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| 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . | |
| | Auteur | Message |
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Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
| Sujet: 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . Sam Avr 21 2018, 20:31 | |
| 21 avril 1961 :Putsch d'Alger
Dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, quatre généraux français tentent de soulever les militaires stationnés en Algérie et les Pieds-noirs dans un effort désespéré pour maintenir l'Algérie à l'intérieur de la République française.
C'est le putsch d'Alger.
Il va piteusement échouer en quatre jours.
Un sauveur ?
Trois ans plus tôt, en mai 1958, le général Charles de Gaulle a été ramené au pouvoir à la faveur d'un vrai-faux coup d'État provoqué par ses fidèles, alliés pour la circonstance avec les partisans du maintien de l'Algérie dans la République française.
Mais le 16 septembre 1959, dans une déclaration télévisée à grand retentissement, de Gaulle évoque pour la première fois le « droit des Algériens à l'autodétermination » !
Les militants de l'Algérie française s'estiment trahis.
Le général doit sévir.
Il limoge le général Massu.
Les Pieds-noirs, dépités, s'insurgent à Alger au cours d'une meurtrière « Semaine des Barricades », du 24 janvier au 1er février.
Le 8 janvier 1961, le peuple français approuve par référendum le principe de l'autodétermination des Algériens de toutes conditions.
Enfin, dans une conférence de presse, le 11 avril 1961, de Gaulle parle de l'Algérie comme d'un « État souverain ».
L'opinion publique, en métropole, a hâte d'en finir avec une guerre de sept ans où de nombreux jeunes gens ont déjà perdu leur vie ou leur honneur.
L'amertume des militaires
En Algérie, beaucoup de militaires s'indignent d'avoir vaincu pour rien l'ennemi sur le terrain.
Le général d'aviation Maurice Challe (55 ans) est à l'origine de cette victoire incontestable incontestable sur le FLN.
Il est sollicité par un petit groupe de colonels.
Ces militaires d'active, qui ont été défaits en Indochine, ne supportent pas de perdre l'Algérie sans avoir été, cette fois, battus.
Après la conférence de presse présidentielle du 11 avril 1961, Challe se décide à franchir le Rubicon.
Il convainc l'ancien général d'aviation Edmond Jouhaud (55 ans) et le général d'artillerie André Zeller (63 ans) de le rejoindre dans une nouvelle « Révolution ».
Il s'agit de réitérer le coup du 13 mai 1958, cette fois contre le général de Gaulle.
Le 20 avril 1961, au soir, Challe reçoit discrètement à Alger le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, chef par intérim du 1er régiment étranger de parachutistes (la Légion étrangère).
Ses hommes prennent le contrôle d'Alger dans la nuit du 21 au 22 avril.
Putsch d'opérette
À l'aube du samedi 22 avril, à 8h45, le général Challe s'exprime sur Radio-Alger :
« Officiers, sous-officiers, gendarmes, marins, soldats et aviateurs : je suis à Alger avec les généraux Zeller et Jouhaud et en liaison avec le général Salan pour tenir notre serment : garder l'Algérie ».
Mais dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, le gouvernement fait arrêter à Paris les sympathisants des putschistes.
Tout est fini à six heures du matin.
En Algérie même, Challe se contente d'arrêter les représentants du gouvernement.
Il se refuse à armer les Pieds-noirs qui le soutiennent.
Il a la satisfaction d'être rejoint par le prestigieux général Raoul Salan (62 ans).
Les quatre généraux forment un « Conseil supérieur de l'Algérie ».
Mais ils n'arrivent pas à rallier les officiers de haut rang et se heurtent surtout à l'hostilité des jeunes appelés du contingent, indifférents pour la plupart à ces querelles sur l'avenir de l'Algérie.
Contre-attaque verbale
Charles de Gaulle laisse les généraux factieux s'enferrer, avec le secret dessein de dramatiser la situation pour resserrer les citoyens autour de lui et des nouvelles institutions de la Ve République, encore très fragiles.
Le dimanche soir 23 avril, il apparaît en uniforme à la télévision et lance des mots qui font mouche :
« Un pouvoir insurrectionnel s'est installé en Algérie par un pronunciamiento militaire. Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite... Au nom de la France, j'ordonne que tous les moyens, je dis tous les moyens, soient employés pour barrer la route de ces hommes-là... J'interdis à tout Français et d'abord à tout soldat d'exécuter aucun de leurs ordres... ».
