Éphéméride du 12 février
dimanche 12 février 2023
Le Louvre, Galerie d’Apollon
Il y a treize jours, dans l’année, pendant lesquels il ne s’est pas passé grand-chose, ou bien pour lesquels les rares événements de ces journées ont été traités à une autre occasion (et plusieurs fois pour certains), à d’autres dates, sous une autre « entrée ».
Nous en profiterons donc, dans notre évocation politico/historico/culturelle de notre Histoire, de nos Racines, pour donner un tour plus civilisationnel à notre balade dans le temps; et nous évoquerons, ces jours-là, des faits plus généraux, qui ne se sont pas produits sur un seul jour (comme une naissance ou une bataille) mais qui recouvrent une période plus longue.
Ces jours creux seront donc prétexte à autant d’évocations.
• 1. Essai de bilan des Capétiens[url=https://www.jesuisfrancais.blog/2023/02/12/ephemeride-du-12-fevrier/.. Ou : comment la Troisi%C3%A8me R%C3%A9publique naissante, par haine du pass%C3%A9 national, juste apr%C3%A8s avoir fait d%C3%A9molir les Tuileries (1883) dispersa les Joyaux de la Couronne (1887), amputant ainsi volontairement la France de deux pans majeurs de son Hist],[/url] par Michel Mourre (2 février)
• 2.Splendeur et décadence : Les diamants de la Couronne. (12 février)
• 3. Deux hauts-lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. 1. Reims (15 février)
• 4. Deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. 2. Saint-Denis (19 février)
• 5. Quand Le Nôtre envoyait à la France et au monde le message grandiose du Jardin à la Française. (13 mars)
• 6. Quand Massalia, la plus ancienne ville de France, rayonnait sur toute la Gaule et, préparant la voie à Rome, inventait avec les Celtes, les bases de ce qui deviendrait, un jour, la France. (11 avril)
• 7. Quand Louis XIV a fait de Versailles un triple poème : humaniste, politique et chrétien. (28 avril)
• 8. Les Chambiges, père et fils (Martin et Pierre), constructeurs de cathédrales, élèvent à Beauvais (cathédrale Saint-Pierre) le choeur ogival le plus haut du monde : 46 mètres 77 (4 mai)
• 9. Quand la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais a reçu, au XIIIème siècle, son extraordinaire vitrail du Miracle de Théophile (28 mai)
• 10. Quand Chenonceau, le Château des Dames, à reçu la visite de Louis XIV, âgé de douze ans, le 14 Juillet 1650. (26 juillet)
• 11. Le Mont Saint Michel (11 août)
• 12. Quand François premier a lancé le chantier de Chambord. (29 septembre)
• 13. Quand Léonard de Vinci s’est installé au Clos Lucé. (27 octobre)
Aujourd’hui
Splendeur et décadence : Les diamants de la Couronne.
Ou : Comment la Troisième République naissante, par haine du passé national, juste après avoir fait démolir les Tuileries (1883) dispersa les Joyaux de la Couronne (1887), amputant ainsi volontairement la France de deux pans majeurs de son Histoire.
« Du passé faisons table rase ! »Par haine de nos racines, la Révolution avait déjà fait disparaître entre le quart et le tiers de notre patrimoine.
La Troisième République naissante poursuivra dans cette même voie : destruction des Tuileries (le « château de Paris ») et dispersion des Joyaux de la Couronne (loi du 11 janvier 1887).
Le peu qu’il nous reste de ce fabuleux trésor est exposé aujourd’hui dans la Galerie d’Apollon, au Louvre (ci contre).
I – Origine des Joyaux de la Couronne.
C’est François 1er qui, en faisant don à l’État, par lettres patentes du 15 juin 1530, de ses pierres les plus estimées, est à l’origine du trésor des Joyaux de la Couronne.
