Éphéméride du 14 juillet
dimanche 14 juillet 2024
1077 : Consécration de la cathédrale de Bayeux
C’est Odon de Conteville, évêque de Bayeux et demi-frère de Guillaume Le Conquérant, qui préside les cérémonies : la nouvelle cathédrale de sa ville est l’une des plus importantes de Normandie.
La dédicace est présidée par l’archevêque de Rouen en présence de Guillaume, duc de Normandie et roi d’Angleterre.
La tapisserie dite « de Bayeux » ou « de la Reine Mathilde » (de son vrai nom, Le Telle du Conquest), longue de 69 mètres, est étendue dans la cathédrale. Elle a été réalisée spécialement entre 1066 et 1077 pour célébrer cet événement (voir l’éphéméride du 27 septembre) :
panoramadelart.com/broderie-de-la-reine-mathilde-dite-tapisserie-de-bayeux
patrimoine-histoire.fr/P_Normandie/Bayeux/Bayeux-Notre-Dame
1223 : Mort de Philippe II Auguste
Philippe Auguste – Recueil des rois de France de Jean du Tillet, vers 1550.
Le roi de France s’éteint à Mantes à l’âge de 58 ans. Rongé par la fièvre depuis plus d’un an, il a souhaité mourir à Paris, mais c’est en faisant route vers la capitale qu’il rend l’âme. Son corps est transporté à Saint-Denis où pour la première fois un nouveau cérémonial est adopté : le roi repose dans son cercueil à visage découvert, habillé de son manteau royal et coiffé de sa couronne.
Son fils Louis VIII lui succède. C’est le premier à n’avoir pas été sacré du vivant de son père. Les six premiers capétiens avant Philippe Auguste (Hugues Capet, Robert II le Pieux, Henri 1er, Philippe 1er, Louis VI et Louis VII) avaient tous fait sacrer leur fils aîné : Philippe Auguste, septième capétien direct, fut le premier à se dispenser de cette précaution car, à partir de lui, la dynastie est suffisamment forte pour n’avoir plus besoin de cette précaution.
Sceau de Philippe Auguste
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes, voir la photo « La France avant et après Philippe Auguste »
Du Larousse des Rois de France :
« …Pour le reste, le royaume vit en paix… C’est de façon pacifique que Philippe, éternel « agrandisseur » du domaine (il l’a quadruplé : Artois, Normandie, Maine, Anjou, Touraine, Poitou, Auvergne, Champagne ndlr) fait main basse sur une pièce de choix : la Champagne… Le royaume est alors prospère, comme nous l’indique le budget de 1221, réalisé par l’administration française pour inventorier les recettes et dépenses du royaume. Ce document précieux montre, outre le savoir-faire archivistique et comptable de l’administration capétienne, la bonne santé économique de la France et la solidité de son gouvernement, qui épargne environ le tiers de son revenu annuel… » (p. 58).
« Le règne de Philippe est celui de la naissance d’une idéologie capétienne… Des vecteurs forts de cette idéologie voient alors leur fonction renforcée, voire instituée: Saint-Denis, la nécropole; Reims, le lieu du sacre; ou encore Paris, la capitale, que Philippe soigne particulièrement, puisqu’il la fait en partie paver et qu’il y fait édifier la forteresse du Louvre (où sont gardés archives, comptes et trésor) et une enceinte nouvelle autour de la ville – sans compter la concession de privilèges à l’université naissante et al centralisation dans la ville des organes centraux de gouvernement.
Le roi règne désormais sur un espace, ainsi qu’en témoigne la territorialisation des charges administratives, et, plus encore, l’usage fugace, dans un document de 1204, de la formule « rex franciae », « roi de France », au lieu de rex Francorum, « roi des Francs »; est ici esquissé le passage d’une royauté exercée sur des hommes, « les Francs », à une royauté territorialisée, soit exercée sur un espace, « la France », dont les habitants seraient tous sujets dudit « rex Franciae »…
Surtout, le roi est la clef de voûte d’un système idéologique qui commence à se dessiner, et que le règne de Louis IX (1226-1270) et les derniers siècles du moyen-Âge continueront de préciser: le roi y est largement sacralisé, au moyen d’une abondante littérature insistant sur ses fonctions, telle la défense de l’Église – on trouve déjà sous Philippe Auguste le terme de « Très-Chrétien », qui ne devient fondamental dans la titulature qu’à partir de Charles V et Charles VI – , sur les vertus du sang royal et sur le prestige de sa lignée. Enfin, un cérémonial toujours plus fort met soigneusement en scène les principales étapes de son existence, de la naissance et du baptême aux funérailles en passant, bien sûr, par le sacre.
