Chère Madame, cher Monsieur
Je vous en avais parlé dans mon dernier mail : le confinement est actuellement à deux vitesses. Globalement bien observé par les Français ordinaires. Allègrement violé dans les quartiers dits « sensibles », dans lesquels les délinquants continuent à se livrer à leurs activités habituelles.
Mais c’est encore bien pire que cela.
En effet, la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, s’apprêterait à libérer 5 000 détenus pour faire baisser la pression dans les prisons surpeuplées où plusieurs mutineries se sont déjà produites ces derniers jours à cause de la suppression des parloirs pour cause de coronavirus.
Cette libération concernerait les détenus condamnés jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et qui sont en fin de peine.
Vous le savez : en France, pour être condamné à de la prison ferme, il faut avoir accompli un acte vraiment grave ou bien avoir commis des délits de manière répétée. Et pour être condamné à cinq ans il faut en général avoir déjà un long passé délinquant derrière soi.
La mesure envisagée par Nicole Belloubet concernerait jusqu’aux violences volontaires avec plus de huit jours d’ITT, les cambriolages ou les escroqueries… Bref, des enfants de chœur.
Vous rendez-vous compte ? Alors que 67 millions de Français sont enfermés chez eux pour des semaines, parfois dans des conditions très difficiles, le gouvernement s’apprêterait à relâcher 5 000 délinquants dans la nature !
Et à votre avis, que vont faire ces 5 000 détenus une fois libres ? Vous croyez qu’ils vont rentrer chez eux bien sagement pour se confiner comme d’honnêtes citoyens ? Ou bien est-ce que la plupart vont reprendre leurs activités criminelles comme avant ?
Lorsqu’en 1981 plus de 5 000 détenus ont été remis en liberté en quelques mois, à la faveur d’un décret de grâce et d’amnistie voulu par le garde des Sceaux de l’époque, Robert Badinter, le taux de criminalité a fait un bond l’année suivante de près de 20%.
Un grand nombre de ces 5 000 détenus iront rejoindre les « quartiers sensibles » dont ils sont issus et y rendront la tâche des forces de l’ordre encore plus impossible.
Et, qui sait, sans doute certains d’entre eux croiseront-ils leurs anciennes victimes, qui pourront les voir parader tranquillement dans la rue alors qu’elles-mêmes sont enfermées dans leur appartement.
Nous marchons sur la tête.
D’un côté le gouvernement annonce un durcissement des sanctions pour ceux qui ne respecteraient pas le confinement et, de l’autre il adresse des messages d’impunité aux délinquants chroniques : ordre donné de ne pas exécuter les courtes peines, libération de 5 000 détenus…
Comme tous leurs prédécesseurs, ce gouvernement a refusé de faire l’effort nécessaire pour construire les places de prison dont la France a désespérément besoin. Emmanuel Macron a tranquillement renié sa promesse de construire 15 000 places supplémentaires durant son quinquennat.
Et aujourd’hui, la seule solution qu’ils trouvent pour faire face à une épidémie dramatique, c’est de confiner les honnêtes gens et de libérer les délinquants.
C’est inacceptable et, dès que nous avons eu vent de cette mesure, l’Institut pour la Justice s’est mobilisé pour essayer d’alerter l’opinion sur ce qui se prépare.
Notre capacité d’action est actuellement très diminuée, vous le savez, mais il existe encore une petite chance d’arrêter ce projet insensé ou de diminuer sa portée et nous allons faire notre maximum pour y parvenir. Je vous tiendrai bien entendu au courant.
Avec tout mon dévouement,
Laurence Havel