La plupart des parures provenaient d’Anne de Bretagne, qui les tenait de Marguerite de Foix. Il y avait notamment un diamant connu au XVIème siècle sous le nom de la « Belle Pointe ». Plus célèbre encore, un rubis de 206 carats portait le nom de « Côte de Bretagne ». Son sort avait été lié à deux autres gros rubis qui, après bien des aventures lors des guerres de Religions et plus tard encore, réintégrèrent le mobilier de la Couronne grâce à Colbert. La « Côte de Bretagne », pierre brute, fut portée par les souverains, taillée en dragon tenant la Toison d’Or dans sa gueule.
La « Côte de Bretagne », Spinelle rouge
taillée en forme de dragon par Jacques Guay en 1750, Musée du Louvre.
Sous le règne d’Henri IV, apparut un personnage dont le nom demeure lié à l’histoire des diamants de la Couronne : Nicolas Harlay de Sancy. Il possédait plusieurs diamants sur lesquels il empruntait des sommes considérables qu’il mettait à la disposition du roi. L’un des joyaux reçut son nom (le Sancy) : il fut vendu à Jacques Ier, roi d’Angleterre. Lors de la Révolution anglaise, Henriette de France, fille d’Henri IV, sieur de Louis XIII et épouse de Charles Ier d’Angleterre l’emporta avec elle. Pressée d’argent, elle le donna en gage en 1655 en même temps qu’un autre, le « Miroir du Portugal », au duc d’Épernon. La reine les racheta peu après tous les deux pour les vendre en 1657 au cardinal de Mazarin qui, a sa mort les laissa à Louis XIV avec seize autres diamants de premier ordre.
Le Sancy
Au XVIIIème siècle, deux pierres extraordinaires entrèrent dans le trésor : le « Grand Diamant bleu » (voir paragraphe V) et le diamant de la maison de Guise. Quand au fameux « Régent » – aujourd’hui visible au musée du Louvre – l’achat, en 1717, en a été conté par Saint-Simon dans ses « Mémoires ».
Le Régent (sur son acquisition, et sur la pierre elle-même, voir l’éphéméride du 6 juin
II – Pendant la Révolution, le vol des Joyaux
L’Hortensia, le diamant rose de Louis XIV
Les diamants de la couronne sont rassemblées dans le garde-meubles, sur la place Louis XV (actuelle place de la Concorde). Depuis le début du règne, ils sont confiés à la garde de Lemoine-Crécy, un parfait honnête homme, au-dessus de tout soupçon. Ces pierreries, ces objets d’or massif, ces antiques, les parisiens les connaissent bien. Chaque mardi de Pâques à la Saint-Martin, ils ont pu les admirer ; c’est un des buts de promenade préféré du peuple. Sous l’œil débonnaire des gardes-françaises, on se pressait devant les vitrines.
Le peuple admirait, avec fierté, puisque – comme cela se passe en Angleterre aujourd’hui… – la personne royale se confondait avec l’Etat.
Après Varennes, Lameth propose que soit dressé un inventaire précis de ce fabuleux trésor qui appartient désormais à la Nation. Trois députés sont nommés commissaires : Bron, Christin et Delattre. Ils s’entourent de onze experts et après trois mois de travail déposent sur le bureau de l’Assemblée, un inventaire complet. Ils ont dénombré, en particulier, neuf mille cinq cent quarante-sept diamants.
L’ensemble est évalué à la sommes fabuleuse de trente-millions de francs.
Désormais, les visites des collections sont autorisées chaque lundi, et Lemoine-Crécy est remplacé par Restou, protégé et créature de Roland.
Le 17 septembre 1792, Roland monte à la tribune de la Convention et annonce :
« Le garde-meuble vient d’être forcé et pillé, et les diamants ont disparu. Cet acte inouï n’a pu avoir lieu que sous le couvert d’une vaste machination ».
