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Sujet: Histoire et Vérité. Dim Juin 18 2023, 17:17
En ce jour anniversaire de l'Appel du 18 Juin, je me suis souvenu des titres d'un article paru dans Paris Match du 6 Nov 1954 et mis de côté par mon Père, ancien Résistant Chef de Secteur et Gaulliste. Pendant des années je n'ai pas prêté attention à cet article, considérant que concernant le Général De Gaulle tout avait été dit. Mais en y regardant de plus près, je me suis aperçu qu'il s'agissait d'un éclairage méconnu donné par les Généraux WEYGAND et HERING sur L'Armistice de 1940. J'ai essayé de photographier cette page, mais la netteté était insuffisante, car chaque mot a son importance pour pouvoir être interprété. Je vais donc reproduire cette page et terminer par des photos pour preuves. Ce sujet n'a aucun rapport avec l'Appel du 18 Juin.
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Ancien38
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Sujet: Re: Histoire et Vérité. Dim Juin 18 2023, 18:17
REPONSES AUX MEMOIRES DE GUERRE DU GENERAL DE GAULLE. La réponse du général Weygand ancien commandant en chef. Faisant appel à votre courtoisie, je vous demande de vouloir bien publier cette lettre en lui donnant dans votre journal une place répondant à celle qu'occupent les extraits des "Mémoires de Guerre" du général de Gaulle. "Match" relie ces différents extraits par des raccords de forme impersonnelle; c'est le choeur qui chante la gloire du héros. Je n'en fais pas état, espérant pour le général de Gaulle qu'il n'en est pas l'auteur. Je ne m'attache qu'au texte même des "Mémoires". Dans tous les documents concernant l'Histoire il convient de distinguer l'exposé des faits des jugements portés sur ces faits ou sur les personnes qui y ont joué un rôle. Un exposé des faits n'a de valeur historique que par son exactitude. Or en ce qui me concerne cet exposé est contraire à la vérité. Il est absolument faux que le général de Gaulle ait été convoqué et reçu par moi le 1er Juin 1940. Le récit qu'il fait de cette entrevue est un pur roman. Il est exact que j'ai reçu le général de Gaulle à Montry le 8 Juin dans l'après-midi lorsqu'il est venu se présenter à moi en sa nouvelle qualité de sous-secrétaire d'Etat à la Guerre; mais le dialogue, héroîque en ce qui le concerne, dont il donne le récit, est un produit de son imagination. Seuls valent, pour connaître mon appréciation de la situation militaire, les comptes rendus écrits, que j'ai adressés au gouvernement le 29 Mai et le 30 Juin, des conditions dans lesquelles se présentait, puis se déroulait la bataille. J'ai donné dans le troisième volume de mes Mémoires le texte de ces documents. Je relève avec indignation, parce que j'y vois une volonté de dénaturer les faits, le terme de capitulation appliqué à l'armistice de 1940. C'est le gouvernement qui, au contraire, a prétendu m'imposer la capitulation des armées: mon refus catégorique et public de me prêter à cet acte déshonorant lui imposait un choix : me remplacer à la tête des armées ou démissionner. Il a choisi la démission. Quant aux jugements, ils sont affaires personnelles et par là en dehors de toute discussion. Je trouve même naturelle la rigueur de ceux que le général de Gaulle a portés sur mon comportement de puis le jour où j'ai accepté de prendre le commandement des armées, dans des circonstances que je crois inutiles de rappeler. Comment sans cela pourrait-il justifier son ordre de m'arrêter et de me traduire devant la Haute Cour de justice, à ma sortie des prisons où les Allemands m'avaient enfermé parce que j'avais, en Afrique, travaillé de mon mieux à préparer à la France une force qui lui a permis de rentrer victorieusement dans la guerre à côté des Alliés, en Tunisie et en Italie sous le maréchal Juin, et qui a constitué le noyau de l'armée du maréchal de Lattre. Veuillez, monsieur le Directeur, agréer l'expression de mes sentiments les plus distingués.
WEYGAND.
(à suivre)
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Ancien38
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Sujet: Re: Histoire et Vérité. Lun Juin 19 2023, 09:05
Avec cet article est également joint un coupon daté du 28 0ctobre (Je ne sais pas de quelle année), extrait du journal local dans lequel le Général Weygan reconnaît qu'il s'est trompé sur la non visite du 1er Juin du Général de Gaulle : WEYGAND avait oublié son entretien avec de Gaulle le 1er juin 1940. Paris, 28 octobre. - Dans ses mémoires, qui viennent de paraître en librairie, le général de Gaulle fait état d'un entretien qu'il eut avec le général Weygand, le 1er juin 1940 et qualifiait de "pur roman" le récit de cette entrevue. Dans un communiqué qu'il publie aujourd'hui, le général Weygand déclare que le souci de la vérité l'oblige à reconnaître qu'il s'est trompé et que son accusation d'atteinte à la vérité sur ce point particulier est inexacte. " Après avoir consulté les notes qu'il a prises sur le détail de mes premières journées de commandement, déclare le général Weygand, mon ancien officier d'ordonnance me signale que, sans avoir convoqué le général de Gaulle, j'ai reçu sa visite, à Montry, le 1er juin, à 19 heures. Ce bref entretien ne m'avait laissé aucun souvenir".
