Les Etats-Unis sortent le grand jeu pour Hollande Lou Ravi de la crèche et le Seigneur du MondeBarack Obama va offrir à François Hollande un dîner d'Etat, honneur rare pour les hôtes du président américain.
Pour dissiper la tension entre les deux pays, le président français aura droit à (presque) tous les honneurs.
La relation franco-américaine a connu des jours meilleurs. Bisbilles sur la Syrie, scandale de la NSA, désaccords sur l’Ukraine, optimisation fiscale des grands groupes américains, etc. : les sujets de tension ne manquent pas.
Alors, histoire d’aplanir les différends, les Etats-Unis ont mis les petits plats dans les grands pour accueillir François Hollande à partir de lundi, pour la première visite d’Etat d’un président français depuis 1996.
Même si l’ombre de Valérie Trierweiler planera immanquablement.
Reçu avec tous les honneurs. Visite d’Etat oblige, la première pour un chef d’Etat étranger depuis la réélection de Barack Obama en 2012, François Hollande bénéficiera d’un faste et d’un protocole que la Maison Blanche ne réserve qu'à une poignée de chefs d'Etat, afin d’illustrer les liens d'amitiés qu'entretiennent les Etats-Unis avec un allié bicentenaire.
Le président français aura ainsi droit au tapis rouge et à la haie d’honneur lors de son atterrissage lundi sur la base d’Andrews.
Lors de son arrivée, mardi, à la Maison Blanche, le chef de l’Etat sera accueilli par 21 coups de canon.
Quant à l’accueil même du président américain, il s’annonce ouvertement chaleureux.
Nonobstant le froid polaire qui s’annonce dans la capitale américaine.
Le point culminant de ces honneurs sera sans doute le dîner d’Etat, mardi soir à la Maison Blanche.
"C’est quelque chose de rare, de très formel, une occasion de diplomatie à l’ancienne, avec tout le prestige, le décorum, les invités prestigieux", confirme Nicole Bacharan, spécialiste des Etats-Unis, jointe par Europe1.fr.
"Ça commence toujours par un toast donné par le président américain, auquel doit répondre l’hôte étranger.
Puis vient le dîner, avec un menu très élaboré, censé mettre en avant la gastronomie américaine et celle du pays reçu.
Ce dîner marque vraiment l’attachement, la relation toute particulière à un pays", poursuit la politologue.
La maison de Jefferson, lieu hautement symbolique. La visite de François Hollande aux Etats-Unis débutera par une visite lundi du domaine de Monticello, en Virginie, qui fut la demeure de Thomas Jefferson, troisième président des Etats-Unis (1801-1809) mais aussi "ministre plénipotentiaire" à Paris à l'aube de la Révolution, francophone et francophile.
Pour s’y rendre, les deux présidents emprunteront Air Force One, autre symbole fort de l’attention portée à François Hollande.
"Résidence de Thomas Jefferson, Monticello reflète l'affection de Jefferson pour les Français, les relations entre nos deux démocraties, et les valeurs que nous partageons et qui nous sont chères", a souligné la Maison Blanche pour expliquer le choix de cette destination hautement symbolique.
"Le président Obama est heureux de montrer ce témoignage de notre histoire partagée au président Hollande", a conclu la présidence américaine.
Des journalistes américains un brin facétieux voient dans cette visite un autre symbole.
Thomas Jefferson est en effet connu pour avoir eu plusieurs maitresses au cours de sa vie, et y compris quand il était président. Le parallèle avec la situation du président français était visiblement trop tentant.
L’ombre de Trierweiler. Car la rupture de François Hollande, si elle ne sera sans doute pas évoquée ouvertement, sera aussi dans tous les esprits.
Au lendemain de l’officialisation de la rupture, le 25 janvier dernier, le service du protocole avait éludé la question.
"Le président Obama compte voir le président Hollande comme prévu", avait lâché Caitlin Hayden, porte-parole du Conseil national de sécurité, lapidaire.
N’empêche, c’est bien seul que le président français gravira les marches de la Maison Blanche.
Et ce n’est pas si anodin. "Le dîner d’Etat, c’est une grosse affaire, qui prend des mois, donc l’absence de Valérie Trierweiler, ça a dû leur donner pas mal de migraines", sourit Nicole Bacharan.
"Et le fait qu’il soit seul, ça enlève de la solennité au moment", relève la spécialiste des Etats-Unis.
Pas de discours au Congrès. Seule petite ombre, ou pas, au tableau : François Hollande ne s’exprimera pas devant le Congrès. Avant lui, tous les prédécesseurs - Charles de Gaulle (1960), Georges Pompidou (1970), Valéry Giscard d'Estaing (1976), François Mitterrand (1984) et Jacques Chirac (1996) - qui avaient effectué une visite d’Etat outre-Atlantique s’étaient exprimés devant les sénateurs et les Représentants réunis. Même Nicolas Sarkozy, qui n’avait pas eu droit à la visite d’Etat en 2007, lors d’un voyage aux Etats-Unis, mais à une "visite de travail", avait pris la parole devant les élus et dignitaires américains.Cet instant solennel, François Hollande ne le vivra donc pas. De source officielle française, on explique que "le discours au Congrès n'est pas forcément partie intégrante d'une visite d'Etat".
"L'option a été envisagée.
En accord avec les autorités américaines qui ont fait d'autres propositions, elle n'a pas été retenue, pour des raisons d'incompatibilité d'agenda", ajoute-t-on de même source.