LE BAL DES FAUX-CULS
Les Echos on Twitter: "« Nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie. Nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe », a menacé ce mardi le ministre de
Depuis le tout début de l’offensive russe contre l’Ukraine, je m’inquiète du risque de voir ce conflit dégénérer en guerre totale, avec l’utilisation possible de l’arme atomique.
Emmanuel Macron répète à l’envi que nous ne sommes pas en guerre contre la Russie « et en même temps » il soutient Ursula von der Leyen qui souhaite, comme Joe Bieden, intensifier les envois d’armement à l’Ukraine. Il ne se passe pas une semaine sans qu’on nous annonce de nouvelles sanctions destinées, nous dit-on, à punir Poutine alors qu’elles pénalisent d’abord et surtout l’Europe (et la France). Mais ces sanctions font les choux gras de « l’oncle Sam » ou, si vous préférez, de l’oncle Joe Biden (et accessoirement, de la Chine). En février 2022, au tout début du conflit, j’écrivais ceci :
« La Russie est autosuffisante dans de nombreux domaines, il y a donc fort à parier qu’elle souffrira moins que les pays tributaires – voire totalement dépendants – de son pétrole, de son gaz, de ses métaux rares ou de son blé… » .
Nous avons volontairement coupé tous les canaux d’information en provenance de la Russie, il est donc difficile d’avoir un jugement objectif sur ce conflit qui s’éternise. Mais ce que je pressens depuis le début c’est une volonté des USA de souffler sur la braise, au risque de nous entrainer vers une 3ème Guerre Mondiale. Nous, Européens, leur servirions alors de chair-à-canon.
Vous me direz que ce ne sont là que suppositions. C’est vrai mais, en revanche, malgré les rodomontades imbéciles de l’arrogant Bruno Le Maire, c’est au plan économique que nous souffrons et ça c’est une réalité ; nous le constatons hélas tous les jours.
Quand j’évoque le conflit en Ukraine, je ne peux m’empêcher de penser à certains sketchs d’Anne Roumanoff. Ceux dans lesquels elle se moque du « Franchouillard » poujadiste qui conclue ses propos par « On ne nous dit pas tout ». C’est facile – et surtout sans le moindre risque – de faire rire au détriment du Gaulois blanc, borné et hétérosexuel, de le faire passer sur un imbécile inculte. Pourtant, effectivement, on ne nous dit pas tout, et il est utile de ne pas se limiter aux informations (et « fake-news ») diffusées sur certains sites. La presse étrangère est parfois moins polluée et moins inféodée à la gauche que la nôtre (1). On y apprend des choses …édifiantes.
Selon un rapport publié le 22 avril par le « Centre for Research on Energy and Clean Air » nous apprenons, par exemple, que cinq pays ont augmenté leurs importations de pétrole russe à la suite de l’invasion de l’Ukraine, et qu’ils l’ont transformé en produits vendus à des pays qui ont sanctionné le pétrole russe, ben voyons ! Dans le milieu de la drogue, on appelle ça une « opération de blanchiment ». Il va sans dire qu’elle sape le plafonnement des prix du pétrole russe et alimente l’invasion. « Il s’agit actuellement d’un moyen légal d’exporter des produits pétroliers vers des pays qui imposent des sanctions à la Russie, car l’origine du produit a été modifiée », nous dit le rapport et il ajoute que « ce processus permet d’alimenter le trésor de guerre de Poutine. »
Le « Centre for Research on Energy and Clean Air » a identifié la Chine, l’Inde, les Émirats Arabes-Unis, la Turquie et Singapour comme les « pays blanchisseurs ». Ces cinq pays ont augmenté massivement les importations de pétrole russe après l’invasion de l’Ukraine. Ils ont également augmenté les exportations de produits raffinés vers les pays qui ont sanctionné le pétrole russe, et notamment l’Union Européenne (UE), l’Australie, le Japon, le Royaume-Uni, le Canada et les États-Unis. « L’UE, le G7 et l’Australie continuent d’importer des combustibles fossiles russes sous forme de produits pétroliers raffinés en provenance de pays tiers et autorisent le transport sur leurs navires et leurs assurances », a déclaré Isaac Levi, co-auteur du rapport.
