Plat rustique aux reptiles et écrevisses, Bernard Palissy, 1550
1587 : Bernard Palissy est condamné au bannissement
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La vie de Bernard Palissy fut à l’image de son époque : troublée à l’extrême par les horreurs des Guerres de religion.Pourtant, les paradoxes n’y manquent pas : converti à la Réforme, il fut constamment protégé par de grands seigneurs catholiques, comme le connétable Anne de Montmorency, qui l’emmenait fréquemment chez lui, à Ecouen (et c’est la raison pour laquelle la majeure partie de son œuvre est exposée au
Musée national de la Renaissance du château d’Ecouen); mais aussi par Catherine de Médicis, et par le roi lui-même : c’est tout simplement parce qu’il se trouvait dans ses appartements, le jour de la Saint-Barthélemy, qu’il échappa, lui réformé, au massacre quasi général…
À partir de 1530, cet autodidacte – « peintre sur verre et faïence » – étudia la technique de cuisson des émaux. La découverte d’une coupe de céramique émaillée, d’un superbe blanc, dans la collection d’un grand seigneur, décida de sa carrière : il voulut à tout prix découvrir le secret de sa fabrication. De 1536 à 1556, il consacra vingt ans de sa vie à tenter de reproduire la glaçure de cette coupe qu’il avait vue : qui ne connaît l’histoire de Palissy ruiné, brûlant ses meubles et son plancher pour y parvenir ?
C’est en 1555, après une vingtaine d’années d’épreuves physiques et morales, endurant les reproches de sa femme et les moqueries de ses voisins, qu’il put enfin couvrir ses poteries d’un émail jaspé. Il innova en adaptant à la céramique le goût des grottes (d’où le terme de grotesques) importé d’Italie vers le milieu du XVIème siècle. Ses pièces les plus connues sont des céramiques (vases, bassins, plats ou ustensiles divers) qui incluent des fruits, des feuilles ou des reptiles dans leurs décors naturalistes en relief.
Anne de Montmorency, grand esthète, le fit travailler à la décoration de son splendide château d’Ecouen, et le protégea comme de nombreux autres artistes tels que Jean Goujon.
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Plat « à bestioles », Musée de Sèvres
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De l’Encyclopédie Larousse :
« Céramiste, écrivain et savant français (Agen vers 1510 – Paris 1589 ou 1590).
Beaucoup ne voient en lui qu’un céramiste obstiné brûlant ses meubles dans son four pour essayer de réaliser des plats émaillés aussi beaux que ceux fabriqués alors par les Italiens. Derrière l’image simpliste qu’il a lui-même contribué à forger se cache une personnalité autrement complexe et fascinante. Autodidacte devenu encyclopédiste, cet homme issu du peuple, qui sera le protégé des rois de France, tout en étant persécuté pour sa foi protestante, et qui possédait une force et une vitalité peu communes, est le premier à comprendre que les fossiles sont des restes de plante
s et d’animaux, et qu’ils constituent la preuve du déplacement des mers.
On sait peu de chose sur sa jeunesse. Il fait son apprentissage de peintre-verrier à Saintes. Il s’installe dans cette ville après avoir accompli le traditionnel tour de France des compagnons, qui lui permet de se perfectionner dans son art et aussi d’observer la nature dont tous les aspects l’intéressent. Il se marie (il aura de nombreux enfants) et se convertit au protestantisme. Vers 1539, il délaisse le verre pour la poterie et, durant de longues années, s’adonne à de multiples expériences afin de trouver le secret de l’émail blanc. Il sacrifie tout à ses recherches, allant de son propre aveu jusqu’à brûler les planchers et les tables de sa maison pour alimenter son four. Comme il doit faire vivre sa nombreuse famille, il exerce parallèlement la profession d’arpenteur-géomètre. En parcourant, sa chaîne à la main, les marais salants de Saintonge, il observe la faune aquatique dont il s’inspire pour la décoration de ses plats.
