Devenue, au fil des reconquêtes faites par le régime syrien et ses alliés, un « abcès de fixation » dominé par la coalition jihadiste Hayat Tahrir al-Cham et des groupes rebelles soutenus par la Turquie, la province d’Idleb devrait être le théâtre d’une offensive qui permettrait à Damas de recouvrer l’essentiel des territoires perdus depuis mars 2011.
Seulement, une telle bataille risquerait de provoquer une catastrophe humanitaire, sachant que près de 3 millions de civils vivent dans cette province. D’où les appels lancés en faveur d’une « solution pacifique » ou, le cas échéant, de mesures visant à protéger les populations. Selon les Nations unies, 800.000 personnes seraient ainsi susceptibles de se refugier en Turquie. Et c’est ce qui explique, en grande partie, les réticences des autorités turques devant l’opération militaire annoncée par Damas et… Moscou.
Le 7 septembre, lors d’un sommet organisé à Téhéran pour évoquer le sort d’Idleb, le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, et le président iranien, Hassan Rohani, ne purent surmonter leurs divergences (le premier concerné, le président syrien, Bachar el-Assad, n’ayant pas eu voix au chapitre).
Finalement, dix jours plus tard, à l’issue d’une rencontre entre MM. Poutine et Erdogan à Sotchi [Russie], un accord a fini par être trouvé. Ainsi, les deux responsables ont convenu de mettre en place une « zone démilitarisée » dans la province d’Idleb.
« Nous avons décidé de créer le long de la ligne de contact à partir du 15 octobre de cette année une zone démilitarisée de 15-20 kilomètres de large », a en effet annoncé, le 17 septembre, le président russe.
En outre, les « armes lourdes » de « tous les groupes de l’opposition » devront être retirées de cette zone militarisée d’ici le 10 octobre. Enfin cette dernière, qui a tout l’air d’une « zone tampon » réclamée par Ankara, sera contrôlée par des unités de l’armée turque et la police militaire russe.
Pour M. Poutine, cet accord est une « solution sérieuse » qui doit permettre d’avancer dans la résolution de ce problème ». Le président turc n’a pas dit autre chose. « Je suis convaincu qu’avec cet accord, nous avons évité qu’une grande crise humanitaire ne se produise à Idleb », a-t-il affirmé. Et d’ajouter : « La Russie va prendre les mesures nécessaires pour s’assurer qu’aucune attaque contre la zone de désescalade d’Idleb ne se produise. »