Section d'infanterie

Bonjour
Comme j'ai relevé quelques erreurs ou approximations dans certains posts, je fait ici une petite mise au point concernant l'organisation de la section d'infanterie en AFN.
L'organigramme réglementaire des unités d'infanterie (et les TAP ne font pas exception), est alors basé sur l'organisation dite "TED 107".
Mais cette dernière n'est pas adaptée à la nature des combats à livrer en AFN. La section d'infanterie y est en effet divisée en deux demi-sections :
- la demi-section "GV" (grenadiers voltigeurs), commandée par un sous-officier, qui comprend trois équipes de GV, commandées chacune par un caporal, ou caporal-chef
- la demi-section "Feu", commandée par un sous-officier, qui comprend deux pièces FM, commandée chacune par un caporal ou caporal-chef.
Le groupe de commandement comprend un chef de section, lieutenant ou sous-officiers supérieur, un sous-officier-adjoint, un radio, un agent de transmission, un tireur LRAC (lance-roquettes anti-chars), et son chargeur.
On voit bien la lourdeur de ce dispositif, et l'inutilité du LRAC. De plus, cette organisation a certainement été pensée pour une troupe motorisée, ou mécanisée, si l'on sait que les pièces FM ne comptent chacune qu'un pourvoyeur. Ce qui est notoirement insuffisant pour une troupe à pied. Outre les munitions qu'ils transportent, les pourvoyeurs sont en effet chargés de la défense rapprochée de leur FM.
L'organisation de la section d'infanterie, adoptée en AFN, reposent, outre le groupe de commandement, sur deux groupes de combat. Chaque groupe compte une équipe "GV", commandée par un caporal, ou un caporal-chef, et une équipe "Feu", également commandée par un caporal, ou un caporal-chef. Le tout, sous le commandement d'un sergent.
Le sergent chef de groupe est réglementairement armé d'un PM, mais il peut aussi bien l'être d'une carabine US, ou même d'un FSA à lunette. Il a en compte un poste radio TRPP 8, une paire de jumelles et une boussole. Et d'une carte au 50 000e, quand le régiment est riche...
Le chef d'équipe "GV" est armé d'un PM (MAT 49), ainsi que le 1er et le deuxième voltigeurs, le troisième a un fusil lance-grenades (MAS 36-51), et le quatrième un FSA (MAS 49-56), réglementairement à lunette. Tous les voltigeurs, y compris le chef de groupe, reçoivent deux grenades offensives et une défensive.
Le chef d'équipe feu est armé d'un FSA (il a souvent un PM), le tireur, de son FM (AA 52) et d'un PA (MAC 50), le chargeur et les deux pourvoyeurs, de FSA. Les pourvoyeurs reçoivent grenades offensive et défensive.
Chaque homme porte un outil, le plus souvent pelle-pioche, mais aussi cisaille, scie, ou serpe, ainsi que l'inévitable gourde d'eau (deux en été), ses munitions individuelles, et ses rations. Et, pour la nuit, la toile de tente, ou le film plastique, plus léger, plus, l' l'hiver, l'indispensable anorak (il gèle dur sur les djebels, en janvier ou février). Les munitions du FM sont partagées entre les membres de l'équipe feu, mais parfois au-delà. Il faut aussi se coltiner les piles de rechange du TRPP 8. Le chef de groupe n'est pas exempté, s'il veut avoir l'estime de ses hommes...
Nous n'étions pas vraiment de l'infanterie "légère"! (1)
Le groupe de commandement de la section comprend, sauf erreur, et outre le chef de section : un sous-officier adjoint (rarement réalisé), le radio, avec son ANPRC 10, et armé d'un PA, un agent de liaison, et une équipe GV.
La compagnie comprend quatre sections de ce type, plus une section de commandement.
Il ne faut pas croire que cet état est constamment réalisé. Après le putsch de 1961, les effectifs se  trouvent miraculeusement gonflés par l'arrivée des paras des régiments dissous. Mais, après Bizerte, les pertes, les mutations, les permissions et le retour dans leurs foyers d'appelés, dégraissent les sections. A l'entrée de l'hiver, la mienne se trouve commandée par un sergent d'active (plus tard passé à l'OAS), avec son radio, et un ou deux GV, et ne comprend qu'un seul groupe de combat, celui que je commande.
JJ

1) Mais que dire du tireur au canon de 57 SR (20 kilos) de la section de commandement de la compagnie?


