22 avril 1961: Le Putsch d'Alger , le Putsch des Généraux .
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Commandoair40 Admin
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Sujet: 22 avril 1961: Le Putsch d'Alger , le Putsch des Généraux . Mer Avr 21 2021, 18:47
Il y a 60 ans, un putsch de généraux pour l'"Algérie française"
Dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, quatre généraux français opposés à l'indépendance de l'Algérie font sédition et s'emparent d'Alger avec des légionnaires et parachutistes, défiant le général de Gaulle au pouvoir.
Le putsch des généraux Maurice Challe, Edmond Jouhaud, André Zeller, en liaison avec le général Raoul Salan qui les rejoint le 23 depuis l'Espagne, sera bref, à peine cinq jours, et il échouera.
L'histoire est en effet en marche: le 16 septembre 1959 de Gaulle a admis le droit des Algériens à l'autodétermination et, le 8 janvier 1961, les Français ont voté à 75 % en sa faveur lors d'un référendum ouvrant la voie à l'indépendance du pays colonisé par la France.
Pour une partie des cadres de l'armée française, déjà humiliés par la défaite en Indochine, c'est une trahison insupportable du pouvoir, incarnée par le général de Gaulle devenu président de la République, et qui vient d'évoquer, le 11 avril, un "Etat souverain" en Algérie.
Les quatre putschistes ne seront pas seuls, d'autres généraux au rang moins prestigieux les suivront, mais sans un basculement total de la haute hiérarchie militaire et sans les soldats de l'armée de conscription.
"Garder l'Algérie"
Dans la nuit du 21 au 22 avril, le 1er régiment de parachutistes du commandant de Saint-Marc, cantonné à Zeralda, fait route sur Alger et investit le Palais d'été où siègent la Délégation Générale, les bâtiments officiels, la radio et les centraux téléphoniques et télégraphiques.
Le centre d'Alger est quadrillé de chicanes.
Le délégué Général du gouvernement, Jean Morin, et le ministre des Travaux publics, Robert Buron sont arrêtés ainsi que le Général Fernand Gambiez, commandant en chef des troupes en Algérie, qui tentait de regagner son PC.
Le 22 au matin, l'AFP, dont les journalistes à Alger ont au petit jour été empêchés de travailler par les putschistes, annonce l'état de siège, puis, d'après un communiqué diffusé sur Radio Alger, que "l'armée a pris le pouvoir en Algérie et au Sahara".
L'Agence relaie une déclaration du ministère de l'Information :
"L'indiscipline de certains chefs et de certaines troupes a abouti ce matin à Alger à placer les pouvoirs civils et militaires dans l'impossibilité d'exercer leur commandement. La situation dans le reste de l'Algérie est calme. Le gouvernement a pris cette nuit les mesures nécessaires, qui seront publiées dans le courant de la journée".
A Alger, le général Challe lance un appel :
"L'armée s'est assurée le contrôle du territoire saharo-algérien. L'opération s'est déroulée conformément au plan prévu. Je suis à Alger avec les généraux Zeller et Jouhaud, en liaison avec le général Salan, pour tenir notre serment : garder l'Algérie."
Le général Zeller décrète l'état de siège "sur l'étendue des 13 départements français d'Afrique" tandis que le général Pierre-Marie Bigot, commandant la 5e région, se place sous les ordres du général Challe.
Dans l'après-midi, Radio-Alger annonce qu'Oran est aux mains des insurgés.
"Un quarteron de généraux"
A Paris, un conseil des ministres exceptionnel proclame l'état d'urgence.
Mais déjà en Algérie les premières défections apparaissent du côté de l'armée.
A Mers-el-Kébir, la Marine refuse de suivre la sédition.
Les généraux de Pouilly et Gouraud, commandants militaires d'Oranie et du Constantinois, repoussent l'ultimatum des putschistes. Gouraud se ralliera finalement le lendemain.
