Super-Menteur et la France méprisée Par Yves de Kerdrel de "Valeurs actuelles" François Hollande multiplie les contrevérités. “Normal” de la part d’un homme qui, après avoir nié la réalité de la crise, se retrouve obligé de la gérer.Pathétique. Il n’y a pas d’autre mot pour décrire l’intervention télévisée du président de la République, il y a une semaine, sur France 2. Pathétique, de voir ainsi un chef de l’État enfiler successivement les habits de “Monsieur Bricolage”, puis ceux de chef de clan rappelant à ceux qui auraient pu l’oublier qu’il était un « président socialiste ». Pathétique, enfin, de voir le garant de notre si précieuse Ve République gérer la France comme un président du Conseil gérait ses majorités parlementaires avant 1958, en donnant des gages à son aile gauche, en faisant des gestes d’ouverture au centre et en accordant une caution aux caciques de la Rue de Solferino. Comme s’il lui fallait retrouver le socle politique, électoral et social qu’il a déjà perdu en recherchant le plus petit dénominateur commun. Pathétique, vous disais-je !
Mais le plus terrible dans cette émission télévisée a été d’assister au triste retour du personnage de “Super-Menteur”. Comment pouvait-il en être autrement de la part d’un homme qui, après avoir nié la réalité de la crise pendant toute la campagne présidentielle, se retrouve en position de la gérer ? Comment pouvait-il en être différemment de la part d’un homme qui a tout promis pour se faire élire, sans imaginer que cela n’était plus possible dans un “pays au bord de la faillite” ? Comment pouvait-il en être autrement de la part de quelqu’un qui a construit toute sa carrière politique sur l’ambiguïté ? À l’heure où il lui faut commencer à rendre des comptes, les mensonges, les illusions et les promesses intenables sautent aux yeux des Français, qui n’ont perdu ni leur bon sens ni leur mémoire.
Super-Menteur, François Hollande, lorsqu’il continue de s’engager sur l’inversion de la courbe du chômage d’ici à la fin de l’année. Bien sûr, l’État va multiplier les artifices pour alléger les statistiques en créant 150 000 emplois d’avenir (drôle de mot pour ces sous-jobs) ou en mettant en place les très coûteux contrats de génération. Mais tout cela ne suffira pas à compenser l’effet des plans sociaux et des restructurations qui vont s’amplifier. Tous les économistes en conviennent : uniquement pour arrêter les destructions d’emploi, la France devrait afficher cette année une croissance de 1,7 %. Alors que les prévisions les plus optimistes font état d’une croissance de 0,1 %…!
Super-Menteur, lorsqu’il prétend avoir résolu les problèmes de compétitivité de l’industrie française avec son crédit d’impôt, qui n’est toujours pas financé et qui a été conçu en dépit du bon sens. Pour une entreprise en difficulté comme PSA Peugeot Citroën, cette mesure aura un impact de 100 millions d’euros, soit l’équivalent de ce qu’elle perd sur ses chaînes de montage en l’espace de quinze jours !
Super-Menteur, lorsqu’il assure mener un « choc de simplification » inédit en faveur des entreprises. Ce qui ne l’empêche pas d’annoncer, quelques minutes plus tard, la mise en place d’un contrôle administratif des plans de réorganisation décidés par les entreprises afin d’améliorer leur compétitivité.
Super-Menteur lorsqu’il annonce sa volonté d’apurer les comptes publics et de mener un “désendettement compétitif”. Dès le lendemain de l’émission, l’Insee a apporté un flagrant démenti en révisant fortement à la hausse le montant du déficit pour 2012 et le niveau désormais hallucinant de la dette française.
Super-Menteur lorsqu’il commence par expliquer que la France bénéficie d’un atout grâce à sa politique familiale, avant d’expliquer qu’il va placer les allocations réservées aux familles sous conditions de ressources. Ce qui constitue une rupture d’égalité inédite dans le pacte social français voulu par le général de Gaulle.
Super-Menteur lorsqu’il explique que, l’espérance de vie s’allongeant, les Français doivent se préparer à cotiser plus longtemps. Ce qui aurait été une annonce intelligente de la part d’un François Hollande qui s’était opposé, en 2010, à la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy. Hélas, moins de 48 heures plus tard, il était désavoué et contredit par son propre premier ministre.
Super-Menteur enfin lorsqu’il a cherché à banaliser le mariage homosexuel, en expliquant qu’il n’y aurait pas de conséquences sur la filiation, l’adoption, la marchandisation des enfants et celle des ventres. Alors que personne n’est dupe, hélas, sur les conséquences dramatiques de cette mesure.
Il serait facile de multiplier les exemples de contre-vérités sciemment prononcées par le chef de l’État, qui est devenu exemplaire dans sa capacité à tenter de faire prendre des vessies pour des lanternes. Donnant raison à Henri Jeanson qui écrivait :
« Le mensonge, est, comme le tabac et les allumettes, monopole d’État. » kerdrel@valmonde.fr