Quelle réussite ! Philippe fut incroyablement victorieux. Exception faite de quelques demi-échecs et de rares défaites, sa vie est pleine de succès: les Plantagenêts sont abaissés, l’autorité royale affirmée dans le royaume, la France est la première puissance d’Occident… » (p.61).
Le Paris de Philippe Auguste
Vestiges du Louvre de Philippe Auguste
1789 ? 1790 ? : Ambigüité majeure de la Fête nationale
Certes, officiellement, c’est le 14 juillet 1790 – et, donc, la Fête de la Fédération, moment fugitif et illusoire de véritable « union nationale »… – que l’on célèbre. Mais le télescopage des deux dates prête malheureusement, et assez souvent, à confusion.
Le 14 juillet 1789, on promène des têtes au bout des piques. François Furet l’affirme : dès cet épisode, la Terreur est en gestation, « la culture politique qui peut conduire à la Terreur est présente dans la révolution française dès l’été 1789 », et la prise de la Bastille inaugure « le spectacle de sang, qui va être inséparable de tous les grands épisodes révolutionnaires ».
« C’est ainsi que l’on se venge des traîtres. » dit l’horrible légende de cette gravure de 1789 dépeignant des soldats ou des miliciens portant les têtes de Jacques de Flesselles et du marquis de Launay sur des piques.
Que s’est-il vraiment passé, « le 14 juillet » ? Rien de très glorieux, et, pour être parfaitement exact, rien que du franchement sordide, du répugnant à l’état pur : le gouverneur de la forteresse, Launay, se fiant à leur promesse, laisse entrer les assaillants, qui avaient préparé leur coup; il est assassiné, et sa tête promenée au bout d’une pique !… De la prison (!), on extrait les seuls sept prisonniers qui s’y trouvent : quatre faussaires, un libertin et deux fous, qui, dès le lendemain, seront discrètement conduits à Charenton.
Voilà la « gloire de la République » ?
Or, il se trouve que, depuis la Révolution, la Bastille est l’objet d’une falsification historique sans précédent, et d’une ahurissante réécriture des évènements, qui laisse rêveur, et qui est bien l’une des choses les plus stupéfiantes, mais aussi les plus sordides, qui soient.
Revenons-y quelques instants.
N’ayant plus aucune valeur militaire depuis des lustres, totalement sous exploitée en tant que prison d’Etat, et gênant l’accroissement de la capitale vers l’est, il y avait bien longtemps que les rois avaient résolu sa disparition. Seules les difficultés financières chroniques de la royauté retardaient sa disparition.
La Bastille, telle qu’elle se présentait au XVIIIe siècle (gravure du temps)
En 1789 eut lieu, ici, l’un des évènements les plus ignobles d’une Révolution qui n’en manque pourtant pas. Le gouverneur de Launay accepta de rendre – sans combat – la forteresse aux émeutiers, à la condition expresse qu’il ne serait fait aucun mal à personne. Moyennant quoi, une fois les portes ouvertes, la garnison fut massacrée, et les têtes promenées au bout de piques.
Le pseudo mythe d’une prétendue « prise de la Bastille » – prise qui n’a jamais eu lieu puisque la citadelle s’est rendue sans combattre – mêle donc le mensonge le plus énorme à l’ignominie la plus révoltante, dans une réécriture volontairement falsificatrice de la vérité historique, où le burlesque le dispute au tragique et à l’horreur.
