Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
Sujet: 3 juillet 1940 Attaque de Mers el-Kébir . Ven Juil 03 2020, 18:56
"3 juillet 1940"
Attaque de Mers el-Kébir
Le 3 juillet 1940, la Royal Navy attaque la flotte française amarrée dans la rade nord-africaine de Mers el-Kébir, près d'Oran (1297 morts et 350 blessés chez les marins français).
Le Premier ministre britannique Winston Churchill manifeste de la sorte sa détermination à poursuivre la guerre envers et contre tout, mais c'est au prix d'une rupture sanglante avec son ancien allié français.
La flotte française ne doit pas devenir allemande
Seuls à faire face aux nazis, après l'armistice franco-allemand du 22 juin 1940, les Anglais craignent non sans raison que la flotte française, puissante et réputée, ne soit un jour réquisitionnée par les Allemands même si la convention d'armistice prévoit le désarmement des navires dans leur port d'attache.
Churchill décide en conséquence de s'emparer de tous les navires de guerre français à sa portée.
À tout le moins, il demande que les Français les mettent hors de portée de l'ennemi, à la Martinique, par exemple.
C'est l'opération « Catapult ».
Dès le 2 juillet 1940, par des ruses diverses ou par la menace, des officiers britanniques montent à bord des navires français amarrés dans leurs ports, à Portsmouth et Plymouth.
Capturés, les marins et officiers se voient proposer de rejoindre de Gaulle.
La plupart refusent, par fidélité au gouvernement légitime, et se font rapatrier.
Les Anglais excluent de s'en prendre aux navires français amarrés à Toulon, car leur attaque est risquée et d'autre part inciterait les Allemands à occuper ce port, pour l'heure épargné.
L'escadre amarrée dans la rade de Mers el-Kébir, en Algérie, paraît davantage à leur portée.
Churchill affiche sa détermination
Churchill doit résister dans son propre cabinet de guerre à ceux qui, tel Lord Halifax, conservent l'espoir d'amadouer Hitler !
Le Premier ministre voit donc dans l'attaque de Mers el-Kébir un double avantage :
D'une part enlever aux Allemands toute chance de s'emparer des navires, d'autre part - le plus important sans doute à ses yeux - briser tout espoir d'accommodement avec le Führer et ses douteux comparses de Vichy.
Il veut prouver en particulier au président américain Franklin Roosevelt qu'il est déterminé à poursuivre la guerre envers et contre tout, au besoin contre son ancienne alliée la France, si celle-ci devait se rapprocher de l'Allemagne.
Sir James Somerville (1882-1949)
Il câble à l'amiral Sir James Somerville, basé à Gibraltar :
« Vous êtes chargé de l'une des missions les plus désagréables et les plus difficiles à laquelle ait jamais été confronté un amiral britannique ».
Il est vrai que ce dernier reçoit de mauvais gré l'ordre de mettre hors d'état de nuire ses anciens compagnons de combat.
Il va tout tenter pour éviter l'irrémédiable...
Le 3 juillet au matin, l'amiral se présente devant la rade de Mers el-Kébir, à la tête d'une puissante flotte de guerre.
Un plénipotentiaire anglais, le capitaine Cedric Holland, se rend auprès de l'amiral français Marcel Gensoul, sur le croiseur Dunkerque, et lui propose soit de suivre les Anglais, soit encore de se réfugier dans les Antilles, soit à la rigueur de se saborder.
L'amiral Gensoul fait traîner les négociations en longueur et met ses navires en position de combat ainsi que peut l'observer le plénipotentiaire.
Il fait valoir qu'une attaque anglaise équivaudrait à une « déclaration de guerre ».
À 15h, pour montrer sa détermination, Somerville fait miner l'entrée de la passe par ses avions de l'aéronavale.
Cependant que les discussions s'éternisent, les Anglais captent un message de l'amiral Darlan au vice-amiral Gensoul :
Le chef de la marine française lui fait savoir que les escadres de Toulon et d'Alger se portent à son secours !
À 17h30, Somerville fait savoir à l'amiral Gensoul que son ultimatum arrive à expiration.
Les négociations s'interrompent et le plénipotentiaire regagne aussitôt la flotte anglaise, à l'abri derrière la jetée qui protège le port.
Peu avant 18 heures, les Anglais ouvrent le feu sur l'escadre, composée de puissants et prestigieux croiseurs ou cuirassés :
Dunkerque, Strasbourg, Provence, Bretagne, ainsi que de 15 torpilleurs, 6 sous-marins etc.
Coulé à la troisième minute du combat, le Bretagne entraîne près d'un millier de marins dans la mort.
Au bout d'un quart d'heure, le tir cesse mais les avions anglais reviennent à la charge le 6 juillet et endommagent gravement le Dunkerque.
Les Anglais ont néanmoins la surprise de constater que le Strasbourg et trois contre-torpilleurs, dissimulés par la fumée des combats, ont réussi à franchir le barrage de mines.
Ils regagnent Toulon, suivis quelques semaines plus tard du Provence et du Dunkerque.
Ces navires vont en définitive se saborder avec le reste de la flotte le 27 novembre 1942 pour échapper cette fois aux Allemands.
Alexandrie et Dakar aussi
L'opération «Catapult» a plus de chance à Alexandrie, en Égypte, où l'amiral Godfroy accepte l'ultimatum poli de l'amiral Sir Andrew Cunningham et fait désarmer ses navires sur place, sous contrôle britannique.
Deux ans plus tard, ils entreront dans la guerre aux côtés des Alliés.
À Dakar, le cuirassé Richelieu est endommagé dans la nuit du 7 au 8 juillet 1940 par des avions qui ont décollé d'un porte-avions britannique.
Le 23 septembre suivant, il répondra par des coups de canon au général de Gaulle, qui avait tenté d'entrer dans le port à bord de navires alliés en vue d'obtenir le ralliement du Sénégal à la France libre.
L'attaque de Mers el-Kébir a un immense impact dans tous les pays.
Le président américain Roosevelt tout comme Hitler comprennent que les Anglais ne renonceront pas à la lutte.
Les députés anglais sont également rassurés et font une ovation à Churchill dans les Communes.
Côté français, les réactions sont amères.
La brutalité de l'attaque réveille en France une anglophobie latente.
C'est une aubaine pour les partisans d'une cohabitation avec l'occupant allemand.
Une semaine plus tard, le 10 juillet, l'Assemblée nationale (Chambre des députés et Sénat réunis) vote à une écrasante majorité les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».