C'est fini.
___________________________________ ____________________________________Sicut-Aquila « Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ». | |
| | | Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
| Sujet: 21 avril 1918 : Le « Baron rouge » abattu . Sam Avr 21 2018, 20:42 | |
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| | | Invité Invité
| | | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . Mer Mai 02 2018, 18:00 | |
| Bonjour Commandoair40,
Ce putch raté a profondément marqué les unités parachutistes car à partir de celui-ci l'Etat s'est méfié de ses troupes d'élite qui pouvaient se retourner contre lui. Il s'est donc attaché à enlever une forme d'indépendance qui pouvait émaner d'une cohésion sans faille d'une troupe autour de ses Chefs. Ces mêmes Chefs pouvant se retourner contre l'Etat. C'est ainsi qu'est apparu le renouvellement des Cadres au bout d'une durée d'affectation relativement courte (osmose). Ainsi, terminé la définition d'une Unité à l'image de ses Chefs, ces Chefs ne séjournant pas assez longtemps dans ces Régiments pour les marquer réellement de leur personnalité.
A ce sujet, étant donné son importance dans le monde Parachutiste, Je propose un article écrit par Jean KEPPEL, historien et qui s'appelle: L'ART DE RATER UN PUTSCH. "On n'ignore plus rien, ou presque, des circonstances du putsch raté d'avril 1961. Journalistes, historiens, acteurs et témoins des deux camps les ont rapportés dans de nombreux ouvrages. Jean Heppel en tire la conclusion que le "pronunciamiento" d'Alger n'avait aucune chance de réussir. Retour sur une aventure mal engagée. (Tout y est dit et détaillé)." | |
| | | Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
| Sujet: Re: 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . Mer Mai 02 2018, 18:09 | |
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| | | Invité Invité
| | | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . Jeu Mai 03 2018, 17:44 | |
| Voici le déroulé du putsch d'avril 1961.
L'ART DE RATER UN PUTSCH.
Depuis le milieu de 1960, de jeunes officiers issus des unités parachutistes ou légionnaires ont pris contact avec certaines personnalités politiques qui militent pour l'Algérie française. Regroupées au sein du Comité de Vincennes, ces personnalités ne peuvent cependant faire obstacle à l'évolution voulue par l'Elysée. Les organisations activistes, comme le Front de l'Algérie française (FAF), puissantes dans la population européenne d'Algérie, n'ont pas d'influence en métropole. Il apparaît ainsi que seul un engagement résolu d'une partie significative de l'armée peut interdire à de Gaulle de pousser jusqu'à son terme sa politique. Tournées des popotes et contacts discrets se multiplient donc au cours des derniers mois de 1960. Des liens sont noués avec des réseaux activistes. Au centre de tout, le général FAURE qui lui, au moins, n'a pas peur de prendre des riques. Il rencontre Tixier-Vignancour et les dirigeants de Jeune Nation. Un premier "clash" est prévu pour décembre 1960, puis un autre pour le soir du référendum de janvier 1961.
A LA RECHERCHE D'UN CHEF.
Les colonels ARGOUD, BROIZAT, GODARD, LACHEROY, VAUDREY, GARDES, BLIGNIERES, qui constituent le noyau actif de la résistance, recherchent un chef suffisamment prestigieux pour coiffer l'entreprise. Le maréchal JUIN est acquis, mais son âge et sa prudence lui interdisent de jouer un rôle trop actif dans l'affaire. Contacté par le colonel ARGOUD, le général MASSU refuse de s'engager contre de GAULLE. Certains proposent le général CHASSIN, mais il ne fait pas l'unanimité. Exilé à Madrid depuis peu, le général SALAN, qui a été gouverneur militaire de Paris après son commandement en chef en Algérie, est jugé beaucoup trop "politique". Le général FAURE est très proche des officiers qui se réunissent régulièrement à l'Ecole Militaire de Paris autour des colonels LACHEROY et de BLIGNIERES. Mais beaucoup jugent trop engagé et compromettant ce chef brillant dont la fidèlité à l'Algérie française n'est un secret pour personne, surtout pas pour le pouvoir, qui le fera arrêter dès le matin du 22 Avril. A l'initiative du commandant ROBIN, qui a sous ses ordres le Groupement de commandos parachutistes constitué à Alger, c'est le général Maurice CHALLE qui va accepter de prendre la tête du mouvement, après avoir entendu le discours prononcé par de GAULLE le 11 Avril 1961. Commandant en chef en Algérie, il y est apparu, avec la mise en oeuvre des opérations du plan qui porte son nom, comme le grand vainqueur de l'ALN en 1959. Rappelé en métropole après les Barricades de Janvier 1960, il a reçu le commandement du secteur Centre-Europe de l'OTAN. Ses inquiétudes quant à l'évolution de la situation en Afrique du Nord ont été totalement confirmées en novembre 1960, quand de GAULLE a parlé d'Algérie algérienne. Refusant de cautionner un tel choix, il a présenté sa démission qui n'a été acceptée que le 1° Mars, en conseil des ministres.
