Éphéméride du 30 mai
mardi 30 mai 2023
Des Hommes et des Dieux : Le 30 mai 1996, découverte des têtes des moines de Tibhirine
1431 : Martyre de Jeanne d’Arc
Dans notre catégorie Grands Textes, lire les deux hommages à Jeanne d’Arc de Raymond Poincaré, président de la République, et d’André Malraux :
Raymond Poincaré célèbre le cinquième centenaire de Jeanne d’Arc
« Oh, Jehanne, sans sépulcre et sans portrait » par André Malraux
Extrait du discours d’André Malraux, à Rouen le 30 mai 1964
La Place du vieux marché, où eut lieu le supplice
« …Dans ce monde où Isabeau de Bavière avait signé à Troyes la mort de la France, dans ce monde où le dauphin doutait d’être dauphin, la France d’être la France, l’armée d’être une armée, elle refit l’armée, le roi, la France.
…Et la première flamme vint, et avec elle le cri atroce qui allait faire écho, dans tous les coeurs chrétiens, au cri de la vierge lorsqu’elle vit monter la croix du Christ sur le ciel livide. De ce qui avait été la forêt de Brocéliande jusqu’aux cimetières de Terre sainte, la vieille chevalerie morte se leva dans ses tombes. Dans le silence de la nuit funèbre, écartant les mains jointes de leurs gisants de pierre, les preux de la Table ronde et les compagnons de Saint Louis, les premiers combattants tombés à la prise de Jérusalem et les derniers fidèles du petit roi lépreux, toute l’assemblée des rêves de la chrétienté regardait, de ses yeux d’ombre, monter les flammes qui allaient traverser les siècles, vers cette forme enfin immobile, qui devenait le corps brûlé de la chevalerie.
…Ce pauvre coeur qui avait battu pour la France comme jamais coeur ne battit, on le retrouva dans les cendres et l’on décida de le jeter à la Seine, afin que nul n’en fit des reliques… Le coeur descend le fleuve. Voici le soir. Sur la mer, les saints et les fées de l’arbre-aux-fées de Domrémy l’attendent. Et à l’aube toutes les fleurs marines remontent la Seine, dont les berges se couvrent des chardons bleus des sables, étoilés par les lys.
La légende n’est pas si fausse. Ce ne sont pas les fleurs marines que ces cendres ont ramenées vers nous, c’est l’image la plus pure et la plus émouvante de France. Ô Jeanne sans sépulcre et sans portrait, toi qui savais que le tombeau des héros est le coeur des vivants, peu importent tes vingt mille statues, sans compter celles des églises : à tout ce pour quoi la France fut aimée tu as donné ton visage inconnu.
…Au nom de tous ceux qui sont ou qui seront ici, qu’elles te saluent sur la mer, toi qui a donné au monde la seule figure de victoire qui soit une figure de pitié ! » – Statue de sable de Jeanne d’Arc brûlée vive. Exposition à la station balnéaire du Touquet
Pour lire l’intégralité du discours, ou écouter l’intégralité de l’enregistrement de Malraux : www.rouen-histoire.com/Malraux/index.htm.
La Geste héroïque de Jeanne est un moment fondamental de notre Histoire nationale : ses moments essentiels en sont relatés dans ces éphémérides aux 25 février (rencontre de Jeanne et du Dauphin, à Chinon), 8 mai (libération d’Orléans), 18 juin (victoire de Patay), 17 juillet (sacre de Reims), 23 mai et 21 novembre (capture, et livraison aux Anglais), 30 mai (martyre), 16 mai (canonisation), 10 juillet (instauration de la Fête nationale).
Symbole fort, et véritable Signe, l’anneau de Jeanne d’Arc est revenu en France, au Puy du Fou en mars 2015 (éphéméride du 20 mars).
1631 : La Gazette, le premier journal français
Le médecin du roi Théophraste Renaudot obtient du ministre Richelieu le monopole de la presse. Il lance la feuille d’information hebdomadaire La Gazette qui tire son nom de « gazetta », une monnaie qui équivaut à Venise au prix d’un journal.
La Gazette sera l’organe officieux du pouvoir : Louis XIII y écrira régulièrement.
Elle parut du 30 mai 1631 jusqu’au 30 septembre 1915, sur un petit format (23 x 15 cm) et sur quatre puis huit ou douze pages.
1778 : Mort de Voltaire
Ci dessous, son buste par Houdon :
agora/Dossiers/Voltaire
Dans notre album Écrivains royalistes (I) : Chateaubriand, voir la photo « Sur Voltaire ».
1858 : Alexandre II, Tsar de toutes les Russies, inaugure solennellement la cathédrale Saint Isaac de Saint Pétersbourg
Elle est l’œuvre du Français Auguste Ricard, dit « de Montferrand », quasi inconnu en France, mais très célèbre en Russie, où il vécut 41 ans, et où il mourut.
Il y édifia, toujours à Saint Petersbourg, la Colonne triomphale d’Alexandre Premier (le vainqueur de Napoléon, qui, séduit par la qualité de ses plans, lui avait demandé de venir en Russie…), mais aussi la statue équestre de Nicolas Premier et, à Moscou, la salle du Manège et le socle de la fameuse « Cloche des Tsars », dans l’enceinte du Kremlin.
Lors de l’inauguration de « sa » cathédrale, le Tsar lui fit ce compliment : « Vous avez rendu votre nom immortel ».
Auguste Ricard est ainsi essentiellement connu par ses oeuvres réalisées en Russie : comme Jean-Baptiste Alexandre Le Blond, architecte principal du château de Peterhof, édifié par Pierre 1er après son séjour à Versailles, en 1717 (éphéméride du 15 août)
clermont-ferrand.fr/Auguste Ricard de Montferrand
fr.academic.ru/dic.nsf/frwiki
lesirreductiblesgaulois/auguste ricard de montferrand-un genie a la cour du tsar
1952 : A Chambord, le premier spectacle « Son et Lumière » de France
Vincent Auriol, président de la République, viendra y assister, le 5 juillet suivant.
Cinq ans plus tard, en 1957, on associera, au château du Lude, des personnages en superposition au spectacle Son et lumière proprement dit.
1996 : Découverte des têtes des moines de Tibhirine
Les têtes des sept moines trappistes du monastère Notre-Dame de l’Atlas, qui avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars, sont retrouvées. On avait annoncé leur mort le 21 mai.
Fondée en 1938 près de Médéa à 90 km au sud d’Alger dans une zone montagneuse, la Trappe Notre-Dame-de-l’Atlas a été ainsi décrite par Jean-Marie Rouart, dans son discours de réception à l’Académie française :
« C’était une grande bâtisse un peu austère mais chaleureuse et accueillante, construite en face d’un des plus beaux paysages du monde : les palmiers, les mandariniers, les rosiers se dessinaient devant les montagnes enneigées de l’Atlas. Des sources, une eau claire, irriguaient le potager. Il y avait aussi des oiseaux, des poules, des ânes, la vie.
Des hommes avaient choisi de s’installer dans ce lieu loin de tout mais proche de l’essentiel, de la beauté, du ciel, des nuages. Ce n’étaient pas des hommes comme les autres : ils n’avaient besoin ni de confort ni de télévision. Ce qui nous est nécessaire leur était inutile, et même encombrant. »
algeria-watch.org/fr/pol/tigha_moines/veilleux_tibhirine