Éphéméride du 26 octobre
samedi 26 octobre 2024
La Fontaine des Innocents, sculptée par Jean Goujon
1396 : Mort de Jean de Beaumetz
Calvaire avec un moine chartreux, par Jean de Beaumetz, 1390, Musée du Louvre. Il est à la fois l’un des plus talentueux et des derniers représentants de ce gothique tardif des XIVème et XVème siècles (que l’on appellera, en architecture, « flamboyant ») qui sera, peu de temps après, remplacé par l’art nouveau : celui de la Renaissance.
Après avoir travaillé en Artois, puis à Paris, Jean de Beaumetz devint, de 1375 à sa mort, peintre en titre de Philippe le Hardi à Dijon.
Il décora les châteaux ducaux et l’église de la chartreuse de Champmol, y peignant des retables et 26 tableaux pour les cellules des chartreux. La Révolution ayant totalement démantelé la Chartreuse, et dispersé la totalité des ouvres d’art qui s’y trouvaient, Beaumetz n’est plus connu que par deux de ces tableaux, deux Calvaires avec un donateur chartreux (l’un au Louvre et l’autre au Musée de Cleveland).
http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=1024
1289 : Bulle papale Quia Sapientia par laquelle Nicolas IV fonde l’Université de Montpellier
Bien avant la Bulle papale, et « … dès la fin du XIIème siècle, Montpellier possédait de célèbres écoles de médecine, de droit, d’arts libéraux; elles furent réunies en 1289 pour former l’université, qui devait compter parmi ses maîtres : au XIVème siècle, le médecin et alchimiste Arnaud de Villeneuve; au XVIème siècle, les médecins Rabelais et Rondelet, ainsi que l’helléniste Casaubon. C’est à Montpellier que fut fondé le plus ancien jardin botanique de France (1593) et que se formèrent de grands savants tels que Lobel, Clusius, Tournefort, Jussieu, Candolle… » (Michel Mourre). Stratégiquement bien situé, entre l’Italie et l’Espagne, tout près de la Voie Domitienne et du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle, Montpellier s’imposa très vite comme une ville marchande et d’affaires, et comme un pôle très favorable au commerce. « L’afflux des pèlerins provoqua également la naissance et l’extension d’institutions charitables et hospitalières. Des médecins juifs et arabes chassés d’Espagne vinrent faciliter la gestation de la future Ecole de Médecine dont la renommée était déjà internationale dès la fin du XIIIème siècle » écrit le chroniqueur Jacques Fabre de Morlhon. 1562 : Date possible du départ définitif de France de Jean Goujon
Il est vraisemblable que Jean Goujon quitte la France à la fin de l’année 1562, pour des raisons religieuses. Sa présence est attestée à Bologne fin 1563 et début 1564, où il habite place San Michele près de San Mamolo. On perd alors sa trace et l’on suppose que l’artiste disparaît entre 1564 et 1569… Alors qu’il était, avec Germain Pilon, le plus grand sculpteur de son temps – on l’appelait « le Phidias français » !… – il est très surprenant que l’on sache aussi peu de choses sur sa vie personnelle (comme pour Germain Pilon, d’ailleurs), à l’exception de sa collaboration – toujours très fructueuse – avec le grand Pierre Lescot (voir l’éphéméride du 10 septembre, jour de la mort de ce dernier).
Voici donc une rapide évocation de son talent, à travers une brève rétrospective de son oeuvre.
On l’appelle couramment le Phidias français ou le Corrège de la sculpture.
N’est-il pas étrange, dans ces conditions, que l’on sache si peu de choses sur lui ? Ni la date exacte de sa naissance (en 1510, en Normandie) ni celle de sa mort ne nous sont connues (on pense parfois qu’il a été tué lors de la Saint Barthélemy…); et l’on ne dispose d’aucun portrait sûr de lui.
Il fut pourtant l’une des figures majeures de la Renaissance française.
C’est surtout au Louvre et au Musée Carnavalet que l’on pourra voir l’essentiel de ses oeuvres, saisir combien il dominait son sujet, et mesurer à quel point il maîtrisait son art. C’est-à-dire, au fond, mesurer l’étendue de son génie, tout simplement.