(A suivre) | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . Jeu Mai 03 2018, 18:14 | |
| UN PLAN D'UNE GRANDE NAÏVETE.
Le plan du général CHALLE est assez stupéfiant. Il traduit une naïveté surprenante chez un général cinq étoiles, chargé au cours des années précédentes des plus hautes responsabilités. Assuré du soutien de plusieurs unités d'élite - dont le 1° régiment étranger de parachutistes, rentré quelques jours plus tôt d'opération à sa base arrière de Zéralda -, le chef du mouvement entend s'emparer d'Alger, espérant rallier à sa cause l'ensemble de l'armée d'Algérie. Il imagine ensuite de terminer la guerre en quelques semaines. Sur le terrain, le FLN n'a plus les moyens, pense-t-il, de s'opposer à un ultime "nettoyage", qui doit permettre d'en finir rapidement. Il suffira ensuite de renvoyer en métropole les deux cent mille hommes du contingent pour convaincre l'opinion publique du bien-fondé de l'action entreprise. Avec l'armée d'active et les contingents fournis par la population "pied noir" ou musulmane acquise à la France, il sera possible de tenir le pays dans les meilleures conditions. Les responsables du putsch pourront alors offrir à de GAULLE sur un plateau une Algérie pacifiée et l'obliger ainsi à réviser sa politique . . . Rien d'un coup d'Etat donc, mais un simple coup de force limité dans ses objectifs et destiné à infléchir une politique algérienne jugée inacceptable par l'armée. Pour cette raison, il n'est pas question de s'appuyer sur les pieds-noirs ni, à plus forte raison, sur les organisations militantes qui l'encadrent et sont qualifiées de "fascistes" par leurs adversaires de la gauche métropolitaine. Le général CHALLE ne semble pas avoir songé que son putsch pour rire fera de lui et de tous ceux qu'il entraînera, des rebelles et de futurs condamnés. Il n'a pas songé non plus que de GAULLE pourrait prendre ombrage d'une telle rébellion et déchaîner contre elle toutes les foudres de l'Etat. Il est tout aussi surprenant que les brillants colonels, dont la presse de gauche a fait, bien à tort, un mythe inquiétant, aient accepté de se lancer tête baissée dans un enfantillage aussi dangereux.
(Asuivre) | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . Jeu Mai 03 2018, 18:42 | |
| Ton texte nous raconte cette histoire après coup, mais en vérité il n'ont pas pris en compte le début d'infiltration des barbouzes de De Gaulle, car tout se savait à 24h près, grâce aux émissaires de DG, qui infiltrés cette rébellion à peine dissimulée, avec la tournée des popotes tout ce savait, et déjà en 1958 au 13 mai puisque j'étais au Forum d'Alger, personne n'ignorait que le climat d'insurrection et la monté de contestations était aux maximum, par le fait que tout les PN croyaient qu'avec l'armée tout était possible !! mais de là à faire basculer le gouvernement avec l'aide des communistes et du parti Algérien bien implanté dans les grandes villes , il y avait un fossé infranchissable !!! |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . Jeu Mai 03 2018, 20:01 | |
| Bonsoir bretirouge,
Tu verras, en lisant la suite, que ce ne sont pas les barbouzes qui ont provoqué l'échec du putsch, mais un déballonnage général. Les barbouzes se sont montrés particulièrement actifs à partir d'un matin d'octobre 1961, sous la houlette de l'avocat Pierre LEMARCHAND, avec la création d'une police auxiliaire pour lutter contre l'O.A.S. | |
| | | Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
| | | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . Ven Mai 04 2018, 17:31 | |
| SAINT MARC ENGAGE LE REP.