Ayant acquis la maîtrise des émaux (ci dessous, cruche, ndlr), il commence à produire la fameuse vaisselle qui a fait sa réputation à partir de 1555. Ses « bassins rustiques » sont de grands plats ornés d’animaux ou de coquillages en relief : un lièvre qui court, une écrevisse qui étend ses longues pattes, un lézard qui grimpe… Il fait la connaissance du connétable Anne de Montmorency, pour lequel il réalise notamment, à Écouen, une grotte à décor céramique représentant plantes et animaux marins. Le connétable le présente à la reine mère Catherine de Médicis qui l’invite, en 1566,
à venir travailler à la décoration du nouveau palais des Tuileries. Bénéficiant de la protection royale, B. Palissy échappe au grand massacre des protestants en 1572, mais doit quitter Paris. Il se réfugie à Sedan, d’où il revient bientôt pour donner, à Paris, des cours publics d’histoire naturelle qui attirent savants et érudits. Tandis que ses fils continuent à fabriquer des pièces de céramique dans son atelier, il rédige ses Discours admirables dont un chapitre, intitulé « Art de terre », livre son expérience de potier. Il forme également un « cabinet de curiosités », ébauche d’un musée d’histoire naturelle, qui abrite toutes sortes de « choses admirables et monstrueuses ». En 1586, il est de nouveau emprisonné à cause de ses convictions religieuses. Sommé de se convertir, le vieillard refuse de plier. Il meurt en prison, à la Bastille, vraisemblablement victime de la faim et des mauvais traitements.
Ses poteries émaillées, dites figulines, ornées d’animaux et de plantes moulés au naturel sur des plats et des vases et recouverts de glaçures brillantes, ont été très imitées par ses disciples, puis au XIXème siècle, notamment par Ch. Avisseau. Ses recherches ont amené de notables progrès techniques dans la diversification et le mélange des glaçures. »
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museepalissy.net
cosmovisions.com/Palissy
et, un peu austère, un peu « sec », mais très riche d’informations:
alienor.org//palissy
1628 : Naissance de Charles Perrault
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S‘il est bien-sûr connu pour ses
contes, il ne faut pas oublier le rôle de Perrault dans une « affaire » qui devait finalement avoir beaucoup plus d’importance qu’on ne l’a cru à l’époque, et qu’on ne le croit encore parfois aujourd’hui: c’est lui qui ouvrit la Querelle des Anciens et des Modernes.
En apparence, le débat est simple : Perrault, chef de file des Modernes, pense que l’Antiquité n’offre pas de modèles insurpassables, et que les Arts en général, la littérature en particulier, brillent d’un plus vif éclat sous Louis XIV que sous Homère.
Boileau (ci-contre), chef de file des Anciens, pense au contraire que les auteurs de l’Antiquité (et Racine et La Fontaine sont de son avis) ont atteint une fois pour toutes la perfection artistique.
[Dans notre Catégorie Lire Jacques Bainville, voir la note : Boileau… royaliste]La bombe éclate le 27 janvier 1687, lorsque Perrault présente à l’Académie Française, à l’occasion d’une guérison de Louis XIV, son poème Le siècle de Louis le Grand, dans lequel il fait l’éloge de l’époque de Louis XIV comme étant une époque idéale, tout en remettant en cause la fonction de modèle de l’Antiquité. Il y écrit entre autres :
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« La docte Antiquité dans toute sa durée
À l’égal de nos jours ne fut point éclairée. »
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Pensée qu’il précisera dans un autre ouvrage :
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« La belle Antiquité fut toujours vénérable;
Mais je ne crus jamais qu’elle fût adorable.
Je voy les Anciens sans plier les genoux,
Ils sont grands, il est vray, mais hommes comme nous;
Et l’on peut comparer sans craindre d’estre injuste,
Le Siècle de Louis au beau Siècle d’Auguste… »
Ceux qui ont lancé cette Querelle n’en avaient probablement pas conscience, mais La Querelle des Anciens et des Modernes revêtit en réalité une portée beaucoup plus profonde. On n’en était qu’aux débuts, mais, pour la première fois, c’était l’idée même d’autorité qui était attaquée, au nom de ce qu’on ne tardera pas à appeler le progrès.
Ce qui semblait n’être qu’une aimable disputatio, entre de beaux esprits, se doublait donc, en le préfigurant, du débat philosophique que déclencheront les tenants des Lumières, lorsqu’ils opposeront progrès et tradition.
Un mouvement était lancé, dont encore une fois on n’a probablement rien perçu lors de son déclenchement. L’attaque de l’autorité dans le domaine de la critique littéraire aura des équivalences avec les progrès de la recherche scientifique. Et le défi jeté à l’autorité par les Modernes dans le champ littéraire annonçait déjà les remises en question dont la politique et la religion allaient faire l’objet.