Depuis un point d'appui de la périphérie de Bizerte, départ en patrouille d'un groupe de combat. 
On voit l'arme du chef de groupe, ses grenades, et sa gourde. Nous sommes en short, et coiffés 
du casque Mle 56. La seule fois où nous l'avons utilisé. Le brevet est porté, pour la frime!
Les passants rouges sont ceux de la 2e compagnie.

Pas pratique le casque lourd et le short non plus la végétation ce n’était pas celle du Jardin des Plantes à Paris !

Après les événements de juillet 1961, et le cessez le feu, il y a eu des moments de tension. Ici, nous portons le casque dans la perspective d'une attaque surprise tunisienne, appuyée par des tirs d'artillerie. Le port du casque est réglementaire dans ce cas.
Quand au short, celui qui n'a pas connu Bizerte en été n'a pas idée de la fournaise qui y règne. Le terrain, que vous voyez désertique sur la photo, est verdoyant et couvert de fleurs au printemps. D'ailleurs, les habitants appellent la région de Bizerte "la petite France".
Pour creuser nos trous, nos pelles pioches se sont révélées inefficaces, tant le sol rocailleux était dur. Seuls les marteaux piqueurs, envoyés par la Marine, ont pu en venir à bout.
JJ 


Le même endroit, vu en mai 1998


Autre aspect du secteur au mois d'août 1961


Le même endroit (Soumeur-Oued Damous) en mai 1998

Concernant les tenues,  la revue Uniformes n.338 s’intéresse à celles portées à Bizerte. 

Un numéro qui devrait faire plaisir à beaucoup ! Dès que je le reçois je vous en dirais plus.

Bonsoir
Intéressant, j'essaierai d'y jeter un coup d'œil.
La "chimère" de la Brigade de parachutistes d'outre-mer, portée sur la manche droite du personnage, n'a pas sa place ici. Elle était portée, à l'époque, à Bayonne et à Mont-de-Marsan, par les personnels du 1er RPIMa, qui était le nouveau nom du GIBPOM (Groupement d'Instruction de la Brigade de Parachutistes d'Outre-Mer), depuis le 1er novembre 1960. C'est l'insigne de la 10e DP qui aurait pu figurer à cet endroit. Mais elle avait été dissoute après le putsch. En juillet 1961, le 3e RPIMa appartenait, avec le 3e REI, à la première brigade de réserve générale. Quant au 2e RPIMa, il était en attente de dissolution, et n'était intégré à aucune grande unité.
JJ

On peut le feuilleter virtuellement,  l’éditorial vaut la peine d’être lu.
https://fr.calameo.com/read/00197176481b0f46689a9?page=1

Bonjour
Comment se fait-il que mon commentaire sur la "chimère" portée par le "para" ait disparu?
JJ

Je l’avais lu il y a quelques jours pourtant.

Je ne pense pas avoir mis de photo, enfin peut-être!
Je signalais l'incohérence du port de la chimère sur l'épaule du "para", puisque cet insigne était celui de la Brigade de parachutistes d'outremer, devenue 1er RPIMa le 1er novembre 1960.
Qui le porte toujours, à ma connaissance.
Rien à voir avec le 2e et le 3e RPIMa.
Si tu ne le retrouves pas, je le réécrirai, mais...

Je viens de changer le titre qui indiquait Bizarre au lieu de Bizerte. J’espère n’avoir pas fait une erreur de manipulation avec la tablette.

Ok
Ce serait bien de regrouper les deux posts...
J'ai commandé la revue, mais ne l'ai pas encore reçu.
Il y aura forcément des commentaires, au vu de ce que l'on peut voir, et lire, sur le résumé en ligne...
JJ