc est de la compagnie F du 71e régiment d'infanterie U.S. qui occupait des positions sur la cote 391 à proximité de la ferme.
Une nouvelle fois, la compagnie U.S. battit en retraite jusqu'aux bâtiments … Mais ceux-ci prirent feu, obligeant les américains à les quitter pour prendre la direction de Gros-Rederching.
Les opérations allemandes avaient, à ce moment, réussi à créer une trouée entre les compagnies F et G au centre du secteur du bataillon…
…Pourtant, après avoir éliminé de petits groupes ennemis dans les bois, des renforts américains réussirent à établir une nouvelle ligne défensive.
Epuisé, le 2e bataillon s'installa sur des positions de réserve.
Dans ce secteur du front de la 44e division d'infanterie U.S., le 255e régiment occupait les positions de la Ligne Maginot s'étirant à l'est à partir de Wittring, ce qui plaçait le régiment à l'arrière du 71e…
A gauche de la 44e division, la 103e division d'infanterie U.S. se trouvait en position défensive pendant qu’à l'arrière du front, la 14e division blindée U.S. - en réserve - effectuait des missions de reconnaissance.
Le 71e R.I. de la 44e division occupait le flanc droit de la division de Bliesbrück à Rimling, alors que le centre était protégé par le 324e régiment et que le flanc gauche de la division était occupé par le 114e régiment U.S.
Ce dernier n'allait pas être épargné :
Suivant les ordres de Hitler, la 19e division d'infanterie allemande, la 36e Volksgrenadierdivision et la 17e S.S. Panzergrenadierdivision n'épargnaient pas leurs efforts à l’encontre de la 44e division U.S…
La seconde poussée de l'armée allemande allait toucher le 114e R.I. :
Partie de la courbe de la Blies au nord de l’aérodrome de Sarreguemines, la seconde attaque allemande tenta de percer les lignes du 114e régiment U.S…
Grâce à l'artillerie, les unités américaines repoussèrent cette offensive entre Sarreguemines et Folpersviller.
Pendant ce temps-là, le 324e R.I. tenait le front sur le cours de la Blies en repoussant trois tentatives de traversée allemande au sud-est de Habkirchen :
Deux d'entre elles au sud de Habkirchen et la dernière à proximité de Blies-Ebersing. Les tirs coordonnés de l'artillerie et de l'infanterie U.S. firent échec à ces tentatives.
Plus à l'est, les attaques ennemies contre le 71e R.I. redoublaient d'intensité :
…Il était évident que l'offensive allemande avait jeté son dévolu sur ce régiment.
A 0 heure 55 le matin du 1er janvier 45, le commandant du 71e R.I. rendit compte à ses supérieurs que le 2e bataillon sur la droite, cédait du terrain aux allemands et rassemblait ses réserves (le 3e bataillon) près du croisement à l'extrémité sud du bois de Bliesbruck en vue de contre-attaquer…
C'est en essayant de gagner ce point de rassemblement que le 3e bataillon essuya les tirs allemands à partir dudit bois.
Les américains comprirent alors, que les allemands qui s'étaient précédemment dirigés vers cette localité avaient bel et bien contourné le village pour pénétrer dans les bois à proximité…
...Suite de quoi, il fut ordonné au 3e bataillon U.S. du 71e R.I. d'attaquer et de dégager ces bois…
Durant toute la journée du 1er, les allemands harcelèrent le 71e R.I. avec des chars et des canons. A maintes reprises, le 2e bataillon du 71e R.I. fut forcé de lâcher ses positions, mais il réussit à chaque fois à réoccuper ses positions initiales…
Les troupes ennemies avaient adopté la tactique de l'attaque de masse: des soldats surexcités et hurlants s'élançaient vers les lignes américaines sans chercher à se protéger.
Cette tactique leur causa d'énormes pertes mais il était évident qu'ils étaient déterminés à percer sans s’en préoccuper.
Ce matin du 1er janvier, la situation de la 44e division U.S. devenait critique…
A 8 heures 15, le 1er bataillon du 324e R.I. fut rattaché au 71e R.I. pour protéger les positions à gauche de la ligne de réserve du régiment.
A 14 heures 30, il apparut que le 3e bataillon du 71e R.I. s'avérait incapable de neutraliser les bois de Bliesbruck sans appui complémentaire :
Le 1er bataillon du 324e R.I. vint renforcer ses efforts… C'est en combinant leurs forces que les deux bataillons américains dégagèrent les bois vers 19 heures 30.
Front de Rimling
Pendant que se déroulaient ces combats commencés peu avant minuit le 31 décembre 44, le 3e bataillon du 397e régiment de la 100e division d'infanterie U.S. tenait le flanc ouest de la Century Division dans le secteur autour de Rimling…
La 1re section de la compagnie K du 397e R.I. s'était retranchée sur une colline déserte appelée Schlietzen, au nord et à l'ouest de Rimling.
Cette colline, était le point le plus élevé de la région et commandait tout le secteur au nord et à l’ouest. Au sud, le terrain s'étendait en une longue série de crêtes qui allaient en s'amenuisant passant à Guising à deux ou trois kilomètres au sud de Rimling, et allaient presque jusqu'à Rohrbach.
A l’est des positions de la 1re section de la compagnie K, vers l'extrémité nord de ce terrain surélevé, se trouvaient les lignes de la 2e section U.S. qui couvraient la route à Rimling par le nord.
Elles représentaient ainsi, les positions les plus au nord du bataillon…
Celles de la 3e section de la compagnie K allaient au sud-ouest le long de la route et de la crête pour tourner ensuite à l’est et inclure l’extrémité nord de la localité de Rimling.
L'extrémité est du village était tenue par la compagnie L. Ses lignes s'étendaient vers l'est le long de la route entre Rimling et Epping-Urbach jusqu'au croisement de la route allant du nord au sud entre Guiderkirch et Bettviller.
De là, les positions de la compagnie L tournaient à l’est sur une distance de 500 mètres à terrain découvert, à droite de ce croisement de routes.
A la droite du régiment, le 1er bataillon du 397e R.I. s’étendait, sur à peu près deux kilomètres, à l’est du 3e bataillon en direction de Urbach.
La compagnie I formait la défense secondaire en des positions allant à l’est et à l’ouest juste au sud de Rimling supportant ainsi tout le front du bataillon.
Les mortiers lourds de la compagnie M furent mis en position dans le lit asséché d'un ruisseau à l’est et au sud de Rimling et à l’arrière de la compagnie L.
Le 2e bataillon était en réserve.
La compagnie F se trouvait autour et à l’ouest de Guising et la compagnie G se trouvait plus au sud...
La compagnie F occupait les collines au-dessus de la gare de Rohrbach.
La compagnie E se déploya autour du croisement de routes à l’ouest de la gare de chemin de fer de Rohrbach.
Ces positions de soutien, de même que celles du 3e bataillon du 399e R.I. sur le côté droit de la Century Division, allaient devenir des positions frontales lorsque le flanc de la division serait exposé.
Le 397e R.I. ayant occupé ces positions pendant plusieurs jours, les tranchées avaient pu être creusées profond et recouvertes de rondins et de terre....
Dans la terre nue, ces retranchements étaient déjà bien camouflés, et la neige qui tomba en cette fin décembre 44 finit par les rendre presque invisibles…
Les services de renseignements de la division, avaient alerté leurs troupes du fait que les allemands allaient certainement lancer une offensive aux environs de la nouvelle année…
Le chef du 3e bataillon mit ses hommes en alerte vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Il attribua aux compagnies K et L une section de mitrailleuses lourdes pour leur protection. En outre, quatre blindés américains devaient être utilisés à Rimling en cas d'urgence…
Le 31 décembre, après la tombée de la nuit, la compagnie I envoya une patrouille à partir de ses positions de soutien en direction de Guiderkirch car ses lignes principales n'avaient pas encore été fixées, bien que l’on sût que les allemands occupaient des positions plus au nord.
Avant minuit, le 71 e R.I. de la 44e division U.S. à l’ouest de la compagnie K fit savoir qu'il venait d'être attaqué…
Le chef du bataillon alerta l’ensemble du bataillon et la patrouille de la compagnie I fut rappelée. Elle déclara ne pas avoir rencontre d'ennemis en route…
A minuit, le 374e bataillon d'artillerie U.S. de campagne prit part aux tirs d'artillerie de la division et du Corps en tirant une série d'obus explosifs et une série fumigène de chaque arme.
Quelques minutes plus tard, les allemands attaquèrent tout le long de la ligne du bataillon avec des forces accrues contre la compagnie K sur la colline du Schlietzen à Rimling. Comptant sur l'effet de surprise, les allemands avançaient sans être appuyés par leur artillerie, mais les compagnies américaines déjà en alerte se trouvaient prêtes…
Comme ils l'avaient fait sur le front du 399e R.I., les allemands surgirent sur les lignes américaines sans se protéger, se ruant à l’assaut et criant des injures et des obscénités.
Ces hommes appartenaient à la 17e S.S. Panzergrenadier Division Götz von Berlichingen et étaient détermines à prendre la colline du Schlietzen...
Environ deux cents d'entre eux attaquèrent les 2e et 1re sections de la compagnie K.
Les américains, durent utiliser toutes les armes disponibles pour les repousser…
La Götz von Berlichingen, sera la seule division de la Waffen-SS à n’avoir jamais combattu sur le front de l’est…
Durant décembre, les restes de la division ne représentent, suite en particulier à la bataille de Dornot au sud de Metz où entre autres le SS-Panzergrenadier Regiment 38 est totalement anéanti plus qu' une force de 3.500 hommes et 20 véhicules blindés!
Elle fait retraite vers Saarbrücken et les défenses du Westwall.
Là, la Götz von Berlichingen reçoit des conscrits volksdeutsches d’Europe de l’Est, mais aussi un solide SS-Panzergrenadier Lehr Regiment de l’école de Prosetschnitz. En plus de ce renfort de base, la division reçoit une compagnie de Panther de la 21e Panzerdivision, et même quelques canons autopropulsés Jagdtiger.
Les derniers jours de 1944 la division, sous commandement du 13e SS-Korps au sud de Zweibrücken, prend part à l’opération Nordwind ...
L’attaque de la 17e SS-Division, comme nous le voyons, est initialement dirigée contre les 44e et 100e D. I. américaines.
A l’image des combats du mont Schlietzen, l’inexpérience des bataillons reformés causera de lourdes pertes...
A l'est, le long de la route, les allemands enfoncèrent cependant les positions américaines de la 1re section de la compagnie K, et une vingtaine d'ennemis atteignirent l'extrémité nord de Rimling où ils essayèrent d'installer des mitrailleuses à l'arrière des positions de la 1re section U.S.
Bien que la première vague de l’offensive ait été stoppée, de petits groupes de soldats allemands restèrent sur le front de la compagnie K et continuèrent à tirer.
Souvent, ils se dressaient en criant, là comme ailleurs « gangsters américains » ou « bâtards yankees» tout en faisant feu…
Ce comportement inexplicable -à moins de prendre en compte l’extrême jeunesse et l’inexpérience d’une grande partie des troupes allemandes- permit aux américains d’en tuer et blesser un grand nombre d'entre eux…
De petits groupes tentèrent également de s'infiltrer dans les lignes américaines…
Par le fait que de nombreux allemands portaient des vêtements de camouflage blancs, il était presque impossible de les apercevoir dans la neige, mais leurs mouvements étaient tout de même repérables, grâce au grand clair de lune, ce qui permit aux tireurs U.S. de limiter les infiltrations.
L'effort principal de ce premier assaut avait été porté contre les deux sections à l'ouest de la compagnie K sur la colline du Schlietzen.
Mais il y avait eu, également, une forte action des patrouilles allemandes contre la 3e section déployée le long de la limite nord de Rimling contre la compagnie L le long de la route Epping - Urbach et aux environs du secteur situe autour et au-delà du croisement.
Venant du nord, l'une de ces patrouilles pût pénétrer dans les premières maisons de Rimling. La compagnie L plaça alors ses mitrailleuses de façon à pouvoir tirer sur un secteur à 75 mètres du front en un tir groupé.
Après la première vague de l’attaque, tandis que les hommes des compagnies K et L attendaient que les allemands tentent un nouvel assaut qu'ils savaient imminent, les soldats du 3e bataillon pouvaient entendre le bruit des furieux combats sur le front du 71e régiment d'infanterie à l’ouest à proximité de la ferme de Moronville située à 3 kilomètres du Schlietzen…
A ce moment les perspectives américaines n'apparaissaient guère plaisantes…
Après que la première attaque allemande eut été repoussée au bout d'une heure environ, des bruits au front de la compagnie K laissaient prévoir que les allemands se regroupaient pour effectuer un nouvel assaut…
Sachant cette fois qu'ils ne pouvaient plus compter sur l'effet de surprise, les allemands commencèrent leurs tirs de barrage d'artillerie...
A la suite des tirs de l’artillerie et des mortiers, environ 300 d'entre eux, criant et hurlant, s'élancèrent vers la compagnie K par le nord et le nord-ouest…
Cet assaut téméraire fut stoppé par les tirs de la compagnie K.
Durant l'accalmie, une section de la compagnie L entra en ligne juste à l’est de la section de flanc de la compagnie K. une autre section de la compagnie I prit position dans le secteur de la 1re section de la compagnie K sur la pente est de la colline du Schlietzen.
L'autre section de la compagnie I et la section «Weapons» (Armes lourdes) resta dans les positions d'appui au sud de Rimling…
Bien que le 374e bataillon d'artillerie de campagne U.S. dépêchât plusieurs missions à l’ouest pour aider le 71e R.I., ce dernier dut battre en retraite…
Par manque de communications, le 3e bataillon du 397e R.I. ne fut pas informé de cette retraite, ce qui exposa davantage son secteur arrière gauche aux troupes ennemies.
La troisième vague de l’offensive allemande eut lieu avant l'aube et fut précédée par les tirs de l'artillerie.
Bien qu'étant repoussés, les allemands découvrirent une partie non protégée d'un kilomètre le long du flanc du 3e bataillon, là ou le 71e R.I. avait battu en retraite…
De petites patrouilles allemandes commencèrent alors à dépasser les positions de la compagnie K sur les hauteurs du Schlietzen et, tournant vers le sud, pénétrèrent dans Rimling par le sud-ouest.
Le terrain au sud de la colline du Schlietzen est légèrement plus bas que la crête de la colline, mais il demeure néanmoins une haute crête dominant le paysage a l’ouest…
Lorsque les allemands commencèrent à traverser ladite crête, la section de la compagnie I qui était restée en réserve durant l'avance des autres fut envoyée sur les positions au sud du flanc de la compagnie K avec une partie de la section «Weapons» comme appui.
Bien que deux chars aient été mis à la disposition de cette section pour l'appuyer, le nombre d'hommes pour boucher la trouée était insuffisante.
Bruyants et apparemment indifférents au danger, les allemands continuaient à attaquer et à s'infiltrer par les trouées des lignes américaines…
Après les infiltrations ennemies derrière les positions de la 2e section de la compagnie K et leur poursuite de petites attaques, cette section fut forcée à se retirer du sommet de la colline du Schlietzen.
La compagnie I dirigeait directement les tirs de mortiers et d'artillerie sur ces patrouilles ennemies, arrêtant ainsi de nombreuses incursions.
Mais un groupe d’allemands, d’environ une section, réussit à pénétrer dans l'extrémité sud de Rimling et se rassembla devant l'église…
…Dans le clocher d'où il avait une vue excellente sur tout le secteur, un lieutenant américain, observateur avancé de la batterie C du 374e bataillon d'artillerie de campagne U.S., lança une grenade au milieu du groupe et vida un chargeur entier de sa carabine et un autre de son pistolet sur la patrouille allemande…
Les survivants se précipitèrent dans une maison de l'autre côté de la rue, en face de l'église… Au lever du jour, quelques hommes de la compagnie I entourèrent la maison, jetèrent une grenade par le soupirail de la cave et ordonnèrent aux allemands de se rendre.
Les uns après les autres, vingt soldats sortirent de la cave les mains levées....
Avec les allemands sur trois côtés, les patrouilles engageaient constamment des duels, alors que l'artillerie allemande bombardait les positions de la 2e section de la compagnie K qui était toujours, malgré son repli du sommet de la colline du Schlietzen, totalement engagée dans la bataille ; le commandant de compagnie monta pour juger de la condition de cette section…
…Il fut pris pour cible par les tireurs embusqués, par l'artillerie et les mortiers ennemis, pourtant il décida que la section devait d'attaquer et reprendre la colline...
Le chef de bataillon ordonna un tir préparatoire d'artillerie, puis demanda à la compagnie G accompagnée d’une section de la compagnie F, d'entrer en ligne au sud de la section de crête de la compagnie I avec l’appui de deux Sherman... La 2e section de la compagnie K attaquerait à partir de cette ligne…
Avant même que ces plans puissent se réaliser, les allemands attaquèrent à deux reprises le flanc ouvert, mais cette fois-ci avec trois compagnies et huit blindés…
L'artillerie américaine les repoussa…
Juste après midi, pendant que la compagnie G et une partie de la compagnie F quittaient les alentours de Guising et de la gare de Rohrbach pour occuper la crête à 1,5 kilomètre au sud du Schlietzen, et la 2e section de la compagnie K lança sa contre-attaque…
…La section prit facilement la colline parce que les allemands avaient concentré leur attention vers le flanc ouvert et ne se trouvaient pas en position de stopper l'assaut…
Durant la matinée, un lieutenant américain accompagné d'un groupe du poste de commandement de la compagnie L fit une reconnaissance à Rimling pour débusquer tout ennemi qui pourrait encore se cacher dans la localité. Un civil vint à leur rencontre et déclara qu'il pouvait leur désigner un endroit ou se cachaient des Allemands.
Après avoir avertit ses hommes d'un piège éventuel et leur avoir conseillé la prudence, le lieutenant et sa patrouille accompagnèrent ce civil jusqu'a une maison...
…Là, le civil cria aux allemands cachés dans la cave de se rendre… Sans tirer un seul coup de feu, 17 allemands se rendirent.
L’assaut allemand était entièrement axé sur le flanc ouest du régiment, il en résultait que la compagnie L à l'est de Rimling n'eut à faire face qu'à de petites attaques.
Il en était de même pour les compagnies A et B sur le front du 1er bataillon plus loin vers l'est…
Une force allemande progressa à partir bois à l'est de Guiderkirch pour atteindre une ligne juste en face des positions de la compagnie B autour de la ferme du Mehlingerhof…
…L'attaque fut stoppée, un certain nombre d'allemands purent se retirer, onze d'entre eux se rendirent et dix-neuf autres furent tués. ..
Plus à l'est, dans le secteur de Bitche, le dernier jour de l'année 1944 fut célébré également selon les ordres de Hitler :
A la tombée de la nuit, des fusées éclairantes illuminèrent brusquement l'imposante citadelle qui domine la ville.
La nuit fut alors zébrée de balles traçantes qui passèrent par-dessus la ferme du Wolfsgarten dont la grange brûlait.
Peu après ce feu d'artifice multicolore, l'artillerie allemande se déchaîna en faisant tomber un énorme tir de barrage sur les lignes américaines… Les américains ne tardèrent point à se joindre à ce concert de la nuit du 1er janvier 45…
A proximité de la ferme du Wolfsgarten, les troupes allemandes attaquèrent en « hurlant comme des Indiens »…
Plus tard, des prisonniers allemands au comportement étrange confirmèrent les soupçons américains que les assaillants étaient, soit ivres soit dopés…
C'est aussi en hurlant des injures que des groupes d'assaut allemands attaquèrent les lignes américaines a proximité du collège de Bitche et dans les bois de la colline du Schoenberg:
Ces assauts-suicide furent décimés par les tirs du 399e régiment d'infanterie de la 100e division U.S.
Les allemands perdirent une centaine d'hommes à cet endroit…
Pendant ce temps-là, d'autres allemands attaquèrent en hurlant l'Ensemble du Schiesseck, un ensemble d'ouvrages de la Ligne Maginot à côté de Bitche.
Deux heures plus tard, ils entreprirent leur troisième tentative contre un avant-poste sur le flanc est du 399e R.I.
Le 117e escadron blindé de reconnaissance U.S. qui avait déjà reculé jusqu'a Wingen, a 14 kilomètres au sud, dut constater que les allemands occupaient la localité…
…Les chars américains firent alors demi-tour et se dirigèrent vers l'ouest en dehors de la zone des combats…
A 2 heures 30 du matin, les allemands reprenaient l'avantage en attaquant la ligne principale de résistance de la compagnie B à partir du nord-est…
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 06 2023, 18:37
Opération NORWIND.
La dernière offensive d’HITLER sur le front ouest
Les habitants des bords du Rhin étaient loin de songer qu'une opération majeure venait d'être déclenchée: l'opération "NORDWIND".
HITLER hurlait à la radio, dans le silence de la nuit:
"Notre peuple est résolu à continuer la guerre jusqu'à la victoire en toutes circonstances. Nous allons éliminer tous ceux qui prennent part à l'effort commun accompli pour notre pays ou qui sont des agents de l'ennemi... Le monde doit savoir que cet Etat ne capitulera jamais.....
L'Allemagne surgira à nouveau tel un phénix, de ces cités en ruines et l'on en parlera dans les livres d'histoire comme du miracle du vingtième siècle. C’est pourquoi, en cette heure, en tant que porte- parole de la grande Allemagne, je promets solennellement devant dieu tout puissant que nous accomplirons notre devoir consciencieusement et sans faiblir en cette année nouvelle, en étant convaincus que l'heure viendra de la victoire finale pour celui qui en est le plus digne, le grand Reich allemand"
Cette Opération est presque oubliée de nos jours. Peu de livres d'histoire en parlent. Les vétérans eux-mêmes ignorent avoir participé à cette action, du côté américain comme du coté allemand.et pourtant c'était la dernière offensive de Hitler à l'Ouest. Elle eut pour conséquences des combats terribles, livrés dans un froid exceptionnel, combats que l'on a pu comparer à ceux d'Anzio ou de Stalingrad.
La France connaît peu d'hivers aussi rigoureux, après les pluies incessantes de l'automne. Puis le redoux s'installa brusquement et le sol gorgé d'eau rendit les opérations tout aussi impossibles. 295 000 Français et 125 000 Américains y furent impliqués, puisque les opérations se déroulèrent en Alsace du Nord comme dans la" poche de Colmar ".Les Américains eurent à déplorer plus de 29 000 victimes, dont 7000 morts dont une grande partie est enterrée aux cimetières Américains de st Avold et d'Epinal. Le cimetière de Niederbronn abrite plus de 15 000 tombes d'Allemands tombés dans la région. Il convient de se rappeler que de nombreux corps ont été rapatriés. C’est dire si ces combats, livrés pendant un laps de temps somme toute réduit, furent meurtriers.
Plan de l'Opération NORWIND.
L’opération avait été conçue par Hitler lorsqu'il constata que la bataille des Ardennes s'enlisait: il devait conserver l'initiative à l'ouest aussi longtemps que possible, face à la menace croissante sur le front russe. Une attaque Allemande en Alsace forcerait Patton à retirer ses troupes de Bastogne. La bataille des Ardennes pouvait encore être gagnée. En outre Hitler connaissait la valeur symbolique de Strasbourg, ville où la Marseillaise avait été chantée pour la première fois. S'il reprenait Strasbourg, cela signifierait la fin du gouvernement provisoire de Général de Gaulle. Les communistes seraient capables de l'emporter, ce qui jetterait le chaos dans les relations entre les alliés. Enfin, Hitler était conscient de la faiblesse de l'armée américaine en Alsace. Aucun des déplacements de l'adversaire ne lui avait échappé. Il est certain que son plan aurait pu réussir.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 06 2023, 19:29
A Weyersheim, Reynolds apprit que l'attaque devait être coordonnée avec la Compagnie E du 232e RI et la Compagnie E du 222e RI, toutes les deux sous les ordres du Colonel Ellis, commandant le 2e Bataillon ,232e RI. Ces deux Compagnies seraient sur le flanc droit, au Sud de la route Weyersheim-Gambsheim, alors que Reynolds devait attaquer à gauche de cette route. Reynolds devait s'emparer du Steinwald, laissant à Ellis le soin de prendre Gambsheim. Puis les forces poursuivraient leur route vers le Rhin. Le 2e Bataillon, 242e, avec les compagnies E, 222e et E, 232e ainsi que la troupe D 94e escadron de reconnaissance et la 79e troupe de reconnaissance, formaient Task-Force A sous les ordres du Lieutenant-Colonel Coleman. Une section de la Compagnie A, 781e TkBn était en renfort. Simultanément une Task-Force B, composée de divers éléments du 232e RI, du 2e Bataillon, 222e RI (moins la Compagnie E), et de deux sections de chars du 781e TkBn et de FFI devait partir de Kilstett pour prendre Gambsheim par le Sud. La ville serait donc prise dans un mouvement de tenailles.
Les hommes n'avaient que le temps de descendre des camions et de traverser Weyersheim avant le début de l'attaque. Il était donc impossible de les mettre au courant de la situation. Toute reconnaissance du terrain était également hors de question.
A 13h les Compagnies E, H et la section de commandement du Bataillon reçurent l'ordre de quitter Rittershoffen et de regagner Brumath. La Compagnie H partit la première puisqu'elle disposait de moyens de transport. Elle arriva à Brumath à 15h, une heure avant la Compagnie E. La Compagnie entière parvint à 16h 45 à Weyersheim. Elle y fut rejointe près d'une heure plus tard par la Compagnie E. Mais l'attaque avait commencé....
Pendant ce temps les Compagnies F et G avaient attaqué, G en tête. Reynolds découvrit alors qu'il avait l'appui de trois chars moyens. L'ennemi était retranché dans le bois entre la Zorn et le Canal. Il fut assez rapidement réduit au silence et quatre prisonniers furent pris. Cependant, certains hommes de la compagnie G avaient été blessés, et Gene Wopata se souvient avoir vu un homme, le pied arraché. Juste au moment où Gene arrivait près de lui, le blessé se tira une balle dans le menton. Ce geste traumatisa Gene. Le Bataillon reprit sa progression et traversa la Zorn sur une passerelle.
La nuit tombe vite en cette saison. Il fallait établir des communications entre le PC de Weyersheim et les avants postes. Ceci prit un certain temps car on dut attendre que l'officier chargé des transmissions vienne de Rittershoffen avec sa section. On s'aperçut alors que le fil n'était pas assez long pour aller jusqu'à Weyersheim. Le seul moyen de communiquer avec l'arrière était donc par messager, avec tous les risques que cela comporte.
Tout à coup Reynolds découvrit que les forces du Colonel Ellis se repliaient sur le pont entre Gambsheim et Weyersheim. Il apprit qu'ils allait passer la nuit entre la route et le canal. Que sétait-il passé?
Le 5 Janvier au matin, le 2e bataillon, 222e, RI devait être relevé par les forces françaises afin de gagner Soultz-sous Forêts. Mais le manque de moyens de transports fit que les Compagnies ne purent partir qu'une après l'autre. Vers 13h c'était au tour de la Compagnie E de monter à bord des camions, lorsqu'on ordonna au Commandant du Bataillon de prendre contact avec le Commandant du 232e RI à la Wantzenau. La Compagnie E se mit en route pour la Wantzenau à 13h 30, dans l'ignorance la plus totale de la situation. Arrivée là, elle fut envoyée à Weyersheim. C'était 16h30 et l'attaque était en cours. La Compagnie E, 222e, devait rejoindre la Compagnie E, 232e, qui se trouvait déjà au Sud de la route de Weyersheim-Gambsheim. Le commandant de la Compagnie découvrit alors que sur les six radios SCR-536, une seule fonctionnait, et que les bazookas étaient inaccessibles.
