Historique du 1er Bataillon de Fusiliers Marins
Commando Kieffer
Liste des 177 français ayant débarqué le Jour J
Création du 1er BFMC
Philippe Kieffer, matricule 13 FNFL 40 de la France Libre, commandant le 1er Bataillon FM Commando. Photo : IWM
Fondation de la Troop 1 (1ère Compagnie) :
Philippe Kieffer, l’un des premiers français à rejoindre la France Libre, se voit confier 16 volontaires en avril 1942, qui s’entraînent alors au camp de Camberley en Grande-Bretagne en compagnie du lieutenant Jean Pinelli. Début mai 1942, la petite troupe (23 hommes) est brevetée au camp d’Achnacarry (Ecosse) et reçoit officiellement le titre de “1ère Compagnie, Fusilier Marin Commando”. Alors que ces hommes s’entraînent au dépôt d’Eastney, ils sont renforcés un peu plus tard par le lieutenant Charles Trepel, nommé commandant en second du commandant Kieffer. L’entraînement de commando est extrêmement difficile, les épreuves sont sélectives : les hommes doivent manoeuvrer par tous les temps, sur tous les types d’obstacles : marches, entraînements à balles réelles, close-combat, etc.
L’entraînement des futurs commandos à Achnacarry. Photo : IWM
Le 14 juillet 1942, la petite compagnie composée d’une trentaine d’unités défile dans les rues de Londres à l’occasion de la fête nationale française. Le 10 août, la 1ère Compagnie est rattachée au n°10 Commando Inter Allied, basée au Pays de Galles, dans laquelle il peut à être trouvé des troupes de toutes origines (Belgique, Hollande, Norvège, Pologne, Tchécoslovaquie, mais aussi des antinazis d’Allemagne et d’Autriche).
Le 31 mai 1943, le n°10 Commando prend ses nouveaux quartiers à Eastbourne dans le Sussex. La 1ère compagnie (ou “Troop 1“) compte alors 81 hommes.
Le défilé à Londres du 14 juillet 1942, mené par le commandant Kieffer. Photo : IWM
Opération Jubilée – raid sur Dieppe ; baptème du feu pour la Troop 1 :
15 soldats français participent au coup de force sur Dieppe le 19 août 1942. La 1ère compagnie, divisée en trois groupes qui partent renforcer d’autres commandos et les soldats Canadiens, a refusé le port des casques au profit de casquettes et bachis à pompons rouge de la marine française. Les hommes ont également conservé les bandelettes “France” cousues sur l’uniforme.
Sur la plage de Dieppe, les épaves des navires et des chars témoignent de la férocité des combats. Photo : Bundesarchiv
Le lieutenant Guy Vourc’h débarque face au casino de Dieppe au centre du secteur d’attaque. Les deux autres groupes commandos s’attaquent aux batteries d’artillerie côtière, notamment la batterie du Varengeville, où les soldats Rabouhans et Taverne, rattachés au Commando n°4 de Lord Lovat, effectuent un travail extraordinaire en protégeant le cheminement du repli, ce qui s’est révélé capital dans la suite de l’opération. Mais en début d’après-midi, la situation étant catastrophique, les commandos français reçoivent l’ordre de décrocher et de rejoindre les navires. Montailler, l’un de ces soldats, meurt sur le terrain à la suite de graves blessures. César, fait prisonnier, parvient à s’enfuir et à rejoindre l’Angleterre après un passage en Espagne. L’existence du commando français est alors rendue officielle à la suite du raid sur Dieppe.
Fondation de la Troop 8 (1ère compagnie) :
La Troop 8 passée en revue par le colonel Vaughan à Achnacarry. Photo : IWM
En mai 1943, alors que la Troop 1 est formée, le lieutenant Charles Trepel organise la création d’une deuxième troupe de volontaires français. Celle-ci est formée par des soldats évadés de France et d’autres en provenance d’Afrique du Nord ou du Liban. Ils sont 75 à réussir les tests d’entrée qui se terminent le 28 mai 1943. Le lendemain, ils atteignent le camp d’Achnacarry en Ecosse où leur entraînement s’intensifie pour parfaire la cohésion du groupe. Le lieutenant Hulot, tout juste sorti de l’Ecole des Cadets, vient également entraîner la compagnie qui prend le titre de commando et de Troop 8.
Les 74 hommes de la Troop 8 le 14 juillet 1943. Photo : IWM
Raids sur la forteresse Europe :
C’est en octobre 1943 que les deux troupes 1 et 8 sont réunies à Eastbourne (Sussex) alors que le n°10 Commando Inter Allied est supprimé. L’entraînement se poursuit tandis que les commandos sont employés dans différents raids. Ces raids visent à reconnaître la mise en place des défenses ennemies : des commandos de moins de 10 hommes débarquent dans le plus grand silence sur les rivages ennemis. Il y eu en tout 10 raids menés par 80 commandos français de juillet 1942 à février 1944, à partir de petites embarcations à moteur (7 CV Austin), et si la plupart d’entre eux se sont déroulés sans encombres, de nombreux soldats ont payés de leur vie ces missions dangereuses (capitaine Ayton, maître Wallerand, Bellamy, Dignac…).