La Porte Saint-Denis, bâtie en 1672 par Nicolas-François Blondel, afin de célébrer les victoires du Roi sur le Rhin et dans sa guerre contre la Hollande.
Inspiré de l’arc de Titus à Rome, ses deux bas-reliefs sont de Michel Anguier et représentent – au Sud – le passage du Rhin et des figures allégoriques du Rhin et de la Hollande vaincus, sous les traits d’une femme affligée; au Nord, Louis XIV qui soumet la ville de Maastricht.
Dans la frise de l’entablement est inscrite en lettres de bronze la dédicace Ludovico magno, À Louis le Grand (pour d’autres informations sur ce beau monument, voir l’éphéméride du 15 juin).
1649 : Naissance de Jacques Carrey
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En 1674, Louis XIV envoya en mission Charles Olier, marquis de Nointel, ambassadeur de France auprès du Sultan, afin de renégocier les termes des accords qui, depuis François 1er, existaient entre la France et la Sublime Porte. Le marquis devait aussi acquérir des manuscrits et des œuvres d’art destinés aux bibliothèques et cabinets royaux.
Nointel – qui avait emmené avec lui le peintre Jacques Carrey – profita de son séjour en Orient pour visiter les îles de l’Archipel, une partie de l’Asie Mineure et de la Grèce.
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Jacob Spon, voyageant en Orient, fut reçu à Constantinople par le marquis de Nointel,
« qui est extrêmement curieux. Il nous fit voir chez lui plus de curiositez que nous n’en aurions vu dans tout le reste de Constantinople. Nous y vîmes environ trente marbres ou inscriptions antiques qu’il a apportées d’Athènes ou de l’Archipel… Il a grand nombre de médailles… et 400 dessins de bas-reliefs, édifies et paysages, qu’il a fait faire dans tous ses voyages de Grèce et de Turquie. »Ch. Patin fait l’éloge de son recueil de médailles,
« quam et summâ auctoritate summisque impensis coegit Christianissimi regis ad Ottomanicum imperatorem legatus D. de Nointel. »
Nointel visita Athènes en 1674 : Jacques Carrey dessinait les ruines et les monuments, pendant que l’ambassadeur recueillait les statues, les inscriptions et les médailles… Ainsi Carrey put-il réunir sur les marbres sculptés du Parthénon une documentation d’autant plus précieuse que celui-ci allait être irrémédiablement endommagé en 1687 par le bombardement des Vénitiens (les Turcs avaient en effet transformé le monument, encore quasi intact, en dépôt de munitions !).
Les aquarelles de Carrey – au nombre de 43 – sont conservées à Paris au Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale, et, en 1848, parut un ouvrage illustré d’après des dessins de Carrey : L
e Parthénon, document pour servir à une restauration réunis et publié par L. de Laborde membre de l’Institut, Paris, Leleux, 1848, qui contient, dans ses 18 planches, tous les dessins faits par J. Carrey, à Athènes, en 167.
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Quatre dessins de Carrey sur les Métopes sud du Parthénon (les métopes sont les bas-relief décorant l’espace situé entre deux triglyphes, sur la frise d’un temple) : témoignage inestimable sur des chefs d’œuvres disparus pour toujours.
1833 : Mort d’Antonin Carême
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herodote.net/Antonin_Careme_1784_1833
1852 : Naissance de Joseph Joffre, Maréchal de France
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Ci-dessous, les maréchaux de France Ferdinand Foch (1851-1929) et Joseph Joffre (1852-1931), à l’École polytechnique de Paris, en 1918.
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academie-francaise.fr/les-immortels/joseph-joffre
Dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir la photo « La 1ère victoire de la Marne : Joffre et Galliéni », et la suivante.
1970 : Eugène Ionesco est élu à l’Académie française
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Il reçoit 18 voix contre 9 à Jules Roy, et occupera le fauteuil de Jean Paulhan.
Fils d’un Roumain et d’une Française, il s’installe en France en 1942 et écrit sa première œuvre dramatique, La Cantatrice chauve, sous-titrée « a
nti-pièce« , en 1950.
Autre consécration, Ionesco sera le premier auteur à être publié de son vivant dans la prestigieuse bibliothèque de la Pléiade.
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ionesco
Article intitulé Nos contemporains, les Gaulois, paru dans Le Figaro littéraire du 23 juin 1969 et repris dans l’ouvrage d’Eugène Ionesco intitulé Antidotes (Gallimard, 1977)