Lors de la Conférence des ambassadeurs, le 27 août, le président Macron a multiplié les critiques à l’égard de son homologue américain, Donald Trump, estimant, notamment, que le « partenaire avec lequel l’Europe avait bâti l’ordre multilatéral d’après-guerre semble tourner le dos à cette histoire commune. »
Pour autant, à Washington, et au sein même de l’administration américaine, tous de partagent pas les décisions de M. Trump. Ainsi, un haut responsable de cette dernière a expliqué, dans une tribune publiée le 5 septembre par le New York Times pourquoi et comment il s’efforçait, avec d’autres, à contrer les « pires penchants » du locataire de la Maison Blanche.
« Nous pensons que nous avons d’abord un devoir envers notre pays, et que le président continue à agir d’une façon néfaste à la bonne santé de notre république », a écrit ce haut responsable anonyme. « C’est la raison pour laquelle nous nous sommes engagés à faire ce que nous pouvons pour préserver nos institutions démocratiques tout en contrecarrant les impulsions les plus malencontreuses de M. Trump jusqu’à ce qu’il ait quitté son poste », a-t-il ajouté.
Cela étant, un autre poids lourd de l’administration américaine s’est opposé à plusieurs reprises à M. Trump : le général James Mattis, le chef du Pentagone. Les divergences entre les deux hommes sont nombreuses, comme sur l’opportunité de créer une sixième branche des forces armées qui serait dédiée aux opérations spatiales, le déploiement de la Garde nationale à la frontière mexicaine, l’arrêt des exercices militaires en Corée du Sud ou encore sur la sortie des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien.
« Si nous pouvons confirmer que l’Iran respecte l’accord, si nous pouvons conclure que c’est dans notre intérêt, alors certainement nous devons le garder. Je pense qu’à l’heure actuelle, en l’absence d’indication contraire, c’est une chose que le président devrait envisager de garder », avait ainsi déclaré M. Mattis au sujet de ce dernier, lors d’une audition parlementaire, en octobre 2017.
Plus récemment, James Mattis a catégoriquement rejeté l’idée de « privatiser » l’intervention militaire en Afghanistan, défendue par Erik Prince, le co-fondateur de la société militaire privée « Blackwater » qui, actuellement Pdg de Frontier Group Services, est un proche de M. Trump…
Dans son livre « Fear », le journaliste Bob Woodward, dont l’enquête sur l’affaire dite du Watergate fit tomber le président Nixon, raconte une anecdote révélatrice. Au cours d’une réunion sur la sécurité nationale, M. Trump aurait demandé à James Mattis pourquoi les États-Unis gardaient une présence militaire en Corée du Sud. « Pour éviter la Troisième guerre mondiale », lui aurait-il répondu.
Plus tard, rapporte Bob Woodward, M. Mattis aurait laissé éclater son exaspération devant ses proches, leur affirmant que M. Trump agissait comme « un élève de CM2 ou de 6e », et « qu’il en avait le niveau de compréhension. »
« Les secrétaires à la Défense ne choisissent pas toujours les présidents pour qui ils travaillent », aurait aussi dit James Mattis, toujours selon M. Woodward.
Cependant, le chef du Pentagone a démenti les propos tels qu’ils ont été rapportés dans « Fear », en les qualifiant de « fiction ». « Les mots méprisants à propos du président qui m’ont été attribués dans le livre de Woodward n’ont jamais été prononcés par moi ou en ma présence », a-t-il dit.
Mais Bob Woodward a maintenu ses affirmations et accusé M. Mattis de « ne pas dire la vérité » pour garder son poste.
Surnommé « Mad Dog » par les médias (un surnom qu’il n’apprécie pas du tout, préférant sans doute celui de « Warrior Monk« ), l’ex-général des Marines avait été couvert d’éloges par M. Trump au moment de sa nomination, laquelle fut par ailleurs saluée par le sénateur John McCain, qui, bien que républicain, était adversaire résolu du chef de la Maison blanche. « Ce gars ne perd jamais une bataille », s’était-il enthousiasmé à l’époque. Mais depuis, les rapports ne sont plus les mêmes, le président américain le qualifiant désormais de « Moderate Dog » (chien modéré).
Aussi, la presse américaine spécule-t-elle sur le temps que tiendra James Mattis à la tête du Pentagone. Le président « Trump a réfléchi pendant des mois à la possibilité de remplacer son secrétaire à la Défense », écrit ainsi le site spécialisé Politico, qui prédit un changement après les élections de mi-mandat de novembre prochain.
Le Washington Post s’est quant à lui livré à l’exercice consistant à trouver de possibles successeurs. L’un des favoris serait le général (en retraite) Jack Keane, dans la mesure où M. Trump avait déjà songé à lui pour le poste qu’occupe actuellement James Mattis. Mais, à l’époque, il avait décliné l’offre pour des « raisons personnelles. » Un autre nom qui revient est celui de David McCormick, un homme d’affaires qui a eu des responsabilités au département du Trésor. De même que celui de Jim Talent, un ancien sénateur qui s’occupe des questions de sécurité nationale au Parti républicain.