La Compagnie E, 222e RI, finit par arriver au Landgraben. La Compagnie E, 232e RI avait commencé l'attaque de l'autre côté du canal. John Taylor, Compagnie E, 232e RI se souvient être passé devant un camion qui avait été touché. Le chauffeur, le sergent et cinq ou six hommes étaient morts. Deux autres hommes qui avaient sans doute tenté de fuir avaient été abattus près du camion. Ces hommes avaient été tués par un mitrailleur Allemand dont le corps gisait près du pont sur le Landgraben, à 50 m de là. Les armes automatiques Allemandes claquèrent: Les Allemands tiraient depuis le Steinwald. Carl Hart fut le premier mort de la Compagnie E qui fut alors clouée au sol par les tirs nourris de l'ennemi. Le courage de Bernard Jakobe, qui s'exposa afin d'ajuster le tir des mortiers, permit à la Compagnie E de poursuivre l'attaque. Mais tout contact avait été perdu avec les unités qui se trouvaient sur la gauche comme la Compagnie E, 222e qui avançait derrière. Les chars avait disparu. C'est alors que fut prise la décision de se replier sur Landgraben pour la nuit.
Le Commandant de la Compagnie E, 222e, voulut contacter le Commandant du 2e Bataillon, 232e RI dont le PC devait se trouver quelque part le long de la route Weyersheim-Gambsheim. Il traversa le Landgraben et parcourut la route jusqu'à l'entrée de Gambsheim, sans rencontrer le Commandant. Mais il vit là quatre chars attachés à la Compagnie E, 232e. Par manque de communications, le Commandant de la section de chars ignorait que la Compagnie E, 232e, devait se replier sur le Landgraben pour la nuit, et il avait poursuivi sa route sur Gambsheim! Le Commandant de la Compagnie E, 222e, décida alors de repartir en direction de Weyersheim. A 400 m à l'Ouest de Gambsheim il tomba sur sa Compagnie qui avait doublé, sans le savoir, la Compagnie E, 232e, et se trouvait seule en tête. Il la ramena vers le canal.
Ellis survint alors et expliqua qu'il n'avait pas voulu poursuivre l'attaque sur Gambsheim la nuit tombée. Le Lieutenant-Colonel Coleman, G3 (3° bureau) de Task-Force Linden, aurait voulu que l'attaque ait lieu immédiatement. Mais Ellis et Reynolds n'étaient pas de cet avis: tous trois partirent pour Weyersheim discuter de la situation. Il était alors minuit. Reynolds fit d'abord retraverser la passerelle sur la Zorn à ses hommes, qui s'établirent ainsi sur la rive gauche de la rivière. Les hommes n'avaient pas le temps de reconnaître le terrain et ils ne disposaient pas de tout leur équipement, ce qui rendait une opération nocturne irréalisable. Le Lieutenant-Colonel Zellers, "Executive Officer" du 232e, prit alors la charges des opérations. Il décida que l'attaque commencerait à 3h, avec le pont sur le Landgraben comme point de départ. Les deux forces devaient suivre le même itinéraire afin de se rencontrer sur la voie ferrée vers 8h.
Pendant ce temps ,la Compagnie H, 242e commandée par le Capitaine Nordick, était enfin arrivée à Weyersheim. Les véhicules se mirent en route sur le petit chemin parallèle à la grande route. Parvenus au point J, ils s'arrêtèrent, attendant d'être rejoints par les fantassins. A 18h15 la Compagnie était au complet. Elle attendit les ordres pendant plus d'une heure et demie. Joe Neilson, membre de cette Compagnie se souvient avoir attendu, et attendu et encore attendu....Il finit par s'endormir dans le Neige. L'odeur d'une cigarette le réveilla beaucoup plus tard. Enfin l'ordre fut donné de traverser la Zorn et de suivre la grande route jusqu'à ce qu'un guide vienne leur montrer le chemin. Personne ne vint et les hommes se dispersèrent dans les fossés. Survinrent alors les hommes de la Compagnie E, 232e qui avaient perdu le contact avec les autres forces. Nordick ordonna à ses hommes de retraverser la Zorn afin qu'ils passent la nuit dans les champs, sur la rive gauche. Quant à la compagnie E, 242e, elle se trouvait au Sud de la Zorn, dans le secteur du 232e. Quand le majors Reynolds les croisa, au niveau du pont G, il leur dit d'attendre.
Lorsque les GIs avaient établi leurs positions entre la Zorn et le canal vers 19h, ils avaient essuyé un barrage d'artillerie: on comptait quatre morts et six blessés parmi les hommes de la Compagnie G et deux blessés dans la Compagnie F. Eugene Wopata, Compagnie G, parle de ces victimes. Sa Compagnie venait de s'emparer d'un avant-poste Allemands près du pont sur le Landgraben. Soudain l’artillerie allemande se déchaîna:
"Un obus tomba si près que je pensais avoir été tué. Je ne pouvais pas bouger. Je n'entendais rien. Je n'éprouvai rien. Je voyais les éclairs causés par les explosions, et je savais qu'il se passait quelque chose. Puis j'entendis les claquements des armes automatiques, les explosions des obus, et les cris des hommes. Il me fallut un certain temps avant de pouvoir entendre et bouger. Mon fusil avait été endommagé par les éclats et sans doute mis hors d'action. Les hommes autour de moi étaient silencieux. Je les secouais ne vain. A ma droite, un homme était blessé. Je le ramassai et l'emmenai jusqu'à une jeep."
Gene a rencontré cet homme quarante ans plus tard! Dolpher Trantham raconte, lui aussi :
"Nous atteignîmes l'entrée de la ville (Weyersheim) et nos chars, quatre d'entre eux (le nombre varie suivant les témoignages), ouvrirent le feu. Les premiers coups furent tirés par nous. Nous attaquions. Avec des mitrailleuses de calibres 50. Puis on entendit un craquement sonore. C'étaient nos obus de 76 tirés par les chars.
Nous allions rejeter l'adversaire sur l'autre rive du Rhin. l'ennemi avait réussi à traverser le fleuve et essayait d'agrandir sa tête de pont. Nous allions l'arrêter par notre attaque fracassante. Nous ne reçûmes aucun coup de feu en retour, comme nous effectuions la marche d'approche, et nous avions progressé de mille mètres quand l'obscurité survint et nous nous arrêtâmes pour la nuit dans un champ à découvert. Il y avait de la neige sur le sol gelé.
Après la tombée de la nuit, nous changeâmes de positions, nous avançant de quelques centaines de mètres sur la droite. Ce fut une sage précaution car, deux heures après les Allemands tirèrent un barrage sur nos positions précédentes. Nous eûmes deux blessés. Le barrage atteignit nos nouvelles positions et nous eûmes deux blessés de plus. Il y eut des morts parmi les hommes de la Compagnie G. J'essayais en vains de creuser un trou mais le sol était gelé sur une profondeur de 45 cm, je finis par casser ma pelle sur le sol gelé.
Nous quittâmes nos positions pour aller creuser le long d'un canal. Je n'avais plus de pelle et je passai mon temps à parcourir ma section pour m'assurer que les hommes creusaient leur trou. Il fallait qu'ils se dépêchent car je voulais une pelle. Je me souviens aussi que lors du premier barrage, je restais étendu à hurler aux hommes de ne pas se lever et de ne pas courir dans tous les sens.
Nous étions terrifiés. Je passais le reste de la nuit dans un cratère d'obus, pensant que la foudre ne frappe pas deux fois au même endroit. Je pensais à la maison....J'entendais les autres prier et pleurer. Je ne pleurais pas, mais je ne cessais de parler. Il faut bien faire quelque chose."
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 06 2023, 20:57
Reynolds aurait dû employer le 2e Bataillon dans sa totalité, mais les cinq Compagnies étaient éparpillées en Alsace du Nord. Il disposait donc des Compagnie F et G qui furent chargées à bord de camions à 14h30. Les hommes avaient dû laisser leurs paquetages à Brumath. Eugene Wopata, Compagnie G se souvient avoir laissé sa brosse à cheveux en particulier dans son sac. Le sac et son contenu furent envoyés à ses parents dans le Nebraska, puisque Gene avait été fait prisonnier à Gambsheim. On avait distribué quelques munitions et une ration K. Mais les hommes manquaient de munitions pour les bazookas ainsi que des grenades à fusil. On leur avait promis qu’ils trouveraient des munitions à Weyersheim..... Cette promesse resta vaine.
Dolpher Trantham de la Compagnie F, se souvient de leur départ de Brumath:
"Cette nuit-là nous partîmes en convoi pour Brumath où nous fûmes logés dans une synagogue que les Allemands avaient utilisée pour stocker leur farine noire. La farine pénétra partout, dans nos cheveux, dans nos vêtements. Les hommes de troupes étaient tenus dans l'ignorance de la signification de tous ces déplacements. Le lendemain nous embarquâmes dans des camions avec tout notre équipement, à destination de Rittershoffen. Nous étions installés dans les camions depuis plus d'une heure, lorsque le Colonel arriva et parla brièvement au capitaine. Celui-ci revint et s'arrêta au milieu du convoi. Voici ce qu'il dit: Hommes nous y voilà. Bonne chance et ne les épargnez pas. Nous descendîmes des camions avec tout notre équipement et nous y mîmes notre charge de munitions, puis nous serrâmes la main des cuisiniers et des hommes chargés des subsistances comme ils nous tendaient les grenades, les fusées et les munitions pour les armes automatiques. Comme je passais devant Lee, il dit :bonne chance. Phil me serra longuement la main, l'air grave et il dit: prends soin de toi et bonne chance. Ni ceux que nous laissions derrière nous ni ceux qui partait pour le front ne savaient ni ne pouvaient deviner ce que cette nuit et le lendemain apporteraient. Cela allait être notre première attaque.....Nous traversâmes Weyersheim, le sergent....ôtant mes galons au passage. Nous étions déployés de chaque côté de la route comme on nous l'avait appris......"
Tout le reste de l'équipement ainsi que la cuisine restèrent à Brumath. Les 18 véhicules arrivèrent à Weyersheim vers 15h.
Il restait 25 minutes avant l'attaque!
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 06 2023, 21:19
Les mouvements de la Task Force Linden
Les mouvements n'avaient pas épargné le 223e RI. Ce Régiment gardait la rive gauche du Rhin de Strasbourg au sud d'Offendorf le 1° janvier. On trouvait le 1er Bataillon avec son PC à Gambsheim, depuis Offendorf Sud jusqu'à Kilstett inclus. Le 3e bataillon occupait des positions de Kilstett à Strasbourg et son PC se trouvait à la Wantzenau. Le PC du Régiment était installé à Reichstett. Le 2 le 3e Bataillon étendit son flanc droit vers le Sud pour y inclure l'île de Strasbourg. Le 3, TF Herren releva le 1e Bataillon pour une journée seulement, puisque le 4 ,le 1e Bataillon revint dans le secteur Rohrwiller-Forstfeld, TF Herren ayant été envoyée dans les Vosges du Nord où les combats faisaient rage. La Compagnie G gardait Offendorf, Herlisheim et Rohrwiller. Il semble que le 5 au matin on ait trouvé à Gambsheim le PC de la Compagnie L avec deux sections de fantassins. Le Pc de la Compagnie M était à la Wantzenau aves une section de mortiers de 81 mm et une section de mitrailleuses 0 Kilstett, une section de mortiers le long de la voie ferrée entre Kilstett et la Wantzenau et une section de mortiers ainsi qu'une section de mitrailleuses au Fort Ney. Le secteur fragile de Gambsheim à Rohrwiller avait donc changé plusieurs fois de mains.
De Lattre a bien résumé la situation:
"Par suite d'extensions successives de son secteur, la Task Force Linden a étalé l'un de ses régiments de Plobsheim à Seltz, c'est-à-dire sur 60 Kilomètres. Et dans la zone qui va dorénavant incomber à la 3e DIA, de Plobsheim à Gambsheim, nos troupes n'auront à "relever" que trois Compagnies, l'une au Fort Hoche, l'autre au port fluvial, la troisième à Kilstett-Gambsheim, une compagnie tous les neuf Kilomètres!"
Côté 242e RI, on assistait également à des changements de positions. En effet, les 2éme et 3ème bataillons du 314e RI, 79e DIUS, devaient être relevés par le 1er et 3ème bataillons du 242e RI dans le secteur de Hatten. Cette relève fut achevée le 5 vers 17h. Les deux bataillons du 242e se trouvaient alors à Niederbetschdorf, tandis que les deux Bataillons du 314e étaient respectivement à Schwabwiller et à Oberbetschdorf. Le 2e Bataillon du 242e commandé par le Major Norman G.Reynolds, avait passé la nuit à Brumath, dans l'attende de camions disponibles. On prévoyait son départ pour 8h le lendemain matin. Mais les camions promis n'arrivèrent pas. C'est pourquoi les 167 hommes de la Compagnie E, avec leurs six Officiers partirent à bord de leurs propres véhicules, suivis de deux jeeps et remorques portant les armes légères. Venaient avec eux 80 hommes de la compagnie H accompagnés de leurs 7 Officiers et de l'armement lourd. La Compagnie de commandement faisait partie du même convoi. Le Major Reynolds accompagna ces premiers éléments.
Restaient à Brumath les Compagnies F (6 Officiers, 167 Hommes) G (6 Officiers, 169 hommes) et le reste de la Compagnie H (1 Officier, 62 hommes) avec 1 Officier le Major Valentine.
Les Allemands traversent le Rhin entre Drusenheim et Gambsheim.
Lorsque Reynolds arriva au PC du 2e bataillon à Niederbetschdorf, on lui donna l'ordre d'envoyer la Compagnie G à Bischwiller pour garder les issues de la ville. Des patrouilles ennemies avaient été repérées dans tout le secteur. Des sapeurs tombèrent dans une embuscade à Bettenhoffen. On apprit dans la matinée qu'une force ennemie avait traversé le Rhin dans la nuit. L'un des premiers messages enregistrés par le 242e RI ce matin-là tomba à 10 h25:on signalait la présence de 40 à 50 ennemis à l'est de Weyersheim (deux heures plus tard, on découvrit qu'il s'agissait de FFI bien intentionnés), et on disait que Gambsheim venait d’être encerclé. Peu après, à 10 h45, on apprenait que les troupes qui assuraient la défense de Gambsheim venaient de se rendre: il s'agissait de deux sections de la Compagnie L de la section de mitrailleuses et d'une section de mortiers de la compagnie M ainsi que du premier peloton de la section anti-char du troisième bataillon.
Les premières disposition furent prises: les plans furent fait pour que le Colonel McNamee, 3e bataillon , 232e RI attaque de Wantzenau vers Kilstett. L'aviation devait déterminer les points de passages des Allemands. Reynolds retourna à Brumath afin de superviser le départ de la Compagnie G. Lorsqu'il arriva là-bas, il trouva le reste de son Bataillon à bord de camion prêt à partir. Mais le Major Valentine avait été appelé au téléphone, à près de deux kilomètre de là. Reynolds ne pouvait pas savoir que les ordres venaient d'être changés et que, désormais le 242e RI était attaché au 232e RI et que sa destination n'était plus Rittershoffen mais Weyersheim. Reynolds embarqua donc la Compagnie G en direction de Bischwiller. A Kriegsheim, on lui dit de se rendre à Weyersheim au plus vite. Il semble qu'il ait perdu du temps en se rendant à Haguenau voir le Général Wyche (79e DIUS) qui ne put que lui répéter les ordres donnés au Major Valentine 45 minutes avant. Reynolds regagna donc Brumath. Mais le temps passait. L'ennemi occupait déjà Offendorf, Herlisheim, Drusenheim et Gambsheim.
A 11 h30 les Américains savaient que les Allemands tenaient le pont sur le Giessen au sud de Gambsheim ainsi que les bois au Nord et à L'ouest.
Dans le courant de la nuit, René Bohn et Eugène Taglang avaient effectué une ultime patrouille accompagnés par deux soldats Américains en jeep. Se rendant compte du caractère dramatique de la situation, Bohn avait aussitôt prévenu le Lieutenant Américain qui logeait dans la salle du restaurant Barthélmé ainsi que les FFI. Personne ne bougea, ni les FFI trop jeunes et manquant d'expérience militaire, ni le Lieutenant qui se rendormit, si bien que les Allemands purent continuer à franchir le Rhin en toute impunité.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 06 2023, 21:46
Dans la soirée, Devers se rendit à Paris où il rencontra Eisenhower. Celui-ci lui dit de se tenir prêt à se replier sur les pentes des Vosges. Cette mesure, qui avait été envisagée dès la conférence de Verdun du 19 Décembre, concernait surtout le saillant de Lauterbourg. Eisenhower se rendait parfaitement compte que Devers ne pouvait occuper un front aussi étendu avec si peu de divisions: on estimait qu'il y avait une division pour 24 Km, alors que dans le secteur de la 1ère Armées, chaque division défendait un front long de 8 KM. Sur les trois divisions qui composaient le XVe Corps du Général Wade H.Haislip, deux (la 100e et la 103e) étaient nouvelles. Seule la 44e s'avérait "satisfaisante". Le Général Edward Brooks, VIe Corps pouvait compter sur deux divisions expérimentées mais fatiguées, la 45e et la 79e. On a vu l'inexpérience des Task Forces. En outre la Task Forces avaient dû donner des hommes en renfort à la 3e Armées. En réserve se trouvaient une division rompue au combat, la 36e, et deux divisions blindées, les 12e et 14e, qui se trouvaient en Europe depuis un mois seulement.
La Lettre d'instruction N°7
Devers demanda à De LATTRE d'aller le voir dans son QG de Vittel le 27 afin de l'informer de la situation .Non seulement l'offensive sur Colmar était remise à plus tard, mais De LATTRE devait rendre la 2°DB à la 7° Armée.
Ces ordres furent confirmés le 28 dans la lettre d'instruction N°7
"Le 6e groupe d'Armées reste sur la défensive, prêt à céder du terrain plutôt qu'à compromettre l'intégrité de ses forces. A l'Ouest de la région de Bitche, la position principale suit le tracé général de la ligne Maginot. Au sud de Bitche, elle s'appuie sur les pentes est des Vosges, en direction du sud, jusqu'à la région Ouest de Colmar, de là, elle épouse le tracé général du front actuel jusqu'au voisinage de Thann, puis les pentes des Vosges jusqu'à la zone Nord de Belfort, elle englobe enfin la trouée de Belfort pour aboutir vers Delle".
En avant de cette ligne étaient organisées des positions intermédiaires dont la première correspondait au front .Ces positions devaient être évacuées en cas d'attaques. L'ordre spécifiait qu'il « fallait s'efforcer de tenir Strasbourg et Mulhouse tant que l'intégrité des forces n'étaient pas compromise pour le retrait sur une position arrière ». De LATTRE garda pour lui cette Lettre D'instruction, jugeant que l'abandon de l'Alsace n'était qu'une hypothèse. Lorsqu'il en parla au Général du Vigier gouverneur de Strasbourg, le 31 Décembre, il lui dit que le plan "n'était rien d'autre que l'étude d'une certaine hypothèse à laquelle il était impossible de croire, étant donné les circonstances". Juin, qui vit Eisenhower le 28 décembre, avait la même attitude.
Un rapport Américain émanant du G2 (l'équivalent de notre 2° bureau) en date de 29 prouve que le haut commandement était au courant de la position de chaque division allemande, sauf celle de la 6e SS Gebirgs-Division que l'on savait avoir quitté la Scandinavie. Les concentrations de troupes s'intensifiaient sur la rive droite du Rhin, dans la tête de pont de Colmar, et surtout dans la région de Sarrebrück. Vingt chars avaient été vus près de Zweibrücken le 26, plus de 60 trains circulaient tous les jours....
En examinant tous les cas de figures possibles, les Américains penchaient pour une attaque principale partant de la région de Sarreguemines, en direction d'Ingwiller et de Saverne, accompagnée d'attaques de diversion en divers points du secteur. ils avaient prévu le scenario de l'opération NORDWIND.
Le 31 Décembre, le Général Patch s'entretint avec Haislip et Brooks au QG du XVe Corps à Fénétrange: ils devaient s'attendre à un déclenchement des hostilités peut-être le soir même. Il avait vu juste. Les Allemands sont réputés pour leur ponctualité: à 23 h ce soir-là commença l'attaque allemande sans préparation d'artillerie, pour ménager l'effet de surprise, alors que sur les bords du Rhin on célébrait la nouvelle année!
L'attaque principale était effectuée par la 17e SS PDG, la célèbre division "GOETZ Von Berlichingen", dont l'objectif était de percer le front à Rohrbach. Les 559e, 361e, et 256e VGD devaient s'emparer des issues des Vosges sur les routes de Sarre-Union-Wingen-Haguenau, Philippsbourg-Niederbronn; Dambach-Windstein, Baerenthal-Zinswiller et Mouterhouse- Rothbach. L'attaque fut extrêmement brutale, les Allemands se ruant en avant en hurlant comme des indiens. Et cependant, les journaux Américains parlèrent d'attaques de diversions refusant de croire en une offensive de grande envergure.
le 1° Janvier fut donc un jour noir pour Eisenhower, outre l'attaque en Alsace, l'aviation allemande avait bombardé les terrains d'aviation alliés, détruisant plus de 200 appareils, y compris l'avion personnel de Montgomery, et Bastogne était toujours encerclée. De plus une crise était latente entre Eisenhower et Montgomery. Durant les attaques allemandes , les Américains commencèrent par perdre un peu de terrain dans les Vosges du Nord.
STRASBOURG EST EN DANGER
Eisenhower ordonna le repli sur la position principale des Vosges, ce qui signifiait L'abandon de Strasbourg. Le repli devait être effectif le 5 Janvier au matin. Patch reçu les instructions suivantes:
"Le Général Eisenhower craint que les divisions du secteur de Haguenau ne soient sévèrement malmenées ou même culbutées en cas de pénétration ennemie au sud de Sarrebourg ou au Nord de la poche de Colmar. Il tient essentiellement à ce que la position de Haguenau ne soit tenu que par des forces légères et que vos gros soient repliés sur la position des Vosges....Le temps presse et il y a urgence à réaliser ces mesures......Le gros de vos divisions doit donc être porté pour l'aube du 5 Janvier sur les pentes des Vosges, sans vous préoccuper des répercussions politiques de cette mesures.....vous devez donc consentir à l'abandon de Strasbourg, et du terrain de l'Est des Vosges."
Les français ne furent pas tenus au courant. De LATTRE apprit la décision le 2 Janvier à 10h du soir par un télégramme de Devers! Il devait ramener l'aile gauche de la 1ère Armée française sur les Vosges. De Gaulle avait été mis au courant quelques heures plus tôt par l'intermédiaire du Gouverneur de Strasbourg.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 06 2023, 21:53
Hitler avait fini par comprendre que les offensives du type bataille des Ardennes étaient coûteuses, les Alliés avaient la supériorité aérienne, en matériel et en hommes. Pour ne pas faciliter la tâche, Himmler qui n’avait aucune compétence militaire prend le commandement du secteur du Haut-Rhin début décembre 1944 et envisage de reconquérir Strasbourg . Néanmoins, les Allemands parviennent à débarquer en Alsace en traversant le Rhin et une tête de pont est établie à Gambstein. C'est l’opération Sonnenwende. Himmler pense pouvoir couper en deux le 6th US Corps avec la 21. Panzer-Division et faire mouvement vers Strasbourg.
« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 06 2023, 22:09
Diffèrent plan furent élaborés et le plan définitif fut adopté le jour de Noël. Hitler avait dû tenir compte des diverses susceptibilités, comme celle de Himmler. L'opération débuterait par une attaque des blindés du XIIIe Corps SS commandé par le SS Gruppenfürer Max Simon assisté de deux corps d'infanterie: le XCe corps du Général Petersen et le LXXXIXe corps du Général Hoehne. Le XIII corps SS se composait de la 19°ID, de la 36e VDG, de la 17e SS PDG ainsi que de diverses unités. Il attaquerait à partir de la Blies vers le sud, en direction des forts de la ligne Maginot près de Rohrbach. Puis il opérerait une jonction avec le second groupe d'attaque, composé du XCe Corps (361eVGD, 256e VGD), qui pénétrerait les défenses américaines à l'Ouest de Bitche, et du LXXXIXe corps (361e VGD, 256e VGD et des éléments de la 6e SS Gebirgs-Division Nord) dont l'objectif était de forcer les passages des vallées vosgiennes à Philippsbourg, Zinswiller, Rothbach et Wingen-Wimmenau.
Puis toutes ces forces marcheraient sur Saverne. Devaient participer aux opérations deux divisions blindées , la 21°PD et la 25° PGD mais seulement après la victoire des fantassins dans les Vosges. Plus tard s'y ajouterait la 7° falllschirmjäger Division ainsi que la 10e SS PD. Toutes ces unités dépendaient du Groupe Armées G, commandé par le Général Blaskowitz, réputé pour sa compétence dans les affaires militaires. Sa réapparition sur la scène militaire à l'occasion de cette opération prenait une importance particulière pour les Alliés. Le fait qu'il surveillât le déroulement des Opérations du bunker 600 près de Massweiler dans le Palatinat était tout aussi significatif.
Une fois la pénétration en Alsace accomplie, les forces de ces deux groupes d'attaque devaient opérer la jonction avec celles du Groupe d'Armées OBERRHEIN qui devait établir une tête de pont au Nord de Strasbourg, et avec celles de la XIXe Armées de Wiese, venue de la poche de Colmar. Il avait fallu concilier l'ambition de Hitler de prendre Saverne avec l'obsession de Himmler de capturer Strasbourg et de jouer un rôle important dans la bataille. Une Opération annexe était ensuite prévue en direction de Metz: c'était l'Opération "zahnarzt" (dentiste ).
Comme il l'avait fait pour l'Opération Wacht am Rhein , Hitler convoqua tous les généraux à une conférence à Adlerhorst près de Giessen, le 28 Décembre."Adlershorst" était le nom codé donné au château Ziegenberg .Bien qu'il parût malade, les participants furent impressionnés par le magnétisme qui se dégageait de lui. Il semblait être conscient des points faibles du plan: fatigue, et sous effectifs de la plupart des troupes, et en particulier de celle dont dépendait le succès initial, c'est à dire la 17e SS PD qui devait être engagée dans le secteur de la Blies: manque d'armes et de munitions ainsi que de chars et de carburant, nécessité de déplacer les unités à la dernière minute, dans de mauvaise conditions sur des routes verglacées, ceci pour préserver le plus grand secret.....
Cependant il fit de son mieux pour convaincre ses généraux du bienfondé de l'opération dont l'objectif était de "détruire et d'éliminer les forces ennemies partout où elles se trouvaient". Comme il l'avait fait lors du déclenchement de la bataille des Ardennes, il insista sur la nécessité de garder l'initiative. Il est décisif que sur le front ouest nous passions d'une défense stérile à l'offensive. L'offensive seule nous permettra de mener à bien la guerre à l'Ouest. Nous vaincrons le destin. Il insista également sur le choc psychologique que la chute de Strasbourg causerait au peuple français, mais le but essentiel restait l'annihilation des forces américaines. Ses généraux exposèrent leurs objections, mais ils ne purent que s'incliner. L'attaque serait déclenchée le 31 Décembre, à 23h 00.