On saura jamais ce qui s’est vraiment passé : quelques pauvres hères ou seconds couteaux seront rapidement jugés, et cinq exécutés sous l’inculpation de menées contre-révolutionnaires, la promptitude de l’exécution devant, sans doute, protéger des personnages plus haut placés. On a évoqué les ministres girondins – notamment le ministre de l’Intérieur Roland – et même le ministre de la Justice Danton qui aurait fait parvenir certains joyaux au duc de Brunswick, commandant des troupes d’invasion prussiennes, pour le convaincre de se retirer, ce qui expliquerait le côté « inespéré » (!) et, en tout cas, tout à fait inattendu, de la bataille de Valmy !
Très vite, la plus grande partie des diamants sera retrouvée, en tous cas les plus belles pièces : seules les plus petites avaient pu être revendues ou, comme on dit dans le métier, « négociées ».
Sur cette bizarre affaire :
vol des-joyaux de la couronne
III – L’article de Daniel Alcoufffe dans La Tribune de l’Art (23/1/2008) :
Une catastrophe nationale : la vente des Diamants de la Couronne en 1887.
En cette période où l’inaliénabilité des œuvres conservées dans les collections publiques est menacée, il peut être utile de rappeler, avec l’aide des travaux de M. Bernard Morel, la vente lamentable des Diamants de la Couronne organisée par l’Etat en 1887. Elle amputa vertigineusement le patrimoine national.
La collection des Diamants de la Couronne fut constituée de façon délibérée en 1530 par François 1er qui isola un petit groupe de huit pierres ou bijoux en sa possession et les déclara inaliénables.
Ils furent inventoriés ainsi : « Ce sont les bagues que le roy François Ier de ce nom a donné et donne à ses successeurs à la couronne de France et veult que à chascune mutacion, l’inventaire d’icelles ensemble leur apréciacion, poix, paincture, plomp soient vériffiez en leur présence, affin qu’ils baillent leurs lettres patentes obligatoires de les garder à leurs successeurs à la couronne ».
Ce premier fonds dont il ne subsiste que le rubis dit la Côte-de-Bretagne fut considérablement augmenté par la suite, particulièrement par Louis XIV. Les pierres furent parfois mises en gage mais furent toujours récupérées. Le trésor fut amoindri par le célèbre vol qui eut lieu, dans la semaine du 11 au 17 septembre 1792, à l’hôtel du Garde-Meuble de la Couronne, à Paris, où il était conservé. Mais il fut de nouveau augmenté sous Napoléon, de telle sorte qu’il comprenait, en 1814, 65 072 pierres et perles, la plupart montées en bijoux, soit 57 771 diamants, 5 630 perles et 1.671 pierres de couleur (424 rubis, 66 saphirs, 272 émeraudes, 235 améthystes, 547 turquoises, 24 camées, 14 opales, 89 topazes).
Diadème de la Duchesse d’Angoulême
Christophe-Frédéric Bapst et Jacques-Evrard Bapst
40 émeraudes ; 1031 diamants ; or ; argent doré
Mis à l’abri pendant la guerre de 1870, les Diamants de la Couronne furent exposés avec succès à Paris en 1878, à l’occasion de l’Exposition universelle, puis en 1884, au Louvre, dans la salle des États, Mais déjà ils étaient menacés, non par appât du gain mais par haine de la monarchie. La République encore fragile voulut priver à jamais les prétendants de la possibilité d’utiliser les Diamants de la Couronne. L’adversaire le plus efficace de ces derniers fut le fils de Raspail, le député Benjamin Raspail. Il déposa à la Chambre en 1878 une motion demandant la vente, qui fut approuvée, en juin 1882 seulement, par 342 voix contre 85. La même année 1882, fut nommée une commission d’experts chargés de préparer la vente ; elle proposa et obtint heureusement d’épargner quelques pierres et perles qui furent attribuées au Louvre (le Régent, la Côte-de-Bretagne), au Muséum d’histoire naturelle et à l’Ecole des Mines.
