Antoine Exelmans devant L'affaire de l'escadre russe de Bizerte
source wikipedia
Louis Rémy Amédée Antoine Exelmans, né le 19 janvier 1865 à Montpellier, décédé le 2 novembre 1944 à Bohars, est un officier de marine français.
En 1920, Major général du 1er arrondissement maritime à Cherbourg, en août 1922, commandant de la Marine française de Tunisie, préfet maritime de Bizerte, et vice-amiral le 16 août 1923---
Le général Piotr Nikolaïevitch Wrangel a dû évacuer de Russie son armée blanche. Il a constitué en escadre des éléments de la flotte russe de la mer Noire. La France, principale créancière des armées blanches, a fait venir cette escadre en Tunisie en deux fois, en 1920 et 1921. Les 4 800 marins et leurs familles sont consignés sur leurs bateaux, mouillés sur le lac de Bizerte.
Cette importante escadre : deux cuirassés, deux croiseurs, un bateau-école (le Cronstadt, devenu par la suite le Vulcain), neuf torpilleurs et quatre sous-marins, se trouvait au centre de tractations complexes. L'Union soviétique en réclamait la restitution mais la flotte était considérée par les Français comme un gage financier et sa reprise par les Soviets aurait modifié l'équilibre international autour de la mer Noire ou de la Baltique. Raymond Poincaré avait cependant déclaré en 1923 : « Aux yeux du gouvernement français, l'escadre réfugiée à Bizerte est propriété de l’État russe. Dès qu'il y aura un gouvernement régulièrement reconnu, il pourra en prendre possession3. »
C'est cette situation compliquée que trouve l'amiral Exelmans à sa prise de commandement en Tunisie. L'élection du Cartel des gauches en mai 1924 va accélérer le cours des évènements. Édouard Herriot veut constituer un nouveau système de sécurité européenne autour de l'Allemagne et est partisan de reconnaître juridiquement l'Union soviétique4. Le nouveau gouvernement français, bien que peu pressé de rendre les navires, ordonne à l'amiral Exelmans de se préparer à désarmer l'escadre de Wrangel et à la laisser inspecter par une mission d'information des Soviets, dirigée par le chef d'état-major de la marine rouge. L'amiral, outré, proteste et argumente auprès du gouvernement, y compris sur le risque de troubles politiques qui pourraient en résulter en Tunisie, mais sans résultat. Quand l'ordre arrive, le 5 novembre 1924, il l'exécute, désarme l'escadre, fait rendre les honneurs aux officiers et marins russes et veille à leur installation provisoire à terre en Tunisie. Considérant cependant que l'ordre est déshonorant pour la France et préférant sacrifier la suite de sa carrière mais non son honneur, il demande en même temps à être relevé de son commandement. Remplacé par l'amiral Jéhenne, il part de Bizerte, accompagné jusqu'à la coupée par tous les officiers russes5. Il quitte le service actif en 1927.
Retiré dans son manoir de Kérampir, à Bohars (Finistère), il y reçoit chaque année des délégations de Russes venant le remercier de son attitude à leur égard en 1924. Il doit supporter à partir de 1941 l'occupation de sa maison par un poste de commandement allemand6.
L'amiral Antoine Exelmans repose dans la chapelle de Loguillo, au pied de son manoir7, auprès de sa femme Marie de Penfentenyo (1897-1930), sœur de l'amiral Hervé de Penfentenyo et du capitaine de vaisseau Henri de Penfentenyo, fille de l'amiral Auguste de Penfentenyo, petite-fille de l'amiral Louis Henri de Gueydon et tante de l'enseigne de vaisseau Alain de Penfentenyo de Kervéréguin, tué au combat en Indochine en 1946.
Distinctions Commandeur de la Légion d'honneur8,
Croix de guerre 1914-1918 (une palme et une étoile d'or),
Médaille commémorative de l'expédition du Tonkin 1885,
Médaille commémorative de l'expédition de Chine (1901),
Grand officier de l'ordre du Ouissam Alaouite,
Commandeur de l'ordre royal de Victoria,
Compagnon de l'ordre de Saint-Michel et Saint-George.