Hitler était ,de plus resté sourd aux demandes de Gudérian qui dès le 24 Décembre, avait réclamé le transfert de divisions sur le front russe. Lui et le Général Gehlen responsable des armées de l'est, avait accumulé les preuves d'une offensive russe imminente. Ils avaient même prévu que cette offensive débuterait le 12 Janvier. La supériorité des russes était écrasante:11 contre 1 pour l'infanterie, 7 contre 1 pour les chars, 20 contre 1 pour les canons, 15 contre 1 sur le sol et 20 contre 1 dans les airs. Hitler avait qualifié ces chiffres de "la plus grande imposture depuis Gengis Khan". Il refusait d'envoyer des chars allemands s'opposer à des armées imaginaires. Il connaissait la faiblesse de ses adversaires à l'ouest et comptait bien en profiter.
Conséquence de l'Opération NORDWIND: l'affaire de Strasbourg
Les Américains subiraient-ils l'effet de surprise, comme pour la bataille des Ardennes? A ce sujet il faut d'ailleurs remarquer que les services secrets de l'Ultra à Bletchley Park en Angleterre possédaient assez de renseignements pour permettre de prévoir cette attaque, mais ces renseignements pouvaient être interprétés dans un sens ou dans un autre, et les Américains prirent des "risques calculés" en n'agissant pas; Sauraient-ils cette fois-ci tirer les leçons nécessaires ?
Ultra n'avait pas eu vent des premiers projets de Hitler qui dataient du 22 Décembre. Par contre, au courant de la dernière semaine de Décembre, les services secrets fournirent des renseignements complets sur les activités ennemies dans la région concernée. Le 25 Décembre peu après minuit, un message du IIe CA parvenait au Général de LATTRE
"Vous rends compte que le chef de 2° bureau du VI° Corps d'armée est venu donner son sentiment de possibilité d'attaque en Alsace sans que toutefois il ait recueilli aucun indice précis. Cette attaque pourrait avoir comme objectif la reprise de Strasbourg et comporterait ou non un franchissement du Rhin. cette impression est exactement celle du IIe CA dans notre bulletin de ce jours."
De LATTRE décida alors de réduire la poche de Colmar au plus vite. Mais l'offensive n'était plus à l'ordre du jour pour les Alliés. Les indices d'une offensive allemande se précisèrent. Le 26 Décembre, les services d'intelligence américains et britanniques avertirent Devers que des concentrations de troupes se produisaient en Forêt-Noire ainsi que dans le secteur de Sarrebrück en préparation pour une offensive imminente. Les avions de reconnaissance avaient vu beaucoup de train circuler dans les secteurs de Landau-Homburg-Kaiserslautern. Les services secrets savaient que les unités SS basées en Forêt-Noire s'étaient déplacées sur Offenburg.
Les casemates de la Ligne Siegfried à Freistett étaient désormais occupées par des soldats appartenant à un régiment de police SS qui avaient succédé à une unité(ou Einheit) Wacke. On savait aussi que des renforts étaient expédiés d'urgence à la 17e SS PDG au nord de Wissembourg. Ultra avait également découvert que la 21e PD, qui se trouvait encore dans les Ardennes le 23 Décembre, avait gagné Pirmassens. Tous ces mouvements et bien d'autres indiquaient une attaque ennemie imminente. Aussi Devers et Patch déménagèrent-ils leurs QG de Phalsbourg à Vittel le même jour.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 06 2023, 22:29
Les Unités de la 553e VDG établissent la tête de pont de Gambsheim 5-7 Janvier.
Une situation alarmante.
Strasbourg était sauvé, mais pour combien de temps? En effet, la ville était à peine gardée lorsque les premiers éléments de la 3e DIA y arrivèrent dans la nuit du 3 au 4 Ecoutons De Lattre:
"C'est en vain que le chef de la 3e DIA cherche la liaison avec le commandement américain/de la Task Force du Général Linden qui tenait le secteur les jours précédents et qui est en train de remonter vers Haguenau, il ne reste que l'officier du courrier et une compagnie installée au port fluvial. C'est tout ce que nos alliés ont laissé à Strasbourg, qui pratiquement n'est tenu pour l'instant que par les unités dépendant directement du général Schwartz".
C'est pourquoi le Général Guillaume ordonna au 4e RTT (Régiment de tirailleurs tunisiens) de se déployer dans la ville et de faire du "bruit" et du "volume". Les Américains étaient en effet, en pleine relève et le front était singulièrement dégarni. Bien entendu, personne n'avait entendu parler de l'opération Nordwind, ni de "l'affaire de Strasbourg". En sept jours, la Compagnie L, 242e RI se déplaça six fois. Quel gaspillage de carburant! pensait Sherman Ruesch, à qui l'on avait dit qu'il s'agissait de manœuvres pour tromper l'adversaire. Si l'on considérait la confusion qui régnait au sein des troupes Américaines, le but était atteint.
Les Allemands étaient parfaitement au courant de tout ce qui se passait sur la rive gauche du Rhin. Ils connaissaient leurs adversaires: ils savaient que de Lauterbourg à Fort-Louis ils étaient opposés à des éléments de la 79e DIUS et que au sud, il s'agissais de la Task Force Linden (222e, 223e,et 242e RI) qu'ils avaient identifiée, puisqu'ils l'associaient immédiatement à la "Rainbow Division". Mais ils confondaient 12e et 14e DBUS.
Ils avaient observé le repli de leurs adversaires. Par exemple le 2, ils avaient noté une forte circulation en direction de Beinheim-Roppenheim-Roeschwoog venant de Berg-Lauterbourg. Ils estimaient que les unités Américaines allaient se fixer dans les ouvrages de la ligne Maginot. Cette circulation avait continué le 3 et le 4, des explosions dans le secteur de Stamatten, Drusenheim et Herlisheim laissaient prévoir un repli des Américains, repli confirmé par les patrouilles de reconnaissance.
En effet, dès le 2, une patrouille Allemande s'était aventurée jusqu'à Dalhunden avec l'intention de reconnaitre le système de défense et, éventuellement de capturer des prisonniers et de les faire parler. Le 3, des patrouilles de reconnaissance furent signalées près de la gare de Roppenheim. Elles avaient traversé le Rhin sur une passerelle installée sur le pont démoli, avaient longé la voie ferrée Roppenheim-Wintersdorf pour arriver jusqu'à la gare.
Le 4, une patrouille du régiment Zeifang (553e VGD) s'avança sur la route de Stattmatten à Auenheim et elle constata que la rive gauche du Rhin, la digue et le pont à l'Est de Stattmatten ainsi que les fortins à l'Ouest du pont de la Moder étaient libres. Les explosifs pour faire sauter le pont étaient en place.
Les civils s'affolèrent devant cette menace grandissante. Tous les hommes valides de Roppenheim quittèrent le village dès le 2 pour se replier dans le région de Brumath et de Saverne. Le Commandant Schmitt,des "liaisons françaises", qui dès l'arrivée des GIs avait pris contact avec la mairie, suggéra d'afficher à la porte de ce bâtiment un "ordre de repli à tous les hommes valides de 18 à 60 ans en direction de Haguenau" pour éviter d'éventuelles représailles. Le Sicherheitsdienst Allemand ne comprit rien à cet ordre, signé par M.Henry Louis Président de la délégation spéciale, et il dut se résigner à en admettre l'authenticité! Le document, confisqué par les Allemands, n'a pu être récupéré.
A Dalhunden, le chef des FFI supplia les Américains d'emmener sa femme et ses enfants, ce qui leur fut impossible de faire. Jusqu’à ce jour, ils se demandent avec remords ce que sont devenues ces personnes. La situation était la même dans toute l'Alsace du Nord. Les routes furent vite encombrées de gens poussant des équipages de fortune.
Lorsqu'ils furent certains de départ des Américains, les Allemands envahirent le terrain laissé libre, car le 4 seul le 3e Bataillon, 313e Régiment, tenait le secteur de Stundwiller. C'est ainsi qu'ils s'emparèrent de la partie Sud-Ouest de Lauterbourg, de Scheibenhardt, d'Altenstadt et de Wissembourg. Ils avancèrent ensuite sur Salmbach et Schleithal. Avec des moyens improvisés, une compagnie du IV.Grenadier Bataillon Oberrhein et une compagnie du IV.Stabs.bataillon traversèrent le Rhin dans l'après-midi du 4 Janvier à l'est de Seltz avec, pour mission, d'occuper la ville et d'en assurer le défense. Le soir venu, Seltz était aux mains de l'ennemi qui installa des passerelles pour piétons sur la Sauer. L'Etat-Major de la 553e VGD fut transféré de Malsch à Scherzheim.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Ven Jan 06 2023, 22:51
Les FFI de Strasbourg se mobilisèrent, comme nous le raconte Jean Georges Burger, Capitaine de l'Etat-Major FFI du Bas-Rhin à l'époque:
"C'est le 2 Janvier 1945 au matin que le commandement FFI apprend par son officier de liaison auprès du VIe Corps US que les Américains ont décidé de se replier sur les contreforts des Vosges. Le Commandant François et moi-même allons aussitôt informer le Général Schwartz. Celui-ci est résolu plus que jamais à ne pas abandonner son poste, bien qu'il ne dispose pour défendre la ville que des Gardes Mobiles du Commandant Dancourt, de la brigade Alsace-Lorraine au sud, et de nos FFI. Les ordres donnés sont les suivants: tous les FFI des villages situés le long du Rhin et jusqu'à une ligne Brumath, Molsheim, Obernai, Selestat resteront sur place: ceux le long du Rhin en particulier organiseront leur village en auto-défense. Quant aux FFI des villages situés à l'Ouest de cette ligne ,ils laisseront un simple noyau dans leurs village et tous les volontaires devront rejoindre dans le nuit Strasbourg, afin de constituer des unités de marche. Le Général Schwartz décide d'alerter De LATTRE de la situation dramatique dans laquelle il se trouve. Deux émissaires sont envoyés à son PC à Montbelliard. Il s'agit de Damm et de Marceau.
A Strasbourg la nouvelle du repli Américain s'est répandu: c'est la panique, l'affolement. De nombreux Strasbourgeois décident de quitter la ville de peur de voir revenir les Allemands accompagnés de tout l'appareil nazi. Les FFI font des barrages sur les routes, essayent de ramener le calme et surtout d'éviter l'exode.
Dans l'après-midi du 2 Janvier, le Général Schwartz me fait convoquer à son PC. Il me fait part de ses inquiétudes car il ignore totalement où se trouvent les Allemands et les Américains au Nord de Strasbourg. Il me demande donc d'effectuer une reconnaissance au nord du département pour essayer de définir la ligne de front. Je pars, en début d'après-midi en voiture, prends le chef des FFI de la Wantzenau, le Lieutenant FFI Kleffer avec moi au passage, et poursuis ma route par Kilstett, Gambsheim, Offendorf, Herrlisheim, Drusenheim sans rencontrer ni Américains ni Allemands. J'ai rencontré les premiers Américains à Soufflenheim à l'est de la forêt d’Haguenau. De la Lauter, les Américains s'étaient déjà repliés sur la Moder. Rentré le 3 janvier au matin, je rends compte de ma mission au Général Schwartz, au moment où environ un millier de FFI convergeant de toute la partie Ouest du Bas-Rhin s'était rassemblé à Strasbourg".
Les Américains ne s'étaient pas encore repliés sur la Moder, mais leurs lignes se trouvaient si étirés que Jean-Georges Burger ne rencontra aucun GI avant Soufflenheim! En tenant secret leur repli partiel il était clair que les Américains voulaient mettre les Français devant le fait accompli.
Les Français défendront Strasbourg!
Les Américains connaissaient d'avance la position française: Il était impensable d'abandonner Strasbourg. De Gaulle l'avait exprimé clairement dans une lettre à Eisenhower datée du 1 Janvier: "sans contester que cet abandon puisse éventuellement se justifier du point de vue stratégique de la part des armées de nos alliés, le Gouvernement Français ne peut évidemment laisser Strasbourg retomber aux mains de l'ennemi sans faire, quant à lui, tout ce qui est possible pour le défendre". Il était d'opinion que Strasbourg pouvait être défendu en s'appuyant sur le canal de la Marne au Rhin. Il était prêt à faire intervenir la 10e Division de Général Billotte. Il terminait en affirmant: "Quoi qu'il advienne, les Français défendront Strasbourg". Et, par un autre courrier il demandait à De LATTRE d'assurer la défense de Strasbourg.
Le Général Juin avait été chargé d'avertir Eisenhower que les Français n'abandonneraient pas Strasbourg et que cette décision entraînait une révision de leurs plan, et en particulier un retrait plus limité dans le secteur de Strasbourg, afin de ne pas transformer cette ville en Stalingrad. Juin eut une entrevue orageuse avec Bedell-Smith, chef d'Etat-Major d'Eisenhower: celui-ci parla d'insubordination, menaça de ne plus donner de munitions ni d'essence aux Français. Juin menaça à son tour: les Américains ne pourraient plus emprunter les voies ferrées Française. Le chantage paya et une entrevue fut aménagée pour le 3 Janvier entre Eisenhower et de Gaulle. Il fallait bien qu'Eisenhower cède sur certains points, s'il voulait "maintenir sous son commandement l'unité militaire de la coalition, écrivit De Gaulle dans ses mémoires.
De Gaulle écrivit plusieurs messages dans le courant de la nuit: l'un était destiné à Roosevelt. Le Général insistait sur l'inopportunité de la décision. d'ailleurs les habitants de l'Alsace avaient été saisi de panique dès le 1° janvier et l'exode commençait. La menace était donc bien réelle. Roosevelt fit savoir par l'intermédiaire de l'ambassadeur Jefferson Caffery qu'il s'agissait d'une question purement militaire et qu'il s'en remettait aux décisions d'Eisenhower. L'autre message était envoyé à Churchill: "Je vous demande de prendre parti pour moi dans cette affaire.
L'entrevue du 3 Janvier.
Sur la rencontre historique du 3 Janvier entre De Gaulle, Eisenhower et Churchill, nous possédons les récits des protagonistes. Ils diffèrent, chacun présentant les faits suivant le mode qui l'avantage le plus. En particulier, Churchill y avait-il assisté par accident , comme Eisenhower et lui-même le prétendent, ou sur demande du Général De Gaulle?
Y eut-il une discussion animée? Churchill n'a rien écrit à ce sujet, Eisenhower y consacre un paragraphe. Par contre De Gaulle s'est longuement étendu sur le sujet, sans doute pour se donner le beau rôle. Juin de son côté écrivit: "il n'y a même pas eu discussion". Quel rôle Churchill a-t-il joué? Aucun si l'on en croit Eisenhower. Selon Juin, dès que De Gaulle entra dans la pièce, Churchill dit que tout était arrangé, fait que confirma Eisenhower.
Le principal intéressé ne donne aucun détail: "Eisenhower et Dedell-Smith écoutèrent mon appel". Il est donc difficile de savoir ce qui s'est passé. Mais l'intervention de Churchill ne fait aucun doute, car on sait qu'Eisenhower avait tenu une réunion de son Etat-Major le matin même et c'est à ce moment, sans doute, que la décision de ne pas abandonner Strasbourg fut prise. En outre ,Juin fit remarquer à De Gaulle au moment où celui-ci montait en voiture, qu'il aurait pu au moins remercier Churchill pour son intervention. "Bah!", répondit De Gaulle.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Sam Jan 07 2023, 08:08
Les raisons en étaient multiples: La situation s'était améliorée sur le front des Ardennes d'une part. D’autre part, Eisenhower avait été forcé d'admettre qu'il commettait une erreur grossière en prenant la décision d'abandonner Strasbourg. Il aurait eu non seulement l'opinion Française contre lui mais aussi l'opinion Britannique et même une partie de son Etat-Major. La veille Charles Peacke, son conseiller en affaires Britannique, avait rendu visite à Alfred Duff Cooper, l'ambassadeur de sa Majesté à Paris. Les deux hommes étaient tombés d'accord pour considérer qu'abandonner Strasbourg était "une de ces gaffes qui sont si aisément commises lorsque le pourvoir suprême est entre les mains des militaires dépourvus d'expérience politique." Ils avaient aussitôt envoyé un télégramme à Churchill. Dans ces conditions on comprend mieux pourquoi Eisenhower se retrancha derrière un silence prudent et pourquoi Churchill se tut, refusant de révéler cette "gaffe".
Une période d'incertitude suivit la réunion du 3 Janvier. Les ordres avaient été donnés pour un premier repli, le 2 Janvier ,sur la ligne Maginot. Puis les ordres et les contre-ordres se succédèrent jusqu'au 4.Finalement les Américains devaient occuper la ligne Maginot et ne se replier au-delà que sous la pression de l'ennemi pour tenir une "ligne Bitche-Bischwiller et bretelle suivant le ligne générale de la Moder entre Ingwiller et Haguenau". Le repli du 20 Janvier était donc envisagé.
Strasbourg sera défendu par la 3° DIA
Côté français, les décisions suivantes avaient été prises: La 1ère Armées prenaient à son compte la défense de Strasbourg à son compte à compter du 5.Les limites entre l'Armée Française et l'Armée Américaines restaient à définir. La 3e DIA (Division d'infanterie Algérienne) était responsable de Strasbourg à compter du 4 Janvier à minuit. Mais la situation restait grave, comme l'explique Jean Georges Burger:
"Dans l'après-midi du 4 Janvier, au moment où je me trouvais dans le bureau du Général Schwartz, arrive le Général Guillaume, commandant la 3e DIA. Il nous annonce qu'il est désigné par le Général De Lattre de prendre en charge la défense de Strasbourg. Il s'informe de la situation et nous annonce que ses premiers éléments ne pourront pas arriver dans la région de Strasbourg avant le 4 Janvier au soir, le gros ne pouvant parvenir au Nord de Strasbourg que dans la journée du 5 Janvier.
Le Général Schwartz décide alors d'envoyer le Bataillon Rivière, bataillon constitué avec les FFI venant de toute la partie Ouest du Bas-Rhin et de l'engager dans la partie Nord de Strasbourg qui est complètement dégarnie, la partie Sud étant tenue par la Brigade Alsace-Lorraine et les FFI.
Le Bataillon Rivière à donc pour mission de s'installer entre la Robertsau et la Wantzenau, le long du Rhin. Avec l'annonce le 4 Janvier au soir de l'arrivée prochaine de la 3e DIA du Général Guillaume, le calme revient un peu dans les esprits Strasbourgeois.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Sam Jan 07 2023, 09:32
Il faisait particulièrement froid, l'eau gelait dans les gourdes et les hommes se serraient les uns contre les autres pour se réchauffer. Peu d'entre eux réussirent à creuser dans le sol gelé. Lorsqu’Ellis et Reynolds retournèrent auprès des hommes, l'ennemi avait repris les tirs d'artillerie et visait la passerelle ainsi que le pont sur le canal. Reynolds dut emprunter le pont G. Pendant que ses hommes traversait la Zorn en G, la Compagnie E se dirigea vers le pont sur le canal. Le Capitaine Steck traversa le canal avec cinq hommes pour aller reconnaitre la ligne de départ. 100 m plus loin, ils subirent des tirs ennemis: deux hommes furent tués et les autres durent se séparer et s'aplatir au sol pendant plus d'une heure. Les six chars des deux Régiments faisaient feu depuis l'autre rive du canal, mais les chars n'osaient s'approcher plus près de peur d'être détruit par les bazookas allemands.
Cinq hommes de la Compagnie E finirent par couvrir la retraite du capitaine Steck et des trois autres hommes qui furent ainsi sauvé à 4h30. La Compagnie E fut rejointe par les Compagnies F, G, et H du 242e RI. F et G franchirent d'abord le pont sur le canal, en double file , avec une distance de 5 m entre les hommes.
Puis les hommes se dirigèrent vers l'Est et ils durent se réfugier dans un fossé pendant une heure, tandis que la Compagnie E franchissait le pont à son tour, sous le feu de l'ennemi. Le pont fut défendu grâce à quelques hommes tels que Norman Sommers, E/232, qui risqua sa vie pour neutraliser l'ennemi. Les chars parvinrent à réduire les Allemands au silence et l'attaque put commencer avec deux heures de retard. En fait les hommes franchissaient encore le pont lorsque les Compagnie E et F s'élancèrent. Mais on ne pouvait attendre si l'on voulait atteindre le "Steinwald" à l'aube. Ce retard allait cependant être lourd de conséquences.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Sam Jan 07 2023, 10:46
L'attaque du "Steinwald"
Les hommes de la Compagnie E/242 longeaient la route, ceux de la Compagnie F/242 se trouvaient sur la gauche, en formation d'attaque. G/242 était en réserve derrière F. Les hommes devaient s'arrêter à 200 m du Steinwald et attendre la fin d'un barrage d'artillerie avant de s'emparer du bois et se regrouper près de la voie ferrée. Les trois chars participaient à l'action, l'un sur la route et les deux autres sur la gauche. Les armes lourdes de la Compagnie H/242 furent dispersées dans le champ à droite de la route. Les deux Compagnie E, 222e, et E, 232e durent aussi emprunter le pont sur le canal, ce qui retarda la suite des opérations. Mais il n'y avait pas d'autre endroit où l'on puisse franchir le canal. La protection de deux chars fut nécessaire.
L'attaque entre les deux forces, celle du Major Reynolds et celle du Colonel Ellis, aurait dû être coordonnée. Cependant tout contact s'avéra impossible entre les deux chefs car leurs radios, des SCR-536, ne fonctionnaient pas.
Les GIs avancèrent vers le Steinwald en formation. La compagnie E était à 250 m du bois et F à 75 m seulement lorsque l'enfer se déchaîna. Deux mitrailleuses Allemandes firent feu. Les GIs surnommèrent ces armes des "burp guns", à cause de leur bruit (burp = roter). Leurs armes légères ne pouvaient rien contre ces mitrailleuses. On déplora huit victimes. Il y avait un fossé à traverser dans le secteur de la Compagnie F/242, fossé qui était plein d'eau et de glace. Dolpher Trantham raconte comment il a aidé les hommes de la section de mortiers à franchir le fossé:
"Le sergent et moi-même, nous nous plaçâmes sur la berge de telle sorte que les hommes puissent, après avoir sauté, saisir nos jambes, ce qui leur évitait de glisser en arrière et retomber dans l'eau glacée. Outre ces armes individuelles, chaque homme portait soit un mortier de 42 livres, soit 36 livres de munitions. Chaque fois qu'un homme sautait et me prenait par les jambes, cela me faisait glisser dans l'eau. A la fin j'étais couché sur le côté gauche, à moitié submergé, et j'avais de l'eau plein mes chaussures. Quatre hommes traversèrent, puis les Allemands découvrirent notre présence et firent feu avec leurs mitrailleuses. Plusieurs hommes sautèrent dans le fossé et ils étaient dans l'eau jusqu'à la taille Les autres s'aplatirent dans un champ. Nous passâmes une heure dans l'eau avant qu'un char ne vienne anéantir la mitrailleuse qui nous clouait au sol".
Pendant ce temps le chef de section avait disparu: il avait pris de l'avance car il se trouvait avec les fantassins. Les hommes de Trantham cherchèrent à gagner des positions moins exposées, mais ils furent d'abord soumis aux tirs d'un tireur isolé qui finit par se rendre, car il était blessé. Puis ils décidèrent de se joindre à la section des armes lourdes qu'ils rencontrèrent. Ils avancèrent vers Gambsheim le long de la route et durent essuyer plusieurs barrages d'artillerie ennemie Lorsqu'ils rejoignirent enfin le reste de leur compagnie. Les hommes semblaient démoralisés.
Cependant les chars tirèrent et anéantirent les deux mitrailleuses qui tiraient sur le fossé mentionné plus haut, mais pas avant qu'elle n'aient tué trois hommes de la compagnie dont le Lieutenant MacPhee. Vingt minutes plus tard les Allemands se replièrent et les Américains s'élancèrent dans le bois, au milieu d'une certaine confusion, juste après qu'une concentration d'artillerie Américaine soit tombée sur le Steinwald. Deux batteries d'artillerie se trouvaient, la première à Hoerdt et la seconde à Weyersheim. Les batteries du 62e AABn situées à Weyersheim et à Reichstet contribuèrent au succès de l'opération.
La Compagnie G suivit les deux Compagnie d'assaut sous les tirs d'artillerie. C’était le baptême du feu pour Norman Tompson de cette compagnie. Il garde encore en mémoire la vision du ciel illuminé par les explosions et les cris des blessés qui gisaient dans le champ constellé de cratères noirâtres. On déplora de nombreux blessés et morts de deux cotés. c'est à ce moment sans doute que disparut le Lieutenant John Salopek, G/242. Il tentait de contacter les autres unités Américaines dans le bois lorsqu'il fut entouré par 75 Allemands. Seul, il essaya de provoquer la reddition de l'ennemi. Mais c'est lui qui fut fait prisonnier. On le crut mort tout d'abord. On lui conféra la "Silver Star". Gene Wopata se trouvait entre le bois et la route. Il essayait d'éviter les barrages d'artillerie en se cachant derrière les arbres. L'expérience ne lui avait pas encore appris qu'il n'y a rien de plus dangereux car il risquait de recevoir des éclats de bois et d'obus. Puis il se rapprocha de la route et il trouva une protection illusoire dans un tas d'ordure près d'une maison. d'après lui, il se conduisait comme une autruche, plongeant le tête dans le tas d'ordures chaque fois que l'ennemi tirait et ne se rendant pas compte que tout le reste de son corps était exposé. Les commandants des chars refusèrent de traverser le bois. Reynolds leur ordonna d'accompagner le forces d'Ellis et de le rejoindre ensuite, mais on ne les revit jamais.
L'attaque sur Gambsheim
Le 242e RI parvint enfin à la voie ferrée. Les Compagnies E et F se réorganisèrent tandis que les mortiers et les mitrailleuses de la compagnie H étaient placés à l'orée du Steinwald, prêts à couvrir l'avance de l'infanterie. les ordres pour continuer l'attaque furent reçus à 10h30: La Compagnie E serait à droite , à l'extérieur de Gambsheim, tandis que la Compagnie F attaquerait sur la gauche, G suivant en réserve.
Les hommes ne purent se mettre en formation d'attaque: dès le départ, ils subirent le tir meurtrier de l'ennemi. En particulier les hommes de la Compagnie E furent fauchés par trois chars qui émergèrent des dernières maisons au Nord de Gambsheim et qui les prirent dans leur ligne de tir. Sans protection aucune, les hommes furent contraints de se replier. Ceux de la Compagnie F subirent un sort semblable: à peine avait-il franchi le remblai de la voie ferrée que des tireurs isolés firent feu. Puis ce fut une mitrailleuse et enfin des chars. C'est là que se termina la guerre pour Gene Wopata, dans une dépression au pied du remblai de chemin de fer. Il fut blessé, non par le char qui lui faisait face mais par des projectiles Américains, et il fut fait prisonnier. De son côté Dolpher Trantham avait dirigé le feu de ses deux mortiers qui lui restaient sur une maison où semblait être une mitrailleuse Allemande, dans la partie nord de Gambsheim, à 350 m de là. Il fut bientôt rejoint par d'autres servants de mortiers qui s'étaient trouvés séparés de leurs unités, si bien qu'il eût sous ses ordres neuf mortiers. Ceux-ci finirent par avoir raison de la mitrailleuse ennemie et un drapeau blanc apparut à l'une des fenêtres. Mais les chars allemands arrivèrent, puis vint l'ordre de se replier.
