Ces dernières semaines, la presse d’outre-Atlantique a relayé des estimations du renseignement américain, qui, grâce à l’imagerie satellitaire, remettent en cause la volonté de la Corée du Nord à oeuvrer effectivement à la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Ce qu’un rapport d’un panel d’experts des Nations unies, transmis au Conseil de sécurité, vient de confirmer.
Ainsi, selon ce document, cité par l’AFP qui y a eu accès, la Corée du Nord « n’a pas stoppé ses programmes nucléaire et balistique et a continué de défier les résolutions du Conseil de sécurité à travers une hausse massive des transferts illicites de produits pétroliers en mer en 2018. »
À en croire ce rapport, Pyongyang aurait réussi à contourner les sanctions pourtant votées à l’unanimité par le Conseil de sécurité, au point que ces dernières sont « sans effet ». Outre le transfert de pétrole, évalué tout de même à plus de 500.000 barrils au cours des cinq premiers mois de l’année, le panel d’experts cite des violations de l’interdiction des exportations nord-coréennes de charbon, de fer et « d’autres marchandises », lesquelles ont permis à la Corée du Nord de percevoir « plusieurs millions de dollars. »
« Les sanctions financières restent parmi les plus faiblement appliquées et les plus activement contournées par le régime », pointe encore ce rapport, qui souligne le rôle tenu par les diplomates nord-coréens, lesquels ont ouvert de « multiples » comptes bancaires à l’étranger.
En outre, malgré l’interdiction des coentreprises avec la Corée du Nord, le panel d’expert estime qu’il en existe encore plus de 200, dont beaucoup sont en lien avec la Russie.
Par ailleurs, le rapport souligne également les tentatives de Pyongyang de fournir des armes légères ainsi que « d’autres équipements militaires » à des pays pourtant soumis à un embargo, comme la Libye, le Yémen ou encore le Soudan.
Dans ce jeu, un certain Hussein Al-Ali, un trafiquant syrien, tiendrait une place centrale puisqu’il aurait fourni « un éventail d’armes conventionnelles, et dans certains cas des missiles balistiques, à des groupes armés au Yémen et en Libye. »
C’est ainsi, avance le rapport, que grâce à une médiation de Hussein Al-Ali, un « protocole de coopération » entre Pyongyang et les rebelles Houthis, au Yémen, a été négocié en 2016 à Damas. Ce qui a permis la livraison d’une « grande variété d’équipements militaires. »
Reste à voir si, dans le lot, il y avait des missiles balistiques… Car un autre panel d’experts a affirmé que de tels engins tirés par les rebelles Houthis en direction de l’Arabie Saoudite seraient de facture iranienne.
Pour le moment, la Corée du Nord n’a finalement donné que très peu de gage sur son engagement relatif à la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Les installations qu’elle a démantelées ne lui étaient a priori plus utiles et elle poursuit des travaux sur d’autres, comme sur le site nucléaire de Yongbyon ou encore à l’usine de fabrication de missiles (à combustion solide) de Hamhung ou au centre de recherche de Sanumdong.
D’ailleurs, lors d’une audition au Sénat, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a admis que Pyongyang continuait de produire des matériaux fissiles…
Et, invité à réagir aux informations contenues dans le rapport des experts de l’ONU, M. Pompeo a simplement insisté sur « l’importance de maintenir la pression diplomatique et économique sur la Corée du Nord, afin d’arriver à une dénucléarisation définitive et totalement vérifiée à laquelle la Corée du Nord s’est engagée ». Ce qui passe, a-t-il continué, par « l’application stricte de toutes les sanctions, y compris la cessation totale de transferts illégaux de pétrole entre navires. » Et d’ajouter : « Je suis optimiste dans notre succès […] Mais nous savons tous que cela prendra du temps. »