La Bataille des Frontières 2 août 1914
Tiré de : Historique du 8e régiment de marche de tirailleurs (2e 4e et 5e bataillons du 8e régiment de tirailleurs indigènes) : campagne 1914-1918 source BNF.
1 La mobilisation générale est décrétée!Sans aucun retard, avec un enthousiasme que nul n'eût pu soupçonner, les réservistes indigènes accourent à l'appel de la France. Les différentes - opérations prévues au journal de mobilisation s'effectuent à Tunis et à Bizerte dans un ordre parfait.
3 août ! L'Allemagne a déclaré la guerre à la France, l'enthousiasme redouble; en hâte les unités se complètent, s équipent au milieu d'une fièvre indescriptible. Les tirailleurs manifestent une vive impatience de voir enfin cette b^lle terre de France dont on leur a tant parlé, et de combattre le présomptueux ennemi qui a juré de l'asservir.
Le 6 août, enfin, l'E. M. du Régiment et le C. H. R. quittent Bizerte, vers minuit, en chemin de fer, à destination d'Alger.
Le détachement est passé en revue par l'Amiral Dartige du Fournet, Préfet maritime. Toute la population, massée aux alentours de la gare, acclame ce départ émouvant.
La composition de l'E. M. du régiment est la suivante : VALLET, lieutenant-colonel commandant le régiment de campagne; BRET, capitaine-adjoint; STEFANAGGI, lieutenant d'approvionnement; SIRE, lieutenant officier de détails; PISTER, lieutenant de réserve (Porte-Drapeau); LE FRIEC, sous-lieutenant, officier téléphoniste; MENDY, médecin-major de Ire classe, Chef de Service.
Le 4* bataillon quitte Tunis le même jour, pour la même destination, commandé par le Chef de Bataillon Montallier, secondé par le capitaine-adjudant-major Négrel. Il avait, comme commandants de compagnies, les capitaines Sénéchal (13e Cie), Caron (14e C'e), Albert (15e C") et Coudret (16e èle).
L'effectif total de l'E. M., de la C. H. R. et du 4* Bataillon était de 25 officiers et de 1054 hommes de troupe.
Ayant presque tous fait la campagne du Maroc, ces hommes, commandés par des chefs d'élite, étaient des soldats disciplinés, d'un incomparable dévouement, d'une allure magnifique et d'une résistance physique qui permettait les plus grands espoirs.
Le voyage s'accomplit par une chaleur torride; arrivé à Alger le 7 août, le régiment est embarqué le 9, à bord du Manouba et de la Ville d'Alger.
Le départ donna lieu à une manifestation grandiose; toute la population était massée sur les quais, et c'est aux acclamations d'une foule immense que les sept paquebots qui transportaient les derniers éléments de la 38e Division (Général Muteau), et la 76e Brigade (4* zouaves et 8* tirailleurs) (Général Bertin), prirent la mer, le 9 août, escortés par la division de la 5* escadre : Saint-Louis, Bouvet et Suffren battant pavillon du contre-Amiral Guépratte.
Les hymnes nationaux, français, anglais, russe et belge retentirent tour à tour, au milieu d'un enthousiasme indescriptible. La traversée, par une très belle mer, s'effectua sans incidents. Le régiment débarque à Cette le 12 août 1914, à 6 heures du matin, et le même jour, à 22 h. 30, il est transporté par voie ferrée à Avignon pour toucher le personnel, les animaux et le matériel nécessaires à la formation des T. R. et T. C.
Le 15 août, ces opérations terminées, le régiment (,:t embarqué à 22 h. 30 pour une destination inconnue par Paray-le Monial, Moulins, Saincaize, Nevers, VilleneuveSaint-George, Le Bourget, Soissons, Laon, Hirson; le train stoppe à Anor (Nord), le 17 août, à 18 h. 30. Sur tout le parcours l'accueil le plus touchant fut réservé à nos tirailleurs; les populations se portaient en foule aux gares, distribuant des provisions et des fleurs.
Durant tout ce long t'ajet, le régiment croisa de nombreux trains qui emportaient sans interruption des mobilisés dont le moral était réconfortant. On avait l'impression que la mobilisation s'opérait avec un ordre parfait et que la France entière était debout pour défendre son sol et ses frontières.
Le 18 août, le régiment fait étape d'Anor à Chinay, et franchit, vers 7 h. 30, la frontière franco-belge. Les nouvelles qui, jusqu'alors, étaient rares et imprécises, se précipitèrent. On savait que l'ennemi avait envahi la Belgique et que nous allions défendre le sol de ce pays dont l'Allemagne avait lâchement violé la neutralité.
Les populations de Belgique, pleines d'espoir à la vue de ces splendides troupes venant au secours de leur patrie, leur firent un accueil qui restera éternellement gravé dans la mémoire des survivants, et c'est au cri unanime de : « Vive la France » que le régiment traversa les calmes et coquets villages du pays wallon.
Le 21 août, le 5e bataillon venant du Maroc rejoignait le régiment. Il était sous les ordres du Chef de Bataillon Peltier, assisté du capitaine adjudant-major Poupillier et des capitaines Morand (17e Cie), de la Messelière (18e), Henrot (19e) et Pernot (20e Cie).
Le régiment, formé à deux bataillons, comptait 45 officiers et 1931 hommes de troupe.
La 38° D. I. rattachée au 3° C. A. (Général Sauret), était désormais rassemblée au complet dans la région Chimay- Walcourt, sous les ordres du Général Muteau; elle comprenait : La 75° Brigade (Général Schwartz) : 1° Zouaves de Marche, 1° et 9° Tirailleurs; La 76° Brigade (Général Bertin) : 4° Zouaves de Marche et 4° et 8° Tirailleurs.
Le 21 août, vers 17 heures, un premier avion allemand (type taube), vient survoler nos cantonnements à faible altitude. Accueilli partout par une vive fusillade, il ne put rapporter les renseignements précieux qu'il avait dû recueillir, car il vint s'écraser sur le sol, près de Silenrieux, à 4 kilomètres environ au sud de Walcourt.
source BNF