Dans la nuit du 20 au 21 Avril, un avion de transport Nord-Atlas 2501 parti de la base de Creil avec l'accord du général NICOT, major général de l'armée de l'air, et du général BIGOT, commandant de la V° région aérienne d'Alger, emmène vers son destin le général CHALLE flanqué du général ZELLER et du colonel BROIZAT. Au cours des heures qui ont précédé, plusieurs officiers du 1° REP mutés en métropole au cours des mois précédents, comme le capitaine Pierre SERGENT ou le lieutenant Michel de LA BIGNE, ont rejoint, eux aussi, l'Algérie. Ils y ont été reçus par leur camarade Roger DEGUELDRE, l'une des figures du 1° REP, qui assure l'ensemble des préparatifs pour le régiment. Accueilli à Blida vers une heure du matin par le commandant ROBIN, CHALLE est conduit à Alger à la villa des Tagarins, PC du GCP. Il va consacrer la journée du vendredi 21 Avril aux derniers préparatifs, en compagnie des généraux ZELLER, JOUHAUD et GARDY, ancien inspecteur de la Légion Etrangère, ainsi que du colonel GODARD, ancien chef de la sûreté à l'époque de la bataille d'Alger, Le commandant BONAFOS et le capitaine BAYT ont planifié l'occupation de la ville par les unités soulevées. Une vingtaine d'objectifs ont été sélectionnés et de itinéraires de progression établis, en liaison avec des militants de Jeune Nation et de France-Résurrection, les plus résolus, qui serviront de guides aux compagnies du REP. En début d'après-midi, le commandant HELIE DE SAINT MARC vient se présenter au général CHALLE. En l'absence du colonel GUIRAUD, patron du 1° REP, c'est lui qui commande le régiment dont l'engagement est indispensable au succès du mouvement. La plupart de ses commandants de compagnie sont au courant et acquis au mouvement. Au cours de l'entretien avec CHALLE, le commandant accepte d'entraîner le régiment à condition que l'on évite toute violence inutile et tout règlement de comptes. Il ne veut pas s'associer à une tentative "fasciste ou raciste" et exige que les groupes activistes soient maintenus à distance. Cette condition correspond exactement au voeu de CHALLE, qui craint par-dessus tout de passer pour un factieux.
(A suivre) | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . Ven Mai 04 2018, 17:52 | |
| SANS COUP FERIR.
L'heure H est fixée à deux heures du matin au cours de la nuit suivante. L'opération va se dérouler sans que les hommes du REP rencontrent de grosses difficultés. Le capitaine SERGENT a forcé en douceur les barrages des gendarmes. A la caserne Pélissier, siège du corps d'armée d'Alger, qui est investie par la 1° compagnie, le général VEZINET, portant la main à son pistolet, est ceinturé par le lieutenant GODOT. Sur la route qui mène au Gouvernement général, la compagnie du capitaine DURAND-RUEL croise le général GAMBIEZ, commandant en chef, surnommé "Nimbus". Il écarte les bras pour arrêter le convoi. Au lieutenant qui le capture, il se plaint - " De mon temps, les lieutenants n'arrêtaient pas les généraux . . ." - et s'attire cette réplique : " De votre temps, les généraux ne trahissaient pas ! " A Ouled Fayet, où se trouve la station radio, un sergent qui a voulu s'opposer à l'entrée des légionnaires est tué par un sous-officier de la compagnie du capitaine ESTOUP. Il sera la seule victime de l'opération. Pendant ce temps, la compagnie du capitaine CARRETTE prend le contrôle de l'Ecole de police d'Hussein Dey où les CRS n'opposent aucune résistance. La première phase de l'opération est donc réalisée quand le jour se lève sur Alger quelques heures plus tard. CHALLE a quitté la villa des Tagarins pour rejoindre, au quartier Rignot, son ancien bureau de commandant en chef, alors que la radio annonce aux Algérois que l'armée a pris le pouvoir pour conserver l'Algérie à la France . . .
