22 novembre 1918 La ville de Strasbourg redevient française après avoir été annexée en 1871 par l’Allemagne.
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Commandoair40 Admin
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Sujet: 22 novembre 1918 La ville de Strasbourg redevient française après avoir été annexée en 1871 par l’Allemagne. Dim Nov 22 2020, 18:38
"22 novembre 1918"
La ville de Strasbourg redevient française après avoir été annexée en 1871 par l’Allemagne.
La signature du traité de Versailles , a rendu à la France les territoires annexés de l’Alsace et de la Lorraine après soixante-quinze année d’intendance allemande .
Les commémorations de la Grande Guerre permettent de revenir sur l’histoire tourmentée de l’Alsace-Lorraine, territoire en tenaille entre deux nations antagonistes.
Trois conflits franco-allemands et cinq changements de nationalité en 75 ans donnent matière à penser sur les enjeux contemporains de l’union européenne.
En arrière-plan
En 1871, l’Alsace-Lorraine, création géographique composée de la Moselle, de la Basse-Alsace et de la Haute-Alsace (moins Belfort), est annexée à l’Empire allemand vainqueur d’un Second Empire pitoyablement tombé à Sedan.
Tribu de guerre sans doute plus douloureux que l’indemnité de 5 milliards de franc-or, la population de ce territoire, représentant plus d’un million et demi d’habitants, non consultée, se voit contrainte de changer de nationalité.
L’historien Alfred Wahl estime que 120 000 personnes, essentiellement des jeunes gens désireux d’échapper au service militaire en Allemagne et les éléments les plus hostiles à l’empire, quittent l’Alsace-Lorraine au titre de l’option.
La mutilation territoriale apparaît d’emblée intolérable à la France républicaine qui s’instaure sur les ruines du Second Empire.
Les ténors républicains, tel Léon Gambetta, et les principaux penseurs, Renan, Fustel de Coulanges ou Taine, brandissent le droit des populations à disposer d’elles-mêmes pour contester la confiscation.
Dès 1870, l’idée de revanche apparaît pour rétablir ce bon droit bafoué par l’habile Bismarck.
Sur ce terreau, se développe pendant près d’un demi-siècle la nostalgie française des « provinces perdues ».
Relayée par la presse, les lectures enfantines, l’iconographie, la statuaire et l’école de la IIIe République, l’image de l’Alsace-Lorraine se fige dans la double figure de l’Alsacienne et de la Lorraine en coiffes, jeunes femmes éplorées, violentées par le brutal prussien, et confites dans la nostalgie de la France, la mère-patrie.
En 1913, Hansi rafraichît l’image avec un couple d’enfants tourné vers la « ligne bleue des Vosges ».
Au-delà de ces clichés patriotiques, les gouvernements de la IIIe République ont pour objectif réel de replacer la France au premier plan des nations européennes.
La République s’enracine et fédère les populations autour de l’idée de nation et d’équilibre territorial habilement tissé sur le motif des provinces perdues.
Déchirements
Lorsque la guerre éclate en août 1914, conséquence tragique d’un stupéfiant somnambulisme politique et diplomatique, l’Alsace-Lorraine est aux yeux des Français une carte postale pâlie et familière.
La revanche avait depuis longtemps disparu des esprits et des discours.
Si le refus de faire la guerre pour les provinces perdues était général, la question d’Alsace-Lorraine pesait depuis un demi-siècle sur les relations franco-allemandes et avait bloqué les possibilités de réconciliation.
Le déclenchement de la guerre réactive les anciennes passions nationalistes et le « retour des provinces perdues » devient un enjeu du conflit.
L’Alsace-Lorraine, à nouveau champ de bataille dès août 1914, est administrée de main de fer par les autorités militaires allemandes.
Les mesures répressives et la germanisation brutalement accélérée – parler français dans la rue devient un délit – détournent de l’empire une grande partie de la population alsacienne déjà humiliée, en 1913, par l’affaire de Saverne.
Stoppant net une intégration qui était à la veille de la guerre en bonne voie.
Les Alsaciens-Lorrains se trouvent à nouveau piégés entre deux antagonismes.