Les mitrailleuses avaient dû agir de même: la première section perdit trois mitrailleuses sur quatre alors qu'elle se trouvait entre le Steinwald et la voie ferrée. La seconde réussit à tirer sur le croisement principal au centre de Gambsheim pendant une heure: elle réduisit partiellement au silence les mitrailleuses Allemandes qui s'y trouvaient et empêcha les fantassins d'avancer. Lorsque les chars Allemands arrivèrent, un des hommes parvint à endommager les chenilles d'un char avec son bazooka. Dépourvu de munitions, les hommes furent contraints de fuir.
Le repli sur le Landgraben.
Incapables de soutenir ce feu continu, les GI regagnèrent la protection du remblai. c'était leur première expérience des combats, ne l'oublions pas. Que pouvaient-ils faire avec leurs armes légères contre des chars? La Compagnie E était dépourvue de canons anti-char et de bazookas. Les grenades à fusil s'avérèrent inefficaces. En outre il ne fut pas possible de contacter l'artillerie. Les radios ne fonctionnaient pas, les fils du téléphone avaient été sectionnés et on ne savait pas comment progressait l'attaque de la force de Colonel Ellis qui devait prendre Gambsheim. Que faire dans de telles conditions? Mais les hommes résistèrent une heure, caché dans le remblai, s'efforçant de réduire l'ennemi au silence. Celui-ci se montra rusé et réussit à faire venir des mitrailleuses pour tirer sur le 242e par derrière. Pris entre deux feux, un tiers des hommes réussit à gagner le couvert du Steinwald.
Il restait une cinquantaine d'hommes avec le Capitaine Steck, Compagnie E. celui-ci demanda la permission de se replier, mais cette permission leur fut refusée: Ils devaient couvrir le retraite des autres en tenant le plus longtemps possible; il fallait empêcher les Allemands de parvenir à Weyersheim. Steck reçu plus tard la "Bronze Star" pour avoir couvert le repli de la Compagnie et pour avoir aidé un blessé qui gisait dans le secteur tenu par l'ennemi.
Dans le bois on assistait à une véritable déroute. Les hommes essayaient d'éviter les balles allemandes qui sifflaient autour de leurs têtes. Ils s'arrêtaient à peine pour donner les premiers soins aux blessés. Quelques-uns purent être évacués par jeep, mais la grande majorité dut attendre les Allemands, et ce qui traumatisa le plus ceux qui purent s'enfuir fut le fait d'abandonner leurs camarades. Mais c'était chacun pour soi.
Dolpher trantham et ses hommes durent fuir à leur tour. Ils se trouvaient dans une mare ovale, bordée d'arbustes. Les balles sifflaient autour d'eux, les arbres éclataient et ils savaient qu'ils ne pouvaient rester ainsi exposés. Mais ils avaient les pieds gelés. Il leur semblait qu'ils ne pourraient courir. Pourtant ils réussirent à franchir l'espace découvert entre la mare et le Steinwald, un mitrailleur couvrant leur retraite. ils traversèrent le bois, puis le champ où gisaient de nombreux morts, Allemands et Américains et ils gagnèrent le canal où ils trouvèrent les avant-postes Allemands remplis d'équipement: grenades, téléphones, fusils, panzerfausts..... Ils virent également quelques Allemands morts. Ils purent ainsi rejoindre les survivants de cette bataille désastreuse.
Bilan et leçons à tirer
Le bilan était catastrophique: La Compagnie E avait perdu deux Officiers et 58 hommes, la Compagnie F n'avait plus d'Officiers et déplorait la perte de 125 hommes. Trois Officiers et 50 hommes avaient disparu de la Compagnie G, 4 Officiers et 36 hommes de la Compagnie H, et enfin 2 Officiers et 10 hommes de la section de Commandement soit un total de 17 Officiers et 279 hommes (rappelons qu'au départ le 242e RI comportait 35 Officiers et 747 hommes). Parmi les prisonniers se trouvait le Lieutenant-Colonel Zellers qui dirigeait les opérations.
Les survivants installèrent leurs positions près du canal. Trantham alla à Weyersheim se réchauffer les pieds. Il passa la nuit à l'infirmerie qui fut bombardée et perdit son toit. Le lendemain il partit pour Brumath d'où il rapporta couvertures et chaussettes de rechange pour les hommes. Ceux-ci avaient quitté Brumath deux jours avant, sans emporter de vêtements de rechange, et sans rations. Ils reçurent des nouilles gelées, du porc gelé et bananes gelées pour leur repas. Ils burent l'eau du canal. Enfin ils récupérèrent quelques paires de chaussettes sur leurs morts. Le 8 ils furent relevés par des éléments du 232e RI et envoyés à Rittershoffen.
A quoi attribuer cette défaite? Au manque de renseignement concernant la force ennemie tout d'abord. Les hommes pensaient avoir affaire à un petit groupe d'Allemands, 50 ou 60. On ne leur avait pas dit qu'ils allaient se faire massacrer dans le Steinwald, place-forte Allemande. En outre l'opération avait été improvisée, sans véritables chefs, sans support d'artillerie ou de chars. On peut lire dans le journal de marche du 242e RI, en date du 6 janvier, à 14 h: "Le Colonel Zeller a été pris-pas de sens du commandement-beaucoup d'hommes n'ont pas d'armes, n'ont pas mangé depuis un jour et demi. Quatre chars portés anéantis. Pas vu d'infirmiers. Hommes mettent les blessés sur des jeep pour les ramener. Beaucoup sont gelés et mouillés ".
L'échec de la force Ellis le 6 Janvier.
Les hommes du 242e RI retrouvèrent ceux de la force Ellis (Compagnies E/222 et E/232) sur les bords du Landgraben. Ces deux Compagnies avaient, elles aussi essuyé une certaine défaite. Elles avaient attaqué à l'aube, du côté droit de la route menant à Gambsheim. Leur objectif était d'atteindre la voir ferrée à 8 H.
La Compagnie E/222 était en tête.la progression se fit assez rapidement, le secteur à droite de la route étant beaucoup plus calme que celui du Steinwald. Un nid de mitrailleuse allemande fut anéanti sur la droite, puis la compagnie E arriva à la voie ferrée. Là elle fut prise sous les tirs croisés des mitrailleuses Allemandes et elle ne put plus avancer.Les chars avaient pris du retard et se trouvaient à l'arrière. On envoya des messagers les chercher, sans résultat. Ces messagers s'étaient portés volontaires: il s'agissait de Kenneth Dickey, Harry Pratt et Frederick Vonglareik. Tous trois affrontèrent le barrage ennemi. Tous trois furent blessés en route et capturés. Ils reçurent la "Bronze Star".
Le Lieutenant George Caroll alla alors chercher les chars lui-même. Il les trouva plusieurs centaine de mètres à l'arrière, "inactifs". Il leur demanda d'aller à Gambsheim et il monta sur le char de tête pour les guider. Arrivé dans les lignes de sa Compagnie, il voulut arrêter les chars: pas moyen de communiquer avec l'équipage à l'intérieur! Carroll sauta alors par terre et réussit à arrêter le quatrième char et à le faire mettre en position. Celui-ci se mit à tirer sur le compagnie E tuant deux hommes et blessant un chef de section. On tenta d'arrêter le char en tapant sur la tourelle avec des fusils, mais en vain. Finalement Carroll agita le bras devant le périscope et l'engin stoppa. Les trois autres chars avaient disparu. C'était la première fois que l'infanterie et les blindés fonctionnaient ensemble, et le manque d'entraînement se fit cruellement sentir. Carroll reçut la "Silver Star" pour s'être ainsi exposé et avoir sauvé la vie des blessés qui gisaient sur le sol devant les chenilles des chars.
Les grenades vinrent au bout des mitrailleuses qui avaient cloué au sol la compagnie E et celle-ci entra dans Gambsheim. L'ennemi, qui semblait avoir été pris par surprise, n'offrit pas beaucoup de résistance. L'attaque sur le Steinwald servait de diversion. L'assaut sur la gare fut mené par le second Lieutenant Charles Livingston avec tant d'énergie que cette position fut bientôt aux mains des Américains. Le PC de la Compagnie E/222 y fut installé. Le sergent comptable George Wickware avait conduit ses hommes à l'assaut de la gare. En dépit d'une blessure à la hanche causée par un mortier, il les déploya et il eut encore la force de ramper jusqu'à un blessé pour l'aider. Malheureusement il ne put être évacué plus tard et il fut fait prisonnier.
La Compagnie E/232 rejoignit plus tard. Elle avait éprouvé des difficultés, comme le montre le témoignage de John Taylor: "A l'aube, nous poursuivîmes l'attaque du côté sud de la route de Gambsheim. Les tirs d'armes automatiques étaient intenses et nous progressions à découvert. Seuls les sillons dans les champs nous offraient une protection relative. En une heure de temps tous les Officiers sauf un furent soit tués soit blessés. Nous perdîmes aussi notre Sous -Officier adjoint au Chef de Section qui fut blessé, et par la suite fait prisonnier. Malgré ces vicissitudes nous continuâmes l'attaque. A un moment, le Colonel Ellis ,Commandant le 2e Bataillon se trouva à nos côtés, avec un revolver de calibre 45 à la main".
Puis les hommes parvinrent à la voie ferrée qu'ils escaladèrent sous le tirs des mitrailleuses. A la gare, les deux Compagnies se divisèrent la ville. Chacune devant nettoyer un secteur. La Compagnie E/222, qui avait épuisé ses munitions dans l'assaut sur Gambsheim, se contentait de nettoyer la partie Ouest. La partie Est était réservée à la Compagnie E/232. Mais des erreurs furent commises par manque de communications.
La force Ellis n'avait, en effet, aucune nouvelle ni du 242e engagé dans le Steinwald, ni de la Task Force B qui devait arriver par le Sud. Le plan initial prévoyait la répartition des tâches: le 242e prenant le Nord de la localité, la force Ellis le centre et TF B le Sud. Si le Colonel Ellis avait pu communiquer avec les Commandants des autres unités, il aurait su que le 242e se trouvait en difficulté et il aurait été à même de lui venir en aide. On voit donc le rôle important joué par le défaut de communications dans cette bataille.
L'attaque se poursuivit donc dans Gambsheim. Les GIs nettoyèrent les maisons les unes après les autres, jetant des grenades à fusils dans les caves, faisant des prisonniers. L'église fut évidemment prise pour cible, puisqu'elle pouvait servir de poste d'observation à l'ennemi. Le Colonel Ellis mena les opérations en personne.
Soudain le Commandant de la compagnie E/222 reçut l'ordre de se replier immédiatement. D'après le message, cinq chars Allemands attaquaient avec des fantassins: c'étaient des Mark IV. Lorsque les chars commencèrent à tirer, les Américains se replièrent vers la gare. Les chars parcoururent les rues de Gambsheim et parvinrent en vue de la gare. L'enfer se déchaîna alors. Les hommes furent séparés de leurs unités. Ceux qui avaient pu gagné le refuge de la gare n'avaient aucun moyen de savoir ce qui se passait. Ils ne pouvaient obtenir ni le support d'engins anti-char ni celui de l'artillerie. La situation était devenue critique, non à cause des fantassins Allemands, mais à cause des chars puisque les GIs ne disposaient d'aucune armes pour les anéantir.
John Taylor se trouvait dans une maison proche de la gare. Il chercha de la nourriture puisqu'il n'avait rien mangé depuis la veille. Un obus de 88 tomba sur le devant de la maison. Miraculeusement personne ne fut blessé, mais John sortit par l'arrière pour se réfugier dans une grange à une centaine de mètres de la voie ferrée. Cette grange abritait déjà de nombreux GIs et un Officier. Tous ceux qui le purent quittèrent Gambsheim, mais il fut nécessaire d'abandonner les blessés, les morts et ceux que l'on ne put pas prévenir. Le Sergent Franz Diaz, E/222, bien que blessé au dos par des éclats d'obus de mortier, aida à transporter dans le sous-sol de la gare tous les blessés qui se trouvaient dans le bâtiment. Puis il dirigea le repli de sa section, laissant son chef derrière lui. Si les pertes ne furent pas plus élevées, ce fut grâce au sang-froid d'un Officier du 2e Bataillon, 232e RI, Robert Dixon qui organisa le repli sous les feux croisés des mitrailleuses Allemandes dirigées sur les fenêtres de la gare. Ellis fut le dernier à quitter la ville. Il reçut la "Bronze Star".
Les allemands ne poursuivirent pas les GIs. Le rapport officiel dit qu'ils n'étaient pas "agressifs" et que les fantassins semblaient "de qualité inférieure". Cependant ils firent feu sur les GIs. John tomba sur une tranchée dans laquelle se trouvait un Allemand qu'il fit prisonnier. Il se servit de lui comme "bouclier". Il regagna les bords du Landgraben. Les deux Compagnie E restèrent en position défensive les quelques jours suivant avant de se replier sur Weyersheim. C'est pendant ce mouvement de recul sur le Landgraben que le Lieutenant-Colonel Zellers fut fait prisonnier.
5 Janvier Secteur Américain.
Task-Force A n'avait pu accomplir sa mission, et la pénétration Allemande était néanmoins arrêtée au Landgraben .Qu'en était-il de Task-Force B assemblée à Kilstett.
Il n'existe pas de rapport officiel concernant cette attaque, seulement quelques phrases mentionnées dans les journaux des différentes unités et il est malaisé d'avoir une vision d'ensemble. Kilstett fut bombardé le 5 Janvier au matin à plusieurs reprises. Il fallait réunir sur place le plus d'hommes possible pour faire face à cette nouvelle menace. Il convenait d'arrêter toute pénétration ultérieure de l'ennemi et même de le repousser de l'autre côté du Rhin.
Dès que l'on apprit la reddition des troupes encerclées dans Gambsheim, une section de la Compagnie B/232 fut placée à l'Est de Kilstett et une section de la Compagnie I à l'Ouest. Puis à 13h30 une ligne de tirailleurs fut formée par la troisième section de la Compagnie L tournée vers le Nord-Est, avec les mortiers à l'arrière gauche et les mitrailleuses légères sur la droite. Deux sections de la Compagnie B et une section de mitrailleuses lourdes de la Compagnie M furent placées sur le flanc droit. Une section de la Compagnie I se trouvait sur la gauche avec 180 soldats français le long de la route menant à Gambsheim. L'attaque aurait dû commencer à 14h40, mais il fallait attendre les Compagnies F et H/232 qui venaient d'être attachées au 3e Bataillon du 232e Régiment.
Bien que ces deux Compagnie ne soient pas arrivées, l'attaque fut déclenchée à 15h15. Il fallait d'abord traverser un champ à découvert. Aussitôt l'artillerie ennemie tomba sur les attaquants. L'un des GIs, Valentine Spiegel, se souvient que le champ était plein de drapeaux rouges qui devaient servir à guider les artilleurs ennemis, tant leur tir était précis et efficace. La Compagnie L avança, suivi par les mortiers et les mitrailleuses légères. Mais les troupes françaises se replièrent. La situation devenait intenable pour la Compagnie L. La configuration du terrain interdisait aux mortiers et aux mitrailleuses de tirer et les barrages d'artillerie ennemis étaient si intense que l'ordre fut donné vers 18 h de se replier.
Lorsque cet ordre arriva, les GIs avaient parcouru environ 1300 m, laissant de nombreuses victimes sur le sol gelé. C'était leur première épreuve du feu et certains firent preuve d'un courage exceptionnel, comme R.L. Wachtler, secouriste de la Compagnie K. Bien que blessé à l'œil gauche par un obus de 88, il donna les premiers soins à son chef de section également blessé au visage. Puis il continua à soigner les blessés malgré l'intensité des tirs. Il reçut la "Bronze Star" (Il montra le même courage en mars près de Ludwigswinkel et reçut la "Silver-Star"). Le chef de section Floyd Gilson, put ainsi réorganiser sa section en vue du repli. Le Sergent Zack Tate, de la Compagnie M réussit également à limiter le nombre des victimes dans sa section de mitrailleuses lourdes en reconnaissant le terrain sur lequel les hommes devaient se replier. Les positions défensives furent établies autour de Kilstett.
Les barrages ennemis avaient été si meurtriers qu'ils avaient cloué au sol la Compagnie F/232.Doug Sanders et James Horan? De cette unité se souviennent avoir quitté les camions à 3 Km au Sud de Kilstett. Ils laissèrent leurs paquetages. Ils reçurent des grenades. Puis ils se mirent en marche. Des avions tournaient au- dessus d'eux. Dès qu'ils approchèrent de Kilstett, ils subirent le tir des mortiers et des 88. Le premier barrage terminé, ils purent avancer d'une cinquantaine de mètres, puis un second barrage survint et ils furent cloués au sol. Ils perdirent plusieurs hommes, soit de choc, soit de blessures soit parce qu'ils avaient été tués.
Les secouristes, là aussi furent à l'honneur. James Horan eut un blessé dans sa section Boris Bittker. James traîna Boris dans la neige jusqu'à un fossé. Mais c'était une position trop exposée qu'ils durent abandonner. Après avoir donné les premiers soins à Boris, ils le poussèrent hors du fossé et lui dirent de gagner en rampant un bunker. Un homme courageux sortit du fossé en courant, pris Boris sur le dos et le porta jusqu'au bunker. Pendant ce temps, James Hummert, secouriste, allait de trou en trou, réconforter les blessés.
Qu'était-il arrivé à la compagnie F/222? Elle avait quitté Strasbourg en camions et était arrivé à la Wantzenau. Puis elle était allée à pied de la Wantzenau à Kilstett. On ordonna au Commandant de déployer son unité à environ 1Km au sud de Kilstett, sur la gauche de la Compagnie F/232 qui devait se trouver le long de la route Wantzenau-Kilstett. Mais il était minuit passé et cette unité n'avait pu, elle non plus, participer au combat de la veille.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Sam Jan 07 2023, 12:55
5 Janvier : L’action de la garde.
Pour aider Task-Force Linden, il n'y avait eu le 5 janvier qu'une cinquantaine de FFI venus de Strasbourg et deux Escadron de la Garde de Daucourt, envoyé par le Général Schwartz. Jean Rhiel, Capitaine Commandant le 5e puis le 4e Escadron se souvient:
"Au matin le Général Schwartz, Gouverneur Militaire de Strasbourg, est averti par des FFI, venus de Gambsheim, que les Allemands avaient franchi le Rhin dans la nuit et qu'ils occupaient leur village.
Depuis 0h, le secteur de Strasbourg est à la charge de la 1ère Armée Française, mais ses éléments de tête n'ont pas encore dépassé la Robertsau.
Le Général Schwartz est très mal renseigné sur la situation militaire au Nord de Strasbourg. Il ignore en particulier si les Américains attendent toujours la relève par les Français, ou s'ils ont déjà fait mouvement vers Haguenau.
Pour se renseigner il prescrit au Chef d'Escadron Daucourt, Commandant le 2e groupe d'Escadron du 4e Régiment de la Garde, d'envoyer deux Escadron faire une reconnaissance offensive en direction de Gambsheim.
Le Groupe d'Escadron Daucourt est arrivé à Strasbourg dans la deuxième quinzaine du mois de décembre, après avoir participé à la libération de Lyon, au mois de Septembre, puis à la libération de Metz au mois de Novembre. Il compte quatre Escadron motorisés chacun d'une centaine d'officiers, de gradés et de garde. Ce sont tous des militaires de carrière, mais ils ne disposent que d'un armement léger et ne possèdent pas de moyen de transmissions.
Le Chef d'Escadron Daucourt confie la mission au Capitaine Rhiel, un Strasbourgeois qui connaît bien la région ainsi que le dialecte Alsacien et la langue allemande et anglaise. Il met à sa disposition les Escadrons Cambours (4e) et Brustel (8e) et un Peloton du 5e (Capitaine Chapon).
A la Wantzenau, un Lieutenant-Colonel Américain indique qu'il a encore une Compagnie à Kilstett, mais que Gambsheim est occupé par les Allemands. A Kilstett se trouvent effectivement un Officier Américain avec une centaine d'hommes.
Le capitaine Riehl lui expose sa mission qui consiste à reconnaître Gambsheim et lui offre de prendre le Commandement de l'opération. Cet officier lui répond qu'il attend l'ordre de se déplacer vers l'Ouest, mais qu'il va en référer à son supérieur. Au bout d'un moment, il fait savoir qu'il ne peut pas participer à l'opération, mais qu'il avait demandé un raid aérien sur Gambsheim à 15 h et un tir d'artillerie à 15h15.
A 15h30 les Escadrons débouchent de Kilstett sans qu'il y ait eu ni appui aérien ni appui d'artillerie.
La manœuvre est simple: axe de progression, la voie ferrée de Kilstett à Gambsheim, l'Escadron Cambours à gauche de la voie, L'Escadron Brustel à droite, le Peloton Chapon en réserve. Le terrain est uniformément plat et n'offre guère de couvert, sauf un fossé de chaque côté de la voie ferrée. Il fait beau et il gèle. Les premiers 600 mètres sont franchis sans incident. Mais arrivés en vue de Bettenhoffen, le faubourg Sud de Gambsheim, les Escadrons sont arrêtés par un violant tir d'armes automatiques, de mortiers et même d'artillerie.
Un officier le Lieutenant Cambours, Commandant le 4e Escadron, ainsi que 3 gardes sont tués. Le Lieutenant Perre et 16 gardes sont blessés.
La Garde se replie alors sur Kilstett où elle se retranche en attendant la contre-attaque Allemande. Celle-ci n'aura pas lieu.
Ce jour-là 5 Janvier la Garde ont sauvé Strasbourg. Par son sacrifice elle a réussi à tromper les Allemands en leur faisant croire que de nombreuses troupes stationnaient au Nord de la ville alors qu'elle n'était pratiquement plus défendue".
Pendant la nuit, les Français furent chargés de garder les lignes de communications entre Kilstett et la Wamtzenau. Kilstett fut bombardé à plusieurs reprises. Les patrouilles établirent que l'ennemi s'installait au Sud et à l'Est de Gambsheim. Les plans pour l'attaque du lendemain furent fait.
Mais Task-Force B allait connaître les mêmes échecs que Task-Force A, pour les mêmes raisons.
6 Janvier Secteur Américains.
Task-force B devait attaquer du NE de Kilstett vers les bois à l'Est de Gambsheim, puis ensuite vers le Rhin. A 6 h, la Compagnie F/232 se trouvait sur le flanc droit, avec l'appui des mitrailleuses légères de la Compagnie L et d'éléments des Compagnies B et M. F/222 se trouvait sur le flanc gauche, avec la troisième section de la Compagnie L et une section de mitrailleuses de la Compagnie H/222. Six chars accompagnaient l'infanterie. Cette attaque devait être coordonnée avec celle de Task-Force A partie de Weyersheim. Les mortiers étaient placés au sud de Kilstett.
L'attaque démarra lorsque le Colonel McNamee sut que Task-Force A était arrivé à la voie ferrée. Malgré les concentrations d'artillerie Allemandes, F/232 avança assez rapidement et fit un certain nombre de prisonniers. Mais F/222 se replia après avoir avancé de 400 m. Les hommes de cette dernière Compagnie avaient dû laisser leurs radios à Strasbourg et les messagers ne réussirent pas à établir leur contact avec la Compagnie F/232 qui devait se trouver sur leur droite. Ordres et contre-ordres se succédèrent. Le Commandant de F/222 mena ses troupes jusqu'à la voie ferrée où elles devaient attendre l'aube. Puis on lui dit de reculer: sa Compagnie ne participerait pas à l'action. Mais quelques instants plus tard, il reçut l'ordre d'attaquer à 10h45. On croyait alors que les Américains occupaient Bettenhoffen. Six chars participaient à l'action.
A 10h45 donc, F/222 s'avança au Nord de Kilstett, sans les chars. Les hommes se trouvaient à 800 m au Nord de Kilstett lorsque l'enfer se déchaîna. Il était impossible de contourner les positions ennemies par la gauche. Sans contact avec F/232 et sans l'appui des chars, F/222 fut contrainte de se replier. Pourtant les messagers avaient fait de leur mieux pour accomplir leur tâche. Mais le manque de communication se fit, ici encore, cruellement sentir.
Les sections de mitrailleuses lourdes K/232 avaient dû suivre l'attaque mais elles se replièrent à leur tour. Les mortiers n'avaient pu être utilisés par manque de visibilité. La troisième section de la Compagnie L avec deux hommes de la Compagnie F/232 s'était avancée avec les chars jusqu'à un bunker. Elle fit 49 prisonniers et elle libéra 11 hommes qui avaient été retenu dans le bunker, alors dans les lignes Allemandes. L'ennemi avait offert une telle résistance que l'attaque avait échouée.
Tous les hommes travaillèrent dans des conditions extrêmement difficiles, que ce soit les chauffeurs comme Franck Eaglehouse? H/232 qui conduisait son Commandant entre Kilstett et la Wantzenau sous les feux de l'ennemi, les secouristes, les hommes chargés des transmissions ou les autres. Theodore Johnson, Compagnie H/232, visite souvent Kilstett et il écrit dans ses mémoires:
"Nous arrêtâmes nos véhicules près de la gare de Kilstett et traversâmes la voie ferrée sur notre droite. Nous installâmes nos mortiers dans les champs. La 1ère et la 2ème Section étaient dans les champs à 300m des maisons. La 3ème Section se trouvait un peu plus loin près d'un verger. Le QG se trouvait dans ce qui s'appelait alors le Gasthaus Koenig. Aujourd'hui c'est la Couronne. Le restaurant est tenu par le fils de l'ancien propriétaire. Il avait environ 7 ans à l'époque et se souvient de notre présence. C'est très important: au cours de mes nombreuses visites dans la région, j'ai eu de longues discussions avec les gens du coin et l'un d'eux est un vétéran FFI qui semble un peu "dérangé". Il assure qu'on ne peut prouver la présence Américaine à Kilstett le 5 Janvier parce que l'histoire de l'Armée Française n'en parle pas.
Nous déroulâmes nos fils le long du fossé qui même à la dernière maison en ville. Nous voulions observer ce qui se passait à Gambsheim mais nous ne pouvions rien voir au niveau du sol. Nous cassâmes la porte d'une maison (1 rue Nationale. Les propriétaires ont confirmé plus tard que leur porte avait effectivement été fracassée). Il n'y avait pas de fenêtres coté Gambsheim et nous montâmes au grenier pour enlever des tuiles. A ce moment un obus tomba sur le toit et nous nous précipitâmes en bas. C'est alors que le barrage s'intensifia. Nous vîmes une Section de mitrailleuses traverser la cour vers la plaine en direction de Gambsheim. Elle était conduite par le Lieutenant John Donaldson, il fut blessé. Nous passâmes beaucoup de temps avec des messagers qui allaient et venaient pour diriger le tir, nos fils ayant été coupés. Warren Campbell alla à notre avant-poste réparer le fil. Un éclat lui transperça le casque mais il continua sa tâche.
Nous ne savions pas ce qui se passait. pendant les premiers barrage nous apprîmes à compter les obus et à estimer le temps qu'il leur faudrait pour tomber sur Kilstett. Il y eut plusieurs blessés. La nuit tomba et on nous donna l'ordre de reculer.