(A suivre) | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . Ven Mai 04 2018, 18:14 | |
| ORAN ET CONSTANTINE RENÂCLENT.
Jusque-là, tout a été simple mais les difficultés vont rapidement apparaître. CHALLE comptait sur le général GOURAUD, commandant du corps d'armée de Constantine, de qui dépendent les 10° et 25° divisions parachutistes. Après avoir donné son accord, GOURAUD hésite puis fait passer, dans la journée à ses subordonnés, l'ordre de cesser toutes relations avec l'état-major rebelle. Les 14° et 18° régiments de chasseurs parachutistes des colonels LECOMTE et MASSELOT, ainsi que le 1° régiment étranger de cavalerie du colonel de LA CHAPELLE se sont pourtant ralliés avec enthousiasme. A la 10° DP, le colonel CECCALDI a pris le commandement en remplacement du général SAINT-HILLIER, qui est expédié en résidence surveillée à In Salah, en compagnie des généraux VEZINET et GAMBIEZ, du délégué général MORIN, du ministre Robert BURON présent à Alger par hasard et de quelques autres. Les putschistes envoient ZELLER à Constantine pour décider GOURAUD. A Oran, le général de POUILLY comprend ses camarades, mais, comme beaucoup de ses pairs, il ne voit pas " sur quoi cela débouche ". La venue en Oranie du colonel ARGOUD et du général GARDY ne suffira pas à soulever la région. Les réticences du colonel BROTHIER, qui commande à Sidi-Bel-Abbès, et dont le ralliement aurait entraîné celui de toute la Légion sont, ici, fatales au succès de l'opération.
(A suivre) | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . Sam Mai 05 2018, 18:24 | |
| CHALLE REFUSE L'APPUI DE LA POPULATION.
Pour CHALLE, qui s'était engagé en pensant pouvoir compter sur un très grand nombre d'unités, la déception est de taille. Il passe toute la journée du 22 accroché à son téléphone, pour tenter d'obtenir des ralliements. En Ka bylie, le général SIMON refuse de le suivre. En Oranie, de POUILLY se replie à Tlemcen. Dans le Sud-Algérois, à Médéa, le général ARFOUILLOUX se réfugie dans l'équivoque. Un peu partout, CHALLE se heurte à un attentisme prudent. Le brillant général DUCOURNAU se trouve providentiellement en permission, d'autres se font porter malades. En certaines régions, les officiers partent soudain en opération, pour leur éviter un choix difficile. Pour CHALLE, qui a misé candidement sur la hiérarchie pour obtenir les ralliements, le coup est dur. Il déclarera à l'issue de l'affaire qu'il "ne croyait pas qu'il y eût autant de salauds dans l'armée française. Alors que lieutenants et capitaines sont le plus souvent disposés à marcher, alors que la population civile s'impatiente, le patron de l'opération demeure suspendu à son téléphone. Pendant ce temps, les groupes activistes ont libéré leurs militants incarcérés, dont Jean-Claude PEREZ, l'un des futurs leaders de l'OAS. Les militants de Jeune Nation se sont emparé de 400 pistolets-mitrailleurs au commissariat central. Ils armeront les commandos de l'OAS. En attendant, CHALLE a ordonné que tous ces civils soient écartés. Leur présence trop bruyante pourrait dissuader, pense-t-il, les militaires encore hésitants de se rallier à lui. Pour certains des jeunes officiers qui ont joué un rôle déterminant dans la préparation du mouvement, le réveil est cruel. SERGENT et les jeunes capitaines du REP s'impatientent. DEGUELDRE a déjà tout compris. Le refus de CHALLE de s'appuyer sur la population civile, ses tentatives désespérées de demeurer dans une "légalité" totalement illusoire, son souci de ne pas apparaître comme un "fasciste", condamnent l'entreprise. Dès qu'ils ont eu connaissance du "plan" prévu par l'ancien patron de l'armée d'Algérie, les officiers les plus lucides et les plus décidés ont réalisé avec atterrement que le mouvement avait toutes les chances d'avorter. Dans l'après-midi du dimanche 23, l'arrivée du général SALAN qui, grâce à SERRANO SUNER, le beau-frère de FRANCO, a pu quitter l'Espagne en compagnie du capitaine FERRANDI et de Jean-Jacques SUSINI, redonne espoir à quelques uns, mais elle est fort mal accueillie par le général CHALLE.
