LA DEPORTATION
LES ÉVACUATIONS FORCÉES
tiré et rédigé à partir du document pdf : Represailles_contre_les_civils de l'article disponible sur :
http://www.mairie-hautmont.fr/Decouvrir-Hautmont/Histoire-et-patrimoine/La-premiere-guerre-mondiale/Represailles-contre-les-civils
Devant l’impossibilité de nourrir la population occupée, à partir de 1915, les Allemands ont l’idée d’évacuer moyennant finances une parties des civils qui le désirent. La population visée est celle des indigents, vulgairement appelée « bouches inutiles », celle des enfants, vieillards, démunis. L’occupant essuie des refus par patriotisme et peur des pillages.
Seuls quelques kilogrammes de bagages sont autorisés, les conditions de transports sont pénibles, chères (environ 500 F), longues (via la Suisse la France libre)
A partir de 1916 ces évacuations sont imposées, elles touchent les enfants, les personnes âgées ou malades, invalides, les mères sans emplois.
Le gouvernement français laisse faire hypocritement, refusant de financer semblable opération pour concentrer ses efforts de guerre et laisser accuser les Allemands de mauvais traitements.
La situation des jeunes enfants évacués seuls car orphelins ou dont les parents n’ont pas été touchés par les mesures d’évacuation est catastrophique : ils ont été ballotés sans accompagnement suffisant dans une détresse psychologique
et matérielle ignoble entre leur région de départ, la Suisse et la France.
LE CAS DES FEMMES DÉPORTÉES DE PÂQUES 1916Elles avaient été épargnées jusque là. Mais la situation devient critique pour l’occupant face l’anglophilie évidente de la population occupée, les difficultés de ravitaillement, l’échec du travail volontaire.
Soudain l’occupant organise des rafles au domicile. 20 000 personnes sont déportées, avec un bagage n’excédant par 30kg, elles voyagent dans des wagons à bestiaux.
Les séparations donnent lieu à des scènes indescriptibles
d’angoisse, de panique, de folie de mères arrachées à leurs enfants.
Elles sont conduites en Allemagne, dans les Ardennes, dans l’Aisne pour des travaux agricoles et industriels, elles sont soumises à un examen gynécologique, présentées comme des prostituées.
Leur quotidien est terrible : le froid, la faim, les longues journées, l’interdiction de correspondre avec leur famille.
Pour quelles raisons? De nouvelles bouches inutiles? Plus certainement les Allemands ont voulu humilier l’adversaire en attentant à l’honneur des femmes. Les femmes sont une arme de choix dans la guerre totale.
Une autre explication apparaît à travers les mouvements sociaux durant la période : Dès 1915, les femmes allemandes manifestent contre la misère, les occupants ont-ils voulu prévenir ce mouvement dans les territoires occupés ?
Femmes déportées dans un camps à Holzminden (Prusse Orientale)
Les Hautmontois ont été également victimes de déportation :
« Un certain nombre d’habitants ont été déportés en Allemagne ou dans des colonnes de discipline, par suite de condamnations encourues sous prétexte d’espionnage, de l’aide apportée aux jeunes gens pour franchir les lignes ennemies par la Hollande, pour aller accomplir leur devoir envers la Patrie, d’armes trouvées au cours de perquisitions, du refus d’obtempérer aux réquisitions, etc ». (AM d’Hautmont, extrait d’une délibération)
Camp retranché et travail forcé
La pérénnité de l'occupation, c'est avant tout pour les civils
concernés le piège de l'enfermement
Les déportations vues par la presse
d’alors :
« Une partie des hommes qui s’ytrouvaient encore furent considérés comme prisonniers de guerre. On entassa les autres dans des trains
avec les femmes et les enfants, quand les Uhlans ne les poussèrent pas devant eux à travers la campagne
(…)
Les épidémies favorisées par l’amaigrissement et l’affaiblissement touchent les camps de travail forcé : dysenterie, tuberculose, folie, dépression grave, sans oublier les accidents du
travail. Le taux de mortalité est élevé d’autant que l’effort militaire est tourné vers le front.
Une véritable terreur est mise en place dès 1914, qui dure jusqu’en 1918. Les civils des régions occupées subissent une forme de siège de l’intérieur où terreur militaire et administrative se relaient pour maintenir la sujétion à l’égard de l’ennemi. Pour les civils, les
Allemands sont perçus comme des « barbares » et des « sauvages ».
Des civils sont traités comme des esclaves ! Dès les premières semaines de l’occupation, des
hommes, des femmes et des adolescents ont été réquisitionnés pour remettre en état les voies ferrées et les routes. Le Reich crée alors les Zivil Arbeiter Bataillonen (ZAB) pour ces civils qui portent un brassard rouge. Beaucoup sont ensuite déportés dans les camps de travail des régions occupées françaises ou belges (sans parler des déportations en Allemagne, cf panneaux à ce sujet).
La vie concentrationnaire se traduit par de très longues heures de travail, des conditions de logement et de nourriture sévères, de longs déplacements, sous surveillance militaire. A l’immense prison de l’occupation militaire se surajoute la prison du camp.
Les enfants et les seniors sont contraints de garder les troupeaux, de ramasser les baies sauvages,
de balayer les rues, d’éplucher les légumes, mais aussi de creuser les fossés, de sarcler et de moissonner.
Sources : Encyclopédie de la Grande Guerre & Les Oubliés de la Grande Guerre
Camp retranché et travail forcé
les Hautmontois ont eu aussi à subire le joug
allemand et le travail forcé
L’essentiel de ceux qui avaient continué à résider dans le Nord et le Nord-Est de la France jusqu’en 1918 ont été forcés à l’évacuation vers la Belgique ou l’Allemagne.
Hautmont devient un « camp retranché
», (selon les dires d’une délibération de 1914).On ne peut plus
en sortir sans autorisation. Toute rébellion est très sévèrement punie..« Au cours des hostilités, les habitants en grand nombre ont été envoyés au travail forcé par les Allemands. Notamment 600 de nos compatriotes ont été envoyés en colonne de représailles à
Moeugres, par suite de leur manifestation hostile, ainsi que celle de la population lors de leur levée. Ils ont subi des mauvais traitements pour leur refus de travailler à leur arrivée.
Ces malheureux ont subi les rigueurs du terrible hiver 1916/1917, sans abris, avec une nourriture infecte pour subsistance. Une dizaine d’entre eux y sont morts des suites de privations et mauvais
traitements, indépendamment de ceux qui sont rentrés atteints de tuberculose ou autres maladies chroniques ».
Délibération, AM Hautmont, extrait