Depuis plusieurs semaines, des transferts de cargaisons pétrolières russes sont réalisés au large de Ceuta.
Il est intéressant de savoir que l’Union Européenne est le plus grand importateur de ces produits raffinés, suivie par l’Australie, et que la grande majorité des produits blanchis voyagent sur des navires européens. Dans les mois qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les cinq pays blanchisseurs ont augmenté les importations maritimes de pétrole brut russe de 140 % par rapport à l’année précédente. Et ils absorbent 70 % des exportations de pétrole brut de la Russie.
Dans le même temps, ils ont augmenté leurs exportations de produits pétroliers de 26 % vers les pays de la coalition où les prix sont plafonnés.
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Leurs exportations vers les pays n’appartenant pas à la coalition n’ont augmenté que de 2 %, ce qui montre que la majeure partie du pétrole russe finit dans les pays où les prix sont les plus élevés. On ne nous dit pas tout, en effet, et on nous prend pour des imbéciles !
« L’augmentation des importations de produits pétroliers en provenance des principaux importateurs de pétrole brut russe sape les sanctions pétrolières contre la Russie », a déclaré Lauri Myllyvirta, analyste principal et co-auteur du rapport.
Le pétrole russe est acheminé sous forme de diesel, de carburéacteur et de gazole vers les pays où les prix sont plafonnés. L’UE a dépensé 19,3 milliards de dollars pour ces produits d’origine russe au cours des 12 mois qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine ; l’Australie 8,74 milliards de dollars ; les États-Unis 7,21 milliards de dollars ; le Royaume-Uni 5,46 milliards de dollars ; le Japon 5,24 milliards de dollars (2). Ne comptez pas sur nos médias pour vous raconter ça !
Précisons, avant de conclure, que le « Centre for Research on Energy and Clean Air » est un institut de recherche indépendant enregistré en Finlande, dont le personnel est réparti en Europe et en Asie. Il a publié, entre autres, une étude sur la dépendance de l’Allemagne à l’égard du gaz russe.
Bon, il va bien se trouver des lecteurs pour me faire remarquer que l’UE a impérativement besoin de ce pétrole russe, ce qui n’est pas faux. Récemment un macroniste « de la première heure » (mais oui, il en existe encore !) me faisait remarquer que le problème était totalement différent pour le gaz puisqu’en 2022, Macron est allé en Algérie pour, entre autres, garantir notre fourniture en gaz saharien. Là encore, on prend les Français pour des imbéciles car depuis des années, nos voisins – l’Espagne et l’Italie – sont approvisionnés en gaz algérien, par gazoducs.
Nous, depuis le bradage honteux de l’Algérie française, nous payons notre gaz algérien plus cher que les autres pays, et il nous arrive par bateau, donc en quantité restreinte.
Rappelons que le gaz et le pétrole algériens ont été découverts par la France et RIEN, sinon la générosité gaullienne, ne nous obligeait à brader le Sahara en même temps que l’Algérie.
Depuis février 2022, j’écris que, dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine, il est indéniable que c’est Poutine l’agresseur, mais je n’oublie pas que la « Brigade Azov » massacre des pro-russes dans la Donbass depuis 2014. Et je reste intimement convaincu que nous n’aurions pas dû nous mêler de cette guerre car elle ne nous concerne pas : l’Ukraine n’est pas membre de l’OTAN et ne fait pas partie de l’UE. Joe Biden, Emmanuel Macron, Ursula von der Leyen etc…ont choisi leur camp. Pour ma part, j’ai choisi le mien, en mon âme et conscience.
Ce n’est pas celui de la Russie, c’est celui de la France (et de sa survie).
Il nous faudra, tôt ou tard, arrêter nos vociférations de faux durs, faire enfin de la realpolitik et reprendre des relations normales avec la Russie, car c’est NOTRE intérêt !
Si d’ici là, bien sûr, nous ne nous trouvons pas impliqué dans la 3ème Guerre Mondiale.
Éric de Verdelhan
21 avril 2023
1)- En 2002, un sondage publié dans « le Monde » nous apprenait que 92% des journalistes étaient de gauche ou avaient « une sensibilité de gauche ». Et on ose encore parler de pluralité d’opinions !
2)- Source : article de Jeff McMahon dans « Forbes » du 22 avril 2022.