Comme nous retournions vers les mortiers, d'autres obus tombèrent et nous cherchâmes à nous abriter dans une grange derrière une des maisons le long de la voie ferrée. Quand le barrage s'arrêta, nous sortîmes pour récupérer nos mortiers. Un autre barrage survint et nous regagnâmes la grange...... Puis on nous dit d'aller garder un nid de mitrailleuse à gauche de la route menant à Gambsheim. Il y avait là des FFI qui parlaient à voix haute en fumant. Cette nuit-là un obus traversa le toit du gasthaus. Siebring fut tué.
Le lendemain matin nous nous joignîmes à l'attaque de la Compagnie F. Bill Howard se porta volontaire pour retourner avec le Général Linden à notre ancien avant-poste afin de récupérer le matériel que nous y avions abandonné. Comme nous avancions, nous vîmes un bunker de la ligne Maginot. Il se dressait à l'extérieur de Kilstett en direction de Gambsheim. Un ou deux chars arrivèrent près du bunker. bien sûr ils arrachèrent nos fils et nous dûmes les réparer. Les fantassins firent autant de prisonniers que possible. Notre secrétaire, Don Wyman, fut blessé dans le dos et nous l'emmenâmes dans le bunker.
Plus tard dès l'après-midi j'étais dans la tourelle du bunker, en train d'observer les tirs de mortiers. Des halftracks sortirent du bois sur la droite. Je dis au Lieutenant qui se trouvait avec moi qu'il fallait tirer dessus. Il s'y opposa: nous n'en avions pas l'ordre. Finalement nous appelâmes les tirs d'artillerie. Nous restâmes dans le bunker jusqu'à ce que nous soyons relevés par les Français. Personne ne connaissait le mot de passe. Howard suggéra que nous disions "Ami", ce qui est le mot français pour "Américain" et nous pûmes effectuer la relève. Nous allâmes à la Wantzenau.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Sam Jan 07 2023, 14:17
Les Français entre en lice: Les combats de la 3e DIA
Les premières unités de la 3e DIA s'étaient mise en place dès le 5. Le front de la Division allait de Wasselone-Gambsheim au Nord à Rosheim-Erstein au Sud. Le Général Guillaume s'installa à Molsheim. Le Général Chevillon, commandant l'Infanterie Divisionnaire, se rendit à l'ex PC Linden afin de gouverner le Nord du secteur jusqu'à une ligne Entzheim-Fort Hoche. Il resta en liaison avec la Task-Force dont le PC avait été transporté à Haguenau.
Le 5 Janvier le 3e Escadron du 3e RSAR (Régiment de Spahis Algériens de Reconnaissance) s'installa à Truchtersheim, en position pour intervenir dans la région menaçante de Gambsheim. Le 4e RTT (Régiment de tirailleurs Tunisiens) releva avec deux Bataillons les unités US qui tenaient le secteur de du Rhin entre le Fort Hoche et l'Ill à la hauteur de Strasbourg. Son Bataillon de réserve occupa dans l'après-midi Hœnheim et la Robertsau, et au début de la nuit une Unité du 4 E RTT relève les Américains au château Pourtales à la Robertsau.
Le 3e Groupe du 67e RAA (Artillerie) prit position à Reichstett, en appui du 4e RTT; Un an après son engagement sur le front d'Italie, il allait exécuter ses premiers tirs sur le territoire Allemand.
Enfin le 3e RTA (Régiment de Tirailleurs Algériens) quitta Bussang à 11hoo. Sa première destination était le carrefour d'Entzheim à 10 Km de Strasbourg sur la route 312. Il y arriva vers 21hoo, par une nuit noire. Les renseignements dont il disposait étant très confus, la mise en place s'avéra délicate. En fonction de la situation indécise le Colonel donna l'ordre d'instruction suivant:
Ordre d'installation pour la nuit du 5 au 6 Janvier 1945
Mission du Régiment:
Installer une ligne d'arrêt en arrière des Américains et des FFI dont la situation est indécise. Utiliser pour cela les villages et le canal de la Marne au Rhin.
Répartition des Missions:
I/3-Occuper Hœnheim et Bichsheim en interdisant le franchissement du canal entre les routes incluses de la Wantzenau et de la Robertsau. Pousser des reconnaissances en bordure de l'Ill. Prendre liaison avec les FFI.
III/3-Occuper Soufleweyersheim, interdire le canal entre la route Mundolsheim-Reichstett incluse et le carrefour de l'écluse 50 inclus.
Renforcement: une section de la CAC (Compagnie antichars).Avant-poste: (valeur une forte Compagnie à Reichstett et au fort Rapp.
II/3-Occuper Lampertheim et Vendenheim (Valeur 1 Cie). Interdire le canal entre la route de Lampertheim-Hoerdt incluse et la carrefour 1 Km Est de Vendenheim inclus. Se tenir prêt à couvrir le Régiment face au Nord. Renforcement: une section de la CAC.
CAC (deux Sections) Niedrehausbergen prête à se porter sur tout point menacé
CCI (Compagnie Canons d'Infanterie)-Région de Mundolsheim-Fort ducrot. Mission: pouvoir tirer en avant du canal de la Marne au Rhin. Axe principal: Mundolsheim-la Wantzenau.
Génie : Pfulgriesheim. Reconnaissance des destructions sur le canal.
Patrouilles de reconnaissance: Pousser à l'aube des patrouilles de reconnaissance profondes
-Le I/3 en direction de l'Ill, côte 135 et du bac sur la route de la Wantzenau.
-III/3 en direction de l'asile d'aliénés.
-II/3 en direction du château de Sury et de la forêt de Herrenwald. Prendre liaison avec les unités US et les FFI.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Sam Jan 07 2023, 14:39
Le 6 janvier, la 8e Batterie du 67e RAA installée à Reichstett fut renforcée d'une Batterie automoteurs du Combat Command 5. Le sous groupement Robelin du 1° RCA 5e Régiment de chasseurs d'Afrique quitta Ottrot de bonne heure pour Souffelweyersheim où se trouvait le PC du 3° RTA. Sa mission était de contre-attaquer éventuellement dans la région de Hoerdt et sur la route de la Wantzenau à Gambsheim. Deux détachements mixtes (Chars-Infanterie) furent formés: L'un se porta à Hoerdt et l'autre à Reichstett. Dans la nuit du 6 au 7, le sous groupement reçu l'ordre de préparer une attaque sur Gambsheim avec l'appui d'un Bataillon de Tirailleurs. L'axe d'attaque était Kilstett-Gambsheim. La mise en place devait se faire à 6h.
Un nouveau renfort arriva: Le 7° RCA avec 12 TD qui fit mouvement vers Truchtersheim. Dès leur arrivée, les chars furent disposés en bouchon antichars. Un Peloton de TD (2° Escadron) fut mis à la disposition du 3° RTA. Il se rendit à Souffelweyersheim. L'installation du 3° RTA s'effectua de nuit sans incident, malgré les difficultés matérielles.
Les patrouilles de reconnaissance ayant établi la liaison avec les unités US et FFI, le dispositif fut remanié en fonction de l'ordre suivant:
Ordre pour la journée du 6.
I. SITUATION: Il est confirmé que l'ennemi passe le Rhin dans la région de Gambsheim et qu'il tient en plus de ce village les villages d'Offendorf et Herlisheim. Il a poussé quelques reconnaissances légères sur le village de Hoerdt. Les unités Américaines doivent dans la matinée du 6 reprendre les localités perdues en faisant effort en direction de la région comprise entre Gambsheim et le Rhin de façon à couper l'ennemi de son axe de communication. Un Bataillon du 4° RTT tient le région de la Robertsau an liaison avec des éléments de la Garde Mobile.
II.MISSION DU REGIMENT:
-Constituer un môle de résistance solide dans la région de Hoerdt, asile d'aliénés, et lisière Est du bois de Geudertheim.
-Relever la Compagnie K qui se trouve dans la région Sud de la Wantzenau entre l'Ill et le Rhin, et constituer un point d'appui solide dans la région indiquée ci-dessous surveillant le débouché des bois compris entre l'Ill et le Rhin.
III.REPARTITION DES MISSIONS:
II/3° RTA: Constitution d'un môle solide dans la région de Hoerdt et du bois à l'Ouest. Il est rappelé que le village de Hoerdt est tenu par les troupes Américaines. Il importe cependant d'être prudent pour l'occupation de ce point.
1/3° RTA: Relève de la Cie K du 232° RIUS à 1 Km Sud de la Wantzenau. Occupation de la région du Fort Ney et de l'ouvrage neuf. Pour l'occupation de cette région prendre liaison avec le Bataillon du 4° RTT qui occupe la Robertsau en vue du nettoyage de la forêt du même nom.
Cette installation terminée, pousser des patouilles de nettoyage dans les bois situés entre l'Ill et le Rhin au Sud-Est de la Wantzenau. Tout en se gardant face au Nord, le Bataillon a pour mission essentielle la surveillance de la rive ouest du Rhin pour réduire les infiltrations éventuelles; Il y a lieu d'attacher une importance toute particulière à le digue du Rhin et à la berge même du fleuve. Se préparer à porter sur ordre un élément (une forte Compagnie) à la Wantzenau.
III/3° RTA: Sans changement.
CCI: Rechercher un position de batterie dans la région du Fort Rapp en vue d'appuyer en particulier la partie Sud du sous-secteur.
CAC: Sans changement.
IV. LIAISONS A PRENDRE.
a) avec une Batterie du III/67 en position vers Reichstett par le Lt Play. Faire définir les possibilités d'appui et les modalités de liaison.
b) avec le Colonel Américain commandant la Task-Force, PC à Reichstett par le Lt-Colonel Dinfreville.
c) avec les Gardes Mobiles à la Wantzenau et éventuellement Kilstett par le I/3° RTA.
V. PC Régiment: Souffelweyersheim à partir de midi.
L'ATTAQUE FRANCO-AMERICAINE DU 7 JANVIER
A la suite d'un accord passé entre le Général Brooks, commandant le V° Corps d'Armée US, et le Général De Monsabert, il a été décidé le 7 Janvier qu'une attaque Franco-Américaine serait, pour la deuxième fois, lancée contre la Tête de pont de Gambsheim. Débouchant de Bischwiller le 314° RIUS avait pour objectif Drusenheim-Herlisheim-Offendorf. Débouchant de Kilstett, un détachement du CC5, au ordres du chef de Bataillon Daigny, Commandant le I/RMLE (Régiment de Marche de la Légion Etrangère), et le III° Bataillon du 3° RTA du Commandant De Reynes devaient attaquer Gambsheim. L'effort principal portait au nord de la route Kilstett-Gambsheim. L'attaque devait être précédée d'une préparation d'une durée de 20 minutes par toute l'artillerie disponible (I/67 RAA,III/65 RA, groupe 105 du CC 5) avec l'appui d'un groupe supplémentaire demandé au VI° CAUS ainsi que celui d'un groupe lourd US ,un bataillon du 3° RTA et des éléments du Bataillon tenant Hoerdt suivraient au plus près l'attaque des légionnaires afin d'assurer l'occupation et la défense de Gambsheim, puis le bois au Nord de cette localité. Un Escadron de TD était mis à la disposition du chef de Bataillon Commandant le I/RMLE à 10h à la Wantzenau.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Sam Jan 07 2023, 16:47
L'artillerie se déchaîna dans la nuit du 6 au 7 sur le carrefour de la tête de pont et la rive Est du Rhin. Le 3e Groupe du 67e RA reçut la mission de se porter avec deux batteries dans la région du Sud-Ouest de la Wantzenau pour appuyer l'attaque du III/3e RTA sur Bettenhoffen-Gambsheim. Il était renforcé par des éléments du I/62e RA, au minimum avec la batterie déjà en position dans la région de Hoedt. Vers 10h le groupe prit position au Moulin de la Wantzenau. A partir de 13h30, des tirs d'appui furent exécutés.
Rapport du 1°RCA sur les opérations du Sous Groupement Robelin:
"contre-ordre est donné vers 5 Heures, alors que le détachement de Saint Germain est déjà à l'entrée de Kilstett. L'action principale sera confiée au Sous Groupement Daigny. Le Sous Groupement Robelin fera initialement base de feux à l'Ouest de Gambsheim. Une fois ce village pris, il s'emparera du bois 1 Km au Nord. Le 4° Escadron aux ordres du Capitaine De Saint Germain formera cette base de feux. Les passages du Landgraben sont coupés: La Compagnie Gouttière et un peloton léger (Sous-Lieutenant Boudy) se porte dans la région Ouest de Kilstett. Pendant l'attaque de Gambsheim par le Sous Groupement Daigny ,quelques tirs de mortiers sur les Sous Groupement Robelin. La visibilité très mauvaise ne permet pas de repérer les armes ennemies dans Gambsheim."
Le Récit détaillé des opérations du Sous Groupement Daigny:
"A 7 heures, le peloton Calmels à 4 chars, complété par "Gallifet", 2° chars de commandement, fait mouvement vers Strasbourg. Il doit entrer dans la composition d'un Groupement spécialement constitué en vue de l'attaque de Gambsheim aux ordres du Commandant Daigny. L'ennemi a créer une tête de pont en ce point et fait peser une lourde menace sur Strasbourg dont il ne se trouve plus qu'à 17 Km. La menace est d'autant plus dangereuse que l'ennemi montre également une forte activité vers Erstein et Krafft, soit à peine 16 Km au Sud de la ville, formant ainsi autour d'elle une tenaille redoutable. Il fait - 20°, une légère couche de neige recouvre la campagne.
Le Groupement Daigny est ainsi constitué:
-l'escadron Light du 1° RCA moins d'un Peloton (capitaine Forcade)
-1 Peloton Medium du III/1°RCA (Lt Calmels)
-la 3° Compagnie de l’I/RMLE (Cne Louf)
-La CAB
-2 Peloton de TD du 7° RCA
-1 section du Génie allégée.
Par Obernai, la Robertsau, le Groupement atteint à 12h30 la Wantzenau, où les pleins sont complétés et les ordres donnés. Mission: S'emparer de Gambsheim en deux temps; Bettenhoffen d'abord, Gambsheim ensuite. Articulation prévue:
-Pour Bettenhoffen, le Détachement Forcade:
Le peloton Light du Boullay, 1 section d'Infanterie du I/RMLE
-Pour Gambsheim, Le Détachement Louf:
Le Peloton Light de la Ferté, le Peloton Medium Calmels, 2 sections d'Infanterie du I/RMLE.
Départ 14 h, dans l'ordre Forcade, puis Louf. La ligne de départ est la lisière N.N.E. du village de Kilstett. trois groupes d'artillerie doivent appuyer l'attaque. La CAB et les TD complèteront l'action de l'artillerie.
Kilstett est tenu par un bataillon de Tirailleurs (3° RTA); un autre bataillon suivra et aidera l'attaque et devra s'installer ensuite à Gambsheim. Par ailleurs les Sous Groupement Robelin, opérant à l'Ouest de Gambsheim, doit aider de ses feux le 1ere parie de l'opération, puis, au cours de la 2e phase, nettoyer le bois N.N.E de Gambsheim.
14 h l'Aspirant du Boullay a reçu l'ordre de rechercher un passage sur le Giessen, rivière d'une huitaine de mètres de larges qui borde Bettenhoffen et Gambsheim vers l'Est. Cette reconnaissance est confiée au "Bournazel", Maréchal des logis Degrave: le point signalé et le pont sur la voie ferrée, à 500 m sud-Ouest des lisières de Bettenhoffen.
Degrave enfonce le passage à niveau fermé, s'engage sur le pont, le franchit, progresse sur la voie d'une trentaine de mètres à peine et rend compte par radio à "Bayard", le char de l'Aspirant Boulay, qu'il a franchi le pont qui est praticable, mais qu'une coupure de voie l'arrête.
A ce moment précis, "Bournazel" reçoit un bazooka et prend feu. Le Brigadier Fricaud, les Chasseurs Bemond et Botella sont tués; Degrave, quoique grièvement blessé réussira à rejoindre nos lignes. Il y a en effet dans cette zone tout un réseau de tranchées bien camouflées; et l'ennemi a attendu le dernier moment pour se révéler.
Les tirs de bazooka sont nourris, mais les armes de nos chars désorganisent assez la défense adverse pour éviter l'incendie d'autres appareils. La section d'Infanterie malheureusement réduite à une douzaine d'hommes, essaie de progresser; mais, prise à partie par de nombreuses armes automatiques, elle subit de lourdes pertes et ne peut atteindre les tranchées ennemies. Par surcroît, un tir de mortiers extrêmement violant s'abat sur nos éléments.
Le peloton du Boullay, réduit à 4 Light,"bayard", "Bugeaud", "Bougainville" et "Balaclava", à qui le passage du pont se trouve interdit puisque "Bournazel" en flamme à sa sortie obstrue la voie ferrée, ne peut donc déboucher. Tout ceci s'est déroulé très rapidement.
Le capitaine Forcade rend compte au Commandant Daigny de la situation. Celui-ci décide l'envoi immédiat d'un renfort: C'est le détachement Louf.
14h10,le Détachement Louf débouche de Kilstett, les chars portent les fantassins sur leurs plaques-moteurs. Le Peloton Calmels se déploie dans la plaine à l'Ouest de la voie ferrée dont l'important remblai le protège presque entièrement des feux venant de Gambsheim et des lisières des bois qui bordent le Rhin, à peine à 1500 m de là. Le Peloton de la Ferté, lui, est déployé en flanc-garde à droite entre le Rhin et la rivière dont les ponts ont sautés. Dès le débouché, le billard que représente le terrain est inondé de projectiles de toutes sortes, artillerie, antichars, balles d'armes automatiques et de snipers. Dans le petit bois immédiatement au Sud de Bettenhoffen, une casemate de la ligne Maginot dévoile des 75 Pak. En arrière de cette ligne, des Panther embossés sont repérés.
14h40 le Baroud est sévère. A droite, les Légionnaires portés par "Bourgogne"-Maréchal des Logis Maitre- sont vite hors de combat. Le char lui-même est touché, Maitre tué. La 1° ligne de défense Allemande est atteinte, une cinquantaine d'Allemands restent sur le terrain, tués ou blessés. A gauche, Calmels, qui a reçu l'ordre de franchir la voie ferrée, et longeant la rivière d'atteindre les lisières de Gambsheim, fait passer ses chars un à un sur un étroit passage à niveau constamment battu par des feux d'armes automatiques et d'artillerie.
Le passage est effectué sans pertes. Mais, immédiatement après le franchissement, les Médium sont tirés à bout portant par d'innombrables bazookas qui partent d'une tranchée creusée parallèlement à la rivière, et qui semble suivre celle-ci jusqu'au Rhin.
Le groupe de tête, "Guerande" (Maréchal des Logis David) et "Grenoble" (Maréchal des Logis Reviron), prend d'enfilade la tranchée à bout portant. Les occupants ahuris de cette attaque soudaine, sont abattus à la mitrailleuse. "Gai-Luron" Lt Calmels est touché à l'avant; le pilote, Brigadier-Chef Girma gravement blessé doit être évacué. Le Peloton réussit à forcer le passage et se trouve vite dans la plaine à l'Est de la voie ferrée et de la route. Toujours soumis à de violents tirs d'explosifs, il se lance sur son objectif, les lisières est de Gambsheim dépassant les Light du peloton de la Ferté.
15h10- Deux casemates de la ligne Maginot ouvrent le feu à l'explosif sur les chars de tête; le Peloton Calmels en entier concentre ses feux sur ce nouvel objectif, qui est aussitôt muselé. Un anti-char qui se dévoile est repéré et détruit à son tour par "Grenoble". Brutalement, des coups de 88 claquent, partis des lisières de Gambsheim, probablement de la digue de protection du Rhin, et de points situés plus à l'est. "Guérande" est atteint le premier et flambe: David, le chef de char, grièvement blessé, parvient à sortir de son appareil en feu, mais meurt quelques instants plus tard. Le tireur, Pierre, gravement atteint lui aussi sort de la tourelle comme une torche vivante et s'abat sur le terrain. Le pilote Venckavicius, le chargeur Cordonnier et l'aide-pilote Martinez, tués à leurs poste de combat, brulent dans leur char.
Les chars reçoivent à ce moment l'ordre d'obliquer vers la droite. Mais un nouvel anti-char se dévoile dans une autre casemate à l'Est de Gambsheim.
15h17- "Grenoble" est touché et prend feu: l'équipage évacue. A l'exception de l'aide-pilote Truchot, mortellement touché, les 4 hommes, tous blessés, peuvent cependant rejoindre avec peine Kilstett.
15h20- "Gérardmer" -Brigadier-Chef Bertrand- est atteint et brûle. L’équipage, indemne, a le temps de sortir; seul, le Chasseur Freiburger, brûlé au visage devra être évacué. Le Lt Calmels poursuit son action avec deux chars. "Gallifet", Maréchal des Logis Berrier, et le sien. La sévérité de l'action ennemi s'accroît de seconde en seconde dans une progression inquiétante. La situation est critique: 5 canons antichars au moins sont vus en action, ainsi que 2ou3 chars ou automoteurs; Un tir de mortiers extrêmement violant submerge le terrain. L’Infanterie, devançant dans un effort magnifique les chars, tente d'atteindre la rivière: elle est décimée. Le Cne Forcade rend compte au Commandant Daigny, qui lui annonce l'envoi d'une Compagnie de Tirailleurs.
15h25- A peine en arrière des Medium c'est au tour des Light du Peloton de la Ferté d'être pris à partie. "Bigorre", Maréchal des Logis Maurin, passe auprès d'un abris de rondins où sont réfugiés des blessés Allemands. L'un deux grenade "Bigorre" qui prend aussitôt feu, atteint de plus immédiatement après par obus. Le Lt de la Ferté reçoit alors l'ordre de repli du halftrack de commandement "Bouillon" du Capitaine Forcade. Mais la Légion n'a pas encore été touché par cet ordre, que la Ferté n'exécutera pas, car ce serait priver les Légionnaires de tout soutien ou recueil éventuel. Les 3 derniers Light de son Peloton maintiennent un feu d'enfer.
15h30- Le Capitaine Louf, à pied vient sur place confirmer l'ordre de repli. Celui-ci commence, sous la protection des chars. Le Peloton du Boullay, qui est à l'Est de Bettenhoffen, reçoit mission de couvrir le repli de tous les éléments, chars et Infanterie, et s'oppose par un feu violant, aux réactions de l'Infanterie ennemies. Light et Medium, couvrant directement le repli des Légionnaires font demi-tour en bon ordre, mais les pertes s'aggravent. "Berry", puis "Bearn", presque simultanément atteint prennent feu. Seul le Maréchal des Logis Cadiou, chef de char du "Berry", qui est probablement brûlé dans sa tourelle, les équipages peuvent évacuer et rejoindre Kilstett, non sans une peine infinie, sous la direction du Maréchal des Logis Eugène du "Bearn", essuyant sans discontinuer d'intenses feux d'armes automatiques. "Bretagne" -Lt de la Ferté- reste seul et se porte au secours de "Gai-Luron" qu'il aperçoit immobilisé. Il reçoit un tir d'explosif qui lui casse six patins et une poulie de tension, crevant de plus son réservoir à essence gauche. "Gai-Luron" a été touché une nouvelle fois, un 88 qui a percé la tourelle et mis le 75 hors service. Le Lt Calmels, indemne, fait évacuer l'appareil et, prenant lui-même les leviers de commande, tente de ramener son char à Kilstett. "Bretagne", qui a la garde de nombreux Légionnaires et chasseurs auxquels il fait un rempart de sa cuirasse, regagne en les protégeant le plus proche couvert, tout en surveillant "Gai-Luron". Il voit celui-ci soudain prendre feu, atteint par deux nouveau coups de 88. Le Lt Calmels saute de son char mais est grièvement blessé par une rafale de mitrailleuse et tombe inanimé. Il ne peut être question sur le moment de repartir en arrière à son secours.
Du Peloton Medium, seul "Callifet" rejoint Kilstett, non sans peine: un obus lui a, au cours du combat, arraché un boggie.
Le Peloton du Boullay se replie à son tour, ayant hissé sur ses 4 chars restants un grand nombre de Légionnaires blessés. "Bugeaud" -Maréchal des Logis Loutovinoff-, qui s'est aventuré à l'Est de Bettenhoffen avec un dizaine de Légionnaires, ramène en plus une quarantaine de prisonniers.
Il est à peine plus de 17 h, le drame ne diminue pas de violence: Une contre-attaque Allemande se manifeste. Les obus antichars, les nebelwerfer et les rafales de mitrailleuses redoublent d'intensité. "Bretagne", dans son demi-tour, aperçoit un premier char Allemand, à quelques centaines de mètres, puis 3 Jagd-Panther, peints en blanc, surgissent: Indubitablement, la contre-attaque part.
3 TD du 7° RCA ont été posté à Kilstett en prévision de cette éventualité. Ils règlent leur tir grâce aux indications du Lt de la Ferté qui est rentré, sauvant les hommes à pied qu'il convoyait, et qui leur indique les objectifs. 2 TD sont atteints, le Lt Couard a les deux jambes broyées et succombe à ses blessures.
Mais les pertes ennemis sont certainement lourdes, et la contre-attaque semble stoppée. Il est 18h, la nuit est tombée. Le Commandant Daigny organise la défense de Kilstett avec les quelques chars qui restent? 1Medium avarié et 4 Light, avec un petit nombre de Légionnaires valides.
Une patrouille est lancée à la recherche du Lt Calmels: Le Maréchal des Logis Maurin, Les Chasseurs Pécouil et Hyette, du "Bigorre" se présentent comme volontaires et s'enfoncent dans la nuit, accompagnées de deux brancardiers de l’I/RMLE. Le Lt Calmels est resté, incapable en raison de la gravité de sa blessure de ramper un mètre de plus, à une cinquantaine de mètres de son char qui brûle sous le feu ennemi incessant et la menace des 3 Jagd-Panther qu'il a eu le sang- froid de parfaitement identifier. Il a été magnifiquement aidé et protégé dans cet effort surhumain par son aide-pilote Durant, un jeune engagé du mois précédent, qui, malgré les ordres de Calmels a refusé d'abandonner "son" Lieutenant.
Heureusement l'ennemi a certainement eu de très lourdes pertes et ne se hasarde pas dans ce "no man's land" qu'est l'immense clairière entre Kilstett et Gambsheim. Vers 19h, la patrouille revient à Kilstett: elle ramène le Lt Calmels, qui est soigné et évacué aussitôt sur Strasbourg.
Cette affaire de Gambsheim aura été L'une des plus dures épreuves subies par le Régiment:
-4 Light et 4 Medium brûlés,1 Light et 1 Medium gravement atteint
- 10 tués, 6 blessés.
Mais le sacrifice de nos équipages magnifiques aura permis d'infliger à l'ennemi de telles pertes que sa contre-attaque, qui, réussissant, aurait été catastrophique, a complètement échoué.
Au mois de Mars suivant, une visite des lieux de ce combat sans merci a révélé l'importance des pertes ennemies, inscrites sur le terrain encore couvert de neige. Il y restait encore une centaine de cadavres Allemands, un grand nombre de carcasses calcinés d'engins de combat, dont au moins 2 "Ferdinand" et 1 Jagd-Panther. Ces pertes ajoutées au nombre important de prisonniers ramenés par les éléments du Groupement, expliquent mieux que tout commentaire l'échec complet de la contre-attaque lancée par l'ennemi à 17 h sur Kilstett.
Strasbourg, si dangereusement menacé, était sauf."
André Vinel (1°RCA) acteur de l'attaque sur Gambsheim se souvient:
"7 Janvier1945- Il fait moins 20° en plaine, une légère couche de neige recouvre le sol......
