Depuis quelques jours, une polémique prend de l’ampleur au sujet des commémorations du centenaire de l’armistice ayant mis fin aux combats de la Grande Guerre, le 11 novembre prochain. En cause, des propos de l’entourage du président Macron, selon lesquels ce dernier ne souhaiterait pas une cérémonie « trop militaire ». Ce qui s’est traduit, dans certaines publications, par « pas de défilé militaire » à Paris pour célébrer la victoire.
Mais il n’était de toute façon pas question d’organiser une parade militaire à l’image de celle du 14-Juillet. D’ailleurs, il y a 99 ans, la victoire avait été célébrée comme il se devait le jour de la fête nationale, le 1er anniversaire de l’armistice ayant été commémoré dans une « discrétion relative ».
Le programme officiel du 11 novembre 2018 prévoit donc une cérémonie à Compiègne, où fut signé l’armistice. Le président Macron et la chancelière allemande, Angela Merkel, s’y recueilleront dans un moment marqué par « la simplicité » [on notera que c’est également dans la forêt de Compiègne que sera signé l’armistice entre le IIIe Reich et le gouvernement du maréchal Pétain 22 ans plus tard, le 22 juin 1940, ndlr]. Ensuite, à Paris, précise le document, les 100 dignitaires étrangers invités et le public « assisteront au cérémonial français traditionnel ainsi qu’à l’hommage aux soldats morts pour la France lors de l’année écoulée. » Comme tous les ans. Ou presque.
Par ailleurs, il était aussi question de la présence du chef de l’État à une cérémonie organisée par les Armées aux Invalides, afin de rendre hommage aux 8 maréchaux de la Grande Guerre. Or, le président Macron ne devrait pas y assister. Et pour cause, a-t-il été souligné : parmi ces maréchaux figure l’ombre encombrante du maréchal Philippe Pétain…
Ce 30 octobre, la ministre des Armées, Florence Parly, a démenti toute volonté de l’État-major de rendre un quelconque hommage au maréchal Pétain.
« Si ce que vous voulez me faire dire, c’est qu’il y avait une intention d’honorer la mémoire du maréchal Pétain, il n’en a jamais été question. Jamais », a en effet assuré Mme Parly à l’antenne de RMC/BFMTV. « Nous célébrons un grand anniversaire, (mais) l’état-major n’a jamais imaginé rendre hommage au maréchal Pétain. L’état-major a souhaité rendre hommage à des maréchaux qui sont aux Invalides, le maréchal Pétain n’est pas aux Invalides, donc c’est clair », a-t-elle insisté.
Parmi ces huit maréchaux, cinq sont effectivement inhumés aux Invalides : Ferdinand Foch, Hubert Lyautey, Louis Franchet d’Espèrey, Émile Fayolle et Michel Maunoury. Pour rappel, les trois autres sont, outre Philippe Pétain, Joseph Joffre et Joseph Gallieni.
Maladresse ou pas, il n’en reste pas moins que le dossier de presse de la mission du Centenaire ne dit pas exactement la même chose que Mme Parly, étant donné qu’il évoque, pour le 11 novembre à 9 heures, une « cérémonie organisée par l’état-major des armées et le gouverneur militaire de Paris » devant se tenir « présence du Président de la République ».
Et d’ajouter : « Il s’agira de rendre hommage aux huit maréchaux qui ont dirigé les combats pendant la Première Guerre mondiale, œuvré pour la victoire finale tout au long de la guerre, et dont cinq sont inhumés aux Invalides. » En revanche, il n’est pas fait mention de la cérémonie avec Mme Merkel à Compiègne. La présence de M. Macron à cette dernière explique-t-elle son absence aux Invalides? Ou bien est ce parce que le parcours d’un seul homme doit assombrir celui de ses pairs et leur interdire le moindre hommage? Sur ce point, le général de Gaulle avait tranché la question, à l’occasion du cinquantenaire de la bataille de Verdun. « Si l’usure de l’âge mena le Maréchal Pétain à des défaillances condamnables, la gloire que, 25 ans plus tôt, il avait acquise à Verdun, puis gardée en conduisant ensuite l’armée française à la victoire, ne saurait être contestée, ni méconnue, par la patrie », avait-il déclaré.
« La commémoration du 11 novembre ça a toujours été la même chose », a ensuite poursuivi Mme Parly. « Nous rendons honneur aux soldats qui ont fait cette guerre qui a été une épouvantable guerre, et comme tous les ans, nous commémorerons les soldats, les blessés, nous commémorerons aussi ceux qui sont morts, y compris dans des guerres beaucoup plus récentes, puisque avec le président de la République, nous passerons un moment avec les familles des morts tués pour la France au cours de l’année 2018 », a-t-elle conclu.