1. Dans notre album Ecrivains royalistes (I) : Chateaubriand, celui-ci – témoin oculaire des faits – rappelle cette falsification de l’Histoire :
Mystification et falsification de l’Histoire…
« Le 14 juillet, prise de la Bastille. J’assistai, comme spectateur, à cet assaut contre quelques invalides et un timide gouverneur: si l’on eût tenu les portes fermées, jamais le peuple ne fût entré dans la forteresse. Je vis tirer deux ou trois coups de canon, non par les invalides, mais par des gardes-françaises, déjà montés sur les tours. De Launay, arraché de sa cachette, après avoir subi mille outrages, est assommé sur les marches de l’Hôtel de Ville; le prévôt des marchands, Flesselles, a la tête cassée d’un coup de pistolet; c’est ce spectacle que des béats sans cœur trouvaient si beau. Au milieu de ces meurtres, on se livrait à des orgies, comme dans les troubles de Rome, sous Othon et Vitellius. On promenait dans des fiacres les vainqueurs de la Bastille, ivrognes heureux, déclarés conquérants au cabaret; des prostituées et des sans-culottes commençaient à régner, et leur faisaient escorte. Les passants se découvraient avec le respect de la peur, devant ces héros, dont quelques-uns moururent de fatigue au milieu de leur triomphe. Les clefs de la Bastille se multiplièrent; on en envoya à tous les niais d’importance dans les quatre parties du monde. Que de fois j’ai manqué ma fortune ! Si moi, spectateur, je me fusse inscrit sur le registre des vainqueurs, j’aurais une pension aujourd’hui. »
Mémoires d’Outre-tombe, La Pléiade, Tome I, page 168.
2. Dans notre album Maîtres et témoins…(II) : Jacques Bainville. voir la photo « Variations sur le 14 Juillet » Dans ce travestissement éhonté de l’Histoire, on ne sait ce qui prédomine, de la bouffonnerie ou de l’horreur : on a les symboles et les mythes qu’on peut !
Alors que, le 14 Juillet 1790, on célèbre au contraire une espérance, vite déçue certes, et entachée de profanation et de sacrilège (1), mais, aussi, enthousiasmante et belle, malgré tout : au moins l’intention, dans l’opinion, était-elle bonne.
Pour Marc Bloch, repris par Max Gallo, tout Français véritable ne peut que vibrer à l’évocation de la Fête de la Fédération, qui n’a son pendant que dans le Sacre de Reims.
Ce qui, par contre, fait l’unanimité : l’hommage à l’Armée française.
1. « L’abbé Louis (qui devait devenir Ministre des finances de Louis XVIII, ndlr) était venu à jusqu’à Gand réclamer son ministère : il était fort bien auprès de de M. de Talleyrand, avec lequel il avait officié solennellement à la première fédération du Champ de Mars : l’évêque faisait le prêtre, l’abbé Louis le diacre et l’abbé Desrenaudes le sous-diacre.
M. de Talleyrand, se souvenant de cette admirable profanation, disait au baron Louis : « L’abbé, tu étais bien beau en diacre au Champ de Mars ! » Nous avons supporté cette honte derrière la grande tyrannie de Bonaparte : devions-nous la supporter plus tard ? »(Chateaubriand, Mémoires d’Outre-Tombe, La Pléiade, tome 1, page 933). « Et surtout, ne me faites pas rire !… », avait dit Talleyrand à l’un des participants de cette admirable profanation, au moment où il allait célébrer la Messe.
Le serment de La Fayette à la fête de la Fédération, Talleyrand officiant, à droite
1793 : Mort de Jacques Cathelineau
Le saint de l’Anjou est mortellement blessé à la poitrine lors de l’attaque de Nantes par la Grande Armée Catholique et Royale, dont il était le premier Généralissime. C’est d’Elbée qui lui succédera.
Mortellement blessé, Cathelineau transporté par ses soldats.
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Dans notre album Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, « Guerres de Géants » voir la photo « Cathelineau (I) » et les deux suivantes.
1868 : La Dictée de Mérimée
C’est un entrefilet du journal Le Sport, datée du 15 juillet 1868, qui rapporte que, la veille, dans les Salons chinois du Palais de Fontainebleau, un divertissement a été proposé à la Cour par Prosper Mérimée, sous la forme d’une dictée, comportant de nombreuses difficultés; l’empereur Napoléon III aurait fait 75 fautes, l’Impératrice Eugénie 62, Alexandre Dumas 24 et Metternich, l’ambassadeur d’Autriche, seulement 3…
On dit qu’Alexandre Dumas se serait alors tourné vers le prince de Metternich pour lui demander : « Quand allez-vous, Prince, vous présenter à l’Académie pour nous apprendre l’orthographe ? » »
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