Le 23 avril à 20H00, Charles de Gaulle, en uniforme, lance sur les ondes sa célèbre condamnation du "pronunciamiento" et moque un "quarteron des généraux en retraite", "groupe d'officiers partisans, ambitieux et fanatiques".
"J'interdis à tout Français, et d'abord à tout soldat, d'exécuter aucun de leurs ordres", dit-il, déplorant d'un trois fois Hélas ! que le coup de force émane d'hommes "dont c'était le devoir, l'honneur, la raison d'être, de servir et d'obéir". Il annonce la mise en œuvre de l'article 16 de la Constitution qui lui donne les pleins pouvoirs.
Michel Debré, Premier ministre, intervient ensuite :
"Des avions sont prêts à lancer ou à déposer des parachutistes sur divers aérodromes afin de préparer une prise de pouvoir" (...) "Dès que les sirènes retentiront, allez-y à pied ou en voiture, convaincre des soldats trompés de leur lourde erreur", demande-t-il.
La débandade
Le lendemain, Challe, Salan, Jouhaud, Zeller, les colonels Godard, Argoud, Broizat et Gardes sont destitués par Paris.
En Algérie, dans le bled, les appelés multiplient les actes de résistance à la sédition :
Brouillage des communications, sabotage des véhicules et dépôts d'essence.
Les gendarmes reprennent Alger.
Le 25 avril, les légionnaires du 1er REP rejoignent le camp de Zeralda qu'ils quitteront le 27, leur unité étant dissoute.
Le gouvernement reprend la radio d'Alger.
L'insurrection est terminée.
Deux des putschistes, Maurice Challe puis André Zeller, se constituent prisonniers.
Edmond Jouhaud et Raoul Salan passent à la clandestinité pour prendre la tête de l'Organisation armée secrète (OAS).
Challe et Zeller seront condamnés à 15 années de détention.
Jouhaud et Salan, condamnés à mort par contumace, verront leur peine commuée en détention à vie en 1962 par le général de Gaulle.
Ils seront tous amnistiés en 1968, six ans après l'indépendance de l'Algérie. Unités qui ont participé au Putsch :
L'armée française en Algérie française est divisée en deux entités très différentes :
Les réserves générales et les troupes de secteur, soit plus de 477 000 hommes au total en 1961, dont 33 000 officiers.
Aucune unité de secteur ne participe au putsch.
Dans les réserves générales, à la Légion, seuls 3 régiments sur 10 (11 si on compte le groupe des unités sahariennes) suivent le général Challe.
À la 10e division de parachutistes, 2 régiments sur 7 (1er REP et 9e RCP) participent à l'action.
À la 25e division parachutiste, 5 régiments sur 7 s'engagent (1er RCP, 14e RCP, 18e RCP, 2e REP, 8e RPC).
À la 11e division d'infanterie, pas un seul des cinq régiments ne bouge.
Pour les unités hors division, le 1er REC du lieutenant-colonel de La Chapelle, le groupement de commandos parachutistes du commandant Robin, les Commandos de l'Air du lieutenant-colonel Emery se rallient aux mutins, ainsi que d’autres unités :
Le 5e REI du commandant Camelin, le 27e dragons du colonel Puga, le 7e RTA , le 1er RIMa du commandant Lousteau, le 94e régiment d'infanterie du colonel Parizot.
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Commandoair40 Admin
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Sujet: Re: 22 avril 1961: Le Putsch d'Alger , le Putsch des Généraux . Jeu Avr 22 2021, 00:09
Quelle Bousculade ..........
Merci JoJo , d'avoir apprécié , tu es bien le seul .
Pour terminer , les paroles d'un Grand Maréchal :
« Ils pleureront des larmes de sang, plus tard, lorsqu'ils comprendront !
Au moment où les Français ne sauront plus comment caser leurs enfants ni leur assurer des situations et leur ouvrir des débouchés, ils ferment devant eux, de leurs propres mains, ce champ d'action formidable et ce vaste morceau de notre France qu'était l'Algérie!
L'industrialisation de l'Algérie, à elle seule, aurait eu de quoi occuper trois générations, c'est perdu!
