Hugo Boss et le régime nazi
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Dès 1931, Hugo Ferdinand Boss adhère au Parti national-socialiste des travailleurs allemands auquel il fait quelques libéralités, ce qui le fait reconnaître comme « membre bienfaiteur de la SS »6. De 1931 à la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, Hugo Boss contribue à la production des uniformes militaires du Troisième Reich, tout d'abord pour la première milice d'Hitler les chemises brunes puis ceux des SS, des Jeunesses hitlériennes et de la Wehrmacht.
Une publicité des années trente qui affirmait que l'Entreprise était fournisseur d'uniformes militaires depuis 1924 a été contestée par Elisabeth Timm, historienne allemande commissionnée pour des recherches sur l'entreprise6, qui estimait que cela n'était probable qu'à partir de 1928-1929 et certain qu'à compter de 1934, quand il devient fournisseur officiel6. Les recherches faites en 2000 par Roman Köster, autre historien engagé pour étudier l'histoire de l'entreprise, confirment qu'Hugo Boss était bien fournisseur de vêtements militaires dès 1924 sous la République de Weimar7. Ses ventes augmentent, entre 1932 et 1941, de 38 260 reichsmarks à plus de 3 300 000 reichsmarks, ses profits passant dans la même période de 5 000 à 241 000 reichsmarks6.
Pour faire face à la demande durant les dernières années de la guerre, Hugo Boss emploie trente à quarante prisonniers de guerre et recrute environ cent cinquante travailleurs forcés, polonais et français pour la plupart6.
Selon l'historien allemand Henning Kober, les dirigeants de la société étaient des « nazis déclarés », « les Boss étaient tous de grands admirateurs d'Adolf Hitler » et Hugo Boss lui-même avait dans son appartement en 1945 une photographie de lui-même avec Hitler prise dans la résidence d'Obersalzberg de ce dernier8. L'entreprise de Hugo F. Boss compte 324 ouvriers en 1944. Après la guerre, Hugo Ferdinand Boss est déclaré « opportuniste du Troisième Reich », reçoit une « très lourde amende » de 100 000 marks et est privé de ses droits civiques6. À sa mort en 1948, la société passe aux mains de son gendre Eugen Holy.
L'entreprise finance, dans les années 2000, les travaux de Roman Köster, historien de l'économie de l'université de l'armée fédérale de Munich qui étudia le passé de l'entreprise de 1924 à 1945. Cette étude fera l'objet d'un ouvrage publié fin 2011 : Hugo Boss 1924-1945, l'histoire d'une usine d'habillement pendant la république de Weimar et le IIIe Reich7. Ces travaux montrent que l'entreprise a été sauvée de la faillite en 1931 par un premier gros contrat du Parti nazi, qu'Hugo Boss avait adhéré à ce parti non par opportunisme, mais par conviction7, mais qu'il n'était pas, comme la rumeur le prétendait aux États-Unis, le couturier préféré d'Hitler7. L'étude indique que l'entreprise employa cent quarante travailleurs forcés et quarante prisonniers de guerre français7. Elle conclut que ces « travailleurs étaient plutôt mieux nourris et payés qu'ailleurs »7 mais note que pendant cette période de la fin de la guerre, quatre travailleurs forcés sont morts de mort naturelle et qu'une travailleuse polonaise s'est suicidée. Hugo Boss a publié sur son site web « ses profonds regrets » auprès de ses travailleurs et prisonniers de guerre7.
Les démêlés avec l'Association des survivants de la Shoah[modifier | modifier le code]
En 1997, le nom de la société réapparaît dans une liste de comptes suisses dormants, ce qui déclenche la publication de plusieurs articles de presse sur l'implication nazie de Hugo Boss9,10,11. En 1999, plusieurs plaintes sont introduites aux États-Unis devant des tribunaux de l'État du New Jersey par l'association des survivants de la Shoah et de leur famille pour se faire indemniser du travail forcé chez Boss pendant la guerre12,13. La société ne fait aucun commentaire sur ces plaintes, mais réitère une déclaration antérieure selon laquelle elle ne « fermerait pas les yeux sur son passé mais aborderait ces sujets d'une manière ouverte et franche »12. Elle charge de faire des nouvelles recherches l'historienne allemande Elisabeth Timm6 qui se plaindra à la presse de ne pas avoir pu accéder à toutes les archives privées de l'entreprise avant 1945 et que celle-ci n'ait pas voulu publier le résultat de ses recherches14.
Après la révélation du passé nazi du couturier par le Washington Post en 1997, le groupe a commandé à une historienne américaine une étude sur les activités de la firme pendant la guerre et jusqu'à la fin des années 19907. En décembre 1999, une transaction intervient dans le contexte d'un recours collectif devant des tribunaux américains, entre le Gouvernement allemand et un groupe d'avocats américains de l'association des survivants de la Shoah et de leurs familles pour établir un fonds d'une valeur de cinq milliards de dollars, financé à parts égales par le Gouvernement allemand et par des entreprises industrielles allemandes, afin d'indemniser les travailleurs forcés du régime nazi15. Hugo Boss accepte de participer à ce fonds16, pour un montant estimé par Henning Korber à « environ 752 000 euros »17, Hartmut Bomhoff estimant que la société a « payé le minimum absolu au fonds de compensation »18.