Visiblement, pour Pékin, la question est sensible. Quelle est-elle? En novembre 2016, il fut rapporté que des véhicules militaires chinois, dont des Dongfeng EQ 2020 (ou Mengshi) et blindé de type MRAP (Mine Resistant Ambush Protected) Norinco VP11, avaient été repérés dans la région de Pamir Khord [ou Petit Pamir], dans l’extrême-nord de l’Afghanistan. Ce que, malgré les photographies diffusées à l’époque, les autorités chinoises avaient démenti.
Or, l’intérêt de Pékin pour cette région afghane était évident dans la mesure où elle est frontalière, au bout du corridor du Wakhan, avec la province de Xinjiang, troublée par une insurrection islamiste. En clair, ces patrouilles chinoises auraient eu pour objectif d’empêcher toute infiltration jihadiste depuis l’Afghanistan.
L’on en était resté là quand, en janvier 2018, un responsable du ministère afghan de la Défense affirma que la Chine avait l’intention d’établir une base militaire dans le corridor du Wakhan. « Nous allons la construire [la base] mais le gouvernement chinois s’est engagé à contribuer à son financement et à entraîner et équiper les soldats afghans », avait-il expliqué. Mais Pékin se garda de la moindre confirmation.
Cette affaire a finalement rebondi après les révélations du quotidien South China Morning Post, basé à Hong Kong. Citant une source militaire chinoise, le journal a en effet indiqué que Pékin était en train d’installer un camp militaire qui, situé justement dans le corridor du Wakhan, pourrait accueillir un bataillon dont la mission serait de former les soldats afghans.
Une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, a laconiquement démenti cette information. « Nous avons vérifié ce rapport [du South China Morning Post] et il n’est pas vrai », a-t-elle dit, lors d’un point-presse.
Plus tard, l’ambassade afghane à Pékin a précisé au quotidien de Hong Kong que la Chine allait aider l’armée nationale afghane à mettre sur pied une « brigade de montagne » mais qu’aucun militaire chinois ne serait envoyé en Afghanistan.
« Le gouvernement afghan apprécie l’aide de la Chine » et « les forces armées des deux pays travaillent en étroite coordination », a-t-elle ajouté, sans donner plus de détails.
Ce qu’a confirmé le ministère chinois de la Défense. « La Chine et l’Afghanistan poursuivent une coopération normale en matière de défense et de sécurité », a répondu Wu Qian, le porte-parole du ministère chinois de la Défense, en réponse à une question qui lui était posée au sujet des informations du South China Morning Post.
« La Chine et la communauté internationale soutiennent les efforts de l’Afghanistan contre le terrorisme », a ensuite ajouté M. Wu, avant de souligner que les articles évoquant un déploiement militaire chinois dans le corridor du Wakhan « ne s’accordaient pas avec les faits. » Seulement, Pékin avait dit la même chose quand il fut question de la présence de blindés chinois dans le Petit Pamir, il y a près de deux ans… Or, cette dernière ne faisait pourtant pratiquement aucun doute, comme l’avait souligné, à l’époque, l’Institut américain Asie centrale-Caucase, de l’Université Johns-Hopkins.
Pour rappel, en août 2016, la Chine, l’Afghanistan, le Tadjikistan et le Pakistan ont signé un accord visant à renforcer le contrôle des frontières, dans le cadre d’un mécanisme appelé « Quadrilateral Cooperation and Coordination Mechanism » [QCCM].
En outre, dans le cadre de son projet de « nouvelles routes de la soie », la Chine, alliée du Pakistan, a besoin que l’Afghanistan soit un pays stable étant donné qu’un couloir économique doit relier la province du Xinjiang au port pakistanais de Gwadar.