la vie "exemplaire" du professeur Georges BOUDAREL
Georges BOUDAREL est né à Saint Etienne en 1926, chez les Pères Maristes élève studieux et doué, il rentre dans les ordres, à la veille de la prétrise il quitte le séminaire et adhère au Parti Communiste.
Il part pour l'Indochine en 1948, envoyé par le Bureau colonial du PC, il maintient le contact grâce au Groupe culturel marxiste, antenne du PC à Saïgon, parmi les membres du Groupe, un certain Jean CHESNEAUX, arrêté en septembre 1947, sa voiture chargée de tracts vietminh. Il exerce comme professeur d'Histoire et de philosophie au Lycée Pierre et Marie CURIE à Saïgon, il est sursitaire ayant fait des études, il déserte en 1949 pour rejoindre le Vietminh au Nord Tonkin où il est nommé Commissaire Politique Adjoint, celui qui fait la sale besogne, chargé du lavage de cerveau des prisonniers militaires Français du Corps expéditionnaire au fameux Camp 113, son surnom viet est "Dai Dông", dans ce camp il faut savoir que le taux de mortalité est de 85%, bien plus élevé que dans les camps nazis.
En 1964, BOUDAREL, quitte "clandestinement le Vietnam (il est condamné à mort au Vietnam pour insoumission et désertion, refusant les réformes agraires) pour Moscou où il prend le nom de "Boris"....., puis Prague où jusqu'en 1967 il exerce ses talents d'apparatchick communiste dans une filiale du Kominform, la Fédération syndicale Mondiale (FSM).
Revenu en France, où il est condamné à mort par contumace depuis sa désertion en 1949, il profite de la Loi d'amnistie de 1966, grâce à des amis députés communistes un alinéa en faveur de gens comme lui qui ont déserté en Indo est glissé dans le texte de Loi l'absolvant à jamais des ignominies commises, en plus il obtient le rétablissement de ses droits universitaires avec l'aide du Parti Communiste Français et des syndicats de l'Education nationale.
Il intègre même le CNRS, où sans renier ses engagements de jeunesse et protégé par ses "honorables" collègues et prévalant de sa connaissance du Vietnam, il acquiert les droits à la retraite universitaire qu'il améliore par de juteuses conférences sur le Vietnam !
Il est dévoilé au Sénat le 13 fevrier 1991, lors d'un colloque sur le Vietnam , BOUDAREL figure parmi les intervenants, c'est alors que Jean Jacques BEUCLER, prend le micro ........................
mais tout d'abord quelques précisions sur Jean Jacques BEUCLER, qui va déclencher cette fameuse "Affaire BOUDAREL",né en 1923 à Trèves (Allemagne), fils de Général, il sort Aspirant de Cherchell major de la Promo "1941-42", Campagne d'Italie comme Aspirant au 5è RTM, Allemagne, puis 1949 c'est l'Indo comme Lieutenant au 5è Goum du 3è Tabor Marocain, et sur la funeste RC4 (Route Coloniale N°4 qui rase la frontière de Chine) à Cao Bang il est fait prisonnier après avoir été grièvement blessé, il restera 4 ans dans les geôles Vietminh, 4 ans durant lesquels il a parcouru à pieds 30 000 km et absorbé 2 tonnes de riz ! 3 fois blessé, 5 fois cité dont 2 à l'ordre de l'Armée, Chevalier de la Légion d'Honneur à 27 ans, Croix de guerre 39/45 et TOE et pensionné militaire à 100%. Ensuite il quitte l'Armée avec le grade de capitaine, industriel pendant 23 ans, il relève une petite usine métallurgique, milite au sein du "Centre des Jeunes Patrons", puis laisse son entreprise et entre en politique, centriste, comme maire, député et Secrétaire d'état sous GISCARD, Homme droit, s'occupe ensuite du milieu associatif des anciens combattants comme Délégué général du"Comité d'entente des Anciens d'Indochine", il est décédé il y a quelques années, j'ai eu l'occasion, il y a une quinzaine d'années d'assister à l'une de ces conférences sur "l'Affaire BOUDAREL", je garde de lui l'image d'un Homme droit qui prit le risque de préfacer le livre de Roger HOLLEINDRE (Président du CNC) "Des Pavillons noirs à Dien Bien Phu", refusant tout amalgame et discrimination politiques dans le milieu associatif des Anciens combattants, c'était trés courageux de sa part et le signe d'une rare honnêteté intelctuelle !