Après des discussions au Sénat, la loi d’aliénation, adoptée en décembre 1886, fut publiée au Journal officiel le 11 janvier 1887, étant signée par Jules Grévy, président de la République, et par Sadi Carnot, ministre des Finances : « Les diamants, pierreries et joyaux faisant partie de la collection dite des Diamants de la Couronne (…) seront vendus aux enchères publiques. Le produit de cette vente sera converti en rentes sur l’Etat ».
A ce moment, la collection, riche de 77 486 pierres et perles, comprenait deux groupes de bijoux : le premier, le plus ancien, datant de la Restauration et le second exécuté sous le Second Empire, les Diamants de la Couronne n’ayant pas été utilisés sous la monarchie de Juillet. Au cours de la Restauration, Louis XVIII fit remonter pour ses nièces, la duchesse d’Angoulême et la duchesse de Berry, les parures exécutées pour Marie-Louise : ainsi la vente de 1887 comprenait-elle la parure de rubis et diamants, la parure de saphirs et diamants, la parure de turquoises et diamants et le diadème en émeraudes et diamants exécutés pour ces princesses, qui avaient servi aussi à l’impératrice Eugénie. Quant aux bijoux exécutés sous le Second Empire, ils débordaient d’opulence et d’imagination. C’est en particulier à l’occasion de l’Exposition universelle de 1855 que Napoléon III fit faire par les plus grands joailliers parisiens des joyaux magnifiques : une couronne pour lui, dont la monture fut brisée et fondue au moment de la vente, une couronne pour l’Impératrice, des bijoux fastueux pour celle-ci, notamment un nœud de ceinture en diamants se terminant par deux glands et une parure de feuilles de groseillier en diamants, comprenant une guirlande servant de collier, un tour de corsage et un devant de corsage. D’autres œuvres admirables furent créées dans les années suivantes, tels le peigne à pampilles en diamants (1856), le diadème russe (1864), le diadème grec (1867). On aurait pu tout avoir encore.
Parure offerte en présent de mariage par Napoléon 1er à l’impératrice Marie-Louise en 1810.
François-Regnault Nitot (1779-1853).
Or : micro-mosaïques figurant des ruines romaines
La vente se déroula au Louvre, dans la salle des États, en neuf vacations, du 12 au 23 mai 1887. Ce fut un échec financier. L’apparition sur le marché d’une telle quantité de pierres ne pouvait que les déprécier. La provenance historique des pièces, si importante commercialement de nos jours, ne fut pas prise en considération. La collection vendue était estimée à 8 000 000 F. or environ. Elle fut mise à prix à 6 000 000 F. L’Etat ayant déboursé 293 851 F. pour organiser la vente, la recette effective ne monta qu’à 6 927 509 F. Décevante pécuniairement, la vente fut désastreuse sur le plan historique, sur le plan minéralogique, étant donné la qualité de certaines pierres qu’on ne trouve plus maintenant, et sur le plan artistique, tant de chefs-d’œuvre de la joaillerie française disparaissant en même temps. Car tout concourut à faire perdre aux pierres leur identité : pour faciliter les achats, les éléments des parures de la Restauration furent vendus séparément, les décorations de Napoléon III furent démontées, la parure de feuilles de groseillier fut éparpillée. Les acheteurs furent principalement des bijoutiers (Boucheron, Bapst Frères, Tiffany etc), qui achevèrent de dépecer la plupart des joyaux pour en réutiliser les pierres.
