En mai, alors qu’elle avait engagé un bras de fer avec Olaf Scholz, son homologue des Finances, pour obtenir un effort budgétaire plus important en faveur de la Bundeswehr, la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, avait mis dans la balance deux projets de coopération européenne, dont celui consistant à créer un escadron de transport franco-allemand doté d’avions C-130J Hercules à Évreux. Du moins, c’est ce qu’avait affirmé la presse d’outre-Rhin à l’époque.
Finalement, le budget de la Bundeswehr devrait atteindre 42,9 milliards d’euros en 2019, ce qui représentera une hausse d’environ 4 milliards. Mais, par la suite, sa croissance sera limitée, ce qui laisse planer un doute sur la capacité de Berlin à tenir son engagement de porter ses dépenses militaires à 1,5% du PIB, comme l’a assuré la chancelière Angela Merkel.
Quoi qu’il en soit, ce projet d’escadron franco-allemand basé à Évreux pourra aller de l’avant. Le 26 septembre, la commission budgétaire du Bundestag [chambre basse du Parlement] a en effet voté les crédits nécessaires – 970 millions d’euros – pour acquérir 3 C-130J et 3 KC-130J Hercules auprès de Lockheed-Martin.
En mai, l’administration américaine avait recommandé au Congrès d’approuver cette vente, alors estimée à 1,16 milliard d’euros. La différence avec l’enveloppe approuvée par le Bundestag correpond à des crédits qui n’ont pas été consommés par la Bundeswehr en 2018.
Le coût unitaire des C-130/KC-130J allemands est plus élevé que celui des appareils commandés par la France (650 millions de dollars pour 4 exemplaires). En effet, les avions destinés à la Luftwaffe disposeront d’équipements particuliers, comme des boules optroniques MX-20 L3 Wescam utilisées pour les missions ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance, ndlr].
Comme pour la France, la décision prise par Berlin d’acquérir des C-130J Hercules vise à remédier au retard pris par Airbus pour mettre au point l’ensemble des capacités tactiques qui figuraient dans le cahier des charges de l’avion de transport A400M « Atlas ».
L’escadron franco-allemand, qui permettra de mutualiser les soutiens, sera composé de 130 aviateurs français et de 150 militaires allemands. Il devrait être opérationnel en 2021.
Par ailleurs, le ministère allemand de la Défense a reporté, à une date ultérieure, l’appel d’offre concernant l’achat de 45 à 60 hélicoptères de transport lourd, destinés à remplacer ses CH-53G « Stallion », le financement n’ayant pas encore été obtenu lors des négociations budgétaires en cours au Parlement.
Photo : C-130J de l’armée de l’Air