Le maître Wallerand, mort noyé lors d’un raid à proximité de Gravelines. Photo : IWM
Fondation de la Troop 9 (K-Gun section) :
Des volontaires et des éléments de la Troop 8 sont rassemblés en novembre 1943 aux ordres du lieutenant Amaury afin de former une nouvelle section de combat. C’est à Portsmouth que commence le difficile entraînement menant au fameux titre de commando. La Troop 9 se spécialise dans l’appui en se formant aux mitrailleuses à forte cadence de tir. Elle reçoit de nouveaux personnels qui vont marquer cette unité : le lieutenant Hubert (adjoint au lieutenant Amaury), le capitaine Lion, chef de section sanitaire (les infirmers et le matériel médical sont alors rattachés à la Troop 9), l’aumônier René de Naurois.
11 commandos appartenant à la Troop 9. Photo : IWM
1er Bataillon Fusiliers Marins Commandos :
En mars 1944, l’ensemble des commandos français reçoit officiellement le titre de 1er Bataillon Fusiliers Marins Commandos. A la fin du mois, le 1er BFMC part en Ecosse (près de Nairn) pour une série de grandes manoeuvres qui durent 5 jours et voient le déploiement de la 3ème division d’infanterie britannique, d’unités de la Royal Navy et de nombreux éléments de la Royal Air Force. Au terme de l’exercice, le 1er BFMC est rattaché au Special Service Brigade (Commando n°4) de Lord Lovat. Tout le mois d’avril, les entraînements s’intensifient dans le Sussex (à Bexhille-on-Sea).
Ropert, César, Rabouhans et Taverne reçoivent le 14 juillet 1943 les premières décorations du bataillon. Photo : IWM
En mai 1944, le 1er BFMC est passé en revue par l’amiral Dargenlieu qui lui remet ses badges d’unité tandis que le “French Commando” passe sous les ordres de Lord Lovat. Le 25 mai, le 1er BFMC est isolé à la base de Titchefield, où les soldats ne peuvent communiquer avec l’extérieur. Entre le 2 et le 5 juin, les commandos français, avec le commando n°4, embarquent sur les navires de transport.
Porte-fanion du 1er Bataillon Fusiliers Marins Commandos français. Photo : IWM
Le 1er BFMC face à l’Histoire
A 17 heures, le 5 juin 1944, les commandos français embarquent sur deux LCI (Landing Craft Infantry) : le LCI 527 pour la Troop 1, le LCI 528 pour la Troop 8. Les commandos français (177 unités) apprennent le 5 juin à 22 heures la destination de la flotte d’invasion : la Normandie. Plus précisément, ils doivent débarquer à proximité de la localité d’Hermanville-sur-Mer, en face du lieu-dit La Brèche (Sword Beach).
Débarquement du commando Kieffer. Photo : IWM
A 7 heures 31, le mardi 6 juin 1944, les soldats français sont mis à terre (lire le témoignage du Caporal Maurice Chauvet). Ils partent immédiatement à l’assaut de Ouistreham, accompagnés des soldats britanniques de la 1st Special Service Brigade, Commando n°4. Peu après midi, ils rejoignent les parachutistes de la 6th Airborne au pont Pegasus, commandés par le Major Howard. En fin de journée, les commandos français durement éprouvés parviennent à leur objectif d’Amfreville-le-Plein. Le poste de commandement s’installe à Le Hauger.
Commandos français attaquant à l’intérieur des terres derrière Sword Beach. Photo : IWM
Au soir du 6 juin 1944, le 1er BFMC compte 8 morts (dont le capitaine Docteur Lion, le lieutenant Hubert et le sergent Dumanoir) et 31 blessés hors d’état de combattre.
Les Français résistent sur la ligne Amfreville-La Hauger du 6 juin au 26 juillet, repoussant notamment une attaque de chars le 10 juin. Ils s’installent ensuite dans la moitié ouest du Bois de Bavent qui ne sera pris que le 17 août. Du 18 au 19 août, la 1st Special Service Brigade traverse les zones inondées dans la région de la Dives à Robehomme. Les Français livrent de furieux combats dans la localité de l’Epine où ils font de nombreux prisonniers, avant de libérer Pont-L’Evêque le 24 août. Le 1er BFMC livre ses derniers combats dans la nuit du 24 au 25 août au sud-est de la forêt de Saint-Gratien.
Les forces anglaises et françaises foncent à l’intérieur des terres. Photo : IWM
Au terme de la bataille de Normandie, 40 hommes seulement sur les 177 du départ sont restés sur le terrain pendant ces 83 jours de combat. 32 blessés sont revenus en première ligne après des soins rapides.
Poignée de mains entre Kieffer et Montgomery. Photo : IWM
Le 1er Bataillon Fusiliers Marins Commandos embarque le 7 septembre 1944 à Arromanches pour rejoindre le camp de Petworth. Le 10 septembre, alors que la bataille de Normandie est terminée, les soldats bénéficient du premier départ en permission après le Jour J.