Il ne reste plus maintenant qu’à s’efforcer d’évoquer ce qu’a été ce trésor qui a accompagné l’histoire de la France. C’est une des missions que s’est donné le Louvre : réintégrer dans les collections nationales les joyaux qui peuvent avoir survécu, quand c’est possible. Quelques opérations ont été encourageantes. La paire de bracelets de la parure de rubis et diamants, achetée 42 000 F par Tiffany, a été léguée au Louvre par un grand collectionneur, Claude Menier, en 1973. La couronne de l’Impératrice, rendue à celle-ci en échange de la valeur de différentes pierres que Napoléon III avait achetées sur sa cassette et remises au fonds des Diamants de la Couronne, a été donnée au Louvre en 1988 par M. Roberto Polo. Le diadème en perles et diamants exécuté par Gabriel Lemonnier pour l’Impératrice l’année de son mariage, en 1853, vendu 78 100 F en 1887, fut acquis en 1890 par Albert, prince de Tour-et-Taxis, à l’occasion de son mariage avec l’archiduchesse Marguerite, et a été conservé par leurs descendants jusqu’à la vente de la collection Tour-et-Taxis à Genève en 1992 où il a été acquis par la Société des Amis du Louvre (ill.) . C’est encore elle qui a acheté pour le Louvre à Paris, en vente publique, en 2001, l’élégante parure en or et mosaïques romaines exécutée par Fançois-Regnault Nitot, joaillier de l’Empereur, pour Marie-Louise, en 1810, vendue 6 200 F en 1887. Le Louvre a pu enfin se porter acquéreur du diadème en émeraudes de la duchesse d’Angoulême déjà mentionné ci-dessus, vendu 45 900 F, qui, lui aussi miraculeusement préservé, se trouvait dans une collection anglaise. D’autres espoirs sont permis. Il subsiste aussi en effet, en mains privées, le diadème de la parure en rubis, présenté au Louvre en 1962 par Pierre Verlet à l’exposition Dix siècles de joaillerie française. Mais l’éblouissant nœud aux deux glands évoqué ci-dessus, proposé par Sotheby’s à Londres en 2002, a échappé au Louvre, malgré l’assistance d’un mécène. Provisoirement, il faut le souhaiter. Il n’est pas toujours facile de réparer les dégâts.
IV : Le grand diamant bleu de Louis XIV, aujourd’hui aux États-Unis
Article du Figaro du 19 novembre 2008 (Eric Biétry-Rivierre) : Le diamant bleu des rois de France retrouvé. Le Muséum d’Histoire naturelle vient de résoudre l’énigme de cette pierre, volée sous la Révolution et disparue depuis, qui ornait le grand insigne de l’ordre de la Toison d’or.
20mn – sciences – le-museum-poursuite-diamant-bleu
C’est bien la perfide Albion qui a longtemps recelé un des plus beaux diamants, volé à la France pendant la Révolution. Le Muséum national d’histoire naturelle vient de le démontrer à la suite d’une enquête digne des meilleurs polars scientifiques. Un travail à lire dans le dernier numéro de la Revue de gemmologie.
L’histoire commence en 1671 quand Louis XIV ordonne la retaille d’une pierre exceptionnelle ramenée des Indes trois ans plus tôt. De ses 115 carats est extraite une pièce n’en pesant plus que 69, mais qui demeure à ce jour le plus grand et le plus beau diamant bleu jamais produit. Louis XV la fera sertir au coeur de son grand insigne de l’ordre de la Toison d’or dont on ne connaît aujourd’hui que deux gravures imprécises.
En septembre 1792, ce chef-d’oeuvre de la joaillerie baroque disparaît lors du sac de l’Hôtel du Garde-Meuble (actuellement Hôtel de la Marine, place de la Concorde). Les années passent et les chasseurs de trésors se perdent en conjectures.
Au milieu du XIXe siècle, une thèse prédomine : celui qui est désormais appelé le « diamant bleu de la couronne » aurait été grossièrement retaillé. Ce serait, peut-être, celui apparu chez un joaillier londonien en 1812 et acheté par un grand banquier de la City, Henry Philip Hope.
Mais comment prouver que ce joyau rond, désormais conservé à la Smithsonian Institution de Washington, est bien le bon ? Ses feux sont mal équilibrés, il n’a pas la légendaire et magnifique taille du diamant du Roi-Soleil, dite en « rose de Paris », et, surtout, il ne pèse « que » 45,5 carats !
