Laurence Havel de l'Institut pour la Justice Se désabonner
15:22 (il y a 29 minutes)
L'Institut pour la Justice est une association loi 1901 en faveur d'une Justice plus protectrice des citoyens et plus équitable vis-à-vis des victimes. Un souci dans la visualisation? suivez ce lien
Chère Madame, cher Monsieur,
Nous venons de vivre une semaine terrifiante. Et je pèse mes mots.
Jeudi dernier, un fonctionnaire de la Préfecture de police de Paris abat au couteau de cuisine quatre de ses collègues.
Les motifs de crime commis par Mickael Harpon, islamiste, probablement radicalisé, sont de plus en plus certains… Cela n’a pas empêché quelques sinistres personnages de faire de la provocation inutile et honteuse.
C’est le cas de Hadama Traoré, candidat aux dernières élections européennes à Aulnay-sous-Bois. Il a appelé à une manifestation de soutien à Mickael Harpon (oui vous lisez bien !). Pour lui, il était « discriminé » dans son travail à cause de son handicap. Et « c’est tout ce contexte qui explique pourquoi il a craqué ».
« Mickael Harpon n’est pas un terroriste ».
La vidéo qu’il a postée sur facebook a été vue des milliers de fois. Les médias en ont tous parlé. Le rendez-vous était fixé à Gonesse (ville où habitait Mickael Harpon). Cette manifestation de la honte semblait programmée…
La Sénatrice Jacqueline Eustache Brinio a voulu en avoir le cœur net et a téléphoné mardi au cabinet du Préfet du Val d’Oise pour demander à ce que la manifestation soit interdite. Réponse édifiante : « on n’a pas le cadre pour l’interdire », « si on va au tribunal administratif on risque de se faire retoquer »...
Renoncement ? Lâcheté ?
Le tollé médiatique et politique a été tel que finalement le ministère de l’Intérieur a interdit cette manifestation. Après 24 heures de silence et d’ambiguïté. Comme s’il pouvait y avoir de l’ambiguïté avec ce sujet !
Mais notre ministre de l’Intérieur était très occupé ces derniers jours puisqu’il a été auditionné par la Commission des lois de l’Assemblée nationale. Il a été sommé de s’expliquer devant les députés sur tous les points obscurs que ce drame soulève.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que certains points sont loin d’être justifiables.
Il y a une nébuleuse islamiste autour de Mickael Harpon. La personnalité d’un imam, ancien imam de Gonesse, est notamment sortie dans la presse. Christophe Castaner s’est expliqué :
« L’imam dont on parle et dont la presse a parlé a été admis en France le 11 décembre 2014. Début 2015, il a fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français qui n’a pas été exécutée, je ne sais pas pourquoi. Ce que je peux vous dire c’est que depuis, il a été décidé de lui accorder un titre valable parce qu’il a eu un enfant et qu’il s’est marié. Ce sont les éléments dont je dispose qui ont été la base de la décision qui ont amené jusqu’à ce titre valable jusqu’en avril 2020. »
Édifiant. On a beau savoir qu’en effet les obligations de quitter le territoire ne sont pas exécutées, on a beau le lire régulièrement dans la presse, cet exemple précis est gravissime. Nos autorités ne font pas leur travail et s’engouffrent dans des angles morts.
Christophe Castaner dit aussi : « je peux vous donner ce nombre de 40 individus radicalisés au sein de la police nationale suivis par une cellule spécifique au sein de la Direction générale de la police nationale. Et je peux vous dire que pour tous les cas où les cas de radicalisation ont été caractérisés de façon suffisante, ces agents ont été écartés. […] La moitié est partie, il reste 19 ou 20 cas qui sont suivis attentivement, sur lesquels les signaux sont des signaux faibles qui ne caractérisent aucune anomalie pénale mais ils font l’objet d’une attention toute particulière. »
Mais du coup, Monsieur le Ministre, Mickael Harpon présentait-il des signaux faibles ?
« Il y a eu des signaux qui ont été perçus comme de faible intensité » mais « On n'a pas considéré à ce moment-là que les éléments étaient suffisants ».
Si les signaux de Mickael Harpon étaient « trop faibles », que doit-on penser de l’importance des signaux des 20 individus « suivis attentivement » ?
J’en arrive toujours à la même conclusion :
Ils spéculent avec notre sécurité et mettent nos vies en jeu en ne faisant rien.
Alors même qu’ils sont en fonction pour agir, qu’ils sont payés pour agir, qu’ils ont accepté leur poste pour agir.
Jusqu’à quand nos dirigeants vont-ils éluder leurs responsabilités pour se décharger sur les autres ?
Lors de l’hommage rendus aux quatre fonctionnaires décédés, Emmanuel Macron a prononcé un discours salué par tous les médias. Il disait notamment que « l’administration seule et tous les services de l’État ne sauraient venir à bout de l’hydre islamiste (...) Une société de vigilance, voilà ce qu’il nous revient de bâtir ».
Mais Monsieur le Président, dirigez donc par l’exemple !
Nous sommes déjà une société vigilante, nous vivons avec la menace du terrorisme qui plane au-dessus de nos têtes. Nous sommes vigilants lorsque nous prenons les transports en commun, nous sommes vigilants dans la rue, nous sommes devenus vigilants parce que nous savons que la menace est présente partout.
MAIS nous savons très bien aussi que notre vigilance se heurte à la menace des accusations de racisme et « d’ islamophobie ». Comment être vigilants dans une société où l’on ne peut pas observer et s’exprimer sans craindre d’être mis en cause ?
L’urgence n’est pas de demander à la société, c’est-à-dire vous et moi, d’être vigilante, mais de faire le ménage et d’assainir les administrations censées nous protéger.
Monsieur le Président, balayez devant votre porte.
Avec tout mon dévouement,
Laurence Havel
Ps : Tout aussi odieux que l’appel de Hadama Traoré, Tariq Ramadan n’a pas hésité à écrire sur son profil Facebook, suivi par des milliers de personnes : « L’essentiel reste ici, de témoigner notre sympathie aux familles de toutes les victimes. Toutes les victimes, sans exception ni sélection. Même la famille de cet homme qui a perdu la raison et dont on a commencé à salir la mémoire aujourd’hui ». Abject et provoquant.
Ps 2 : L’ancien juge anti-terroriste Marc Trévidic a été interrogé sur Europe 1 cette semaine. Il a clairement dénoncé la passivité de l’État : « On a laissé pendant quarante ans cette idéologie mortifère se répandre partout » « On a eu des alertes (…) maintenant on voit des militaires, des policiers radicalisés. Un jour, on trouvera peut-être un juge radicalisé, tout est envisageable »..