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Ancien38
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Sujet: Re: Histoire et Vérité. Lun Juin 19 2023, 11:40
La réponse du général HERING ancien commandant de l'armée de Paris. En ma double qualité d'ancien commandant de l'Armée de Paris, et de président de l'" Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain " , je crois de mon devoir et de mon droit de redresser un certain nombre d'erreurs d'appréciation commises au préjudice de ces deux grands chefs, voire même d'entorses à la vérité historique, qui m'ont douloureusement frappé à la lecture des extraits des "Mémoires du général de Gaulle", parus dans le numéro 289 de la revue " Paris-Match ". Lorsque le gouvernement a pris la décision, en 1940, de faire appel au général Weygand, il s'est souvenu d'une des dernières recommandations du maréchal Foch : " Si jamais la France se trouvait de nouveau dans une situation critique, je ne vois que Weygand qui pourrait l'en tirer. " Cette décision arrivait malheureusement trop tard. Dès sa prise de commandement, le général Weygand se rendit compte de l'extrême gravité de la situation : " Vous ne pouvez pas vous faire une idée de ce que j'ai vu et de ce que je souffre ", m'a-t-il dit en revenant de sa reconnaissance dans le Nord. Loin de se laisser abattre par l'adversité, le nouveau commandant en chef n'en conservait pas moins la ferme résolution de lutter jusqu'à épuisement de ses forces : ses ordres en font foi. Mais les événements ne tardèrent pas à le dépasser. Après la capitulation de l'armée belge et le repli des forces britanniques, la retraite du groupe des armées du Nord s'imposait. C'est alors que le général Weygand prit la décision de jouer sa dernière carte sur la Somme et sur l'Aisne. Entre temps, de Gaulle, nommé sous-secrétaire d'Etat à la Guerre, était venu apporter au commandant en chef le secours de ses " conseils ", l'engageant à replier l'armée française en Afrique du Nord, pour continuer la guerre en partant de cette nouvelle base . . . Le général Weygand accueillit cette proposition par un éclat de rire que l'orgueilleux conseiller ne devait jamais lui pardonner. La manoeuvre stratégique imaginée par de Gaulle n'était, en effet, qu'une vue de l'esprit : Le repli improvisé des Forces Françaises en Afrique du Nord était irréalisable : 1° Les Allemands, opérant avec des avant-gardes motorisées, auraient atteint la Méditerranée avant nous ; 2° Grâce à leur supériorité écrasante en aviation, ils auraient coulé la flotte de transport avant même l'embarquement des troupes. En supposant qu'une partie des Forces françaises, échappant à l'étreinte allemande, eut réussi à gagner l'Afrique du Nord, elle aurait été incapable de faire tête à une attaque allemande par l'Espagne, attendu que l'Afrique du Nord se trouvait démunie de troupes et de moyens de ravitaillement. En accordant, le 25 juin, à la France, un "armistice" qui n'était nullement une "capitulation", puisqu'il laissait à la France non seulement sa flotte, mais une armée. Hitler a laissé passer l'occasion de porter à la coalition le coup décisif. Ses lieutenants, pour la plupart, le lui ont amèrement reproché. A vrai dire, le maréchal Pétain et le général Weygand n'ont jamais douté du caractère mondial que pouvait prendre le conflit. C'est même une des raisons pour lesquelles ils n'ont pas hésité à demander un armistice, qui, seul, pouvait leur donner la possibilité de reconstituer une armée prête à reprendre la lutte dans des conditions nouvelles. Le général de Gaulle, en arrivant en Afrique du Nord à la suite du débarquement des forces anglo-américaines, a été trop heureux de pouvoir disposer de l'armée d'Afrique, reconstituée par les généraux Weygand et Juin, sur ordre du maréchal Pétain. - Sans l'armistice, quel eût été le sort des 40 millions de Français livrés à l'envahisseur ? De Gaulle, qui n'a pas partagé les souffrances du peuple français pendant l'occupation, ne peut pas s'en rendre compte. Pour lui, les Français n'avaient qu'à faire de la "résistance". C'eût été du joli ! alors que, ni les Anglais ni les Américaiens ne se trouvaient en mesure de leur venir en aide. Pour répondre à l'accusation d'"ambition sénile", portée par de Gaulle contre son ancien chef, le maréchal Pétain, qu'il me suffise de rappeler le passage suivant de ma déposition au procès du maréchal, devant la Haute Cour : " Quand je me suis présenté à la villa Sévigné, le lendemain du jour où l'Assemblée nationale venait de conférer à celui qu'elle considérait comme le sauveur de la France, le titre de chef de l'Etat avec les pleins pouvoirs, j'ai demandé au maréchal : "Peut-on vous féliciter ? - A titre de "martyr seulement", m'a-t-il répondu, sans me cacher son émotion. A sa place, un ambitieux se fut contenté de me serrer la main, avec un sourire satisfait. Les Mémoires sont, en général, écrits pour la plus grande gloire de leur auteur. C'est humain. Encore faut-il que l'auteur mette une certaine discrétion dans les louanges qu'il se décerne, et, surtout, qu'il ne travertisse pas la vérité historique pour appuyer sa thèse. Malgré les bons souvenirs que je conserve de mon ancien collaborateur et ami de l'éta-major du maréchal Pétain, il ne m'est pas possible de le suivre dans une voie que je réprouve. "Amicus Plato, sed magis amica veritas."