En raison de la confidentialité qu’exige leur nouvelle affectation, on ne sait que très peu de choses de ces quatre jeunes femmes qui viennent d’effectuer leur première patrouille à bord du sous-marin nucléaire lanceur d’engins [SNLE] « Le Vigilant ». Si ce n’est que l’une a occupé la fonction de médecin de bord, que deux sont des spécialistes « énergie nucléaire » et que la dernière a été chef de quart pendant cette mission inédite pour la Marine nationale. Car, en effet, jamais des femmes n’avaient été jusqu’à présent été autorisées à embarquer à bord d’un sous-marin.
Visiblement, cette expérimentation, qui pouvait susciter ici ou là des réticences à cause de la cohabition dans un espace aussi clos que peut l’être un sous-marin, est une réussite.
« Quelques membres d’équipage étaient un peu dubitatifs, pour des questions d’ordre très pratique, ils voulaient savoir si ça allait bouleverser leurs habitudes de vie à bord : couchages, sanitaires… », a ainsi expliqué le commandant en second du Vigilant à l’AFP. « Au final, l’intégration [de ces 4 femmes officiers] s’est déroulée de manière extrêmement fluide. En obtenant leur qualification, ces personnels féminins ont gagné leur place à bord au même titre que n’importe quel marin », a-t-il fait valoir.
Désormais, il y aura d’autres patrouilles mixtes : un seconde est d’ores et déjà prévue à l’automne prochain. « La Marine a besoin de personnel. Elle a aujourd’hui 15% de femmes dans ses rangs, c’est un atout et nous voulons continuer à en recruter pour armer nos bateaux », a déclaré le capitaine de vaisseau Christian Houette comme nouveau commandant de l’escadrille des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (ESNLE).
En réalité, le taux de féminisation de la Marine nationale est de 14,3%, selon les chiffres du Bilan social de la Défense qui vient d’être publié. Ce qui correspond à 5057 femmes sur un total de 35.327 marins. Dans le détail, 487 sont officiers, 3.205 sont officiers mariniers, 1.146 font partie de l’équipage [militaires du rang, ndlr] et 219 sont des volontaires.
Mais c’est l’armée de l’Air qui présente le plus important taux de féminisation (22,9%), soit 9.334 femmes sur 40.785 aviateurs. Et l’on compte 898 femmes parmi les officiers, 5.004 parmi les sous-officiers et 3.366 sont des militaires du rangs. Enfin, seulement 66 sont des volontaires.
À l’autre bout du spectre, avec 10,1% de femmes dans ses rangs, l’armée de Terre est la moins féminisée. Mais elle compte quand même respectivement 1.250 et 4.807 femmes parmi ses officiers et ses sous-officiers. Et 5.474 de ses militaires du rangs (sur 61.579) sont des personnels féminins.
Si l’on considère les directions et les services, le Service de Santé des Armées [SSA] et les APM [Affaires pénales militaires, qui comptent seulement 70 militaires] sont les plus féminisés (respectivement 59,7% et 54,3%], suivis par le Service du commissariat des armées [SCA].
Toujours les chiffres du Bilan social des armées, le recrutement de personnels féminins s’est accéléré en 2017. L’an passé, le ministère des Armées comptait exactement 266.792 militaires et civils [sous PMEA – plafond ministériel des emplois autorisés], soit 0,5% de plus qu’en 2016. Cela représente 97,6 % du plafond ministériel autorisé.
Dans le détail, 22.515 militaires ont été recrutés l’an passé (contre 22.515 en 2016) et tandis que 18.566 ont définitivement quitté l’uniforme (contre 17.928 en 2016). Mais l’on constate surtout une hausse relativement importante du recrutement féminin.
En 2016, 2.829 femmes avaient été récrutées par les armées tandis que 2012 retrouvaient la vie civile. Les personnels féminins représentaient alors 12,1% du total des recrues. Un an plus tard, souligne le Bilan social de la Défense, « 5.269 femmes et 17.246 hommes militaires ont été recrutés, tandis que 2.167 femmes et 16.500 hommes ont quitté définitivement les armées. Par conséquent, le personnel féminin compose 23,4 % des recrutements et 11,6 % des départs définitifs. »
Cependant, l’on peut avoir des doutes sur au moins l’un des tableaux donnés par le Bilan social de la Défense. En effet, celui relatif aux « recrutements directs » indique que l’armée de l’Air a recruté 1.134 sous-officiers en 2017, dont 1.395 femmes et seulement 1 homme (qui est donc l’heureux élu?)… Alors que l’an passé, 189 femmes et 945 hommes avaient été recrutées en qualité de sous-officiers… Iden pour les militaires du rang, pour lesquels les chiffres donnés sont pour le moins curieux avec 3 hommes recrutés pour 1.280 femmes alors que la proportion en 2016 était de 171 femmes pour 676 hommes.
Reste que, sous réserves que ces chiffres soient justes, le recrutement féminin a bel et bien progressé en 2017. Mais sans doute pas dans les proportions indiquées par la Direction des ressources humaines du ministère des Armées.