Oui, j'attends les Français avec leurs milliers de jeunes réclamants des emplois!
Et le Sahara, avoir abandonné le Sahara avec ses richesses inouïes, ses richesses morales surtout; c'était là-bas que se forgeaient les hommes et les âmes, quelle faute !
Les Français comprendront plus tard, et ce plus tard sera bientôt! »
Maréchal Alphonse Juin
Ses relations avec de Gaulle
Sa conception du patriotisme l'éloigne de de Gaulle à qui il signifie son désaccord sur la question algérienne lors d'une entrevue orageuse à l'Élysée, le 11 septembre 1960.
Pour autant, il ne participe pas au putsch des généraux en avril 1961.
Mais son refus de suivre ce qu'il estime être une politique d'abandon incompatible avec la loi et l'honneur lui vaut une mise à l'écart totale de la vie publique par son ex-camarade de promotion de Saint-Cyr.
Ainsi est-il démis de sa place de droit (du fait de son titre de maréchal) au Conseil supérieur de la Défense nationale, cela par une décision du chef de l'État. Le maréchal Juin est également écarté de toute manifestation commémorative des deux guerres mondiales et privé des prérogatives et avantages dus à son rang (bureau, secrétaire, voiture, chauffeur, etc.).
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Alexderome Admin
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Sujet: Re: 22 avril 1961: Le Putsch d'Alger , le Putsch des Généraux . Jeu Avr 22 2021, 01:24
Un dossier est consacré dans une des très rares revues à en parler La Revue d'Histoire Européenne. Et bien sûr ce forum. Je viens juste de prendre connaissance du post. Je mettrai quelques infos complémentaires demain. ALEX
« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
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Alexderome Admin
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Sujet: Re: 22 avril 1961: Le Putsch d'Alger , le Putsch des Généraux . Jeu Avr 22 2021, 01:32
Un extrait du livre J'étais légionnaire en Algérie avec le point de vue d'un légionnaire :
Nous rentrâmes à Bougie pour une courte période de repos et nous apprîmes par la radio la tentative de putsch effectuée par quelques unités de la 10ème Division Parachutistes et des légionnaires du 1er Régiment Étranger Parachutiste et d'autres troupes éparpillées sur tout le territoire. Putsch évincé par le gouvernement central. Un événement qui risquait de faire disparaître toute la Légion Étrangère de l'organigramme de l'Armée Française comme l'avait exigé à grands cris un large partie du Parlement et notamment celle qui a toujours vu dans les armées du monde occidental des oppresseurs et des persécuteurs des peuples. Sauf les leurs, évidemment.
A ce sujet, la tentative de putsch, je souhaite exprimer mon opinion qui ne sera peut-être pas partagée par quelques-uns. Je ne me suis jamais intéressé à la politique en Algérie, d'abord parce que ça ne m'intéressait pas, ensuite aussi parce que je manquais franchement de temps et d'endroit pour un échange approfondi avec d'autres à ce sujet et enfin parce que le peu de ce que j'apprenais par la radio et parfois par les journaux nous suffisait et nous laissait en outre indifférents. Cela ne veut pas dire que nous n'en parlions pas entre nous mais nous étions là pour faire notre travail, combattre et le faire bien. Stop. Nous n'étions pas encasernés dans une grande ville (Alger par exemple) comme les putschistes mais plutôt à Bougie qui était une petite ville tranquille au bord de la mer avec environ 50.000 habitants. Nous n’y séjournâmes, en l'espace de trois ans, que six mois en repos au retour des diverses opérations dans lesquelles nous étions impliqués. Ainsi, même si on l’avait voulu, il aurait été difficile de tisser des liens solides et durables avec la population française et de s'intéresser à la rébellion. Aujourd'hui on arrivait à Bougie et peut-être trois jours après on était à nouveau sur le départ. (Et lorsque nous étions au repos ou en permission, on pensait surtout à se divertir). Mais je voudrais dire ceci aux légionnaires qui ont participé au putsch : vous avez enfreint un code d'honneur non écrit de la Légion. Ce n'est pas à moi de juger s'ils avaient raison ou pas, mais en agissant ainsi ils ont mis le Corps en péril, c'est-à-dire sa pérennité. Par leur comportement, ils avaient risqué de la faire disparaître, oubliant que 20.000 hommes s'étaient enrôlés pour oublier et se faire oublier, pour se refaire une vie et un avenir en mettant tout en jeu (d'abord leur propre vie) pour obtenir la juste récompense (non économique) d'un futur meilleur et serein. Voilà ce que je voulais dire. Et si de Gaulle manqua à la parole donnée (« l'Algérie restera française... »), ce n'était pas à l'armée à déterminer la politique de la France mais son peuple. Je comprends l'amertume de mes camarades qui avaient été trompés par les promesses présidentielles encore plus ceux qui s'étaient enracinés dans le tissu social (surtout dans les grandes villes) en se fiançant ou se mariant avec des filles du coin, ou pouvaient avoir une possibilité de reclassement en Algérie une fois le contrat arrivé à terme. Je comprends moins les officiers qui profitant de l'obéissance aveugle de leurs hommes (c'était la règle impérative à la Légion) participèrent au putsch risquant de faire disparaître pour toujours de l'armée le plus beau corps militaire au monde. Si quelqu'un récriminait pour les nombreux morts, pour les promesses non tenues ou pour tout autre chose, il ne lui restait qu'un seul choix : faire ses bagages et déserter mais ne pas mettre en difficulté la Légion avec son histoire ! Ça non ! De plus, d'après ce que j'ai pu lire des années plus tard, seulement vingt heures après le début du putsch, les officiers frondeurs savaient déjà qu'ils avaient perdu la partie. La totalité des appelés, sauf à de rares exceptions, étaient hostiles et opposés au coup d'état comme une grande partie des militaires professionnels qui étaient hésitants. En outre l'aviation avait fait le plein et était partie en Corse alors que la Marine effectuait le blocus naval de l'Algérie. Et il aurait été difficile de demander de l'aide aux pays frontaliers, Tunisie et Maroc. Avec seulement sept milliards de francs dans les caisses, huit millions de civils et cinq cent mille militaire à entretenir, où pouvaient-ils aller ? Tout était perdu d'avance.
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
Alexderome Admin
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Sujet: Re: 22 avril 1961: Le Putsch d'Alger , le Putsch des Généraux . Jeu Avr 22 2021, 10:10
Effectivement, il a fait son ’’job’’, faire la guerre aux fells. Mais n’étant pas français, iln’a pas compris le sens du putsch et il l’écrit postérieurement aux événements.
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Sujet: Re: 22 avril 1961: Le Putsch d'Alger , le Putsch des Généraux . Mer Juil 14 2021, 13:19
Je remonte ce fil très passionnant avec cet article, incomplet si on n’est pas abonné mais à lire https://www.ladepeche.fr/2021/07/14/une-plaque-pour-le-general-salan-enfant-du-village-9670345.php
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Alexderome Admin
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Sujet: Re: 22 avril 1961: Le Putsch d'Alger , le Putsch des Généraux . Mar Juil 20 2021, 08:10
Le PCF local n’en revient pas, lisez sa justification
Les amnisties ultérieures ne changent rien au jugement de l’histoire, même si certains s’évertuent aujourd’hui, dans la foulée des élucubrations dangereuses d’un Zemmour, à en travestir le sens. Cet hommage officiel, de surcroît la veille de la fête nationale, de la part du maire et des élus de Roquecourbe est indigne de la part d’élus républicains. Et si M. Petit et ses colistiers avaient voulu honorer un célèbre Tarnais et Roquecourbain, ils auraient pu, et ce de manière rassembleuse et républicaine, commémorer Emile Combes, le promoteur de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’État. Hélas, à l’hommage légitime au défenseur de la laïcité, ils ont préféré une tentative indécente de réhabilitation d’une cause indéfendable. »