Des familles sont déchirées.
380 000 soldats alsaciens-lorrains, dont il est difficile de distinguer Vieux-Allemands, enfants de couples mixtes et Alsaciens-Lorrains de souche, sont mobilisés dans l’armée allemande.
Dans ce contexte, la fin de la guerre est accueillie avec un « joyeux soulagement » car elle signifie la fin du massacre et de la pénurie alimentaire.
Comme l’écrit Alfred Wahl, la population se « réjouit d’être délivrée d’une oppression de plus de quatre année ».
Le retour à la France
Fin novembre 1918, les troupes françaises sont donc accueillies en Alsace-Lorraine avec liesse :
Maisons pavoisées, arcs de triomphe dressés à l’entrée des villages et vivats de la foule enthousiaste.
C’est un véritable « éblouissement tricolore ».
Le 25 novembre 1918, l’artiste Charles Spindler assiste à l’entrée du maréchal Pétain à Strasbourg.
Place Kléber, les Alsaciennes en coiffe foisonnent :
« Quelques-unes d’authentiques campagnardes des environs de Strasbourg et de Haguenau, le plus grand nombre des demoiselles travesties dans des costumes de fantaisie ».
Elles se conforment au cliché élaboré en France pendant l’annexion :
La coiffe toujours plus monumentale et ornée d’une cocarde, est la manifestation de la francophilie et de la fidélité des femmes d’Alsace.
Le 25 novembre 1918, le maréchal Pétain entre à Strasbourg.
Mais un demi-siècle d’éloignement occasionne bien des malentendus et provoque, dès fin 1918, des frictions.
La République centralisatrice et laïque, ignorant les réalités alsaciennes, heurte les particularismes religieux et administratifs alsaciens.
Les premières mesures sont brutales.
Des commissions opèrent un triage de la population sur des critères d’appartenance nationale et distribuent quatre types de cartes d’identité (ABCD) attribuant des droits différents.
Les cartes D sont réservées aux ressortissants allemands immigrés depuis 1870.
Ils sont expulsés sans ménagement.
Universitaires, parmi lesquels le beau-père d’Albert Schweitzer, pasteurs, artisans ou ouvriers sont contraints de retourner en Allemagne sans considération de leur place dans la société alsacienne.
Les couples mixtes, appartenant à une double culture, sont frappés par cette mesure inique.
Le traité de Versailles, le 28 juin 1919, indique ainsi que les Alsaciens-Mosellans sont réintégrés de plein droit dans la nationalité française, excepté les enfants de père allemand installé en Alsace après 1870.
Amertume et ressentiments apparaissent rapidement dans la population.
Les instituteurs sont contraints d’enseigner en français, qu’ils ont appris comme une langue étrangère.
Les fonctionnaires allemands sont remplacés par des Français de l’intérieur, les Alsaciens restant à des postes subalternes.
C’est le cas à l’université de Strasbourg où 90% des enseignants viennent de France.
De même la transition linguistique ne va pas sans difficultés.
La plupart des instituteurs alsaciens ont appris le français comme langue étrangère et sont contraints de l’enseigner.
Les fonctionnaires français, eux, ignorent l’allemand ce qui génère incompréhensions et mécontentements.
Pour apaiser le « malaise alsacien » dont la presse fait l’écho, Clemenceau envoie à Strasbourg un homme politique de premier plan, Alexandre Millerand.
Il rassure Alsaciens et Lorrains en maintenant le concordat de 1801 et l’école publique confessionnelle.
Mais l’assimilation trop rapide et l’introduction accélérée des lois françaises créent un malaise durable et l’émergence dans l’entre-deux-guerres de l’autonomisme alsacien.
Millerand, ministre de la Guerre, arrive en Alsace.
C’est dans le cadre de l’Europe et sous l’action d’hommes tel que Robert Schuman que l’Alsace trouvera, après la Seconde Guerre mondiale, une identité enfin apaisée celle d’un pont entre deux cultures.
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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22 novembre 1918 La ville de Strasbourg redevient française après avoir été annexée en 1871 par l’Allemagne.