La tombe de Gabriel Boissy, le « Père de la Flamme »
Le 11 novembre 2011, dans le Gard, au cours de la commémoration de l’armistice de la Grande Guerre dans le cimetière de Souvignargues, Daniel Tamagni, porte-drapeau de l’Union des Blessés de la Face (Gueules Cassées), remarque qu’une tombe semble être ignorée et à l’abandon. Il découvre alors que Gabriel Boissy y repose et alerte les autorités locales afin de la faire rénover. Le Souvenir Français répondra à cet appel.
Mais qui est donc Gabriel Boissy ?
Gabriel Boissy nait le 26 février 1879 au Lonzac, en Corrèze. Issu d’une famille modeste, il suit une scolarité classique dans sa région natale. Au début des années 1900, il s’installe à Paris et suit des cours à la Sorbonne, au Collège de France et à l’École du Louvre. En parallèle, il développe son goût pour les arts et le théâtre en entreprenant l’organisation de multiples spectacles en plein air. Ses qualités de critique théâtral lui permettent également de devenir journaliste auprès de revues et de journaux mondains, comme à l’Excelsior.
Au cœur de la Grande Guerre, et notamment lors de la bataille de Verdun, il combat en tant que caporal au 81e régiment d’infanterie. Il est sérieusement blessé lors des affrontements mais survit au conflit. Dès son retour à la vie civile, il souhaite entretenir le souvenir de tous ces soldats français morts pour leur patrie.
Avec le sculpteur Grégoire Calvet, ils développent le projet d’accompagner la tombe du Soldat Inconnu, installée sous l’Arc de Triomphe depuis le 11 novembre 1920, par une flamme brûlant en permanence. Il souhaite qu’elle ait la fonction suivante : « Sa palpitation atteindra ce haut résultat de contraindre tous les passants à une seconde de recueillement. Cette seconde les incitera à un rapide examen de conscience, à ce rappel des vertus nécessaires lorsque le devoir, l’honneur ou la simple nécessité nous appellent ».
La Flamme sous l'Arc de Triomphe
La proposition reçoit un accueil positif de la part du grand public et des autorités politiques.
En effet, André Maginot, ministre de la Guerre, et Léon Bérard, ministre de l’Instruction publique, valident le projet. Ainsi, le 11 novembre 1923, la Flamme du souvenir sur la tombe du Soldat Inconnu est allumée pour la première fois par Maginot. Plus de 300 000 Français assistent à cet événement.
L’architecture particulière de cette Flamme s’articule autour d’un canon braqué vers le ciel, lui-même étant encastré dans un bouclier renversé dont la surface ciselée est constituée par des épées formant une étoile. Depuis maintenant 99 ans, la Flamme du souvenir y brûle sans relâche, représentant un hommage intemporel rendu au sacrifice de ces hommes. Elle est ravivée chaque soir, à 18h30.
En 1926, suivant l’inauguration de la Flamme, Gabriel Boissy est fait officier de la Légion d’Honneur. Il passe les années suivantes à poursuivre son métier de rédacteur pour la revue « Comoedia », ainsi qu’à s’adonner à l’écriture de nombreux ouvrages concernant les arts, la philosophie et l’histoire.
Au terme de la Seconde Guerre mondiale, il passe les dernières années de sa vie à Biot, une petite commune des Alpes-Maritimes. Il s’éteint dans sa villa le 23 septembre 1949. Son corps est ensuite inhumé dans le village d’origine de son épouse, au cimetière de Souvignargues, dans le Gard.
Pendant des décennies, sa tombe est ignorée et à l’abandon. C’est à l’occasion de la cérémonie du 11 novembre 2011 que le porte-drapeau Daniel Tamagni remarque son délabrement. En moins d’un an, grâce aux efforts communs de l’Union des Blessés de la Face (Gueules Cassées), du Comité de la Flamme et du Souvenir Français, des fonds sont levés et la tombe est rénovée. Son inauguration a lieu le 11 novembre 2012.
Depuis ce jour, elle est au centre d’une cérémonie annuelle rassemblant divers publics et associations mémorielles, dont le Souvenir Français, dans le but de rendre hommage au « Père de la Flamme ».
Le Souvenir Français