Leurs amis " les soviétiques"

Bonjour,        

Je ne peux pas vous priver de cette anecdote survenue à BONE fin 1962 ou plutôt début 1963.

Toujours patron des écoutes sur les réseaux fellouzes, je reçois un coup de fil de 2éme bureau de la 2éme DIM me convoquant d'urgence.

Je saute dans la jeep et 10 minutes plus tard, je suis devant le patron qui me résume la situation.

Demain, arrive un cargo ayant à son bord 3 chars T 34 en provenance de l'EGYPTE. Ils sont équipés d'un système de déminage par chaînes et nous allons les transporter à la frontière algéro tunisienne où nous avions poser quelques mines.....

Nous voulons savoir si ces chars sont équipés de radios et vous allez vous déguiser en sous officier du génie et participer à la manoeuvre de transfert de ces blindés sur les porte chars fournis cette Arme.

Bien que je n'avais pas d'ordres à recevoir de la 2éme DIM, j'accepte volontiers et je change de béret pour faire "vrai".

Effectivement, le jour dit, un vieux cargo était ancré dans le port de BONE et les trois chars brillants comme des sous neufs étaient sur le pont.

La manoeuvre de déchargement s'opère devant des officiers français et de l'ALN fiers comme des paons !

Nos porte chars, des "PACIFIC", je crois, attendaient sagement avec leurs remorques le moment de rejoindre LA CALLE distant d'une centaine de kilomètres.

Je profite des manoeuvres pour grimper sur un char qui avait la tourelle ouverte et je vois aucune radio.

Un officier de cette brillante ALN s'approche de moi et me dit: vous voyez, nos amis russes, ils nous font cadeau de 3 chars neufs pour déminer la frontière.

Je regarde cet officier tout pimpant avec ses RAYBAN et son poignard pendant à la ceinture et je lui réponds:
Vous pouvez me prêter votre poignard ?  Sans chercher à comprendre, il me le tend et je commence à gratter la peinture d'un char ; il y avait au moins 3 ou 4 couches de peinture !

Votre char doit arriver de COREE ! lui dis-je ! il m' a regardé furieux et a remis le poignard dans son fourreau puis il s'éloigne rejoindre ses acolytes admiratifs.

Quant à moi, avec mon mauvais esprit qui me caractérise, je priais le seigneur que les chars ne démarrent pas afin que ces rigolos soient encore davantage vexés et je n'étais pas le seul à penser ainsi !

Un soldat fellouze grimpe à bord du premier char..... actionne le démarreur ... rien, nada ! en rade le T 34 !

Sourires de rigueur chez nous, par contre chez eux, sales g.....

Pas grave, le brillant tankiste formé sans doute en Libye ou en Egypte grimpe sur le second char T 34 sous nos yeux qui en disaient longs ( je vous laisse deviner ) et ceux des fells ( je vous laisse deviner aussi).

Dans un nuage de fumée, le char démarre et avance lentement vers la remorque attelée au PACIFIC.

Sainte Barbe ou Saint Gabriel étant de notre côté, le T 34 rend l'âme au pied des deux rampes d'accès de la remorque qui ne voulait sans doute pas d'un engin de l'ALN !

Je ne saurais plus vous décrire l'ambiance d'autant que les deux chars doivent y être toujours !

Restait le troisième et dernier don de l'Union Soviétique aux héroïques soldats de l'ALN planqués en Tunisie.

Ce ..... sacré T34 a démarré et a été hissé sur le porte char.

Nous voilà partis vers la frontière où nous déposons le char puis nous prenons congés de cette brillante représentation de l'ALN.

J'avais passé une excellente journée et sur le chemin du retour  l'ambiance était au maxi dans la 403 qui nous a déposés au mess de garnison où nous avons bu du champagne pour fêter le succès de l'opération.

Bien amicalement.

Gantheret

Merci ! j'ai oublié de préciser qu'un de leurs officiers d'opérette avait demandé au colonel du GENIE le plan de l'emplacement des mines qu'il ne possédait évidemment pas.

Facheux oubli qui aurait mérité une sanction disciplinaire.


     

 superbe réçit  
génial