Un groupement Spécial est formé de 5 Pelotons de chars, dont 3 du 1° RCA et 2 du 7°, au total une vingtaine de chars avec comme soutien une Compagnie de la Légion (1°RMLE), plus une section du Génie de la Cab. Mission: S'emparer de Bettenhoffen, puis de Gambsheim.
Notre colonne part de Mittelbregheim et par Obernai, Entzheim, doit gagner les faubourgs de Strasbourg. Mon char le "Bourgogne" tombe en panne après Obernai, la colonne continue sans nous mais l'incident est vite réparé par l'aide conducteur Gairard, à la grande satisfaction de notre chef de char, François Maitre, lequel, impatient, avait peur de manquer le grand rendez-vous des vêpres à Gambsheim. Hélas, trois fois hélas, pour lui comme pour bien d'autres.
En route nous croisons déjà des réfugiés, des attelages, des charrettes tirées par la population. Est-ce si grave déjà? Ceci indique un retour possible des Allemands, ce qui nous détermine davantage à rattraper la colonne. Cela est fait à la porte de Schirmeck. Des immeubles sur notre droite, la population se joint à nous au cours d'une pause et les femmes nous apportent des boissons chaudes bienvenue par ce froid vif.
Et c'est le cœur plus léger que la colonne repart par la place de la gare toute mutilée de tranchée. Nous passons par la Robertsau et arrivons à la Wantzenau où nous nous restaurons avec l'aide des habitants qui nous accueillent avec émotion, surtout au moment de la séparation pour le dernier rendez-vous. C'est certain pour quelques-uns d'entre nous, mais lesquels? Mieux vaut ne pas y penser et en route pour Kilstett! Des bras s'agitent, des mains, des mouchoirs, des sourires et des "au-revoir », puis tout s'estompe et bientôt ce n'est plus que le bruit infernal de nos chenilles sur le sol gelé.
Kilstett est tenu par un Bataillon de Tirailleurs (3° RTA), un autre doit suivre et aider l'attaque, sur notre gauche, le Sous Groupement Robelin doit nous appuyer. De nombreux Américains sont là aussi avec leur matériel, mais il ne semble pas qu'ils soient concernés par notre opération en vue, ce dont s'informe notre commandant de Groupement, le Commandant Daigny de la Légion Etrangère. Finalement ils nous appuieraient sur la gauche. Inch Allah.
Vers 14h, on peut encore entendre les cloches des villages libérés qui sonnent pour les vêpres, car dans quelques instants le vacarme sera assourdissant.
L'Aspirant du Boulay cherche un passage sur le Giessen. Reconnaissance confiée au "Bournazel". Le passage signalé est un passage à niveau fermé que le char enfonce. Mais peu après le "Bournazel" est atteint par un tir de bazooka et prend feu. Les camarades Fricaud Bermond et Botella sont tués. Le chef de char Degrave, quoique blessé, rejoindra nos lignes. Le Peloton du Boulay, réduit à 4 chars, ne peut déboucher car le "Bournazel" en feu bloque le passage. Tandis que le Peloton Calmels se déploie à l'Ouest, protégé par le remblai de la voie ferrée, mon Peloton (Lt de la Ferté) est déployé entre le Rhin et la rivière dont les ponts sont coupés. Le Baroud est sévère, nos chars sont déployés à découvert sur la plaine enneigée, la fumée des obus obscurcit bientôt le ciel et c'est un tintamarre terrible qui s'ensuit. Mon chars le "Bourgogne" est en tête, portant des Légionnaires anti-bazooka. La fusillade est intense, mes défenseurs sont vite hors de combat, cependant mon chef de char me désigne les objectifs à viser, soit à l'explosif, soit au scharpnel.
Pour mieux voir les cibles, je sors ma tête par le volet ouvert de mon chef de char et j'en profite pour voir ou sont les autres avant de reprendre mon tir quelque peu rassuré! Tout autour de nous les projectiles tombent, éclatent et nous enrobe de fumée, bientôt on n'y voit goutte.
Derrière mon char s'abritent des Légionnaires, des Tirailleurs et même des prisonniers. Nous avançons par à coup en nettoyant le terrain. Il est 14h40,ma mitrailleuse de canon s'enraye (mauvaise extraction du au froid vif), je la remets en fonction en quelques minutes. C'est alors que je sens mon chef de char s'affaisser sur son siège. Il vient d'être mortellement touché à la tête. A noter que les chef de char tenait la plupart du temps leur tête hors de la tourelle pour mieux se rendre compte de la situation. Ses jambes viennent bloquer la crémaillère de la tourelle, laquelle je ne pourrai plus orienter pour diriger mon tir. Je suis effaré par ce corps agité de soubresauts. J'en informe mon pilote tandis que les ordres d'avancer m'arrivent par radio.
Subitement les choses se gâtent. Une main s'agrippe au rebord de la tourelle est-ce un Allemand qui va me "grenader"? Non, c'est un Légionnaire blessé qui veut absolument s'abriter dans notre char, dans la tourelle. Y apercevant le corps du chef Maitre, il s'écrie: il y a déjà un macchabée là-dedans" et il ouvre mon volet pour s'engouffrer dans mon habitacle.
Je tente de le repousser, peine perdue, il est blessé au ventre et il finit par s'installer à califourchon sur mes épaules, s'incrustant avec force, finissant par me plier. C'est intenable! je hurle, ne pouvant plus tirer et coincé sous le corps de ce malheureux. Mon pilote s'affole également et m'exhorte. Dehors, c'est aussi l'enfer. J'entends les impacts sur notre blindage. Avec l'énergie du désespoir j'arrive enfin à me libérer, au grand soulagement de Gairard, prisonnier à son poste du fait que le masque du canon désaxé empêche l'ouverture de son volet.
A la radio, le Lt de la Ferté s'impatiente de notre inertie, aussi je m'empresse de lui rendre compte de la situation et tire quelques obus de façon à aviser les autres chars de notre réanimation. Nous sommes invités à nous mettre en retrait et, si possible à évacuer le corps de notre chef de façon à pourvoir nous rendre plus performants......
Entre temps, mon char privé de chef et réduit à deux hommes d'équipages reçoit l'ordre de se mettre à l'abri pour, si possible, sortir le corps de notre chef bloquant la tourelle. La manœuvre du demi-tour surprend les Fantassins abrités derrière notre char. Un Légionnaire sera entrainé par son manteau dans les chenilles tandis que d'autres évitent de justesse ce triste sort. Déroutés ils cherchent un nouvel abri.
Tout ce monde cherche à se mettre à couverts, y compris les prisonniers. Je revois l'un d'eux se dressant dans son grand manteau, le regard hagard, un chiffon blanc attaché à son bras gauche, serrant de sa main droite contre lui un quignon de pain noir. Un Légionnaire lui fait signe de se sauver vers le village. Confiant, obéissant, il s'élance de bon cœur .Dans quelques instants il sera sauvé, hors de cet enfer! Encore quelques enjambées et soudain, une nouvelle tâche sombre dans la neige, une balle amie ou ennemie? Allez savoir, Adieu le village sécurisant adieu la vie.
Quant à nous ayant atteint le village sans encombre à travers toutes ces fumées, c'est aidé par quelques soldats Américains que nous extrairons de notre char le corps de notre chef. Le Maréchal des Logis Maître ne mourra que 48 h plus tard. Sur ces entrefaits, un Halftrack de la Croix-Rouge débarque une civière sur laquelle je reconnais le MDL Reviron, chef du "Grenoble". Je veux échanger quelques mots, mais il ne peut articuler, une balle lui a traversé la nuque. Son char brûle.....Là-bas, avec les autres. Il faut se séparer à regrets."
Journal de Marche du 7e RCA:
L'escadron de marche composé du Peloton Coirre (3 TD) et du Peloton Sigwald (3 TD) est en position d'attente vers 10h à Hoenheim. Liaison est prise à la Wantzenau avec le Commandant Daigny de la Légion qui conduit la première phase d'attaque sur Gambsheim. L'heure H est 13h30. Le Peloton Frachon (4 TD), mis primitivement à la disposition du Colonel Agostini, vient se mettre à la disposition du Commandant Daigny. Celui-ci le charge d'appuyer le Bataillon de Tirailleurs qui prend à son compte la 2e Phase de l'attaque: nettoyage de Gambsheim et Steinwald. Moyen blindés: 2 Pelotons de chars légers, 1 Peloton de Medium, 3 Pelotons de TD.
A 3h25 les chars défilent dans la Wantzenau pour se rendre à la base de départ (village de Kilstett). Le TD "Bordeaux" qui cisaille ses chenilles avec les rebords des galets dépourvus de caoutchouc et qui a une poulie folle fendue reste à la Wantzenau.
Le Peloton Sigwald se met en position aux sorties Sud et Sud-Est de Kilstett pour surveiller la digue et les lisières du bois qui bordent le Rhin.
Le Peloton Coirre d'abord axé sur la sortie Nord-Est de Kilstett pour soutenir les blindés qui progressent de part et d'autres de la voie ferrée voit ceux-ci atteints les uns après les autres par des bazookas embusqués dans une tranchée bordant le village au Nord-Ouest. Le char "Bizerte" démolit avec 8 explosifs le clocher de Bettenhoffen signalé comme observatoire ennemi. Ne pouvant rien faire contre les tireurs de bazookas et des chars ennemis se déplacent sur la droite, le Peloton TD prend position à la sortie de Kilstett. Les chars légers et les Shermans ont été stoppés et atteints par un antichars sous casemate très solide et par 3 chars ennemis en embuscade à contre pente. Vers 15h15, un char léger revient, ce qui contraint le char ennemi à se découvrir un TD "Bizerte" envoie deux perforants qui ricochent sur le char, le 3e perforant pénètre et le char ennemi "fume la pipe". Une dizaine d'autres obus tirés par "Bizerte" et "Bousilleur" le mettent en feu. "Bizerte" quitte sa position mais en reculant, heurte un poteau téléphonique avec son canon: le volant de pointage de direction est cassé, un groupe de chars du Sous-Lieutenant Frachon est demandé en renfort. Vers 16h un deuxième char ennemi se dévoile et vient près de la carcasse du premier. Le TD "Bousilleur", qui avait changé de position ,ouvre le feu, 8 coups partent avant que le char flambe (4 coups observés:1 sur la tourelle et 3 sur le côté).Mais le troisième char ennemi prend "Bousilleur" comme cible et l'atteint d'un perforant dans les moteurs et les réservoirs à mazout. Des débris de métal atteignent le Lt Coirre aux deux jambes (fractures ouvertes), le souffle projette son adjoint le Maréchal des Logis Bohic à terre, mais sans mal. "Bousilleur" flambe, tout l'équipage a eu le temps de sortir. Le TD "Cléry", du Peloton Frachon, prend à partie le 3e char ennemi. Des coups au but sont observés. Le char ennemi ne flambe pas, mais il est néanmoins rendu inutilisable. Il ne bougera plus, il ne tirera plus. Un quatrième char se dévoile. Il tire sur le TD "Clery" qui reçoit un perforant sur la plage arrière et se retire. Le TD "Clery" est pris à partie par une mitrailleuse lourde qui tire à balle traçantes. Le TD "Château-Chinon" tire ce 4e char et au 8e perforant atteint la tourelle. Le char ennemi brûle. A ce moment "Château-Chinon" reçoit sur sa tourelle un perforant de 75 qui arrache du métal sur le contrepoids, enlève un paquetage et un rouleau de couvertures. Le TD recule et, dans cette manœuvre, crève un radiateur sur un piquet de fer.
L'ordre de repli a été donné aux Fantassins. Les TD restants (8 sur 10) montent la garde jusqu'à la nuit .Ils se regroupent alors 50 m derrière la lignes des Fantassins qui défend la périphérie du village. L'ordre de repli pour la Légion et les blindés n'arrive qu'à 20 h environ. Décrochage dans la nuit noire, trouée par les fusée-parachutes ennemies, sur la Wantzenau et Hoenheim. 4 chars lourds ennemis ont été détruits par mes TD, mais on déplore la mort du Lt Coirre, survenue dans la nuit, à la suite de ses blessures à l'hôpital de Strasbourg."
Récit du 3eRTA dont le 3e Bataillon est chargé d'attaquer Gambsheim en coopération avec un Combat Command de la 5eDB:
"A 14h, les chars démarrent , suivi par la II° Cie qui prend l'itinéraire de la route nationale en utilisant les fossés. Dès le départ, les armes automatiques ennemies situées au village de Bettenhoffen et au bord du Rhin se déclenchent obligeant les Tirailleurs à ralentir leur marche. Toutefois, grâce à l'appui des chars la Compagnie avance jusqu'au ruisseau au sud de Bettenhoffen. Elle fait 53 prisonniers. C'est alors que les chars, pris à partie par les armes antichars ennemies se déploient et s'arrêtent. La II° Cie, en Tirailleurs, se place à leur hauteur, prête à reprendre la progression. Mais les chars ayant perdu plus de la moitié de leurs effectifs, ne peuvent continuer. La II° Cie est alors soumise à une contre-attaque soutenue par deux chars: elle la contient et la repousse.
La 9° Cie tente alors de déborder le village par l'Ouest mais, arrivée à la hauteur de la II°, elle est stoppée à son tour. La 10° Cie tente un débordement plus large, mais à ce moment, il est 16h et le Bataillon reçoit l'ordre de se replier. Ce repli est effectué en ordre, protégé par deux chars qui ont fait l'admiration des éléments exécutant leur repli. On a déplorer la perte du Sous-Lieutenant Maussire de la II° Cie qui a trouvé une mort glorieuse au cours de l'action.
Le 3° Bataillon s'installe défensivement à Kilstett, renforcé par deux Escadrons de la Garde Mobile et disposant de TD en position à la Wantzenau. Le 1° Bataillon s'installe à la Wantzenau et assure le nettoyage du bois à l'Est de la localité. Au cours de cette opération, il y a 4 morts et 11 blessés. A la suite de ces mouvements, l'ordre suivant est donné :
Ordre d'installation pour la nuit du 7 au 8 Janvier 1945
I) Situation: Nous tenons Kilstett et les bois au sud de ce village (rives Nord de l'Ill) les Américains tiendraient avec 2 Cies le coude de la zone entre Weyersheim et Gambsheim. Les autres éléments Américains de Kilstett, la Wantzenau se sont retirés cette nuit. En conséquence la défense de la zone comprise entre Hoerdt et l'embouchure de l'Ill nous incombe. Il importe d'avoir dès cette nuit des yeux et des oreilles dans le trou séparant l’II/3 et l’III/3.
II) Dispositif à réaliser dès réception de cet ordres:
III/3 celui indiqué verbalement au Commandant du Bataillon.Les 2 Escadrons de la Garde Mobiles seront conservés pendant 48h.
I/3: Celui indiqué verbalement au Commandant du Bataillon
II/3: En plus du dispositif réalisé, mettre en place au plus vite un groupe sur la route de Hoerdt, la Wantzenau avec mission d'alerte antichars (emplacement à proximité du ruisseau Landgraben). munir ce poste de moyens d'alerte divers. Ce poste deviendra un PA mixte entre le III/3et le II/3.
CCI: Sans changement.
CAC: le groupe à disposition du III/3
III) Divers:
Les Commandant des III/3 et II/3 étudieront dès que possible les champs de mines antichars à poser sur nouvel ordres le long du chemin entre Hoerdt et la Wantzenau.
IV) Un ordre ultérieur fixera le dispositif définitif de défense et les remaniement qui en résulteront.
V. Ne pas oublier de passer au III/67 les emplacements de tirs d'arrêt pour cette nuit et demain."
L'attaque contre Gambsheim avait donc échoué. La 3e DIA n'avait pu dépasser Bettenhoffen. Les pertes étaient sérieuses:49 tués et blessés au III/3° RTA et 22 au détachement Daigny.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Sam Jan 07 2023, 17:35
Les Américains avaient assisté à cet échec. Valentine Spiegel (232°RIUS) se rappelle avoir vu les Algériens partir à l'attaque. Il se trouvait au PC de sa section à l'étage. Les Fantassins suivaient à l'abri des chars. Lorsque les obus tombèrent ils reculèrent de 75 m, s'assirent par terre et attendirent que les chars reprennent leur progression. Pendant ce temps, les Algériens qui se trouvaient dans Kilstett s'affairaient à rassembler tous les Allemands qui étaient dissimulés dans les maisons. Un d'eux s'était caché avec une radio au-dessus de la pièce où se trouvait Spiegel. Il paraît qu'une trentaine d'Allemands avec six radios avaient ainsi vécu au milieu des soldats Américains. Puis les Algériens attaquèrent à nouveau, leur flanc droit dangereusement exposé.
Task-Force B reçut l'ordre de quitter Kilstett dans la nuit pour la Wantzenau. La Compagnie I fut placée sur la gauche et K sur la droite au Nord de la localité. Le 2° Bataillon gagna ensuite Weyersheim tandis que le 3° rejoignait le 1° à Schirrhofen. Le PC du Régiment fut installé au camp d'Oberhoffen. Ceux qui étaient à Weyersheim durent creuser des trous dans le sol gelé. D'autres gardaient le pont sur le Landgraben qui était prêt à sauter. Ces positions étaient exposées et il y eu des victimes. Les compagnons de Spiegel n'avaient aucun contact ni avec la 12° Division Blindée ni avec la 79° DIUS qui se trouvaient pourtant dans le secteur.
L'ADVERSAIRE:
L'interrogation des prisonniers Allemands révéla les faits suivants: Plusieurs unités hétéroclites s'étaient assemblées sur la rive droite du Rhin et avaient traversé, sous couvert de l'obscurité, à la hauteur de Gambsheim. Les premiers prisonniers appartenaient à une unité appelée 1° Bataillon (BN) E/V: E pour Einheit (unité) et V parce que cette unité dépendait du V° Corps. On la connaissait aussi sous le nom de Bataillon Zieres, du nom de son Commandant. Cette unité, qui dépendait du Régiment E/V ou Régiment Marbach, comportait 300 hommes, organisés en trois Compagnies. Ce Régiment était une création récente datant de Novembre 44, à partir d'éléments venus de Karlsruhe et d'Ulm. Les hommes du 1° Bataillon avaient été rassemblés près de Freistett et avaient traversé le fleuve à l'Est de Gambsheim. Leur mission était de s'emparer de la ville. Ils avaient subi de lourdes pertes. La 1° Cie en particulier avait été pratiquement anéantie au cours de l'attaque par Task-Force B. 59 hommes avaient été faits prisonniers et les autres avaient été soit blessés soit tués. Les deux autres Compagnie avaient eu beaucoup de blessés le 6 également. Les survivants s'étaient réfugiés le long du Rhin au Sud-Est de Gambsheim. D'après les rapports Français, Les Allemands auraient jugé l'attaque du 7 par la 3° DIA "terrifiante" et ils auraient été surpris par l'apparition des troupes Française. Attachée à cette unité on trouvait la Compagnie Zar, une unité du Génie. sa fonction était d'enlever les mines sur la route de Gambsheim au Rhin et de réparer celle-ci.
Le premier jour on trouvait également à Gambsheim le Bataillon Schmidt. Ce Bataillon était assemblé à Freistett. Il avait traversé la matin dans des canots d'assaut. Sa mission était d'occuper Gambsheim et de protéger le flanc Sud. Les hommes venaient d'une "Wehrkreis unterführer Lehrgang". Deux compagnies seulement avaient traversé le Rhin, la 1° et la 2°. Des 250 hommes il en restait 160 environ. Plusieurs prisonniers avaient été pris près de Weyersheim le 6. Ils devaient s'emparer de Weyersheim après avoir pris Gambsheim. La résistance Américaine près du Landgraben les avait surpris et l'Einheit Walter envoyée en renfort avait été anéantie le 6: Sur les 80 hommes 65 avaient ainsi disparu. Le Bataillon Schmidt était devenu le Bataillon Treutler dès le 6 et on le retrouvait à l'Est de Kilstett. Il comptait alors 300 à350 hommes et il disposait de 6 mortiers le long de l'Ill.
Enfin étaient présentes les deux compagnies, soit 160 hommes du Bataillon Oberrhein qui avait traversé le Rhin légèrement au Nord des autres unités, mais toujours à la hauteur de Gambsheim. Ce bataillon devait renforcer les éléments combattant dans Gambsheim. Il avait été organisé près de Baben-Oos le 6 Décembre. L'opposition Américaine l'avait contraint à se replier au Nord du Steinwald, le long de la route de Herlisheim. Le PC se trouvait dans un bunker sur la rive droite du Rhin. Le Bataillon dépendait d'un Régiment Freimann.
Par conséquent il y avait une tête de pont de Gambsheim le 5 janvier d'environ 800 hommes, alors que les deux Task-Force pensaient en affronter entre 50 et 60 ! Sans compter les chars et les positions d'artillerie. Le chiffre de 800 correspond d'ailleurs aux estimations données par la BBC au soir du 5 Janvier. Le 7 Janvier au matin un prisonnier déclara qu'il y avait 1000 Allemands dans Gambsheim, trois chasseur de chars dans la localité même, 50 pièces d'artillerie et dix batteries à l'Est de la ville, 30 hommes dans un bunker voisin, et qu'un pont était en construction. Le 8 un prisonnier d'origine Autrichienne parla d'un Bataillon d'Infanterie et d'un Bataillon SS dans les bois au Nord de Gambsheim avec 12 canons autotractés. Un Bataillon tenait la localité. Des Mortiers étaient en position le long du remblai de la voie ferrée au Nord-Ouest ainsi que des lance-grenades. Un troisième point de franchissement du fleuve avait été établi. Tous ces points se trouvaient dans un rayon d'un Km de l'ancien pont de Gambsheim. Les mouvements s'intensifiaient entre les deux berges du Rhin. Enfin il signala de fortes concentrations de troupes dans les environs de Freistett et de Memprechtshoffen. Plusieurs chars se trouvaient dans la ville, attendant la fin de la construction du pont. Malgré ce rapport alarmant qui prévoyait une attaque pour le soir même, aucune action ne fut prise.
Le Commandement Français ne croyait pas en cette concentration de forces....Voici ce que l'on peut lire dans les rapports en date du 8 Janvier: "Passages de troupes à cadence faible à 2 Km SE de Gambshein. aucun matériel de pont ni d'indice de préparation de franchissement du fleuve sur une grande échelle n'ont été repérés ". Et encore: "Un document montre que Von Dem Bach avait pour mission d'établir une tête de pont sur le Rhin pour couper la retraite aux forces Américaines qui se replient dans la région de Wissembourg sans qu'il y ait par ailleurs de plan d'offensive important dans cette région". Un rapport du 2° bureau signé par le Lt-Colonel Carolet, en date du 8 Janvier, mentionne des "actions locales de l'ennemi, avec appui de chars". Le rapport conclut: "On doit s'attendre à voir l'ennemi poursuivre sur l'ensemble du front ses opérations locales destinées à tâter notre dispositif et, le cas échéant, entreprendre une opération à objectif plus ambitieux si une partie de notre front lui apparaissait particulièrement propice".
A la suite de l'occupation de Gambsheim, les Allemands avaient rabattu tous les hommes de la localité afin de les enrôler dans le Volksturm. certains furent d'abord détenu dans des caves, avant d'être emmenés vers Offendorf où on les enferma dans l'église. Ce fut aussitôt la panique: Les Allemands allaient-ils procéder à un nouvel Oradour? Il n'en fut rien et les hommes franchirent le Rhin le lendemain c'est à dire le 8 Janvier. Les femmes et les enfants restèrent dans les caves à vivre un véritable cauchemar jusqu'au 15 Janvier, date à laquelle l'ensemble de la population du village fut évacué vers l'Allemagne. On a peine à imaginer le long convoi de femmes, d'enfants, et de vieillards poussant des voitures d'enfants ou des attelages divers. La route était verglacée, mais il fallait faire vite. Les obus sifflaient. A chaque pas ces gens risquaient la mort. Puis ce fut le bac qui avait servi aux opérations militaires et qui était la cible des tirs d'artillerie, et enfin l'arrivée à Freistett, avant l'éparpillement dans le pays de Bade. Ce n'est qu'à la fin d'Avril et au début de Mai que la population retrouva Gambsheim et ses maisons en ruine.
Le secteur de Kilstett resta calme du 8 au 15 Janvier. Il s'agissait pour la 3° DIA de tenir le village et les lisières du bois au Sud-Est ainsi que le fort Ney, d'exercer une surveillance active sur la rive du Rhin afin de prévenir toute pénétration dans les bois de la Wantzenau et de la Robertsau. Deux pelotons de TD du 7° RCA et CC 5 étaient en mesure d'intervenir. 5 TD du 7° RCA restèrent engagés, organisés en deux Pelotons. Le Sous Groupement Robelin du 1° RCA avait regagné son cantonnement à Ottrot tandis que le Sous Groupement Daigny avait été affecté à la défense du secteur au Sud de Strasbourg.
Voici les directives pour la journée du 8 pour le 3° RTA
I. Un Bataillon du 7° RTA relèvera dans la soirée le le II/3 RTA sur ses positions actuelles: Hoerdt, maison forestière, Asile d'aliénés et Vendenheim. Le dispositif du 3° RTA sera modifié comme suit:
II/3 après relève: relèvera avec 2 Cie et la CA le Bataillon du 4° RTT dans la région de la Robertsau.
- La Cie réservée (à la disposition du Colonel Commandant le sous-secteur) occupera la région de Hoenheim. Amorce de la position arrière du sous-secteur à cheval sur le canal de la Marne au Rhin.
- Les reconnaissances pour la relève du 4° RTT sont à faire dès réception de cet ordre. La relève se fera Compagnie par Compagnie. Ne pas attendre la relève totale du bataillon par le 7° RTA. Il s'agit de faire vite.
- II/3 disposera d'une Cie FFI
- La section antichar de la CAC mise à la disposition du II/3 sera relevé par une section antichars du 7°. Après relève, elle passera à la disposition du commandant de la CAC. PC la Robertsau.
III/3:Tenir Kilstett et les bois Sud où il relèvera les éléments du I/3 (cote 130)
Limite Est et sud Est du III/3/L'Ill, la Wantzenau exclus.
Limite Ouest: Ruisseau du Landgraben.
- Les travaux de défense sont à entreprendre dès maintenant (barrages anti-chars, champs de mines antichars).
- Mission: Rester en surveillance active sur le village de Gambsheim, rechercher le contact, repérer les défenses adverses en vue d'une reprise possible du mouvement en avant.
Le III/3 disposera pendant 48 H environ de deux Escadron de la Garde qui seront remplacés par une Cie FFI. (éventuellement)
I/3:tenir les lignes des forts et de la Wantzenau. Surveiller les rives du Rhin, faire des patrouilles avec des points forts sur la digue.
-Le I/3 disposera d'une Cie d'une Compagnie FFI (Cne Riviere)
Limites: Sud :inchangée
Nord : Chemin de Hoerdt, la Wantzenau, bosquet au Nord du village, les deux étangs et l'Ill jusqu'au Rhin.
PC provisoirement restera à la Wantzenau.
CAC inchangée, récupérera la section à la disposition du II/3
CCI emplacement inchangé.
Mission: appui direct du III/3.
II.Peloton TD-2 Pelotons (5 chars au total) stationnés à la Wantzenau à la disposition du Colonel commandant le sous-secteur.
Mission: Contre-attaque contre les chars.