Lieutenant Jean Jacques BEUCLER - Nord Tonkin 1950
Sur ce voici ce que je qualifirai de son exploit :
En 1986, un certain colonel retiré à Nice, le Colonel MITJAVILLE, révélait à J.J. BEUCLER qu'il avait été interné pendant la Guerre d'Indochine dans un camp viet dirigé par un français déserteur ralié à l'ennemi, et du fait qu'il était officier il avait particulièrement souffert des sévices de ce personnage !
33 ans après, il venait d'apprendre qu'un maître assistant à l'Université PARIS VII portait les même noms et prénoms et se spécialisait sur le Vietnam, la coïncidence était troublante, MITJAVILLE se propposait de démasquer son ancien boureau, quand il décède des suites lointaines de sa captivité. Peu avant sa mort, Mr BEUCLER lui promet de continuer les recherches et en Janvier 1991, il apprend incidemment que parmi les intervenants dans un colloque sur "l'actualité vietnamienne", le 13 fevrier 1991 au Sénat, figure un professeur du même nom.
BEUCLER s'y rend donc avec quelques camarades de captivité, il n'a pas de plan précis, ils ne sont même pas certains qu'il s'agisse du même homme.
Ils s'installent en bordure d'une travée et à proximité d'un micro, l'humour s'en mêle quand le Président de séance s'approche de BEUCLER :
"Monsieur le Ministre, j'apprends votre présence et j'en suis fort heureux, je sais que vous vous intéressez à l'Indochine..."
Pour éviter de le transformer en complice volontaire, BEUCLER ne lui parle pas de la vraie raison de sa venue, il lui signale seulement qu'il va peut être demander la parole.
Par la suite le président a du regretter cette extrême affabilité !
La Salle CLEMENCEAU est pleine, l'ambiance est feutrée, BEUCLER est à l'affût, le coeur battant.
Après deux exposés intéressants, au moment où leur cible s'apprête à prendre la parole, BEUCLER se précipite sur un micro et déclare à l'assistance un peu surprise :
"J'ai une communication importante à vous faire, ou plutôt une mission à remplir, je demeurerai calme par respect pour le Sénat, permettez moi de me présenter : je m'appelle Jean Jacques BEUCLER, j'ai été député pendant 13 ans, Secrétaire d'Etat à la Défense en 1977 et 1978, mais surtout j'ai subi les camps prisonniers de guerre du Vietnam pendant 4 années de 1950 à 1954, c'est une experience que je ne souhaite à personne....Il est utile de rappeller que le taux de mortalité y fut tel qu'à peine un captif sur trois est rentré..."
Il relate ensuite le découverte de MITJAVILLE et s'adresse au conférencier :
"Son tortionnaire s'appelait comme vous Georges BOUDAREL, alors je vous pose 3 questions :
-Etiez vous en Indochine entre 1950 et 1954 ?
-Avez vous déserté pour rejoindre le Vietminh ?
-Sévissiez vous au Camps 122 ?
Un silence de mort règne sur l'assistance, chacun retient son souffle.
L'interpellé a pris un tein cadavérique, avant de se ressaisir :
"Je n'ai jamais été au Camps 122, j'étais au Camp 113."
Il se lance ensuite dans un long récit sur la situation des prisonniers de guerre, il en ressort qu'il s'agit bien du même homme.
-" Vous êtes donc un individu qui a trahi son pays pour se mettre volontairement, au service de l'ennemi et qui a spécialement maltraité ses compatriotes sur le plan materiel et sur le plan moral, puisque vous bénéficiez sans doute d'une amnistie collective, nous ne pouvons pas vous poursuivre en justice, mais nous tenons à vous dire publiquement, en mémoire des Morts pour la France en Indochine, que nous éprouvons à votre égard, le plus profond mépris, il faut que l'assistance sache à quel ignoble bonhomme elle a affaire, vous êtes un criminel de guerre.
Vous avez du sang sur les mains, votre présence à la tribune du Sénat est indécente. "
Puis BEUCLER sort dignement suivi de la vingtaine de rescapés des camps qui l'avaient accompagné, ils se retrouvent dans les vestiaires, heureux d'avoir rempli leur mission.
Il parait qu'ensuite BOUDAREL a commencé son exposé et que quelqu'un lui a posé cette question :
"Est ce vrai ce qu'a dit Mr BEUCLER ? Vous serviez comme commissaire politique dans un camp de prisonnier du Vietminh ?
"Je n'étais pas commissaire-politique, mais commissaire-politique-adjoint" répond BOUDAREL.
"Eh bien Monsieur nous ne sommes pas venu écouter un commissaire- politique, même adjoint, veuillez donc quitter la salle."
Et BOUDAREL de sortir sous les Huées.........
Plus tard l'un de ses collègues de PARIS VII fait irruption pour manifester son indignation, il fut sorti manu militari par la Garde du Sénat, Général en tête.
(sujet complaisament prété)