Depuis le sommet de Singapour, le 12 juin dernier, les discussions entre la Corée du Nord et les États-Unis n’ont pas connu de progrès notables, même si le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, doit rencontrer prochainement le général Kim Yong Chol, le bras droit de Kim Jong-un, le chef du régime nord-coréen.
« Nous aurons une bonne occasion de poursuivre les discussions autour de la dénucléarisation » de la Corée du Nord », a déclaré M. Pompeo à la presse. « Je m’attends à ce que nous fassions de réels progrès, notamment pour que le sommet entre nos deux dirigeants puisse se tenir », a-t-il ajouté.
Cela étant, Kim Jong-un a multiplié les ouvertures en direction de Séoul et a même consenti au démantèlement d’au moins deux sites liées aux programmes nucléaire et balistique nord-coréens. Mais ces derniers ne sont nullement affectés par ces concessions.
Certes le centre d’essais nucléaire de Punggye-ri a été détruit en mai 2018… Mais sans le contrôle d’inspecteurs et d’experts internationaux pour vérifier l’ampleur des destructions des installations, lesquelles auraient d’ailleurs été fortement endommagées lors du test nucléaire de septembre 2017. Quant à la base de Tongchang-ri, elle ne concernait que les missiles à propulsion liquide, qui ne sont désormais plus la priorité du régime nord-coréen puisqu’il se concentre sur la mise au point d’engin à propulsion solide, plus faciles à mettre en oeuvre et plus compliqués à repérer.
Reste que selon le dernier rapport du groupe d’experts des Nations unies sur l’application des sanctions décidées à son encontre, la Corée du Nord poursuivrait ses activités nucléaires. Ce qu’a confirmé l’Agence internationale de l’énergie atomique [AIEA]. « La poursuite et le développement du programme nucléaire de la République démocratique populaire de Corée du Nord sont extrêmement préoccupants », a même estimé Yukiya Amano, son directeur général. Et le renseignement américain ne dit pas autre chose…
Aussi, tant qu’elle n’aura pas donné de gages tangibles sur sa dénucléarisation, la Corée du Nord devrait toujours faire l’objet des sanctions internationales décidées par le Conseil de sécurité des Nations unies, même si des pays comme la Chine et la Russie plaident pour les alléger.
Seulement, Pyongyang s’impatiente. Le 3 novembre, le ministère nord-coréen des Affaires étrangères a menacé de revenir à politique dite du « byungjin », c’est à dire au développement simultané de son arsenal nucléaire et de l’économie, si les États-Unis ne changeaient pas d’attitude sur le dossier des sanctions, que la Corée du Nord ne se prive pas de contourner… « L’amélioration des relations [avec Washington] et les sanctions sont incompatibles », a-t-il fait valoir.
En signe de bonne volonté, le président Donald Trump, avait satisfait une ancienne revendication nord-coréenne en annonçant la suspension indéfinie des exercices militaires à grande échelle menés conjointement par les forces américaines et sud-coréennes. Ce qui n’est évidemment pas sans conséquence sur leur préparation opérationnelle, comme l’a souligné, en septembre dernier, le général Robert Abrams, alors commandant désigné du contingent américain en Corée du Sud.
« La suspension des exercices [militaires] en août et en septembre derniers [Ulchi Freedom Guardian, ndlr] constitue, je dirais, un risque prudent si nous sommes disposés à faire l’effort de changer les relations avec la Corée du Nord », a affirmé le général Abrams lors d’une audition au Sénat. Mais, a-t-il ajouté, « Je pense que l’état de préparation des forces a été dégradé. Toutefois, a-t-il continué, « je suis confiant dans le plan en place pour maintenir cet état de préparation, notamment en effectuant des exercices de moindre envergure. »
D’où le lancement, à Pohang, ce 5 novembre, des manoeuvres appelées KMEP [Korea Marine Exercise Program / Programme coréen naval d’échange de marines], qui mobilisent 500 militaires américains et sud-coréens pendant deux semaines.
« Nous avions précédemment dit que nous mènerions comme prévu des exercices à petite échelle ou au niveau des bataillons entre les Etats-Unis et la Corée du Sud », a ainsi rappelé Choi Hyun-soo, le porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense.
Selon l’agence sud-coréenne Yonhnap, 14 exercices « KMEP » avaient été effectués en 2016 et 17 autres furent menés en 2017. Cette année, 19 étaient programmés mais seulement 11 ont été effectivement conduits. Pour l’an prochain, il est question d’en planifier 24.
Si l’exercice aérien de grande ampleur Vigilant Ace, qui a lieu tous les ans, en décembre, reste suspendu, il n’est pas exclu qu’il puisse être organisé à nouveau en 2019. Tout comme les autres. « Les deux gouvernements prendront une décision avant le 1er décembre sur ceux de l’année prochaine après une réunion bilatérale », a récemment précisé Jeong Kyeong-doo, le ministre sud-coréen de la Défense.