-Dans le cas d'une percée des blindés ennemis, le Commandant Comes et le Commandant de Reyniès pourront demander directement l'action des TD au Commandant du détachement.
-Le Commandant Comes établira une liaison étroite avec le Commandant des TD.
III.Génie:-1 section à la disposition du III/3 (pose de champs de mines)
-1 section à la disposition du I/3
IV. FFI-La Cie Riviere (au I/3) et une deuxième Cie pour le II/3
Toute question intéressant les FFI est à régler auprès du Colonel Dinfreville.
PC Souffelweyrsheim.
Au cours de l'après-midi et dans la première partie de soirée les relèves s'effectuent et le dispositif est le suivant:
Le 3° Bataillon tient Kilstett
Le 1° Bataillon a la Wantzenau
Le 2° Bataillon tient la Robertsau et les bords du Rhin avec deux Cie et la CA, une Cie étant en réserve à Hoenheim.
Le 1° Bataillon du 7° RTA était à Hoerdt, maison forestière, asile d'aliénés et Vendenheim.
A 23h30 le 8 Janvier la 3° DIA devait assurer la défense du front du Rhin et celle de la ville de Strasbourg. Elle disposait des forces suivantes:
-Infanterie: 3° RTA,I/7 RTA, des éléments FFI et 3 Escadrons de Gardes mis à la disposition de la Division par le Gouverneur Militaire à Strasbourg.
-Cavalerie:1 Peloton de TD du 7° RCA
-Genie: Une Cie 83/2
La division devait s'opposer à toute infiltration dans les bois de la Wantzenau et de la Robertsau et organiser deux môles de résistance à Kilstett et à Hoerdt. En deuxième ligne, elle devait tenir la lisière Nord de la Wantzenau et l'asile d'aliénés. En se basant sur les points ci-dessus elle devait réaliser la défense antichars de Hoerdt. Le cantre de résistance de Hoerdt devait conjuguer des feux avec ceux du village de Weyersheim tenu par la 79° DIUS.
ATTAQUE GENERALE DANS LE SECTEUR HERRLISHEIM-SELTZ: 5-7 JANVIER
Gambsheim n'était pas le seul point menacé. pendant que le Régiment commandé par Von Lüttichau attaquait au Sud, les Forces du Colonel Von Witzleben attaquèrent Fott-Louis et Neuhaeuesel pour créer une diversion. Les Allemands avaient traversé en divers endroit et les Américains se trouvaient en situation difficile. Début Janvier le 1° Bataillon 232e RIUS, avait relevé le 274e RIUS (TF HERREN) à Soufflenheim, Stattmatten, Drusenheim. La Cie B défendait la région d'Auenheim au sud des bois de Drusenheim. La Cie A était à Drusenheim et la Cie C à Soufflenheim. Ce front était beaucoup trop vaste, dix fois la longueur de "front normal" prescrit dans les manuels. Mais c'était un front tranquille: Le 247° avait assuré qu'il n'y avait aucun ennemi entre Stattmatten et le Rhin. Il est vrai aussi que lorsque la relève s'était effectuée, la Cie B avait été guidée de Soufflenheim à Stattmatten et il s’était perdu à 3 Km de Soufflenheim.
Pour garder ce front immense, la Compagnie dut se résoudre à occuper quelques places fortes comme Auenheim et Stattmatten où se trouvait une section de mitrailleuses lourdes, se contentant d'envoyer des patrouilles aux alentours. Le 4 Janvier, une patrouille de la Cie B traversa les bois à l'est de Stattmatten afin de localiser des ennemies aperçus par des civils de Fort-Louis. A la sortie du bois la patrouille se heurta à un groupe important d'ennemis parmi lesquels il y eut de nombreuses victimes. Une autre patrouille, par contre, trouva Dalhunden Vide.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Dim Jan 08 2023, 07:19
Premier contact avec l'ennemi le 5.
Dès 6h30 le 5 janvier la Cie B entra en contact avec l'ennemi à Sessenheim. La Cie A fut attaquée à Drusenheim et une section de la Cie B Y fut envoyer en renfort. La Cie A pris 10 prisonniers appartenant à la 2° Cie,7°Bataillon E/V. Cette unité avait été constituée en Décembre avec des éléments employés dans la ligne Siegfried. Ce bataillon comprenait 4 Cie de 400 Hommes, avec 9 à 12 mitrailleuses dans chaque compagnie, mais sans armes lourdes. Le PC se trouvait à Lichtenau. La 2°Cie avait traversé le Rhin à 5h30 dans six canots d'assaut, au SE de Drusenheim. Ils avaient des rations pour une journée seulement et ils avaient laissé leurs paquetages et leurs masques à gaz à l'endroit où ils avaient débarqué. Ce groupe d'ennemis n'était que l'avant garde. Ils avaient une mission de reconnaissance, le reste des hommes marchaient en direction de Drusenheim lorsqu'ils étaient tombés sur un barrage Américains. Il y avait eu vingt blessés et dix prisonniers d'autre part, des patrouille de reconnaissance de la tête de pont de Seltz, occupé par deux Cie du Régiments Remischberger, explorèrent Eberbach, Niederroedern, et Beinheim. On notait le passage du Rhin à Seltz des 2° et 3° Cie du Bataillon Hubert.
Secteur de Herlisheim 5 Janvier.
La Cie G fut encerclée à Offendorf à 10h30 et à Herlisheim vers midi, mais 80 hommes réussirent à s'échapper. A Offendorf, ce fut la surprise et la consternation. Les Habitants étaient réunis pour l'office. Les premiers coups de feu furent tirés rue de l'Ecole les Habitants commencèrent à fuir. Un observateur Américain posté dans le clocher y laissa la vie. Les FFI déplorèrent des victimes, dont Robert Schweiger, tué dans le Steinwald. Il y eut 7 victimes civiles. Deux d'entre elles trouvèrent la mort dans le restaurant Keller une autre fut tuée en ouvrant ses volets. Quelques bâtiments prirent feu, comme la grange d'Aloyse Ballinger, rue Principale. La résistance des FFI comme celle des habitants entraîna des mesures de représailles. Le 6 Janvier au matin, Les Allemands raflèrent les hommes et les enfermèrent dans l'église, aves des prisonniers venus de Gambsheim. Mais la catastrophe fut évitée de justesse grâce aux négociations entreprises. Le village fut évacué le 15 lorsque les Habitants revinrent en Avril, tout était détruit.
Témoignage du Caporal-chef Alfred Weiss adjoint au chef des FFI.
"Le 4 Janvier, les soldats Américains occupent le village. Les FFI sont à leurs postes habituels. Rien à signaler à tous les postes la nuit du 4 au 5 Janvier.
Le matin du 5 Janvier, à 6h, les postes signalent des tirs d'armes automatiques et de fusils à Offendorf. Offendorf demande du renfort à 7h les FFI de Herlisheim sont alertés. Le médecin Schneider André, chef des FFI de Herlisheim et dix camarades partent avec un Lieutenant Américain et 12 hommes en direction d'Offendorf. Deux maisons de ce village sont occupées par les Allemands. On supposait avoir affaire à une patrouille.
Les FFI occupent les emplacements suivants: au Nord: route de Drusenheim, à l'est passage à niveau près du cimetière, au Sud route de Gambsheim. Le Sergent Gross Armand reste avec 3 hommes à la disposition du PC Américain.
A 8h, un deuxième Lieutenant Américain accompagné de Grunder Joseph, partent en direction de Bischwiller pour chercher du renfort. Le Lieutenant et Grunder ne sont pas revenus de leur mission. Le renfort n'arrive pas.
A 10h, le Caporal-Chef Weiss Alfred rentre d'une ronde ramenant au PC un prisonnier Allemand capturés sur la route de Drusenheim. Le prisonnier déclare que les Allemands ont débarqué à 6h, entre Herlisheim et Drusenheim, une force de trois Compagnie. La Cie de ce prisonnier devait rejoindre Rohrwiller. Par ailleurs, il déclare que les allemands auraient déjà occupé la rive gauche du Rhin entre Drusenheim et Gambsheim et que d'importantes forces étaient massées sur l'autre rive.
A 10h30 les Allemands avait progressé jusqu'au croisement de la route du moulin, distributeur d'énergie électrique pour Haguenau. En même temps le poste Sud signale des Allemands dans le Steinwald d'où ils progressent vers le Nord.
A 11h le poste Nord aperçoit l'ennemi venant du Nord et de l'Est. A l'Est, passage du cimetière, notre poste entre en contact avec une section Allemande venant du Rhin ces hommes se replient après dis minutes de combat. Venant du Nord, de l'Est et du Sud, l'ennemi attaque le village. Les FFI se replient lentement sur Bischwiller et Gries. Les liaisons Américaines sont coupées, le renfort n'arrive pas. Le Caporal-Chef Weiss se rend au PC FFI de Bischwiller et rend compte. Celui-ci alerte les PC Américain de Brumath, Haguenau, et Weyersheim résultat: tir d'artillerie.
Renseignement sur la patrouille parti pour Offendorf.
Sur la route de Herlisheim, vers 7h la patrouille a essuyé le feu d'armes automatiques à 1 Km d'Offendorf. Un mortier Américain ouvre le feu et après quelques minutes de résistance, les Allemands se replient vers le nord. En entrant dans Offendorf, la patrouille fut prise sous le feu des mitrailleuses venant du Steinwald. Le chef des FFI Schneider, accompagné des FFI Dirié et Gross, partent pour reconnaître la résistance en contournant le village pendant ce temps la patrouille s'enfonce dans le village l'ennemi cependant revient sur la route et coupe notre retraite.
En essayant de revenir sur Herlisheim, Schneider et ses deux camarades sont harcelés par le feu des mitrailleuses. Les FFI Schneider André et Dirié Albert sont blessés. L'accès de Herlisheim étant impossible, Gross René se replie vers Weyersheim en trainant les deux blessés. Ayant traversé la route de Herlisheim-Gambsheim au Nord du Steinwald, les trois FFI furent encore pris sous le feu de mitrailleuses venant de la forêt. Le FFI Dirié Albert fut blessé une deuxième fois. Le FFI Schneider André disparut. Le FFI Gross René réussit à rejoindre Herlisheim déjà occupé en majeure partie par l'ennemi."
René Bohn dont nous avons déjà cité les témoignages, parla à l'Obergefreiter Hans Winckelmann, qui faisait partie du bataillon Schmitt Winckelmann déclara que Dirié avait tiré sur les Allemands et que "sommé de se rendre, il s'était affairé auprès de son camarade blessé. L'Allemand s'est vanté d'avoir abattu Dirié d'un coup dans la tête".
Winckelmann fut capturé par les troupes Françaises lors des combats de Kilstett du 22 au 23 Janvier.
Joseph Georg faisait également partie des FFI de Herlisheim. Il raconte:
"Le 5 Janvier je me trouvais à mon poste sur la route d'Offendorf. Pendant que la patrouille de Schneider voulait délivrer Offendorf, nous avons pris la défense de notre village. Nous nous sommes défendus avec quelques Américains jusqu'à la dernière cartouche. En voyant que l'ennemi venait de tous les côtés, nous nous sommes retirés sur l'ordre des Américains dans les rues du village constatant que les soldats Allemands étaient à l'église, les Américains ont donné l'ordre "sauve qui peut". Nous avons trouvé refuge dans une grange et au bout de 4h de camouflage, nous avons emprunté des chemins détournés pour retrouver nos foyers. C'est là que les Allemands nous ont fait prisonniers et nous ont déportés le soir même."
Le cauchemar commença alors pour lui: Il subit 10 jours d'interrogatoires à Buhl, et surtout de menaces et de tortures pour le faire parler et trahir ses camarades FFI. Il résista aux douches froides puis chaudes, à la peur du revolver appliqué sur sa poitrine. Il fut finalement conduit dans un camp de concentration à Sulz A/Neckar. Il put s'en échapper le 16 Avril et accueillit avec joie les Troupes françaises le 19.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Dim Jan 08 2023, 07:55
Charles Lutz, incorporé de force et évadé de la Wehrmacht, également de Herlisheim, ne réussit pas à se replier avec la patrouille chargée de délivrer Offendorf. Mais il put "se glisser avec les civils qui furent emmenés de force en Allemagne dans la soirée du 5 Janvier". Il fut arrêté par la Gestapo le 15 et livré au SS fut interné dans une prison Militaire.
D'autre FFI, tels que Noé Charles et Weber Joseph, furent blessés et ne purent se replier. Ils se cachèrent afin de ne pas être capturés, tant était grande leur peur des représailles.
Secteur de Drusenheim-Rohrviller le 5 janvier.
A 15h30 on apprit par un prisonnier que 450 hommes avait débarqué au Sud de Drusenheim il semblait parfaitement au courant des dispositions des troupes Américaines à Herlisheim. La mission de son unité était de s'emparer de Drusenheim, Rohrwiller et Bischwiller. Une patrouille de la Cie G vit des chars près de Rohrwiller et reçut des tirs de mortiers. Selon elle, il y avait environ une Cie d'Allemands dans la localité. On vit aussi 37 Allemands établir des positions à l'Est du pont de la Breymül vers 17 h. Drusenheim fut bombardé au début de l'après-midi.
Les combats de Stattmatten: 5-6 Janvier.
Enfin, dans la soirée du 5 Janvier, une Cie d'ennemis avait attaqué Stattmatten par le Nord. Il s'agissait de la Cie 291 du Régiment Zeifang. Elle avait traversé la Rhin à l'aide de trois canots pneumatiques et des barques. Un bac avait été installé entre Sölingen et Fort Louis. Au début de la nuit, cette Cie s'était emparé d'une place-forte à l'ouest de la localité et, peu après elle encerclait la section de la Cie B/232 qui s'y trouvait. Le Commandant de la Cie fut séparé de ses hommes 12 Américains de la Cie B/232 furent capturés parmi eux se trouvait Théodore Harwey de New York. Les prisonniers révélèrent fort peu de choses à leurs interrogateurs. L'interrogatoire de Harwey se trouve dans les archives Allemandes.
Harwey expliqua que sa Cie devait défendre Stattmatten et qu'il savait seulement que les autres Compagnies se trouvaient plus au Sud. C'était la première fois que sa compagnie était engagée dans un combat. Auparavant, elle gardait les prisonniers et entretenait les routes. Harvey retraça brièvement l'arrivée en Europe de la 42° DIUS, sans donner de détails car il semblait se désintéresser de la guerre. Parmi les autres prisonniers se trouvaient 3 Sergent et un Caporal. Un des Sergent portait des nombreuses décorations gagnées lors des campagnes d'Afrique et d'Europe. La présence de ces gradés avait probablement contribué à faire respecter les consignes de silence par les simples soldats.
Outre les prisonniers, il y eu 40 blessés parmi les GIs les panzerfaust mirent hors d'action un char Américain. A 4h30 quatre volontaires Américains franchirent les lignes ennemies afin d'avertir le commandant du Bataillon, le Lt-Colonel Custer. Ils empruntèrent un véhicule civil à Sessenheim afin de se rendre à Schirrhoffen où ils rencontrèrent le Lt-Colonel Custer.
John McGovern, Cie B/232, se trouvait à Stattmatten au moment de l'attaque. La section lourde avait été placée près d'une maison située à l'extrémité Nord de la localité les mitrailleuses étaient 50 m devant la maison, dans un champ à découvert.
Il était impossible de creuser des trous dans le sol gelé et, en outre, le bruit retentissait dans l'air froid et pur de la nuit. Aussi les servants se rapprochèrent-ils de la maison. Une autre mitrailleuse fut déplacée près de la clôture de la cour arrière de cette maison. Bill Reeder en était responsable. A 23h l'ennemi s'en approcha:
"Ils avançaient en ligne et leurs silhouettes se détachaient sur le ciel éclairé par la lune. Ils marchaient à 2 m les uns des autres et la ligne s'étendait à l'infini dans les deux directions. Il y avait sans doute une quarantaine d'hommes (14 d'après le rapport de la 79° DIUS) les Allemands bavardaient à voix haute et ils semblaient se rendre à une fête plutôt qu'a une échauffourée."
Il y eut un échange de coups de feu. Puis le Capitaine donna l'ordre de cesser de tirer, mais il aurait été plus sage de continuer puisque les Allemands avançaient toujours.
"Nous entendîmes bientôt un bruit métallique comme les Allemands contournaient notre flanc gauche. Harry Bleil, notre Sergent-Chef partit rejoindre les autres mitrailleurs et les Lieutenants Clark et Champion allèrent dans la cour derrière la maison pour essayer de voir ce que les Allemands faisaient. Richard White, le messager du Lieutenant Champion, alla aussi à l'arrière de la maison. Quelques minutes plus tard, une mitrailleuse Allemande tira sur la gauche et Richard White, Bill Reeder et le Lieutenant Clark furent immédiatement tués. David Shaw, qui servait l'autre mitrailleuse, fut mortellement blessé. Harry Beil et le reste de l'escouade de Bill Reeder se hâtèrent de regagner le devant de la maison.
William Clarke reçut la "Silver Star" à titre posthume: "Sans tenir compte de sa sécurité personnelle il installa les mitrailleuses de sa compagnie dans des positions efficaces et il dirigea leur tir de façon à stopper l'attaque ennemie sur Sattmatten". Richard White eut la même récompense, également à titre posthume. Auparavant il avait fait preuve d'un grand courage en aidant le Lt Champion à faire sauter un pont sous le fau de l'ennemi. Il avait fallu s'y reprendre à deux fois pour placer les charges d'explosifs.
Il était impossible à John et aux autres de faire feu sur l'adversaire car un des leurs se trouvait dans la ligne de tir. Ils réussirent à récupérer leur mitrailleuse pendant une accalmie après ces échanges de coup de feu, l'artillerie Américaine fut dirigée contre les assaillants puis John fut envoyé à l'arrière de la maison pour faire le guet. On entendait les Allemands parler: Les voix venaient d'une cave toute proche. Puis les Américains placèrent leur mitrailleuse dans la rue. Weldon Randall était derrière eux à tirer des obus de mortier de 60 mm. Devant cette résistance, les Allemands abandonnèrent ce secteur et entrèrent dans Sattmatten par l'autre bout. John rentra la mitrailleuse dans la maison et la plaça au premier étage vers l'Est quand le jour se leva, ils virent quelques chose qui ressemblait à des têtes à une trentaine de mètres. En fait il s'agissait de choux ! Puis une patrouille Allemande de huit hommes arriva les Américains tirèrent et un Allemand fut tué. John découvrit alors que la maison voisine était aussi occupé par des homme de la Cie B et que ces deux maisons étaient les seules positions défendues.
Vers 8h, quatre chars légers et quelques fantassins conduit par le Lt-Colonel Custeret le Cne Houser (CIE B), outre une section de la troupe de reconnaissance de la 79° DIUS, attaquèrent Stattmatten par l'autre extrémité cette force fut évaluée à 200 hommes et 3 chars par les Allemands. Une centaine d'ennemis furent tués ou fait prisonniers l'un des chars fut endommagé par un bazooka et un pénible incident survint: un Officier Américain ordonna que tous les ennemis qui se trouvait dans la maison d'où était partis le coup de bazooka soient passés par les armes. John vit passer la charrette avec les corps que des civils emportaient pour les enterrer la contre-attaque dura une heure. A 9h30 le 6 Janvier Stattmatten avait été repris. Les pertes étaient les suivantes:4 morts, 6 blessée et 6 prisonniers pour la Cie B, et 30 morts et 66 prisonniers côté Allemand.
La Compagnie Hoppe.
Les Allemands appartenaient au Bataillon Hoppe. Ce Bataillon avait été organisé à la hâte, vers le 10-15 Décembre, avec des éléments variés provenant surtout du 5° Bataillon de transport et du 309° Bataillon d'Infanterie ces deux unités fournissaient du personnel de remplacement. Il s'agissait d'hommes d'un certain âge le Bataillon Hoppe faisait partie du Régiment Siefert ou Siefrank, sous le contrôle tactique de la 553°VGD. Ce Régiment comportait deux bataillons de semblable composition. Les Cinq Compagnies portaient le nom de leurs chefs: Lorentz, Menzel, Seifert, Wimmer (ces deux dernières n'ayant que la moitié de leurs effectifs) et Sturmlinger. Cette dernière Compagnie était composée de 55 membres du Volksturm.
Les hommes avaient traversé le Rhin le 5 Janvier dans l'après-midi entre Söllingen et Fort-Louis, avec deux mortiers de 80 servis par des membres du Volksturm qui n'avait que cinq jours d'entraînement. Leur mission était d'occuper Stattmatten qu'ils pensaient à peine défendu ils devaient se nourrir chez l'habitant avant de recevoir leurs rations. Les pertes avait été très lourdes: 23 prisonniers pour la Cie Lorentz, 6 pour la Cie Seifert, 8 pour la Cie Menzel, 6 pour la Cie Sturmliger et le même nombre pour la Cie Wimmer, ainsi que 19 pour le service de commandement du Bataillon Hoppe, sans compter les morts. Le Bataillon avait été désorganisé par la contre-attaque Américaine, d'autant plus que quatre ou cinq Officiers avaient été capturés dont le Commandant du Bataillon. Ce Commandant dit que 14 hommes de la Cie B/232 pris à Offendorf ou à Herlisheim, se trouvaient maintenant en Allemagne. Le Bataillon était désormais commandé par le Major Staldion les hommes s'étaient repliés en vue d'une nouvelle attaque sur Stattmatten et sur Rountzenheim. Un Peloton occupait Rountzenheim.
D'autres hommes de cette même unité avait été capturés à Auenheim ainsi qu'à Rountzenheim. Auenheim avait été occupé le 6 Janvier par une patrouille de la Cie Lorentz cette unité venait d'entrer dans Fort-Louis. Le maire de cette localité révéla qu'Auenheim avait été abandonné par les Américains.la Localité fut libérée le jour même par la Cie C/232 (150 hommes et 4 chars, dirent les prisonniers Allemands).
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Dim Jan 08 2023, 08:17
Le secteur de Sessenheim
Sessenheim fut également libéré par les troupes de reconnaissance de la 79° DIUS et la Compagnie B/232. Les défenses de Sessenheim furent établies: quelques hommes de la compagnie B/232 gardaient la localité, pendant que les autres, plus nombreux, avaient établi un périmètre de défense tout autour du village. Les canons antichars gardaient les abords de la ville au Nord et à l'Est. Les mitrailleuses couvraient le front tout entier. Des patrouilles établissaient le contact avec la Compagnie K/232 sur la droite, dans le bois de Sessenheim. Mais une faute fut commise: comme il faisait très froid, les hommes s'installèrent dans les maisons au lieu de creuser un trou. John McGovern se trouvait dans une maison à l'Est de la voie ferrée qui va de Sessenheim à Dengolsheim. Il gardait un canon antichars dirigé vers le Sud ce canon couvrait un champ et la route au Nord-Ouest de Dengolsheim. Dans cette maison on trouvait encore la section lourde, la section antichars et plusieurs soldats. Cinq hommes gardaient les avant-postes à Stattmatten et à Dengolsheim.
6 Janvier: première tentative pour reprendre Herlisheim.
Que se passait-il à Rohrwiller et Drusenheim? Les 2° et 3° Bataillons du 314° RI (79°DIUS) avaient occupé Bischwiller dans l'après-midi du 5 Janvier avant d'attaquer Rohrwiller le 6. Cette localité constituait un point stratégique important, puisqu'elle se trouvait sur le passage des forces ennemies venues de Drusenheim ou de Herlisheim. La nuit du 5 au 6 fut assez calme. Quelques obus tombèrent sur Bischwiller et les Américains avaient constaté la présence ennemie dans Rohrwiller.
Un brouillard épais recouvrait la région lorsque le 2° Bataillon, 314° RI, s'élança à 8h30, accompagné par cinq chars de la Compagnie B 47° TkBN. La Compagnie E était en tête avec les chars, elle était suivie par la Compagnie G sur la droite et la Compagnie F sur la gauche. L'effet de surprise joua et Rohrwiller tomba vers 10h. Le 2° Bataillon fit plus de 50 prisonniers. Pendant ce temps la Compagnie G nettoyait les bois de Drusenheim. Puis le 3° Bataillon occupa les positions du 2° à Rohrwiller pendant que ce dernier reprenait l'attaque, en direction de Drusenheim cette fois.
Vers 14h la Compagnie G, à bord des chars, pénétra dans la partie Nord-ouest de Drusenheim et elle établit le contact avec les éléments de la compagnie A, 232° RI installés dans la partie Nord. La résistance Allemande y fut légère. Puis la Compagnie G franchit la Moder avec deux chars. Lorsque la Compagnie F voulut traverser à son tour, mais à pied, l'artillerie Allemande se déchaîna. Puis celle-ci cessa et la Compagnie F put rejoindre la Compagnie G qui avait achevé de nettoyer la partie Sud de la ville. Trois autres chars traversèrent la Moder. Le pont s'écroula lorsque le dernier passa. Il était désormais impossible d'amener des renforts motorisés de l'autre côté de la Moder. Il fut cependant décidé de poursuivre l'attaque sur Herlisheim.
La tâche de libérer Herlisheim fut donnée aux Compagnie F et G, F se trouvait en tête avec les cinq chars. Drusenheim devait être occupé par les Compagnies E et H. La Compagnie F quitta Drusenheim vers 16h30 avec une section de la Compagnie G. Les hommes marchaient entre la Moder et la route. Ils essuyèrent quelques tirs d'artillerie en sortant de la localité. Leur premier objectif était la filature située près de la Moder, à environ 1 Km au S-O de Drusenheim. Mais leur progression fut ralentie par la résistance ennemie. Les Allemands cachés le long de la route et dans les champs, firent feu avec des fusils, des mitraillettes et des bazookas. Les obus Allemands de 20 mm rebondirent sur les chars sans causer le moindre dommage. Il faisait nuit lorsque les GIs arrivèrent à l'usine. Celle-ci était une place forte Allemande et les abords en étaient piégés et dynamités. Après une courte lutte, l'ennemi succomba à la puissance combinée des chars, des grenades et des fusils.
Quelques prisonniers de plus furent pris. La Compagnie F avait capturé en tout 2 Officiers et 51 hommes de troupe, pour la plupart appartenant à la 3° Compagnie du VII Bataillon E/V. Le PC de cette Compagnie se trouvait dans la filature. Il ne restait plus que 36 hommes sur 100 à cette Compagnie après les combats de Drusenheim. Les deux autres Compagnies de ce Bataillon avaient également beaucoup souffert: la 1° Compagnie, qui occupait la partie Est de Drusenheim, ne comportait plus que 58 hommes et la 2° Compagnie au Nord plus que 50 hommes.
On compta de nombreuses victimes chez les Américains, car les Allemands avaient lancé des grenades à main par les fenêtres du premier étage de l'usine. Pensant que les grenades étaient piégées, le Commandant de la Compagnie F, le Lt Pence, ordonna aux prisonniers d'entrer dans l'usine avec les GIs afin d'aider au transport des blessés que l'on descendit dans la cave. Ceux-ci furent soignés par un médecin Américain assisté d'un confrère Allemand.
La nuit était tombée et il était certain que la résistance allait s'intensifier aux abords de Herlisheim. Par conséquent la compagnie F s'installa dans l'usine dont les approches étaient défendues par les cinq chars, la Compagnie E établit ses positions le long de la voie ferrée près du Barrwald, la Compagnie G resta dans la partie Sud de Drusenheim avec la Compagnie H. Le 3°Bataillon du 314° RI, se trouvait à Rohrwiller avec des avant-postes dans le Barrwald. Les neuf blessés les plus graves furent évacués de l'usine par des prisonniers au cours de la nuit. Rohrwiller avait subi un bombardement intense dans l'après-midi. Le pont de Drusenheim fut réparé en dépit des tirs de mortiers et d'obus.
