Pour le groupe d’experts des Nations unies chargés de contrôler l’embargo sur les armes imposé depuis 2015 au Yémen, tout laisse à penser que les missiles tirés en direction de l’Arabie Saoudite ont été livrés aux rebelles Houthis par l’Iran. Ce que les autorités iraniennes nient jusqu’à présent. Qu’en sera-t-il après les informations révélées ce 31 août par Reuters?
En effet, citant des sources occidentales, irakiennes et iraniennes, l’agence de presse affirme que l’Iran a fourni des missiles à des milices chiites irakiennes. Milices qui, par ailleurs, auraient été encouragées à lancer leur « propre production » d’engins balistiques.
« La logique était d’avoir un plan B si l’Iran était attaqué. […] Le nombre de missiles n’est pas élevé, juste quelques dizaines, mais il peut être augmenté si nécessaire », a ainsi affirmé un haut responsable iranien, cité par Reuters.
Des sources occidentales ont évoqué le transfert de « quelques dizaines de missiles », qui serait de type Zalzal, Fateh-110 et Zolfaghar. Ces engins ont une porté qui va de 200 à 700 km, ce qui est suffisant pour atteindre Tel-Aviv, Ryad ainsi que les forces américaines déployées dans la région. « Il semblerait que l’Iran soit en train de faire de l’Irak une base avancée pour ses missiles », ont-elles-indiqué.
A priori, les bases où ont été installés ces missiles sont sous le contrôle de la force al-Qodes, l’unité d’élite des Gardiens de la révolution en charge des opérations extérieures.
« Nous possédons des bases comme celles-là dans de nombreux endroits et l’Irak est l’un d’entre eux. Si l’Amérique nous attaque, nos amis attaqueront les intérêts américains et leurs alliés dans la région », a affirmé un haut responsable des Gardiens de la révolution qui, sollicité par Reuters, n’a pas donné son identité.
La décision de faire produire des missiles par des milices irakiennes aurait été prise il y a 18 mois environ. Une source sécuritaire irakienne a confirmé que les sites choisis pour cette activité sont situés à Al Zafaraniya, à l’est de Bagdad, et à Djourf al Sakhar, au nord de Kerbala. Un autre serait implanté dans le Kurdistan irakien. Quoi qu’il en soit, ils sont tous sous le contrôle du groupe Kataëb Hezbollah, qui ne cache pas sa proximité avec Téhéran.
En outre, et selon la source irakienne, des essais de missiles ont été menés dans la région de Djourf al Sakhar.
Un autre responsable irakien a expliqué que ces missiles avaient été livrés aux milices chiites dans le cadre de la lutte contre l’État islamique (EI ou Daesh).
« Il était clair pour les services de renseignements irakiens que l’arsenal balistique envoyé par l’Iran n’était pas destiné à la lutte contre Daesh mais représentait plutôt un moyen de pression mobilisable par l’Iran en cas de conflit régional », a-t-il expliqué. « Nous ne pouvons empêcher ces milices de tirer des missiles iraniens, tout simplement parce que les commandes ne sont pas dans nos mains, ce sont les Iraniens qui les contrôlent », a-t-il ajouté.
Le Kataëb Hezbollah fait partie des Unités de mobilisation populaire [Hachd al-Chaabi], lesquelles ont théoriquement été placées sous le contrôle du Premier ministre, Haider al-Abadi. Et cela, en vertu d’une loi votée en 2016. Dans les faits, la réalité semble donc plus compliquées…
Toutefois, le 30 août, M. al-Abadi a destitué Faleh al-Fayad, le chef du Hachd al-Chaabi parce qu’il se serait « impliqué dans des affaires politiques partisanes ce qui contrevient aux règles de neutralité auxquelles sont astreints les membres des forces de sécurité et du renseignement. »