Le phénomène a de quoi être inquiétant à quelques mois de la tenue du référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Alors que, pour les six premiers mois de l’année, les chiffres de la délinquance sont globalement en recul, le nombre d’actes de violence ne faiblit en revanche pas.
Les atteintes à l’intégrité physique ont ainsi augmenté de 9,6% tandis que les violences physiques crapuleuses ont progressé de 27,5%. Mais ces dernières « restent tout de même peu significatives », a souligné le commissaire général Alain Martinez, le patron de la police en Nouvelle-Calédonie. Quant aux violences physiques non crapuleuses, elles ont enregistrés une hausse de 122 cas (+10,2%).
« Avec 15 % de hausse en zone gendarmerie au niveau des violences, essentiellement intrafamiliales, nous réfléchissons aujourd’hui en collaboration avec la province Sud au recrutement d’un intervenant en gendarmerie pour apporter une réponse sociale, et non pas que judiciaire, à ce type de phénomène », a-t-il été souligné.
Une autre tendance ne se dément pas : le nombre d’agressions visant les gendarmes continue d’augmenter, avec 39 cas constatés au cours du premier semestre (contre 34 en 2016, pour la même période), dont 20 par coups et blessures lors d’interpellations.
« La Nouvelle-Calédonie se distingue malheureusement toujours par un niveau d’atteinte aux forces de l’ordre qui est largement au-dessus de la moyenne nationale, et qui la place en tête des collectivités de la République en la matière, derrière la Guyane », a commenté le général Christophe Marietti, le commandant de la gendamerie (COMGEND) sur l’archipel, lors d’une conférence de presse.
« Nous avons aussi des forces de l’ordre victimes d’accidents de la circulation. Nous sommes passés de deux à dix, il s’agit d’accidents lors de courses poursuites ou parce que l’on nous fonce dessus », a-t-il ajouté.
Deux affaires récentes illustrent le quotidien des gendarmes en Nouvelle-Calédonie. Le 30 juin, deux gendarmes étant en train de porter secours à un homme victime d’un malaise cardiaque ont été violemment pris à partie par des jeunes gens. L’un des militaires a ainsi été blessé à la tête, ce qui a contraint son camarade à tirer en l’air pour s’extraire de cette situation. Ayant appelé le SAMU, la personne qui a fait le malaise est décédée et quatre individus ont été interpellés par la suite.
La semaine suivante, lors d’une course-poursuite, une voiture du PSIG de Koné a quant à elle été touchée par une « Brenneke », c’est à dire une balle à ailette utilisée pour chasser le gros gibier.
Lors de ses auditions parlementaires réalisées dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2018, le directeur de la Gendarmerie nationale, le général Richad Lizurey, n’avait pas caché son inquiétude au sujet de la situation en Nouvelle-Calédonie.
« Depuis le mois d’octobre 2016, vingt gendarmes ont été blessés par balle – ce qui fait de cette île l’endroit du territoire national où l’on compte le plus de blessés par balle –, ayant fait l’objet de tirs directs, avec des projectiles transperçant les blindages des véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG), ce qui est très préoccupant », avait affirmé le général Lizurey, à l’automne 2017.
« On retrouve en fait tous les ingrédients d’une situation que l’on a connue il y a quelques années, et il est certain que le référendum qui doit avoir lieu à la fin du deuxième semestre 2018 ne va faire qu’exacerber les tensions, ce qui doit nous conduire à faire preuve d’une vigilance accrue et à renforcer nos troupes sur place, avait estimé le DGGN. D’où l’envoi, en Nouvelle-Calédonie, de Véhicules de l’avant blindé (VAB), utilisés par la gendarmerie lors de sa mission en Afghanistan.
Photo : Gendarmerie de Nouvelle-Calédonie et des îles Wallis et Futuna