(A suivre) | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . Sam Mai 05 2018, 18:45 | |
| UNE FIN PITEUSE.
Le soir du dimanche 23 Avril, le général DE GAULLE, en uniforme, s'adresse au pays. Il a beau jeu de dénoncer un "quarteron de généraux félons" et appelle les Français à "l'aider". Il ordonne aux troupes de refuser toute obéissance aux putschistes et d'employer tous les moyens pour les réduire. Dès cet instant, on a compris où se situait la volonté et la force. Les hésitants basculent irrémédiablement du côté d'une légalité qui sait ce qu'elle veut et se détachent d'une rébellion qui ne le sait pas. Le lundi 24, les putschistes organisent un rassemblement sur le Forum, qui apparaît en fait comme une mauvaise copie du 13 Mai 1958. Les quatre généraux qui se font acclamer par la foule algéroise se contentent de prononcer quelques paroles creuses. Le 25, c'est la fin. Depuis la veille, le colonel DE BOISSIEU, un cousin du gendre de DE GAULLE, ancien chef d'état-major de CHALLE, lui conseille de renoncer. Depuis trois jours l'état-major animé par le colonel COUSTEAUX n'a remué que du vent. Dans la soirée, CHALLE décide de se rendre. Le capitaine SERGENT songe un instant à vider son pistolet sur l'homme qui l'a entraîné avec ses camarades dans une mortelle impasse. A onze heures du soir, ZELLER, qui a revêtu un costume civil, disparaît dans la foule algéroise. Il se livrera quelques jours plus tard. CHALLE accompagne le REP qui se retire à Zeralda où, le lendemain, une voiture de la gendarmerie viendra le cueillir. Partis d'Alger avec le REP en même temps que lui, SALAN et JOUHAUD décident de plonger dans la clandestinité, afin d'y poursuivre le combat. Le putsch a duré quatre jours et cinq nuits.
Jean KEPPEL. | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| Sujet: Re: 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . Lun Mai 07 2018, 18:39 | |
| IL FALLAIT, IL FALLAIT, IL FALLAIT . . .
Analyse de l'échec du Putsch par Pierre SERGENT.
Cette nuit là, je suis longtemps resté éveillé, les yeux ouverts sur la nuit. Alger non plus, ne parvenait pas à trouver le sommeil. Des lueurs filtraient à travers rideaux et persiennes, portant jusqu'en moi le désespoir de ces hommes et de ces femmes qui n'arrivaient pas à comprendre ce qui s'était passé. Le drame s'était déroulé trop vite. Ils n'avaient pas eu le temps d'imaginer un autre avenir que, déjà, il s'était écroulé. Je revivais ces quatre jours, minute par minute, et je cherchais dans le déroulement de l'action les erreurs qui en avaient déterminé le cours et précipité l'issue. Machinalement, sans parvenir à les chasser de mon esprit, je comptais et recomptais les fautes: - Il fallait proclamer l'illégitimité de la politique gaulliste et la légitimité de notre entreprise; - Il fallait créer un gouvernement de la France; - Il fallait porter l'essentiel de nos efforts sur la prise de pouvoir politique; - Il fallait imposer au lieu de chercher à convaincre; - Il fallait engager la population à nos côtés; - Il fallait que les colonels conservent la responsabilité du commandement; - Il fallait agir plus vite, frapper plus fort; - Il fallait, il fallait, il fallait . . . A présent . . . tout était brisé, saccagé. De nos projets, il ne restait rien. Et la partie, cette fois, semblait irrémédiablement perdue.
PIERRE SERGENT (Ma peau au bout de mes idées, Table Ronde.)
Ainsi se refermait une page d'Histoire, oubliée aujourd'hui et peut-être est-ce la preuve que la population française de métropole s'en fichait et s'en fiche encore plus aujourd'hui ? | |
| | | Ancien38
Nombre de messages : 1569 Age : 81 Emploi : retraité Date d'inscription : 16/08/2016
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . Mar Mai 08 2018, 20:42 | |
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| Sujet: Re: 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . | |
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| | | | 21 avril 1961 : Putsch d'Alger . | |
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