Bilan des opérations au soir du 6 Janvier.
Le 6 Janvier au soir, donc, on pouvait considérer que la tête de pont de Gambsheim était bien organisée. Elle s'étendait vers le Nord jusqu'à Fort Louis. Venaient ensuite quelques petites localités faiblement défendue par les Américains mais ce territoire était menacé par la tête de pont de Seltz. Le VIe Corps connaissait en outre des moments difficiles dans les Vosges. Des combats très âpres se déroulaient à Philippsbourg, Rothbach, Reipertswiller, Wimmenau et Wingen. On se souvient que Devers devait faire reculer son armée sur la Moder en cas de danger. Or la menace était réelle. De Lattre inquiet pour son flanc gauche, rendit visite à Devers, homme "rude au cœur sensible". Ce dernier le rassura: il défendrait les positions de la ligne Maginot. D'ailleurs la situation, sans être brillante, s'améliorait pour lui et les Allemands s'enlisaient dans les montagnes.
Philippsbourg en 1945.... En arrière plan les destructions et le clocher démoli
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Dim Jan 08 2023, 08:50
Le XXXIXe panzer Korps dans le secteur de Wissembourg
C'est pourquoi le Groupe d'Armées G porta l'effort principal sur le secteur de Seltz: Wissembourg avec le XXXIXe Panzer Korps dès le 7 Janvier. Le transfert des troupes avait débuté le 5. Le 21e PD et l25e PD furent envoyées dans ce secteur, mal défendu par la 245e ID et le groupe Raessler, unité qui était basée dans les casemates de la ligne Siegfried et qui était responsable du secteur Rhin-Schoenau depuis le 28 Décembre. La 21e PD attaque les positions de la ligne Maginot tenues par les Américains dans le secteur d'Aschbach-Stundwiller-Ingolsheim.la 25e PGD devait exploiter la percée devant la résistance des Américains, l'effort allait être déplacé vers Niederroedern-Seltz et la bataille de Hatten-Rittershoffen allait durer jusqu'au 20 janvier.
Simultanément, la 19e armée lança l’opération Tauziehen à partir de la tête de pont de Colmar en direction d'Erstein les forces ennemies parvinrent à 10 Km au Sud de Strasbourg. Les projets initiaux de l'opération Nordwind venaient d'être modifiés en fonction des mauvais résultats obtenus dans les Vosges: au Nord, la 1ère Armée Allemande lançait une attaque dans la direction Wissembourg-Molsheim elle opérait une jonction avec les forces contenues dans la tête de pont de Gambsheim ainsi qu'avec celles de la 19° Armées. Puis ces armées devaient s'emparer de Strasbourg. La gloire en reviendrait au Général Von Maur, commandant le groupe d'Armées Oberrhein, homme de confiance de Himmler.
Il convenait donc de "défendre à tout prix Strasbourg", de "répondre à l'agressivité de l'ennemi par une agressivité semblable" et de "tenir à tout prix partout, de reprendre résolument l'initiative sur l'ensemble du front, d'être prêt à déclencher, au premier signe l'offensive générale". Telles étaient les instructions données par De Lattre dans l'ordre d'opérations N° 221 du 8 Janvier. Le Général avait en face de lui un ennemi déterminé. Le Führer réitéra ses ordres à deux reprises, les 8 et 9 Janvier: l'objectif restait la destruction des forces ennemies entre les Vosges et le Rhin.
En conséquence de ce mouvement de tenaille contre Strasbourg, l'ennemi se livra à une intense activité de patrouille Le 7 Janvier. Certaines, en conjonction avec l'attaque prévue dans l'Est de l'outre-forêt, partirent de Seltz en direction de Beinheim, Kesseldorf et Niederroedern. D'autres allèrent de Fort Louis vers Roeschwoog, Auenheim et Stattmatten désormais tenu par les Américains. Les Américains, de leur côté attaquèrent la tête de pont de Fort Louis. Les Allemands perdirent, puis reprirent le pont sur la Moder. Une centaine d'avions bombardèrent Rastatt en causant des dégâts important aux habitations autour de la gare, mais sans toucher les installations ferroviaires.
Dans le secteur de Drusenheim,le 7 Janvier au matin, un barrage d'artillerie ennemie intense qui dura plus d'une heure accueillit le 2e bataillon du 314e RI. Puis un Bataillon ennemi (entre 200 et 300 hommes) avec l'appui de 14 chars tenta de reprendre la filature de Drusenheim le terrain était favorable à l'ennemi qui se servait des bouquets d'arbres, des fossés et des remblais de la voie ferrée et de la route pour se dissimuler. La première attaque vint du sud-ouest, de la direction de Herrlisheim la Compagnie F la repoussa mais perdit deux chars les Américains avaient utilisé toutes leurs munitions, celles des blessés et même celle des prisonniers, mais il leur avait été impossible d'arrêter l'ennemi qui arrivait par vagues successives. Se rendant compte que la position devenait intenable, le Colonel Huff, commandant le 314e RI, ordonna aux hommes de regagner Drusenheim.
L'ennemi se replia vers le sud, puis sous couvert du remblai, il se dirigea vers l'Est, puis vers le Nord-Est, en direction de Drusenheim gardé par la Compagnie G. Afin d'assister le 2° Bataillon dans sa défense de Drusenheim, le 3° Bataillon, à Rohrwiller, détacha la Compagnie I dont la mission était d'aider la Compagnie G dans la partie sud de Drusenheim. Mais il lui fut impossible de traverser la Moder qui avait alors 20 à 22 m de large, 2 m de profondeur, et dont le courant était particulièrement rapide. Il fut alors ordonné à la Compagnie E de quitter le Barrwald pour gagner la localité, tandis que la Compagnie F partirait de l'usine pour retourner à Drusenheim en suivant le même chemin que la veille.
La Compagnie E effectua le mouvement sans incident, mais la Compagnie F ne put quitter l'usine parce qu'elle se trouvait sous le tir direct des Allemands retranchés derrière le remblai. Elle dut alors laisser un avant-poste à l'usine et traverser la Moder à gué afin d'occuper les anciennes positions de la Compagnie E dans le Barrwald. Les trois chars qui restaient tentèrent de regagner Drusenheim et de traverser le pont mais l'un s'embourba sur la rive et les deux autres furent touchés avant de pourvoir franchir le pont. La plupart des membres de l'équipage s'en sortirent toutefois sain et saufs. Cette opération des 6 et 7 janvier avait couté à la Compagnie F 35 blessés et 8 disparus.
La Compagnie G décida alors de se retrancher dans la partie Nord de Drusenheim où se trouvait déjà la Compagnie E. Le soir venu, les Compagnies I et F occupaient le Barrwald, tandis que L et K étaient à Rohrwiller. Les hommes allaient rester dans les mêmes positions les douze jours suivants. Dans son attaque sur Drusenheim et sur l'usine, l'ennemi avait perdu un certain nombre d'hommes et six chars. En particulier on comptait 48 hommes appartenant au VII Bn E/V ainsi que 9 hommes de la 1° Cie, 405e ATBn. Ce bataillon faisait partie de la 405e Division et avait été attaché au VII BnE/V. D'après les prisonniers, la 1ère compagnie était composée de 120 hommes armés de 54 bazookas. Un des prisonniers pensait que trois automoteurs de 75 mm se trouvaient dans les environs de Drusenheim. Toutefois il ne les avait pas vus. Deux prisonniers venaient du 1127e bataillon d'Artillerie de Forteresse. Ce Bataillon comprenait 85 hommes et possédait quatre obusiers russes de 220 mm. On l'appelait également Einheit Bising. Les deux prisonniers avaient été envoyés sur la rive occidentale du Rhin afin d'établir un avant-poste dans la filature.
11 Janvier-Première tentatives de la 12 e division Blindée US pour reprendre Herlisheim.
Le 8 Janvier, on sut que le 2° bataillon 314e RI, ne pourrait traverser la Moder. C'était donc au tour du 3e Bataillon, à Rohrwiller, d'attaquer. La Compagnie L, avec la Compagnie K sur sa gauche, devait établir une tête de pont à la Breymühl. Le pont sur la Moder au S.E. de Rohrwiller avait été réparé la nuit précédente afin de laisser passer les chars. Lorsque le pont de la Breymühl aurait été réparé, les éléments de la 12e DBUS attaqueraient Herlisheim par le Nord. Pendant ce temps, la Compagnie I traverserait la Moder et se dirigerait vers Drusenheim au secours du 2e Bataillon. Dans le calme nocturne, on avait pu entendre circuler de nombreux véhicules. Selon les estimations, il y avait au moins six chars ennemis en face de la Compagnie I et autant près de la filature.
L'attaque, commencée vers 10h, se heurta à un tel barrage d'artillerie que la Compagnie K ne put quitter Rohrwiller. La Compagnie I ne réussit même pas à atteindre la Moder. Elle resta dans la partie S.O. du Barrwald. Le barrage d'artillerie fut suivi par une contre-attaque ennemie venant de Herrlisheim et dirigée sur Rohrwiller les Compagnies I et K passèrent la journée à tenter d'empêcher les Allemands de traverser la Moder. Seule la Compagnie L établit la tête de pont à la Breymühl. Les hommes se réfugièrent dans les bâtiments en ruines où ils devaient rester encore dix jours.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Lun Jan 09 2023, 08:57
La 12e DBUS, les "Hellcats" (chats de l'enfer) entra alors en action. Arrivés en Angleterre en Septembre 44, les hommes avaient combattu dans le région de Lunéville puis Bitche en Décembre, s'emparant de Singling, Bining, Rohrbach, Bettwiller.... En réserve fin Décembre, ils se préparaient à lancer une offensive dans la région de Drulingen lorsque l'établissement de la tête de pont Allemande changea leur destin. Ils gagnèrent Hochfelden le 6 Janvier pour tenter de reprendre Herlisheim du 8 au 11 Janvier. L'opération fut menée par Combat Command B (CCB) sous le contrôle de la 79e DIUS.
CCB se composait de deux bataillons, le 56e AIBn (Infanterie blindée) et le 714e TkBn (Bataillon de chars) déployés en deux Task-Forces:TF Rammer: le 56e AIBn, C CO,+B/714
TF Power/le 714 TkBn,B Co, +C/56
Avec l'appui du 494e Armored FA Bn (l'artillerie de campagne) avec ses 18 obusiers autotractés de 105 mm déployés à l'Est de Bischwiller, et du 119e Engineer Bn (Génie), dont la mission était d'enlever les mines et de réparer les ponts. On remarquait également la présence de chars appartenant à la 14e Division Blindée (47e TkBn).
Ces unités étaient bien armées: trois obusiers de 75 mm étaient déployés à la lisière N.O. du bois de Drusenheim. Au S.O. de Rohrwiller se trouvaient trois mortiers de 81 mm. Le 714e TkBn possédait de nombreux canons de 75 et 76 mm. Seule la compagnie B/56 était en sous-nombre, avec 155 hommes les autres Compagnies comprenaient 190 à 245 hommes, soit au total plus de 1000 soldats qui pensaient s'opposer à 800 hommes au plus, selon les données du service de renseignement.
Ils devaient apprendre plus tard qu'il s'agissait de la 553e VGD qui venait d'être reconstituée, sous les ordres du général des Waffen SS Von dem Bach-Zelewski (XIVe SS Corps). Elle comprenait des survivants de l'ancienne 553e Division anéantie au col de Saverne, ainsi que diverses unités hétéroclites, composées d'hommes d'un certain âge, enrôlés à la hâte. Von dem Bach-Zelewski avait ratissé tout le pays de bade pout rassembler ces éléments, enrôlant également les membres du Volkssturm. Il parvint ainsi à mettre sur pied une armée de 12 000 hommes, dont il perdit un certain nombre lors des opérations de novembre décembre. Le secteur d'Offendorf-Herlisheim-Gambsheim avait été choisi parce que les troupes avaient pu se cacher dans la forêt sur la rive droite du Rhin sans être repérées. D'ailleurs, les Allemands purent en toute impunité continuer à envoyer des patrouilles sur la rive gauche du fleuve tant était grande l'insouciance, ou l'inexpérience, des sentinelles, tant Françaises qu’Américaines. En outre la rive gauche avec ses multiples canaux et cours d'eaux, était peu favorable aux chars. Le franchissement du Rhin par pont Flottants et de bacs s'effectua de nuit. L'attaque principale, menée par le Capitaine Von Lüttichau contre Herlisheim, Offendorf, Gambsheim, s'accompagnait d'une attaque secondaire contre Beinheim, Neuhauesel, Stattmatten et Fort-Louis dirigée par le Colonel Von Witzleben.
La mission de CCB était de s'emparer de Herlisheim par le Nord et d'opérer une jonction avec la 3e DIA chargée de prendre Gambsheim par le Sud, tandis que la 79e DIUS attaquait Drusenheim Herlisheim occupé par le 1°Bataillon, 1119e RI, 553e VGD (300 hommes), se serait trouvé pris dans un mouvement de tenailles mais la 79r DIUS échoua dans sa mission, et la 3e DIA, après avoir atteint Bettenhoffen, dut se replier vers Kilstett, ayant perdu 71 hommes ainsi que de nombreux chars.
Le 8 Janvier au petit matin, TF Rammer quitta Kurtzenhouse pour Bischwiller. Là TF Power, venue de Weyersheim, passa en tête les troupes se dirigèrent sur Rohrwiller. En tête du convoi se trouvaient les 17 chars M4A3 de la Compagnie C/714. L'un des chars était réservé au Capitaine Clayton cinq des chars possédait des canons de 75 mm les chars suivirent d'abord la route pendant un Km avant de se déployer dans les champs à l'Ouest de Rohrwiller.
Derrière venaient les 17 chars moyen et le canon d'assaut de 105 mm de la Compagnie A/714. six chars possédaient des canons de 76 mm, les onze autres étaient armés de canons de 75 mm. Ils se placèrent d'abord de façon à protéger la partie nord de Rohrwiller, puis ils prirent position afin de tirer sur Herlisheim. Les cinq chars légers M5A1 de D/714 devaient servir à l'évacuation des victimes. Ils restèrent à Bischwiller, prêt à intervenir. La Compagnie C/56 comportait 245 hommes et six Officiers. Son rôle était de protéger le flanc Est du 56e Bataillon. Une fois Herlisheim pris, la compagnie C devait marcher sur Offendorf et opérer la jonction avec les forces française. Les Halftracks furent laissés à Weyersheim et les hommes montèrent à bord des chars A et C/714.
TF Rammer suivait TF Power la Compagnie B/56 se trouvait en tête, avec ses 20 Halftracks, devant la section des mitrailleuses lourdes (28 hommes), les hommes atteignirent la partie occidentale de Rohrwiller vers 11h. Ils établirent leurs positions sous les tirs des mortiers. Suivaient les Compagnies A/56 et B/714. Cette dernière possédait 17 Chars moyen M4A3, dont un pour l'officier commandant la compagnie, le Capitaine Jammes Leehman , et un pour l'officier commandant le bataillon, le Lt-Colonel William J.Phelan. Il semble que le capitaine Leehman n'ait eu qu'une idée assez vague du rôle qu'il devait jouer dans cette bataille.
A l'arrière on trouvait la section des mortiers: 25 hommes avec trois mortiers de 81 mm montés sur des halftracks M21, suivie par les canons d'assaut: 26 hommes et trois obusiers de 75 mm. Les mortiers furent placés à l'extrémités Sud-Ouest de Rohrwiller tandis que les obusiers prenaient position à la lisière nord-ouest du bois de Drusenheim. Ils ajustèrent leur tir en visant l'église de Herlisheim, la partir nord de la localité et le pont sur la Zorn. Un tel déploiement de force était fort impressionnant et l'on comprend d'autant moins l'échec de l'opération.
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Sujet: Re: Opération NORWIND.... Lun Jan 09 2023, 09:34
L'attaque avait été prévue pour 10h. En fait elle démarra avec du retard. La ligne de départ se trouvait à l'Ouest de Rohrwiller. Il convenait d'abord de s'assurer si les ponts de la Breymühl étaient intacts. La mission de vérifier l'état des ponts fut confiée à la 2° Section de la Compagnie C/56, placée sous le commandement du 2° lieutenant Wallace A.Russell, soutenue par deux chars de C/714. Les hommes franchirent le premier pont sur la Moder dès que celui-ci fut réparé, vers 10h20. Le deuxième pont était intact. Il en était de même en ce qui concernait le pont sur la Zorn. Le Lt Russell en conclut, un peu hâtivement, que le second pont de la Breymühl était également intact et il ordonna au reste de la compagnie C/56 d'avancer avec les chars de C/714 ce n'est qu'après 11 h qu'il se rendit compte du mauvais état de ce pont qui ne put être réparé que dans l'après-midi du 9, grâce au courage du Génie qui travailla sans relâche sous les tirs Allemands. Les blindés ne pourraient donc suivre les fantassins sur la route. Il convenait de changer le plan initial. Le Capitaine David Fairbairn, commandant la Compagnie C/56,chrcha, avec l'aide du gardien de la Breymühl, un endroit où les chars puissent franchir la Zorn. Le gardien lui dit que le niveau de la rivière pourrait être abaissé d'un mètre au confluant de la Zorn et de la Moder. Malheureusement, lorsqu'il tourna la roue située au premier pont de la Breymühl, le niveau ne descendit pas de façon significative. Entretemps, Fairbairn avait fait venir deux chars de C/714. L'un des chars fut placé dans l'allée entre les deux bâtiments de la Breymühl. Il put tirer sur les ennemis retranchés dans les trous à 100 m à peine des bâtiments, derrière les bosquets d'arbres et près du confluent. Après un quart d'heure sept Allemands avaient été tués et six fait prisonniers. L'autre char fut placé près du premier pont de la Breymühl et son canon fut dirigé vers les bois de Drusenheim. L'ennemi se montra actif en cette première journée des combats. Le Lt Russell demanda à cinq volontaires de l'accompagner pour aller faire des prisonniers dans les lignes ennemies. Couverts par des tireurs postés aux fenêtres, ils avancèrent en criant "Heraus". Russell fit feu et six Allemands se rendirent aussitôt. Alors que les Américains conduisaient leurs prisonniers vers la Breymühl, l'ennemi tira avec des fusils et des mitrailleuses. Deux soldats furent tués sur le coup tandis que le Sergent Rawlings était gravement blessé. Le reste du groupe se hâta de regagner la protection du mur de pierres. Seuls les prisonniers et Russell réussirent à se mettre à l'abri. Un soldat Américains tomba, atteint à la jambe. Il fut criblé de balles. Un autre fut touché au ventre et il mourut un peu plus tard. Deux soldats américains tentèrent alors de braver le feu ennemi pour aller porter secours aux blessés. Ils furent également touchés. Le Capitaine Fairbairn s'exposa à son tour, pour subir le même sort. L'opération avait fait quatre morts et quatre blessés parmi les Américains. Des tirs d'artillerie et de mortiers tombèrent sur les chars disposés dans les champs à l'ouest des bâtiments de la Breymühl. Il y eut six blessés parmi l'équipage de mortiers C/56. Le plan d'attaque de Herrlisheim dut être revu: le 56 AIBn attaquerait seul en partant de la Breymühl tandis que les Compagnie A et C/714 devaient prendre position à l'Ouest de la Zorn, A au nord de Herrlisheim et C à l'Ouest. Les quatre canons d'assaut de 105 mm du 714° bataillon participaient à l'attaque. Ils devaient viser le centre de Herrlisheim, tandis que les canons de la compagnie A visaient le nord et Nord-est de la localité. Les canons tirèrent de façon de plus en plus intermittente car le stock de munitions s'épuisait rapidement.170 projectiles à haut pourvoir explosif et 6500 de calibre 30 tombèrent sur Herrlisheim. La Compagnie B/714 devait suivre les fantassins des Compagnies A et B/56 jusqu'à la Breymühl, puis s'établir au Sud de la Breymühl, sur la rive gauche de la Zorn. Les fantassins ne pourraient traverser la Zorn qu'en passant par les bâtiments, puisque le pont n'avait pas encore été réparé. Le plan initial prévoyait que la Compagnie B/56 soit déployée entre le voie ferrée et le Kleinbach tandis que la Compagnie A se trouverait entre le Kleinbach et la Zorn. Mais les chars ne pouvaient donner leur support aux fantassins tant que le pont n'était pas réparer. Il fut décidé que les deux compagnies évolueraient donc entre la Zorn et le Kleinbach. La 3° Section de la Compagnie C devait relever les hommes de Russell qui tenaient la Breymühl depuis le matin. Il fut difficile d'éviter le déluge de projectiles qui s'abattaient sur les ponts.
8 Janvier: Attaque du 56° AIBn
B/56 se trouvait en tête. Les hommes quittèrent Rohrwiller en colonnes, de chaque côté de la route, les sections étaient à 50 m les unes des autres, elles subirent de lourdes pertes en franchissant le second pont sur la Moder. Mais à 15 h les hommes traversaient la Zorn et pénétraient dans le premier bâtiment où régnait la plus grande confusion. La nuit tombait, le bâtiment était plein de soldats qui tiraient par les fenêtres. Il s'agissait des hommes de la compagnie L, 314° RI, 79° DIUS, ainsi que de la seconde section de la compagnie C,56° AIBn. Ignorant la situation les hommes de la Compagnie B se mêlèrent aux autres au lieu de continuer leur progression. Un certain temps fut nécessaire pour les rassembler. Les obus de mortiers ennemis de 120 mm tombaient en grand nombre. L'officier commandant B/56 fut blessé et dut être remplacé. Les hommes finirent par traverser la route pour arriver dans une grange de l'autre côté. Puis ils se dirigèrent vers le Kleinbach qu'ils longèrent un moment avant de s'arrêter afin de permettre à la Compagnie A/56 de les rejoindre. La section des mitrailleuses suivit presque immédiatement. Les hommes franchirent le pont un par un afin d'éviter les projectiles. Lorsqu'ils arrivèrent à la Breymühl, les tirs avaient cessé et les hommes traversèrent les bâtiments sans encombre. Puis ils rejoignirent la Compagnie B/56. Le brouillard tombait. Les quatre mitrailleuses furent placées de façon à prendre l'ennemi sous un tir croisé, si celui-ci traversait le Kleinbach. La Compagnie A, qui suivait B, subit également des pertes. Elle avait quitté Rohrwiller vers 15 h 00 Les Allemands continuaient à bombarder les ponts, mais de façon irrégulière, si bien qu'il était difficile d'éviter les projectiles. La Compagnie A déplora la mort d'un homme, tandis que plusieurs autres étaient blessés. Puis elle subit des nouveaux tirs en approchant de la Breymühl. Ce n'est que vers 22 h que les hommes gagnèrent les positions qui leur avaient été assignées. Une section fut déployée le long de la route vers Herrlisheim, au Sud de la Breymühl tandis que les deux autres sections s'installèrent dans une maison privée, en face des bâtiments de la Breymühl. Les hommes se mirent à creuser des abris dans une terre gelée, couverte de neige, par un froid glacial. Ils furent interrompus dans leur tâche par un groupe de trente Allemands qui se dirigèrent vers eux, inconscient du danger. Leurs silhouettes se découpaient sur le ciel, illuminées par les flammes des maisons en feu près de Herrlisheim. Ils parlaient fort, fumaient, se déplaçaient le fusil sur l'épaule. Les Américains cessèrent de creuser et attendirent. Un des Allemands sembla prendre conscience du danger et il s'apprêta à poser la caisse de munitions qu'il transportait par terre. Alors les Américains firent feu avec leur fusils et leurs mitrailleuses légères. Les allemands furent pris par surprise et n'eurent pas le temps de tirer un seul coup. L'escarmouche dura cinq minutes seulement: on releva douze corps Allemands le lendemain matin les autres avaient réussi à s'enfuir. Peu après minuit, dans la nuit du 8 au 9, l'ordre parvint aux hommes de la B/56 ainsi qu'à la 2° section d’A/56 de regagner la Breymühl où s'entassèrent alors quatre compagnies de la 12° DBUS ainsi que la compagnie L/314! A 3h30 l'enfer se déchaîna. Le silence de la nuit fut brisé par le bruit des chars dans le lointain. Des obus de mortiers tombèrent dans la cour. L'ennemi s'infiltra. Des Allemands traversèrent le verger et s'approchèrent des bâtiments. Ils lancèrent des grenades par-dessus le mur de la cour. Les Américains firent de même et firent quelques prisonniers parmi ceux qui s'étaient approchés de trop près. D'autres allemands avaient réussi à gagner la grange, d'où ils faisaient feu sur la cour de l'autre côté de la route. Une mitrailleuse Américaine fut alors placée entre les deux bâtiments. Elle tira le long de la route pendant vingt minutes, jusqu'à ce qu'un char ennemi l'obligeât à se déplacer. A ce moment, deux chars Allemands s'approchèrent des bâtiments. Ils visèrent le bâtiment au-dessus de la Zorn, mais le mur de pierres, haut de plus de deux mètres, les empêcha d'atteindre leur but. L'un des deux chars réussit à s'approcher tout près de la cour et à endommager le mur d'enceinte trois Américains durent réparer le mur afin d'empêcher toute infiltration ennemie. Puis ils placèrent une mitrailleuse légère tout près et firent feu sur des ombres qui s'agitaient aux abords de la grange. Les Allemands visèrent aussi le pont que les hommes du génie (40e Engineer Combat Regiment) tentaient de réparer. C'est alors que le soldat Robert L.Scott, de la section des mitrailleuses, se porta volontaire pour aller détruire le char avec un bazooka. Il alla jusqu'à la porte de la cour et il se trouva ainsi "nez à nez" avec le char le silence régnait mais le coup ne partit pas. Le déclic fit un bruit terrible sans se laisser démonter, Scott retourna dans le bâtiment chercher un autre bazooka. Il ressortit, tira et toucha le char ennemi. Par miracle Scott fut seulement légèrement blessé alors qu'il retraversait la cour. Peu après le deuxième blindé ennemi vint remorquer le char endommagé jusqu'à Herrlisheim. C'était maintenant cinq heures du matin et on entendait les Allemands parler, toujours plus nombreux. Il était impossible aux Américains de quitter le couvert des bâtiments car les grenades pleuvaient dans la cour. Pendant toute la nuit, trois chars de la Compagnie D/714 évacuèrent les blessés sur Rorhwiller, empruntant la route menant de la Breymühl à Rorhwiller. Cette route fut surnommée "purple Heart" du nom de la décoration attribuée aux blessés ou (coeur pourpre symbolisant la blessure). Ils effectuèrent environ dix voyages. On ne pouvait charger qu'un seul char à la fois car l'opération s'effectuait dans l'allée entre les deux bâtiments. Les deux autres chars devaient attendre de l'autre côté du pont. Les chars emportaient au moins quatre blessés à chaque voyage. Certains étaient étendus à découvert sur le char, exposés aux éclats d'obus. Par miracle personne ne fut atteint mais, toute la nuit, la route fut exposée aux tirs ennemis. IL convient de rendre hommage à tous ceux qui ne ménagèrent pas leur peine pour évacuer les blessés tout au long de cette opération, travaillant dans des conditions extrêmement difficiles, à la limite des forces humaines parfois.