Ce qui a permis à l’équipe emmenée par François Farges, chercheur au département histoire de la Terre du Muséum, de l’affirmer « à 99 % car nous n’avons pas de certificat de la gemme originelle avec tous les éléments de l’analyse moderne » : c’est une découverte.
Au cours de l’inventaire numérique du million de pièces des fonds anciens du département – qui n’est encore effectué qu’à un tiers -, un modèle en plomb du diamant des Bourbons a été retrouvé. Avec une indication du donateur, un joaillier parisien, qui mentionne son client. Un certain : « Mr. Hoppe de Londres » qui posséderait l’original.
François Farges enclenche alors son logiciel de modélisation 3D et compare le plomb avec celui du diamant Hope prêté par la Smithsonian. « L’un rentre dans l’autre au millimètre près. » Cela suffira-t-il à la France pour réclamer son bien ? Le chercheur ne le croit pas. « Depuis que la Convention, le Directoire et la IIIème République ont vendu une large partie des joyaux de la couronne, l’inaliénabilité de ces pièces, décidée par François 1er, est caduque ».
Quant au recel, il y a prescription.
Diadème de l’Impératrice Eugénie,
par Alexandre-Gabriel Lemonnier (vers 1808-1884)
Argent, diamant, or, perle – 7 x 19 x 18,5 cm
IV : Dans la Galerie d’Apollon, aujourd’hui
C’est dans le cadre splendide de cette Galerie d’Apollon– qui annonce la Galerie des Glaces de Versailles… – que brillent de tous leurs feux les rares pièces sauvées du vandalisme républicano/révolutionnaire : fort peu, sur plus de 65.000 pierres et perles !
La braderie de cette fabuleuse et unique Collection est un crime contre la Culture, l’Art, le Patrimoine; un crime contre la France.
Faisons une exception, aujourd’hui, dans nos « jours creux », pour rappeler un évènement tragique, une « occasion » perdue pour la France, le Système ayant « laissé passer une heure qui ne sonnera plus », pour reprendre la formule de Jacques Bainville.
1924 : Massacre de Pirmasens : fin de l’autonomisme Rhénan
Dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir la photo « Massacre de Pirmasens : fin du séparatisme Rhénan ».
herodote/12_fevrier_1924-evenement
Mais, qu’est-ce que l’autonomisme – ou le séparatisme – rhénan ?
En 1918, faisant preuve d’un héroïsme collectif qui force l’admiration, mais en payant un prix effroyablement élevé (un million et demi de morts, quatorze département de l’Est ravagés, des pertes matérielles immenses) la France avait gagné la guerre : un boulevard s’ouvrait devant elle, et elle pouvait à la fois faire disparaître l’Allemagne unie – que la folie révolutionnaire, républicaine et impériale avait fait naître, contre nos intérêts les plus élémentaires, agissant ainsi en « intelligence avec l’ennemi »… – pour en revenir « aux Allemagnes », que les rois avaient sagement créées avec les Traités de Westphalie; mais aussi séparer de ces Allemagnes « la rive gauche du Rhin », et en faire une zone libre, ouverte à notre influence, ce qui permettrait, à terme, de réunir ces territoires à l’ensemble national.
La faiblesse du Pays légal républicain fit que les autorités de la République laissèrent nos Allié Anglo-saxons nous empêcher de réaliser ces deux desseins, et ainsi, victorieuse après avoir payé le prix fort, la France ne retira aucun des avantages qu’un régime authentiquement national lui aurait donnés.
Pour en savoir plus sur le « séparatisme Rhénan », on pourra consulter, dans notre album Maîtres et témoins…(II) : Jacques Bainville. , les photos « 1920 : Les conséquences politiques de la paix (1) » , « 1920 : Les conséquences politiques de la paix (2) » , et « Sur Thomas Woodrow Wilson »