• Au Louvre, voici d’abord les Cariatides pour la plate-forme des musiciens, dans la Salle de bal du Louvre (sculptées à partir de 1550
…et ce Bas-relief funéraire pour André Blondel de Rocquencourt (bronze, 1560)…
…ou ces sculptures dans la Cour carrée
Et enfin Les Nymphes, pour lesquelles le Musée propose ces commentaires :
« Jean Goujon introduit une conception nouvelle du bas-relief : ses figures s’adaptent au cadre et se suffisent à elles-mêmes. Il parvient ainsi à créer l’illusion d’espace dans la faible épaisseur de la pierre. Les nymphes de Goujon révèlent une affinité avec l’Antiquité sans précédent en France.
Ces figures nues et allongées de néréides s’inspirent des triomphes marins sculptés sur les sarcophages antiques.
Goujon s’est également inspiré des artistes italiens appelés par François Ier pour travailler au château de Fontainebleau, à l’exemple de Rosso (1495-1540) et Primatice (1504-1570) qui dirigèrent successivement le chantier. Mais il s’inspira aussi de Benvenuto Cellini…Goujon introduit pourtant une fluidité qui lui est propre : l’ondulation des draperies joue avec les lignes souples et spiralées des figures et avec les volutes des coquillages et des queues des animaux marins. Ces courbes souplement entrelacées rythment la composition. Le traitement décoratif de la surface (coquillages, vaguelettes, écailles) et l’expression espiègle des Amours animent l’œuvre d’une gaieté insouciante. L’élégance et la sveltesse des formes, la pureté des contours (une ligne cerne les corps), le modelé souple des chairs confèrent au bas-relief une grâce éminemment personnelle : Goujon semble avoir retrouvé le secret hellénique de la beauté idéale… » • Le musée Carnavalet, lui, renferme Les quatre saisons (sculptées primitivement pour l’hôtel de Jacques de Ligeris (ci dessous).
Terminons cette Évocation du Phidias français, ce génie dont on sait si peu de choses, par là où nous l’avons commencée : la Fontaine des Innocents, édifiée à l’occasion de l’entrée du roi Henri II à Paris, le 16 juin 1549 (c’est l’une des rares dates sûres dont on dispose concernant cet artiste…)
La Fontaine des Innocents, sculptée par Jean Goujon entre 1547 et 1549…
Située dans le quartier des Halles, cette fontaine formait une sorte de portique surélevé, dont deux arcades se dressaient sur la rue Saint-Denis, lieu de passage du cortège royal, et une seule en retour. Les reliefs en longueur se situaient sous les arcades.
C’était à l’origine une loggia bâtie à l’angle de deux rues, avec deux arcades sur une rue et une seule sur l’autre. Jean Goujon l’orna de reliefs légers qui évoquaient les nymphes des eaux, renouant ainsi avec la tradition antique du nymphée.
L’ondoiement de ce monde marin compensait le faible débit d’eau qui coulait des robinets. En 1787, la fontaine fut remontée sous forme d’édicule cubique sur la nouvelle place aménagée sur le site du cimetière des Innocents, désaffecté pour raisons d’hygiène. Sous l’Empire, l’amélioration de l’alimentation en eau permit de faire jaillir le flot en cascades ; c’est pourquoi, en 1810, on retira les bas-reliefs des soubassements pour les préserver du ruissellement avant de les faire entrer au musée du Louvre en 1824.
http://www.cosmovisions.com/Goujon.htm
Jean Goujon au Louvre :
http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/nymphes
La Fontaine des Innocents :
http://paris1900.lartnouveau.com/paris01/fontaine_des_innocents.htm
2010 : Ouverture de l’Exposition « Sciences et Curiosités à la Cour de Versailles ».
Etant donné la qualité et surtout l’importance de cette Exposition, d’un triple point de vue : historique, scientifique et politique, on ne s’étonnera pas que nous lui ayons consacré l’une de nos Pages :
L’Exposition de Versailles dit l’Histoire, mais la vraie.