La lecture des cinq volets de ce rapport, qui viennent d'être publiés sur le site du premier ministre, donne un aperçu de la «feuille de route» dont souhaite s'inspirer le gouvernement. Ne parlons plus d'intégration!, préconisent-ils en substance. «Symboliquement, l'abandon du terme peut constituer un signal fort pour celles et ceux qui sont soumis à cette injonction au quotidien et à tort», analysent les experts missionnés par le gouvernement. Mais le «changement de mot» n'est pas suffisant: il doit «s'accompagner d'une transformation du sens de l'action et de l'intervention publique qui soit visible», exhorte le rapport. Il s'agira donc, désormais, de «faire France en reconnaissant la richesse des identités multiples».
Sommés «d'opérer un déplacement, un pas de côté dans la façon de concevoir ces questions», les experts font carrément demi-tour. Autorisation du voile à l'école, création d'un «délit de harcèlement racial» et d'une «Cour des comptes de l'égalité», ces propositions détonantes vont-elles être reprises par le gouvernement? Le premier ministre, en tout cas, «salue la grande qualité» de ces travaux. «Pour moi, il s'agit de déraciner le peuple français…», s'inquiète Malika Sorel-Sutter, ancien membre du Haut Conseil à l'intégration. Ce Haut Conseil à l'intégration dont les experts critiquent «l'appellation», dénoncent l'opposition «à la promotion d'un Nous inclusif et solidaire» et concluent qu'«il y a donc lieu d'y mettre fin».